Ce matin, c'était avec une facilité déconcertante que je m'était levé. Et pourtant le fait d'aller en cours n'allait sûrement pas me réjouir, mais l'idée de retrouver mes potes et de balancer un slushy à Eléa me remonta vite le morale. Et puis, il y avait ce rendez-vous, ce soir, au Starbucks Coffee, avec Taleen. Ça, je ne l'aurai manqué pour rien au monde. Aussi, habituellement employé au McDo dès vingt heure, je me ferais un plaisir de ne pas y aller ce soir. J'avais prévenu mon absence sans le moindre motif et si ça ne lui plaisait pas, il n'avait qu'à me virer. Au moins, j'aurais plus à crever de chaud devant la friteuse et j'en passe. Je savais que ce n'était pas spécialement bon pour ma réputation que je traîne comme ça avait une membre de chorale (pas plus que d'être le bourreau d'une Cheerio, me direz-vous), mais je m'en moquai royalement. Mon propre intérêt passai bien devant ma réputation, surtout lorsqu'il s'agissait de Taleen.. J'avais filé sous la douche, restant dans la salle de bain presque une heure pour emmerder ma sœur, enfilai ma tenue, puis devant le miroir, jetai un long sourire suivis un clin d’œil à mon reflet, engouffrai 2/3 tartines de Nutella, et partis au lycée en skate. C'était pas vraiment loin, et m'attardant à frimer sur les bancs devant les Cheerios qui passaient, je ne fus pas surpris d'arriver une nouvelle fois en retard. Première heure de cours : cinq heures de colle et une convocation. Pour avoir graver divers... injures sur mon bureau, puis cracher sur les chaussures du prof. Moi, ça me faisait rire, mais mes parents, bien moins. Néanmoins, durant les heures suivantes, je m'étais calmé, et au fond de la salle, appuyé contre mon mur, je me noyai dans mes pensées, tournant entre mes doigts la photo de Taleen, un sourire aux lèvres. Elle était intact, mais sa copie dans mon casier était gratifiée de petits dessins. ( Petits dessins, quoi, petites étoiles et cœurs mimis uOu, j'suis doué hein? )

L'après-midi, lui, était passé rapidement. Football, glandouille dans les couloirs, de la glace pilée pour Eléa, et après mure réflexion, je m'étais rendu à la dernière heure de cours. Technologie, c'était pas non plus l'enfer. Là, aucun chahut. C'est donc après cette heure-là que je sortis du lycée. Mon skate dépassant du sac, il ne me fallu que quelques secondes pour l'en retirer, sauter dessus, attraper mes écouteurs, et me voilà en route. Paramore, ça c'était cool. Aussi, je me permettais de chanter le refrain, les quelques personnes alentours auraient pu témoigner de ma si belle voix. Enfin non, ma voix c'était plutôt un truc moche-pourri, grave et faux, vous saoulant dès les premières secondes.

Bref, manquant de me glander plusieurs fois dans ma folie, je fus bientôt arrivé devant mon lieu de renez-vous. Je m'arrêtai, éteignis mon Ipod, le fourrai dans mon sac, et le skate sous le bras, j'entrai.

« -Pilou-pilou, piou-piou, pala-pala... pouh ! » ( x) )

J'aperçus Taleen, un peu plus loin. Piouuh, la place, oh ! Et puis, elle, quoi. D'un pas pressé, je la rejoignis, me penchai vers elle, me permis une bise. Ou quatre. J'aurai aimé pouvoir sentir son doux parfum plus longtemps, ma foi tant pis. Je pris place, lâchai mon sac, posai le skate à terre et un mis pied dessus.

« -Alors, Honey, quoi de beau à raconter ? Je t'ai pas trop fais attendre ? »

Honey, c'était comme ça que javais l'habitude d'appeler les filles, dans une relation sérieuse ou non. Après, lorsque ça ne plaisait pas à la concernée, je m'en servais pour la taquiner. Je calai ma tête dans ma main, tourné vers Taleen. Je lui souris. Elle était magnifique. Juste magnifique.

Taleen L. Roth a écrit:

« Appelle-moi encore une fois 'Honey' et je te casse ta jolie petite figure. »

Jolie petite figure ? J'esquissais un petit sourire innocent en entendant ses paroles. Non, je ne l'avais pas appelée Honey. Après tout, c'était bien connu, Cromwell était quotidiennement un ange qui n'embêtait jamais personne avec des surnoms plus débiles les uns que les autres et qui les utilisait fréquemment tout en sachant pertinemment que la personne ne les aimait pas. Bref. J'attrapais la tasse de café, sans pour autant y boire. J'agitais la chose, un sourire aux lèvres.


« -Je demande à voir, Honey. »

Un nouveau sourire apparu à mes lèvres, un peu plus joueur. C'est vrai que j'employais très souvent ce surnom. Bah, pourquoi, j'en savais rien, mais ce qui était sur, c'est qu'aucune des autres filles n'arrivaient à la cheville de Taleen. Quand on a une pleine armoire de veste en cuir et de machins-dont-j'ignore-le-nom, eh ben, là, 'faut avouer, que t'as le droit au respect mec. Je portais enfin la boisson à mes lèvres, distrait pas Taleen. Et ses yeux. Ses yeux, en voilà un sujet intéressant. D'un bleu aussi clair et profond, apportaient presque une touche d'innocence, de gentille fifille. Hè. J'en oubliais le reste, y compris la boisson, en venais à me brûler.

« -P*tain c'est chaud ton truc ! »

Je reposais la tasse, puis déposai ma joue dans le creux de ma main, le regard bien sûr orienté vers Taleen. Je glissais alors mon autre main dans la poche de mon blouson, y trouvais mon portable. A l'aveuglette, il ne me fallut que qu'une dizaine de seconde pour activer l'appareil photo, et sans qu'elle eu le temps de réagir, c'était dans la boite. Je contemplais ensuite mon oeuvre, amusé, puis lui tendis la chose.

« -T'aurais pu sourire un peu plus, Honey. »

Oui, je le faisais exprès.

Ahhh, entendez-vous ces horreurs ? Quelle vulgarité ! Mais j'avoue porter royalement bien ces noms, qu'on me donnait assez souvent d'ailleurs. Je la regardais, toujours le même sourire aux lèvres, se glisser sous la table. J'attrapais vivement mon portable lorsqu'elle me le tendit.

Taleen L. Roth a écrit:

« Tu as de la chance que c'est toi, sinon ton téléphone aurait déjà fait un vol plané, chéri. »

* Chéri ? Chéri ! Al', t'es trop fort. *

Je jetais un coup d'oeil à mon portable, tirais Taleen par le bras pour qu'elle s'assoit.

« Raah ! T'abuse, je vais devoir la refaire, sale sorcière ! »

Et comme un gamin, je lui tirais les cheveux avant de croiser les bras sur mon torse avant d'enchainer comme si de rien n'était.

« Alors, qu'est ce que tu as fait de ta journée ? Pas trop ennuyeuse ta petite chorale ? 'Parait qu'il y a du bazars, non ? »

Moi, ça en étais bien loin. Entre mon rôle suprêmement important de bourreau, mes conneries et les entrainements, j'étais vraiment crevé de chez crevé. Plus assez de temps pour songer aux cours, hihi. Je remettais enfin mon portable dans la poche de mon blouson. Portable tout neuf, cadeau de mon père, ramené il y a peut d'Italie. Qu'elle différence il y a entre ceux d'Italie et ceux d'Amérique ? Ils sentent les raviolis, pardi ! Bref, là n'était pas la question. Mon regard glissa jusqu'à la tasse de café de Taleen, encore bien pleine. Rohh, mais jusqu'à quelle heure allions nous glander dans ce trou plein de zozos à têtes de cakes pas cuits ?

« Et, euh, tu comptes le finir ton machin ou quoi ? Trop chaud ? »

A ces mots, j'attrapais la tasse, puis lâchai un magnifique cracha en plein dedans. Un énorme sourire aux lèvres, accompagné de gloussements, je lui redonnais la tasse. Puis, d'une petite voix innocente, je lui dis :

« Bah, c'est comme l'eau non, ça refroidit. Allez, bois vite. »

J'attrapais une mèche de ses cheveux, commençais à jouer avec.

Courir après un ballon... Il est vrai que ça en devenait, au bout d'un moment, agaçant. Surtout lorsqu'on se prend le choux avec d'autres membres de l'équipe, ce qui était très fréquent ces temps-ci. Après tout, je n'étais jamais contre une belle distribution de coups de poing dans la gueule de ces bâtards, alors si il n'y avait qu'à me demander. Ou juste me provoquer. Voir simplement me regarder d'un air étrange. Ah, tout m'énervait de toute façon avec eux. Lorsqu'elle but le mélange, je ne pus retenir un petit sourire, qui se transforma pourtant très rapidement en son opposé. Comment pouvait-on boire une tasse de café en autant de temps ? Sérieusement, je voyais là de quoi séjourner dans le livre des records. Et vas-y que je bois millilitre par millilitre, et toutes les cinq minutes. Moi, je passais mon temps à soupirer, tentant de trouver divers occupations elles-même ennuyeuses, comme faire craquer mes doigts ou en ronger les ongles. Remarque, peut être était-ce une revanche vis-à-vis de mon crachat, même si sincèrement, je n'y voyais pas la peine de faire subir au responsable une telle torture. Mais même en me faisant souffrir, elle restait magnifiquement belle.

Au bout d'un certain et long moment, elle se leva d'un bon, posa son café sur la table où elle le laissa, se dirigeant directement vers la sortie. Je la suivie du regard, ne pouvant le retenir, même un court instant, à descendre... Mais sa voix me le fis remonter. Ah, il fallait que je combatte ces mauvaises habitudes. Quoique, mauvaise...

Je me penchais sous la table, attrapant vivement mon skate, puis me levait pour rejoindre rapidement Taleen dehors. Le froid fouetta mon visage, ce qui me fit brièvement fermer les yeux. La neige commençait à tomber. Oh, que j'aimais la neige. L'hiver était sans aucun doute ma saison préférée. J'adorais la neige, tout simplement.

Taleeen L. Roth a écrit:

« Bon, maintenant, tu comptes m'emmener où ? »

Bonne question. Je n'y avais même pas encore songé.

« J'sais pas trop... Parce que la neige, ça te plaît pas ? »

Ok, j'avoue, je ne m'y connaissais pas vraiment en truc de rendez-vous, tout ça... Il faut dire que malgré ce que beaucoup croyaient, celui-là n'était que mon premier. Le reste, ce n'était que de brèves rencontres dans un bar, d'où l'on ne sortait pas, sauf peut être quelques fois pour se rendre chez moi.

Je me raclais alors la gorge, cherchant un truc à dire, tout en réfléchissant au programme de la soirée. Oui, de quoi endommager mon cerveau.

« Mhh... T'as pas froid ? »

Il y avait mieux, mais il y avait pire. Prenant le soin de ne pas échapper mon skate, je retirai mon sac et l'ouvrit pour l'y ranger. Je prenais le soin de ne pas trop tirer sur la fermeture éclair, histoire de ne pas bousiller mon sac et me faire engueuler et priver de sortie par ma mère par la même occasion. Oui, elle devait certainement en avoir marre de devoir m'acheter de nouveau sac. Entre les déchirés (volontairement en non), les (sur-) tachés ou encore ceux aux fermetures arrachés, celui-là datait de quelques jours seulement. Je remis convenablement mon sac sur mon dos.

« Tu veux faire quoi, toi ? »

Autant que ce soit elle qui choisisse. En fait, je me sentais assez bloqué avec elle. Pourtant, ce n'était réellement pas dans mes habitudes, d'être bloqué avec une fille. Mais ce n'était pas la peine de me demander d'où cela venait. J'étais réellement amoureux, pour la première fois de ma vie, et je mourrais d'envie de la prendre dans mes bras. [...] Bon ok. Et de lui sauter dessus.