Mitchell avait encore une fois raté son entraînement de football. A chaque fois, il se trompait de date, d'heure, ou même - bizarrement - d'endroit. Hudson - le quaterback - lui avait même sèchement insinué que si il continuait à manquer les entraînements - en plus d'être viré de l'équipe - il allait gagner quelques kilos. En soi, ce n'était pas réellement un problème de prendre du poids quand on est un joueur de football américain, mais vous ne connaissez pas Mitchell... Il avait été totalement paniqué à l'idée qu'il soit lui, obèse, se traînant sur le même fauteuil roulant déglingué et sale que le chanteur qu'il avait slushisé la dernière fois avant d'aller en chimie. Sérieusement, il commençait à avoir peur de cette possibilité et angoissait dès qu'il croisait quelqu'un en surpoids dans la rue - une obsession qui commençait à le peser. Mais à chaque fois qu'il voulait faire un peu attention à ce qu'il mangeait - en tant que grignotage ou de repas complet - il passait devant un fastfood et l'odeur alléchante d'un hamburger 100% pure graisse lui mettait l'eau à la bouche et son foie commençait à produire de la bile en prévision de la digetion. Et comme on dit, la meilleure façon de résister à la tentation, c'est d'y céder...

Alors - entre deux gorgées de slushy parfum fraise qu'il avait acheté à McKinley - il avait décidé d'envoyer un message via son Twitter à ce qui se rapprochait le plus d'une meilleure amie : Domino Colombine. La même Domino qui galérait à entrer parmi les Cheerleaders et qui lui hurlait des conseils de catch en plein match de qualification pour les tournois allait l'aider à se bouger un peu plus son postérieur pour évacuer tous ses hamburgers, frites et autres graisses sur pattes qu'il avait réussit à ingérer en si peu de temps. Il avait eu un peu honte de devoir demander de l'aide à sa Cheerio personnelle - son cri couvrant les hurlements hypocrites des Cheerleaders - mais il espérait tout de même pouvoir passer un bon moment en compagnie de sa meilleure amie. Tant qu'elle ne l'initiait pas au catch urbain en plein terrain de sport, il arriverait à conserver ses petits os entiers.

Mitch et Chuck avaient convenu de se retrouver directement au terrain de sport du lycée de Lima - comme ça ils n'auraient pas besoin d'attendre l'autre en se changeant pour revêtir un jogging de sport. Mitch arriva le premier, déjà habillé de la traditionnelle tenue de footballeur américain : short et tee-shirt ample, ainsi que l'éternel casque à grilles, ses coudières et genouillères, ainsi que ses épaulières. Coach Beiste leur avait apprit à toujours prendre le maximum de précautions, même en entraînement, afin d'éviter n'importe quel problème. Après tout, un accident est si vite arrivé - et surtout, l'assurance de McKinley ne couvrait pas les dommages corporels en cas de match de foot violent - ! Mitch était donc planté au milieu du terrain vert, le casque sous le bras, regardant à l'horizon si sa Cheerio personnelle arrivait. Lorsque Chuck arriva, il esquissa un mince sourire : dès que l'on lui parlait de sport, elle accourait...

-« Hey Chuck ! » dit Mitch tout en enfilant son casque de football. « Merci d'être venue. J'avais réellement besoin de toi ! »

Il vérifia que ses baskets étaient bien attachées en posant un genou à terre.

-« Comment ça va ? » lança Mitch tout en relaçant continuellement ses chaussures. « Coach Beiste m'a dit que si je ratais encore un entraînement, elle me virait ! Tu crois qu'elle le fera ? » demanda-t-il en se relevant.

Il lui adressa un grand sourire - malgré sa peur d'être expulsé de l'équipe et de devenir le garçon le plus impopulaire du lycée - avant de commencer à s'échauffer en faisant quelques étirements sur sa jambe droite - celle qui lui permettait les plus grandes foulées en plein match, sa jambe fétiche. Même si il n'avait aucune envie de s'entraîner, il devait le faire, avant de rouiller définitivement, de se faire virer de l'équipe et de recevoir autant de slushies que l'handicapé qu'il avait bizuté le matin même, après sa quotidienne tranche de pain au beurre de cacahuète. Tranche de pain au beurre de cacahuète qu'il était censé évacuer le plus tôt possible.

Domino avait toujours été aussi franche - du moins, depuis que Mitch la connaissait. Pile électrique incroyable, elle aurait pu être parmi les Cheerios si ce manque de grâce - et de féminité - avait comblé dès sa naissance. Mais non. Domino jurait comme un charretier et ça n'allait pas être coach Sylvester qui allait accepter un tel élément parmi ses recrues. A la limite Beiste, peut-être, mais faire partie des Cheerleaders ? Impossible pour Chuck. Ce qui la rendait incroyable aux yeux de Mitch. Il grogna en signe de mépris lorsque la jeune fille le secoua par la grille de son casque. Il détestait ça. C'était condescendant - à part quand c'était Hudson qui s'en chargeait, lorsque les Titans perdaient le match à cause de lui. Après l'avoir relâché, Domino lui confirma sa théorie de son exclusion par Beiste. Eh merde. Il bougonna tout en ajustant continuellement son casque.

-« Les entraînements de Beiste craignent. Pas de ma faute si elle est nulle. » dit-il en croisant les bras comme un enfant de dix ans.

En général, Mitch était plutôt réservé quant à ses goûts, mais avec Domino, il se lâchait et sortait des âneries plus grosses que lui, toujours avec cet air dédaigneux tellement ridicule que c'en était hilarant. Du moins pas tellement pour Chuck. Il haussa un sourcil lorsqu'elle lui demanda - ou plutôt ordonna - de courir deux fois le terrain, avant d'esquisser un sourire maladroit lorsqu'elle parla de placage... Que voulez-vous, Mitch est un adolescent, et les adolescents ne sont pas réputés pour être extrêmement matures. Domino lui siffla dans les oreilles quelques secondes après cette réflexion. Ses tympans avaient beau être habitués à cela, il sentit des bourdonnements grinçant dans ses oreilles. C'était affreusement désagréable. Il se mit cependant à l'œuvre sans broncher - il détestait se confronter à Domino - et commença à courir autour du stade, en prenant soin d'aller le plus vite possible. Il détestait courir et sentir le choc de ses pieds foulants le sol se répercuter dans sa colonne vertébrale, alors, il accélérait toujours le plus possible, jusqu'à en être assez essoufflé pour expulser sa rate en reprenant son souffle. Au bout de la moitié du deuxième tour, il entendit Domino - au loin - lui hurler quelque chose.

Mitchell s'arrêta, interloqué par ce qu'elle avait pu dire. Les acouphènes temporaires causés par le coup de sifflet de Domino l'avait empêché d'entendre ce qu'elle avait dit. Mince. Il essaya de se concentrer le plus vite possible sur ce qu'il avait entendu. Ca devait se terminer par "za". Za, za, za... pensa Mitch en traversant le terrain en travers. Il ne comprenait pas. Tout en accélérant la cadence pour revenir vers Chuck, il cherchait un mot qui se terminait pas "za". Coryza. Mais qu'est ce que Domino lui parlait de syndrome bénin chez l'homme qui se traduit par un écoulement nasal et des éternuements répétés et parfois une conjonctivite (dans ces moments-là, Mitch aimait Wikipédia) ? Il ne savait même pas si la jeune fille avec un chat. Il la voyait plutôt avec un gecko ou un furet. Revenant enfin vers elle, il se planta devant elle.

-« Comment ça, chez toi y a ton chat qui a le coryza ? Je savais pas que t'en avais un. »

Puis, il haussa les épaules d'un air suffisant et termina un troisième tour de stade - il n'avait pas terminé son deuxième et craignait un problème en cas de mauvais échauffement. Enfin bien échauffé, il revint vers Chuck qui avait terminé la première installation de l'entraînement.

-« Tu sais, si ton chat est malade, si faudrait allez chez le véto. Je pourrais t'accompagner, si tu veux... » glissa-t-il en remettant son casque en place.

Mitch adorait passer du temps avec Chuck et encore plus en dehors du lycée. Ca lui arrivait même de regarder le catch pour pouvoir lui parler du dernier combat qu'il avait vu - alors qu'il ne voyait pas trop l'intérêt de ce sport. Elle était ce qui se rapprochait le plus d'une meilleure amie et elle était chère à son coeur, même si Mitch la trouvait parfois trop excessive, il ne la contrariait jamais. Elle comptait trop pour qu'il se permette de vouloir voir leur relation évoluer - bien que l'envie ne lui manquait pas du tout.

-« Oublie ce que je viens de dire et présente moi à ton installation. »

Pendant que Mitch boudait comme un gamin à qui on aurait piqué la trottinette, Chuck avait commencé à élaborer mentalement la préparation physique de son protégé. A commencer par une remise en forme dans les règles de l'art. Stretching, abdo, fessiers, tout y passerait. Et après une bonne dose de sueur sur le terrain, direction les vestiaires... Ou un sauna... Les muscles encore endoloris du jeune footballeur de couvrirait de fines gouttelettes d'eau condensée et la buée... Heu... Hrrrmmmm... N'importe quoi.
La jeune femme observa l'adolescent avorter son dernier tour pour revenir vers elle. Bon, elle lui accordait ces 100 mètres rien que pour ses beaux yeux. Soit.
« Comment ça, chez toi y a ton chat qui a le coryza ? Je savais pas que t'en avais un. »
Même après deux tours de terrain il était encore capable de sortir des débilités plus grosse que lui. Hésitant entre une pulsion meurtrière soudaine et une envie de suicide, Domino se contenta de soupire. Coryza. Non mais Coryza quoi ! C'était le seul mot qui lui était venu à l'esprit pour remplacer ce "Pizza" qu'il n'avait certainement pas entendu. C'est sûr, la Coryza, c'était tellement plus courant comme mot que l'association en devenait évidente.
La brunette n'eut même pas le temps de lui reprocher sa stupidité profonde qu'il était déjà reparti courir. Tout en marmonnant des obscénités à l'encontre de son camarade, Domino acheva de tirer les derniers équipements et attendit que Mitch repointe le bout de son nez.
« Tu sais, si ton chat est malade, si faudrait aller chez le véto. Je pourrais t'accompagner, si tu veux... »
911, j'écoute ? Oui, ici j'ai un sportif dont les fonctions intellectuelles ont cessé de fonctionner. Toutefois le moniteur physique indique toujours une activité intense. Dois-je considérer cela comme une mort cérébrale ? On a besoin d'une greffe de cerveau de toute urgence ! A vous central !
Et qu'on ne vienne pas lui dire, après ça, que les sportifs avaient de l'esprit. Parce qu'à l'heure actuelle, entre les deux oreilles de Mitchell, il n'y avait guère plus que le néant.
Chuck ouvrit désespérément la bouche pour l'invectiver, le traiter de tout les noms, mais le jeune homme la devança, ce qui valait certainement mieux d'un point de vue médical.

« Oublie ce que je viens de dire et présente moi à ton installation. »
Après avoir passé quelques secondes à chercher ses mots, cette demande sur footballeur rendit soudainement la parole à Chuck. Elle le regarda, cligna des yeux et soupira avant de lui indiquer d'un hochement du menton une machine de guerre estampillée "Chuck approved"
« Je te présente l'abdominator ! » fit-elle fièrement, ayant toujours une certaine propension à donner des noms débiles à ses machines de torture génétiquement modifiées. « Avec ça, crois moi, le Coach Beiste te reconnaîtra plus tant tu auras pris du muscle. Et tu vas aussi faire un régime. A compter d'aujourd'hui, c'est soupe de poireau et protéines. Puis tu commences par me faire cinquante abdos avant qu'on en reparle, gros tas. »
Chuck acheva sa dernière phrase dans un retentissant coup de sifflet et un coup de pied bien placé sur les fesses de son ami. Et comme son passe-temps favori dans ce genre de situation était de tourner autour de sa pauvre victime en hurlant quelques insultes, l'adolescente s'empressa de sortir son mégaphone (Bah quoi ? Oui oui, elle a piqué ses méthodes à Sue Sylvester. Mais on s'en fiche).
« Allez ! T'es gros, t'es gros ! Qu'est-ce que tu veux que jte dises ? »
Si elle avait osé, elle aurait même joyeusement fouetté le jeune homme. Au lieu de ça, elle s'était contenté de l'accrocher à la ceinture de son jean boueux, en guise d'arme de dissuasion.
« Beiste craint pas mon pauvre Hewelt, c'est toi qui craint ! Crois moi ! »
Noooon bien sûr qu'elle ne passait pas sa frustration sur lui. Qu'allez vous donc chercher là ?
« Tu bouffes comme Gargantua, et tu crois que ça n'auras aucun effet ? Ben mon gars, tu crois mal ! »
Tout ça en hurlant dans son mégaphone soigneusement orienté vers les oreilles de Mitch. Il allait probablement en devenir sourd et alors ? Il lui manquait déjà un cerveau alors au point où il en était... Un peu plus ou un peu moins n'allait pas changer grand chose.
« Tu fais quoi Samedi soir ? T'as pas rendez-vous avec une pauvre dinde j'espère ? Ce serait mauvais pour le régime que tu vas entreprendre. » Lança-t-elle finalement tandis qu'elle mitraillait l'adolescent avec les ballons qu'elle avait traîné au milieu du terrain.
Stop au régime Dukan, essayez le régime Domino \o/

Mitch avait, ce que l'on appelle communément LA DALLE. Il avait beau avoir englouti la moitié d'une baguette de pain et le quart d'un pot de beurre de cacahuètes, il avait toujours un petit trou insatiable qui faisait gargouiller son ventre, tandis qu'il regardait d'un oeil étonné la machine dite " l'abdominator " de coach Domino. Il devait bien l'avouer, cette machine de guerre lui faisait presque peur. Tentant de faire stopper le grondement sourd de son estomac et les messages de refus de son cerveau pour la machine de Chuck, il sentit un petit coup de pied... dans ses fesses. Il se sentit brusquement rougir et pour cause : il avait beau être footballer, il était toujours vierge, et tout acte qui touchait au monde très... libertin de la sexualité - et un petit coup de pied dans le bas du dos en faisait partie - le mettait mal à l'aise. Il secoua la tête avec ferveur, essayant d'assimiler les paroles de sa coach personnelle : un régime ? C'était un mot qui n'entrait pas son dictionnaire. Il aimait manger, et il ne voyait pas tellement où était le problème. Le problème, c'était qu'il ne se remuait pas assez en comparaison avec son appétit d'ogre. Soupe de poireaux ? Ca commençait mal. Ce légume lui refilait des gaz monstrueux. Par contre, dès qu'elle lui parla de cinquante pompes, ça le mettait déjà plus à l'aise. Il avait l'habitude de recevoir cela comme punition de la part de Beiste quand il ne mettait pas assez du sien dans son jeu sur le terrain.

Mitch posa un genou au sol et prit appui sur les paumes de ses mains. La terre sous ses doigts s'effritait et ressemblait à du sable trop rugueux. C'était désagréable, mais il ne dit rien. Il était en position de dominé par Domino (\o/) et il se voyait plutôt mal lui répondre. Les quinze premières pompes lui semblèrent faciles : son corps droit touchait presque terre à chaque fois, mais il parvenait à se relever à la force des bras. Les quinze suivantes lui firent un peu mal aux épaules, et il sentait que la température de son corps augmentait péniblement. Son front devenait légèrement moite. Les cinq suivantes étaient carrément un supplice : à chaque fois qu'il allait et venait, il croyait qu'il allait tomber et faire un malaise, mais il continua, mettant à chacun de ses mouvements plus de force tandis que son tee-shirt commençait lentement à s'humidifier par la transpiration. Les paumes de ses mains étaient à présent moites. Ca lui apprendra à manger des burgers plutôt que de faire des pompes ou des abdos. Pendant qu'il continuait le supplice, il entendait la voix de Domino. Gargantua ? «Dit carrément que je suis gros, aussi ! » et il entendit Chuck lui hurler à quel point il était énorme. Ses bras lui faisaient mal. Il acheva ses derniers coups et s'allongea sur le sol, mort de fatigue. C'était l'effet Domino. Il reprit sa respiration et sentit qu'il se faisait traîner jusqu'au terrain et ôta son casque qui lui tenait bien trop chaud.

Mitchell se remit debout difficilement. Ses jambes lui offraient un appui précaire, suffisant pour tenir debout, mais pour contrer les lancers de balles de football américain de Domino. Au départ, il ne comprenait pas trop ce qu'il devait faire - hésitant entre les frapper et s'en prendre plein dans le ventre. Finalement, il tentait de rattraper chacune des balles, même si la moitié atterrissait plutôt dans ses jambes ou dans ses attributs masculins, bien évidemment protégés par une solide coque de protection. Mais la cadence choisie par Domino était trop rapide, et elle alternait les balles hautes et les balles basses, si bien que Mitch ne savait plus trop où donner de la tête. Quelques instants plus tard, il se voyait incapable de faire autre chose que mettre les mains devant lui comme une fillette, tentant d'éviter soigneusement un lancer douloureux... Ce qui ne marcha pas. Il vit un ballon lui arriver en plein sur la figure et - brutalement - son nez lui fit mal. Il sentait un liquide chaud dégoulinant de son nez, et il se demanda si il avait éternué sans faire exprès. Il porta une main à son nez et fit ses doigts se teindre de rouge sang. Il tenta de stopper l'écoulement en appuyant sur ses narines et jeta un coup d'oeil mi figue mi raisin à Domino. Elle avait arrêté de lui lancer des balles - il ne devait plus en avoir à sa disposition pour l'instant.

-«Domino, ne me dit pas que tu m'as fait saigné du nez. » dit il, courroucé.

Personne ne faisait du mal à Mitch Hewelt sans que justice ne lui soit rendu. Même avec ses amis. Il attendit quelques instants que le sang arrête de s'écouler et après avoir essuyé négligemment ses mains sur son tee-shirt autre fois d'un blanc immaculé, il s'élança à la poursuite de Chuck, tentant de la plaquer. Au bout d'un long moment, il parvint à la mettre au sol et mit ses jambes des deux côtés des hanches de la jeune fille, en plaquant ses poignets avec une force mesurée. Il n'avait aucune envie de lui faire du mal, juste rire un peu. Mais il n'arrivait pas à rire. Il ne s'était jamais aperçu à quel point ses yeux étaient verts... et ça le déstabilisait un peu. Il n'avait jamais vu Chuck autrement qu'une amie, sans aucun doute sa meilleure amie, et un peu comme un garçon, aussi. Il n'avait jamais capté, qu'au fond, elle était aussi une fille... Et une très jolie fille.

-«Il y a une dinde qui me plait réellement, Domino. » chuchota-t-il avec la voix cassé typique des Hewelt.

Mitch se sentit brusquement rougir - fait qui n'avait sans aucun doute dû échapper à son acolyte. Gêné, il se releva en trombe, un peu désorienté. Son nez avait beau arrêté de saigner, il sentait toujours une douleur sourde lui marteler les narines. Et il sentait aussi son coeur battre lourdement sous son tee-shirt. Il tenta de se convaincre que c'était le fait d'avoir couru après la coach qui l'avait rendu aussi fébrile. Il lança un coup d'oeil humble à Chuck, et après s'être assuré qu'il n'était plus aussi rouge que tout à l'heure, il se retourna vers elle, tout sourire.

-«Voilà, coach. Mais à l'avenir, tu pourrais éviter de me péter le nez aussi facilement. J'aimerais pas qu'on dise que je me suis fait battre par une fille...»

Tandis que pleuvaient les ballons sur le pauvre petit corps de Mitch, l'esprit de Domino était parti vagabonder ailleurs, dans des contrées curieusement plus féminines, à la limite du cul-cul la pralinette. Car oui, la frontière entre le monde des amazones tueuses de léopards en rut et celui des Bisounours à oreilles toutes douces était bien mince, surtout lorsque Mitch était dans les parages. Il avait un sourire si rare mais si précieux, un joli regard profond et une voix éraillée... Duhuhu avait-elle même rit intérieurement façon perverse innocente. Le regard de l'adolescente s'était finalement plongé dans une brume fantasmagorique, bien loin de la torture qu'elle faisait réellement subir au jeune footballeur.
Actuellement, l'univers était rose et cotonneux, les oiseaux chantaient à pleine gorge et une douce odeur de barbapapa flottait dans l'air. Et bien entendu, ce n'était pas de ballons qu'elle balançait allègrement sur Mitchell depuis dix minutes mais des pétales de roses. Ceci expliquait certainement la cadence accélérée qu'elle lui imposait. Elle se prit même à rire doucement comme dans les films romantiques.
Parce que... Ha... Mitchell... La courbe de ses lèvres, ses abdos (Qu'il devrait mieux entretenir), son...
« Domino, ne me dit pas que tu m'as fait saigné du nez. »
Ho oui Mitchell ! Enlève moi sur ton poney ! Heu... Non. Hein ? Domino marqua un temps d'arrêt, histoire de redescendre sur Terre, le bras armé, prêt à lancer un ultime projectile vers sa cible. Par quel sortilège maléfique des pétales de roses pouvaient bien entraîner un saignement de nez ? L'adolescente haussa un sourcil circonspect, observant avec dégoût le footballeur essuyer le sang sur son T-shirt déjà bien crade. A vrai dire, il ne lui laissa guère le temps de protester, de dire que ce n'était pas elle, qu'elle était persuadée de lui balancer des fleurs alors qu'en fait non, de dire qu'en fait, c'était Puckerman qui était venu lui mettre un poing dans la face et qu'il venait tout juste de partir en courant avec un rire purement machiavélique... Non, le jeune Hewelt laissa en fait tout juste le temps à Chuck d'imaginer toutes sortes de scénarios pour sauver sa peau avant de s'élancer à sa poursuite sur le terrain.

« Non... NOOON MIIIIIIITCCCCHHHH » Hurla l'adolescente avant de partir dans la direction opposée, histoire d'éviter un plaquage dans les règles par un rhinocéros en rut.
A vrai dire, Chuck n'avait jamais été poursuivi par un animal sauvage en rut mais à entendre le souffle du lycéen derrière sa nuque, elle supposait que ça devait faire à peu près le même effet. Et a cet instant précis, elle se pris presque de compassion pour les Cheerios, poursuivies par des mâles en pleine puberté. Les pauvres. Hum. Bref.
Au bout d'un tour de terrain, le footballeur eut enfin l'opportunité de rattraper la jeune femme pour la plaquer fermement au sol. Le choc brutal acheva d'expulser le peu d'air qui restait encore dans les poumons de Domino et elle roula brièvement des yeux.
« Il y a une dinde qui me plait réellement, Domino. » fit finalement Mitch, de sa voix éraillée ultra se... Heuurm.
Une pointe de jalousie s'éveilla chez Chuck, colorant ses joues d'un rose léger tandis qu'elle fronçait les sourcils. Une dinde ? Quelle dinde ?! IM-POS-SI-BLE ! Penser qu'elle avait touché juste en parlant d'un rendez-vous galant quelques minutes plus tôt acheva de la rendre profondément jalouse. On ne touchait pas à Mitch, estampillé propriété privée de Chuck. S'il le fallait, elle marquerait son territoire. Mais non, trop desperate. Trop occupée à se faire des films d'amante maudite dans son esprit un peu trop tortueux et imaginatif, Domino laissa l'adolescent se relever sans lui porter attention, jusqu'à ce qu'il se tourne à nouveau vers elle, un sourire Colgate illuminant ses traits.
« Voilà, coach. Mais à l'avenir, tu pourrais éviter de me péter le nez aussi facilement. J'aimerais pas qu'on dise que je me suis fait battre par une fille...»

Un air sévère se dessina sur le visage de la jeune femme, fusillant l'infortuné du regard. Partagée entre son élan féministe vis à vis de cette attaque verbale directe et la jalousie qu'elle nourrissait envers ladite Dinde, Chuck marqua un temps d'arrêt avant de soupirer.
« Humpf. » grogna-t-elle d'un air renfrogné de schtroumpf grognon « Que veux-tu qu'ils disent ? Tu t'es pas fait battre par une fille mais par moi. C'est sensiblement différent. Mais ne change pas de sujet ! »
Déjà, elle avait agrippé le t-shirt de Mitch et le ramenait au centre du terrain, vers le tas de ballons laissés à l'abandon après leur course-poursuite.
« C'est qui cette dinde hein ? HEIN ?! Parle ! C'est Quinn ! Jle savais ! J'ai les moyens de te faire parler !! » Disons qu'elle se croyait un peu dans Les Lanciers du Bengale. "Nous avons les moyens de vous faire parler !". Manquait plus qu'un coup de De Niro et le tableau était complet. Il faut dire qu'une fois lancée en mode "Râlage, j'insulte tout ce qui passe", il était difficile d'arrêter Domino ou même de comprendre et contrôler ce qu'elle pouvait bien dire. Ainsi, elle avait déjà repris les ballons et mitraillait encore le footballeur avec, s'appliquant à viser juste...
« NOOON ! C'est Summer Davis ! C'est ça ?! Elle ramène tout le monde, la salo... Non, t'es gay ? Enfin, mais QUELLE dinde !? Brittany ? Jsuis sûre que c'est une cheerios t'façon, c'est toujours elles. Football/Cheeleaders, le cliché parfait. C'que t'es prévisible mon pauvre Mitch. T'as de la chance que je sois là pour te coacher parce qu'avec ta carrure, c'est perdu d'avance. Game Over mec ! »
Bon, ce que Domino omettait de préciser, c'était qu'elle préférait largement que le jeune homme soit Game Over, gros et sans amis avec elle plutôt que sexy et populaire au bras d'une Cheerio. Ou du moins pas tant qu'elle n'aurait pas réussi à intégrer le fichu gang des pimbêches effarouchées.
Cessant d'agresser physiquement l'adolescent, elle le toisa, une étincelle de fureur s'installant au plus profond de ses yeux verts.
« T'aimes une dinde et tu ne me dis rien. Niet. Que dalle. Tu me déçois, tu sais ? Enfin. Quand est-ce que t'as rendez-vous avec elle ? La veille au soir, t'es libre ? On se regarde un match de catch, histoire que tu gardes un peu de virilité parce que bon... Puis franchement... Humpf, bref. Allez, on y retourne. Je te laisse choisir le prochain exercice. »
Un faible sourire étira finalement les lèvres de Chuck. Bon, c'était quoi déjà, le mot ? Ah. Oui. BOULET !

Mitch savait que généralement - en présence de Domino, et surtout quand on lui parlait directement - il valait mieux choisir avec attention chacun de ses mots. Que l'on parle de catch ou de sentiments, ça revenait au même : chaque mot, chaque tournure de phrase pouvant être interprétés différemment que voulu, il pouvait se trouver dans les ennuis jusqu'au cou avant même d'avoir dit ouf. Et c'était un peu que qu'il venait de se passer devant ses yeux, sans qu'il ne puisse réellement réagir. Chuck avait empoigné avec rage son tee-shirt tâché de sang, et l'avait remis au centre du terrain, toujours aussi furieuse. Mais comment une simple phrase peut la mettre aussi en colère ? se demanda Mitch en pestant les ballons qui recommençaient à pleuvoir sur oui, parfois dans sa zone sensible un peu plus en bas de son anatomie, parfois en plein dans sa cage thoracique. Et malgré le bruit du frottement des ballons de cuir sur sa peau quand il les réceptionnait, il entendait chacune des phrases de Domino, visiblement bouleversée - en faite, furieuse. Elle cita la moitié des Cheerleaders - Quinn Fabray, avec laquelle il n'avait jamais échangé ne serait-ce qu'un bonjour, Summer Davis - qui lui inspirait plus de la pitié au vu de ce qui lui arrivait en ce moment que de l'attirance - et pour finir, Brittany. Il détestait vraiment les filles sans cervelle, et elle en faisait partie. Bref, Chuck avait tout faux.

C'est quand elle lui parla du cliché Footballers/Cheerios que son ego fut titiller. Il s'était appliqué depuis toujours à ne pas être le stéréotype du joueur de football américain - stupide, bourreau, tout dans le muscle et rien dans la tête, sortant avec des Cheerleaders populaires - et elle lui reprochait d'être le cliché parfait ? Il fronça les sourcils derrière la pluie de ballons. Il avait la délicieuse envie de quitter le terrain en furie - entre la phrase qu'il n'aurait pas dû sortir, son nez qui le picotait encore et maintenant Domino qui passait sa colère sur lui, c'en était trop ! Et pourtant, quelque chose lui disait de rester ici... Et voilà qu'elle la traitait carrément de gay ! Il voulut protester, mais éviter les ballons lui prenait déjà la moitié de son énergie. Et puis... Pas la carrure ? Pas la carrure ? Il savait que son excès de nourriture était assez important, mais, de là à dire qu'il n'avait pas la carrure... Il se sentit touché en plein dans sa fierté. Domino savait toujours où taper pour faire mal. Au bout d'un instant, elle arrêta de lui balancer des ballons en cuir dans la tronche, continuant cependant à agresser verbalement Mitchell.

Il n'était d'ailleurs même pas sûr d'aimer une dinde. Il aimait le poulet - ça, c'était sûr -, mais la dinde, il n'avait jamais goûté... Euh... Hm. Il n'était pas sûr de ce qu'il ressentait. Il était un boulet, et Domino était si... si peu-boulet. Enfin, si, un peu quand même. Mais qu'est ce qu'il aurait pu lui dire ? Il ne s'était même pas aperçu vingt minutes auparavant que Chuck était une vraie fille, c'est pour dire. Il haussa les épaules quand elle lui demanda quand est ce qu'il avait rencard avec elle. Mitch n'en n'aurait sans aucun doute pas un seul avec Domino, il le savait bien. Par contre, son regard s'alluma quand elle lui proposa un match de catch - c'était un rendez-vous, donc ils devaient se voir la veille, donc ils avaient rendez-vous, donc ils devaient se voir la veille, et ainsi de suite jusqu'à l'éternité ! ... Non, Chuck lui faisait dire n'importe quoi.



-« 'Faudrait que je fasse des abdos. Ca fait longtemps que j'en ai pas fait... et ça se voit.» dit-il en remontant un peu son tee-shirt avec de tirer légèrement sur sa peau. « Tu me tiens les pieds, s'il-te-plaît ?»



Mitch se mis allongé sur le dos, les jambes repliées dans un angle à 90°, attendant patiemment que Domino tienne ses pieds, pour lui faciliter la tâche. Lorsque cela fut fait, il se mis à remonter, les mains derrière la tête, inspirant dès que son ventre touchait ses cuisses.



-« C'est pas une Cheerio qui me plaît. » dit-il après un long moment où l'on entendit que sa respiration coupée par l'élan. « Et puis de toute façon, elle ne me voit pas. T'as pas à t'inquiéter. Je serais toujours ton boulet. »



Il avait dit ça amicalement, sans émotions, continuant de faire ses abdos inlassablement. Au bout d'un nombre honorable de mouvements, il s'écroula, à moitié mort d'épuisement, sur le gazon vert. Sa respiration abrupte était le signe qu'il avait déjà bien travaillé, mais surtout qu'il n'avait plus l'habitude de se remuer le popotin autant - la faute à des absences répétitives terriblement entêtantes.. Il attendit un moment que sa fréquence cardiaque se stabilise, avant de se mettre assis, les jambes écartées dans une pose tout à fait macho. Il passa une main dans ses cheveux, avant de soupirer comme un gamin boudeur. Son regard se posa sur Domino. Sa réplique - bien que plutôt peu récente - avait réellement jeter un froid entre eux deux. Il avait plutôt l'habitude des silences à répétition, mais avec Domino, il aimait réellement discuter.



-« A quoi tu penses ? » lui demanda-t-il après un énième blanc.