*Le bar karaoké, désert. Triste tableau. Le reste risque alors de vous faire pleurer… Le verre plein, le regard vide, Maxime, apathique, bras ballants, procédait à son introspection la plus rigoriste. De sa petite enfance à son actuelle déchéance, tout fut repassé en revue. Son enfance heureuse à l’abri de tout besoin, l’amour de ses parents, ses amis, les études, sa facilité à écrire et s’exprimer, sa popularité aujourd’hui perdue…Tout le prédestinait à une vie heureuse, à une vie complète… Une vie dans les hautes sphères de New-York. Une vie où il aurait été marié. Une vie où il aurait eu des enfants. Qui aurait pensé un tel gâchis ? Pas même lui…*

« A la déchéance… »

*Et de lever son verre de vin rouge qu’il engloutit d’un trait. L’alcool ne tardait jamais à faire son effet sur Maxime. Mais avant même de chavirer sous les assauts répétés de la boisson, Maxime sombra dans une mélancolie d'amour à fendre le plus dur des cœurs.
James, James, James… Pourquoi lui, comme tous les autres, l’avait-il abandonné ? Pourquoi Maxime, au crépuscule de ses 31 ans, n’est-il pas foutu de trouver, comme la majorité de ses amis à cet âge là, la personne qui lui fallait ? L’âme sœur ? Comme le dirait un chanteur français que Maxime avait entendu lors d’un passage éclair à Paris… C’est quand le bonheur ?
En plus d’avoir plastiqué ses études à Harvard, en plus de ne pas avoir été le grand maître de conférences qu’il rêvait de devenir, en plus de ne pouvoir se payer de costumes luxueux, il n’était toujours pas heureux et toujours, terriblement, seul. O funeste destin.
Avachi dans l’un des rares fauteuils du bar, Maxime, le regard vitreux, guettait ce mercredi soir, à 1h du matin la fin d’une nuit qui lui semblait éternelle… (HJ : C’est beau hein ? *BAFF*)
Alors que Maxime songeait sérieusement à une façon élégante d'en terminer avec sa vie dissolue… QUELQU’UN, QUELQUE CHOSE ! XD *

La vie valait elle la peine d'être vécue? Une telle question était celle qui ne faisait que tourner en boucle dans l'esprit de Chris ce soir là. Seule chez elle, elle déprimait et n'osait pas appeler qui que ce soit pour mettre fin à ce désespoir qui la rongeait depuis quatre mois maintenant, depuis la mort de son mari. Bien que devant les autres, elle joue la femme forte qui vivait pour l'enfant qu'elle attendait, elle ne pouvait s'empêcher de céder à la déprime du passé et des jours heureux passés avec son mari.Chaque jour lui rappelait cruellement l'injustice de la vie et sa disparition brutale se faisait plus cruellement sentir que la veille.

Pour tenter malgré tout de se changer les idées, Chris sortit aux alentours de 22 heures. Les nuits sombres et froides de Lima ne parvenaient même pas à l'effrayer et pourtant le silence inquiétant des rues vides aurait produit cet effet chez l'ex New-yorkaise autrefois. Elle n'alla pas loin, se rendant au seul endroit encore ouvert à cette heure ci : le bar karaoké. Hors de question pour elle de se saouler mais profiter de l'ambiance chaleureuse aurait pu lui ramener un semblant de sourire mais il fallait croire que ce soir, tout jouait contre elle. Peu de personnes s'y trouvaient et le peu qui s'y trouvait partit rapidement au bout des deux heures qui suivirent son arrivée. Lasse, elle resta sur place, dans son coin, buvant cocktails sur cocktails. Aux alentours de 1 heure du matin, le pianiste prit à son tour congé. Il ne restait que deux personnes dans le bar en dehors du serveur. Pour éviter de sombrer dans l'ennui, Chris préféra plonger dans une mélancolie douce-amère en s'installant au piano. Les notes commencèrent à envahir le bar plongé dans le silence quelques secondes plus tôt, depuis le départ du pianiste et les larmes roulèrent sur les joues de la jeune femme, la musique parlant mieux qu'elle, respirant la tristesse et le désespoir le plus profond.

*Quelques notes de musique, quelques mots suspendus aux bouts des lèvres… Véritable caresse, le piano extirpa, plus ou moins, Maxime du brouillard éthylique dont lequel il s’était lové. Se redressant avec difficulté, le new-yorkais tendit l’oreille, à la recherche d’une mélodie familière. S’il restait habituellement discret sur l’intérêt qu’il pouvait porter à la musique et au chant au sein du lycée, il n’en restait pas moins un fervent amateur. Pourquoi ? Eh bien, comme certains peuvent d’ores et déjà le deviner, Maxime évite les conflits. Toutes ces histoires de rivalités entre glee clubs lui donnaient le tournis… Pas question qu’il s’en mêle. Alors, il avait conservé, à l’abris de tous, cette petite caractéristique pourtant si chère à ses yeux.
Mais revenons à nos [no)ivrognes[/no] moutons. Telle une victime du joueur de flûte de Hamelin, Maxime se souleva à la manière d’une marionnette de chiffon. La tête lui tournait et ses jambes manquaient de se dérober à chacun de ses pas. Alors, comme un naufragé à la mer, Maxime, dans son périple, s’agrippait au mobilier présent. *

«You say goodbye in the pouring rain…»

*Dans un souffle, Maxime laissa s’échapper de sa bouche avinée les paroles de la chanson de Hurts « Stay » . Il avançait envers et contre tout. Seule la mélodie, seule trace de vie dans le bar, était son guide.*

« … AND I BREAK DOWN AS YOU WALK AWAY ! »

*Maxime, arrivé à bon port, agrippé au piano, chantait à tue tête, les yeux fermés, les traits tirés en une supplication musicale. Une fois son couplet terminé, il s’affaissa aux côtés de Chris, devant le piano. Sans lui jeter un regard, il leva un doigt à l’attention du barman.*

« Un autre de vos grands crus je vous prie. »

*Se tournant à présent vers Chris, les yeux vitreux, les joues rougies, il lança à son attention.*


« Ce qui me manque, ce n’est pas l’alcool mais l’ivresse. »

*Puis, réalisant que cette couleur de cheveux, ce visage lui étaient familiers*

« Mais… Nom de Shakespeare… »

*Ses yeux s’agrandirent, sa bouche se tordut avant de cracher comme un venin*

« Vous êtes l’espionne zélée de Sue Sylvester ! »

*… Maxime était bien à côté de la plaque. Mais je vous l’accorde, l’alcool ne fait pas tout. En réalité, Maxime n’avait jamais vraiment prêté attention à Chris. Trop occupé par ses copies, James i tutti quanti. En réalité, l’unique fois où il avait remarqué Chris, c’était lors d’un déjeuner de professeurs où il se souvient d’avoir vu Sylvester chuchotait quelques mots à l’oreille de Chris. Une scène qui pouvait paraître anodine pour le commun des mortels… Pas pour Maxime qui exécrait Sylvester et qui nourrissait une paranoïa sans bornes à son égard.*

La nostalgie avait totalement envahi Chris dès lors que la mélodie qu'elle jouait étalait ses notes dans l'air, lui rappelant les moments où c'était Matthew qui jouait pour elle et lui apprenait à jouer également. La douleur de ce souvenir vivace, malgré les mois passés depuis sa mort, était tellement présent dans son esprit qu'elle le revivait presque, s'imaginant qu'il allait passer sa tête, un air indigné sur son visage et qu'il allait venir corriger ses fausses notes. Mais non, il ne viendrait plus jamais et il n'aurait plus son air indigné, n'étant plus là pour elle, jamais plus.

Tu n'es qu'une idiote, Chris, pensa t'elle, essuyant ses larmes d'un geste furieux de la main. Elle n'avait pas le droit de pleurer. Après tout, elle avait le plus merveilleux cadeau qu'il lui avait laissé avant de partir : son enfant qui grandissait en elle et qui verrait le jour à l'arrivée du printemps. Pour "elle", la jeune femme ne pouvait plus se montrer triste, se devant d'être une battante et une mère exemplaire malgré la peine. Ce fut alors qu'elle eut un sursaut en entendant la voix avinée d'un homme qui s'approchait d'elle, en chantant à tue tête. Fronçant les sourcils en entendant ce qu'il disait, elle l'observa quelques secondes avec les larmes qui embuaient ses yeux puis le reconnut comme étant un de ses collègues, professeur d'anglais au lycée. Bien que cela aurait dû lui être égal, elle ne pouvait pas le laisser dans cette situation. Quoi qu'il ait pu se passer dans sa vie, se réduire à un tel état de loque humaine n'était vraiment pas la meilleure des choses.

Je pense que pour l'un et pour l'autre, vous avez pourtant tout ce qu'il vous faut en ce moment., répondit elle, l'aidant tant bien que mal à rester assis près d'elle. Les relents d'alcool qui s'échappaient de son haleine lui donnaient presque la nausée mais elle préféra se taire plutôt que de critiquer son collègue qui venait de réclamer un autre verre au barman. Nouveau sursaut lorsqu'elle l'entendit crier et la désigner du doigt comme l'espionne zélée de Sue Sylvester. Devant une telle accusation, Chris ne put s'empêcher d'être stupéfaite.

Comment ça l'espionne zélée de Sue?? Non mais vraiment, ça va pas chez vous ou quoi? D'ailleurs, qui espionnerais je, d'après vous? Et dans quel but? La seule fois où j'ai parlé avec Sue, c'était quand elle m'a dit que le proviseur voulait me parler concernant mon congé maternité. Et ça, bien évidemment, avec ses remarques habituelles..... se justifia t'elle, vraiment indignée de devoir le faire.