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Night & Saphira

Difficile de reprendre l’entraînement après de longues semaines d’absence. Le décès de sa mère avait poussé Saphira à mettre entre parenthèse sa vie d’adolescente. La tristesse, la peur, les remises en question, le rééquilibrage d’une vie qui est totalement et irrémédiablement chamboulée ne lui avait donné ni l’envie, ni la motivation de poursuivre les entraînements de ce début d’année. Pourtant, Dieu seul savait à quel point elle aimait danser. A quel point se défouler lui était vital. Alors, elle s’était rendue la veille dans le bureau de Sue Sylvester dans l’espoir de pouvoir faire ce premier pas vers le retour d’une vie « normale ». Sue avait accepté bien sûr, mais s’était montrée claire, Saphira devrait reprendre rapidement le niveau, pas de médiocrité chez les cherrios, elles étaient les meilleures et il était hors de question que ça change.

Alors ce matin-là, elle avait décidé de reprendre ses bonnes vieilles habitudes en allant courir au parc. Non pas qu’elle ait pris beaucoup de poids depuis son arrêt -elle avait la chance de pouvoir manger ce qu’elle voulait sans prendre pour autant un seul gramme - seulement et avec évidence ses muscles s’étaient quelques peu relâchés et les entraînements de Sue étaient réputés pour être vraiment, vraiment très difficile. Après tout, l’excellence ne s’acquiert pas à coup de plume comme on dit.

Moulée dans un jogging noir, son Ipod sur les oreilles pour rythmer ses foulées, elle s’était rendue, à peine le soleil levé dans le parc. Elle s’était étirée longuement pour ne pas risquer de se blesser avant même d’avoir fait son grand retour sur la piste, puis elle s’était lancée. Rapidement elle avait retrouvé sa foulée. Mais son pouls quant à lui s’affolait rapidement. Son cœur et ses poumons semblaient eux aussi s’être mis en grève durant… cette période. Habituée aux efforts physiques, elle poursuivit néanmoins, jusqu’à effectuer les 10 kilomètres quotidiens qu’elle avait l’habitude de parcourir et finit par s’arrêter devant une fontaine dont elle se servit ce jour-là comme soutient.

Sa persévérance avait payé, elle avait réussi son tour de force, seulement de petits points noirs devant ses yeux lui laissait penser qu’elle aurait peut-être mieux fais d’y aller un peu plus doucement. Malgré la température fraîche de cette fin janvier, elle s’était alors aspergée le visage d’eau dans l’espoir d’y voir un peu plus clair. Mais c’était peine perdue, elle tenta de contempler sa montre qu’en grande sportive tête en l’air qu’elle était, elle avait oublié de mettre.

*Ca complique légèrement la prise de mon pouls !*

Elle tenta alors de se retourner et probablement blanche comme un linge, d’interpeller la première personne qu’elle parvenait à entrevoir, il ne manquerait plus qu’elle soit en retard en cours…

-Pardon ! Excusez-moi !

Intervint-elle en restant appuyée contre la fontaine.

-Auriez-vous l’heure s’il vous plaît ?

Papillonna-t-elle des yeux pour affermir la vision et la silhouette qui se trouvait devant elle tout en tentant d’apaiser sa respiration.

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Night & Saphira

*Journée de mer** !*

Ne vous est-il jamais arrivé de vous lever le matin en vous disant ! Outch ! J’aurais mieux fait de rester couchée ! C’est décidemment pas une bonne journée. Et bien ce jour-là commençait sous de tels hospices. Saphira s’était dépassée physiquement au point de se sentir mal et maintenant elle venait de rencontrer le nain grincheux ( ). A vrai dire, elle n’avait aucune idée de ce à quoi il pouvait bien ressembler. Ou plutôt, ne distinguait-elle que des contours flous de son apparence. Par contre sa personnalité elle ne manquerait pas de s’en souvenir. Un marginal grincheux et probablement à moitié cinglé ! Voilà la première impression qu’il venait de lui faire.

*Ok ! Bon !*

En temps ordinaire, elle se serait montrée patiente, elle lui aurait souri, lui aurait énoncé une petite phrase du genre : « Et bien… désolée et bonne conversation alors ! » Puis elle se serait retournée et aurait tenté sa chance auprès de quelqu’un d’autre. Mais aujourd’hui et premièrement, physiquement elle était inapte au moindre mouvement, de deux même encore floutée sa vision ne laissait rien apparaître à son côté et de trois, trop de choses lui étaient et lui arrivaient ces derniers temps pour qu’elle supporte son ton sans broncher.

-Peut-être parce que la plupart des gens se soucient du temps et porte une montre ? S’intéresse à leur prochain ? Peut-être parce qu’on est dans une petite ville et que j’osais espérer tomber sur un individu capable de répondre à une simple question sans agresser les gens ? Quant à ta discussion et bien non, les monologues vois-tu, ce n’est pas une discussion ! Et encore moins une conversation ! Néanmoins, loin de moi l’idée de brimer ta liberté d’action plus longtemps ! Puisqu’il est évident que tu te suffis à toi-même et que tu n’as visiblement aucunement l’intention d’être aimable je te laisse à ton… occupation !

Une main posée sur le cœur, le souffle saccadé, elle avait tenté de marcher avec toute la dignité, à défaut de la grâce qui la caractérisait, sur le chemin qui la ramènerait chez elle. Elle était agacée par ce début de journée. Constatée à quel point elle n’était plus celle qu’elle était quelques semaines auparavant n’était pas facile à digérer pour celle qui voulait reprendre un semblant de vie normale. Quant à sa rencontre du matin, elle ne savait pas qui il était, mais visiblement, il se fichait comme d’une guigne de ses prochains.

*Quel égoïsme ! Quel égocentrisme !* Songeait-elle en poursuivant sa route. Mais soudain, elle réalisa qu’elle lui ressemblait beaucoup, du moins qu’elle ressemblait à l’image qu’elle lui avait donné. Ne venait-elle pas de perdre patiente avec un simple étranger, en usant de prétextes personnels et totalement égocentriques? N’avait-elle pas pris le risque de le blesser pour simplement passer ses nerfs ? Aussi, après quelques pas et la culpabilité enserrant son cœur, s’était-elle arrêtée et avait-elle mis les mains sur les hanches et prenant une grande inspiration.

-Je suis désolée mais avoue que tu n’es pas facile non plus ! Je m’appelle Saphira Harper !

Avait-elle finis en se retournant vers lui.

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Night & Saphira

Saphira se disait souvent qu’elle ne comprenait pas les gens. Loin d’elle l’idée de penser qu’elle puisse être omnisciente néanmoins, elle pouvait se targuer en tant ordinaire d’être une personne altruiste et tempérée, mais ce matin-là, elle n’était pas vraiment en mesure de faire preuve de grandes compréhensions et de grandes patiences. Peut-être que si elle n’avait pas forcé comme elle l’avait fait lors de son footing, peut-être que si la mort de sa mère n’était pas si récente, peut-être… peut-être alors aurait-elle pu essayer de comprendre, d’apprendre et de respecter ses opinions. Seulement ça ne lui était pas possible, non seulement il s’était montré clair quant à l’intérêt qu’il lui portait, mais elle était trop épuisée physiquement pour pouvoir se concentrer sur autre chose que l’idée de rentrer chez elle, prendre une bonne douche et oublié la mauvaise humeur du marginal…

-Tu aurais pu parler au Pape en personne que ça n’aurait pas fait de différence ! A part, bien sûr, si tu étais en train de faire une déclaration d’amour à ton arbre, mais puisque j’en doute, je ne vois pas ce que j’ai bien pu interrompre de si important qui puisse t’empêcher de te montrer un tant soit peu civilisé !

Devait-elle vraiment faire des efforts pour lui alors même qu’il était évident qu’il n’avait pas l’intention d’en faire ? Etait-elle obligée, même avec lui, d’être la petite fille sage que ses parents avaient fait d’elle ? Est-ce qu’elle devait satisfaire à son devoir de mémoire de sa mère avec un individu qui n’en avait visiblement rien à faire ? Que pouvait-elle bien lui dire de toute façon, bien qu’elle n’ait rien contre les arbres, elle ne les connaissait pas vraiment et devait avouer qu’à part le côté esthétique et appréciable des arbres fruitiers, pour leurs fruits, elle ne leur portait pas vraiment d’intérêt.

-Et bien Mr Euphrasia je te laisse à ton arbre en espérant que tu es plus accueillant avec lui que tu ne l’es avec tes semblables !

Peut-être aurait-elle un jour l’opportunité d’apprendre à la connaître, la possibilité physique et mentale d’apprendre à le comprendre. Peut-être que ce jour-là il lui laisserait l’occasion de l’approcher sans montrer les dents. Peut-être alors que ce jour-là ils pourraient apprendre à parler, à se connaître. Peut-être même pourraient-ils apprendre à s’apprécier. Mais pour tout un tas de raisons, Saphira n’était pas capable de faire les efforts suffisants pour aller dans ce sens ce matin-là. D’engager une conversation qu’il ne voulait pas, l’obliger à s’ouvrir alors qu’il n’avait visiblement rien à lui dire et qu’il n’attendait d’elle, apparemment et uniquement, qu’elle disparaisse de son champ de vision. C’est pourquoi elle s’était détournée et qu’elle avait reprit sa marche pour rentrer chez elle…