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 04. Être ou ne pas être

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MessageSujet: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptyMar 4 Jan - 5:24

Le vendredi était la journée de cours préféré d’Edena Penelope Miller. La journée était en apparence bien banale. Un cours de littérature commençait sa journée. Aussi loin que la jeune demoiselle pouvait s’en rappeler, elle avait toujours aimé la lecture. Il fallait aussi admettre que l’enseignante qu’elle avait dans le cours de littérature était aussi pour quelque chose. De manière générale, Edena était davantage une fille de science naturelle qu’une fille de lettre et de science humaine. Désirée Cravy était exactement le genre d’enseignante qu’elle aimait. Passionnée par sa matière, elle avait un don pour vulgariser sa matière. Bref, la journée commençait avec le cours de littérature pour s’enchainer avec les cours de mathématiques, de biologie et de physique. Pour quiconque qui n’était pas Edena, cette journée représentait probablement l’enfer. Mais pour Edena, cette journée était l’une des préférées puis qu’elle enchainait ses cours préférés. C’était une belle manière de finir la semaine à ses yeux. Il est parfois étrange de constater que le hasard fait parfois très mal les choses.

Il se trouvait que ce vendredi gris de la mi-décembre était la journée qui avait été déterminée par l’armée pour le retour en sol américain du corps d’Alexander. Edena n’avait pas trouvé la force de filer en cours. Elle aurait bien pu se pointer au cours de littérature de madame Cravy et elle avait de la route à faire pour Toledo où était posté l’aéroport et la caserne. Il y avait de la paperasse à remplir et un corps à porter en terre. Avec son copain, elle y était allée une fois. Pour un ami d’Alexander. Ce n’était toujours pas la même histoire quand il s’agissait du corps d’un proche plutôt que de quelqu’un que l’on avait vaguement aperçu dans un party. Même si elle se forçait en fait, Edena n’était pas capable de se convaincre qu’elle avait hâte. Le deuil était moins dur à faire avec l’arrivée du bébé qu’il fallait planifier. Mais il resterait que le bébé grandirait sans un père. Et cette idée effrayait un peu l’étudiante. Elle se considérait comme étant chanceuse d’avoir des parents aussi compréhensifs et aussi tolérants. Emmitouflée dans son grand manteau noir, un foulard et des mitaines assorties dans des teintes de rouge, la jeune demoiselle prit la route dans la caravane familiale. Pendant tout le trajet, elle ne parla pas. Une idée qui était assez opposé à celle de la jeune demoiselle. La musique jouait. Elizabeth, sa mère, et Eric Porter, son frère ainé établi dans le même conté n’avaient pas parlé du trajet.

En arrivant, Edena avait été assez heureuse de constater qu’Elliot Parker et Evan Pierce avaient réussis à se déplacer. Alignés sur la liste de membre de la famille des soldats qui avait été emporté en même temps qu’Alexander, la famille entourait la jeune femme. Au son des cors solennels, entouré par des soldats en habit de parade et du gouverneur de l’État, le corps fut sorti avec le drapeau américain sur le cercueil. Il neigeait doucement. Des larmes roulèrent sur les joues de la jeune femme. Le gouverneur lui serra la main en glissant quelques mots impersonnels sur l’homme avec qui elle avait partagé plus de 5 ans d’amour. Tout cela lui semblait si absurde. Le diner en famille fut légèrement silencieux et dans un petit restaurant. Edena serrait le drapeau dans ses bras. Elle se sentait fatiguée et vidée de toute émotion, sans avoir pleuré. Après avoir fait un câlin à ses deux grands frères et à leurs femmes, la jeune demoiselle reprit la route. Edena ne parla pas plus sur le trajet du retour. Elle était fatiguée. Mais elle avait de la lecture à reprendre. En arrivant à la maison, la jeune femme prit son sac à dos. Un petit mot à sa mère, elle s’en alla au Starbuck. Elle avait envie d’être seule mais entourée de gens qu’elle ne connaissait pas nécessairement. Le Starbuck Coffee était à ses yeux l’endroit idéal. Elle se prit une place sur le bord de la fenêtre à l’entrée du café. Son manteau posé sur le banc, elle ouvrit son sac et sortit le livre de littérature, Othello. Cette pièce de Shakespeare était sans contredit l’une des préférées de la jeune demoiselle. Le livre était usé, preuve qu’au moins un de ses frères l’avait lu avant elle. Après s’être commander un chocolat chaud, la jeune demoiselle s’assit en place et commença la lecture où elle l’avait arrêter la dernière fois. Elle en était à l’acte trois.


«Être, ou ne pas être, c'est là la question. Y a-t-il plus de noblesse d'âme à subir la fronde et les flèches de la fortune outrageante, ou bien à s'armer contre une mer de douleurs et à l'arrêter par une révolte ?. Mourir... dormir, rien de plus ;... et dire que par ce sommeil nous mettons fin aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles qui sont le legs de la chair : c'est là un dénouement qu'on doit souhaiter avec ferveur. Mourir... dormir, dormir ! peut-être rêver ! Oui, là est l'embarras. Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort, quand nous sommes débarrassés de l'étreinte de cette vie?»

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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptyMar 4 Jan - 19:02

Les vendredis étaient les jours préférés de Désirée. Pourquoi ? Non mais sérieusement, qui pose encore ce genre de questions. (QUI ?) La blonde adorait tout simplement le week end. Oh, elle n'était pas du genre à travailler non stop et à préparer ses cours et à corriger des copies … Elle aimait bien ses élèves, mais il y avait des limites. Non, c'était le week end et elle allait enfin pouvoir se détendre, écrire, manger un bol de nouilles en regardant la télévision jusqu'à 3 heures du matin et écrire. Vous remarquerez qu'à aucun moment Désirée ne songeait à sortir avec des amis ce week end. Tout d'abord, elle était légèrement asociale sur les bords et ensuite … Elle ne voyait vraiment pas avec qui elle aurait pu faire des plans. Avec Emma ? La rouquine semblait un peu l'éviter depuis leur soirée tequila, sûrement parce que Carl n'avait pas vu d'un bon oeil leur petite soirée entre filles … Sûrement. Avec Ashton ? Très, très mauvaise idée, si elle voulait garder les choses "professionnelles" entre eux, c'était une mauvaise idée. Et puis il devait avoir des tas de choses à faire en plus … Et pourquoi songeait-elle au professeur de biologie alors qu'elle avait son premier cours de la matinée dans cinq minutes ? On ne le saura jamais car la blonde filait déjà vers sa salle de cours.

Le cours fut lent et mou. Tous les élèves ne pensaient plus qu'au week end et Désirée ne savait pas pourquoi mais il manquait quelque chose. Elle tenta de les motiver : non Guerre et Paix de Tolstoï n'était pas barbant ! Elle ne leur demandait qu'une analyse globale du roman au vu de la lecture du premier chapitre, non personne ? Tant pis, pensa Désirée en laissant sortir les élèves, cet ouvrage ne devrait plus faire parti de son programme. Mais il restait encore tous les auteurs français, le romantisme d'Austen, les fantaisies de Wilde et l'horreur de Poe ou encore celle de King. Oui, cela devrait très certainement les intéresser.

C'est dans cette atmosphère de flemme générale que Désirée acheva sa journée. Et elle ne put s'empêcher de pousser un soupir en grimpant dans sa voiture. Bon sang ! Enseigner était beaucoup plus prenant qu'elle ne l'aurait cru, elle avait juste pris ce poste pour se distraire et maintenant … Il occupait une part importante dans sa vie … Très importante. La blonde se prit la tête entre les mains : pourquoi se poser des questions existentielles un vendredi soir ? Une chose était certaine, il lui fallait un café, là tout de suite. Elle démarra sans plus de cérémonies et s'arrêta quelques minutes plus tard devant Starbucks.

Désirée ne fit pas une entrée des plus discrètes : trench coat noir et talons aiguilles qui claquaient sur le parquet … Non franchement, pas discret du tout. Mais en même temps la blonde s'en moquait un peu, un sourire aux lèvres. Sourire qui s'agrandit quelques secondes plus tard lorsqu'elle eut son white mocha latte avec supplément de chantilly entre les mains. Celui qui avait dit que l'argent ne faisait pas le bonheur ne savait vraiment pas où acheter son café. Désirée chercha une table du regard lorsqu'une voix attira son attention. Le monologue d'Hamlet, elle l'aurait reconnu dans son sommeil. La blonde s'approcha furtivement de la jeune fille et termina :


" Voilà qui doit nous arrêter. C'est cette réflexion-là qui nous vaut la calamité d'une si longue existence. Qui, en effet, voudrait supporter les flagellations, et les dédains du monde, l'injure de l'oppresseur, l'humiliation de la pauvreté, les angoisses de l'amour méprisé, les lenteurs de la loi, l'insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite résigné reçoit d'hommes indignes, s'il pouvait en être quitte avec un simple poinçon ? Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner et suer sous une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette région inexplorée, d'où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté, et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous lancer dans ceux que nous ne connaissons pas ?" Puis elle ajouta : "Et blablabla, mais la dernière partie est la moins intéressante selon moi !"

Désirée la connaissait, c'était Edena Miller, elle suivait son cours de littérature et elle n'était pas là ce matin. Voilà donc ce qui manquait à son cours. Oui, car Edena était une très bonne élève, qui aimait la lecture un peu comme … Un peu comme Désirée en fait.

"Tu n'étais pas en cours ce matin, tu veux me dire pourquoi ?"

Elle avait pris un ton autoritaire mais elle eut un rire avant d'ajouter :

"Je plaisante, je ne suis pas là pour te juger ou quoi que ce soit … Mais j'ai l'impression que tu es la seule qui écoute mon cours, et crois moi, j'avais bien besoin de ton aide ce matin."

Sur ce, sans même demander la permission, Désirée s'installa en face d'Edena, sirotant tranquillement son café.

"Alors comme ça tu aimes le théâtre ? J'aurais dû m'en douter …"
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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptyMer 5 Jan - 16:43

Assise sur le bord de la fenêtre près de la porte, Edena sentait le froid qui s’engouffrait à chaque entrée et à chaque sortie dans le café. Fort heureusement, avec son grand foulard rouge, le froid ne semblait pas atteindre la jeune demoiselle. Même si elle lisait, elle entendait chaque entrée, chaque sortie. En fait, elle aimait beaucoup les cafés pour la raison que l’on assistait toujours à des discussions entre des personnes. Cela pouvait lui permettre de penser sans réellement se préoccuper des autres. Et le bruit ambiant pouvait même pousser la divagation. La jeune demoiselle ne pouvait s’empêcher en restant assise en indien en réfléchissant à sa relation avec son amant qui n’était plus aujourd’hui. Elle avait partagé avec Alexander plus de cinq ans de sa vie. Cela pouvait paraitre comme peu, mais pour une jeune femme de 19 ans tout juste, c’était quelque chose d’immense. C’était plus du quart de son existence. Un quart de ses Noël, un quart de ses anniversaires. Elle n’avait jamais eu une mauvaise phase dans un couple. Si l’âme sœur existerait, Alexander avait probablement été le sien, son premier grand amour. La jeune demoiselle redressa la tête quand le courant froid lui frotta dans le dos. Un bruit de talon haut et un trench noir fit relever les yeux de la jeune demoiselle du livre. Désirée Cravy fit son entrée dans le Starbuck’s Coffee. Edena n’avait pas envie de parler. Elle se replongea donc dans la lecture du fameux acte à voix basse. Elle lisait doucement quand la voix se joignit à la sienne. Edena se tait en relevant la tête.

« Voilà qui doit nous arrêter. C'est cette réflexion-là qui nous vaut la calamité d'une si longue existence. Qui, en effet, voudrait supporter les flagellations, et les dédains du monde, l'injure de l'oppresseur, l'humiliation de la pauvreté, les angoisses de l'amour méprisé, les lenteurs de la loi, l'insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite résigné reçoit d'hommes indignes, s'il pouvait en être quitte avec un simple poinçon ? Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner et suer sous une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette région inexplorée, d'où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté, et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous lancer dans ceux que nous ne connaissons pas? Et blablabla, mais la dernière partie est la moins intéressante selon moi !»

«Personnellement, j’aime beaucoup la fin de ce monologue. Elle est triste mais terriblement jolie.»

En fait, plus elle y pensait, plus Edena n’avait pas choisi ce livre pour le plaisir. Hamlet n’avait jamais vraiment été sa préférée de Shakespeare. Elle lui avait toujours préféré Othello et Roméo & Juliette, deux plus grands classiques littéraires, à son humble avis. Selon elle, c’était à cause d’Alexander qu’elle avait choisi cette pièce. Elle l’avait vu avec lui avant le premier déploiement. Madame Cravy savait-elle pour Alexander? La jeune demoiselle ignorait si une grande quantité de gens savait que le soldat américain qui était mort en Afghanistan deux semaines auparavant suite à l’explosion d’une mine anti-personnelle était en fait son copain. Peu de gens savaient que son copain était un militaire. On savait pour son frère et pour son père. Mais son copain était un jeune homme dévoué et totalement en amour avec sa patrie. Il était au moins mort en faisant ce qu’il aimait.

«Tu n'étais pas en cours ce matin, tu veux me dire pourquoi? Je plaisante, je ne suis pas là pour te juger ou quoi que ce soit … Mais j'ai l'impression que tu es la seule qui écoute mon cours, et crois moi, j'avais bien besoin de ton aide ce matin.»

«Croyez-moi madame… j’aurais réellement préféré être dans votre cours plutôt que dans un aéroport militaire à Toledo. J’avais intention de venir vous voir lundi pour savoir ce que j’ai manqué.»

Les yeux de la jeune fille étaient humides. Elle ne voulait pas pleurer, pas maintenant. Pas devant une enseignante. Elle avait eu trop de brisures dans son apparence devant des enseignants. Mais les hormones de grossesse n’aidaient pas à contrôler les émotions. Edena prit une longue gorgée de chocolat chaud en espérant que la chaleur du breuvage pourrait la calmer. La jeune demoiselle prit un signet et le posa suite au monologue de la première scène du troisième acte. Elle déplia ses jambes pour s’assoir un peu plus détendu en mettant le livre dans le sac à dos sans le cahier de note de cours qu’elle laissa tombé.

« Alors comme ça tu aimes le théâtre ? J'aurais dû m'en douter…»

«Suis-je si prévisible? Quand j’étais à Chicago, j’y allais une fois par année avec mes parents. Généralement pour ma fête.»

Edena sourit doucement. Une moue humide. Mais un de ses rares sourire depuis qu’elle avait eu l’annonce. Un sourire comme celui qu’elle avait eu lors de la première échographie. Celle où elle avait eu la chance de voir le cœur du bébé battre et même de l’entendre battre à tout rompre. En fait, le sourire de la première échographie avait été beaucoup plus franc, beaucoup plus honnête parce qu’elle avait eu l’impression de pouvoir sentir Alexander collé contre elle, ancrée en elle. Il était si doux de savoir qu’il était encore vivant parce qu’il était dans le ventre de la jeune demoiselle une petite partie du jeune homme resterait vivant dans l’enfant que juste sa famille et quelques amis proches savaient qui allait naître. Elle en avait besoin et elle le savait.
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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptySam 8 Jan - 19:04

Pour Désirée, le théâtre, la lecture et l'écriture allaient de paire. Pour elle, c'était même naturel d'aimer un de ses trois arts et de forcément se diriger un jour ou l'autre vers les deux autres. La blonde lisait et écrivait activement, elle n'avait plus qu'à écrire sa propre pièce de théâtre et hop ! le tour serait joué. Peut être … Oui, peut être que Désirée le ferait un jour … mais d'abord il fallait qu'elle réussisse à finir son premier roman. Chose plus que difficile à faire. Ce n'était pas le manque d'inspiration non, c'était principalement le manque de temps et les soucis apportés par la vie de tous les jours et par son job qui l'éloignaient principalement de son oeuvre. Et pendant les vacances, c'était encore pire car la blonde était alors véritablement occupée.

Enfin, ne parlons pas des choses qui fâchent, Désirée profitait d'un petit moment de détente avec une de ses élèves préférée, Edena. Edena qui n'avait pas l'air en très grande forme d'ailleurs, elle semblait être triste. Désirée, contrairement à sa grande habitude, allait faire preuve de tact et ne pas trop lui poser de question sur ce sujet. Après tout, Edena n'était que son élève et elle pouvait se sentir légèrement gênée en sa présence, parce qu'après tout … Qui aimait vraiment se confier à un professeur ? Bon, même si Désirée se considérait comme très cool et plus que sympa, tout le monde n'était pas forcément de son avis. Aussi, elle posa sa tasse de café, avant de continuer de parler d'un sujet qui les passionnait toutes les deux.


"Je suis également une fan de théâtre mais cela va faire des années que je n'ai pas vu une vraie représentation. La dernière pièce que je dois avoir vu c'était The importance of being Ernest de Wilde, c'est juste ma pièce préférée."

Et Désirée n'exagérait pas, elle avait dû voir la pièce au moins une vingtaine de fois. Au moins … Mais en même temps, quand on était fan, on ne comptait pas. C'était aussi à cette même époque qu'elle avait décidé de devenir écrivain, qu'elle avait effectué un voyage en France avant de rentrer au bercail et d'obtenir sa licence de littérature. Aaaah … que de folles années.

"Mais je vois que tu préfères Shakespeare, c'est tout à ton honneur, même si je le trouve un peu trop classique. J'ai besoin qu'une pièce de théâtre me fasse autant rêver et voyager qu'un roman… Mais ce n'est que mon avis en même temps … "

Chacun ses goûts, chacun ses préférences en somme. Mais il ne fallait pas non plus oublier qu'Edena était une très bonne élève, excellente même. Désirée se demandait ce que la jeune femme allait faire par la suite. Poursuivre ses études était certes important, mais partir à la découverte du monde aussi … Oh … de toute façon, elle avait encore un peu de temps pour y réfléchir …

" Honnêtement, tu n'as pas manqué grand chose. Personne n'était très motivé en cours aujourd'hui, je crois que je vais juste laisser tomber Guerre et Paix et passer à autre chose … "

Désirée termina sa phrase avec un petit sourire avant de se repencher vers son café. Il fallait qu'elle trouve autre chose pour la vingtaine d'élève de dernière année qui avait choisi de suivre son cours, histoire qu'elle leur laisse un bagage littéraire assez conséquent. Ils avaient déjà étudié Alice in Wonderland, The Picture of Dorian Gray et quelques poèmes de Baudelaire. Il fallait également que la blonde leur laisse quelques notions des célèbres poèmes épiques d'Homère. Elle pouvait déjà voir ses élèves s'endormir sur les tables, mais c'était ainsi, en terminale, on voyait les textes les plus difficiles.

"Il faudrait juste que je trouve un autre moyen de tous vous motiver … C'est dur de trouver de bonne adaptions des romans que je voudrais vous faire étudier. Il faudrait que je tourne mon propre film ou que je monte ma propre pièce de théâtre …"

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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptyMer 12 Jan - 17:31

Edena avait beau être assise au beau milieu du Starbuck Coffee, son esprit était à des milles. Elle pensait à Alexander, au bébé, à son père qui n’avait jamais été blessé à la guerre en plus de 35 ans de carrière militaire, à son frère qui avait perdu son meilleur ami, à Alexander qui ne reviendrait pas, au drapeau qu’il y avait dans son sac, à son frère qui était en fauteuil roulant, à son plâtre de bassin, à Alexander, et cetera. Elle en revenait toujours à son prince charmant. Avait-il souffert? Avait-il agonisé longuement? Elle n’osait pas en parler avec son père et son frère qui étaient encore eu front. Elle avait grandi dans une famille patriotique. Dans ses ancêtres, il y avait toujours eu des militaires qui se battaient pour l’image des Amériques fortes. Elle passa doucement une main sur son ventre. Ce n’était pas avec cet enfant qu’elle continuerait la tradition. Son bébé n’ira pas mourir à la guerre. Elle en avait trop perdu avec Alexander. Son cœur ne survivrait pas à la perte d’un autre être cher. Il n’y avait pas assez de docteur là-bas pour les nombreux militaires et civils qui y mouraient dans une lutte sans aucune merci. À quoi servait l’ensemble de ses vies perdues? À faire des États-Unis un pays plus sûr? Sûr pour qui? Pas pour toutes ses veuves, tous ses veufs, tous ses enfants orphelins, tous ses parents sans enfants qui se feraient dire que leurs pères, leurs mères, leurs époux et leurs enfants étaient morts en héros pour une noble cause.

« Je suis également une fan de théâtre mais cela va faire des années que je n'ai pas vu une vraie représentation. La dernière pièce que je dois avoir vu c'était The importance of being Ernest de Wilde, c'est juste ma pièce préférée." »

« La dernière que je suis allée voir date d’Octobre. C’était mon copain qui avait payé les billets. C’était un vaudeville, ses pièces préférés sont… étaient des vaudevilles. Boeing-Boeing était le titre… une superbe distribution classique.»

Elle se gardait de rajouter qu’elle se rappelait du trajet jusqu’à Columbus dans les moindres détails. Qu’elle se rappelait avec exactitude de l’odeur, de la discussion qu’ils avaient eue dans l’automobile où ils avaient parlé de la vie après qu’il ne soit revenu d’Afghanistan… de la vie avec le bébé. Edena se pencha pour prendre le chocolat chaud. Il n’y aurait pas d’autre retour d’Afghanistan… pas de partage du tout petit trois et demi avec lui et le bébé. Rien de tous ses plans que le petit couple avait fait. La jeune demoiselle ferma longuement les yeux. Ne pas pleurer devant la prof. Ne pas pleurer pour ne pas avoir à s’expliquer. Le vaudeville avait été particulièrement bon. À son souvenir… un peu comme les opéras-bouffes qu’elle avait poussé son copain à voir.

« Mais je vois que tu préfères Shakespeare, c'est tout à ton honneur, même si je le trouve un peu trop classique. J'ai besoin qu'une pièce de théâtre me fasse autant rêver et voyager qu'un roman… Mais ce n'est que mon avis en même temps … »

« Shakespeare n’est pas mon préféré… je préfère les auteurs peu connus… J’étais un peu nostalgique… je suis un peu nostalgique. »

Son auteur préféré avait toujours été un étrange mélange entre Edgar Allen Poe et Virginia C. Andrews. Elle lisait rarement du théâtre pour le plaisir en fait, bien qu’elle avait souvent lu les pièces signées par Eugène Ionesco. Elle prit son chocolat chaud et en but une longue gorgée. Il y avait beaucoup de chose avec la grossesse qu’elle ne pouvait plus manger mais pour une obscure raison, le chocolat chaud passait encore sans les nausées.

« Honnêtement, tu n'as pas manqué grand-chose. Personne n'était très motivé en cours aujourd'hui, je crois que je vais juste laisser tomber Guerre et Paix et passer à autre chose …»

« J’aimais bien Guerre et Paix. C’est dommage de le laisser tomber… mais j’avoue que dans le tutorat, il était probablement l’un des plus dur à analyser par certains qui ne sont pas… disons d’un bon niveau. »

Il fallait dire qu’avec son boulot de tutrice, elle avait eu la chance de voir des jeunes qui avaient plus de difficulté qu’elle dans la matière de Miss Cravy. Elle avait vu certains de ses élèves qui avaient vraiment eu de la misère à suivre les relations des personnages dans chacune des parties du roman assez imposant de la littérature russe. Elle avait beau beaucoup aimé le roman pour sa part et était même en avance dans son analyse, sa manière à elle gérer sa peine et sa frustration.

« Il faudrait juste que je trouve un autre moyen de tous vous motiver … C'est dur de trouver de bonne adaptions des romans que je voudrais vous faire étudier. Il faudrait que je tourne mon propre film ou que je monte ma propre pièce de théâtre… »

« Nous faire monter du théâtre pourrait motiver, non? Cela modifierait l’idée conçue de l’étudiant assis et de la prof qui lance de la matière. Ça donnerait un côté interactif au cours… non pas que j’aille l’idée que votre cours soit comme ça… mais d’autres étudiants pensent comme ça. »

La phrase avait jaillit spontanément et avec bonheur de la bouche d’Edena. Elle ne voulait pas insulté l’enseignante. Mais secrètement, Edena avait toujours rêvée de jouer au théâtre. Elle avait fait des récitals de piano quand elle était plus petite. Mais avec son amour de la langue de Shakespeare, elle avait toujours souhaité jouer sur une scène. Mais elle savait que dans quelques mois, il lui serait particulièrement difficile de trouver un costume. Si au cours des deux premiers mois ou presque de sa grossesse, elle n’avait pas encore pris de poids, elle savait très bien que la situation ne serait pas ainsi pendant l’ensemble de sa grossesse. Elle finira par devenir grosse… mais cela ne la dérangerait pas. Elle serait pleine de vie, à ses yeux peu importe ce que les autres en diraient.

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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptyDim 23 Jan - 15:18

Qui aurait cru que Désirée croiserait son élève préférée en se rendant innocemment à Starbucks ? Certainement pas elle, mais cela lui faisait du bien, de juste être assise et de boire du café (de très bon qualité soit dit en passant). Peut être que la blonde était juste nostalgique dans le fond, peut être que voir Edena ne faisait que lui rappeler ce qu'elle était à dix-neuf ans. Une chose était certaine, elle n'était pas aussi calme et posée qu'Edena, c'était certain et elle se faisait beaucoup plus remarquer en cours, et pas forcément pour les bonnes raisons. Oui, elle aussi elle avait eu dix-neuf ans avec des rêves et des ambitions pleins la tête. Désirée but une gorgée de plus de son café, toujours dans ses pensées. Est-ce que tout ceci était derrière elle ? Pas vraiment, mais il fallait dire qu'il s'en était passé des choses depuis le temps. Elle avait obtenue sa licence de littérature, avait eu le temps de faire le tour du pays en voiture avec seulement une centaine de dollars dans son sac, était partie s'installer à New York pour voir ses poèmes refusés par toutes les grandes maison d'édition de la ville. Oui, il s'en était passé des choses depuis ses dix-neufs, une seule chose n'avait pas changer : son goût pour la lecture. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle avait décidé de devenir professeur, ça et le fait qu'elle adorait être en contact avec les gens … (Enfin les jours où elle était de bonne humeur et où elle avait eu son café.)

"J'aime aussi Guerre et Paix, mais enfin je crois que je peux comprendre les élèves … Quand j'avais votre âge, je détestais ce livre, je le trouvais beaucoup trop gros et beaucoup trop barbant. Et cette impression m'est restée très longtemps … J'ai dû lire le bouquin sept fois avant de vraiment tomber sous le charme."

Et puis il fallait dire que l'oeuvre n'était pas facile, et elle était extrêmement longue, enfin … que de mauvaises raisons pour ne pas la lire ! Mais Désirée était ravie de savoir qu'Edena partageait ses goûts littéraires, encore un point en commun, décidément, qui avait dit qu'il était impossible de s'entendre avec ses élèves, qui ? Et en plus, Edena semblait ne pas trouver son idée de monter une pièce de théâtre totalement ridicule. Désirée était rassurée : elle se disait toujours qu'aucun élève digne de ce nom serait un tant sans peu motivé, mais visiblement elle se trompait. Mais en réalité, il ne s'agissait pas d'une pièce de théâtre déjà écrite par les auteurs étudiés en classe, la blonde pensait plutôt à une pièce de théâtre écrite par ses soins. Une comédie musicale plutôt, et une adaptation un peu moderne d'Alice au Pays des Merveilles avec des chansons de Queen et de Lady Gaga … Mais c'était juste une idée comme ça qui le trottait dans la tête … Et oui, même Désirée pouvait être timide pour certaine choses.

"Oui, je pensais à une pièce de théâtre mais là encore, je pense que cela risque d'en effrayer plus d'un. Je veux dire, pour certains le théâtre est encore perçu comme quelque chose de très … chiant, à défaut d'un meilleur terme. Non, ce qu'il faudrait faire, c'est vous faire tourner des petites vidéos, où vous incarneriez vos personnages, je suis certaine que cela plairait à beaucoup de monde."

Ce serait déjà un bon début, histoire de se réconcilier avec la génération Youtube/Twitter et autres. Pour sa part, Désirée n'utilisait aucun de ses sites, son ordinateur lui servant uniquement pour écrire, taper ses cours et envoyer des mails à ses mères, un point c'est tout.

"Quoi que … avec tout ce qui se passe avec les chorales, mon idée risque de passer un petit peu inaperçue."

Et c'était déjà un obstacle de taille, avec déjà deux chorales, qui allaient se soucier d'elle et de sa pauvre pièce de théâtre.

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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptySam 29 Jan - 0:54

D’où provenait l’étonnante maturité d’Edena Penelope Miller? Elle-même se posait souvent cette question. Selon elle, tout remontait à l’accident de voiture du temps où elle vivait à Chicago. Tout pouvait remonter à cette journée où la voiture avait dérapée sur de la glace noire, avait fait des tonneaux et était allée s’écraser contre un poteau. Edena avait manqué de l’école. Un de ses frères avait perdu l’usage de ses jambes à tout jamais. Quelques mois après, pendant qu’elle était en réhabilitation, le meilleur ami d’un de ses frères s’était pris une balle en plein cœur pendant un affrontement entre des gangs de rues. Indirectement touchée, la famille avait commencé à s’impliquer encore plus et à prendre plus de responsabilité. Avec le temps, Edena s’était rendu compte que d’avoir des responsabilités lui plaisait. Elle avait réalisé, à douze ans, que pour avoir des responsabilités, il fallait être mature et ne pas hésiter à se sacrifier pour les personnes dans lesquelles nous croyions. Alors, elle avait appris à travailler fort pour réussir. Et elle avait toujours aimé l’école à cause de sa grande curiosité et de sa facilité à comprendre les mathématiques et les notions complexes de sciences. L’idée d’aller en médecine n’était pas totalement absurde à ses yeux. Elle s’était imposée d’elle-même. Elle aimait aider. Pouvait-on plus aider quelqu’un plus qu’en lui sauvant la vie? Edena en doutait.

« J'aime aussi Guerre et Paix, mais enfin je crois que je peux comprendre les élèves … Quand j'avais votre âge, je détestais ce livre, je le trouvais beaucoup trop gros et beaucoup trop barbant. Et cette impression m'est restée très longtemps … J'ai dû lire le bouquin sept fois avant de vraiment tomber sous le charme.»

«En fait, je ne sais pas vraiment pourquoi je suis attirée par ce roman. Peut-être est-ce juste parce qu’il montre la guerre d’une manière autre que je la connais dans mon entourage.»

Naturellement, Edena savait que c’était pour arriver. Elle s’était retenue pour avoir l’air de ses femmes fortes toute la journée. Elle avait pleuré un peu pendant que le corps rentrait sur cette terre où il reposerait à tout jamais. Mais elle savait qu’elle était pour craquer. Deux larmes chaudes roulèrent de ses yeux au moment où elle se mettait à parler de la guerre par rapport à elle. D’un geste brusque, elle les essuya. Elle ferma très fort les yeux, serrant les paupières, se répétant une fois de plus de ne pas pleurer, d’attendre d’être seule dans son lit pour craquer sous la pression. Elle les rouvrit. Aurait-elle l’air déplacée que de fuir vers les toilettes pour pleurer? Serait-il sémantiquement mal que de mentir pour cacher le fait que l’on était sur le bord de craquer? Que l’on avait peur? Que l’on était inquiet par rapport à quelque chose que l’on avait raison de trouver effrayant, de trouver isolant? Chose certaine, Edena ne voulait pas avoir de question sur ce qu’elle avait fait cet après-midi-là, tout comme elle ne voulait pas de question sur les larmes que l’on voyait immobile et prête à couler dans son regard.

« Oui, je pensais à une pièce de théâtre mais là encore, je pense que cela risque d'en effrayer plus d'un. Je veux dire, pour certains le théâtre est encore perçu comme quelque chose de très … chiant, à défaut d'un meilleur terme. Non, ce qu'il faudrait faire, c'est vous faire tourner des petites vidéos, où vous incarneriez vos personnages, je suis certaine que cela plairait à beaucoup de monde.»

«Un noble art, mais qui demande du travail qu’est le théâtre… C’est exactement comme la danse quand on y pense. L’idée des vidéos aussi est interessante… tout comme l’idée d’en faire des capsules. Vous savez écrire quelque chose sur nous… à la forme d’un monologue le filmer et le rouvrir quand nous serons plus vieux… avec des enfants… libérés des préjugés de l’adolescence. »

Elle ne put s’empêcher de penser que dans son cas plus vieille avec des enfants ne lui laissait qu’une marge de six ou sept mois. Dans certains pays, elle était déjà majeure. Mais aux États-Unis, il lui faudrait attendre jusqu’à ses vingt-et-un ans pour se dire officiellement adulte. Mais pourtant, à ses yeux, il lui restait six ou sept mois dans le monde des enfants et des adolescents. Avec un bébé, on ne peut plus être un enfant. On se doit d’être l’adulte, parce qu’une vie dépend de nous. Une vie toute neuve et sans aucune tache dont toute l’histoire reste à écrire.

« Quoi que … avec tout ce qui se passe avec les chorales, mon idée risque de passer un petit peu inaperçue..»

«Mais en l’inscrivant dans le cadre de votre cours, vous pourriez convaincre des élèves… pour plus de points au bulletin, non? Beaucoup sont prêts à faire beaucoup pour qu’une bonne université les remarque. En fait, je suis ce genre là… mais j’espère que je ne suis pas seule.»
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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptySam 5 Fév - 20:10

Peut être qu'Edena avait raison dans le fond, il suffisait juste de dire que cela apporterait des points en plus et une bonne appréciation et les élèves les plus motivés viendraient d'eux-mêmes. Désirée ne savait pas vraiment ce qu'elle attendait … Sa vie professionnelle n'était pas si excitante que cela, certes, elle appréciait beaucoup, voir même un peu trop son travail, mais rien de véritablement palpitant se passait dans ses cours, elle essayait tant bien que mal de transmettre une passion. Et sa vie personnelle … Un vrai désastre selon la blonde, peut être qu'elle tombait un peu dans le pathos mais bon : très peu, voir même trop peu, de contact humain, elle fuyait un homme qui pouvait potentiellement lui plaire et sa créativité … A part écrire des poèmes et des nouvelles, elle n'était bonne à rien ces temps-ci. Son roman en était au point mort et parfois elle avait juste envie de prendre la centaine de page qu'elle avait écrite et la balancer dans les toilettes. Mais Désirée le faisait rarement, se dit-elle en finissant son café. Elle posa sa tasse et fixa Edena, qui essayait en quelque sorte de lui faire savoir qu'il fallait qu'elle se lance. La blonde s'adossa à sa chaise avant de répondre.

"Oui … tu as raison je crois … Tu te rends compte que c'est moi qui devrait te donner des conseils et pas l'inverse ! C'est quand même hilarant … Cela prouve juste que tu as beaucoup de maturité pour ton âge."

C'est vrai qu'en entendant Edena parler, aussi sûr d'elle et aussi confidente, n'importe qui lui aurait donné quelques années de plus. Et c'était totalement faux de penser que la maturité était quelque chose que l'on obtenait avec le temps, Désirée le savait d'expérience. Elle connaissait beaucoup d'adultes qui en manquaient cruellement. Tant que l'on avait pas décidé soi-même de prendre ses responsabilités, rien ne pouvait nous y forcer tant qu'on ne décidait pas de vraiment s'y mettre et ça, en revanche, la professeur en savait quelque chose. Elle s'accouda, pensive à la table avant de finalement dire tout ce qu'elle avait sur le coeur.

"En fait tu sais ce que j'aimerais bien faire ? Ce serait à mi-chemin entre n'importe quel clip vidéo de youtube, une pièce de théâtre et une comédie musicale. Je voudrais juste prendre une pièce classique que tout le monde connaît comme Roméo et Juliette ou même Hamlet, et en faire une version un plus moderne. En changeant légèrement les dialogues, en mettant une ou deux chansons de Lady Gaga et de Queen dedans."

Désirée se voyait très bien sur ce genre de projet, parce que c'était à cent pour cent elle : un grand classique avec un ce léger petit côté décalé et un brin de folie. En plus, Roméo et Juliette était une pièce qui avait le dons de faire rêver les filles et enrager les garçons. Et même si ces temps-ci, c'était plus les vampires qui étaient à la mode, Désirée espérait qu'il y aurait quelques élèves qui seraient intéressés. Et pas forcément les élèves de la chorale …

"Il s'agirait juste de vous laisser vous exprimer parce que les oeuvres de Shakespeare touche tout le monde de près ou de loin, chorale ou pas …"

Enfin, c'était une idée comme un autre, Figgins, radin comme il était, ne la laisserait jamais se servir de l'amphithéâtre car il faudrait payer des frais supplémentaires . Sans compter qu'il faudrait se battre avec Bryan et Will pour obtenir un créneau horaire décent, elle avait déjà mal à la tête rien que d'y penser …
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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptyJeu 10 Fév - 1:37

Il se peut parfois qu’en temps qu’être humain, on se retrouve à un carrefour. Pris à la base de plusieurs choix à faire. Le chemin le plus simple peut se compliquer en cours de route. Mais il reste que la vie est une série de choix… une série de porte que l’on ouvre pour découvrir ce qui se cache derrière. Officiellement, Edena savait qu’elle était à un carrefour important de sa vie. Tout… tout dans sa vie dépendait des choix qu’elle allait posé dans les prochains mois. Irait-elle à l’université? Ce n’allait pas être facile avec un bébé dans les bras. Mais elle savait depuis 7 ans ce qu’elle voulait être. Chirurgienne. Rien de plus… Rien de moins. Depuis qu’elle avait eu l’accident de voiture. Devrait-elle travailler pour s’assurer de tout son cœur que son enfant ait la meilleure de toutes les vies possibles? Ses parents avaient-ils vraiment la patience pour la seconder… pas à pas avec un bébé? Devait-elle aller en appartement parce qu’elle devenait une mère? Elle était à la période de ses choix… comme pour savoir si dans un avenir plus proche, elle voulait un accouchement en milieu hospitalier ou un accouchement en maison de naissance. Devant cette montagne de choix, l’adolescente devait s’admettre perdue.
« Oui … tu as raison je crois … Tu te rends compte que c'est moi qui devrait te donner des conseils et pas l'inverse ! C'est quand même hilarant … Cela prouve juste que tu as beaucoup de maturité pour ton âge.»

«Disons que c’est une passe où je dois être mature… plus mature que d’habitude pour faire court comme situation. Parce qu’il faut apprendre à vivre malgré tout ce qui peut se passer. Walt Disney a un jour dit : Ne regardez pas en arrière. Allez de l'avant pour ouvrir de nouvelles portes, faire de nouvelles choses par curiosité. La curiosité nous fait découvrir de nouveaux chemins. C’est ce que j’essaie de faire.»
Disney avait été un grand homme à qui on avait reproché son imagination. Et pourtant, il était un génie. Edena aurait aimé avoir la moitié de son talent en dessin… mais non, c’était une fille de lettre et de science. Mais elle les admirait secrêtement tous ses artistes qui, par une phrase ou par un trait de crayon pouvait raviver en l’observateur des émotions qui étaient réellement imposante. Alors sous sa grande maturité, elle avançait, sans montrer sa fragilité. Parce qu’elle voulait qu’on la voit tout simplement comme une femme forte. Il fallait qu’elle soit mature pour ne pas craquer. Son deuil, il passait par le bébé. Par la vie qui continuait. Cette vie qui est imprévisible et imprévisible, heureuse et triste, encourageante et décourageante, solidaire et solitaire était ce qui laissait le gout de vivre à Edena. Quelque part, ailleurs, dans un avenir prochain, il y avait une suite de bonnes choses qui l’attendait. Ce n’était qu’une mauvaise passe. On se relève toujours des mauvaises passes encore plus forts qu’avant qu’elles ne se déroulent.
«En fait tu sais ce que j'aimerais bien faire ? Ce serait à mi-chemin entre n'importe quel clip vidéo de youtube, une pièce de théâtre et une comédie musicale. Je voudrais juste prendre une pièce classique que tout le monde connaît comme Roméo et Juliette ou même Hamlet, et en faire une version un plus moderne. En changeant légèrement les dialogues, en mettant une ou deux chansons de Lady Gaga et de Queen dedans.»

«Une version moderne branchera assurément une majorité d’étudiant, les textes de Shakespeare peuvent être lourds pour les étudiants… Si vous m’autorisez un conseil… Foncez madame… n’hésitez pas. La vie est courte… tellement courte... beaucoup trop courte pour ne pas profiter de toutes les folles idées qui vous passent par la tête.»
Sa voix était douce et calme… Elle pensait à Alexander sans le dire directement. La vie était trop fragile et les gens que l’on aime peuvent brusquement disparaitre sans nous prévenir. Combien de fois arrive-t-on réellement dans la vie? L’homme est malheureusement fait ainsi. On fait des plans pour l’avenir… on se dit que l’on sera heureux quand on sera dans ses bras… quand on aura un travail, quand on sera parent… mais quand prend-t-on le temps de se consacrer à ses rêves… à ses envies. Dans son ventre, il y avait un bébé qui ne grandirait pas avec son père. Bien sûr, elle avait des amis pour l’entourer. Des gens gentils qui feraient d’excellents tontons et tatas. Mais ce n’était pas un père. Edena savait qu’elle ne devait pas s’apitoyer sur son sort… parce qu’elle se réaliserait par le bébé et parce que la vie était trop courte pour se dire que l’on réaliserait ses rêves dans quelques années, parce qu’Alexander aurait voulu qu’elle se dévoue corps et âme pour leur boule d’amour… leur petit trésor en devenir.
« Il s'agirait juste de vous laisser vous exprimer parce que les œuvres de Shakespeare touche tout le monde de près ou de loin, chorale ou pas …»

«Nous sommes tous interpellé parce qu’il parle d’amour, d’interdit et de quête de soi… Ce sont les thèmes mêmes de l’adolescence qu’il évoque. Il est fait pour nous attirer sans le savoir au-delà de ses cases du lycée qui sont plus contraignante qu’autre chose.»
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MessageSujet: Re: 04. Être ou ne pas être   04. Être ou ne pas être EmptyVen 11 Fév - 19:30

Désirée n'en revenait pas que ce soit Edena qui lui donne des conseils et pas l'inverse. Elle avait l'impression de s'être ramollie avec le temps, non en fait, elle avait juste vieilli sans s'en rendre compte et s'était installée dans une routine des plus banales, sans plus prendre aucun risque. Peut être que c'était une bonne idée … Peut être que c'était une mauvaise idée, mais en tout cas, comme lui disait Edena il fallait qu'elle le fasse. Elle pouvait déjà entendre les critiques de Figgins qui lui disait que le lycée n'avait pas un tel budget, qu'il se ruinait déjà avec la chorale et avec les cheerios de Sue, alors il n'avait pas le temps pour ses balivernes. La blonde ne demandait pas la Lune … Non elle s'arrangerait et finirait bien par trouver quelque chose. Quelque chose qui mettrait tout le monde d'accord : Sue, les chorales, le principal et elle. Autant dire mission impossible. Désirée se mordit la lèvre inférieure rien que d'y penser. Là tout de suite, ce n'était pas vraiment pas le bon moment, non, surtout pas avec les Sectionnals qui approchaient. Non … Elle attendrait voilà tout ! Cela lui donnerait un peu le temps de travailler son futur script.

"En admettant que je le fasse. Cela ne sera vraiment pas maintenant. Je n'ai pas envie de me mettre certains prof de McKinley sur le dos, et je privilégierai les élèves qui n'ont pas d'activité extra-scolaire. Et je veux bien entendue que tu sois de la partie ! Mais hors de question de faire Roméo et Juilette, cela m'ennuierait vraiment de te voir jouer une morte … Je choisirai quelque chose de plus léger ! "

Oui, une pièce comique et non de la tragédie. Même si la tragédie avait pour but de purifier les hommes de toutes leur fautes, Désirée se disait qu'elle n'arrivait vraiment pas à atteindre les adolescents de McKinley High si elle choisissait une oeuvre tragique. Non, il fallait quelque chose de plus léger comme une pièce d'Oscar Wilde ou une adaptation d'un auteur pas du tout connu. Peut importe … Elle avait encore du temps devant elle, elle trouverait.

"Quoi qu'il en soit merci pour tous ces bon conseils ! Je te dois une fière chandelle."

Désirée regarda sa montre : mince ! A parler de théâtre avec Edena, elle en avait presque perdue la notion du temps. Mais elle se sentait un peu coupable de laisser son élève ainsi. La blonde sentait bien qu'elle avait simplement réussi à faire oublier momentanément ses problèmes à Edena, mais, comme n'importe qui de son âge, la jeune fille devait bien avoir des soucis. Sans compter que Désirée était venue la déranger en pleine réflexion. Oui … maintenant qu'elle y pensait, Edena était plutôt du genre à être bientôt entourée, si elle se trouvait dans le Starbucks seule et à manquer les cours, c'était qu'elle avait voulu s'isoler. Cependant, la professeur de littérature ne souhaitait pas du tout la brusquer. Elle savait très bien que c'était plus que frustrant d'avoir un professeur qui souhaitait à tout prix faire ami-ami avec vous. Elle se contenta d'offrir un dernier sourire à Edena avant de se lever pour remettre son manteau.

"Tu sais … parfois il m'arrive aussi savoir donner de bons conseils. Ou alors je peux juste écouter. Si tu as envie de parler, tu peux toujours aller voir Emma mais … tu peux aussi venir me voir dans mon bureau okay ? Que ce soit pour parler de lecture ou tout ce que tu veux ! Sur ce … bonne soirée."

Désirée lui fit un dernier clin d'oeil avant de quitter l'établissement. Elle espérait vraiment que tout se passerait bien pour Edena.


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