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 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.

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MessageSujet: 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.   05. Yesterday, nothin' happened... I hope so. EmptySam 19 Mar - 17:27

Klaus & Agustin
« De tous les arguments, le plus difficile à réfuter est le silence. »


    Il était vingt heures pile. Agustin n'allait pas tarder à arriver. Je mordillais impatiemment le pourtour de mon ongle, arrachant avec une précision chirurgicale les petites cuticules autour de l'ongle de mon pouce. Il était vingt heures et je n'avais pas touché à une goutte d'alcool depuis la dernière fois, le plus grand exploit que je n'ai jamais accompli. La douche froide que j'avais prise en revenant de McKinley m'avait sorti de mon ivresse et j'avais pris conscience de mes gestes. J'avais embrassé un élève et - pire que tout - j'avais bu dans l'enceinte du lycée. Si Figgins m'avait vu ! J'aurais passé un sale quart d'heure. Après avoir quitté Agustin de la salle voisine à la permanence, j'étais rentré directement à l'appartement, espérant ne pas y croiser Sina - ma soeur - et ma nièce. Et malheureusement, elles étaient là. Sina m'a passé un savon et je n'ai pas pu m'empêcher de lui hurler des saloperies sur son compte - du genre Ca m'étonne pas que tu sois tombée enceinte à seize ans, vu comme tu te comportes comme une p*te !. Notre dispute s'est terminée par une Sina en larme sur le canapé et moi, à moitié ivre dans la cabine de douche, frottant jusqu'à m'en brûler la chair le gant de toilette sur ma peau. Mes avants bras étaient à vifs et totalement rouges - comme si j'avais pris un gros coup de soleil. Le lendemain, je m'étais excusé sommairement, donnant l'alcool comme excuse. Elle n'a pas répondu et j'ai claqué la porte avec fureur. Merde. J'étais trop impulsif.

    Randy - le barman - m'a sorti de mes pensées en poussant un shooter de whisky sur le comptoir où j'appuyais mon coude. Je jetai un coup d'œil envieux au verre : ça ne pouvait pas me faire de mal - ou du moins, m'enfoncer plus dans les emmerdements que ce que je ne l'étais déjà. J'attrapai le verre entre deux doigts et l'avalai cul-sec. Ca, c'était fait. Je reportai mon regard sur la porte d'entrée, espérant secrètement qu'Agustin ne passe jamais le seuil. Ou bien qu'il déménage, au choix, en tout cas, tout pour que je n'aille pas d'excuses bidons à donner. Je n'avais tout simplement pas grand chose à dire. Je passai une main agacée entre mes boucles chérubines noires, tout en pestant contre la chanteuse temporaire qui massacrait The Show Must Go On de Queen en misant plus sur ses atouts physiques que sa voix pour charmer l'auditoire. J'eus un frisson lorsque sa voix fausse s'écrasa lors du refrain, mais pas seulement : Agustin venait de franchir le seuil du karaoké bar. Il était habillé un peu comme tous les lycéens de McKinley - tee-shirt et jean - tandis que j'étais vêtu de mon uniforme en dehors du lycée : un smoking débraillé, parfait pour aller au bar/karaoké avant d'enchaîner mon travail de nuit.

    Dès qu'il remarqua où j'étais assis, je sentis mes muscles dorsaux se raidir douloureusement. Je ne voyais pas quelle attitude prendre pour lui dire bonjour - lui faire la bise, lui serrer la main ou l'embrasser directement. Doux Jésus. Il était encore plus désirable que la dernière fois. Je m'ôtai de mon tabouret pour venir à sa rencontre. A une soixantaine de centimètres de lui, je m'arrêtai, interdit. Qu'est ce que j'étais censé faire ? Je me suis mordu la lèvre inférieure tout en baissant les yeux nerveusement. « Le gamin peut pas venir, Klaus. » a dit Randy dans mon dos. Je me retournai vers lui, les yeux lançant des éclairs furieux.

    Je l'accompagne. Il ne boira pas une goutte. » lui lançai-je alors que mon regard revenait à Agustin.

    Mes yeux ne voulait manifestement pas affrontés le regard d'Agustin.

    Salut. »

    Je ne voyais pas trop quoi ajouter. Un "désolé" me paraissait mal venu pour l'instant, alors je lui fis signe de me suivre à une table au fond du bar. C'était étrange. J'étais partagé entre l'envie de lui sauter dessus et l'envie de m'éclipser comme un malotru. Je me mettais assis sur la banquette, priant pour que cette conversation ne soit pas des plus difficiles.
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MessageSujet: Re: 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.   05. Yesterday, nothin' happened... I hope so. EmptyLun 21 Mar - 20:31

    Il m'obnubilait, son image stagnait ancrée dans mon esprit depuis ce qui était arrivé. Jamais je n'avais ressenti quelque chose d'aussi indéfinissable. Quand je l'avais laissé, encore sous l'emprise de l'alcool, dans la salle adjacente à la permanence, il était là. Durant mes derniers cours de la journée, il était là. Lorsque j'étais, ereinté par cette journée interminable, rentré dans ma grande demeure vide, il était encore là.

    Ce n'était vraiment pas mon style de me casser la tête avec ce genre de choses, pourtant Dieu savait combien de fois il m'était arrivé d'embrasser une personne inconnue, surtout ivre. Je voyais plusieurs explications à cette obsession qu'il m'avait laissé en partant. Tout d'abord, c'était un surveillant de McKinley. À ma connaissance, absolument personne au lycée ne savait quoi que ce fût sur mes expériences amoureuses et sexuelles. Ce n'était qu'un surveillant, et il n'en parlerait certainement à personne, mais je craignais toutefois que cela se répande par un moyen quelconque.

    Ensuite, il y avait les circonstances. Le fait qu'il avait bu en journée, ce qui pouvait révéler des problèmes dans sa vie le poussant à faire ça. La satisfaction que j'avais ressenti en l'embrassant, et mon insistance inhabituelle. La courte durée de notre rencontre. Et enfin, il fallait reconnaître qu'il était beau et n'avait pas eu de mal à réveiller quelques pulsions sexuelles enfouies en moi. En conclusion, il était fort probable que je craque totalement sur lui.

    Donc, je n'avais cessé de penser à lui depuis que nous nous étions quittés. Et là, j'allais le revoir. J'étais à l'entrée du bar/karaoké. C'était le genre d'établissement ou l'on recalait les mineurs, donc pas le genre de lieux que j'avais l'habitude de fréquenter. En arrivant, j'attachai mon scooter rouge et gardai le casque avec moi. J'étais anxieux à l'idée de le revoir, mais je ne préférais même pas penser aux alternatives sur lesquelles aboutirait notre discussion. Faisant preuve d'un effort monumental, je respirai et me calmai, tentant de me détendre de l'intérieur. Je ne m'étais même pas donné de mal pour m'habiller correctement, j'eus au moins pu lui faire cette honneur.

    De plus, l'apercevant de loin, je constatai que lui, en revanche, était bien habillé. Il m'avait repéré, et apparemment le serveur aussi. Ce dernier me regarda d'un air mauvais. Klaus lui dit deux mots avant de s'approcher de moi. Déjà lorsqu'il arriva à ma hauteur, je sentais naître un malaise. Sans un mot, j'allai m'asseoir face à lui. Je le contemplai, mon des sensations singulières me démengeaient dans la partie inférieure de la poitrine. Après un léger silence, je ne trouvai qu'une chose à dire, et je le dis avec un manque d'assurance considérable qui m'étonna de moi-même.

    Alors, remis de la dernière fois ?

    En y réfléchissant, j'ignorais le réel sens de cette question. Il semblait y en avoir deux, j'appréhendais lequel Klaus choisirait de comprendre.
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MessageSujet: Re: 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.   05. Yesterday, nothin' happened... I hope so. EmptyMar 22 Mar - 16:21

    C'était sans aucun doute la situation la plus bizarre que je n'avais jamais vu. Je veux dire, il y a bien la fois où un vieux clochard m'a vomit dessus en ville, mais une douche et c'était parti. Alors que là, même une douche n'arrivait pas à m'enlever l'image d'Agustin. J'avais mal dormi la veille, une insomnie causée par la journée et par le lendemain. Ca m'avait taraudé toute la nuit : mais bon Dieu, qu'est ce que j'allais lui dire ? En réalité, il n'y avait pas grand chose à dire. L'explication la plus simple et rationnel que je pouvais lui donner, c'était l'alcool. Mais il y avait autre chose. Et je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus et c'était embarrassant.

    Alors, remis de la dernière fois ? »

    J'haussais les épaules tout en sortant mon paquet de cigarette - surtout pour me donner une contenance.

    Niveau alcool oui. On peut dire ça comme ça. » lançai-je tout en sortant une clope. « Ca ne te dérange pas, j'espère. » demandai-je tout en lui désignant du menton le paquet posé sur la table.

    Je sortis mon briquet aux couleurs de l'Allemagne et embrasai l'extrémité de la cigarette, qui rougeoya dans la pénombre du bar. Je pris une grande bouffée, avant de retirer la clope de ma bouche. Je détaillais du regard Agustin, cherchant quelque chose à dire. Ma bouche était sèche et mes mains devenaient moites. Merde. Je repris une grande aspiration de ma cigarette, avant de me reconcentrer sur mon interlocuteur. Heureusement que quelqu'un chantait derrière nous, sinon le silence exaspérant entre nous deux aurait eu raison de moi à nouveau. Un peu gêné, je me remis droit, avant de reprendre la parole.

    Je peux être honnête avec toi ? Parce que ça me tient à coeur. Réellement. »

    Gamin. Stupide. Idiot. Je me traitais de tous les noms alors que les mots se mettaient en place dans ma tête. Je savais par expérience et surtout malgré moi que ce genre de choses finissait mal en général, et que j'étais sans aucun doute trop immature pour le comprendre à cet instant. Mal à l'aise, j'écrasai ma cigarette fumante dans le cendrier alors qu'elle était à peine entamée. Tant pis. Je jetai un regard désespéré à Randy, derrière le bar, qui servait un verre à un habitué. Si seulement quelque chose aurait pu m'empêcher de raconter tout ce qui me passait par la tête... Toujours était-il que je venais d'entendre ma voix sortir de ma bouche sans mon accord.

    Agustin... » dis-je comme un soupir. « Je ne vais pas te donner d'explication vaseuse. Il n'y en a tout simplement pas. Même si je n'avais pas été saoul dans la salle, là-bas... Je l'aurais fait. Je t'aurais embrasser. » ajoutais-je en baissant la tête comme un enfant que l'on gronde. « C'est stupide. C'était stupide. Je suis impulsif et totalement immature. Je suis réellement désolé. En plus, t'étais même pas d'accord. »

    Je marquai une pose alors que de vagues souvenirs remontaient à la surface. Cette scène s'était passée hier mais je ne me rappelais pas de la moitié de ma journée. Tout ce dont je me souvenais, c'était que c'était Agustin que j'avais embrassé, qu'il avait été diablement sexy et que... qu'Agustin m'avait également embrassé. Je relevai la tête, effaré. Mais qu'est ce que j'avais fait ? En sa présence, j'avais du mal à me contrôler. Je ne l'avais vu que deux fois : la première, je l'avais embrassé, et la deuxième, je lui avouais que même sans alcool je l'aurais fait. Comme j'aurais pu m'enfoncer encore plus dans ma stupidité aveugle ? La réponse est simple. En posant ma main sur la sienne et disant :

    Mais bordel de merde, pourquoi tu m'as également embrassé après ? »

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MessageSujet: Re: 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.   05. Yesterday, nothin' happened... I hope so. EmptyMar 22 Mar - 20:55

    C'était tout ce que j'avais trouvé à dire, c'était totalement idiot, pourtant je l'avais dit. Il eut un haussement et sortit une cigarette. Signe de désintérêt ? Puis il me répondit quelque chose de confus, qui semblait vouloir dire qu'il avait intercepté les deux sens subliminaux de la question. Des réponses courtes. Puis il enchaîna en me demandant si la cigarette ne me dérangeait pas, ce qui commença à me faire regretter d'être venu. Il avait sûrement voulu changé de sujet, pour ne pas parler de ce qui s'était passé.

    En réalité, je fixais le paquet, mourant d'envie de lui demander une cigarette. Je n'étais pas un fumeur intensif, mais dans l'état où j'étais, j'aurais bien eu besoin d'une dose de nicotine pour me calmer. Je hochai la tête négativement. Je ne voulais plus parler, si c'était pour qu'il se désintéresse aussitôt du sujet. Je le regardai, passioné, allumé sa cigarette. Même son mouvement était sexy. Tous mes membres tremblaient, je me raclais la gorge pour ne pas laisser échapper un semblant d'orgasme incontrôlé. Je restai à le contempler, très loin de ma discrétion habituelle. Je perdais mes habitudes et mes moyens. Je commençais à penser qu'il m'avait oublié, qu'il ne remarquai rien si je m'éclipsais, jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.

    Sa déclaration me retourna brusquement. Sur ses mots, mon coeur palpita, ma bouche resta bée, mes yeux devaient scintiller.

    Je...

    ... ne trouvai rien à dire. Il l'aurait fait même sobre ? Mon esprit se torturait. Puis il se rabaissa. Il était tellement touchant, tellement beau, tellement singulier. Rien ne sortit de ma bouche. Après un léger silence, il fit quelque chose qui me boulversa d'autant plus ; il posa sa main sur la mienne en me demandant pourquoi je l'avais également fait. Tout allait trop vite. Reprenant mes esprits, j'eus une réaction qui m'étonna fortement de ma part. Je pris sa main pour la poser sur ma poitrine. Cela devrait lui paraître fou, mais c'était pour moi significatif. C'était un signe de ma famille, mon père l'avait fait pour séduire ma mère, mon grand-père avait fait la même chose pour reconquérir sa fiancée. Cela avait une signification très précise : je te veux. Mais Klaus n'en avait aucune idée. Alors je décidai de lui expliquer verbalement.

    Je l'ai fait parce que tu me plais intensément. Je... Je te veux.
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MessageSujet: Re: 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.   05. Yesterday, nothin' happened... I hope so. EmptyMer 23 Mar - 14:48

    Mes doigts, posés sur le fin textile de son tee-shirt, parvenaient à ressentir chacune des pulsations de son cœur. Le mien sembla manquer un battement alors que la douce chaleur de la main d'Agustin s'infiltrait entre mes doigts. Boum, boum, boum. Le rythme de mon cœur se calqua sur le sien tandis que je relevais la tête, les yeux brillants. Ma respiration se coupa malgré moi pendant que j'entendais les paroles d'Agustin. Je n'avais jamais ressenti quelque chose dans ce genre, et Dieu sait combien de fois j'avais cru avoir de tels sentiments. C'était plus fort, plus violent et plus doux à la fois. Je n'avais pas envie que ce moment s'arrête. C'était si parfait.

    Bientôt, ma main glissa lentement de sa poitrine pour revenir sur ma cuisse. Il fallait bien se raisonner. J'étais trop vieux, et lui, aussi désirable qu'il était, était trop jeune pour que quelque chose se passe. Ca s'appelait du détournement de mineur et je me voyais mal passer au tribunal et gâcher tant d'années de ma vie juste parce que Agustin n'avait pas la majorité. Ma vie misérable. Je n'ajoutais rien, trop occupé à peser le pour et le contre. Mais qu'est ce que j'étais censé faire ? Je ne m'étais pas préparé à quelque chose dans ce genre - surtout pas aussi rapidement. J'étais perdu et effrayé à la fois, à l'instar d'un enfant en contrée inconnue. Et cette contrée inconnue s'appelait les sentiments.

    Agustin...»

    Mon cœur battait la chamade si fort que ça me faisait mal à la poitrine. Je baissai de nouveau les yeux.

    17 ans. C'est ton âge. 22 ans. C'est le mien. »

    Et pire encore que la différence d'âge : mon boulot de nuit. J'étais censé lui dire ou lui faire carrément une démonstration ? Il ne devrait pas avoir à supporter ça. Les lap-dances, mes pourboires en nature après une bonne soirée... Pas question. Je ne pouvais pas me permettre ça - être aussi proche d'Agustin. Mais j'en avais terriblement envie. Juste pour le plaisir de passer ma main dans ses cheveux et déposer sur ses lèvres un baiser, juste pour le plaisir de sentir la chaleur de ma main dans la sienne. Je ne pouvais décemment pas laisser passer quelque chose de ce genre. C'était trop fort pour que j'en fasse tout simplement abstraction.

    Je... Il y a quelque chose. Que je ressens par rapport à toi. » dis-je tout en fixant l'endroit où quelques instants auparavant se trouvait ma main. « C'est stupide. Je suis désolé. Je n'aurais pas dû te demander de venir ici. C'est mal famé et... et je travaille ici. Et pas du côté des jobs bien vus. » précisai-je, la voix cassée. « Ce que je veux dire c'est que... Il y a quelque chose entre nous. Je n'ai pas arrêté de penser à ce que j'allais te dire ce soir, si tu allais venir, tu vois un peu le topo... » Je posai lentement ma main sur la sienne, pour la deuxième fois de la soirée, et sentis de nouveau sa douce chaleur sur ma peau. « J'aimerais terriblement pouvoir répondre à tes attentes. Réellement. Mais... Il y a des obstacles. Et je ne sais pas encore si je serais capable de les surmonter - mais ce n'est pas l'envie qui me manque. »

    Je sentais que mon cœur se serrait. Chacune de ses pulsations devenaient terriblement douloureuses. Comme pour vérifier si un contact avec lui apaiserait cette souffrance, je guidais sa main vers ma poitrine, comme il l'avait fait quelques instants plus tôt. Et en effet, je sentis une nette amélioration, comme si il était l'antidote à mon aigreur, à ma peine et à ma rancœur. Je caressais du bout du doigt une de ses phalanges, avant de retirer ma main lentement et la chaleur s'éteignit sur mon doigt. Je voulais qu'il sente à quel point tout cela me troublait et que je ne savais quoi faire.


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MessageSujet: Re: 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.   05. Yesterday, nothin' happened... I hope so. EmptyDim 3 Avr - 20:06

    Après avoir expiré cette phrase révélatrice, idiote et naïve, je voulus en vain remonter le temps quelques minutes, voire plus, en arrière, à la manière d'un enfant désirant avoir des pouvoirs magiques. Cette issue me paraissant me probable, je pensai aussi à me cacher. Non pas aller me réfugier sous une banquette et n'en ressortir qu'une honte ma honte évaporée, mais cacher tous ces tracas et autres sensations singulières qui s'affichaient comme une pancarte sur mon visage.

    Alors qu'il semblait plongé dans une intense concentration, cherchant sûrement ces mots pour me rembarrer, je tentai durement d'effacer tous rictus et autres signes de malaise sur mon visage pour tenter d'atteindre un air totalement indifférent. Mais je n'y parvenais pas. Alors je pensai à la très belle chanson Your eyes don't lie de David Archuleta, ce jeune et romantique virtuose de l'émission X-Factor. Les paroles de cette chanson racontaient en résumé qu'une personne amoureuse ne peut cacher ses sentiments, ses yeux le trahiront toujours. Mais je n'avais jamais été amoureux, et je ne voulais pas en faire l'expérience. Tout simplement parce que j'en avais peur. Une peure qui me dévorait en permanence, et que je pensais ne jamais réussir à vaincre.

    Il m'interpella, me coupant dans ma réflexion complexe. Alors je me concentrai sur ce qu'il avait à dire. Après tout, il me rendrait peut-être la tache plus aisée en me disant qu'aucune relation entre nous deux n'était possible. Mettant en avant notre différence d'âge - de cinq ans - il semblait bien parti sur ce chemin-là. J'écoutai attentivement la suite de son discours, espérant secrètement qu'il me demanderait de partir et de ne plus jamais lui adresser la parole. Jamais je ne m'étais senti ainsi, jamais je ne m'étais rabaissé si bas pour une personne, surtout inconnue. En fait il voulut certainement faire ce que je m'attendais à ce qu'il fît, mais en douceur, avec des phrases réfléchies, de bons arguments et une once d'émotion, tel un acteur de tragédie. Je m'intéressais à ce qu'il disait sans que tout arrive bien jusqu'à mon cerveau. Lorsqu'il posa sa main sur la mienne, un frisson parcourut tout mon être. Puis m'exposant les choses comme je l'espérais, il fit comme je lui avait fait quelques minutes plus tôt, le coup de la main sur la poitrine, avant de la retirer.

    Je sais pas quoi dire. Je n'ose pas te dire que je pourrai surmonter les obstacles pour être avec toi, parce que je ne te connais pas, même si j'en brûle d'envie. Nos âges, ton mystérieux job secondaire... Tout ça je m'en fous. Mais y'a un autre obstacle que je suis pas du tout dur d'endurer... C'est l'histoire des sentiments et tout le bordel...

    Tout ce que je venais dire était sorti de ma bouche sans être passé par mon cerveau. Ce que je dis ensuite, en revanche, je l'avais réfléchi quelques secondes durant.

    Alors je n'ai pas envie de jouer au boulet qui s'accorche à un mec qu'il vient de rencontrer, mais je ne veux pas non plus partir en disant que c'était bien le temps que ça aura duré et qu'il vaut mieux qu'on ne s'adresse plus la parole. Alors, je t'en prie, aide-moi et dicte-moi quoi faire, car là, je n'en ai pas la moindre idée.

    Pour le coup, je devais avoir les yeux expressifs et attendrissants comme ils ne l'avaient jamais été.
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MessageSujet: Re: 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.   05. Yesterday, nothin' happened... I hope so. EmptyLun 4 Avr - 18:37

    Je me sentais comme... Comme un égoïste. Un égoïste stupide, qui se voilait la face avec autant de subtilité qu'un vieux senior n'osant pas voir qu'il allait mourir - la comparaison est peu flatteuse mais terriblement révélatrice. Et ça me revenait de plein fouet. Je pouvais coucher avec qui je voulais sans honte, faire une partie de jambes en l'air avec l'ex petite amie de mon meilleur ami, mais prendre juste une toute petite décision, j'en étais incapable ? Peut-être que j'avais un problème avec ça. Ou juste que j'étais trop indécis envers mes sentiments ? Je ne savais pas quoi faire. Même en essayant de peser mes mots, je me sentais atrocement mal. J'avais l'impression de me trahir, et par la même occasion de trahir toutes les valeurs bien morales auxquelles je m'étais astreint depuis toutes ces années. Un enfant immature et trop égocentrique pour se rendre compte que ses caprices - en particulier celui de cacher mes émotions - blessaient plus les autres qu'ils ne le blessaient, lui. A cet instant précis, quand mes yeux croisèrent ceux d'Agustin, des remords qui me semblaient éphémères auparavant croulaient à présent sous le sens. C'était comment si je réalisais brutalement l'ampleur de ma bêtise. Mais ces indécisions cachaient quelque chose de plus profond, de plus enfoui et de plus malsain que le reste. Je n'avais jamais eu autant d'attention envers moi. Enfant, on ne me demandait jamais mon avis, et je ne me souvenais pas en avoir tellement tenu compte à mes parents. Peut-être que c'était ça, finalement, qui me faisait boire comme un trou et fumer comme un pompier ? Je comblais le trou béant d'amour dont j'avais été privé pendant toutes ses années avec des substances - et pas seulement de la nicotine - à défaut d'amour. Non, Klaus. Arrête de reprocher ça à tes vieux et rend toi compte de ce que tu fais, bordel !

    Agustin venait d'achever ses deux tirades bouleversantes et je me sentais comme dans un mauvais film. Quel était le pourcentage de chance pour que mon coeur ne s'affole qu'avec lui ? Il y avait des partis bien plus accessibles dans cette ville - et puis un peu de romantisme avec ma sex friend et j'aurais très bien pu en faire ma petite amie en deux temps trois mouvements. Mais lui... C'était vraiment unique. Tellement unique que ça en devenait en quelque sorte effrayant. Je n'avais qu'une seule envie : me lever, me mettre à côté de lui et terminer ce que je n'avais pas eu l'occasion de faire dans la salle à côté de la permanence. Ca m'avait presque obsédé toute la soirée de la veille - même si en venant au bar, j'avais failli faire demi-tour et monter dans ma voiture en trombe pour ne pas faire face à la réalité. Pile à ce moment, j'aurais bien eu besoin d'un petit remontant - histoire de pouvoir tout balancer sans le regretter. L'alcool me désinhibait et me rendant bien plus impulsif - dans le bon comme dans le mauvais sens. Ca me manquait terriblement, de sentir le picotement d'un whisky dans ma gorge sèche. Je reportais mon attention à Agustin pour éviter d'y penser, mais c'était pire : cette fois, je pensais directement à lui, à ce que j'allais lui dire et les conséquences que ça allait avoir.

    Je ne suis pas doué niveau sentiment. » dis-je d'une toute petite voix, brutalement cassée et rauque. « Je suis... littéralement incapable de donner aux autres ce qu'ils veulent. » précisais-je en posant un coude désabusé sur la table et en appuyant négligemment ma main sur ma joue - ça faisait presque un décalage absurde entre mon attitude désinvolte et la difficulté pour moi de parler de mes sentiments. « Je... Je ne serais jamais capable d'être le boy-friend parfait. Clope... Alcool... et des petits sachets blancs bien connus quand j'en trouve... Je doute que ce soit l'attitude qu'on pourrait attendre d'un gendre idéal. Peut-être en apparence. Sûrement. Mais il y a trop de choses envers toi là dedans (je mis brusquement ma main vers mon coeur) ... pour que je laisse ces choses-là me ronger. La différence d'âge... Mon boulot... Je crains que ce ne soit qu'une excuse pour me voiler la face. »

    J'osais esquisser un petit sourire, tiraillé entre me laisser aller une bonne fois pour toute et ne rien ajouter. Je sentais une poussée d'adrénaline m'être brutalement lâcher dans mes veines par mon propre corps. Je pris cela comme un énième encouragement sourd de ma conscience. Il était l'heure de se confesser.

    Je ne suis pas doué niveau sentiment. Je te l'ai déjà dit. Sans compter que je cherche qui je suis. Un alcolo qui a des problèmes avec ses vieux démons, le stupide utopiste qui perd son optimiste en même temps qu'il se déshabille pour ces dames... Ou plus simplement l'amant trop fleur bleue pour se laisser aller. Ces trois portraits... C'est moi. Et chacun d'eux force l'autre à s'amplifier de jours en jours. »

    Je m'éclaircis brusquement la gorge - ma voix s'étant éteinte misérablement à la fin de ma précédente phrase.

    Je veux changer. Changer pour toi. Pour qu'un jour, cela puisse peut-être se faire. Mais... on ne se guérit pas si facilement de ses petites habitudes malsaines. » lançais-je en soupirant. Je me serais cru dans un mauvais téléfilm pour ménagère de moins de cinquante ans américaine. « Je ne sais pas aimer. Et toi non plus. Peut-être...» Mes doigts s'entrelacèrent lentement aux siens, faisant déferler en moi une vague d'espoir, de lumière et d'optimiste. « Peut-être qu'on pourrait apprendre ensemble ? A notre rythme. »

    C'était la première "vraie" fois que j'osais m'aventurer dans le "nous" plutôt que dans le "toi et moi". Tout ce que j'espérais, c'était que ce que j'avais dit quelques minutes auparavant ne l'avait pas vexer et - pire encore - lui avait ôté toute envie de commencer quelque chose avec moi - sinon, je me serais senti encore plus stupide d'avoir parlé comme un mauvais Don Juan.
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MessageSujet: Re: 05. Yesterday, nothin' happened... I hope so.   05. Yesterday, nothin' happened... I hope so. Empty

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