La semaine n’avait pas été de tout repos pour la jeune conseillère d’orientation du lycée McKinley. Les élèves avaient défilés dans son bureau, ne lui laissant pas un seul moment de répit. Au début de la semaine, elle avait pensé que cela était dû au week-end qui venait de s’écouler, avec Halloween, le bal et toutes ces péripéties que les adolescents avaient eu besoin de lui raconter. Mais elle se rendit bientôt compte que cela n’allait pas en s’améliorant, au contraire, plus les jours passaient, plus les élèves étaient nombreux à venir voir Miss P. Alors en milieu de semaine, quand elle avait vu Désirée dans la salle des professeurs et que cette dernière lui avait proposé de sortir du vendredi soir, elle n’hésita pas une seule seconde et accepta immédiatement, ce qui ne fut pas sans étonner la jeune femme blonde qui n’était visiblement pas habituée à ce genre d’enthousiasme de sa part pour les sorties entre filles. En réalité, Emma n’avait jamais eu l’occasion d’accepter une telle proposition. Elle n’avait pas énormément d’amies, la plupart des jeunes femmes de son âge la trouvant trop « différente », avec ses drôles de manies. Cela avait commencé dès le lycée. A cette époque elle était souvent seule, n’appartenant à aucune des catégories prédéfinies associées au lycée : elle n’était ni une cheerleader portant les initiales de son équipe sur sa poitrine, ni un amoureux de la science passant son temps à faire des tests chimiques, ni même un passionné d’informatique ou un élève d’un glee club. Elle était à part. Une adolescente maniaque, sensible et réservée qui observait les autres, tentant du mieux qu’elle le pouvait de les comprendre. Et qui aimait pousser la chansonnette, certes, mais seulement lorsqu’elle se retrouvait à l’abri derrière les rideaux de la douche.

Toutefois, il sembla qu’elle avait enfin trouvé une personne en qui elle pouvait avoir confiance en la personne de Désirée Cravy. Ce n’était pas comme si elles se connaissaient depuis des années non plus, mais Emma sentait que c’était le genre de personnes à qui elle pourrait très rapidement s’attacher si ce n’était pas déjà fait. Se croisant tous les jours au détour des couloirs du lycée McKinley, elles se retrouvaient surtout la plupart du temps au déjeuner à partager une table. Depuis que Will et elle avaient pris leurs distances en début d’année, malgré les récents événements qui avaient changé la donne, elle avait trouvé en ce professeur de littérature une véritable amie à qui elle pouvait se confier, bien qu’elle n’ait jamais vraiment osé lui raconter sa vie car elle était certaine que cela ne devait pas être bien passionnant. Du coup, en ce vendredi soir, elle avait presque hâte de retrouver son amie pour la première soirée entre filles de sa vie. Devant le miroir de sa chambre, la jeune femme hésita longuement, ne sachant quelle tenue adopter pour ce genre de soirée. Après tout, elle n’en avait pas l’habitude et ne savait pas du tout ce qu’elle était censée porter. Après une longue hésitation elle opta finalement pour sa jupe rouge, celle qu’elle portait parfois au lycée, et sa marinière à manches longues. Elle n’était pas vraiment différente de celle qu’elle était au quotidien, mais d’un autre coté elle ne s’imaginait pas enfiler une tenue provocante pour aller boire un verre avec son amie. Il valait mieux être soi même dans ce genre de situation. Ou toutefois était-ce ce que pensait Emma.

La jeune femme quitta son appartement vers vingt heure trente. Elle avait rendez-vous avec son amie une demi-heure plus tard au bar karaoké en centre ville. C’était Désirée qui avait choisi ce lieu et Emma n’avait pas dit non. Elle ne se sentait pas vraiment dans son élément lorsqu’elle devait aller dans ce genre d’endroit et aurait certainement préféré un simple restaurant – ce qui, dans la tête de la jeune femme, voulait dire « plus propre, plus sain » - mais elle n’avait pas eu envie de décevoir son amie en jouant les rabat-joie. Sur la route qui l’amena jusqu’au centre-ville, ses pensées divaguèrent sur le fond sonore qui était ce titre qu’elle écoutait en boucle ces derniers temps « Hey, Soul Sister ». Se garant quelques minutes plus tard sur le parking, elle sortit de la voiture en resserrant l’étreinte de son manteau autour de son corps frigorifié. Novembre était arrivé, amenant avec lui la froideur et l’humidité qui annonçait l’hiver. Marchant doucement afin de bien faire attention à ne pas glisser sur le sol humide, la jeune femme atteignit bientôt le bar. Elle s’arrêta un instant à l’entrée de celui-ci, ses grands yeux ronds balayant la salle du regard un instant. Une sensation étrange la traversa, comme si cet endroit lui rappelait quelque chose. Elle chercha plusieurs secondes un souvenir qui aurait pu être relié à ce lieu, avant de finalement se souvenir. La dernière fois qu’elle était venue ici, c’était pour applaudir les Acafellas – ce groupe qu’avait fondé Will Schuester avec quelques-uns de ses collègues du lycée, au début de l’année dernière. La jeune femme se souvint avoir accepté de venir suite à la proposition de Ken Tanaka, qui faisait également partie des Acafellas et qui était accessoirement son petit ami du moment. Malheureusement, elle se souvint également de la véritable motivation qui l’avait poussée à venir : voir Will, applaudir Will, sourire à Will.

Chassant ces pensées qu’elle ne désirait pas affronter, Emma se dirigea lentement vers le bar, ne prêtant pas véritablement attention aux personnes qui étaient déjà présentes. Tout ce qu’elle remarqua fut que Désirée n’était pas encore arrivée. Toutefois, un simple coup d’œil à son montre lui apprit qu’elle avait plusieurs minutes d’avance. Arrivant à hauteur du bar, elle sortit une petite lingette avec laquelle elle frotta le tabouret sur lequel elle s’installa ensuite. Elle capta au passage un sourire en coin de la part du barman auquel elle répondit timidement bien qu’ayant conscience que seules ses « manies » avaient provoquées le sourire de l’homme. Son regard se posa alors sur les cacahuètes posées sur le comptoir et elle fronça immédiatement le nez, posant ses mains tranquillement sur ses genoux. La seule idée que ces cacahuètes avaient pu être touchées par d’autres personnes qu’elle la répugnait. Mais ce n’était pas tout, ce qui l’écœurait le plus était sans nul doute le fait de savoir que la plupart des gens ne se lavaient pas les mains en sortant des toilettes, et qu’ils n’hésitaient pourtant pas à plonger leurs mains pleines de microbes dans ces cacahuètes. Un frisson la parcourut : quelle horreur ! Gardant sagement ses mains près de ses genoux, elle attendit patiemment Désirée qui ne devrait plus tarder tout en regardant avec dégoût ces fichues cacahuètes.

"J'arrive, j'arrive, " se dit la blonde en s'acharnant sur la serrure de sa porte. Désirée pouvait le faire, elle pouvait ouvrir la porte de son appartement d'une main tandis que de l'autre, elle portait tout une pile de bouquins. Elle grinça des dents lorsque son téléphone sonna de plus bel et que la clé refusait de se tourner. Bon, stop, elle poussa un immense sourire avant de poser tous ses livres sur le sol. Cela lui faisait un peu mal au coeur mais tant pis, la situation l'exigeait. C'était tous des copies d' Alice in Wonderland, son roman favori et son prochain sujet d'étude avec sa classe de première. Oui, elle allait réussir à leur montrer que non "lire ne craignait pas" comme ils le disaient si bien, et que c'était même très important. Enfin, si elle arrivait à ouvrir la porte de son maudit appartement, pour enfin décrocher le téléphone fixe et … AMEN !

La porte venait de miraculeusement céder, Désirée se précipita vers le téléphone qui trônait sur la table basse du salon. Enfin … Elle essaya de se précipiter vers le combiné pour être plus exact, lorsque son talon aiguille croisa une des nombreuses feuilles de papier qui se trouvaient par terre (ah le dur métier d'écrivain !).Résultat des courses : Désirée glissa et atterrit, non sans ménagements, sur les fesses. Ouch …
Elle fixa quelques instants le plafond avant d'éclater de rire. Ce genre de choses n'arrivait qu'à elle, et en plus, la sonnerie du téléphone ne retentissait plus. Bon … Tant pis ! Elle se releva tant bien que mal, oui elle avait beau rire, elle ressentait quand même la douleur occasionnée par le choc et retourna chercher ses livres. Désirée les posa sur la table basse, referma la porte d'un pied avant d'aller s'effondrer sur le canapé. Pour ôter ses maudits talons … Elle les fixa avec un air faussement amusé : pourquoi est-ce que les femmes devaient en porter déjà ? Elle ne se rappelait déjà plus. Désirée jeta ensuite un coup d'oeil à sa montre et grimaça : zut, Emma, la blonde allait finir par être en retard.

Elle poussa un autre soupir avant de courir, oui encore une fois, jusqu'à sa salle de bain. Eh oui car Désirée se déplaçait toujours à la vitesse de l'éclair dans son minuscule appartement, parfois, souvent même, elle tombait mais hey ! Du moment que c'était sur les fesses, tout allait bien. La blonde était désormais sous la douche, se préparant pour retrouver Emma, alias Miss P. pour les élèves au bar karaoké de la ville.
C'était Désirée qui avait eu cette idée et qui avait un peu "sauté" sur Emma en la voyant dans la salle des professeurs pendant leur pause déjeuner. L'idée lui avait traversé l'esprit à la seconde même où elle avait aperçu Emma : il fallait juste qu'elle sorte ! Désirée avait passé le mois d'octobre à faire des allés-retour entre son appartement et le lycée, et parfois le centre commercial lorsqu'elle n'omettait pas de se nourrir. Entre écrire, corriger des copies, écrire, préparer des cours, écrire, écrire, donner des cours et écrire … Elle était en quelque sorte devenue une ermite. Son roman avançait plutôt bien, là n'était pas la question, mais la blonde avait besoin d'être frais. (Et qu'on ne lui fasse pas croire que Baudelaire avait écrit les Fleurs du Mal cloitré dans son appartement parisien, elle savait pertinemment que c'était faux !)
Désirée finit par sortir de la douche et passa directement dans sa chambre, sans tomber s'il vous plaît. Bon il s'agissait d'une soirée entre filles, alors elle pouvait s'habiller normalement. Elle enfila son jean préféré, un bustier noir et hop ! Le tour était joué. Enfin presque, Désirée se sécha rapidement les cheveux, tout en remettant ses talons. Eh oui, elle était du genre masochiste en plus de tout …

La professeur de littérature n'habitait qu'à quelques pâtés de maison du centre ville de Lima aussi, après avoir enfilé son trench coat, elle se rendit au bar à pied. Elle avait de nouveau le sourire aux lèvres et elle n'allait pas être si en retard que cela finalement. Et elles allaient passer une bonne soirée et … Est-ce qu'il venait vraiment de se mettre à pleuvoir ? Désirée s'arrêta et s'essuya la joue : oui, elle n'avait pas rêvé, il pleuvait. La blonde leva les yeux au ciel avec un air dépité : vraiment ? Ils avaient annoncé de la pluie toute la semaine, sans grands résultats, et c'était aujourd'hui, le seul soir de la semaine où elle sortait qu… Ne cherchons pas à comprendre et avançons, se dit simplement Désirée. Si c'était un test pour mettre sa bonne humeur à l'épreuve, hors de question d'échouer. Quelques minutes plus tard, les cheveux plus que trempés, Désirée entrait dans le bar. Elle en profita pour s'égoutter les cheveux sur le paillasson, un geste pas très sexy mais tant pis … Elle n'était vraiment plus à ça près. Elle chercha ensuite Emma du regard. MIss P. ne fut pas très difficile à trouver, c'était la seule personne qui se tenait bien droite sur sa chaise. Désirée eut un sourire en se dirigeant vers elle : elle était juste trop mignonne !

"Bonsoir ! Désolée pour le retard et j'espère que tu n'attends pas depuis très longtemps ? Il fallait évidemment qu'il pleuve juste quand je décide de sortir, mais c'est tout moi ça : j'ai la poisse depuis que je suis toute petite. Hors de question que ça change maintenant, pas vrai ?"

C'était tout Désirée ça, parler sans même attendre les réponses de son interlocuteur. Elle poursuivit sa petite tirade tout en retirant son manteau, elle le plia, le déposa sur une chaise à côté d'elle avant de finalement s'asseoir à son tour.

"Oh super des cacahuètes ! "

Et c'est avec un grand sourire que Désirée piocha allègrement dans le peau avant de manger les dites cacahuètes.
Aaaah … Si seulement elle savait.

Toujours assise sur son tabouret, les mains posées sur ses genoux, la jeune femme continuait de patienter, attendant son amie. Jetant un coup d’œil à sa montre, elle remarqua que son amie avait déjà cinq minutes de retard. Ce n’était pourtant pas quelque chose qui dérangeait Emma. Certes elle ne se sentait pas vraiment à l’aise sur ce tabouret face à un bar, mais il fallait dire qu’elle n’avait pas l’habitude d’être dans ce genre de lieu sans être accompagnée. Mais au fond, que pouvait-il lui arriver ? Son regard balaya la salle, ses grands yeux bruns se posant successivement sur un couple assis à une table, en train de flirter, puis sur un groupe de jeunes filles d’une vingtaine d’année riant aux éclats, leurs regards dirigés vers un garçon au fond de la salle, et enfin sur un homme d’une quarantaine d’année, derrière le micro sur la scène, chantant un tube des Beatles d’une voix mal assurée. Les lèvres d’Emma esquissèrent un sourire. Qui la remarquerait donc dans cette salle bruyante et vivante, où tout le Monde s’amusait dans son coin, riant, chantant, criant, s’agitant même. Son regard croisa alors celui du barman. Oui, bon, peut-être que finalement quelqu’un avait effectivement remarqué sa présence mais tant pis. Ses pensées se dirigèrent vers Carl et sa main se posa instinctivement sur la poche de son manteau dont elle finit par sortir son portable. Elle n’avait aucun message, mais pensa à en envoyer un après la soirée à son petit ami.

L’homme sur la scène finit la chanson et la salle devint plus calme l’espace d’un instant. C’est alors qu’elle vit du coin de l’œil une silhouette s’avancer vers elle. Elle tourna la tête vers celle-ci, reconnaissant Désirée. Celle-ci était trempée jusqu’aux os, ses longs cheveux blonds dégoulinant même. On dirait que la pluie avait repris de plus belle à l’extérieur, heureusement elle y avait échappé de peu ! Avant même qu’elle ait le temps de saluer son amie, celle-ci s’excusa de son retard, se plaignant de la pluie et ajoutant qu’elle avait toujours la poisse dans ces moments-là. La blonde pétillante s’activa, retirant son manteau avant de finalement s’asseoir à coté d’elle sur le tabouret face au bar. Emma ne put s’empêcher de sourire de nouveau, l’enthousiasme et le dynamisme de son amie la faisant toujours rire. Elle admirait ce genre de personnes qui, comme Désirée, semblaient être la joie de vivre réincarnée : toujours en train de courir dans tous les sens, à parler avec entrain. Ces personnes-là étaient en général les meilleurs amis mais aussi les plus drôles et intéressants. Ce caractère plaisait à Emma qui avait en quelques sortes besoin de ça, elle qui était en général trop discrète et effacée.

« Oh non ne t’inquiète pas c’est moi qui étais en avance, en fait. Et puis j’ai eu plus de chance que toi on dirait, j’ai échappé de peu à la pluie ! »

Adressant un nouveau sourire à son amie, elle était heureuse de ne plus être seule dans cet endroit qui l’intimidait toujours un peu. Elle se rendit compte que c’était la première fois qu’elle voyait Désirée en dehors du lycée McKinley, et pourtant elle était tout à fait à l’aise avec elle. Il fallait dire que la jeune femme était la même qu’au lycée : le sourire aux lèvres, dans des vêtements décontractés. Cela rassura d’ailleurs Emma qui avait eu peur de paraitre trop décalée dans ses propres vêtements pour cette soirée entre filles. Observant Désirée, elle vit le regard de cette dernière se poser sur les cacahuètes ô combien répugnantes aux yeux d’Emma. Mais contrairement à cette dernière, Désirée ne semblait pas du tout être dégoutée outre mesure par ces cacahuètes, et plongea d’ailleurs sans hésitation sa main dedans, prenant une bonne poignée de ces immondices. Les yeux d’Emma s’ouvrirent en grand et elle fronça le nez, ne pouvant tout simplement pas s’en empêcher. C’était certainement la mysophobie qui reprenait le pas sur elle, mais elle ne pouvait faire autrement. Jamais elle n’aurait plongé ses propres mains dans ce pot débordant de microbes.

« Ah hm, si tu savais tous les microbes qui trainaient dedans en fait, je ne suis pas sûre que tu les aimerais autant… mais tu as raison, ce doit être délicieux… sans toutes les saletés qui y trainent. »

Elle avait essayé de se rattraper mais elle se rendit compte en parlant que c’était impossible. Le nez toujours froncé à la vue de ces petites cacahuètes, ses mains ne quittèrent pas ses genoux. Mélanger des raisins de couleurs différents dans un bol était une chose, mais manger des cacahuètes imbibées d’urine en était une autre. Toutefois, ne souhaitant pas gâcher la soirée à cause de ses manies, elle ajouta :

« C’est sympa ici, à vrai dire je ne suis venue qu’une fois l’an dernier, mais je me souviens que j’avais apprécié l’ambiance. »

… L’ambiance, mouais… surtout un certain homme dont même son esprit tairait le nom, en fait. Elle posa son regard sur Désirée car elle savait que si elle ne se concentrait pas sur quelque chose là tout de suite, elle se remettrait à divaguer et à penser à cette personne. Or, ce ne serait pas sage du tout. Mais alors vraiment pas du tout.

Désirée avait enfin arrêté de parler. Oui, enfin. Non en fait, elle ne s'était pas vraiment arrêter de parler, c'était juste que sa bouche était occupée. Occupée à quoi ? A manger des cacahuètes, bien sûr. Et si Miss P. était rebutée par les microbes que pouvait contenir le bol, la blonde, au contraire, les accueillait à bras ouverts. Bien entendu, la professeur de littérature savait qu'Emma avait déjà fait preuve d'un énorme effort en décidant de sortir avec elle. Les gens devaient trouver la rouquine bizarre à cause de ses petites manies, mais comme Désirée le lui avait remarqué, il la trouvait elle aussi bizarre, et ce uniquement parce qu'elle avait décidé de ne pas se comporter comme les autres. La blonde trouvait tout le conformisme populaire répugnant. Non, plutôt à vomir. Eh oui, il s'en passait des choses sous ses jolies mèches blondes. Tout ce qu'il y avait à retenir de tout ceci c'est qu'elles s'étaient très bien trouvées.

"Ce genre de choses devrait me répugner mais … j'ai un faible pour les cacahuètes alors …" finit par déclarer Désirée après avoir avalé.

Oui, elle avait un faible pour les cacahuètes et un tas d'autres choses : les gâteaux au chocolat, les nouilles, les sushis, les bananes, les nouilles et les nouilles. Et puis, elle ne se compliquait pas trop la vie : moi aimer cacahuètes, moi voir cacahuètes, moi manger cacahuètes. C'était aussi simple que cela. (Et oui, avec un raisonnement pareil elle avait réussit à devenir professeur. ) Désirée hocha négligemment la tête lorsqu'Emma évoqua la bonne ambiance de l'endroit. Elle devait être venue ici une ou deux fois, pas plus. Okay, Désirée aimait bien boire, rectification, elle adorait la vodka mais pousser la chansonnette n'était pas trop son truc. Elle savait très bien qu'elle n'avait pas une si jolie voix que ça, certes pas désagréable, mais même Désirée n'était pas narcissique au point de s'imposer au reste du monde. Il fallait juste admettre que certaines choses n'étaient pas faites pour tout le monde : elle savait déjà écrire alors elle avait été plus que gâtée. Elle parcourut la pièce du regard avec un léger sourire, s'étonnant même de trouver autant de monde (Lima n'était pas censée être une petite ville à la base ?), avant de reporter son attention vers Emma.

"De toute façon, on est là pour s'amuser oui ou non ? Et aussi pour que tu me racontes tout ce qui s'est passé depuis la dernière fois qu'on s'est vraiment vues, parce que les déjeuners ne comptent pas vraiment. Ne te demande pas ce qui s'est passé dans ma vie, crois-moi mon quotidien est des plus barbants … "

Et Désirée n'exagérait en rien. Un écrivain célèbre, Flaubert sans doute, avait dit que le train train quotidien manquait de saveur. Dans le cas de la blonde, c'était terriblement vrai. En même temps, ce n'était pas comme si elle faisait quelque chose pour que cela change, préférant se cloitrer pour écrire, faisant croire à tout le monde qu'elle était asociale. C'était totalement faux, certes elle ne laissait pas facilement les gens rentrer dans sa bulle (histoire de leur rappeler à tous que blonde ne rimait PAS avec stupide), mais une fois qu'ils y étaient, elle ne les lâchait plus. La preuve en était avec Burberry ou avec Emma.

"Sauf si bien entendu tu ne ressens aucunement le besoin de parler, ce que je comprends tout à fait étant donné que mes conseils ne sont pas les meilleurs du monde, et on peut passer à la partie fun de la soirée à savoir danser sur le bar en sous vêtements … Je plaisante évidemment … Ou pas ! Quoi qu'il en soit, je vais vraiment arrêter de déblatérer et te laisser en placer une, mais avant question importante : tu es vraiment certaine que tu ne veux pas de cacahuètes ? "

Oui, Désirée était démoniaque et c'est avec un grand sourire qu'elle tendit une des dites cacahuètes vers Emma. Et encore, pensait-elle, elle s'était montrée gentille, sa première pensée étant d'écraser la cacahuète sous son talon et de la proposer à Miss P. Cette dernière allait-elle fuir en criant au secours ou bien relever le défi ?

C’est toujours quand on essaye de ne pas penser à une personne, que l’image de celle-ci se dessine dans votre esprit. Le regard toujours posé sur les traits fins de Désirée, Emma essayait de ne pas se souvenir de la dernière fois qu’elle était venue dans ce bar. Malheureusement elle revoyait déjà la scène. Assise seule à une table, le visage tourné vers la scène où quatre hommes exécutaient une petite chorégraphie tout en chanter « Poison ». Cela faisait plus d’un an déjà, et pourtant elle s’en souvenait comme si c’était hier… Girl, I must warn you I sense something strange in my mind… Les paroles de la chanson, Terri derrière elle, venue applaudir son mari… The situation is serious let’s cure it ‘cause we’re running out of time… le décor, Figgins dans la salle, son cardigan jaune, le chapeau de… C’était pitoyable. Pitoyable, et pourtant. La voix de Désirée la ramena alors à la réalité et sans que la jeune femme ne le sache, Emma lui en était reconnaissante. Sa collègue expliqua alors avoir un faible pour les cacahuètes même si elles étaient censées la répugner. Une fois de plus, le regard d’Emma se dirigea vers le petit bol où les saletés se trouvaient. Son nez se fronça de nouveau et elle se demanda comment, en les mangeant, Désirée pouvait oublier tous les microbes qui étaient venus s’y incruster. Malgré le travail qu’elle faisait sur elle concernant ses « problèmes », Emma ne s’imaginait pas manger une telle horreur.

« Si tu savais comme je t’envie… »

Oui, dans un sens Emma l’enviait beaucoup. Elle aimerait vivre avec autant d’insouciance, ne se préoccuper de rien et faire tout ce qu’elle désirait (haha) sans se soucier des conséquences de ses actes. Hélas, c’était loin d’être le crédo de la jeune conseillère d’orientation. Toute sa vie, ou plus vraisemblablement depuis qu’elle était tombée dans la fosse de la laiterie vers l’âge de dix ans, elle avait fait attention à ce qu’elle faisait. Se baladant toujours avec des lingettes ou du désinfectant, elle avait longtemps vécu dans la peur de rentrer en contact avec les microbes. Certains enfants, la nuit tombée, ont peur du noir ou des monstres qu’ils s’imaginent trainant en dessous de leurs lits. Emma, elle, n’avait ni peur du noir ni peur des monstres imaginaires mais était effrayée de poser sa tête sur un oreiller sale ou de découvrir de la poussière sur les meubles de sa chambre. Cela avait toujours été comme ça. Aux yeux des autres elle avait été l’enfant maniaque qui nettoie ses raisins avant de les manger. Et pourtant, ce n’était même pas le regard des autres qui avait poussé Emma à consulter un psychologue pour faire un travail sur ses manies, mais le fait de ne savoir aller plus loin dans une relation amoureuse qu’un simple baiser. Poussant un soupir, se rappelant qu’elle ne devait pas penser à celui auquel elle commençait justement à penser, Emma tenta pour la énième fois de la soirée de se concentrer sur la conversation au lieu de laisser ses pensées s’évader Dieu sait où.

Désirée lui demanda alors de raconter ce qu’il s’était passé dans sa vie depuis qu’elle s’étaient vu, et puisque visiblement leurs déjeuners du midi ne comptaient pas, cela faisait déjà un moment. Elle précisa que ça ne servait à rien qu’Emma lui demande ce qu’il se passait dans la sienne car son quotidien était des plus barbants. Emma esquissa un sourire :

« Hm, je suis sûre que tu dois avoir plein d’anecdotes à me raconter, en fait ! Je ne peux pas croire qu’il ne se passe rien dans ta vie. Quant à la mienne, elle n’est pas vraiment passionnante non plus… Enfin, je ne sais même plus où je me suis arrêtée la dernière fois de toute façon. »

Le sourire toujours aux lèvres, la jeune femme se mordit la lèvre inférieure. Avait-elle déjà explicitement avoué à Désirée que malgré la présence de son petit ami Carl, Will lui manquait énormément… Aïe, raté, elle venait de penser à lui. Emma ne savait pas, ou ne savait plus, plus probablement. Elle avait certainement du mentionner leur relation… oui, c’était certain, mais était-elle allé plus loin dans ses explications ? Évidemment, sa vie ne se résumait pas à Will Schuester, toutefois, c’était lui qui occupait ses pensées la plupart du temps. Lorsqu’elle ne pensait pas à Carl, en fait. Malgré tout ses efforts, son image ne voulait s’effacer de son esprit. Elle avait pensé qu’avec le temps, elle s’en serait remise. Après tout, elle était heureuse aussi avec Carl… mais il lui manquait quelque chose d’important. Soupirant, Emma écouta les nouvelles paroles de Désirée, si surprenantes qu’elle en ouvrit grand les yeux. Le pire fut, bien entendu, à la fin de son discours, lorsqu’elle lui demanda si elle était sûre de ne pas vouloir de cacahuète. Elle sourit toutefois aux premières phrases de la jeune femme.

« Danser sur le bar en sous-vêtements, vraiment ? Hm… juste pas pure curiosité, ça t’est déjà arrivé ? »

Emma posa alors son regard sur la cacahuète que lui tendait Désirée et ne put s’empêcher de faire la moue. C’était une sorte de défi que lui proposait la jeune blonde. Elle ne se pensait pas capable de manger une telle horreur mais d’un autre coté, si elle refusait, peut-être gâcherait-elle la soirée à cause de ses manies ? Indécise, la jeune femme passa un long moment à observer la cacahuète, comme si elle pouvait voir si des traces d’urine étaient visibles. Le nez plus froncé que jamais, elle secoua la tête de droite à gauche :

« Berk, c’est vraiment répugnant je ne sais pas si j’en serais capa… oh et puis mince ! »

Emma attrapa la cacahuète, pensa très fortement à l’un de ses raisins tout propres et la jeta presque dans sa bouche, l’avalant d’un coup sans même croquer dedans… C’est à ce moment précis qu’elle se rendit compte qu’il y avait plus dangereux que des microbes sur une cacahuète : Emma se mit à tousser de plus en plus fort, la cacahuète coincée dans sa gorge. Elle toussait tellement fort qu’elle en avait envie de pleurer. Finalement la cacahuète passa, et la jeune femme reprit ses esprits. Les yeux écarquillés, elle jeta un regard à Désirée, hilare, et lui dit :

« Tu te rends compte que j’ai failli m’étouffer ? Plus jamais ! »

Se massant délicatement la gorge, Emma croisa de nouveau le regard Désirée et éclata alors de rire.

Cacahuète ou pas cacahuète ? Telle était la question … Non parce qu'Emma tournait autour du pot en lui posant toutes ces questions, mais elle était toujours trop mignonne … Si Désirée n'avait pas peur de la brusquer, elle se pencherait vers elle et lui pincerait les joues en s'écriant "gouzi-gouzi". Mais la blonde ne comptait pas le faire, et pourtant ce n'était pas l'envie qui lui en manquait, non, elle se contentait de fixer Emma, le sourire levé avec un air dubitatif sur le visage. (Hmmm … Dubitatif, le narrateur aime bien ce mot) Et Désirée ne fut pas déçue car Emma finit par se pencher et engloutit la cacahuète, mâcha, mâcha, mâcha … et …. La blonde la fixait désormais avec une légère appréhension sur le visage et fut vraiment surprise lorsque Miss P. finit par avaler. Elle décréta avoir faillit s'étouffer, phrase à laquelle Désirée répondit par un regard qui signifiait ; "mais bien sûr … Et il va se mettre à pleuvoir des canards en plastique aussi ?" et Emma éclata aussitôt de rire, le rire de Désirée se mêlant rapidement au sien.

"Wouhou ! Nous allons officiellement passer une bonne soirée, et tant pis s'il pleut des cordes, je braverai les éléments et je rentrerai à la nage … Parce que je le vaux bien. "

Elle avait ajouté la dernière partie de la phrase avec un léger mouvement de tête qui fit bouger sa chevelure blonde avant de repartir dans un nouveau fou rire. Et cela lui faisait extrêmement de bien de rire, il fallait dire que cela ne lui arrivait pas si souvent que ça en fait. Son roman n'était pas une partie de plaisir et ce dans tous les sens du terme, ses élèves préféraient se moquaient d'elle que de rire de ses blagues et sa vie en général … était vide. Mais hey, ce n'était vraiment pas le moment pour s'apitoyer sur son sort, bien au contraire … C'était le moment de s'amuser, de dire des bêtises, d'arrêter de penser … Hmmm … Ce n'était pas déjà ce qu'elle faisait en permanence ? Si, sauf que d'habitude Désirée devait se soucier des conséquences … Pas ce soir, pensa t-elle en souriant intérieurement. Elle pouvait même danser en sous vêtements sur le … oh la question d'Emma.

"Bon, la glace est officiellement brisée on peut passer aux confidences. J'ai déjà dansé en sous vêtements sur un bar mais, mais pour ma défense je n'avais que dix sept ans et je n'étais pas seule … Rien qu'en le disant je me rends compte que ce n'est pas une très bonne excuse … Qu'est-ce que je pourrais te dire de plus … Oh si je sais !" fit Désirée en claquant des mains " Tu te souviens de ce psychopathe de James qui n'arrêtait pas de me suivre partout en clamant que sa matière était meilleure que la mienne et blablabla" Désirée mima l'onomatopée en faisant une grimace et un bec avec sa main droite "Eh bien je lui ai cloué le bec, il a ENFIN arrêté et a reconnu que je lui étais supérieure. Et sinon à part ça, rien de nouveau sous le soleil … "

Elle finit sa longue tirade en haussant les épaules et en reprenant des cacahuètes. Bon peut être que les choses ne s'étaient pas exactement déroulées de cette manière là avec James mais bon … la finalité était la même, non ? … Non ? Peut être que Désirée aurait dû lui dire qu'il y avait eu "contact" et échanges de … Non, grosse fausse bonne idée. Même elle avait un peu de mal à l'admettre en se regardant dans la glace le matin.

"Et toi alors … Carl, Will ? Où est-ce que tu en es, non parce qu'il faut que tu me dises pour que je sache si je peux ravager son corps sexy ou pas … Je plaisante bien sûr ! Oh et avant que tu ne fasses une quelconque confession, parce que crois moi Emma Pillsbury, tu vas parler, il faut qu'on commande à boire ."

Ceci étant dit, Désirée s'éclipsa quelques secondes pour aller "embêter" le barman. Elle revint vers Emma avec un plateau dans les mains. Elle le posa devant la rouquine avant de se rasseoir.

"Regarde et pleure."

Sur ce, Désirée se servit un verre de la mystérieuse substance brunâtre, coupa un demi citron, et se mit du sel sur la paume droite. Elle fit un clin d'oeil à Emma avant de se lécher la paume, vider son verre d'un trait, et de mordre dans le citron. Désirée fit une grimace tout en avalant, elle avait oublié que la tequila eh bien … ce n'était pas pour les mauviettes.

Après s’être à moitié étouffée à cause de cette satanée cacahuète, Emma eut bien du mal à s’arrêter de rire, les larmes lui montant même aux yeux. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ri de cette façon, et il fallait avouer que c’était agréable surtout lorsque c’était avec une aussi bonne amie que Désirée. Avec quelqu’un d’autre, Emma ne se serait certainement pas sentie aussi à l’aise dans un tel endroit, face à un bar qui n’était pas des plus propres et un barman qui lui envoyait de temps en temps quelques regards inquisiteurs. Mais avec Désirée, c’était différent. Elle n’aurait su dire ce qui la mettait vraiment en confiance lorsqu’elle se trouvait avec le professeur de littérature mais tout ce qu’elle savait c’était qu’elle se « lâchait » plus que d’habitude. Oh bien sûr, ce n’était pas demain la veille qu’Emma danserait nue sur le bar en exécutant des chorégraphies peu appropriées, mais cette soirée entre fille s’annonçait vraiment bien et la conseillère d’orientation se sentait désormais parfaitement à l’aise. Reprenant enfin ses esprits et s’arrêtant de rire, Emma lança un coup d’œil à Désirée qui l’observait d’une drôle de façon, comme si elle avait une idée derrière la tête. La jeune femme n’y prêta pas trop attention et avant même qu’elle ait le temps de dire quoique ce soit, son amie prit la parole, s’exclamant en lui disant qu’elles allaient officiellement passer une bonne soirée et qu’elle n’en avait que faire du mauvais temps… parce qu’elle le valait bien. Emma se remit à rire suite au petit mouvement de tête significatif de Désirée qui n’était pas sans rappeler une publicité connue dans le Monde entier.

A vrai dire, elle ne doutait plus une seule seconde qu’elle passerait une bonne soirée. Elle avait hâte de voir ce que Désirée lui réservait, d’ailleurs, même si elle aurait du avoir plus peur qu’autre chose. Un grand sourire dessiné sur ses lèvres, Emma but de nouveau ses paroles. La jeune femme se laissait aller dans les confidences, répondant à la question que lui avait posé Emma quelques minutes auparavant : oui, elle avait déjà dansé en sous-vêtements sur un bar mais elle n’avait alors que dix-sept ans et elle n’était pas seule, donc ça ne comptait pas. La conseillère d’orientation aurait du ouvrir de grands yeux suite à cette révélation et pourtant elle n’en fit rien. En fait, elle s’était plus ou moins attendue à ce genre de réponse qui ne l’étonnait pas du tout venant de la part de sa collègue. En fait, Emma se l’imaginait même très bien, adolescente, en train de flirter avec les hommes sans aucune difficulté… pas comme elle qui à cet âge-là fuyait plutôt les lieux publics susceptibles de rassembler beaucoup de personnes. Mais n’ayant pas tellement de choses en commun au final, il était logique qu’elles n’aient pas eu le même genre de jeunesse. De nouveau, lorsque la jeune femme s’apprêta à répondre, Désirée reprit de plus belle, lui parlant cette fois de James Sheffield. Le professeur de mathématiques semblait en effet avoir l’esprit compétitif, elle se souvenait que Désirée lui en avait déjà parlé.

« Tu sais, c’est marrant mais je t’imagine parfaitement en train de danser en sous-vêtements sur un bar ! Enfin j’espère que ce n’est pas ce que tu as prévu pour ce soir quand même… Quant à James, j’aurais bien aimé voir ça ! »

Et c’était on ne peut plus vrai. Emma ne parvenait pas à s’imaginer leurs disputes car James était à ses yeux l’image même du parfait anglais qui ne faisait pas d’histoires. Souriant de plus belle, la jeune femme se demandait comment était Désirée face aux hommes… Une chose était sûre : elle ne devait pas être comme la timide Emma. Justement, le professeur de littérature semblait se demander la même chose par rapport à sa collègue puisqu’elle lui demanda au même moment ce qu’il en était de Carl et de Will. Elle ajouta qu’elle parviendrait de toute façon à la faire parler. Emma acquiesça de nouveau d’un signe de la tête, pensive. Apparemment elle avait du sous entendre qu’il y avait toujours quelque chose avec Will si elle lui posait la question. La main de la jeune femme se posa sur la poche de son manteau, comme pour vérifier qu’il ne vibrait pas, annonçant l’arrivée d’un sms.

« Ahem, Carl, Will… ce débat n’avance pas vraiment dans ma tête… »

Jetant un coup d’œil autour d’elle, Emma vérifia que personne ne l’écoutait. C’est sûr que si Carl trainait dans les parages, mieux valait qu’elle ne se mette pas à parler de son ex en des termes élogieux. Heureusement pour elle Désirée, qui n’arrivait visiblement pas à tenir en place une seconde, coupa court à la conversation et partit chercher des boissons. La laissant s’en occuper auprès du barman, Emma prit son téléphone portable qu’elle déverrouilla avant de constater qu’elle n’avait aucun nouveau message. Voyant déjà Désirée revenir avec un plateau, Emma jeta presque le portable dans sa poche pour que son amie ne la surprenne pas. Sa collègue lui fit alors une démonstration pour le moins étonnante : elle coupa la moitié d’un citron puis versa du sel sur sa paume. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elle avait léché le sel sur sa paume, vidé son verre et mordu dans le citron. Emma l’avait observée faire, à moitié choquée. Elle avait déjà vu faire des adolescents dans une soirée à laquelle elle avait été invitée durant ses années universitaires, l’une des seules où elle était allée, en fait. Elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils, se demandant si Désirée espérait qu’elle fasse la même chose :

« Hm, ça va tu te sens bien ? Ca a l’air… particulier comme rituel ! »

Elle lui adressa un sourire avant de rapprocher le plateau vers elle. Elle inspecta le verre qui ne présentait apparemment aucune trace de doigts et le prit entre ses mains, observant l’aspect brunâtre de la boisson. Elle approcha alors le verre de son visage et sentit l’odeur qui s’en dégageait et qui était plutôt forte. Emma n’avait jamais vraiment profité des joies de la boisson, comme certains disent. En fait, elle ne buvait que rarement et là où de nombreux adolescents de dix ans de moins qu’elle avaient déjà eu leurs premières cuites, à vingt-huit ans, elle n’avait jamais été malade après avoir bu beaucoup d’alcool. Bien sûr, elle avait déjà goûté à de l’alcool, elle n’était pas ignorante à ce point. Mais ses effets s’étaient toujours rapidement dissipés puisqu’elle n’en buvait jamais avec excès. Toutefois, elle devait avouer qu’elle était intriguée par ce verre qu’avait apporté Désirée. Le verre toujours entre ses mains, elle demanda (très) naïvement :

« C’est fort comme alcool ? Parce que vu l’odeur, ça n’a pas l’air d’être du jus de raisin… »

A la question : Désirée est-ce que tu vas bien ? La réponse était oui, oui et oui ! Mais si vous lui demandiez si elle avait toute sa tête … Non seulement vous n'alliez jamais obtenir de réponse positive et en plus vous vous adressiez à la mauvaise personne. Emma pouvait se demander dans quelles circonstances la blonde avait pu attérir en sous vêtements sur un bar, le mystère était levé (et PLUS que levé à présent) lorsqu'on voyait de quelle manière elle se comportait dans un bar. Enfin, Désirée était contente de savoir qu'elle n'avait pas perdu ses vieux réflexes. Certes, elle sentait très très bien l'alcool passer à travers sa gorge, et son petit goût sucré sur sa langue mais toutes ses sensations lui étaient familières. C'était comme faire du vélo … Non rectification, elle détestait les vélos, c'était comme retrouver un vieil ami après des années passer à s'échanger des lettres. On le connaissait dans le moindre détails et dans les moindres mots et on pouvait même même anticiper ses mouvements. Si Baudelaire avait l'absinthe dans le sang et en mémoire, pour Désirée c'était définitivement l'alcool mexicain … Tequila ô tequila … Wow, stop, et elle était dans cet état là après seulement UN verre … Après trois verres, elle ne serait définitivement PLUS responsable de ses actes et le lendemain elle n'aurait qu'à feindre une amnésie ou le célèbre : "Non, tu dois confondre, ce n'était PAS moi."

Emma la sortit de sa fol… de sa rêverie avec sa remarque, oui c'était plus que particulier comme rituel mais c'était la meilleure façon de boire de la tequila. Et aussi la meilleure de son prouver qu'on était un homme … Ou là en l'occurrence une femme. Et la blonde ne put s'empêcher de rire face à l'autre question d'Emma. Elle était juste TROP mignonne, Désirée allait vraiment avoir dû mal à ne PAS la corrompre. Quoi qu'elle ne comprenait ni Carl, ni Will, SI elle avait été un homme, il y a longtemps qu'elle (ou il ?) aurait kidnappé Emma pour la ramener chez soit pour … Hmmm … (vivre heureux jusqu'à la fin des temps ? Non ...) Bref, Désirée se retint de la prendre dans ses bras, hey ho elle n'était pas encore bourrée à ce point là, et se contenta de répondre :

"Hmmm … Si j'étais toi, je ne comparerai pas ça à jus de raisin … Et ce n'est pas si fort que ça comme alcool. Selon moi c'est légèrement plus fort que la vodka, mais ça reste en dessous du whisky et ça ne bat définitivement pas l'abs… "

Désirée préféra alors fermer sa grande bouche, et fixa Emma avec un sourire sur les lèvres. Elle était VRAIMENT en train de passer pour une dépravé … non, la pire des débauchés. Bon en même temps, Emma n'était PAS l'une de ses mères, elle n'allait pas lui jeter un regard soupçonneux tout en proférant "tu t'es vautré dans la luxure hier soir, n'est-ce pas ?" (Rien que de repenser à ses années-là faisait trembler Désirée …) Et puis Désirée ne se souciait pas de ce que l'on pensait d'elle … Mais il s'agissait d'Emma, l'une de ses seules amies, et à tout moment cette dernière pouvait décider qu'il y avait des limites qu'elle n'était pas prête à dépasser et partir en courant … (Ouh, Emma qui courait, trop mignon). Et de un, Désirée ne pouvait même pas la distraire avec sa poitrine et de deux … Hmm … Ah quoi elle était en train de penser déjà ? Rhoo, zut elle ne savait plus ! (Le narrateur tient juste à vous préciser que son personnage n'en est qu'à un verre de tequila, merci de prendre en compte cette information et passez un agréable voyage sur nos lignes.)
Bref, parlons peu parlons bien, Désirée s'accouda au bar et poussa vicieusement le plateau vers Emma.

"Enfin … Il n'y a qu'un seul moyen pour que tu puisses te faire une idée. "


Désirée avait essayé de lancer sa réplique sur un ton des plus innocents, mais elle n'arrivait même pas à se convaincre. Emma allait-elle se dérober ?

"Allez … On boit juste un verre ensemble et tu me dis ce que tu en penses. S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît … On a qu'à dire que manger une cacahuète n'était que le début de ta grande et belle initiation. Pour l'instant tu n'es qu'un petit scarabée, mais j'ai toute la soirée pour te transformer en vraie ninja."

A la fin de sa phrase, la blonde avait un sourire aussi grand que celui du Chespire Cat. Elle utilisait des arguments complètement fallacieux (un autre mot que le narrateur adore) et le pire c'est qu'elle en avait pleinement conscience.
Mais hey, on ne vivait qu'une fois, non ?

Vivre à fond, faire un tas de bêtises et mourir jeune. Non, non, ce n'était absolument pas le leitmotiv de Désirée, elle prévoyait de vivre très très longtemps pour s'isoler sur une île déserte afin de parfaire son style et de dominer le monde de l'écriture (mwhahahaha d'abord). C'est juste que la blonde aimait bien s'amuser un point c'est tout, si elle devait faire une métaphore pour résumer sa vie elle n'emploierait pas le banal cliché du film qui se déroule avec les principaux acteurs que sont la famille et les parents, non. Sa vie était plutôt comme un immense scrapbook encore vierge qu'elle se chargeait de remplir au fur et à mesure d'expériences les plus farfelues les unes que les autres, et cette soirée, bien évidemment, resterait dans les annales.
D'autant plus qu'Emma se laissait volontiers faire au jeu imposé par Désirée, mais elle était si naïve et tellement mignonne (gouzi gouzi) … Désirée voyait bien que son amie lui faisait confiance, pourquoi elle ne le savait pas elle-même (peut être parce qu'on les prenait toutes les deux pour des folles, qui sait ?) mais c'était comme ça, un point c'est tout.
Et elle lui fit entièrement confiance pour le verre de tequila, qu'Emma avala également d'une traite, non sans une grimace au préalable. Désirée avait suivit l'action avec le sourire aux lèvres et de la guimauve en guise de cervelle, et maintenant qu'Emma avait finit, oui car c'était un geste des plus rapides, Désirée sautillait littéralement sur place. Un peu plus et elle était sur le bar à s'écrier "elle est des noootres … Elle a bu son verre de tequila comme les autreeuh." Cependant elle ne le fit pas, Dieu merci pour Emma elle n'avait qu'UN seul verre d'alcool dans le sang. Cela n'empêchait pas ses yeux de pétiller, ni Désirée de s'exprimer sur un ton plus rapide que la normale.

"Si tu savais à quel point je suis fière de toi ! Pour un peu je te prendrai dans mes bras !"

Au lieu de quoi, Désirée se contenta de descendre un autre verre. Et de deux ! Les ennuis allaient sérieusement commencer à arriver. Mais chut … Elle assumerait les conséquences plus tard. Pour l'instant, elle se sentait bien, elle avait l'impression d'être aussi légère qu'une plume et pour un peu, Désirée était certaine qu'elle pourrait s'envoler. Elle sentait encore ses pieds et ses talons aiguilles : preuve qu'elle n'était pas encore vraiment sous l'effet de l'alcool mexicain. (Oui, une fois elle avait oublié comment on faisait pour courir … Il suffisait de marcher plus rapidement voilà tout !) Désirée eut un autre sourire face à la nouvelle interrogation d'Emma.

"Hmmm … Tu veux une vraie réponse ? Ou bien est-ce que c'était vraiment une vraie question ? Tu sais parfois, il m'arrive juste d'arriver de réfléchir et de prouver au monde que je suis une vraie blonde. "

Et une blague sur sa couleur de cheveux, une … Enfin, c'était toujours mieux que les blagues sur son prénom, n'est-ce pas ? (N'EST-CE PAS ? Non, le narrateur ne vise aucun membre de ce forum, absolument pas.) Pourtant c'était la stricte vérité, parfois il fallait juste regarder la vérité en face, se dire que le monde n'allait pas soudaine changer d'avis et … assumer sa couleur de cheveux, exactement. Oula, se dit Désirée, que de profondes paroles philosophiques. Il fallait absolument qu'elle arrête et mette son cerveau sur off. (Il est où le bouton, déjà ? Ah oui, c'est bon).

Juste au moment où elle se faisait cette réflexion, la chanson du bar changeait pour être remplacée par un de ses airs préférés. Personne n'occupait le karaoké et ainsi le début de Heavy Cross de Gossip retentissait parfaitement bien dans l'établissement. Il n'en fallait pas plus pour que Désirée commence à danser sur le rythme de la musique. Elle fit même un petit tour sur elle-même avant de se tourner vers Emma.

"Tu viens danser avec moi ?" demanda Désirée toujours le sourire aux lèvres.

La blonde ne savait même pas si Emma savait danser, en tout cas elle, elle savait le faire. Enfin non … Elle savait se déhancher en rythme (comprenez remuer son derrière), les bras au dessus de la tête en chantant.
De toute façon, tout était forcément plus marrant avec de la tequila dans les veines. (Ou pas …)

Emma avait finit par céder au dernier caprice de Désirée et cette dernière ne pouvait qu'en être ravie. Car oui, pour elle, boire de l'alcool et danser allait évidemment de paire … Comme les frites et la mayonnaise, Holmes et Watson, les pépites de chocolat et les cookies … Un superbe mélange, quoi ! Bref, (oui arrêtons de divaguer et ignorons le fait que le narrateur a un peu BEAUCOUP faim), en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Emma et Désirée étaient sur la piste de danse. Et si la rouquine était nerveuse (noooon tu crois ?) ce n'était pas le cas de Désirée. Déjà qu'en tant normal, elle n'avait aucun sens moral ou un quelconque sens étique (mo… mo… quoi ?), alors maintenant qu'elle avait bu … VOUS ETES TOUS DANS UNE M… Enfin, les ennuis allaient vraiment commencer. En plus, elle adorait cette chanson, alors elle pouvait se déhancher en se disant silencieusement : ha ouais ! han han ! ha ouais ! han han ! ha ouais ! han han !
Mais elle fut tirée de ses pensées par Emma. Désirée s'arrêta momentanément de danser, bien que sa tête soit toujours en train de se balancer, et elle écouta la rouquine. La blonde posa les mains sur les hanches face à la requête d'Emma.

"Oh… Mais on dirait que tu apprends vite. Que vais-je faire ? Me désister ou non ?"

Désirée prit un air faussement innocent, absolument pas du tout copié sur celui d'Emma (non … c'est faux.) Mais elle se ressaisit bien vite, son célèbre sourire sur les lèvres.

"Just watch and learn little Em', just watch and learn."

Sur ce, après s'être tournée vers la scène dans un léger mouvement de hanches (et de cheveux bien entendu parce qu'elle était superbe … *d'après le narrateur*), elle s'y dirigea tout aussi superbement. Les pauvres mortels qui composaient la clientèle du bar n'avaient qu'à s'écarter face à elle, oui parce qu'elle allait chanter. En même temps ce n'était pas comme si Désirée passait inaperçue, on la remarquait, (merci les talons aiguilles) et en plus elle marchait avec toute la confidence du monde dans la poche arrière de son jean alors …
Elle grimpa sur la scène dans un bond très joyeux et elle s'empara du pauvre petit micro qui trônait là. Désirée lança un clin d'oeil à Emma avant de se mettre à chanter.
It's showtime baby.


We can play it safe, or play it cool,
follow the leader, or make up all the rules,
whatever you want, the choice is yours,
So choose...

Désirée n'avait peut être pas la plus jolie voix du monde, mais le coeur y était. Et même à deux cent pour cent. Elle n'avait même pas besoin de regarder l'écran pour connaître les paroles, c'était comme si la chanson lui appartenait déjà. Et c'est toujours en dansant, ses épaules et ses hanches bougeant en rythme, qu'elle chantait pour le public.


I trust you, if it's already been done, undo it,
It takes two, it's up to me and you, to prove it.

Pour le refrain, la blonde quitta la scène pour venir se mêler parmi les fêtards et même danser avec eux. Elle obligea même une dame à se lever, tapa dans les mains d'un type qui buvait de la bière, tout ça en se dirigeant tranquillement vers Emma. Mwahahaha … Parce qu'elle n'avait pas oublié Emma dans tout ça. Arrivée devant cette dernière, non elle ne se frotta pas lascivement contre elle (et pourtant ce n'était pas l'envie qui lui manquait) mais elle se contenta de lui mettre le micro sous le nez.

"Tu ne vas pas me laisser finir la chanson toute seule quand même ?"

En voyant le regard éclairé de son amie, Emma se rendit compte que le défi qu’elle venait de lui lancer n’en était pas vraiment un. A en voir l’excitation que l’on pouvait lire sur les traits de Désirée, il n’y avait aucun doute : depuis le départ, elle n’attendait qu’une seule et unique chose : attirer tous les regards sur elle en se présentant sur le podium et en offrant à son public un véritable show. Cela rassurait un peu Emma, d’un coté. Le fait qu’elle soit aussi déjantée et extravertie lui permettrait peut-être de rester dans l’ombre. Et à vrai dire, elle ne demandait que ça ! Si Désirée adorait qu’on la regarde, Emma, elle, préférait de loin rester dans l’ombre et ne pas attirer l’attention des personnes qui se trouvaient autour d’elle. Alors si Désirée se dirigeait finalement vers le micro pour chanter, elle pourrait rester tranquillement sur la piste de danse à bouger un minimum pour dire de ne pas rester statique, tout en jetant de temps en temps un coup d’œil à ses affaires restées près du bar. Finalement, ce ne serait peut-être pas aussi compliqué que ça. Finalement, elle pourrait peut-être réussir à faire profil bas tandis que Désirée s’amuserait ; ce qui arriverait très certainement vu les deux verres de tequila qu’elle avait vidé d’une traite un peu plus tôt ! Emma aussi avait bu, mais il lui semblait qu’en refusant d’autres verres, elle avait évité le pire ! A cette pensée, la jeune femme jeta un coup d’œil au bar qu’elle avait délaissé quelques secondes plus tôt et au plateau qui était posé dessus : un plateau encore rempli de verres de tequila que son amie avait ramené.

Désirée se tourna alors vers Emma, les mains sur les hanches et l’expression qui se voulait choquée. Comme si en lui proposant d’aller chanter, Emma l’avait offensée, ce qui était évidemment loin d’être le cas. Elle lui dit alors d’un ton ironique qu’elle apprenait vite, avant de se demander si elle allait le faire ou se désister. A en voir ses yeux bleus plus pétillants que jamais, Emma connaissait déjà la réponse. Après qu’elle-même ait accepté de manger la fameuse cacahuète (ne jamais sous estimer le pouvoir d’une cacahuète), puis de boire son jus de raisin personnalisé… enfin, de la tequila, Désirée ne pouvait décidemment pas reculer maintenant devant le défi de la rouquine. La jeune femme prit alors un air qui n’était pas sans rappeler celui d’Emma avant d’esquisser un grand sourire et de dire à Emma d’observer et d’apprendre. Cette dernière resta alors plantée là, les yeux ronds comme des soucoupes. Désirée quant à elle courrait presque vers la petite scène. C’était certain : tous les regards masculins étaient désormais braqués sur sa fine silhouette et ses superbes cheveux blonds, bien qu’encore humides. Elle prit le micro tranquillement, comme si elle avait fait ça toute sa vie, avant de lancer un clin d’œil à Emma qui espéra que personne d’autre ne l’ait remarqué… ce qui était assez naïf étant donné que tout le Monde observait Désirée. Celle-ci commença alors à chanter et Emma en resta bouche bée. Si c’était évident qu’elle n’avait pas la voix d’une diva, elle en avait en tout cas l’enthousiasme et la prestance ! Car la jeune femme ne faisait pas que chanter, elle dansait au rythme de la musique d’une façon qui n’était pas sans plaire aux hommes qui se trouvaient dans le bar. Emma pouvait presque voir des gouttes de sueur perler sur le front d’un jeune homme se trouvant à ses cotés et qui observait Désirée comme s’il n’avait jamais vu une seule femme de sa vie… ce qui ne devait d’ailleurs pas vraiment plaire à sa petite amie qui lui envoyait des regards noirs !

Alors qu’elle commençait à chanter le refrain, Désirée quitta la scène, micro en main, et rejoignit la piste de danse. Quand Emma se rendit compte qu’elle venait dans sa direction, elle recula de plusieurs pas et faillit même tomber en heurtant de plein fouet un homme qui dansait derrière elle. La jeune femme lança un regard d’excuse à ce dernier avant de faire de nouveaux pas en arrière… oh non ! Non, non, non et non ! Emma voyait bien le regard de son ami : un regard malicieux à la limite du sadisme, soit un regard qui n’inspirait pas du tout confiance à la conseillère d’orientation. Malheureusement pour elle, Désirée ne tarda pas à se trouver devant elle, et lui mit directement le micro sous le nez, en lui disant qu’elle n’allait quand même pas la laisser finir la chanson toute seule, d’un ton accusateur. Emma écarta le micro de sa main droite et répondit, non sans bégayer :

« Ahem non non, tu sais je trouve que tu t’en sors très bien toute seule, je… euh. »

Cependant, Emma croisa le regard de son amie, un regard qui voulait dire beaucoup de choses mais surtout « allez, chacun son tour ma grande ! ». Emma fit une grimace, hésitante. Elle n’avait aucune envie de se retrouver à chanter dans ce bar karaoké et la tequila qu’elle avait avalée ne suffisait pas à lui donner l’adrénaline nécessaire. Ce n’était pas qu’elle ne savait pas chanter… bien qu’elle n’ait pas une voix exceptionnelle, selon elle. Mais elle ne voulait pas chanter ici, devant toutes ces personnes ! Et puis passer derrière Désirée lui mettait encore plus la pression ! Pourtant, elle ne se voyait pas refuser ce nouveau défi quand son amie avait relevé le sien, et avec brio. A contre cœur, elle examina le micro que lui tendait Désirée. Elle était certaine qu’il devait y avoir plein de microbes sur cet objet, à force de passer dans les mains de tous les apprentis chanteurs qui venaient se produire. Elle le prit donc délicatement entre son pouce et son index, en se promettant de se laver les mains au moins cinq fois après. Comme plusieurs minutes auparavant quand Désirée lui avait proposé de danser, elle céda. Elle posa son regard sur l’écran qui se trouvait derrière la scène car elle ne connaissait pas assez bien les paroles pour pouvoir chanter sans les regarder. Toutefois quand elle vit la suite de sons, elle se rendit compte qu’elle n’avait nullement besoin de lire des « ah » et des « oh » pour pouvoir les chanter. Alors elle se lança, se promettant de se venger tôt ou tard sur Désirée pour lui avoir donner la partie de la chanson qui était la plus compliquée.

« Ah ah ah ah ah, oh oh oh, ye eh eeh ! yah ah ah ah ah oh oh oh ye eh ye eh ye eeeh ! »

Sa voix douce contrastait avec la puissance de la voix d’origine, mais elle faisait de son mieux. Tandis qu’elle chantait, elle ne bougea presque pas, le regard rivé au sol pour ne pas devoir affronter les regards qui étaient désormais posés sur elle. Toutefois Emma profita du moment qui suivit, plus calme et ne nécessitant pas de paroles, pour jeter un regard noir à Désirée… enfin, ce qui se rapprochait le plus d’un regard noir. Elle était légèrement paniquée mais réussit à reprendre le refrain ensuite :

« I trust you if it’s already been done, undo it !
It takes two, it’s up to me and you to prove it ! »

Elle redonna alors le micro à son amie, peu désireuse (haha !) de se remettre à chanter la suite de monosyllabes qui suivait. Et comme elle savait que son amie se débrouillerait très bien et qu’elle terminerait la chanson en beauté… elle se dit que c’était un moindre mal. Ses joues étaient désormais rouges de honte et elle tortilla ses mains dans tous les sens tellement elle était gênée… pourvu qu’il n’y ait personne dans ce bar qu’elle connaissait à part Désirée !

Oui, Désirée avait décidément plus d'un tour dans son sac. Mais de toute façon, tout était la faute d'Emma, il n'y avait plus aucun doute là dessus. Evidemment : quelle idée déjà d'accepter de venir "boire un verre entre amis" (vous remarquerez l'importance des guillemets) avec Désirée ? C'était carrément tendre le bâton pour se faire battre et à l'avenir, il était certain qu'Emma ferait un tout petit peu plus attention aux propositions d'une certaine blonde. (Mais juste un toooout petit peu plus). Bref, la dite blonde s'était avancée vers elle avec une lueur quasiment malsaine dans le regard car elle avait bien entendu quelque chose derrière la tête. La voilà qui tendait le micro à Emma en lui faisant comprendre que c'était à son tour de chanter … Payback time, pensa sournoisement Désirée. Et puis il devait y avoir quoi … une trentaine de personnes dans le bar ! Emma ne craignait rien, personne au lycée ne saurait jamais rien de sa petite performance et dès lundi elle pourrait retrouver une vie tout à fait normale.
MAIS, il fallait d'abord qu'elle chante. … Elle prit donc le micro, non sans une légère hésitation avant de prendre momentanément la place de Désirée. Eh bah voilà ! On ne pouvait tout simplement rien lui refuser, elle était juste trop … Juste Désirée quoi ! Et ce n'était pas le regard noir d'Emma qui allait la faire décamper de ses positions. Déjà, c'était un regard noir des plus douillets, la blonde était capable d'en faire des beaucoup mieux, du genre qui réduisait ses élèves au silence ou qui faisait avouer leur absence de travail à d'autres … Et ensuite, si Emma était sortie c'était pour arrêter de se prendre la tête non ? … NON ? Alors il suffisait juste de fermer les yeux de les rouvrir en se disant que tout le monde était tout nu… Non, fausse bonne idée, elle n'avait qu'à se détendre … Et puis voilà !

En plus, le temps que Désirée se fasse toutes ces petites affabulations personnelles, Emma lui redonnait déjà le micro. Hein ? se dit Désirée sur le coup, mais elle ne réfléchit pas une seconde de plus, et termina la chanson. La timidité, Désirée ne savait tout simplement pas ce que c'était, c'était un concept plus qu'étranger chez elle. Déjà, sa couleur de cheveux ne lui avait jamais permis de passer inaperçue ensuite, la plupart du temps elle parlait d'abord et réfléchissait ensuite … Cela la menait souvent dans des situations plus que … bizarres. Donc du coup, elle avait appris à sourire, un sourire bien charmant auquel on pardonnait tout et à se rattraper avec une petite blague … Ou alors c'était peut être parce qu'elle était la personne la plus narcissique du monde que cela ne la dérangeait pas du tout de retourner sur la scène comme si c'était sa chanson, et de finir le morceau toujours en sautillant. Et Désirée accueillit les applaudissements avec modest… Hmm, elle accueillit les applaudissements avec un grand sourire aux lèvres et avec le même enthousiasme poignant, elle revint s'accouder au bar, près d'Emma, comme si de rien était.
Mon Dieu ce qu'elle avait chaud ! Qui avait dit que remuer son popotin ne faisait pas perdre des calories, qui ? Désirée se pencha vers le bar et héla le barman. Ce dernier arriva et elle poussa le plateau de tequila vers lui.

"Ça m'a un peu beaucoup épuisé de faire la folle, et je crois que j'ai bu assez de tequila pour ce soir … Est-ce que je peux avoir un banana daïkiri ?"

Sur ce, après un dernier sourire à l'adresse du barman, Désirée se tourna vers Emma. Avant de faire une grimace … Bon, peut être qu'elle n'aurait pas dû la pousser autant à bout, et elle était encore assez lucide pour savoir qu'Emma risquait de lui en vouloir. Un peu. Bon … Jouons la blonde écervelée pendant quelques secondes … Peut être que cela va marcher.

"Je ne savais pas que tu avais une aussi jolie voix, dis donc ! Je suis certaine que tout le monde a apprécié, il ne manque plus qu'on fasse un numéro spécial et tout Lima sera à nos pieds."

Heureusement, le verre de Désirée finit par arriver et elle se rua sur la paille, pour éviter de parler. Elle enleva l'ombrelle qui se trouvait dans son verre et finit par se rasseoir. Oui, il fallait juste qu'elle se taise.

Spoiler:

Ouf. Désirée avait repris possession du fameux micro et Ms Pillsbury pouvait enfin souffler et retourner dans le confort rassurant que lui procurait l’anonymat. Contrairement à Désirée qui semblait s’amuser comme une folle, Emma était loin d’être à l’aise. Certes, maintenant qu’elle avait lâché le micro, elle devait avouer que l’expérience avait été amusante. Elle qui n’avait pas l’habitude de se montrer sous ce jour-là, était servie avec cette soirée entre filles en compagnie du professeur de littérature. Elle se demanda comment Carl réagirait en la voyant comme ça, chanter devant un bon nombre de personnes, boire un verre de tequila ou encore avaler ces répugnantes petites cacahuètes. A la pensée de celle qu’elle avait osé mettre dans sa bouche quelques minutes auparavant, Emma fronça le nez. De toutes les expériences de cette nuit-là, celle de la cacahuète avait été la plus difficile à passer. Lorsqu’on a la phobie des microbes, difficile d’ingérer un aliment, aussi minuscule soit-il, que l’on pensait imbibé d’urine d’inconnus. La tequila, au moins, avait été propre. Elle lui avait bien brûlé la gorge l’espace de quelques secondes, oui, mais au moins elle n’avait pas du lutter contre sa phobie pour porter le verre à ses lèvres. Oui c’était certain : si Carl, son Carl, la voyait dans cet état, il ne la reconnaitrait certainement pas, et ce même après l’avoir vue débarquer dans son bureau en tenue assez sexy…

Lorsque Désirée termina la chanson, les applaudissements surgirent des quatre coins de la salle. Emma sentit ses joues brûler, mais heureusement elle ne se sentait pas vraiment concernée par l’enthousiasme du public. Parce qu’elle n’avait quasiment rien fait, c’était Désirée qui était acclamée. La jeune femme dirigea son regard vers cette dernière dont le visage était éclairé par un sourire ravageur. Emma pouvait parier qu’avant la fin de la soirée, quelques hommes parmi les plus braves viendraient demander le numéro de téléphone de la blonde dévastatrice qui se trouvait en sa compagnie. Après tout, une femme aussi sexy et dynamique qu’elle, ça ne courrait pas les rues ! Surtout dans une ville aussi petite que Lima… Finalement les deux jeunes femmes repartirent en direction du bar ; Emma marchait tranquillement, la tête baissée, tandis que Désirée avait le menton levé, l’air victorieuse. Ms Pillsbury s’assit sur son tabouret et observa sa collègue commander un banana-daï-quelque chose. Levant un sourcil, Emma posa son regard inquisiteur sur les traits de la jolie blonde. Elle n’avait aucune idée de ce qu’était cette fameuse boisson, mais son petit doigt lui disait que ce devait être alcoolisé. Désirée posa alors à son tour son regard sur elle, et fit aussitôt une grimace que la conseillère ne comprit pas, sur le moment. Finalement, elle lui dit qu’elle avait une jolie voix avant de dire qu’elles devraient faire un numéro spécial car elle était certaine que tout Lima apprécierait. Emma ouvrit grand ses yeux bruns, fixant Désirée comme si elle était tout droit sortie de l’asile de fous. Un spectacle devant tout Lima ? Emma préférait encore manger le bol complet de cacahuètes, ou avaler des bouteilles de tequila ! A la seule idée d’avoir un millier de paire d’yeux braqués sur elle, elle en frémissait d’avance. Elle détestait être sous le feu des projecteurs, ça c’était plutôt quelque chose qui correspondait à Désirée, pas à elle !

Alors que Désirée se jeta sur le verre que le barman lui apporta, Emma continua à la fixer l’espace de plusieurs secondes, sans cligner des yeux. Elle imaginait la scène : Désirée et elle, chantant dans le parc de Lima, devant tous ceux qu’elle connaissait, y compris les élèves. Non non… décidément, elle ne se ferait jamais à cette idée complètement farfelue ! Se raclant discrètement la gorge, Emma finit par répondre :

« Oh c’est gentil mais je ne pense pas que je serais… capable de faire ce numéro spécial dont tu parles. Par contre je suis sûre que tu saurais te débrouiller à merveille en le faisant seule ! Il n’y a qu’à voir la façon dont les hommes te regardent… hm, d’ailleurs, il y en a un derrière toi, il n’arrête pas de te regarder. »

Et hop ! Emma ou l’art de changer subtilement de sujet de conversation. Cela dit, elle n’avait pas tort. Derrière Désirée était assis un homme, un peu plus loin, dont l’attention était exclusivement portée sur la jeune femme, qui était pourtant dos à lui. Il n’était pas mal cela dit. Enfin bien moins séduisant que Wi… Carl. Mais bon, qui pouvait se vanter d’être aussi sexy que le profes… dentiste de Lima, après tout ? Confuse, Emma retrouva le regard de Désirée histoire de ne pas se perdre dans ses pensées, comme cela lui arrivait si souvent ces temps-ci… (Ce qui équivalait à cette dernière année, en fait). L’air de rien, ou presque, Emma profita de la vulnérabilité de Désirée, due à l’alcool, pour lui poser cette question qui lui trottait dans la tête depuis quelques temps, déjà :

« Hm, d’ailleurs à ce propos… Tu en penses quoi d’Ashton Kinney ? Parce que j’ai bien vu la façon dont il t’observait au lycée et il y a des choses qui ne trompent pas… »

Bim ! Emma venait de se venger du test de la chanson que lui avait fait passer Désirée juste avant. Pourtant, à l’observer, personne n’aurait pu imaginer que ces deux dernières phrases étaient une sorte de petite vengeance personnelle. A Emma Pillsbury, on aurait donné le bon Dieu sans confession. C’était bien clair : il ne manquait plus que l’auréole au-dessus de sa tête pour parfaire son image de jeune femme innocente !

Désirée était LA reine de la soirée. (Bah quoi … il fallait bien dire les choses telles qu'elles étaient non ? Alors, contentons nous d'énoncer des faits évidents, si vous le voulez bien.) Oui, car au début, elle se disait juste qu'elle avait la poisse et qu'il fallait qu'il se mette à pleuvoir juste au moment où elle sortait de chez elle. Mais ses cheveux étaient secs depuis un moment déjà, de l'alcool dans les veines et s'était déjà déhanchée sur une de ses chansons préférées, en bref et en quelques mots, une bonne soirée. Attirer l'attention des personnes qui se trouvaient dans la pièce, ce n'était que du bonus pour elle … Cependant, tout le monde ne pouvait pas avoir la même conception d'une bonne soirée et c'était donc un peu réticente que la blonde avait rejoint Emma au bar. Bon, peut être qu'elle allait un peu se faire taper sur les doigts (hein ?) mais cela en valait largement la peine, il y avait bien longtemps qu'elle ne s'était pas amusée ainsi. Très … Très, très longtemps. Mais nous ne sommes pas là pour raconter les habituelles nuits de Désirée passées à lire et/ou à écrire, non … La blonde fut soulagée, oui soulagée, de voir qu'Emma ne lui en voulait pas du tout et elle lâcha finalement sa paille. (Bah oui, c'était un très grand verre, hors de question de tout finir d'un coup : c'était juste trop bon.)

"Personne n'est en train de me re…" dit Désirée en rigolant à moitié avant de se tourner pour voir de qui Emma lui parler. Elle se retourna alors, toujours le sourire aux lèvres. "Bon si, peut être un peu beaucoup. Mais est-ce de ma faute si je suis aussi sublime ? Non ! Non mais je plaisante en fait, peut importe qui me regarde ou qui ne me regarde pas, je suis cé-li-ba-taire et fière de l'être ! Au fait … Pourquoi est-ce qu'on est en train de parler de ma vie amoureuse ?"

Ceci étant dit, Désirée reporta son attention sur son verre, jouant avec la paille. Ce n'était pas comme si elle n'avait PAS envie d'en parler … C'était juste qu'il n'y avait RIEN à dire. Et pas parce qu'elle ne se faisait pas draguer ou qu'elle attendait le Prince Charmant … Loin de là. C'était juste que Désirée s'était résignée, elle avait connu comme qui dirait beaucoup de déceptions amoureuses dans ses précédentes "relations" (oui parce que partager le lit de quelqu'un pendant trois mois pour ensuite passer à autre chose et ne plus le rappeler n'était définitivement PAS une relation) et avait décidé de se consacrer à sa véritable passion: l'écriture. Parce que l'amour demandait trop de temps, de patience et un tas d'autres choses qu'elle ne faisait PAS en temps normal. En bref, selon Désirée, c'était juste beaucoup trop fatiguant alors elle préférait investir toute cette énergie dans quelque chose dont elle serait fière plus tard. Et non, ce n'était pas du tout parce qu'elle avait de nouveau peur d'avoir le coeur brisé. AB-SO-LU-MENT PAS. Elle n'avait peur de rien d'abord, elle pouvait danser en sous vêtements sur un bar et manger des cacahuètes … Alors ! Alors elle ne s'était absolument pas du tout attendue à la question d'Emma, la blonde manqua même de renverser son verre, mais heureusement elle le rattrapa à temps, ignorant le bruit que cela produisit, et se tourna vers Emma avec un petit air nonchalant, comme si de rien était.

"Hein ? Quoi ? De qui est-ce que tu parles ? Ah Ashton ! Euh je veux dire Ashton Kinney, oui, il est pas mal. Qu'est-ce que je raconte, je n'ai même pas fait attention à lui ! Je veux dire entre les cours et les cours, est-ce que j'aurais le temps de constater qu'un professeur de biologie sexy à souhait avait fait son apparition dans notre lycée, hein ?"

Désirée pleine de contradictions ? Oh que oui, mais elle préféra se taire un instant pour se repencher vers son verre. Non mais vraiment, pourquoi est-ce qu'elles étaient en train de parler de sa vie amoureuse ? Ne jamais faire boire Emma, c'était nocif, et ne jamais la faire boire elle, c'était dangereux, encore pire que nocif. Pourquoi ?

"Et je le dis et je le répète, pourquoi est-ce qu'on est en train de parler de ma vie amoureuse ? Maintenant je vais devoir te raconter comment Ashton a débarqué dans mon bureau et qu'il a déclaré que je lui plaisais beaucoup et que moi, évidemment idiote que je suis, je lui ai dit que je voulais juste qu'on soit amis ! Enfin non je ne suis pas une idiote … Enfin si ! Je veux dire, je ne le connais même pas, on a juste eu une simple conversation, bon okay, c'était une conversation qui a duré tout un après midi et que maintenant à chaque fois que je le vois je me cache parce que sinon je risque de lui sauter dessus et de lui arracher ses vêtements avec les dents ! Je sais pas, peut être qu'il y a quelque chose qui cloche chez moi, juste au moment où je décide d'être sérieuse à propos de mon roman .. BAM ! Ashton Kinney débarque … c'est comme … c'est comme si j'étais au régime et qu'il était … de la tarte aux pommes ! Et tu sais à quel point j'adore la tarte au pomme !"

Eh bien voilà pourquoi ! Parce qu'elle ne s'arrêtait pas de parler et qu'elle était totalement incapable de mentir sous les effets de l'alcool. Alors voilà Désirée qui vidait son sac devant Emma, et une fois qu'elle eut fini, elle vida le reste de son verre d'un trait et se tourna vers Emma, son sourire ayant disparu. Qu'est-ce qu'Emma allait penser d'elle à présent ? La grande Désirée Cravy n'était pas si grande que ça finalement ...

"Emma, tu es démoniaque. J'espère que tu n'emploies pas ce genre de méthodes pour faire parler tes élèves."

Lancer Désirée sur le sujet de ses relations amoureuses avait été très astucieux de la part d’Emma ; c’est ce dont elle se rendit compte en observant sa collègue siroter d’un air tranquille la boisson qu’elle avait commandée. Même si à la base c’était plus une façon de se venger qu’autre chose – même si ce n’était qu’une toute petite vengeance parce qu’elle ne lui en voulait pas vraiment – la conseillère d’orientation était quand même intéressée par le sujet. En effet, elle s’était toujours demandé ce qu’il se tramait entre les professeurs de ces deux matières diamétralement opposées qu’étaient la littérature et la biologie. La jeune femme n’était pas du genre à écouter les potins, et encore moins à leur accorder de l’importance. Toutefois, elle n’avait pas eu besoin de lire le twitter de cette fameuse Gossip Glee pour remarquer les regards que lançait Ashton Kinney à sa collègue. Très attentive aux comportements des autres, Emma était du genre à remarquer ce genre de petits détails. Elle avait été plutôt surprise en commençant à s’interroger sur les deux adultes. Car si elle connaissait plutôt bien Désirée maintenant, ses relations avec le professeur de biologie n’étaient pas les mêmes. Elle ne le connaissait pas très bien et devait même avouer qu’au début elle ne l’appréciait pas des masses à cause de cette fâcheuse histoire d’élève qui les avait opposé. Néanmoins, elle avait su reconnaitre son erreur après avoir essayé d’en connaitre plus à son sujet. Contrairement à ce qu’elle avait pu penser dans un premier temps, Ashton était une personne qui méritait d’être connu, bien qu’elle-même ne le connaisse pas des masses.

Lorsqu’Emma posa sa dernière question, la réaction de Désirée ne se fit pas attendre. Manquant de faire tomber son verre, la jeune femme le rattrapa de justesse avant de faire la moue et de poser son regard sur son amie. Le discours qu’elle prononça alors rendit Emma à la fois perplexe et amusée – mais avouons-le, surtout amusée. C’était ce que l’on appelait une belle revanche ! Si Désirée feignit la nonchalance et le désintérêt, ses mots allaient à l’encontre de son attitude. Une chose était certaine : la prochaine fois, elle y réfléchirait à deux fois avant d’avaler des verres cul sec en compagnie d’Emma ! Cette dernière avait tellement l’habitude de donner des conseils et de questionner ses élèves qu’il arrivait qu’elle en fasse de même avec ses propres amis. Oh bien sûr cela pouvait être un sacré avantage pour ceux-ci : qui n’avait donc jamais rêvé d’une amie sur qui pouvoir compter, à l’altruisme inné ? Dans certains cas, toutefois, cela pouvait devenir embarrassant pour les personnes préférant protéger leur vie privée… comme Désirée, par exemple ? Sûrement. Emma doutait que la blonde pétillante ait quelque chose à cacher, pourtant elle n’avait peut-être pas non plus envie de s’étaler sur certaines choses… comme le sujet « Ashton-Kinney-ce-professeur-canon-de-McKinley »… Haha ! D’ailleurs, lorsque Désirée insinua – enfin, c’était tellement explicite que cela ne relevait même plus de l’insinuation à ce stade-là – qu’en voyant Ashton elle avait tout de suite envie de se jeter dessus en lui arrachant « les vêtements avec les dents », un sourire se dessina sur les lèvres de la conseillère. Finalement, elle s’amusait encore plus qu’en début de soirée, après l’épisode cacahuète suivi de l’épisode tequila et celui de la chanson devant un public conquis.

Désirée finit par se taire quelques secondes et Emma ne parvint tout simplement pas à gommer le sourire étalé sur ses lèvres. Ses soupçons se révélaient donc confirmés par les dires de Désirée (oui oui, même sous l’effet de l’alcool, ça compte – et même encore plus !). L’attirance et l’alchimie qu’elle avait cru observer entre ces deux là n’était donc finalement pas qu’un pur produit de son imagination. Il fallait avouer que pour Emma, la conversation devenait intéressante. Elle se félicitait d’ailleurs d’avoir trouvé un sujet de discussion comme celui-ci. Il fallait dire que pendant qu’elles parlaient de la vie amoureuse de la jeune femme, celle de Ms P. était en quelques sortes protégée, ce qui lui plaisait énormément. Lorsque Désirée finit par dire qu’elle était démoniaque et qu’elle n’espérait pas qu’Emma use de telles méthodes face à ses élèves, l’intéressée leva un sourcil. Elle n’était pas vraiment quelqu’un de démoniaque mais dans cette situation précise, elle avouait qu’elle aimait taquiner son amie au risque d’être un tout petit peu sadique – mais vraiment pas beaucoup du tout ! La jeune femme fit alors la moue et prit un air innocent, en ouvrant ses grands yeux de biche et en effaçant le sourire de ses lèvres.

« Démoniaque ? Pas le moins du Monde… c’est vrai, je n’ai rien fait à part te poser une toute petite question. A vrai dire, tu t’es mise dans le pétrin toute seule, on dirait ! »

Un sourire discret réapparut au coin de ses lèvres :

« En tout cas, tu me vois ravie de découvrir de telles choses ! Je ne savais pas que cette « tarte aux pommes » te rendait aussi… affamée. En revanche, si par mégarde tu oublies de te cacher en le voyant, à un moment ou à un autre, fais en sorte que je ne sois pas dans la même pièce : je pense que je serais assez embarrassée si je te voyais le déshabiller avec les dents, vois-tu ! »

Cette fois-ci, Emma n’essayait même plus de dissimuler le sourire qui éclairait à présent son visage. Elle était fière de ces petites confessions qu’elle avait arraché à Désirée. Cela avait valu le coup de chanter, même si elle n’était pas prête à renouveler l’occasion avant un petit moment. Se détournant de la vue de sa collègue, la jeune femme interpella le barman afin de commander un simple cocktail… non alcoolisé bien sûr : elle ne se ferait pas avoir deux fois ! Surtout qu’elle n’avait pas tellement envie de passer aux aveux comme Désirée venait de le faire. Ravie de passer une soirée aussi agréable, elle parvenait à oublier ses tracas du moment et c’était tant mieux : elle ne demandait que ça. De sa vie, elle avait rarement passé un aussi bon moment, et elle finirait d’ailleurs très certainement par remercier Désirée sans quoi cela n’aurait jamais été possible. Parce qu’il n’y avait qu’une femme comme elle, aussi dynamique et amusante, pour aider Emma à se sortir de ses petits problèmes le temps d’une soirée qui resterait gravée dans les annales, sans l’ombre d’un doute !

Une simple et toute petite question. C'était vrai, Emma n'avait fait que lui poser une simple question et Désirée pouvait parier que son amie n'avait aucune idée derrière la tête en l'interrogeant ainsi. Mais voilà, la blonde elle, avait TOUJOURS quelque chose derrière la tête (avec elle, les conversations pouvaient très vite dériver) et il ne fallait pas s'étonner que lorsque le sujet "Ashton" était sur la table, Désirée avait des tonnes de choses à dire. D'où sa longue tirade … Qui n'avait absolument aucune logique (helloooo ! Drunk woman other here … Remember ?)et ne faisait que montrer tous les défauts de son raisonnement. Désirée se donna une gifle mentale, finissant son verre et regardant Emma avec un maigre sourire sur les lèvres. Depuis quand était-elle devenue ce genre de femme qui se souciait plus de sa vie amoureuse qu'autre chose ? Depuis quand devait-elle vérifier qu'une certaine personne ne soit pas aux alentours pour pouvoir aller joyeusement jusqu'à sa voiture. Damn you, Ashton Kinney, voilà ce qu'elle se disait, en permanence et pourtant elle ne faisait pas grand chose pour que la situation change. Oh contradictions … De toute façon c'était de sa faute à lui, évidemment.
Hein ? Non mais vraiment, quelle idée de "craquer" pour une femme comme elle, hein ? Et quelle (autre) idée de s'exhiber dans tous McKinley en étant sexy à souhait, avec cette voix qui n'avait rien d'innocent et avec des pantalons qui … BREF (oui, il y a encore de jeunes esprits purs et innocents qui pourraient lire notre histoire … Non, ce n'est pas ironique) vous aurez saisi l'idée générale, mais Désirée ignorait que c'était si … FLAGRANT ! Et puis il ne la dévorait pas des yeux … Même pas du tout d'abord. Mais Désirée retrouva un peu de sa vitalité face à la réplique d'Emma.

" Oh non, ne t'inquiète pas ! J'ai beaucoup plus de classe que ça : je l'enfermerai avec moi dans un placard à balai ou une armoire. J'ai un minimum de contrôle pour faire ça, quand même."

Quand même … Lorsqu'on voulait manger de la tarte, et ATTENTION ni la tarte de la cafétéria et encore moins la tarte de Starbucks à 3 dollars, de la VRAIE tarte avec les morceaux de pomme dorés au four et avec la pâte fine et croustillante … Bref, lorsque l'on voulait manger cette tarte, il était hors de question d'y aller avec les doigts ou avec des couverts en plastique nooooooon … Il fallait forcément une cuillère en argent et une serviette. Rien que ça ! Pour faire court, et vous épargnez à tous des métaphores des plus alambiquées : dans l'hypothèse la plus infime où Désirée aurait voulu se mettre avec Ashton, elle aurait fait les choses dans les règles de l'art. Elle ne connaissait peut être pas beaucoup de choses en la matière mais elle se souvenait tout de même de deux ou trois trucs pour impressionner un homme. (Hmmm … Sauf que les deux premiers impliquaient sa poitrine … Zut, elle avait quelques recherches à faire.)

"Mais … Est-ce qu'on peut parler d'autre chose ? Je commence vraiment à avoir une migraine ET je ne veux pas en avoir une avant au moins demain matin. Sauf si tu veux me donner des conseils … Non, ne m'en donne pas ! Ma vie c'est plutôt "Hey Désirée tourne à droite ! Tiens si j'allais à gauche, on non zut, un mur !" Donc non, je ne veux PAS entendre ce que tu as dire sur le sujet … J'improviserais !"

Et c'était peut être les seules phrases lucides que Désirée avait prononcées depuis qu'elle avait commencer à boire. Pas de conseil, que sera sera, carpe idem et autres dictons pour dire que : elle verrait le moment venu.

"Bref, est-ce qu'on peut repasser à la partie "tiens si on dansait en sous vêtements sur le bar!" de la soirée ? Non parce qu'au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ce sont des choses qui sont plus dans mes compétences."

Hors de question de passer la soirée en mode : ce mec est trop mignon ! Comment faire pour l'avoir ? Parce que petit UN : ce n'était pas un épisode de Sex & The City et petit deux … Non stop, Emma dans un épisode de Sex & The City ! … Cela méritait au moins un ROFLMAO … Au moins. Quoi qu'il en soit, hors de question de basculer dans la niaiserie (oh mon dieu, que de mot compliqué pour quelqu'un d'éméché … Et un autre ! ) et de se laisser aller, elles étaient là pour s'amuser, oui ou non ? Désirée jeta un rapide coup d'oeil vers le karaoké : noooon aucune envie d'y retourner … Elle se tourna alors vers Emma avec un sourire aux lèvres :

"On joue à action ou vérité ?"

Toujours aussi fière, Emma lança un coup d’œil à Désirée, se demandant comment celle-ci réagirait devant son ironie. Hm, vu l’état dans lequel elle semblait être, Ms P. n’avait pas trop de soucis à se faire. A l’heure qu’il était, la jeune femme était certainement dans un autre Monde, entourée de dizaines d’Ashton Kinney torses nus rampant dans sa direction. Ah, l’alcool et ses ravages ! Cela pouvait conduire à toutes sortes de révélations… si seulement Emma était autorisée à l’utiliser au lycée, elle finirait par faire parler les plus obstinés, ceux qui refusaient catégoriquement son aide. Enfin bon, la conseillère avait une conscience, et même si elle y était autorisée (avec Figgins, tout était possible ne l’oublions pas), elle n’utiliserait certainement pas ce genre de technique même s’il fallait avouer que c’était assez tentant ; après tout elle ne s’appelait pas Sue Sylvester ! Et puis… elle n’avait pas spécialement envie de finir en prison, non plus. Imaginez les gros titres dans les journaux de l’Ohio « une conseillère d’orientation emprisonnée après avoir testé l’alcool sur ses élèves » : il y avait de quoi avoir peur ! Non, non, elle préférait de loin regarder Désirée Cravy boire ses verres cul sec et lui faire ce genre de petite révélation qu’elle garderait dans un coin de sa tête. Pour le moment, c’était divertissant. Et tant que Désirée parlait, Emma ne se sentait pas menacée : laisser la conversation tourner autour du professeur de littérature était le moyen le plus simple de ne pas attirer la curiosité de cette dernière.

Heureusement pour elle, la blonde pétillante continuait de parler, en enchainant ce genre de révélation douteuse qui amusait beaucoup Emma. Il fallait dire qu’elle n’avait pas l’habitude qu’on lui dise ce genre de chose. Elle était plutôt habituée aux confidences de ses élèves et celles-ci n’avaient rien à voir avec celles de Désirée. Il arrivait que certains élèves viennent la consulter pour des problèmes d’ordre « personnel », comme Rachel Berry qui, l’an dernier, était venue lui demander de l’aide par rapport aux relations sexuelles qu’elle envisageait d’avoir avec ce Jesse St James qu’Emma ne connaissait que de nom. La conseillère avait alors été bien embêtée pour la bonne raison qu’elle-même était toujours vierge et n'avait donc aucune expérience dans ce type de domaine… Toutefois, ce genre de confession n’avait rien de choquant contrairement aux paroles de Désirée qui pourraient presque le devenir si elle continuait dans ce sens. Pourtant Emma était bien trop heureuse de rester concentrée sur le sujet « Désirée » pour s’en plaindre. La preuve : elle s’amusait comme une folle ! Et ce n’était pas près de s’arrêter puisque les dernières paroles du professeur de littérature étaient plus confuses que jamais : elle lui demandait des conseils avant de la supplier de ne pas lui en donner. Que de jolies contradictions… Emma observa Désirée, le sourire toujours aux lèvres. Ses doigts se mirent à claquer machinalement contre la surface du bar, avant qu’elle ne les retire soudainement, prenant conscience de son geste. Elle fit une moue dégoûtée et sortit immédiatement une lingette désinfectante de la petite boite spéciale de la poche de son manteau. Le plus discrètement possible, elle se lava les doigts à l’aide de celle-ci, le regard toujours fixé sur Désirée. De toute façon elle était quasiment sûre que la jeune femme ne remarquerait rien : elle devait encore avoir des idées malsaines l’unissant à Ashton à l’esprit !

Plaçant la lingette désinfectante dans une autre poche, Emma se redressa sur son tabouret, et après un nouveau regard à Désirée, répondit :

« Hm, c’est d’accord : pas de conseil ce soir. De toute façon je ne suis pas certaine de pouvoir t’aider dans l’immédiat… tu sembles bien trop obsédée par ce professeur Kinney. »

Et hop ! Comment en remettre doucement une couche, ni vue, ni connue. C’était ce que l’on appelait la méthode Pillsbury : glisser quelques petits mots par-ci par-là, l’air d’une sainte avec son petit air innocent à la Vierge Marie (quoique n’étant pas très religion et compagnie, Emma ne savait même pas à quoi ressemblait cette dernière). Ce fut justement le moment où le barman décida de revenir avec le verre qu’elle avait commandé. La conseillère l’accepta avec plaisir, après avoir inspecté comme à son habitude le verre. C’était comme si elle passait au rayon X tous les objets susceptibles d’entrer en contact avec sa peau nue ; là, en l’occurrence, elle vérifiait une nouvelle fois que le verre soit bien dénué de toutes vilaines traces de doigt. Attrapant la paille entre ses lèvres, Emma se mit à siroter tranquillement sa boisson, satisfaite de ne pas retrouver ce vilain goût d’alcool qui lui avait brûlé la gorge au début de la soirée. Vraiment : elle ne savait pas comment Désirée faisait pour boire autant de cul sec les uns après les autres. C’était peut-être une question de pratique, en tout cas la jeune femme ne s’imaginait tout simplement pas faire la même chose que son amie. Et puis, surtout, elle n’avait pas envie de finir à quatre pattes en-dessous du bar, Désirée lui tenant les mèches rousses de ses cheveux tandis qu’elle « expulsait » toute la boisson qu’elle aurait avalée.

Emma eut comme un moment d’absence, perdue dans ses pensées… moment très vite interrompu par la proposition de jeu de Désirée. La jeune femme ouvrit d’abord de grands yeux et faillit s'étrangler avec son cocktail… Action ou vérité ? Il s'agissait de la pire chose qu’elle aurait pu lui proposer ! Relâchant la paille du verre qu’elle buvait tranquillement jusque-là, elle se mit à froncer les sourcils avant de jeter un coup d’œil à Désirée afin de voir si elle était sérieuse ou pas. Malheureusement pour elle, celle-ci ne semblait pas vraiment vouloir plaisanter. Hm… avait-elle vraiment envie de voir Emma en sous-vêtements ce soir-là ? C’était à se poser des questions quant à l'orientation sexuelle de la jeune femme blonde. Action ou vérité, ou le jeu qui terrifiait le plus Emma car une fois que l’on s’engageait dans un tel jeu, impossible de savoir quelles en seraient les issues. Elle réfléchit plusieurs secondes avant de lui répondre. D’une, elle ne pouvait pas refuser, pas quand elle pouvait elle-même tirer certains vers du nez de son amie, et quand la soirée était si bien partie qu'elle ne pouvait tout simplement pas se permettre de casser l'ambiance. De deux, il fallait donc choisir entre action ou vérité puisque c’était la règle du jeu. Action, c’était un peu du suicide avec une fille comme Désirée qui n’était même pas dans son état normal, par-dessus le marché. Qu’on se le dise : Emma n’avait ni envie de faire un strip-tease dans ce bar karaoké, ni envie de commencer à se balader en sous-vêtements sur les bars en chantant et en versant de la bière dans la bouche de tous les hommes présents, et encore moins envie d’aller embrasser le premier venu ; ce qui revenait un peu à la pire chose qu’on pouvait lui demander : tous ces microbes, tous ces… berk, elle en frémissait d’avance. D’un autre coté, dire la vérité, n’était-ce pas plus risqué ? Car Ms P. faisait confiance à Désirée pour lui faire avouer toutes ces choses… inavouables, justement ! Alors Emma se creusa la tête, encore et encore, avant de finalement opter pour l’option la moins dangereuse des deux (si toutefois il en existait une). Plongeant son regard brun dans celui de son amie, plus clair, elle répondit finalement :

« Ehm, c’est d’accord… Vérité, dans ce cas. »

Inutile de préciser que le cœur d’Emma faisait à présent le grand huit dans sa poitrine, terrifiée par le genre de question que pourrait lui poser Désirée, à moitié saoûle…

Pas de conseils ce soir. Non surtout pas. Ni de réflexions, ni de grands débats philosophiques pour savoir si Désirée avait effectivement peur de l'engagement et que c'était en partie pour cette raison qu'elle préférait se réfugier dans son imagination là où les choses étaient certes un peu plus folles, mais sous son contrôle. (Mon Dieu … Rien que d'y penser, elle en avait déjà mal aux cheveux.) Donc en gros, pas de phrases de plus de trois mots. Et encore moins des mots avec plus de trois syllabes. Non, surtout pas ! Non franchement, la jeune femme ne souhaitait pas parler du professeur de biologie plus longtemps, le sujet Ashton Kinney était clos et rangé bien loin, très loin, dans un coin de sa tête. Désirée se repencherait sur le sujet avec beaucoup plus de courage que maintenant, comprenez, avec beaucoup plus de caféine dans les veines.

Pour l'instant, la seule substance qui avait envahi les veines de Désirée, c'était de l'alcool et fort heureusement pour Emma, cela ne l'avait pas encore rendu complètement "hors de contrôle" ou "folle". Ou pire, elle ne s'était pas excusée pour aller aux toilettes et "dire adieu à l'alcool qui se trouvait encore dans son estomac" (que de jolie métaphore, nous sommes en forme à ce que je vois.) ou pire, pour LE faire sur les chaussures d'Emma. La pauvre … C'était sûr que si cela arrivait vraiment, Miss P. ne voudrait plus jamais lui adresser la parole. Désirée l'aurait traumatisée à vie … Enfin, plus qu'elle ne l'était déjà. Bref, Désirée savait encore se retenir (blague) et elle avait proposé un jeu des plus originaux à Emma. Le très célèbre action ou vérité, et la réaction, plus qu'alarmée de la rousse ne l'étonna guère.
Après tout peut être qu'elles étaient un peu trop vieilles pour ce genre de choses, elles le regretteraient sans doute demain matin et puis leurs dignités respectives étaient en jeu … A ce genre d'accusation, la blonde aurait répondu que vingt sept ans ce n'était PAS vieux, absolument PAS, même si dans à peine trois ans la crise de la trentaine allait s'abattre sur elle, qu'elle se poserait des questions existentielles sur son devenir, son besoin de fonder une famille et BLABLABLA … Ensuite … Quelle dignité ? Non mais franchement, est-ce qu'elle, Désirée Cravy, semblait être le personne qui en avait eut une un jour ? Ou encore qui avait la plus infime notion sur ce concept en particulier ? Et non, ce n'était pas ce "truc" que l'on trouvait au fond des bouteilles de tequila … Alors non, Désirée ne voyait pas du tout ce que c'était.

En revanche, action ou vérité, c'était bien un jeu que la blonde connaissait et NON pour elle, ce n'était pas uniquement un simple jeu enfantin pour passer le temps et en apprendre plus sur les secrets de ses petits camarades. Déjà, toute cette soirée, avait pour but de mettre Emma en confiance, qu'elle soit plus à l'aise et qu'elle s'éloigne petit à petit de sa phobie. Et oui … Désirée ne buvait pas JUSTE pour boire, il y avait un but noble derrière ce verre de tequila. Bref, où en étions nous ? Oui, action et vérité. Si la professeur de littérature faisait travailler ses méninges, elle pouvait se remémorer quelques parties qui sortaient un peu de l'ordinaire. La première, lorsqu'elle avait neuf ans et qu'elle croyait encore que le chat de Cheshire était réel et qu'un jour il viendrait à sa fenêtre (Prince Charming ? Screw him !), la jeune Désirée avait joué avec ses camarades du primaire. Fait notable dans cette partie : son premier baiser. C'était avec un garçon qu'elle n'avait jamais revu depuis mais quand même … cela comptait un peu lorsqu'on avait neuf ans. L'autre partie dont elle se souvenait très bien, c'était lorsqu'elle avait quinze ans, qu'elle était une lycéenne rebelle dans l'âme, qui traînait tout le temps en Doc Marteens et avec du Poe dans son sac. L'adolescente avait été invitée à sa première fête sans parents et avec alcool, action ou vérité et hop, Désirée avait dut se teindre en brune. Le pire mois de toute sa vie selon son avis. Elle n'avait rien contre les brunes mais … cela n'était pas fait pour elle. Oui car pour Désirée une couleur de cheveux c'était bien plus qu'une simple coloration, c'était un mode de vie tout entier. Et enfin, l'une de ses dernières parties, la blonde avait alors dix sept-ans, s'apprêtait à partir en voyage d'été pour la France. Ses quelques amis de l'époque avait décidé de lui organiser une petite fête d'adieu, et cet action ou vérité là avait eu de nombreuses conséquences, comme notamment Désirée qui s'était retrouvée en sous vêtements sur l'un des bars de la ville à chanter "I will survive !" ou encore Désirée qui s'était réveillée, cette fois-ci sans ses sous vêtements, dans les bras de sa meilleure amie de l'époque. Les deux blondes s'étaient regardées, avaient échangé un bref "hey ! it happens !" avant que Désirée ne file prendre son avion … Que de souvenirs …

Elle se sentait un peu vieille rien que d'y penser. Non, grrrr … vieille le mot tabou ! La blonde reporta alors son attention sur Emma qui avait choisi vérité. Et croyez le ou non, mais le sourire qu'affichait Désirée une seconde plus tard était beaucoup plus grand que celui de Cheshe.

"Oh Emma, Emma, Emma … Je crois que tu n'aurais vraiment pas dû choisir vérité mais c'est trop tard."

Et puis on pouvait déjà dire qu'elle avait déjà utilisé son action en chantant lorsque Désirée le lui avait demandé il y a quelques instants de cela mais tout de même … La blonde allait pouvoir lui retourner l'appareil pour les quelques minutes Ashtonniennes que Désirée avait dû subir. Maintenant le tout était de savoir jusqu'à quel point Désirée comptait elle "effrayer" Emma. Et puis de toute façon, il ne s'agissait pas vraiment de lui faire peur, juste de s'amuser, voilà tout ! Et puisque la vie amoureuse de Désirée s'était retrouvée sur le comptoir, il était juste qu'il en soit de même avec la vie sentimentale d'Emma, non ? … Non ? Peut importe la réponse en fait, parce que Désirée s'apprêtait à le faire alors …

"Alors disons que tu te retrouves, pour une raison obscure de l'humanité, coincée sur une île déserte avec tes lingettes désinfectantes, un dollars en poche … Qui est-ce que tu voudrais en plus … Carl … ou Will ?"

Oui, c'était très vicieux comme question … Son actuel petit ami ou bien son béguin de l'an dernier ?
Team Howell ou Team Schuester ?
Il était temps qu'elle se décide pour que Désirée aille lui faire faire des t-shirts !

Sourcils froncés, Emma Pillsbury observait sa collègue avec méfiance. Avec tous les verres que Désirée enchainait, il y avait de quoi avoir peur quant à la future question qu’elle poserait et qui nécessiterait qu’Emma réponde en toute sincérité. La conseillère d’orientation n’était pas du genre à parler de sa petite vie personnelle et conservait son petit jardin secret d’une main de maitre. Quand on était conseillère doublée d’une psychologue, il n’était pas bien difficile d’éviter les questions gênantes, le genre d’interrogation vous faisant rougir. La spécialité d’Emma ? Changer de sujet, ni vue, ni connue. C’était un peu comme son petit talent caché. Un sujet embarrassant ? Pas de soucis, Pillsbury le détournera ! Cependant, elle n’était pas certaine que cela fonctionne sur Désirée, et encore moins sur une Désirée saoule. Elle était consciente que choisir Vérité avait été une prise de risque considérable. Mais après tout avait-elle eu vraiment le choix ? En répondant Action, elle aurait certainement fini par perdre sa virginité dans la soirée avec toutes ces idées tordues que sa compère pouvait avoir… et ce ne serait certainement pas du goût de Carl, lui qui semblait déjà inquiet à l’idée de savoir qu’elle passait la soirée avec la fameuse prof de littérature qui n’était pas connue pour sa pudeur ou sa modération.

Emma prit son verre entre ses mains, comme pour se rassurer. Son regard était toujours braqué sur la blonde pétillante se trouvant à coté d’elle. Un sourire étira alors les lèvres de Désirée et Emma y vit rouge. Alerte, alerte ! Cela ne présageait rien de bon ! Elle fut presque parcourue d’un frisson mais ne laissa pourtant pas son malaise apparaitre. Emma avait déjà vu ce sourire sur les lèvres de la jeune femme. Il apparaissait quand son regard croisait celui d’Ashton – ou se dirigeait vers son arrière-train, si vous voyez ce que je veux dire – ou quand elle s’apprêtait à dire une chose coquine ou déplacée – et Dieu sait à quel point cela arrivait souvent. Vous comprendrez donc pourquoi le cœur de la conseillère se mit à faire des bonds dans sa poitrine, se prenant pour un kangourou. Puis, Désirée lança la première petite bombe. Elle lui dit qu’elle n’aurait jamais du choisir l’option Vérité, mais que de toute façon c’était trop tard. Emma fronça le nez, et faillit écraser la paille de son verre entre son index et son pouce tant elle était surprise et encore plus angoissée. Elle ouvrit la bouche, puis la referma tout de suite après, fuyant soudainement le regard de Désirée. Elle se demandait vraiment ce que la blonde avait en tête. Et malheureusement pour elle, elle n’allait pas tarder à le savoir. Mais avant qu’elle ne prenne connaissance de la question de son amie, Emma ne put s’empêcher de répliquer. Le regard posé sur le mur se trouvant de l’autre coté de la salle, en prenant toujours bien soin d’éviter le regard de Désirée, elle dit :

« Ehm, j’espère que tu seras indulgente, quand même… »

Bon d’accord, elle pouvait toujours rêver mais bon qui ne tente rien n’a rien, c’est bien ça ? En faisant ses yeux de biche, elle pourrait peut-être obtenir la clémence de Désirée. N’est-ce pas ? Hm, ce n’était pas gagné. Car Désirée l’ignora avec sublime et posa enfin sa fameuse question. La réaction fut immédiate : la jeune femme sursauta à la mention des noms de Carl et Will, poussa un hoquet de surprise, fit tomber son verre sur le bar et se figea ensuite. Elle resta ainsi l’espace de plusieurs secondes avant de se rendre compte que le peu de cocktail qui restait dans son verre dégoulinait désormais sur la surface lisse du bar, et que le barman l’observait d’un mauvais œil. Elle se remit alors en mouvement et, les yeux écarquillés, se jeta sur une serviette posée sur le bar pour éponger le cocktail, bredouillant confusément quelques mots à l’adresse du barman pour s’excuser. Une fois que le cocktail fut disparu, la jeune femme croisa le regard de Désirée, les joues en feu. Carl ou Will ? Will ou Carl ? C’était LA grande question, celle qu’elle s’était posée depuis qu’elle sortait avec le dentiste. Au début de leur relation, elle avait cru qu’elle pourrait oublier le professeur d’espagnol mais malheureusement après plusieurs mois en couple, l’échec était cuisant et Will continuait à occuper ses pensées. C’était sans compter les innombrables fois où elle croisait son regard et s’imaginait à ses cotés. Elle ne pouvait même plus le comparer à un simple béguin car les sentiments s’en étaient depuis longtemps mêlés. Si elle faisait du mieux qu’elle pouvait pour ne pas le montrer, à l’intérieur, elle était déchirée entre les deux. Il y avait peu de temps de cela, elle avait dit à Carl qu’elle l’aimait, sans réfléchir. Et pourtant dès que ces mots étaient sortis de sa bouche, elle l’avait regretté. Elle se sentait bien avec lui et l’aimait, dans un sens, mais peut-être pas aussi fort qu’elle l’aurait souhaité.

Emma poussa un soupir, jetant pour la deuxième fois de la soirée un regard noir à Désirée. Que répondre ? Telle était la question. Elle aurait bien voulu tenter de détourner la conversation mais cela semblait compromis car elle avait déjà trop attiré l’attention sur elle et vu la réaction qu’elle venait d’avoir, Désirée ne la lâcherait pas, elle en était sûre ! Alors elle réfléchit à une autre façon d’éviter cette conversation qu’elle fuyait justement depuis le début de la soirée. Jouer sur les mots ? Impossible, la question ne lui en laissait pas le choix. Les choisir tous les deux ? Ce n’était pas vraiment jouer fair-play et puis si elle les choisissait tous les deux, elle pouvait être certaine que Désirée ferait des commentaires coquins… qu’elle ne désirait (justement haha !) pas connaitre. Elle fit la moue, se retrouvant bel et bien coincée par cette question. La solution « tendresse et sécurité » ou la solution « amour et risque de cœur brisé » ? Là était la question. Bien au fond d’elle, elle savait ce qu'elle choisirait, mais il était trop difficile de l’admettre. Elle choisit alors une alternative, en espérant que sa collègue soit assez bourrée pour ne plus rien y comprendre. Elle se mit donc à parler doucement au début :

« Carl, Will ? Will, Carl ? Comment choisir ? Tu m’en demandes trop… » puis elle parla soudaint d’une voix très rapide, dans l’espoir que Désirée ne saisisse pas tout, et surtout pas le plus important de l’histoire à savoir la réponse : « Voyons le coté pratique des choses. D’un coté il y a Carl, un dentiste, pratique dans la vie de tous les jours tu me diras, mais sur une île déserte sans toute son artillerie, à part m’arracher des dents en m’amochant gravement la gencive, ce ne serait pas très utile. De l’autre coté, Will, professeur d’espagnol et musicien et chanteur à la voix… bref. Un chanteur, donc. Il pourrait toujours m’apprendre l’espagnol, le temps me paraitrait moins long sur une île déserte, ce qui serait bien utile, et il pourrait même me chanter quelques-unes de mes chansons préférées. Je ne dis pas que Carl est ennuyeux, et puis il sait chanter aussi, il a même une jolie voix. Mais voilà, il ne connait pas l’espagnol donc forcément c’est moins caliente… moins amusant, amusant c’est le mot que je cherchais ! Donc je choisirais Will pour la distraction et pour… c’est tout, pour la distraction, voilà, j’ai répondu à ta question, à ton tour, action ou vérité ? »

Hors d’haleine après avoir parlé aussi rapidement, la jeune femme reprit son souffle et leva la main pour commander un verre d’eau tout simple… elle avait l’impression d’avoir couru un marathon. Mais cela valait le coup, car il lui semblait être parvenue à brouiller les pistes et à répondre indirectement. Bien sûr ses paroles étaient teintées de multiples sous-entendus… mais Emma comptait sur le taux d’alcoolémie de son amie pour qu’elle n’y voie que du feu.
Il n’y avait plus qu’à croiser les doigts.

Et Emma qui venait de lui demander si elle allait être indulgente. Déjà, indul-quoi ? (Non mais sérieusement … indul-quoi ? Désirée aurait bien voulu qu'elle répète ce qu'elle venait de dire tout doucement et en articulant bien. Mais elle n'allait pas le lui demander donc … ) Et ensuite, la rouquine aurait dû savoir que la vengeance s'appelait Dé… non mauvais proverbe, elle aurait dû savoir que la vengeance était une garce. Et franchement, ce n'était PAS DU TOUT le genre de Désirée de faire des confidences sur sa vie privée et encore moins sur les fesses d'As… euh sa vie amoureuse. Non, elle était plutôt du genre à faire de grandes conversations sur le dernier livre qu'elle avait lu, sur ce qu'il se passait en ce moment dans le lycée, un gâteau chocolat qu'elle avait mangé le week end dernier ou même encore des nouilles au boeuf mais pas sa vie amoureuse.
JAMAIS.
JAMAIS.

Bien, maintenant que ces quelques petits détails ont été mis au point … Nous pouvons tranquillement passer à autre chose. Comme le regard noir d'Emma en ce moment. Wow … wait minute stop … Il fallait vraiment qu'elle arrête de regarder Désirée de cette manière, et CE même si elle était très sexy, parce que d'abord : personne ne l'avait obligée à venir (c'est vrai … la blonde savait très bien qu'elle n'avait PAS ce genre de pouvoir de persuasion, seuls Obi-Wan et Yoda le possédaient) et qu'ensuite … Il ne fallait pas ramener Ashton sur le tapis, elles devaient parler de mecs ? PARFAIT ! Elles allaient DONC parler de tous ceux qui occupaient leurs esprits, à toutes les deux. Na d'abord, pensa Désirée.
Et la réaction d'Emma fut plus qu'originale, elle renversa son verre avant de s'empresser de nettoyer le tout. Hmm … se dit la blonde en la regardant faire, moi au moins j'ai réussi à rattraper mon verre. (QUI, est la plus bourrée de nous deux, HEIN ?) Mais ce n'était pas de sa faute si le petit scarabée n'était pas un ninja.

Désirée elle, attendait toujours sa réponse. Bon certes, avec un sourire pas du tout innocent sur les lèvres, et en ayant pleinement conscience qu'elle jouait avec les nerfs d'Emma … Mais sa conscience devait avoir été noyée entre le deuxième et le troisième verre de tequila … (Oui … Quelque chose dans ce goût-là) Et puis ce serait vraiment mentir si elle disait qu'elle ne voulait pas savoir. Will ou Carl ? Emma en avait de la chance, deux hommes vifs et en bonne santé (hein ? oubliez les derniers adjectifs) qui étaient tous les deux prêts à aller au bout du monde pour elle … Franchement, si ce n'était pas de la chance, qu'est-ce que c'était ? (Hein ? Pas un kinder surprise, moi je vous le dis) Bon, il fallait aussi prendre en compte que Will lui avait un peu beaucoup brisé le coeur l'an dernier mais selon le point de vue de Désirée, une certaine partie d'Emma avait déjà pardonné au professeur d'espagnol. La même partie qui devait se demander si sortir avec Carl n'était pas une grossière erreur. Désirée, psychologue ? ABSOLUMENT PAS. Sauf si elle pouvait avoir le bureau avec l'immense canapé en cuir noir et un larbin … euh une secrétaire pour aller lui chercher du café dès qu'elle en avait envie … Sinon, non.

Non, la vérité, c'était juste que la blonde était très observatrice et si Emma avait pu voir Ashton la déshabiller du regard (Dieu merci, elle portait toujours de superbes sous vêtements, ET elle se serait fait un plaisir de montrer à n'importe qui que cela était vrai), elle, elle pouvait bien voir les regards que Will et elle s'échangeaient. Et ils n'étaient pas du tout discrets. Mais ça, Désirée n'allait pas lui dire, ils étaient juste trop mignons à regarder. Non, elle voulait un réponse, là tout de suite, maintenant. Et ce en dépit de toutes les excuses bidons qu'Emma pouvait bien lui donner. La blonde se contenta donc d'écouter son petit discours avec les yeux grands ouverts, se demandant sincèrement QUI Emma essayait elle de convaincre … Désirée ? Elle-même ? Personne ne se soucie de la réponse ? Okay … On passe à autre chose …
Et cet autre chose s'appelait Will … Désirée ne put s'empêcher de lui lancer un petit "ouuuuh" comme une adolescente de dix sept ans. Mais elle resta silencieuse pendant un bref moment … Will ? Will je porte toujours un veston et je suis super sexy quand je parle espagnol Will ? Choix tout à fait compréhensible. Et elle s'apprêtait à répondre quand au même moment, l'envie folle de commander du champagne, lui vint à l'esprit. Elle se tourna vers Emma.

"Si je commande du champagne, tu en bois avec moi ?"

Désirée était littéralement en train de la supplier du regard. Mais il fallait bien qu'elles marquent le coup non … Non ? Siiii … Emma ne voudrait sûrement pas lui adresser la parole dans la semaine qui allait suivre, elle, elle aurait une tête affreuse le lendemain matin … Mais Désirée ne voulait vraiment pas y penser tout de suite …

"Will ? Hmmm … pour la distraction ? … A quelle genre de distractions penses-tu ? Non je plaisante bien sûr ! Et je ne ferai pas non plus de commentaires sur le fait que ta réponse peut être plus que significative … Aucun commentaire. Mais si je peux me permettre je … Non … Rien, je ne vais rien dire. On sait toutes les deux que je suis très mal placée pour donner des conseils … En plus mon conseil pourrait être de les laisser tomber tous les deux, de t'occuper de toi pendant une certaine période et même sortir avec quelqu'un d'autre qui sait ! Mais hey ! J'ai dit pas de conseils alors pas conseils !"

Désirée savait qu'Emma voyait déjà quelqu'un pour l'aider à gérer sa phobie et ensuite, il ne fallait pas oublier que la présence de Carl était plus que positive pour la rouquine. Et, même si la professeur de littérature n'approuvait pas certains romans à l'eau de rose bon marché, elle se disait qu'Emma méritait bien de vivre le grand et bel amour au moins UNE FOIS dans sa vie. Qu'elle sache ce que cela faisait d'être raide dingue amoureux et que le sentiment soit réciproque … Tout le monde méritait une vraie bonne relation … Et puis sortir avec quelqu'un n'était PAS que négatif, il y avait quelques avantages … Comme le s… Oups Désirée s'égarait encore et ne répondait pas à Emma.

"Je choisis … Action. Parce qu'il est hors de question questions que je passe une seule seconde de plus dans ce bar à discuter. J'en ai marre des conversations philosophico… philso.. philosophiques, okay ? "

Oui, la blonde butait légèrement sur les mots, et alors ? (essayez donc de dire philosophique le plus vite possibles et APRES on en reparlera) Elle avait envie de commander du champagne, et alors ? Elle n'agissait pas de la manière la plus responsable du monde ... ET ALORS ?
Il y avait très certainement un proverbe latin à ce sujet mais Désirée ne s'en souvenait pas pour le moment …

"Alors Emma … Qu'est-ce que je vais devoir faire ? S'il te plaît soit créative …"

Croiser les doigts… c’était justement ce qu’Emma faisait discrètement en dessous de la table. Le regard bien loin de Désirée parce qu’elle avait trop peur de lire la réaction de cette dernière se peindre sur les traits de son visage, la conseillère avait les yeux rivés sur le mur se trouvant à l’autre extrémité de la salle. Finalement, elle aurait peut-être dû boire comme sa collègue. C’est vrai, elle se serait mise à raconter plein de bêtises et n’aurait même pas été prise au sérieux. Le rêve. Et puis imaginez donc une Emma Pillsbury complètement pompette dans un bar, gaffant, draguant, s’amusant en oubliant complètement ses petits problèmes liés à sa mysophobie… il faut avouer que cela valait le détour ! Malheureusement, elle l’avait joué soft, n’avait bu qu’un verre de tequila (qui lui avait arraché la gorge au passage) avant de s’en remettre aux boissons non alcoolisées. D’un autre coté, cela lui permettait d’apprécier pleinement l’attitude de Désirée lorsqu’elle était légèrement (comprendre extrêmement) éméchée. Et lorsque celle-ci se mettait à parler des fesses d’un certain professeur de McKinley, ou de la façon dont elle déshabillerait cette même personne, cela devenait très intéressant. Pourtant, Emma n’était pas très portée sur tout ce qui concernait les ragots. Elle était curieuse, certes, mais pas au point de fouiller les twitters des élèves ou de ses collègues en quête de potins (même si parfois il fallait avouer qu’elle cliquait, sans le faire exprès bien entendu, sur le lien du twitter de gossip glee… oups).

Le barman vint vers elles une nouvelle fois, coupant court aux rêveries de la jeune femme qui prit son verre d’eau innocemment, gratifiant l’homme d’un petit sourire embarrassé. Pour quelqu’un qui ne venait pas souvent dans les bars, elle était certaine qu’il se souviendrait quand même d’elle et qu’elle était désormais cataloguée comme étant la rouquine miss catastrophe qui renverse les verres sur le bar tout en étant sobre. La honte… La conseillère jeta un coup d’œil sur son nouveau verre, évitant toujours consciencieusement les œillades amusées de son amie. Quelle idée aussi, de poser une question pareille ! Si elle ne se sentait pas non plus trahie, Emma était quand même un peu énervée, au fond. Elle qui n’aimait pas tellement s’ouvrir aux autres, elle était servie. Cela dit il était difficile d’en vouloir à Désirée… surtout quand celle-ci était saoule. Et puis quand on s’appelle Emma Pillsbury, il est difficile d’en vouloir à quiconque, de toutes façons. Et la jeune rousse suspectait Désirée de le savoir. Cette dernière reprit d’ailleurs la parole, et Emma faillit lâcher un petit soupir en constatant que sa phrase ne comportait aucun bégaiement ou bêtise… elle aurait presque désiré que la jeune femme soit encore plus bourrée qu’elle ne l’était histoire que son petit monologue passe comme une lettre à la poste. Déjà qu’elle s’en voulait un minimum d’avoir répondu Will au final… eh oui, elle avait fait le mauvais choix, elle aurait du répondre Carl. Elle était certaine que ça lui aurait évité bien des ennuis. Toutefois, elle était trop confuse elle-même pour savoir ce qu’elle voulait : son cœur balançait clairement toujours vers la même personne, tandis que sa raison choisissait l’autre homme. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point » disait Pascal. Oui, eh bien Emma avait beau comprendre la citation, elle ne l’en aimait pas plus pour autant.

Fronçant une nouvelle fois les sourcils, la jeune femme se tourna finalement vers Désirée qui venait donc de lui proposer du champagne. Hm… Du champagne, voilà une boisson que la conseillère d’orientation connaissait et avait déjà goûté auparavant, contrairement à cette fichue tequila. Cependant Emma n’estimait pas que sa collègue méritait qu’elle accepte une fois de plus. Après tout elle était toujours embarrassée après sa dernière réponse, et accepter une couple de champagne aurait signifié qu’elle était d’accord pour qu’on lui pose ce genre de question ultra confidentielle qui amenait à LA réponse-presque-secret-d’état (ben oui, quand même…). Emma réfléchit un moment avant de secouer la tête en signe de dénégation. Non, pas de coupe de champagne… ou tout du moins pas tout de suite. Elle pencha légèrement la tête sur le coté avant de répondre :

« Peut-être plus tard… quand tu auras répondu à la question si tu choisis vérité, ou fais ce que je te propose, si tu réponds action. Pour l’instant, l’eau me convient… je préfère avoir les idées claires si tu vois ce que je veux dire. »

Haha. Well-done, isn’t it ? Emma visait clairement Désirée qui, elle, n’avait pas les idées claires du tout à cause de l’alcool. La jeune femme prit son verre d’eau et but une gorgée qui lui fait du bien et lui remit presque les idées en place. Enfin, ça, c’était avant que Désirée ne reprenne la parole, réagissant au petit monologue d’Emma. D’abord, elle sous entendit que la jeune femme avait en tête d’autres distractions que l’espagnol ou le chant, ce à quoi l’intéressée répondit en faisant la grimace : non mais franchement… ! Ensuite, elle lui dit qu’elle n’était pas là pour lui donner des conseils, ce à quoi Emma faillit lui répondre qu’en effet, elle n’avait pas tort. Puis elle termina en lui disant qu’elle devrait laisser tomber Carl et Will et en choisir un autre. Emma l’observa, les yeux ronds. Elle avait deux véritables perles, alors pourquoi aller voir ailleurs… puis ce serait clairement se compliquer la vie, elle en avait déjà bien assez avec deux hommes. Elle leva les yeux au ciel à cette pensée : oui, en effet, ce n’était pas facile tous les jours d’avoir les idées en place quand deux hommes très séduisants occupaient vos pensées. Soupirant de nouveau, elle répondit :

« En effet tu avais dis pas de commentaires… et attention ! Je n’ai jamais dit que je n’étais pas bien avec Carl : j’ai juste répondu à ta question en m'intéressant au coté pratique de la chose, ne vas pas te faire des idées. »

Elle préférait rectifier le tir au cas où. Reposant son verre avec délicatesse sur le bar elle se mit à regarder Désirée droit dans les yeux. Cette dernière choisit finalement action. Mince ! Se dit Emma. Elle aurait préféré Vérité pour pouvoir lui rendre directement la monnaie de sa pièce, mais de toute évidence la blonde pulpeuse en avait décidé autrement. De toute façon, la conseillère aurait pu parier sur une telle réponse. Ce n’était pas vraiment le genre de Désirée de choisir l’honnêteté quand elle avait l’opportunité de mettre en avant les très nombreuses facettes de sa personnalité. La jeune femme croisa les bras devant sa poitrine, réfléchissant au défi qu’elle pourrait lancer. Désirée lui demandait d’être créative, et Emma se devait de l’être. Pourtant il était difficile de trouver quelque chose à lui faire faire quand elle savait que pratiquement rien ne choquait ou n’embarrassait son amie. Son regard se balada à travers la pièce, comme si le fait de voir tous les visages de ce bar l’aiderait à trouver un gage. Son regard accrocha celui d’un vieil homme assis seul à une table, au loin. Une idée traversa l’idée de la jeune conseillère à cette image, idée qui s’évapora bientôt de son esprit parce que ce qu’elle avait imaginé l’espace d’un instant était un peu trop méchant vis-à-vis de ce pauvre homme… or, Emma n’était pas méchante. Alors son regard se dirigea vers le podium, vide, celui même où Désirée avait dansé – rectification : se déhancher n’était pas danser – et chanté quelques minutes auparavant. Une chanson passait dans tout le bar et Emma crut reconnaitre une chanteuse Disney, celle dont elle ne se souvenait plus le prénom mais qui avait cartonné dans une petite série où elle interprétait une pop star qui menait une double vie… Elle s’en souvenait parce qu’elle avait eu la surprise de voir la moitié des lycéennes de McKinley venir habiller exactement de la même façon que cette chanteuse, une fois. Ah, ces adolescents quand ils avaient une idole, c’était comme ce… Oh ! Oh, voilà qui pourrait être intéressant ! Intéressant et drôle, surtout.

Emma se retourna vers Désirée, les yeux pétillants. Alors comme ça elle voulait quelque chose de créatif, hein ? Pas de soucis…

« Hm, créative tu dis ? » dit-elle en faisant semblant de réfléchir. Un sourire se mit alors à éclairer son visage, et elle poursuivit : « Dans ce cas, j’ai peut-être une idée. Tu sais, je trouve ça facile de chanter et danser sur une chanson de rock, ça parait tout de suite très cool. » Elle laissa quelques secondes s’écouler, afin de voir si Désirée réagirait. Toutefois, ce ne fut pas le cas alors elle dit finalement : « tu connais Justin Bieber, j’imagine ? Même si tu ne l’aimes pas, difficile de ne pas connaitre, n’est-ce pas ? Alors voici mon action : tu vas te diriger vers le podium, demander une chanson du répertoire de ce fameux chanteur, et l’interpréter. Je veux voir si tu as la… comment ils disent déjà ? Ah, oui : la Bieber Fiever ! »

Un grand sourire étirait toujours ses lèvres. Elle imaginait parfaitement la scène : Désirée, saoule, s’égosillant sur la chanson de ce Bieber, et criant « Baby, baby » ! Oh et n’allez pas croire que notre chère conseillère d’orientation était une fan de l’adolescent. En fait elle ne le connaissait que grâce aux lycéens… ce n’était pas tout à fait le genre de musique qu’elle écoutait (oui oui, elle préfère des chansons comme… « Touch-a Touch-a Touch Me », par exemple !)

"Emma Pillsbury … I swear to God … One day I'll kill in your sleep."

Créative ? Créative ? Créative mon oeil oui ? Pour le coup, la rouquine l'avait bien eue. Et on savait tous ici qu'il en fallait beaucoup pour surprendre quelqu'un comme Désirée et encore plus une Désirée légèrement ivre. (Comment ça légèrement ? Oh c'est bon … si on ne peut même plus nuancer le récit … Vous pensez que ça fait beau de dire qu'elle est complètement bourrée et que demain matin elle aura très mal aux cheveux ? Non … Alors voilà !) Pourtant, c'était bien ce qu'Emma venait de faire, tout innocemment, tout en finesse, avec le sourire aux lèvres. Comme quoi, il fallait toujours méfier de l'eau qui dort. (Entre parenthèses, oh chic des parenthèses, cette expression est complètement NULLE. Mais vraiment, encore pire que pleurer comme une madeleine.)
Non mais c'est vrai … Lorsque l'on voyait Désirée, il était très facile de se dire que c'était une jeune femme qui croquait la vie à pleine dents et qui ne manquerait pas d'agiter sa poitrine sous votre nez dès qu'elle en aurait l'occasion. (I'm only saying the truth, don't mind me …) Et Emma … Oui, on voyait forcément la conseillère comme la plus sage des deux, sachant s'amuser avec modération.

Cependant Désirée savait à présent que la vérité était tout autre, Emma était beaucoup plus sournoise qu'elle n'y paraissait … Elle y penserait à deux fois avant de boire de l'alcool en sa compagnie. Non mais sérieusement … Justin Bieber. Justin Freaking Bieber. Bien entendu que la professeur de littérature voyait qui c'était. Elle n'était pas asociale à ce point, peut être que cela lui arrivait de s'ostraciser le week end dans son appartement, mais Désirée avait tout de même une télévision et un ordinateur et plus important … Elle avait des adolescentes dans sa classe. Des jeunes filles qui préféraient lire le dernier scoop sur le petit brun plutôt que de se concentrer sur du Anne Rice. Non mais franchement … Cela agaçait vraiment la blonde lorsqu'elle y repensait.
Cette génération avait vraiment des idoles moins cool que les siennes. A cet âge là, Désirée vénérait Trent Reznor le leader du célèbre groupe de rock industriel NIN, qui écrivait des chansons sur la douleur, la vie, la mort, l'enfer … Ses chansons avaient un sens et une signification profonde. PAS les chansons de Justin Bieber. C'était donc pour cela que c'était au tour de Désirée de jeter un regard noir à Emma …

Est-ce qu'elle allait le faire ? BIEN SUR QUE OUI. Mais cela ne l'empêchait pas de la regarder de travers. Just because …

"Je vais le faire … Evidemment que je vais le faire … Mais avant ..."

Désirée se déchaussa, posa ses talons aiguilles sur le bar, juste en face d'Emma, avant de s'emparer du verre d'eau de cette dernière et de le vider d'un train. C'était juste histoire de se clarifier les idées avant de faire sûrement l'une des choses les plus humiliantes de sa vie … (Pas LA, juste une des … Oui, Désirée avait vraiment une vie palpitante).

"Garde mes chaussures pour moi s'il te plaît. "

Et sur ce, Désirée se dirigea vers la scène, pieds nus, s'il vous plaît. Non, parce qu'elle ne pouvait pas affliger ça à sa paire de Manolo Blahnik préférées. (Et si vous vous demandez comment est-ce qu'elle pouvait se payer de telles chaussures avec un salaire de prof … La réponse tenait en un seul et unique mot : internet). Bref, elle avait besoin d'un minimum d'équilibre pour devoir faire ce qu'elle devait faire et elle avait tellement d'alcool dans les veines que si jamais elle brisait le talon d'une de ses chaussures, elle aurait pu se mettre à pleurer, devant tous les clients du bar et une Emma qui aurait pu lui lancer un regard plus que médusé. Donc au revoir talons et bonsoir … re-bonsoir micro.

"Hey bonsoir ! Vous allez toujours aussi bien ? Oui, c'est encore moi, et oui, pour ceux qui se posent la question, je compte bien monopoliser la scène et j'espère que ça ne vous dérange pas. Et si ça vous dérange, tant pis !" Désirée ponctua sa phrase par un rire, pas du tout dérangée par le fait que les trois quarts du bar avait les yeux rivés sur elle. Tant mieux pensa t-elle … Il était temps de rendre à Emma la monnaie de sa pièce.


"Non en fait je suis la avec ma meilleure amie et elle est du genre à adorer me voir sur scène. Oui, c'est la rouquine auprès du bar. Et vous savez quoi ? Emma va se marier dans une moins semaine et aujourd'hui on fête sa dernière soirée en tant que célibataire, alors ce serait vraiment vraiment sympa si quelqu'un pouvait nous offrir une coupe de champagne … Moi je serai encore célibataire demain alors ..."

La blonde termina sa phrase sur un clin d'oeil et elle ne fut pas étonnée d'entendre des applaudissements et des sifflements fuser d'un bout à l'autre de la salle. Aucun homme digne de ce nom ne pouvait passer devant l'occasion de ramener une fille bourrée chez lui. Et pour Emma qui n'aimait pas parler aux inconnus … Elle allait être servie.

"Enfin … Je ne suis pas montée sur scène uniquement pour discuter … Il se trouve que ma meilleure amie, même si elle refuse totalement de l'admettre, est une vraie fan de Justin Bieber. Et je vais chanter sa chanson préférée à son mariage donc je me suis dis … autant commencer à s'échauffer maintenant donc … J'espère que vous apprécier la performance."

Désirée avait choisi la seule chanson de Justin Bieber qu'elle connaissait … En vérité, c'était la seule qu'elle avait entendu en entier et ce, parce qu'une de ses élèves avait décidé d'allumer son portable pour la mettre pendant son cours. L'élève avait terminé avec des devoirs supplémentaires et la professeur avec un très mauvais souvenir de Justin Bieber. Parce que oui, Désirée n'avait pas la Bieber Fever. Non, la seule "fever" qu'elle pouvait avoir à l'heure actuelle était dû à la quantité d'alcool présente dans son système nerveux et au fait qu'elle s'était mis à chanter, un demi-sourire sur les lèvres et pas vraiment convaincue par ce qu'elle faisait.

Ohhhhh ohoooooo
For you i'd write a syphoney!

I'd tell the violin
It's time to sink a swim
Watchn' play for yaaaa!

For you i'd be
Wohaaa
But in a thousand miles just get you where you are

Really ? c'était ce que se disait Désirée, les paroles étaient vraiment niaises et nulles et niaises et … est-ce qu'elle avait dit que les paroles étaient niaises ? Bon okay, le rythme était entraînant et elle s'était peut être mis à danser sans s'en rendre compte. Mais elle ne contrôlait plus son corps … C'était la seule raison. Et non, ce n'était pas du tout parce qu'au fur et à mesure des paroles l'air commençait à lui plaire.
Absolument pas.

Step to the beat of my heart.
I don't need a whole lot
But for you I need I

I'd rather give you the world
Or we can share mine!
I know that I won't be the first one given you all this attention

Désirée avait de plus en plus confiance en elle à mesure que les minutes défilaient. Elle lâcha l'écran quelques secondes pour se rendre compte que les clients semblaient apprécier la chanson et s'étaient remis à danser. Wow … Qui aurait cru que les chansons de Justin Bieber avaient un tel effet sur les gens ? Hmmm … Peut être que c'était ça le vrai pouvoir de la Bieber Fever. Mais elle en oubliait Emma dans tout ça dis donc. Désirée la regarda et la montra du doigts avant de véritablement se lâcher sur le refrain.

But Baby listen,

I just need somebody to love

I-I
I don't need to much

Just need Somebody to love.
(just need sombody to love)

I don't need nothing else,
I promise girl I swear.
I just need somebody to love.

(I need somebody I-I need somebody
I need somebody I-I need somebody)

Et lorsque la blonde reprit son souffle pour commencer le deuxième couplet, c'était vraiment à Emma qu'elle s'adressait. Elle voulait du Justin Bieber ? Parfait, Désirée allait faire comme si cet air pop qui se devait d'interpeler l'attention de l'être voulu était entièrement dédié à Emma. Les gens risquaient de se poser des questions, la blonde venait de dire à tout le monde qu'Emma allait se marier et pourtant … Elle était en train de prouver le contraire. Et la blonde ne put s'empêcher de regarder le clip qui défilait en même temps que les paroles sur l'écran pour reproduire les quelques pas de danse qui lui étaient accessibles avec son maigre niveau. Qu'on ne lui dise pas qu'elle n'était pas à fond parce que c'était tout simplement et complètement faux. Screw Justin Bieber, elle dansait et chantait mieux que lui.

Et lorsqu'elle termina de chanter … Désirée était un tout petit peu à bout de souffle. En quittant la scène, elle se promit intérieurement de ne JAMAIS écouter du Justin Bieber. (Non mais vraiment …) La blonde se fraya un chemin jusqu'à Emma, difficile à faire avec les gens qui étaient toujours en train de danser (hé ho … la chanson est finie !!!) avant de retrouver Emma, qui n'avait pas bougé d'un pouce. Petit détail cependant : il y avait du champagne. AMEN ! se dit Désirée en vidant d'un trait la flûte qui se trouvait là.

"Je suis juste trop forte … Et entre parenthèses, plus d'alcool pour moi. Je crois que j'ai déjà fait assez de mélange comme ça."

Ce serait sa seule et unique bonne décision de la soirée … Mais … la seule. Cette déclaration étain faite, Désirée posa ses fesses sur sa chaise haute et décida qu'elle avait assez bouger de la soirée, elle récupéra donc ses talons (oh comme il lui avait manqué pendant les quelques minutes de sa prestation) et les remit à ses pieds.

"Je crois que c'est à mon tour, non ? Je serais très tentée de te dire que tu as déjà utilisé ton vérité et que tu dois forcément prendre action, et ensuite je t'aurais dis d'aller aux toilettes pour enlever ta petite culotte et la donner à un des charmants messieurs qui se trouve dans le bar mais … Même moi je ne suis pas aussi cruelle, et puis autant terminer la soirée sur note positive, à savoir que … Peut importe la chanson : je suis une vraie star."