[Je préviens : Je vais mélanger un peu la deuxième personne du singulier et la troisième.
Et cette expérience, m’est réellement arrivé, mais pas dans les même circonstances.]

Tu sais où tu dois aller, tu connais la route par cœur, sur le bout des doigts, alors que c’est seulement la seconde fois que tu l’emprunte. Depuis que tu l’as vu, tu le veux, comme si c’était ta future femme, ou ton futur mari, qu’importe, ce n’est qu’un détail futile pour toi. Tu le veux, tu veux sentir sa peau sur la tienne, sentir son odeur rafraichissante, manger ses fruits que tu t’es tant interdit juste pour goûter aux siens. Tu as déjà tout prévu. C’est bon. Vas y. Tu peux le faire. Tu le sais.

Tu marches, tu avances sans faire attention à rien. Après tout, tu vas l’avoir non, ton citronnier ? Oui, tu as attendu si longtemps, mais ton père, ou plutôt devrais-je dire Vihm, t’as enfin autorisé à l’acheter, ce citronnier juste pour ta chambre. Tu as coupé les arbres du jardin, tu as pris soin des plantes dehors, tu as tout fait correctement, empochant au passage de nombreux dollars vraiment mérités.
Pour ce citronnier qui n’attend que toi.
Pour ce citronnier qui crie ton nom. Night Euphrasia.

Et c’est ainsi qu’il avançait, heureux de son bonheur futur. Persuadé qu’il l’aurait, cet arbre merveilleux. Oui, c’était comme l’amérique et cette chanson. Il veut l’avoir, donc il l’aura. Parce que c’est ainsi et que personne ne pourrait rien faire contre lui. Night se sentait comme le roi du monde en fait, limite. Mais il n’était pas le roi du monde, il était juste lui-même, et peut-être qu’en fait en y pensant, c’était suffisant pour s’autoproclamer roi des arbres fruitiers et que soit béni l’écologie.

C’était réellement sur ses pensées que Night avançait. En ce moment même, beaucoup de choses s’étaient envolés loin : Les idioties de l’école, son père et les quelques malentendus qu’il a parfois avec, les mots de Myriel Bienvenu, son éponyme, si c’est le bon terme, que sa mère lui avait sans cesse répéter comme si c’était la bonne parole qu’il fallait prêcher à tous les incultes du coin – ce qu’elle faisait sans se gêner aux voisins qui étaient obligés de supporter la folie de Kohaku -. Night oubliait aussi ses faux amis qui se moquaient de lui dans son dos, il oubliait ces gens qui le pointaient du doigt parce vous comprenez, parler aux arbres, ce n’est vraiment pas normal.
Il ne pensait qu’à lui.

Mais que ce soit dans n’importe quel moment de la journée, tu ne penses qu’à une seule chose Night, en fait. Une seule et unique chose qui t'obsèdes. Et ah bon sang, un jour, il faudra te marier avec l’un d’entre eux, parce que les citronniers et toi, c’est pas une amitié, c’est une longue et belle histoire d’amour. Non pas que tu es végétalosexuel, mais tout de même….Presque non ? Comment ça je me moque de toi ? Pas du tout ! Continue d’avancer et d’être aux anges, et par pitié ignore-moi.
Le voilà donc qui rentre dans cette jardinerie, fier comme un coq. Il prend son futur amant – ou pas – et regarde son argent…Un dollar…Deux dollars….Cinq dollars….. N dollars….. …..

Et là, c’est la déception.
Et là, tout se brise.

- Il me manque un dollar.

Orage qui tombe, oh désespoir qui fait pleuvoir sur les arbres et oh dollar manquant ennemi. Où-es-tu donc passé, vil petit ? Comment ? Tu n’as jamais existé ? Comment ? Tu insinues que Night aurait mal calculé ? Comme tu es perfide. Alors ainsi, tu es comme moi ? tu veux voir comment Night va se débrouiller maintenant ? Très bien, je te suis. Allons-y.
L’asiatique repose le citronnier. Il ne peux pas encore l’avoir. Pas tout de suite. Pas immédiatement. Parce qu’il lui manque un simple petit dollar. Il ne veux pas quitter le magasin. Le roux le veut, cet arbre qui lui fait de l’œil, qui a besoin de son futur maître qui aurait tellement pris soin de lui. Mais l’amoureux des citrons le sait : Il ne l’aura pas encore.

Adieu petit citronnier, à bientôt.
A bientôt pour toujours, le temps de trouver un dollar.
Mais un dollar, ça se trouve où ?

Vihm n’est pas là aujourd’hui. Aujourd’hui il n’y a même pas cours. Aujourd’hui est une journée maudite, et l’instant d’en ce moment est une humiliation. Night n’a pas pu avoir son amour de la vie. Il l’a loupé, à cause d’un simple dollar. Un petit et minuscule dollar qui manque à sa collection de dollars cumulés après du dur labeur. Et il sait qu’il ne l’a pas perdu, trop méticuleux pour son arbre à fruits jaunes.
Ainsi, l’asiatique sait ce qu’il doit faire, malgré lui. Et, ça peut paraître totalement stupide, mais il le fera quand même. Mais dis moi Night, vas-tu faire la manche ? Vas-tu demander aux gens dans la rue une petite pièce ? Non je ne pense pas que tu t’abaisserais à faire ça. Alors, que vas-tu faire ? Dit le moi, s’il te plait, que je me prépare, on ne sait jamais.

Je vois. D’accord.
Voilà ce que Night Euphrasia, un peu déluré sur les bords, fit : Il commença à faire le chemin inverse, les yeux rués vers le par terre, à la recherche de ce maudit dollar manquant. On ne sait jamais, les gens sont tellement bêtes et aveugles qu’ils peuvent faire tomber leur sous par mégarde, alors, n’importe qui peut le ramasser. Oui… C’est ainsi que le jeune lycéen se précipitait dans les rues, marchant vite, les yeux par terre.

Et comme toute bonne rencontre qui se respecte,
Et comme toute gaffe à faire quand on ne regarde pas en face de vous,
Savez-vous ce qu’il se passa ?

Bien sûr, le jeune garçon se prit quelqu’un, mais vraiment. Pas un simple frôlement d’épaule. Il le bouscula. Sans faire exprès. Parce qu’il cherchait ce dollar dont il avait vraiment envie.
Ce dollar qui lui manquait pour acheter ce citronnier qu’il avait tellement envie d’avoir.

- Donnez moi un dollar.

Sortant des phrases incompréhensibles et trop franches sur le coup, ah Night, tu ne changeras jamais, et dans un sens, tant mieux.

Le week end, deux jours géniaux crées pour se reposer et profiter d'un peu de temps pour soi pour faire ce qu'on aimait le plus. Certains partaient dans leur famille, d'autres se relaxaient rien qu'à deux, d'autres encore restaient en mode cocooning sous la couette. Pour Roxy en revanche, c'était l'occasion de faire du sport car elle n'avait que ces deux jours là de libre pour en profiter à son aise. En réalité plus qu'un jour désormais vu qu'elle avait pris pour habitude de rester avec Jensen au cours du dimanche et leurs activités étaient assez variées.

Encore chez elle durant quelques minutes, Roxy préparait son sac dans lequel se trouvait son maillot de bains et une tenue de rechange. Avertissant Justin, son frère adoptif, du lieu où elle se rendait, elle le prévenait ainsi de ne pas s'inquiéter si elle ne répondait pas au téléphone avant au moins deux bonnes heures. Puis, une fois prête, elle ferma la porte de chez elle et commença à marcher vers le centre ville.

Se dirigeant vers la piscine, à pied, l'adolescente ne s'attendait pas à ce qui allait lui arriver. Il fallait reconnaître que jusqu'à présent, elle n'avait jamais eu affaire à des personnes qu'elle prendrait pour des cinglés et qui l'arrêterait pour lui demander un dollar. Mais pour le moment, elle n'en était pas encore là. Courant pour arriver le plus rapidement possible à la piscine de la ville, quand elle reçut un sms de son petit ami qui amena un sourire sur son visage. Sourire qui ne dura guère car elle fut bousculée quelques secondes plus tard par un quelconque inconnu. Parvenant d'extrême justesse à ne pas chuter dans les flaques d'eau de la dernière pluie de la nuit précédente.

- Donnez moi un dollar. entendit elle. Surprise, elle fronça les sourcils en observant avec stupeur la personne en face d'elle. Un simple dollar? C'était absolument ridicule. Pourquoi pas son portefeuilles, ses bijoux, son portable ou autre chose de valeur? Non, rien de tout ça. Rien qu'un minuscule petit dollar dont il avait apparemment besoin comme si sa vie en dépendait.

Euh bonjour, vous allez bien? lui demanda t'elle prévenante, se demandant s'il n'était pas un peu cinglé sur les bords. Après tout, avec tout ce qu'on pouvait entendre chaque jour, mieux valait qu'elle reste sur ses gardes malgré tout. Dans son esprit la jeune femme commença à songer à diverses prises de karaté qu'elle avait apprise lors de l'année précédente.

[Désolé c'est court T.T]

Il le voulait son dollar, parce qu’il voulait son citronnier, il était déterminé. Pourtant Night n’étais ni un racketteur, ni un kidnappeur, ni un criminel tout court, il voulait juste son dollar, son arbre, il le voulait point final, et vu qu’il avait bousculé quelqu’un, il lui demandait, et elle avait intérêt à dire oui. Car la personne en face de lui était une fille. Il ne l’avait jamais vu. En tout cas, elle devait avoir son âge. Elle avait des longs cheveux un peu bouclé, et il s’en contrefichait de se détailler, puisque Night trouvait que de toute manière, toutes les filles se ressemblaient.

La jeune fille finie par répondre un bonjour et lui demander s’il allait bien. Alors Night, est-ce que tu vas bien ? Bon on ne peut pas vraiment dire que oui vu que tu n’as pas ton citronnier d’amour que tu désirais tant. Ah triste fatalité, il te manquait un dollar. Un simple billet que tu souhaites qu’on te donne vu que tu ne les a pas. Non, Night n’allait pas bien, et puis avait-il vraiment l’air d’aller bien, franchement ?! Enfin, elle avait utilisé ses mots plus dans le sens ou il était un peu cinglé, mais tout de même.

Et puis Night n’était pas cinglé ! D’abord, il était tout à fait sain d’esprit même s’il n’aimait que les citronniers – et les autres arbres fruitiers – et rien d’autre. Justement il était parfois trop sain d’esprit en fait… Night la fixa de haut en bas, et fini par répondre :

- Bien sûr que non. Je veux mon dollar.

S’il avait été un réel danger, je suppose que night aurait demandé plus qu’un simple dollar, alors que là ici présent il voulait juste un seul et unique dollar, pas plus, pas moins, c’est tout.

- Je veux mon dollar pour le citronnier.

Je ne pense pas que dire ce genre de chose va arranger le cas de Night, mais je pense qu’il s’en fiche, que de toute manière il veut son citronnier par n’importe quel moyen, et comme il n’arrive pas à trouver ce billet qu’il cherche incessamment depuis tout à l’heure… Il est capable de tout.

- Alors donne moi un dollar.

Et le s’il te plait c’est pour les chiens ?

Pas de bonjour, pas de s'il vous plait, pas d'excuses, rien. Rien d'autre que cette demande insistante pour un simple dollar. Souhaitait il cette petite somme dans le but de prendre des cours de politesse? Si c'était pour cela, Roxy les lui aurait payé volontiers car elle estimait que celui ci en avait véritablement un grand besoin. Ne le lâchant pas un seul instant du regard quand il la toisa des pieds à la tête après qu'elle se fut relevée, sans son aide évidemment, Roxy attendait une explication concernant ce dollar qu'elle devait lui donner, comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort. Il y avait des gens vraiment cinglés dans ce monde, songea t'elle, époussetant son jean inutilement car celui ci était davantage trempé qu'autre chose suite à sa chute.

Quand elle en apprit finalement la raison, ce fut la surprise qui vint prendre place sur le visage de la jeune femme. Tout ça pour un citronnier? Alors là, il n'y avait plus aucun doute, ce mec était cinglé. Pourquoi agir de la sorte pour un simple arbre alors qu'il y en avait des autres nettement moins cher et plus utiles qu'un citronnier. Mais ce garçon continuait malgré tout à insister davantage jusqu'à ce qu'elle cède et lui donne ce fameux dollar manquant.

Croisant les bras sur sa poitrine, Roxy hésita quelques instants malgré tout. D'un côté, le donner lui permettrait enfin que ce garçon lui fiche la paix mais d'un autre côté, elle estimait qu'il ne le méritait pas vraiment. Si encore il s'était montré gentil au lieu de lui parler sans cesse de ce foutu dollar, elle le lui aurait donné volontiers mais là, non, rien du tout en dehors de ça. Bien sûr, elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui tienne la conversation pendant des heures mais cela aurait pu se passer d'une toute autre manière.

Finalement, elle finit par laisser tomber. Après tout, elle ne le connaissait pas et vu la relation qu'ils avaient l'air d'avoir (ou plutôt de ne pas avoir), il était peu probable qu'ils se croisent à nouveau dans le futur. Sortant son portefeuille de son sac, elle en sortit le plus petit billet qu'elle avait : un de vingt dollars et le plaqua contre la poitrine du jeune homme.

Tiens, à ce prix là tu peux t'en acheter deux ou trois. Bonne chance avec tes citronniers. Je suppose que ça doit être les seuls qui doivent te supporter vu la manière dont tu parles aux personnes que tu croises dans la rue. Sur ce, adieu. lui dit elle dédaigneuse. Seulement, elle n'avait pas remarqué que dans sa chute, son second portefeuilles contenant ses papiers d'identité était encore à terre. Laissant l'amoureux des citronniers derrière elle, elle reprit sa route en direction de la piscine, comme c'était initialement prévu.

(c'est pas grave, j'ai bien aimé quand même. )