Disons le franchement, lorsqu'on va à la messe, le dimanche, et que le pasteur passe un long moment à faire son sermon, personne n'irait s'imaginer qu'il a... une vie sexuelle! Et pourtant, ils restent des êtres humains, qui se marient, ont des enfants.. Dans le cas du pasteur Gillespie, il s'agit même d'avoir beaucoup d'enfants. Madeleine et John Gillespie étaient, lorsqu'ils se sont connus, tous les deux de fervents croyants, et ils le sont d'ailleurs toujours. John voulait servir Dieu autant que possible, et il devint pasteur de l'Église de leur quartier. Madeleine, en bonne femme au foyer, ne travaillait pas. Comment aurait-elle pu, de toutes manières, puisque étant tout deux opposés toutes formes de contraception, elle avait mené à terme chacune de ses grossesses.. et il y en avait eu! Accrochez-vous bien.. dix-neuf enfants! Oui oui, vous avez bien lu. Pas une seule fois il ne leur est venu à l'idée de contrecarrer ce qu'ils appelaient : les projets de Dieu. Chaque enfants étaient, pour eux, une bénédiction, et la contraception? Pire, l'avortement? Une aberration.
Et donc, Christabella Allessa Guillespie a dix-huit frères et soeurs. Elle est l'avant dernière de cette immense fratrie. Bien sûr, ils ne sont pas dix-neuf à la maison, mais celle-ci est suffisamment grande pour tous les y accueillir. Les parents Guillespie ont en effet racheté un vieil hôtel, l'ont remis à neuf de A à Z, et y ont petit à petit installé leur famille grandissante. Maintenant, il n'y a plus que l'un des frères de Christabella qui va à la fac de Lima, et sa petite soeur qui ne rentre que pour les week-end.
Mais revenons-en à Christabella. Elle vient au monde le premier jour du mois d'Août, et grandit choyée, aimée et surtout entourée de toute l'affection possible. Ses parents l'aiment énormément, ses frères sont très protecteurs envers elle, et ses soeurs s'occupent d'elle comme de secondes petites mères. Mais la vie au sein de la famille Guillespie est particulière, la religion y tenant une place importante. Ainsi, chaque dimanche, la famille assiste au sermon du père Guillespie. Chaque repas débute avec une prière de remerciement envers Dieu, et le soir, avant d'aller se coucher, on n'y coupe pas non plus. C'est un style de vie particulier, mais lorsqu'on ne connait que ça, on s'y habitue sans trop de mal. Et Christabella n'y voit aucun inconvénient, puisqu'elle a été élevée de cette façon. Mais n'allez pas croire qu'elle n'est qu'une petite bigote coincée, qui ne voit qu'en Dieu. C'est une chose qui fait partie de sa vie, mais qui n'est pas indispensable.
Enfant, elle se montrait raisonnable et obéissante. Parfois, elle faisait quelques caprices, mais elle apprit bien vite que cela ne lui apporterait rien, si ce n'est de longues heures de pénitence, à prier pour demander le pardon de Dieu. Elle n'éprouva aucun ressentiment envers Celui-ci, ni envers ses parents, mais par la suite, elle en vint à se demander s'il y avait vraiment quelqu'un, là haut, qui prenait le temps de s'occuper des caprices d'une enfant, s'Il n'avait pas plutôt autre chose à faire.
C'est une fois devenue adolescente qu'elle connue sa première crise de rébellion. Rien de bien grave, en somme, mais elle ne comprenait pas pourquoi ses parents étaient si.. emplis de croyances religieuses. Pourquoi ses frères et soeurs suivaient-ils sans broncher toutes ces règles familiales? Parle poliment, fais tes corvées, couvre-feu à 20h30, lever tous les jours à 7h00, repas sains et équilibrés, et une surveillance étroite en ce qui concernait les amis. Comme tous les enfants de la famille, elle devait entrer dans un collège privé catholique en tant que pensionnaire. Ses frères et soeurs avaient tous suivis le même parcours, ce collège étant le passage obligatoire. Ces quelques années de scolarité, entourée de filles, avec un uniforme des plus stricts, et un règlement encore plus sévère que celui que ses parents lui avaient imposés, fit taire la rébellion dans l'oeuf. Les parents Guillespie ont toujours choisis d'envoyer leurs enfants dans cette pension, en leur laissant le choix, si tel était leur désir, d'entrer par la suite dans un lycée public et laïque. Aucun d'entre eux ne le souhaita, à part Christabella. Car l'adolescente qu'elle était, et la jeune femme qu'elle est aujourd'hui, brûle de curiosité. Et il n'y a pas meilleur endroit qu'un lycée pour apprendre... et bien, les "choses de la vie".
Cette année à McKinley est l'avant-dernière pour Christabella, et elle n'aspire qu'à une chose : connaitre les mêmes choses que tout le monde.