Il faisait beau, ce jour-là. La semaine se terminait en douceur, le week-end était attendu avec impatience par certains, avec soulagement pour d'autres. Pour certains, le samedi et le dimanche étaient consacrés aux sorties entre amis ou en famille, aux devoirs et aux révisions, ou simplement, ces deux jours serviraient à se reposer après une dure semaine. Pour d'autres encore, ce serait l'occasion d'être loin des moqueries, des réflexions désagréables, et des lancers de granités.. Rachel faisait partie de cette dernière catégorie. Pourtant, toute la semaine, elle avait eu de la chance -du moins, elle avait évité de se retrouver couverte de glace pilée. Certes, il y avait eu les murmures moqueurs, les regards noirs échangés avec les membres des Awesome Voices qu'elle croisait régulièrement, chacun espionnant l'autre, et pendant un cours de math, elle avait servie de cible vivante à deux Cheerios qui l'avaient allègrement bombardée de boulettes de papier. Mais pas de glace pillée, non, pas cette semaine. Et elle s'en réjouissait, du moins, jusqu'à présent. Sa réputation l'avait vite rattrapée, et pour clôturer en beauté cette semaine à peu près calme, elle s'était faite arroser. Elle avait beau y être plus qu'habituée, elle ne pouvait pas prévoir si cela allait lui arriver ou pas. Et alors qu'elle se dirigeait vers son casier, ses livres serrés contre elle, elle avait croisé le chemin d'un joueurs de football : Duncan Baxter. Le sportif tenait un de ses manuels contre lui, et la tête baissée, semblait regarder quelque chose qui se trouvait derrière son livre. Rachel n'y avait pas prêté attention, le jeune homme ne la regardait pas, et il aurait très bien pu s'agir de son téléphone.
Ce n'était pas le cas. D'un geste vif, le jeune homme lui jeta le contenu de son gobelet à la figure, et Rachel hoqueta. Plusieurs rires retentirent autour d'elle, et elle cligna des yeux, aveuglée un instant par la glace qui lui dégoulinait sur le visage et dans le cou. Frissonnante, elle pinça les lèvres, et rentra les épaules pour se diriger vers son casier, désireuse de ne pas attirer davantage l'attention sur elle. Ouvrant son casier, elle y déposa ses livres, qui fort heureusement avait échappée à sa douche forcée, et récupéra un petit sac en papier qui se trouvait dans son casier depuis le début de l'année. Refermant son casier, elle fonça dans les toilettes des filles, faisant claquer la porte derrière elle.

En jetant un coup d'oeil au miroir, elle gémit. De la glace parfum.. cassis, comprit-elle en se passant la langue sur les lèvres. La couleur violet se détachait visiblement sur son haut blanc, un t-shirt à manches trois-quarts décoré de petits noeuds sur le col, et sur sa veste jaune. Ronchonnant, elle ôta sa veste, qu'elle jeta sur les lavabos avec impatience, et sortit une petite serviette en éponge de son sac en papier, une petite bouteille de savon liquide pour le visage, ainsi qu'un autre haut, cette fois bleu ciel et à manches longues, et assorti à sa jupe droite à motifs écossais.

Alors qu'elle s'apprêtait à se nettoyer le visage, la porte d'un des compartiments s'ouvrit brusquement, et une tête blonde apparut dans le miroir. Rachel se renfrogna. Une Cheerios, et pas des plus aimables : Madison Sullivan.

" Il ne manquait plus que ça.. " maugréa-t-elle.

Se préparant à recevoir son lot quotidien de moqueries, Rachel se tendit, échangeant un regard avec la jeune cheerleader, et fit un geste de la main, invitant Madison à parler.

" Je t'en prie, n'hésite surtout pas. " lança-t-elle, sous-entendant que Madison allait bientôt soit rire aux éclats, soit se moquer d'elle, voir les deux, qu'elle s'y attendait, et qu'il était inutile de faire traîner les choses.

Alors que la semaine s'était à peu près bien passée, du moins sans granité, il fallait attendre le dernier jour pour qu'elle se retrouve arrosée. Au moins, elle allait pouvoir rentrer immédiatement pour se laver les cheveux. Le soucis lorsqu'on se prend un granité en pleine figure, outre le froid mordant, la glace qui dégouline dans le cou et qui nous aveugle, et les vêtements tachés, c'était les cheveux collants de sucre. Pour les vêtements, Rachel avait fini par prendre le coup. Elle avait systématiquement une, voir deux tenues de rechange, pour ne pas avoir à rester avec son t-shirt souillé toute la journée. Pour les cheveux, c'était en revanche un peu plus problématique. Comme elle les portait longs, et détachés, cela aurait nécessité un shampoing à chaque fois qu'elle se prenait un gobelet de glace pillée, et elle pouvait difficilement se laver les cheveux dans le lavabo des toilettes pour filles, et encore moins retourner chez elle pour se nettoyer. Elle se souvenait encore de toutes les journées qu'elle avait passé, l'an dernier, à supporter en plus des moqueries les cheveux collants et sales après une douche au granité. Elle n'aurait pas à subir cela aujourd'hui, une fois qu'elle se serait nettoyé le visage, et changé, elle pourrait rentrer chez elle se laver les cheveux. En attendant d'être rentrée, elle n'aurait qu'à s'attacher les cheveux pour ne pas en être gênée et ne pas attirer l'attention.

L'arrivée de Madison semblait présager une flopée de moqueries, car la jeune Cheerios était passée maître dans l'art de faire de la vie des autres un enfer. Et Rachel faisait partie de ses victimes favorites. Alors si en plus elle était recouverte de glace pillée..
Elle noua ses cheveux en un chignon lâche -et collant, beurk-, puis se rinça le visage à grande eau avant de se savonner pour faire partir le sucre. Une fois le visage propre, elle eut la surprise de voir que Madison lui tendait un flacon de produit nettoyant pour les vêtements. D'une main, elle saisit sa serviette pour s'essuyer la figure, ne sachant trop quelle attitude adopter. Elle jeta un regard particulièrement méfiant au flacon, redoutant une nouvelle farce, une nouvelle trouvaille d'une cheerleader pour mieux se moquer d'elle. Ce ne serait pas la première fois, et Rachel avait eu sa dose. Elle n'avait pas envie de voir son beau t-shirt troué à cause d'un produit acide, ce n'était que du sucre et du colorant, ça partirait après un passage à la machine à laver. Madison lui assura que c'était un produit efficace, puisqu'elle s'en servait elle-même sur son uniforme de Cheerios, mais surtout, elle lui certifia que ce n'était pas une blague.
Incapable de savoir si Madison était sincère, Rachel prit le flacon, l'inspectant sous tous les angles, les sourcils froncés, et en relevant la tête, elle se rendit compte que la jeune cheerleader l'observait sans animosité, sans aucun sourire moqueur, et la chanteuse cligna des yeux. Madison se détourna, se penchant vers le miroir pour se remaquiller. Rachel s'aperçut alors que la blonde avait les yeux un peu rouges, et que son maquillage s'était légèrement effacé. Elle venait de pleurer.
Tout soupçon s'enfuit alors de Rachel. Une cheerleader, certes, une lycéenne populaire adepte des méchancetés et des coups bas, mais surtout, une fille qui venait de pleurer, soigneusement cachée dans les toilettes. Alors Rachel se détourna, gênée, serrant le flacon de détachant contre elle. Sans plus hésiter, elle ôta son t-shirt, se retrouvant en soutien-gorge, et elle enfila son haut propre d'un geste vif. Puis elle étala son t-shirt et sa veste souillés, et vaporisa un peu du produit nettoyant sur une tache. Suivant les instructions sur le flacon, elle frotta le tissu, et eut l'agréable surprise de voir le colorant s'effacer peu à peu.

" Merci. " dit-elle avec gratitude, toujours un peu surprise du revirement dont elle était témoin. Madison n'avait jamais été tendre avec elle, et voilà qu'elle lui filait un sacré tuyau. Avant de rentrer chez elle, Rachel allait faire un tour au magasin avant de rentrer pour s'acheter ce produit miracle.

Madison lui demanda alors qui l'avait prise pour cible, et Rachel se renfrogna.

" Ce crétin de Duncan Baxter. Je n'ai pas vu le coup venir, et voilà le résultat. " lâcha-t-elle d'un ton furieux. " A ce propos, permets moi de te dire que tu choisis tes copains d'une drôle de façon. Duncan est cruel, stupide et très franchement, il n'est pas aussi mignon que ça, comparé à Finn. " ajouta-t-elle avec son manque de tact habituel.

Et elle haussa les épaules avec un air suffisant.

Madison Sullivan. En y réfléchissant, que savait Rachel sur la jeune fille? Qu'elle était Cheerios, là dessus il était difficile de ne pas le remarquer, avec l'uniforme rouge vif qu'elle portait tous les jours en paradant fièrement dans les couloirs du lycée. Qu'elle était plus que populaire, comme toutes les cheerleaders d'ailleurs. Qu'elle avait du succès auprès des garçons, qu'elle avait une petite soeur -qui contrairement à sa soeur semblait avoir renoncé à avoir de la popularité en choisissant de faire partie de la chorale. Madison Sullivan avait aussi un goût prononcé pour les moqueries en tout genre. Elle aimait rire des autres, les tourner en ridicule, et comme tous les élèves impopulaires de McKinley, Rachel en avait souvent été victime. Ce qu'elle pensait de la blonde était plus que négatif. Elle n'aimait pas Madison, et depuis la rentrée elle avait encore du mal à croire qu'Erin, la petite poupée chanteuse qui avait rejoint New Direction, soit la soeur d'une pareille peste.
Et pourtant..
Rachel avait entre les mains, et sous les yeux la preuve que Madison pouvait être aimable, et secourable. Qui l'eut cru? Rachel fixa d'un air songeur le produit qu'elle avait entre les mains, et pendant que Madison sortait un tube de fond de teint pour dissimuler le fait qu'elle avait des poches un peu rougies sous les yeux, la jeune chanteuse fit partir un maximum de taches colorées sur ses vêtements. Elle ne s'était jamais demandé si tous les élèves populaires aimaient vraiment torturer leurs pauvres camarades. Après tout, Quinn était la preuve vivante qu'on pouvait changer. Madison n'était peut-être pas foncièrement mauvaise, mais plutôt une suiveuse, qui ne se moquait que pour faire comme les autres. Difficile de savoir, en se basant uniquement sur un produit nettoyant. Pourtant, il semblait à Rachel, enfin il lui avait semblé, qu'il y avait peu de choses qui pouvait faire pleurer ces jolies pom pom girl, riches, belles, admirées et appréciées. Du coup, elle avait du mal à imaginer que Madison ait pu avoir une raison de se réfugier dans les toilettes pour pleurer un bon coup. Une déception amoureuse, peut-être. Une mauvaise note. Un entraînement un peu plus difficile que d'ordinaire. Dans tous les cas, cela suffisait pour que Madison se montre gentille, même avec elle. Cela n'empêcha pas Rachel de lui dire le fond de sa pensée concernant le petit ami, ou l'ex petit ami, elle ne savait même pas, de la blonde. Et en constatant la réaction quasi épidermique de Madison, Rachel sut immédiatement qu'elle avait touché une corde sensible. Madison baissa la tête, et Rachel tourna le regard vers elle, un peu surprise. Les paroles qui suivirent achevèrent de la stupéfier.

Elle resta un bon moment interdite, et Madison en profita pour continuer sur sa lancée, laissant à Rachel le soin de réfléchir à ce que venait de dire la Cheerios. Madison lui confia qu'elle regrettait d'être tombée dans le piège que ce crétin de Duncan lui avait tendu. Elle regrettait mais surtout, elle en avait souffert, et en souffrait peut-être encore. Rachel avait bien sûr entendue parler de cette histoire. Un sportif et une cheerleader, le schéma classique, et comme cela arrivait souvent entre les deux groupes les plus populaires cela n'avait été qu'une histoire sans lendemain, puisque Rachel avait très vite su qu'il n'y avait eu qu'une nuit entre les deux. Elle ne s'était pas intéressé plus que cela à cette histoire, elle s'en fichait un peu en réalité, mais maintenant, elle se rendait compte que Madison n'était peut-être pas forcément comme toutes ces filles qui passaient d'un garçon à l'autre. Peut-être y'avait-il vraiment un coeur sous cette carapace de méchanceté.
Dans ce cas, pourquoi pleurait-elle? Toujours à cause de Duncan?
Alors que Madison rangeait ses affaires, lui conseillant de prendre soin de Finn, ajoutant que le jeune homme était bien mieux que tous les autres sportifs, Rachel se tourna alors franchement vers elle.

" C'est à cause de Duncan que tu pleurais? " lança-t-elle tout à trac, sans prendre de gants, comme à son habitude. " Oui, parce que, euh.. tes yeux sont rouges et d'habitude, tu es si parfaite. C'est à cause de Duncan? "

Elle eut un petit rire, fourrant ses affaires mouillées et collantes, mais plus tachées, dans son sac.

" Je ne vois jamais aucune Cheerios pleurer. Vous avez tout pour être heureuse, alors je suis surprise. " dit-elle doucement en faisant glisser le produit détachant vers Madison.

Bien que persuadée que Madison soit venue se cacher dans les toilettes, alors que tous les élèves ou presque avaient quittés le lycée, pour y pleurer à cause d'un garçon, Rachel n'écartait pas l'idée que cela pouvait être pour une autre raison. Mais ce n'était pas vraiment ce qui titillait le plus sa curiosité. Oui, car il fallait bien l'avouer, Rachel était très très curieuse, et voir l'une des cheerleader les plus populaires se réfugier dans un coin pour pleurer avait de quoi l'intriguer. Vu la réaction que Madison avait eu à la simple évocation du nom de Duncan, Rachel avait cru que c'était lui qui avait fait pleurer Madison. Mais non, la jeune blonde la contredit aussitôt, rajoutant qu'elle s'était promis de ne plus verser une seule larme à cause d'un garçon. Rachel comprit qu'elle avait donc beaucoup pleuré à cause d'un membre du corps masculin, et il y avait fort à parier qu'il s'agissait de Duncan Baxter, sinon Madison n'aurait pas fait cette tête toute à l'heure. Mais bon, pour le cas présent, les larmes n'étaient pas les conséquences de ce crétin de sportif.. mais plutôt pour quelque chose de plus personnel.

Rachel ne comprenait pas bien de quoi pouvait parler Madison. Un problème personnel? De quoi pouvait-il bien s'agir. Bien que tiraillée par l'envie d'en savoir plus et de questionner la jeune fille, Rachel n'en fit rien. Dabord parce qu'elle savait que cela ne se faisait pas -elle avait fini par comprendre que sa curiosité maladive n'était pas forcément une bonne chose!- mais aussi parce que de toutes manières, Madison ne lui en parlerait pas. Les deux adolescentes n'étaient pas du tout amies, loin de là même. Et ce n'était pas parce que Madison s'était montré aimable avec Rachel qu'elles étaient devenues les meilleurs amies du monde, et qu'elles se confieraient l'une à l'autre. Mais si Madison avait des problèmes, n'y avait-il pas quelqu'un à qui en parler, justement? De toute évidence, non, car comme le fit très justement remarquer la Cheerios, "les apparences sont trompeuses".
Elle en était là dans ses pensées lorsque Madison lui intima de ne parler à personne de cette rencontre, et encore moins de ce que Rachel avait vu, à savoir, une cheerleader en train d'essuyer ses dernières larmes. Rachel cligna des yeux, assez surprise. Comme si elle avait quelqu'un à qui parler de tout ça..

" Pourquoi j'en parlerais? Et surtout, à qui? Je ne sais pas si tu l'as remarqué, mais je n'ai pas ou très peu d'amis, à part ceux de la chorale. Et sans vouloir te vexer, nous avons d'autres sujets de conversation que les Cheerios. " lâcha-t-elle avec un demi sourire, puis elle se rendit compte que ses paroles étaient un peu dures, alors elle se radoucit. " Mais, si tu as des problèmes.. il ne devrait pas y avoir quelqu'un avec toi, en ce moment? Quelqu'un d'autre que Rachel Berry, la tête de turc préférée des Cheerios? " plaisanta-t-elle. " Je ne sais pas moi, Summer par exemple. Je ne crois pas que tu devrais rester seule. Mais surtout, je pense que tu devrais parler à quelqu'un de ce qui ne va pas. Je veux dire.. on ne pleure pas sans raison. "

Elle tapota du bout de l'ongle le lavabo, comme si elle hésitait.

" Tu peux m'en parler, si tu veux. " dit-elle doucement, l'encourageant du regard.

Du Rachel tout craché! Bien qu'ayant été persécutée par Madison et ses amies, elle lui offrait gentiment son aide, elle proposait de rester avec Madison le temps que celle-ci se confie, soulage sa conscience. Et elle espérait que la blonde ne pense pas qu'elle faisait cela pour obtenir une quelconque information qu'elle pourrait colporter partout, car c'était loin d'être son genre.

C'était peut-être un peu stupide de penser que parce qu'on est populaires, on est forcément heureux. Mais il faut comprendre Rachel. N'ayant jamais été populaire, étant même détestée par bon nombre de personnes, elle ne pouvait qu'observer la vie des élèves populaires. Depuis son entrée à McKinley, elle avait sous les yeux des preuves flagrantes de ce que la popularité pouvait apporter. En faisant partie de l'équipe de foot du lycée, ou dans le cas d'une fille, de l'équipe de Cheerios, de nombreuses portes s'ouvraient à nous. Outre la bourse d'étude que l'on pouvait obtenir sans même avoir à se fatiguer en cours, juste en levant la jambe et faisant quelques pirouettes, il y avait le respect et l'adulation que l'on suscitait chez ceux qui n'avaient pas la chance de faire partie de l'élite. Rachel avait déjà observé cela lorsque Quinn était encore capitaine des Cheerios : les gens s'écartaient sur son passage, presque comme avec Sue Sylvester, même si c'était sans trembler de peur. Pour chaque Cheerios qui traversait un couloir, tous les élèves s'effaçaient sagement. Etre populaire signifiait aussi bénéficier de nombreux avantages : dispenses de cours, souplesse dans le règlement du lycée, nombreux cadeaux.. Comment ne pas être heureux de cette vie? Toutes les cheerleaders semblaient épanouies, satisfaites, elles avaient le sourire aux lèvres -enfin, de très nombreuses fois il s'agissait d'un sourire moqueur quand Rachel croisait leur chemin, et celui d'un gobelet de glace pilée. Difficile d'imaginer que derrière cette façade de pure bonheur, il y avait du malheur.

A commencer par la solitude. Les cheerleaders ne se déplaçaient qu'en meute, toutes les unes accrochées aux autres. L'amitié ne semblait pas être un problème, elles n'étaient jamais seules! Mais pour avoir de très nombreuses fois goûtée à l'amertume de la solitude Rachel savait que l'on pouvait être accompagnée de personnes qui, en vérité, ne se souciaient guère de vous. Madison était toujours flanquée de plusieurs filles, mais là, alors qu'elle se sentait mal et qu'elle avait besoin de soutien et de réconfort, elle se retrouvait seule dans les toilettes. Il y avait plus réconfortant comme situation.
Mais tout de même, que pouvait-il y avoir qui retenait Madison dans son besoin de parler? Même si ce n'était qu'évoquer un soucis, en l'atténuant volontairement pour ne pas se faire rabrouer?
Il ne s'agissait pas d'un simple "soucis", mais d'un véritable problème. Rachel tendit une perche à Madison, souhaitant que celle-ci la saisisse. La chanteuse, les cheveux encore humides mais propres et noués en chignon, sa peau encore rougie par le froid glacial du granité mais lavée de tout le sucre, et ses vêtements, dans son sac, sommairement nettoyés, Rachel Berry, l'une des victimes préférées d'une grande partie de la population du lycée, tendait la main vers Madison Sullivan, populaire Cheerio, mais malheureuse pour elle ne savait pas encore quelle raison. Madison allait-elle accepter cette main tendue?

La réponse est oui. L'horreur se saisit de Rachel en découvrant un bleu, puis un autre. Il y avait des marques assez anciennes, jaunies et presque effacées, et d'autres, plus récentes, d'un bleu violet éclatant. Des ecchymoses, à divers endroits sur le ventre de la blonde. Rachel plongea aussitôt dans ses souvenirs, cherchant s'il lui était déjà arrivée de remarquer des traces similaires sur la jeune fille, mais rien à faire. Soit sa mémoire lui jouait des tours, soit elle n'avait pas été fichue de remarquer ce qui pourtant était si visible. Alors elle chercha un souvenir de rumeur, la rumeur comme quoi Madison avait des problèmes.

" Ce ne sont pas des marques dues à l'entraînement, n'est ce pas? " demanda-t-elle doucement, sachant déjà quelle serait la réponse à cette question.

S'agrippant au bord du lavabo pour se maintenir debout tant ses jambes tremblaient, Rachel déglutit. Ses oreilles bourdonnaient, alors que Madison lui confiait qu'elle n'avait plus la moindre envie de rentrer chez elle, ces derniers temps. Et pour cause! Ce qui était curieux, c'est que Rachel fréquentait Erin Sullivan, la petite soeur de Madison, pratiquement tous les jours avec la chorale, et pas une seule fois elle n'avait remarqué de bleus sur le corps frêle de l'adolescente.

" Je vois ta soeur trois fois par semaine au glee club.. et je n'ai rien vu de tel.. Est-ce qu'elle sait? Je veux dire.. c'est ton père? Ta mère? Les deux? " couina-t-elle faiblement, sentant la bile lui remonter dans la bouche tant la situation l'horrifiait. Jamais encore elle n'avait été confrontée à quoi que ce soit de similaire, et elle comprenait maintenant pourquoi Madison n'était pas heureuse, et pourquoi elle pleurait. " Tu dois le dire à quelqu'un.." finit-elle par lâcher, quittant des yeux les marques sur l'abdomen de Madison et plongeant son regard humide dans celui de la blonde.

C'est vrai, Rachel ne connaissait rien de Madison, si ce n'est le peu que la blonde laissait voir aux autres. Il était vraiment difficile de se faire une idée sur quelqu'un, quand ce même quelqu'un avait toujours une remarque blessante à vous jeter en pleine figure. Ayant subie un nombre incalculables de moqueries en tout genre depuis son entrée au lycée, Rachel avait appris à ne pas se soucier de ceux qui la martyrisaient. Elle ne s'intéressait pas à eux, ne les jugeant pas dignes de son attention, estimant être au dessus de tous ces crétins et ces pimbêches. C'est pour cela qu'elle ne savait rien de Madison. Oh bien sur, il y avait les rumeurs, les bruits de couloir qui circulaient comme dans n'importe quel lycée. Et en observant, même rapidement, une Cheerios comme Madison, on ne voyait qu'une jeune fille populaire, très belle, aimée ou haïe, peu importe. Une jeune fille à qui tout réussit, ou presque. L'image qu'elle renvoyait d'elle-même aux autres était décidément bien trompeuse, et redoutablement fausse.
En même temps, on ne pouvait pas dire que l'image que Rachel véhiculait était vraiment fidèle au modèle original. D'accord, elle était vraiment trop imbue de sa personne, prétentieuse, égocentrique, irritante, comme on pouvait le penser au premier abord. Et pourtant, personne n'aurait pu imaginer que Rachel Berry, à la personnalité si difficile à supporter, avait autant d'amour et de compassion à donner. Le coeur sur la main, elle n'hésitait pas à venir en aide à une fille qui pourtant passait son temps à l'ennuyer. Comme quoi, les apparences sont parfois plus que trompeuses.

Madison lui révéla que c'était sa mère qui la frappait. La femme qui l'avait mise au monde! Et dire que Rachel se considérait comme malchanceuse, avec sa propre mère qui refusait d'avoir un quelconque lien avec elle et l'avait repoussé juste après avoir tout fait pour la retrouver. Mais en vérité, il y avait bien plus mal lotie qu'elle, il suffisait de voir les yeux rougis de larmes de Madison Sullivan, et ses bleus. Une mère qui battait son enfant.. quelle horrible situation.
Et si Erin ne subissait pas le même traitement, c'était parce que sa mère la préférait à sa première fille. Les choses étaient encore pire que Rachel l'avait supposée. Se faire battre par sa propre mère, parce qu'on ne faisait pas aussi bien que sa soeur. Mais comment Madison faisait-elle pour supporter pareil traitement? Pas étonnant qu'elle n'ait pas envie de rentrer chez elle, en sachant ce qui l'attendait. Une perpétuelle comparaison avec sa cadette, une remise en question quotidienne, un enfer de tous les jours.

Rachel avait la bouche ouverte, comme si elle voulait parler mais qu'aucun son ne parvenait à franchir ses lèvres. Elle referma bien vite la bouche lorsque Madison ôta son bracelet éponge, lui montrant la dernière folie de sa mère, à cause d'un stupide bulletin de notes! Son poignet était marqué par une plaie rouge et enflée, récente, et qui laisserait probablement une cicatrice qui mettrait du temps à s'effacer. Mais pourquoi Madison se laissait-elle faire de la sorte? Pourquoi n'allait-elle pas se plaindre? Bien sur que ses parents finiraient par le savoir, mais une fois qu'il aurait été prouvé que sa mère la battait, elle n'aurait plus à retourner chez elle. Il y avait peu de chances pour que ses parents aient encore sa garde, d'ailleurs.

" Bien sûr qu'ils en parleront à tes parents, mais tu crois vraiment qu'un juge pour enfant te laissera retourner vivre avec ta mère en apprenant qu'elle te bat? Écoute, mes pères sont tous les deux avocats, et je m'y connais assez pour t'assurer que tu n'aurais pas à retourner chez ta mère. Toi et ta soeur seraient probablement placées dans une famille d'accueil, et tu n'aurais plus à subir ça. Parce que ça, ce n'est pas juste! " ajouta-t-elle en désignant le poignet blessé de la blonde et en secouant la tête avec force, faisant voler quelques mèches de cheveux autour de son visage.

Elle sembla se rendre compte que ce n'était pas à elle de dire à Madison ce qu'elle devait faire, et soupira.

" C'est grave, ce qui se passe. Et maintenant que je suis impliquée, je ne peux pas rester sans rien faire, tu comprends? C'est impossible pour moi de ne pas m'en mêler. Je pourrais en parler à mes pères, leur demander ce qu'il conviendrait de faire, et je pourrais t'accompagner dans le bureau de Miss Pillsbury, tu verras, elle est très gentille. Un peu, comment dire... perdue par moment, mais elle saura quoi faire elle aussi. Tu ne dois pas te laisser faire! " s'emporta-t-elle.

Elle reprit son souffle, et posa sa main sur le bras de Madison, en espérant qu'elle n'allait pas réveiller la douleur d'un bleu ou d'une autre plaie, et en espérant surtout que celle-ci comprendrait qu'il était plus que temps d'en parler à quelqu'un.

Pour Rachel, les choses semblaient simples. Évidemment, elle n'était pas dans la situation de Madison, et de ce fait, elle ne pouvait imaginer les conséquences que cela aurait d'aller parler à quelqu'un du drame qui se jouait chez les Sullivan. Comme ses pères l'aimaient très fort et le lui prouvaient tous les jours, elle n'avait pas à se poser la question. Elle n'était pas objective, elle pensait qu'il n'y avait qu'une chose à faire : en parler. Peu importe à qui, du moment que cela cessait. Madison ne pouvait décemment pas continuer à vivre dans un tel environnement, ce n'était pas sain, cela laisserait des marques indélébiles. Pourtant, Madison ne voulait pas en parler. Elle voulait que cela reste secret, à tout prix, car elle savait ce qui se passerait si jamais cela se savait. Rachel aussi le savait : les parents de Madison perdrait leur autorité parentale, Madison et Erin seraient placées soit dans un foyer, soit dans une famille d'accueil. Madison en partirait à dix-huit ans, mais Erin y resterait jusqu'à sa majorité. Ou alors, les Sullivan divorceraient, et le père de Madison aurait la garde exclusive de ses deux filles. C'était plutôt une bonne chose, en fin de compte, et une bien meilleure solution que de se retrouver en famille d'accueil. Mais Madison semblait persuadée qu'il était impossible que sa situation s'arrange et lui fit savoir qui était sa mère. Rachel haussa légèrement les épaules. Elle n'était pas totalement ignorante en matière de droit, mais elle aurait menti en disant qu'elle s'y connaissait au point d'avoir entendu parler de Samantha Sullivan. Disons que si ses pères en avaient parlé, même devant elle, elle n'y avait pas pris garde. Sur le coup, elle s'en voulut un peu, si elle avait su qui était cette femme, elle aurait su dès le départ de quoi il retournait. Mais dès qu'elle rentrerait chez elle aujourd'hui, elle questionnerait ses pères pour en apprendre le maximum. Madison lui assura que sa mère ne laisserait pas sa fille, ou plutôt son souffre-douleur, partir. Elle ajouta qu'Erin n'avait pas à se retrouver mêlée à tout ça. Et c'était vrai. Si Erin n'était pas.. battue.. si sa vie à elle était plus facile, il aurait été cruel de lui faire quitter sa famille.

Mais quand même..

Rachel se plongea dans ses pensées. Madison lui avait assuré qu'elle n'avait qu'une année à tenir, avant de partir à l'université. Une fois qu'elle aurait quitté sa maison, et surtout sa mère, la vie serait nettement mieux pour la jeune fille. Du moins, physiquement, parce que psychologiquement, elle était marquée à vie. Rien ne pourrait effacer l'image de sa mère en train de lever la main sur elle, en train d'abattre son poing sur elle. Elle irait mieux, deviendrait une femme accomplie.. mais au fond d'elle, elle resterait pour toujours la petite fille battue. Un an. Elle n'avait qu'un à tenir. Mais que faire pour que sa situation, à défaut de s'arranger, puisse au moins s'améliorer un peu? Puisque Madison voulait rester à McKinley -puisqu'elle aimait faire partie des Cheerios, et Rachel avait laissé échapper une grimace à ses mots, elle qui détestait ce groupe de cheerleaders avides de la martyriser- il fallait à tout prix trouver un moyen.
Et soudain, une idée lui vint. Qu'avait dit Madison au sujet de son bulletin de notes? Qu'il n'était pas aussi bon que celui de sa petite soeur, et que par conséquent, sa mère s'en était violemment prise à elle? Et bien voilà, elle la tenait, sa solution!

" Madison, je crois que je viens d'avoir une idée.. " dit-elle doucement.

Elle leva les yeux vers la Cheerios, plongeant son regard dans celui de la jeune fille.

" Puisqu'on ne peut pas parler, enfin, puisque tu ne peux pas parler de ce qui se passe à qui que ce soit, je peux peut-être t'aider. Tu m'as dit que ta mère t'avait reproché ton dernier bulletin de notes. Ce n'est peut-être qu'un prétexte comme un autre pour.. enfin.. pour.. mais.. ce que je veux dire, c'est que je pourrais t'aider à faire en sorte qu'il y ait un prétexte de moins à ta mère. Je fais partie des meilleurs élèves de McKinley. Je vais t'aider. Je vais te faire travailler, tous les jours, jusqu'à ce que tes notes augmentent, et que ton bulletin soit au moins aussi satisfaisant que celui d'Erin. Ce n'est pas impossible Madison, en travaillant dur, tu pourrais avoir de bonnes notes. Et même si.. même si ta mère.. enfin elle ne te reprocherait plus tes notes, et comme ça.. elle aura une occasion de moins de... tu comprends? "

Elle déglutit, mal à l'aise. Drôle de conversation entre deux jeunes filles! Mais Rachel se sentait concernée par ce que Madison lui avait raconté, et maintenant qu'elle savait de quoi il retournait, elle se sentait investie d'une mission : venir en aide à la jeune fille.

" Si tu réussis à avoir de bonnes notes, tu pourrais entrer dans une bonne université. Une université suffisamment éloignée pour quitter l'état. Tu pourrais mettre des milliers de kilomètres de distance entre ta mère et toi. Avec un bon dossier, et la bourse que les Cheerios te permettra d'avoir, tu pourrais partir très loin. Qu'en dis-tu? Je suis prête à te donner des cours, si tu le souhaites. Mais il faut que tu sois d'accord. Et que tu sois prête à travailler très dur. "

Bien sûr que Rachel pensait dabord à elle. Elle n'avait pas le temps de se soucier des autres, parce que sa réussite en tant que star lui prenait tout son temps. Voilà pourquoi, avant Finn, qui était le premier garçon qu'elle avait embrassé, aucun d'entre eux n'avaient posé ses lèvres sur les siennes : parce qu'elle était bien trop occupée avec sa propre personne. Et c'est aussi à cause de cela qu'elle n'avait aucun amis. Les gens la trouvaient très égoïste, et d'une certaine manière, elle l'était, parce que pour arriver à ses fins, elle mettait tout en oeuvre, quitte à faire quelque chose de mal, mais c'est surtout parce qu'elle pensait dabord à ce qui pourrait lui être profitable que les gens la fuyaient, et ne l'aimaient pas.
Et pourtant, Rachel n'était pas une mauvaise personne. Elle était tout à fait capable de venir en aide aux autres. Elle s'était terriblement investie dans la chorale, et même si cela n'avait pas été sans se dire que ce pourrait lui être profitable, c'était aussi parce que New Direction comptait pour elle, ainsi que ses membres. Elle proposait naturellement son aide aux gens qui en avait besoin, que ce soit pour des cours de chant, ou des cours de soutien.. comme pour Madison. La blonde avait des difficultés scolaires, ce qui n'était un secret pour personne, et ce n'était en somme pas si grave, si son bulletin n'avait pas été un prétexte pour sa mère afin de lui cogner dessus. Peut-être qu'en tant normal, Rachel n'aurait pas forcément proposé son aide à Madison, mais face à une telle situation, face à un tel drame, elle ne pouvait rester insensible. Et c'est pourquoi elle avait offert à Madison de l'aider à améliorer ses notes. Ce ne serait peut-être pas suffisant pour que sa mère lui fiche la paix.. mais c'était déjà ça.

Cette proposition sembla toucher Madison, qui spontanément, pris Rachel dans ses bras. Surprise, la brune ne bougea pas, mais un fin sourire se dessina vite sur ses lèvres. Elle était contente que Madison accepte son aide, et elle était elle aussi touchée. Tout dabord surprise par le changement d'attitude qu'avait eu Madison à son encontre, elle qui avant n'avait que des mots blessants à son égard, elle avait vite compris que la jeune Cheerios s'était fabriqué un rôle qui était en accord avec ce qu'on attendait d'une Cheerios populaire comme elle. Mais en réalité, sous ce masque, il y avait une toute autre personne, sensible, agréable, généreuse, et terriblement blessée par ce que la vie lui infligeait. Peut-être que s'il n'existait pas cette règle stupide stipulant que Cheerios équivalait à garce, Rachel et Madison auraient pu être amies -enfin, si Madison avait été capable de supporter le caractère égocentrique et mégalomane de Rachel. Mais dans l'état actuel des choses, Madison était seule face à son terrible problème. Enfin, elle l'avait été. Rachel comptait bien faire tout ce qui était en son pouvoir pour aider la jeune fille. L'aider dans ses devoirs, lui expliquer les cours, encore et encore, jusqu'à ce que Madison obtienne de bons résultats et puisse quitter Lima.

Les yeux pleins d'espoirs, Madison offrit à Rachel un sourire reconnaissant.

" C'est vrai qu'on ne se connait pas, et je sais que tu ne peux pas te permettre de t'afficher en ma compagnie. Je connais ces règles sur les Cheerios. Sue Sylvester t'arracherait la tête si tu te mettais à fréquenter une gleek dans mon genre, et si ce n'était pas elle, ce serait sûrement tes charmantes coéquipières. Cela ne me dérange pas, qu'on ne soit pas amies. Mais si je t'aide avec tes cours, je ne veux plus que tu te moques de moi. " exigea Rachel avec une pointe de fermeté dans la voix. " C'est tout ce que je demande. Tu comprends, c'est fatiguant, à force, de ne pas pouvoir croiser une cheerleader sans recevoir une flot continue de moqueries, et même si tu ne le pense pas, j'aimerais juste que tu évites. Parce que je dois bien t'avouer quelque chose.. me faire humilier devant Finn est pire que tous les slushys que j'ai pu prendre dans la figure depuis mon entrée au lycée. " confessa-t-elle doucement avec une légère grimace.

Car seule, elle se fichait pas mal qu'on se moque d'elle, qu'on l'insulte ou qu'on l'arrose de slushy. Elle en avait l'habitude. Mais devant son petit ami, qu'elle aimait par dessus tout, c'était très dur à supporter. Elle se sentait vraiment humiliée, et si elle pouvait s'éviter cela..

" Tu vas voir, je vais tellement te faire travailler que tu vas tous les surprendre. " assura-t-elle. " Si tu es d'accord, on commence demain, et oui, la bibliothèque est le meilleur endroit pour étudier. Rendez-vous là bas, à 16h, et tu viens avec tes cours et tes derniers contrôles. Nous verrons où tu as le plus de difficultés, pour commencer par là. Et prépare toi à souffrir. Sue Sylvester à coté de moi, c'est une partie de plaisir. " plaisanta-t-elle, avant de subitement jeter un coup d'oeil derrière elle pour s'assurer que la dite coach ne se trouvait pas dans les toilettes, craignant de subir le courroux et le sadisme de l'entraîneuse.