Lorsque le professeur de Français donna les devoirs à faire pour son cours de la semaine prochaine, Calvin comprit que le cours se terminait et qu’il serait alors libre pour une heure. Cette heure, il songeait la passer dans la bibliothèque. Certaines fois, il y trouvait des élèves que la conseillère d’orientation du McKinley High School lui avait envoyés. Des élèves en difficultés, il y en avait pas mal dans ce lycée qui n’était pas franchement réputé pour posséder des élèves au quotient intellectuel très élevé. Alors il y avait toujours au moins un élève dans le besoin, dans la grande salle aux livres. C’était un passe temps comme un autre pour Calvin, il aimait rendre service, servir à quelque chose. Rangeant ses stylos dans sa trousse à l’aide sa main gauche, il survolait son carnet avec l’autre, en attendant qu’on lui dicte ses devoirs prochains. Une fois que ce fut fait, il rangea le reste lentement et discrètement, par politesse. La sonnerie retentit alors et la salle se mit en mouvement. Durant tout le cours, il avait pu entendre des chuchotements, voir des bouts de papier voyager. Et pourtant, durant ses dernières minutes, le calme avait régné, comme si tout le monde s’était concentré pour sortir en un temps record. Lorsque Calvin passa l’encadrement de la porte, les yeux rivés vers son sac qu’il fermait enfin, il ne put s’imaginer ce qui allait se produire. C’est seulement lorsqu’il releva la tête que tout fut déclenché.

D’abord la surprise, ensuite l’incompréhension, l’étonnement, suivi de la sensation de fraicheur. Et puis, pour finir, vint l’horrible texture collante coulant sur son visage. Aspirant frénétiquement comme s’il avait manqué d’air, il vit alors l’équipe de football, riant de lui. Il ne put se résoudre à regarder autre part. Un mélange de surprise et de mépris rôda un moment sur son visage pendant que le coupable d’une telle bêtise souriait narquoisement. Lorsque l’équipe au complet rebroussa chemin sans un mot, le monde s’ouvrit de nouveau et il put observer tous ces lycéens rire de la situation. C’était la première fois qu’il se faisait agresser ainsi et tout sembler se dérouler au ralenti. Il sentit la texture liquide et collante glisser sous ses vêtements. Son tee-shirt blanc avait pris la couleur du raisin. Son veston gris clair avait noirci. Seul son jean avait été presque épargné, n’ayant reçu que quelques goutes. Ses converses blanches, elle, étaient bonnes à passer dans la machine à laver. Alors qu’il observait les autres, il entendit quelques remarques pas très loin de là. Sonné par la situation, il ne put voir qui parlait et ce qui s’était réellement dit, même s’il comprit qu’on prenait sa défense.

Calvin savait à présent qu’il devait aller vers les toilettes afin de se débarrasser du plus gros de ce liquide violet. La journée allait être désagréable, il le sentait. Mais alors qu’il tentait de reprendre ses esprits, un garçon vint à s’approcher de lui. Posant son regard sur ce dernier, il fut d’abord soulager par le fait qu’il n’avait pas les mains armées. Calvin fronça les yeux un instant, se demandant ce qu’on lui voulait. Du bout de ses doigts, il tira sur son tee-shirt pour le décoller de son torse. C’était désagréable et il allait devoir supporter cela toute la journée. Les membres de la chorale lui avait pourtant conseillé de prendre des rechanges au cas où. Il aurait du les écouter. Sans même oser regarder le jeune homme, il finit par lui demander sans une once de méchanceté :

« Tu es venu te moquer toi aussi ? Tu m’excuseras, mais les toilettes m’attendent. » Râla t-’il en s’acharnant sur son tee-shirt trempé. Il ne bougea, cependant, pas attendant la réaction du jeune homme pendant quelques secondes.

Étrangement, il avait le pressentiment, que ce dernier ne lui voulait pas de mal. Le regard qu’il avait pu percevoir quelques secondes plus tôt avait été plus rassurant que méchant. Il ne demandait qu’à ce que la réponse du jeune homme aille dans son sens.

Calvin observait les élèves discrètement, tout en regardant l’état de ses vêtements. Comment expliquerait-t-il ces tâches à ses parents ? Il n’était plus en maternelle, on ne se battait plus à coup de peinture. Mais ici, les footballeurs du lycée étaient réputés pour avoir une mentalité bien en dessous de celle d’un enfant de cinq ans. Mais il n’avait tout de façon pas à s’inquiéter au niveau de ses parents puisque c’était lui qui s’occupait de son linge, ils n’y verraient alors que du feu. Non, son problème actuel était les quelques regards qui se posaient sur lui. Il détestait être le sujet d’autant d’attention. Les ricanements, les gloussements de certains lui faisaient grincer des dents. Pourtant, à côté de lui, un jeune homme semblait vouloir l’aider dans sa misère. Un peu étonné, il avait tout d’abord cru qu’on voulait profiter d’une proximité pour rire de lui. Il n’était pas habitué à recevoir du slushies. Et il savait, en réalité, pourquoi il fut la cible aujourd’hui.

Lorsque l’inconnu lui proposa son aide, un semblant de sourire fit une brève apparition sur son visage. Il n’avait pas l’habitude qu’on se préoccupe de lui. Même ses parents le laissaient vivre sa vie sans lui apporter d’aide. Mais Calvin était un jeune homme très indépendant et mature pour son âge. S’occuper de sa petite-sœur, pendant que ses parents travaillaient, l’avait changé. Et du haut de ses dix-neuf ans, il était capable d’accomplir des choses qu’un adolescent de dix-huit ne soupçonnait pas l’existence.
Mais il devait admettre que ce n’était pas désagréable d’être accosté par un personne qu’il ne connaissait pas. Le jeune homme brun paraissait sincère, et son regard était rempli de douceur. Lorsqu’il lui annonça qu’il n’avait que des mouchoirs, son sourire s’inscrivit de nouveau sur ses lèvres. Sa main gauche encore sèche, il la passa dans ses cheveux avant de le regretter amèrement. Une grimace s’installa sur son visage, et il jeta un œil à la substance collante qui noyait, à présent, sa main. L’inconnu réitéra sa proposition. Calvin, ne put refuser. Il lui demanda alors :

« Je veux bien, mais je pense que ca serait plus simple avec un peu d’eau. Si tu as un mouchoir, je veux bien, histoire de me débarbouiller la figure en attendant, » lui annonça-t-il.

Calvin commença à avancer vers les toilettes afin de s’y laver plus simplement, bien qu’il savait qu’il resterait sale toute la journée. Repartir chez lui était tentant, mais il n’avait pas l’habitude de louper les cours. Il n’avait pas non plus le temps pour un aller-retour. Il avait accepté l’aide du jeune homme, mais il ne savait pas vraiment comment il pourrait le faire. Mais la gentillesse de ce dernier lui avait valut son intéressement. Marchant vers les toilettes, Calvin ne put s’empêcher de se présenter avec politesse :

« Je t’aurais bien serré la main pour des présentations, mais j’ai les mains vraiment collantes. » sourit-il. « Je m’appelle Calvin. Je suis désolé pour mon comportement, c'était malvenu de ma part.» finit-il avec une grimace.

Le jeune Collins pensait avoir déjà vu le garçon qui l’accompagnait. Mais il ne savait plus vraiment des circonstances. Il avait vu pas mal de monde passer ces derniers temps depuis les portes ouvertes. Etait-ce à ce moment ? Et pourquoi se rappelait-il autant de ce visage ? Tout cela l’intriguait.

Le pas assez rapide, Calvin n’avait qu’une hâte, rejoindre les lavabos afin de se passer de l’eau sur son visage. A côtés de lui, un jeune homme le suivait en lui offrant ses services. Il lui en était reconnaissant, même s’il ne comprenait pas forcément ses intentions - sauf peut-être celui de faire de nouvelles connaissances. S’il ne se trompait pas, le jeune homme était nouveau dans l’établissement et il n’avait pas vraiment l’air d’un footballeur. Il ne connaissait, sans doute, pas encore les règles du lycée, celle que tout le monde suivait sans se poser de question, juste instinctivement. L’une des règles étaient de ne jamais se préoccuper des élèves faisant partie d’une chorale.

Passant la porte des toilettes alors qu’il put enfin mettre un nom sur le visage de l’inconnu, Calvin se précipita vers le fond de la pièce et s’observa dans le miroir. Il fut alors pris d’un rire sincère, mais discret. Il comprenait à présent pourquoi les autres riaient tant. La substance sur son visage était vraiment collante et ne ressemblait à rien, lui en entier ne ressemblait plus à rien. Calvin tourna le robinet afin de faire couler de l’eau et passa ses mains en dessous. Il écouta alors le jeune homme le questionner. Un sourire aux lèvres, le jeune Collins retira son veston qu’il posa sur le côté. Se lavant les mains et les avant-bras, il lui répondit :

« C’est la première fois qu’ils s’en prennent à moi personnellement, mais j’en connais les raisons, même si ca m’étonne qu’il est attendu aussi longtemps pour se venger. » Commença-t-il. « L’arroseur n’a pas accepté d’être placer avec un membre de la chorale sur un stand des portes ouvertes de décembre. »

Joignant ses mains, il récupéra l’eau, et s’en éclaboussa le visage et ses cheveux. Si prenant à plusieurs reprises, il plaqua ensuite sa chevelure humide en arrière et constata, encore une fois, l’état de son tee-shirt. Un soupir sortit d’entre ses lèvres et il pesta dans ses pensées contre ces imbéciles de footballeur. Il posa ses mains sur le coin du lavabo, et baissa la tête un instant. Reprenant ses esprits, il finit par ajouter :

« Les chorales sont souvent visés par les slushies. On m’a conseillé de prendre des rechanges, mais je pensais qu’ils n’oseraient pas… J’ai eu tord.» Dit-il avec une pointe de déception.

Après une certaine réflexion, Calvin osa ôter son tee-shirt et le passa sous l’eau. Inconscient de la sexualité de Blaine et de son attirance envers lui, et mettant son trouble sous l’effet qu’on s’intéresse un peu à lui, il lui demanda s’il pouvait avoir un mouchoir en papier. Lorsqu’il lui en passa un, Calvin le trempa et retira le plus gros de la texture collante sur son torse.

« Tu es nouveau à Mc Kinley, non ? » demanda-t-il tout en s’occupant de son tee-shirt plongé dans l’eau tiède. « J’ai l’impression de t’avoir déjà vu, mais je me fais peut-être des idées ? » avança-t-il en essorant son tee-shirt.

Les toilettes, à cette heure-ci, n’étaient pas très fréquentées. Et c’était mieux ainsi. En temps normal, Calvin était plutôt pudique. Non pas qu’il détestait son corps, mais les traces de son manque de graisse et ses muscles légèrement dessinés témoignaient d’une activité sportive qu’il souhaitait taire. Il n’avait plus dansé en public depuis que le drame familial les avait frappés et il n’avait plus envie de faire ce que son grand frère lui avait appris. Le jeune Collins ne devait être que Calvin, et la danse était une partie de son frère et de ses mensonges. Artistiquement, il se concentrait que sur ce qu’il avait appris seul ou avec son meilleur ami, le chant et la guitare. Rien de plus, rien de moins. Attendant la réponse de Blaine, il commença à ressentir une certaine gêne à se montrer ainsi.

La sonnerie avait retenti depuis quelques minutes maintenant. Tous les élèves avaient rejoins leur cours à présent et les passages dans les toilettes du lycée allaient se faire plus rares. Lavant ses mains, comme assez souvent dans une journée, Calvin avait cette fois-ci plus de mal à se débarrasser des saletés qui lui donnaient cette odeur sucrée. Blaine lui avait demandé si on l’avait déjà pris pour cible, il lui expliqua les raisons d’un tel affront et la réaction du jeune homme ne tarda pas à venir. Il avait raison. Mais les footballeurs utilisaient le slushies comme on jette des insultes aux visages des gens. Cela pourrait être plus silencieux, mais les rires des élèves aux alentours témoignaient de la raison de ces attaques glacés. Ils ne voulaient qu’humilier. Des mots ne restaient pas inscrits, contrairement à cette glace pilée. Comme réponse à sa réflexion, il lui précisa que les chorales étaient habituées à ce genre d’attaques. Il ôta ensuite son tee-shirt, pensant retirer le plus gros de toutes les tâches. Il en vint, ensuite, à lui demander s’il était nouveau et se demanda s’il ne l’avait pas déjà vu quelque part. A cette deuxième question, il fut étonné du comportement timide du jeune homme.

Lorsque Blaine lui expliqua qu’il était venu lors des portes ouvertes en faveur des enfants malades, un sourire s’installa sur ses lèvres. Il avait cerné le jeune homme comme étant un garçon bon et généreux, il ne s’y trompait pas. Trop modeste pour le dire, il ne précisa pas que l’initiative de cette journée lui appartenait. Cette journée avait permis de récolter pas mal de fond pour ces enfants et Calvin en était plutôt fier. Mais en plus, apparemment, cela avait donné une meilleure réputation au Lycée McKinley. Les compliments, que lui faisait le jeune homme étaient une compensation sur l’incident qui s’était produit quelques minutes plus tôt. Il ne savait pas vraiment s’il savait que le jeune Collins était celui qui avait donné l’idée d’une telle journée et il ne lui dirait pas de lui-même, mais il appréciait entendre qu’on pensait du bien de ses initiatives.
Calvin fronça les sourcils en voyant l’attitude de Blaine. Son air gêné l’intriguait et il commençait à se poser des questions. Si bien, qu’il finit par ressentir une certaine gêne lui-même.

Essorant son tee-shirt de plus belle, il le déplia et finit par l’enfiler à toute vitesse. Le tissu tout chiffonnait et froid, ne donnait plus rien. Lui qui aimait faire attention a son apparence, c’était peine perdu avec les moyens du bord. Lorsque Blaine lui proposa son aide de nouveau, il ne sut quoi répondre. Aussi étrange que cela puisse paraitre, la solitude qu’il appréciait, il la craignait à cet instant précis. Il avait un mélange de crainte et d’incompréhension qui lui prit au ventre :

« Non, » lâcha-t-il brusquement. « Je veux dire, non. Mon sac a été épargné, et mise à part mon veston et mes chaussures, y’a rien de bien méchant. » L’informa-t-il. « Je peux te poser une question ?... Pourquoi tu souhaites tellement m’aider ? » Lui demanda-t-il craignant la réponse. Il se posa sur le lavabo avant de préciser : « N’y vois aucun reproche, mais c’est qu’ici, ce n’est pas fréquent qu’une personne s’inquiète du sort d’autrui. » grimaça-t-il.

Encore moins un garçon envers un autre garçon. Pas s’ils n’étaient pas amis. Le jeune Collins n’avait rien contre cela, mais il n’y était pas préparé. A un tel point, qu’il ne savait plus vraiment ce qui se passait dans sa tête. Mille choses, mille questions inondées son esprit et il n’arrivait pas à trouver de réponse.

Sa réponse avait été un peu trop rapide. Bien qu’il se fût rattrapé, on avait pu ressentir le fait qu’il soit mal à l’aise. Tentant de reprendre le dessus sur ses émotions, il lui avait demandé pourquoi il s’était autant impliqué à son égard. Mais cette question pouvait être mal interprétée. Son besoin de mieux connaitre son interlocuteur se faisait ressentir. Et qu’est ce qu’il y avait de mal à ça ? Après tout, la prochaine étape était de faire connaissance le plus simplement possible. Blaine s’était montré gentil à son égard, Calvin ne refusait jamais de se faire de nouvelle relation. Pourtant, ça sonnait différemment à cet instant précis et c’est ce qui dérangeait un tant soit peu Calvin. Etrangement, la situation actuelle l’effrayait autant que ça le séduisait. Il n’avait pas tout compris de ce qui se produisait, mais ce qu’il pensait percevoir, et qu’il niait au fond de lui, avait tendance à rendre cette rencontre agréable.

Ressentant la basse température de la pièce, il se frotta ses bras nus, se rappelant enfin qu’il n’était qu’en janvier et qu’il allait regretter de le pas avoir pris de manteau. Tout ceci présageait un bon gros rhum dans les jours à venir. Il s’arrangerait cependant pour que ca ne dure pas puisque les sectionales approchaient et qu’il ne pouvait se permettre de devenir un mauvais élément pour la chorale. Ecoutant Blaine lui expliquer les raisons de sa générosité, il sourit lorsqu’il lui demanda s’il n’appréciait pas son aide. Le petit rire nerveux de son interlocuteur ne fit qu’élargir le demi-cercle déjà présent sur ses lèvres. Il le laissa cependant continuer, peiné de savoir qu’il fut l’objet d’attaque dans le même genre. Et en effet, personne ne semblait vouloir prendre partie dans ces conditions là.
A mesure que le jeune homme fixait Calvin, ce dernier fuyait quelque peu son regard. Il revenait toujours à le regarder de nouveau, mais n’arrivait pas à rester indéfiniment sur ses yeux bruns. Et lorsqu’il lui annonça qu’il pouvait s’en aller et disparaitre s’il le souhaitait, Calvin fronça les sourcils avec une certaine incompréhension lisible sur son visage. Il lui répondit alors :

« Non, ce n’est pas ce que je cherche. » Il se retourna pour faire face au lavabo et s’occupa de son veston afin de retirer le plus gros sans le noyer. C’était un signe d’une certaine gêne. « C’est juste que je ne suis pas habitué à tout ça. Je veux dire : à recevoir de la glace pilée et puis qu’on vienne à mon secours. C’est très agréable et déboussolant, à la fois. Je parle de ton aide, pas du slushies » lança-t-il avec un sourire amusé.

L’entendre parler lui fit prendre conscience de ses propos. Oui, la situation était déroutante. Il n’arrivait pas à savoir pourquoi, mais il n’avait pas envie de laisser partir ce qui était encore un inconnu il y a une heure de cela. Avait-il besoin d’ami à ce point ou était-ce autre chose ?
Arrangeant son veston, qu’il secoua rapidement afin de retirer les perles d’eau qui n’avaient pas encore été imbibé par le tissu imperméable, il pensa à ce qu’il ressentait. Et curieusement, il n’arrivait pas à comprendre. Il n’arrivait pas ou il ne voulait pas se donner la possibilité de comprendre. Devant ce garçon brun, Calvin semblait perdu. C’était bien ça le problème, il était perdu. Et pour se retrouver, il fallait qu’il en sache plus sur tout ça. Ainsi en mettant son veston, il demanda au jeune homme :

« Je te remercie, en tout cas, de t’intéresser à mon cas. Ce n’est pas très fréquent, surtout de la part d’un garçon, c’est là où je voulais en venir. » Précisa-t-il en se tournant vers lui. « Tu n’as pas cours là ? » demanda-t-il innocemment. Dans son intonation, on pouvait clairement comprendre qu’il ne le chassait pas, mais tentait juste de s’informer sur le jeune homme. « Parce que si tu ne connais pas encore les recoins du lycée, j’ai une heure de libre, et je me vois mal aller étudier à la bibliothèque dans cet état. » finit-il avec un rictus.

C’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour passer un peu plus de temps avec Blaine. Il ne se voyait pas lui proposer d’aller boire un café au starbuck du coin un soir. Ca sonnait comme un rencard alors qu’ils n’avaient absolument pas ce rapport. D’une part parce qu’ils se connaissaient à peine, et d’autre part parce que Blaine était un jeune homme et non une jeune femme. Pourtant, ce dernier point lui semblait futile à présent.

Calvin ne passerait donc pas à la bibliothèque et les personnes ayant besoin de ses services devraient alors se débrouiller seul. Cependant, le jeune homme ne passerait pas une heure à ne rien faire puisqu’il la passerait à faire connaitre son lycée à un nouvel élève. Lorsque ce dernier avait accepté sa proposition, le jeune Collins s’était senti soulagé de pouvoir lui rendre la pareille. Le suivant alors à l’extérieur du lycée, il regarda le plan qu’on lui montrait et eu un léger sourire. Ce n’était pas extrêmement clair, mais le directeur Figgins n’avait certainement pas employé une personne qualifié pour élaborer un plan aussi peu adapté.
A son arrivé au lycée, cela avait été différent. Tout d’abord parce qu’il était la dès la rentrée et que la première journée est souvent synonyme de parcours dans le bâtiment avec un professeur et puis il n’avait, ensuite, pas été le seul à se retrouver perdu. Alors forcément, cela apportait son lot de soutien. Mais en tant que bonne élève, il se devait à présent d’aider les nouveaux venus.

« C’est sur que ce n’est pas avec ça que tu vas réussi à te repérer. Il date de début deux-milles ce plan en plus. » Remarqua-t-il en fronçant les yeux pour trouver une logique dans tout cela.

Mais depuis le début du vingt-et-unième siècle, le lycée McKinley High School avait bien changé. Le directeur avait sans doute voulu éviter de dépasser son budget d’encre et ressortant un mieux plan plus d’actualité. Calvin écouta le jeune homme lui citer les lieux qu’il savait situés. Il sourit lorsqu’il comprit que Blaine accordait de l’importance à la lecture. Ils avaient au moins un point commun. Il ne se laisserait pas mourir de faim également, c’était une bonne chose. Mais ils avaient beaucoup a voir. Pour cela, le jeune Collins essaya de procéder avec méthode. En le dirigeant vers le centre du lycée, il comptait offrir au jeune homme un bon point de départ. Alors, au hall d’entrée, il prit enfin la parole :

« Alors voici le point de départ du lycée. C’est le plus important.» Annonça-t-il dans le grand hall vide. « Au fond, là-bas, ce sont les bureaux. Celui du directeur, des professeurs et de la conseillère d’orientation. » Dit-il en regardant fixement une porte. « De l’autre côté, je souhaite ne jamais t’y voir, mais il s’agit de l’infirmerie. L’infirmière actuelle est réputé pour ne pas avoir étudié la médecine et je pas savoir la différence entrain cachet d’aspirine et un suppositoire » lança-t-il avec une grimace de dégout, suivit un sourire amusé. « Bon le self, tu sais où il se trouve. Si tu as des questions ? » Demanda-t-il.

Regardant vers le couloir menant à gauche, puis vers celui qui menait à droite, il se posa la question de savoir quelle direction choisir en premier. Mais tout dépendait du caractère du jeune homme. Pour cela, il devait lui poser des questions, et ce serait mentir que de dire que ça ne l’intéressait pas. A vrai dire, en cet instant, il se sentait bien et il comptait bien profiter de cette heure pour oublier l’incident qui s’était produit plusieurs minutes auparavant.

« Alors…Blaine, qu’aimes-tu faire ? Quels sont tes hobbies ? Attention c’est une question piège. »Dit-il avec un sourire rassurant. « Tu aimes la musique ? L’informatique ? Le sport ? »

Inconsciemment, Calvin attendait beaucoup de ses réponses. Il ne le jugerait pas sur ce qu’il pourrait lui dire, mais, à cet instant, il espérait que ce garçon lui ressemble plus qu’un autre. Pourquoi ? Il l’ignorait totalement. Mais les faits étaient là, en quelques minutes, ce jeune homme intriguant avait envahis l’esprit de Calvin. Assez pour que ce dernier en oublie son tee-shirt mouillé et chiffonné et sa veste avec une grosse tâche d’humidité. Si ce jeune homme n’était pas intervenu, le jeune Collins se serait sans doute caché le reste de la journée.

Le jeune homme, dont il était le guide à présent, semblait assez concentré sur les informations qu’il pouvait lui donner. Sans même s’en rendre compte, il s’était mis à le fixer alors que ce dernier regarder tour à tour les lieux comme pour les mémoriser. Ce qui l’attirait autant, c’était ce regard, si noir, si intriguant. C’était assez étrange, parce que Blaine n’était pas le seul à avoir un regard aussi sombre, mais il n’y pouvait rien, il voulait croiser son regard. Pourtant, lorsque ce fut le cas, il s’en échappa, comme coupable d’une faute. Il fit alors mine de réfléchir afin de trouver une excuse à cette intrusion et demanda alors au jeune homme ce qu’il aimait faire. C’était en premier lieu parce qu’il s’intéressait à lui et ne trouvait pas de meilleurs moyens que de s’informer. Mais, avec cette question, il avait un bon alibi. Il serait s’en servir après qu’on lui ait répondu.

Il préférait la musique au sport, bien qu’il appréciait les deux. Cela tombait bien, Calvin pensait pareillement. A vrai dire, il aimait beaucoup jouer de la musique et poser sa voix dessus. Mais il aimait aussi le sport, il était un bon danseur. Le jeune Collins pensait que cette activité était un sport artistique. Cependant, lui aussi préféraient regarder un match, plutôt que d’y participer. Il n’était franchement pas fait pour ça. Pour se divertir entre amis peut-être. Longtemps, il avait enchainé les parties de basket avec son meilleur ami. C’était un sport qu’il trouvait intéressant à jouer, contrairement au violent football américain. Jamais il n’avait eu dans l’idée de s’inscrire dans l’équipe du lycée. C’était une chose qui relevait du domaine de l’impossible. Et encore plus maintenant, après avoir reçu du slushies en pleine figure par l’équipe. Cette remarque, qui traversa son esprit, l’amusa gaiement lorsque Blaine se disait bon candidat pour recevoir de cette mixture. Il aurait souhaité le rassurer, cependant, il ne put s’empêcher de répondre tout sourire :

« J’aimerais bien te dire que je ne peux pas te dire ne t’ayant pas entendu chanter, mais je sais d’expérience que les cibles ne sont pas définies selon leur talent. » expliqua-t-il. Il repensa un instant à ce qu’il venait de dire, et détermina qu’il pouvait passer pour un petit prétentieux. Alors il reprit assez rapidement pour remettre les choses au clair : « Attention, je ne parle pas de moi, mais je pense à une des plus belles voix du lycée qui se prend de cette mixture assez fréquemment. Elle a beaucoup de courage ! » Dit-il d’une manière à montrer tout son respect envers cette personne. Et cela n’avait rien d’ironique. Le fait de s’en prendre autant dans la figure pouvait fortement décourager. Mais il fallait dire que cette personne était l’une des figures emblématiques du lycée tant elle était impopulaire. Elle qui rêvait pourtant du contraire. Calvin l’admirait cela dit, car elle avait un réel talent d’interprétation… Malheureusement, la personne avait un petit problème avec son égo. Il y avait une différence entre être une star, et se croire être une star. « Si cela importe beaucoup de recevoir du slushies ? Mmmmh…non. » Dit-il faisant mine de ne pas comprendre la question, avec un jeu de sourcil qui le définissait bien. « Mais on va prendre à droite, ca sera plus intéressant pour toi. » annonça-t-il en montrant un couloir dans la direction citée.

Calvin engagea alors la marche. Il appréciait rendre ce service. A un tel point qu’il en avait oublié l’état de colère qu’il avait ressenti quelques minutes auparavant. Marchant à côté du jeune homme, il allait ouvrir la bouche pour répondre plus honnêtement à la question, mais en observant le visage de l’élève, il comprit que son état n’était pas dû qu’à ce sentiment agréable de pouvoir aider. Non, il y avait autre chose. Une chose qui avait un lien avec cette façon de chercher à l’observer et à mémoriser son visage inconsciemment. C’est en remarquant cette chose là qu’il sentit son cœur lui parler. Il tambourinait contre sa poitrine comme pour répondre à ses questions. Ces dernières étaient inenvisageables, il ne pouvait le tolérer. Alors quoi ? Il devrait s’enfuir ? Peut-être...mais il n’avait pas le cœur à cela. Alors reprenant le contrôle de lui-même, il camoufla ses doutes et lui répondit pendant que les portes des salles de classes défilaient à leurs côtés :

« Pour répondre plus sérieusement à ta question, ça a de l’importance dans un sens puisque je vais t’amener à l’amphithéâtre et au gymnase. Mais j’avoue que c’est aussi pour en savoir d’avantage sur toi. D’ailleurs, qu’est ce qui t’a poussé à changer de lycée ? Des ennuis dans ton ancien lycée, c’est ça ? » demanda-t-il innocemment.

Après avoir passé encore quelques classe, Calvin tourna vers la gauche et ouvrit une double porte. Derrière ces dernières se trouvaient l’amphithéâtre, là ou se déroulait beaucoup de chose en réalité. Mais le plus intéressant était de l’avoir à soi, seul. A cet instant précis, aucun siège n’était occupé et la vaste scène était inanimée. En son centre se trouvait un piano, à côté de celui-ci y était appuyée une guitare acoustique. Sourire aux lèvres en voyant cette vaste pièce qu’il chérissait tant, Calvin regarda son camarade et lui présenta :

« Et voici l’amphithéâtre ! L’auditorium, le Pavillon Municipal April Rhodes, ou quelqu’autres noms que l’on lui donne. Je t’avoue que c’est bien l’endroit que je préfère, surtout lorsqu’il est inoccupé comme à présent. » L’informa-t-il en jetant un regard à ce qui les entourait. Il descendit alors quelques marches rapidement et sauta sur un siège gracieusement afin de s’y assoir. Il regarda derrière lui afin d’y observer Blaine et lui dit alors : « Comme tu peux le constater, il y a une guitare acoustique qui t’attend. » le mit-il au défi. Il ne savait pas vraiment ce qu’allait décider le jeune homme. S’il refuserait par pudeur, s’il accepterait volontiers ou s’il le défierait de chanter avec lui ou il ne savait qu’autres solutions. Quoi qu’il en soit, Calvin espérait pouvoir entendre sa voix lorsqu’il chantait, sachant qu’il appréciait déjà l’entendre parler.

Les salles de classe défilaient à leurs côtés et le jeune Collins regardait Blaine les observer comme s’il pouvait toutes les retenir. Mais Calvin lui-même ne pouvait dire quelle classe correspondait à qui. A vrai dire, c’était plutôt le nombre qui importait, et celui-ci était écrit sur les portes. C’était un coup à prendre, mais, en générale, lorsqu’il fallait se rendre à un cours, il suffisait de suivre les autres. C’est pour cela que Calvin ne pensa pas à lui donner quelconques informations sur ces salles. Au lieu de cela, il lui expliqua les raisons de sa question et s’en autorisa une autre un peu plus personnelle. Pas curieux d’origine, il détestait d’ailleurs cela lorsqu’on s’intéressait à son cas, il avait envie d’en savoir plus sur ce jeune homme pour des raisons qui le dépassait, voir même qui le déplaisait. Mais on ne peut éviter ses envies éternellement et comme le disait Oscar Wilde, la meilleure façon de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder. Et cette tentation ci n’avait rien de bien méchant. C’était celles qui se pointaient qui devenaient gênante. Alors comme les oublier ? Peut-être en restant naturel et en les confrontant tout en imposant certaines limites.

« C’était assez indiscret, je suis désolé » s’excusa-t-il en ayant reçu un simple « oui » la ou il voulait des détails. Mais jamais cela lui serait venu à l’esprit d’insister grossièrement. Lui aussi avait des choses à cacher, et il ne tenait absolument pas à ce que ça se sache, alors lorsqu’on lui posait des questions un peu trop indiscrète, il avait tendance à se méfier. Et c’est ce qu’il voulait éviter avec Blaine. Que ce dernier se méfie de lui. Pourtant, cela aurait pu être une solution envisageable pour mettre un frein à ces sentiments qui s’immisçaient en lui. Mais il se voyait déjà l’observer de loin, et torturer son esprit sans avoir la moindre réponse à toutes ces questions qui venaient brouiller son esprit. Il valait mieux, parfois, courir des risques quitte à regretter autre chose ensuite que l’incertitude.

Calvin présentait à présent l’amphithéâtre aux multiples noms. Il se sentait un peu comme chez lui dans cet endroit. Vite, comme à présent, il le représentait un peu depuis qu’il avait ses onze ans. Un vaste corps vide la majeure partie du temps. Et parfois, il se mettait à chanter, à sourire et se sentir bien pour retourner dans le silence et de nouveau ne plus rien ressentir de bon. Oui, cette vaste salle ; c’était un peu comme le cœur du jeune Collins : grand, mais si vide depuis ce jour. En décembre, il avait chanté pour une jeune fille ici. Ecaterina avait alors su le dompter inconsciemment. Il lui avait raconté ce qu’il s’était promis de garder pour lui. De ce fait, hors de sa famille, seul deux personnes connaissaient son histoire et surtout celle de son frère. Voila ce que cet endroit lui inspirait…La confiance. Il avait l’impression qu’ouvrir son cœur dans ce qui le symbolisait empêcherait son secret d’être divulgué. C’était sans doute un tord, mais que pouvait-il faire d’autres ? Il ne décidait parfois pas de ses pulsions.

Il s’était assis sur un fauteuil et avait proposé à Blaine de lui jouer un petit air. Ce dernier avait alors avoué qu’il commençait seulement à jouer de la guitare. Un sourire arqua les lèvres de Calvin lorsque le jeune homme lui proposa de l’accompagner. Il le regarda un instant sur scène et finit par se lever. Il lui répondit alors : « D’accord. Y’a pas de raison que tu sois le seul à te donner en spectacle » plaisanta-t-il. Marchant d’un pas rapide vers la scène, il enjamba la scène et se dirigea alors vers le piano pour y saisir la guitare. Sans un mot, il alla récupérer un tabouret non loin de là et le positionna au milieu de la scène, prêt du jeune brun. S’installant dessus aisément, il plaça l’instrument sur sa cuisse et tenta quelques notes afin de vérifier les accords. Il regarda Blaine et lui lança un sourire sincère, d’une mine heureuse.

« Je te propose “The man who can’t be move” de The Script si tu la connais, bien entendu ? » Calvin joua l’introduction avec sa guitare, sans trop de peine pour s’en rappeler. C’était une chanson qu’il jouait très souvent à sa petite sœur, lorsque celle-ci lui demandait de l’attention. Il aimait beaucoup ce groupe et se sentait assez proche de l’ambiance de leurs chansons. Après avoir finit l’intro, il s’arrêta et regarda Blaine pour lui laisser le temps de répondre cette fois.

La gêne que ressentait le jeune homme à répondre aux questions de Calvin, sur son changement d’établissement, était palpable. Un peu confus, le jeune Collins décida donc de passer à autre chose et de se montrer plus joviale, histoire de faire passer à la trappe l’atmosphère pesante. C’était donc ainsi qu’il s’était retrouvé sur la scène de l’amphithéâtre, une guitare sur la cuisse, proposant une chanson à Blaine après que celui-ci l’ait invité à un duo. “The man who can’t be move” avait donc été la première chanson qu’il suggéra. Après avoir joué l’introduction pour aider le jeune homme à s’en rappeler, ce dernier lui demanda de rejouer l’intro pour qu’il enchaine sur le premier couplet. Le sourire de Blaine donna un peu de fil à retordre au jeune Collins. Ce dernier n’avait qu’une peur : Se planter. Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes d’avoir le trac. Mais comme s’il avait envie de séduire, il voulait se montrer talentueux… Une chose qu’il n’arrivait pas à comprendre puisqu’il n’avait pas honte de ses défauts. Il avait conscience d’en avoir, mais il se foutait de ce qu’on pouvait penser de lui tant qu’on ne le jugeait pas à cause de l’un des membres de sa famille.

Recommençant l’intro, il s’appliqua donc à éviter les mauvaises notes, insistant bien sur certaines pour apporter un peu plus d’émotions à sa prestation. Puis Blaine débuta le couplet, et alors, l’air dans les poumons de Calvin manqua. Puis très rapidement, ils se remplirent de quelques choses semblables à une bouffée d’émotion. Il ignorait que le jeune homme avait fait partie d’une chorale. Sa voix, il l’a pris en plein cœur. Mais au lieu d’être décontenancé au point de perdre le fil, ses doigts grattèrent les cordes de son instruments avec justesse, sans même qu’il en prenne conscience. Il l’observa parcourir la scène avec une certaine aisance, comme si un public invisible jugeait leur prestation. Un sourire aux lèvres, Calvin l’écouta chanter. Alors vint le refrain et prit d’une pulsion - sans doute causé par le regard de Blaine - il mélangea sa voix légèrement grave à celle du jeune homme.




Une fois ce refrain terminé, Calvin enchaina un passage instrumental. Il ne pouvait s’arrêter là, et la tête baissée sur les cordes, il souriait du plaisir qu’il prenait à chanter en duo avec Blaine. Lorsqu’il chantait habituellement dans cet amphithéâtre, c’était seul devant une salle vide ou avec les New Directions face à un public parfois. Autrement, son ami Jeff et lui essayaient leurs chansons ou arrangeait des connus pour les rendre totalement différentes. C’était un autre plaisir.

Le deuxième couplet commença et le jeune homme, qui avait tout à fait sa place dans une chorale, s’en occupa avec aisance. Calvin gratta sur sa guitare l’observant se donner en spectacle. Il regarda un instant devant lui, tous les sièges étaient vides, mais il les imaginait remplis, des élèves installés, regardant le show avec enthousiaste, claquant des mains pour prendre la place de la batterie manquante. C’est alors qu’il enchaina à nouveau le refrain :




Evitant de passer par le pont de la chanson, par ses notes, il orienta Blaine à terminer par les dernières phrases de la chanson. Finissant les dernières notes, il laissa planer un silence en regardant le plancher et regarda ensuite le jeune homme qui lui était encore inconnu une heure plus tôt.

La réaction de Blaine était plaisante et les lèvres de Calvin s’arquèrent révélant toute son innocence. Il avait pris plaisir à chanter en duo avec lui, et il prenait encore plus de plaisir à l‘entendre le complimenter. Durant toute la chanson, il avait été ébahi par l’assurance du jeune homme à s’approprier les paroles. Sa voix avait été une sorte de révélation. Il ne s’était pas attendu à cela. La guitare encore posé sur sa cuisse, le jeune Collins la posa contre le tabouret sur lequel il était assis et ne s’empêcha pas de sourire face à l’enthousiasme du chanteur caché. Non, il y avait quelque chose de pas normal. Il en était conscient et son air joyeux cachait ses troubles comme il le pouvait. Combien de temps pourrait-il tenir ? Il l’ignorait. Mais il ne pouvait pas mentir éternellement.

« Merci. Mais je ne m’attendais pas vraiment à ça, en fait. Je veux dire, tu as une très belle voix. » Dit-il avec bienveillance. « Je me demande ce que tu attends pour intégrer une chorale. Quoi que je comprends que l’idée de t’enchante pas avec cette histoire de slushies » rectifia-t-il.

L’air joyeux, la gorge pourtant noué, c’est lorsque le jeune homme annonça qu’il espérait qu’ils remettraient cela que le cœur de Calvin se serra. S’ils avaient été dans un cartoon, sa bouche se serait tordue avant qu’il ne tombe à la renverse. Au lieu de cela, son sourire disparu et l’expression de son visage devint alors indéchiffrable. Seule la transition brusque d’une expression à l’autre montrait clairement son mal à l’aise. Refaire ça un jour. Si Calvin avait mis de coté ses ressentiments, c’est parce qu’il savait que cette rencontre allait se terminer à un moment de la journée et que tout ceci s’évaporerait jusqu’à ce qui revienne à la normale. Du moins, c’est ce qu’il imaginait. Mais dire qu’il fallait remettre ça incluait se revoir. Ce n’était pas qu’il ne le souhaitait pas. Mais il ne le voulait pas…du moins, il s’obligeait à ne pas le vouloir. Il avait peur et lorsqu’on avait peur, on fuyait. Calvin voulait fuir. Calvin allait fuir.

Sa famille avait longtemps, et encore aujourd’hui, souffert des faits de son frère. Il ne voulait pas inclure de nouveaux problèmes à cause de ses doutes sur les sentiments et émotions naissants qu’il remarquait à l’égard du jeune homme brun avec qui il venait de partager un duo. C’était la chanson qui le mettait dans cet état, rien d’autre… Alors pourquoi l’avait-il éprouvé les mêmes choses un peu avant. L’esprit tortueux, Calvin tenta de chasser tout ça et de penser à autre chose. Mais c’était impossible. Il devait apporter une réponse et casser ce silence qui commençait à peser dans cette grande salle vide. Conscient que ce qu’il allait regretter se qu’il allait dire ou faire, Calvin ne put s’empêcher de se lever et de fuir le regard de Blaine tout en lui annonçant :

« C’était…sympa. Mais je crois qu’il faut que…j’y aille. Je…Ce n’est pas contre toi, tu n’as …rien fait de … spécial » expliqua-t-il en butant sur la plupart des mots. « C’est moi… J’ai…des choses à faire...ca m’est sortie de l’esprit » dit-il virant à chaque fois que la vérité semblait vouloir sortir de sa bouche. Il commença alors sa fuite sans même remarquer que son mal à l’aise informait clairement de ses sentiments refoulés. Il descendit de la scène. « Merci pour tout à l’heure, c’était vraiment…sympa de ta part… Je…je dois y aller… » Répéta-t-il à reculons pendant qu’il grimpait l’allée à reculons. Lorsqu’il passa la porte, à moitié déboussolé, il ne remarqua même pas que quelqu’un les avait observés. Il se contenta de partir, la tête baissé, laissant Blaine dans ses songes.