Assise dans la cuisine, Elizabeth Rose Miller regardait ses quatre grands garçons courir dans la maison. Le ventre rond comme un ballon, elle se disait qu’elle avait de la chance d’avoir une si belle famille. Son mari, William Phileas Miller, était un lieutenant général de l’armée de terre américaine. Il était un homme aimant et un extraordinaire père. Il lui était toujours difficile de laisser partir son mari à la guerre. Elle avait toujours peur qu’il ne revienne jamais à la maison. Elizabeth comprenait ce que son mari parte défende son pays. Quand elle avait rencontré William 19 ans plus tôt, elle était une infirmière militaire sur le terrain et il était un simple soldat. Mais la naissance d’Elliot Parker en 1980, 8 ans après leur rencontre, avaient changé des choses. Elle se voyait mal mettre sa vie en péril pour son pays quand un magnifique petit garçon au sourire éclatant et qui aimait faire des dégâts l’attendait à la maison. Elle avait donc pris un boulot stable dans le Chicago natal de son mari. Deux ans plus tard était venu la naissance de Evan Pierce, un jeune homme droit et dévoué. Trois ans après était venu la naissance d’Erik Porter, un jeune si social déjà à un si jeune âge. Par la suite, ils s’étaient juré qu’Edgar Preston, cet adorable ange qui ressemblait tellement à son père, serait leur dernier enfant. À 34 ans, Elizabeth trouvait difficile de s’occuper de quatre adorables petits monstres qui avaient un besoin fou de sport dans leur vie. Mais elle devait bien admettre qui lui manquait quelque chose dans sa vie, une fillette. C’est ainsi que vient la préparation d’une dernière grossesse. Elle avait aujourd’hui trente-sept ans, son mari en avait quarante. Cet enfant qui était dans son ventre était officiellement le dernier. Elle avait choisi le nom de sa petite princesse. Elle n’aurait pas la vie facile avec quatre grands frères pour la protéger. En fait, il lui serait très dur d’être capable de s’affirmer devant les quatre têtes dures qui devaient la protéger. La jeune demoiselle vit le jour au tout début du mois de décembre 1991. C’était une journée froide de tempête de neige. La valise était prête depuis plusieurs semaines. L’expérience, tant au travail qu’avec ces propres maternités, ayant appris à Élizabeth que plus le nombre de grossesses précédentes était grand, moins l’accouchement était long. Au bout de 3 heures de travail, Edena Penelope pointa son nez à l’hôpital de Chicago où sa mère travaillait. Un mince duvet sombre couvrait sa tête et ses yeux brillaient d’une lueur déterminée. La nouvelle maman savait qu’elle allait avoir de magnifique chose de cette petite fille et que sa famille était complète. Quelques semaines plus tard, remise de son accouchement, Elizabeth allait se faire installer un contraceptif permanent.

La famille Miller n’était pas une famille des plus riches. Mais jamais aucun des enfants ne se plaignait de quoi que ce soit. Ils avaient toujours à manger trois fois par jour, des vêtements repassés et arrangés dans des tiroirs par Maman. La maison était rythmée de rires d’enfants. Dans le petit cottage des Miller, les enfants dormaient deux par chambre dans des lits superposé. La plus grande cause de querelles entre frères et sœur étant sans aucun doute qui était celui qui aurait la grande chance de dormir dans le fameux lit du haut. Dès son plus jeune âge, Edena se montra davantage comme celle qui écoutait et qui négociait plutôt que celle qui était porté à bouder. Bien que le budget ne fût pas illimité, chaque enfant avait le droit à deux activités payantes. L’horaire de la jeune famille était donc souvent chargé pendant l’enfance des enfants. Si la présence des frères poussa la jeune fille vers des sports plus contacts comme le hockey, où elle était souvent la seule fille, elle s’inscrivit dans des activités plus féminine. Ainsi, à quatre ans, elle commença le ballet classique et le hockey sur glace. Avant même de commencer l’école, la jeune demoiselle fréquente activement la bibliothèque publique où se donnent des cours gratuit de bricolage et de lecture publique avec les enfants. Face à ses frères, Edena était une intellectuelle. En fait, s’il aurait fallu définir chacun des enfants, Parker était l’organisateur qui voulait tout faire en permanence, Pierce était le protecteur qui n’hésitait pas à se mettre dans le trouble pour protéger les gens qu’il aimait, Porter était le fouteur de trouble qui voulait toujours se débrouiller tout seul et Preston était le patriotique protecteur qui copiait souvent sur son père. L’école, qu’Edena commença à fréquenter à 5 ans, s’avéra être un véritable cadeau pour la jeune demoiselle. Sociale, elle semblait avoir des amis avec tous les jeunes de son niveau. Les enseignants adoraient avoir cette petite fille dans leurs classes. Elle était si gentille, si polie et pourtant si active. Elle grandit en se liant avec des jeunes de différentes origines ethniques et de différents milieux sociaux, puisqu’elle fréquentait des écoles publiques. Elle avait droit à une enfance calme et joyeuse où le plus grand stress familial venait avant tout des résultats scolaire qu’elle allait obtenir, signe de sa nature nerveuse par rapport à ses objectifs. Peu à peu, elle avait grandi. Elle avait quitté l’élémentaire pour rejoindre le middle schoo]l puis le lycée à tout petit pas sous le regard protecteur de ces grands frères. La vie familiale changea brusquement à l’approche des treizeans de la jeune femme.

Parker venait d’avoir son permis de conduire. Il avait dix-neuf ans et toute l’arrogance qu’il avait toujours eue mais qui faisait en sorte que les parents étaient toujours porter à le protéger surtout de lui. Mais il réussit à les convaincre qu’il pouvait très bien conduire sa petite sœur au cinéma au début du mois de février malgré la neige et le froid à l’extérieur. Malgré les mauvaises conditions routières, il filait à toute allure dans la ville enneigée et ralentie. Et ce qui devait arriver arriva. Dans une courbe étroite, il perdit le contrôle de son véhicule. La voiture fit un tonneau, un second et se fit persécuter par une voiture roulant en sens contraire sur le côté conducteur. Les deux enfants furent conduits à l’hôpital. Si Edena s’en sortit physiquement indemne à l’exception de deux fractures dont une au bassin qui l’empêcha de terminer l’année scolaire, Parker perdit pour toujours l’usage de ses jambes. Pour toute la famille, c’était un grand choc. Jamais il n’y avait eu de drame dans cette famille sans histoire. Parker âgé de 24 ans avait perdu un de ses amis dans un affrontement entre des gangs de rues, avait maintenant terminé ses études en administration et consacrait sa vie à aider des gens à s’en sortir. Pierce, du haut de ses 22 ans, sillonnait la ville dans une voiture de police depuis près d’un an pour la même raison que Parker s’impliquait dans un centre jeunesse. Preston était encore au lycée mais il parlait de plus en plus de s’enrôler dans l’armée dès qu’il aurait atteint sa majorité. Jamais cette famille n’avait été directement atteinte par un drame humain qui changeait par son existence la donne. Il fallait adapter la maison, mais la fermeture de l’unité de soins intensifs néonatale où travaillait Elizabeth rajoutait au complexe puzzle de la famille. C’est en grande partir à cause de ses deux raisons que la famille se déplaça vers Lima, la ville d’où était originaire la mère de la famille et où l’hôpital recherchait des infirmières de la trempe de la mère. C’est ainsi qu’Edena se retrouva à dire au revoir à ses amis qu’elle avait depuis toujours et de s’intégrer dans une nouvelle vie. Sitôt remise de ses blessures, elle commença à s’impliquer dans sa communauté en se proposant comme bénévole à l’hôpital. Son lycée commença au McKinley avec un an de retard sur les autres. Et elle espérait qu’elle réussirait bien à devenir quelqu’un d’important. C’est pour cette raison qu’elle s’inscrit dans les Cheerios dès qu’elle en avait eu le courage.
Au cours des six années qui séparent l’arrivée de Lima de la jeune Edena Penelope Miller et aujourd’hui, cette dernière a rencontré plusieurs personnes importantes pour elle. Des amis, des gens qui ne la voit que comme la cheerios qu’elle a été et même un amoureux. Alexander était un des meilleurs amis de Preston. Engagé dans l’armée comme son frère, il était un jeune homme déterminé et gentil comme un ange. Edena et Alexander commencèrent à se fréquenter au début du mois de septembre 2005, au plus grand dam de Preston. Il avait peur de perdre son meilleur ami dans le cas où le couple n’était plus fonctionnel. Mais en bon grand frère, il comprit avec le temps l’influence positive qu’ils avaient l’un sur l’autre. L’entrée dans l’académie militaire d’Alexander changea beaucoup de choses encore. Elle avait peur pour lui, même avant qu’il ne soit déployer. La première fois qu’il a été déployé en août 2009, Edena a eu l’impression de mourir d’inquiétude pendant les quatre mois de son absence. Elle passa les derniers jours avant le déploiement dans l’appartement de son amoureux et alla même le reconduire à son aéroport au même titre que sa famille. Elle n’avait jamais eu aussi peur que cela. Elle n’avait jamais pensé que sa mère pouvait passer à travers chaque départ de son père sans y mourir. Chaque connexion réseau était importante pour avoir des nouvelles. Edena en était venu à se dire que c’était peut-être bien parce qu’elle était à l’âge de penser à faire des plans, à parler de peut-être partir en appartement, que c’était aussi dur. Et il avait fini par revenir. En un seul et unique morceau. Pour le plus grand bonheur de la jeune demoiselle. Le jeune couple commença à parler d’une grossesse en se disant que dans le cas d’une disparition d’Alexandre, Edena aurait quelqu’un sur qui s’appuyer. Plus le temps passa, plus le couple se mit à en parler. Et même si Elizabeth et William n’approuvait pas nécessairement la décision, ils se mirent d’accord qu’il valait mieux seconder que de lui opposer une plus grande résistance que celle qu’elle n’affrontait déjà. Quand ils eurent la date de départ pour le second déploiement d’Alexander, ils se décidèrent à faire le grand saut et à essayer de concevoir un enfant. En octobre 2010, au début de la dernière année de lycée d’Edena et bien qu’aucun test n’avait été positif, Alexander a été déployé pour la seconde fois en Afganistan. Elle avait peur qu’il ne revienne pas. Elle avait le pressentiment qu’il ne reviendrait pas. C’était pour cette raison qu’elle demanda à Preston et à son père de veiller sur son ange gardien. En début novembre, après plusieurs symptômes, la jeune demoiselle prit un test de grossesse. Positif. Elle était aux anges. Étant consciente de ce qui était arrivé à Quinn l’an précédent, elle quitta les Cheerios sans explication. À quelques semaines de Noël, la jeune demoiselle n’a pourtant pas le cœur à la fête car il y a deux semaines la jeune demoiselle a appris que son ange gardien ne revient pas. Un pas, un pas de trop sur un sol dangereux et boum. Plus d’Alexander, plus de belle promesse de fiançailles. Qu’une brume rose et un drapeau américain qui sera le seule souvenir pour l’enfant à venir qui sera le réconfort de la jeune demoiselle. Quelle sera sa vie? Elle l’ignore à cet instant précis. Mais elle sait qu’elle le garde, elle a intention de se rendre au bout de cette promesse faite à son amoureux, et qu’elle va travailler fort pour obtenir ses rêves coûte que coûte.