Ce soir …. Bowling ! Et oui, les jeunes de Lima avaient aussi besoin de leurs moments de détente et Antoine en mourrait d’envie. En ce moment, sa vie allait à deux cents à l’heure. Non pas que cela le dérangeait énormément mais c’était plutôt qu’il avait besoin de se vider l’esprit un petit peu. Les entraînements de football étaient de plus en plus corsés, les profs commençaient à mettre la pression pour les examens de fin d’année et maintenant qu’il avait Madison dans les bras, Taylor revenait et même s’il faisait celui qui était heureux pour elle, il n’y avait que la jeune femme pour le croire. Antoine n’était pas du tout rassuré par sa présence et même s’il le cachait du mieux qu’il le pouvait, il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter. Tout cela faisait qu’au final, il avait besoin de se calmer et de décompresser en ce mercredi soir. L’entraînement avait été intense, c’était certain mais il lui restait encore un peu d’énergie et il avait toujours aimé le bowling. Cependant, hors de question de s’y trimballer tout seul, ce ne serait pas marrant. Alors qu’il poussait la porte du gymnase, il réfléchissait à qui aurait le courage à cette heure-ci de bouger ses fesses pour venir faire un bowling avec lui. Soudain, il pensa à sa meilleure amie. Charlotte … Il aurait du y penser plus tôt d’ailleurs mais on n’a pas toujours les bonnes idées au bon moment. Attrapant son téléphone, il composa le message suivant pour son amie :

Citation :

Hey la blonde ! Bouge tes fesses, je passe te chercher à on file au bowling. T’as intérêt d’être prête sinon attention à toi la miss ! Et surtout, prépare-toi à perdre (a)

Antoine et son humour pas drôle … Mais Charlotte le connaissait et elle ne le prendrait pas mal. Voilà quelque chose que l’amitié aidait énormément. On pouvait dire des choses à une amie qu’on ne pourrait pas à un inconnu car ils ne le prennent pas de la même manière. Fermant le coffre de sa voiture où il avait mis ses affaires, Antoine se mit devant le volant et démarra la voiture. Il savait très bien où habitait Charlotte, il y avait été quelques fois. Son père était prof au lycée si ses souvenirs étaient bons mais Antoine ne le connaissait pas. Il devait traverser Lima pour aller chez la demoiselle et il allait lui falloir quelques minutes car les routes n’étaient pas très claires en ce moment. Les heures de pointe, c’est radical comme méthode … Entre les deux rouges et les files de voitures, le jeune homme crut un instant qu’il allait tout casser. Finalement, retrouvant son calme, il soupira et attendit. En vingt minutes il était devant chez Charlotte et elle avait intérêt d’être prête pour le coup parce que pour l’instant, il n’était pas de très bonne humeur. La fatigue avec les embouteillages, ça ne fait pas bon ménage. Il klaxonnait encore et encore et comme la demoiselle ne sortait pas, il finit par aller sonner et par taper sur la porte en disant : « Bouge tes fesses Charlotte, on a pas toutes la soirée et puis tu vas au bowling, pas en boîte ! » Dit-il en finissant par s’asseoir sur le banc près de la porte. De toute manière, elle n’en faisait qu’à sa tête …

La situation était comme qui dirait devenue un peu étrange depuis que mon père sortait avec l’une de ses collègues qui, soit dit en passant, était également l’une de mes profs. C’était déjà assez pour moi que d’être dans le même lycée où il travaillait alors si en plus ma future belle-mère potentielle y travaillait… Cependant, je ne disais rien, je ne laissais même rien transparaître de ma petite appréhension à ce sujet parce qu’en fin de compte cela aurait été un peu trop égoïste de ma part. Depuis ma naissance, j’avais connu mes parents séparés et je m’y étais habituée, de même que de voir mon père et ma mère seuls. Le côté positif de la chose c’est que j’avais comme l’impression qu’il couperait un peu le cordon avec moi, ma mère était déjà très autoritaire et lui, trop étouffant même si je m’en plaignais rarement. Quelque part, ça m’arrangeait. J’aurais moins à le surveiller comme cette fameuse soirée de la Saint-Valentin où je ne m’étais jamais sentie aussi mal à l’aise de ma vie et pas seulement pour moi. Mon père était prof, j’imaginais à peine ce qu’il aurait fait s’il avait été viré. Bon, d’accord, il avait cette incroyable habilité à toujours retomber sur ses pattes mais, son côté Garfield risquait de lui jouer des tours à l’avenir.

L’entraînement des Cheerios venait tout juste de s’achever, Sylvester semblait avoir une dent contre moi et j’arrivais à passer outre en sachant pertinemment que la personne qu’elle détestait le plus n’était autre que mon père lui-même, sans doute parce que Mr Shue et lui sont encore aujourd’hui comme les deux doigts de la main et que leurs passe-temps favoris consistent soit à piéger le responsable des Awesome Voices soit de s’en prendre au coach des Cheerios. Pour ne pas compliquer les choses, j’en faisais partie désormais et je voyais que ça n’enchantait pas vraiment mon père même s’il assurait être en parfait accord avec ma décision. Plongée dans mes pensées, je m’étais rendue dans les vestiaires où j’avais troqué mon uniforme de Cheerios contre une tenue de lycéenne lambda. J’avais récupéré toutes mes affaires et m’attardais sur mon téléphone portable, j’avais un nouveau message d’Antoine qui m’arrachait un sourire avant même de l’avoir lu. Mon meilleur ami avait cette incroyable don pour me faire sourire en toutes circonstances, y compris lorsque mon moral est au plus bas. Pourtant, je ne suis à McKinley que depuis quelques mois mais, j’ai vraiment l’impression de le connaître depuis toute petite et puis, il n’est vraiment pas comme les autres footballers. Il y a des exceptions à la soit disant rumeur qui veut que les sportifs ont plus de muscles que de cervelle.

Citation :

Hey la blonde ! Bouge tes fesses, je passe te chercher à on file au bowling. T’as intérêt d’être prête sinon attention à toi la miss ! Et surtout, prépare-toi à perdre (a)

Je fronçais légèrement les sourcils. Ce n’était pas le fait qu’il s’adresse à moi de cette manière, j’avais pris l’habitude et franchement ça me faisait ni chaud, ni froid mais, s’il croyait que j’allais le laisser gagner, il se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude !

Citation :

« Rien que pour t’embêter, je vais prendre tout mon temps pour me préparer… Tu sais que j’aime me faire désirer quand il s’agit d’une sortie entre potes. Ne crois pas que je vais te laisser gagner jeune padawan. J’vais te kicker ton ass ! Mouhaha. See ya, bro’ »

En vérité, c’était comme un frère pour moi, le frère que je n’avais jamais eu. Il y avait une grande complicité entre nous. Je fermais mon casier d’un coup sec, bien décidée à en découdre avec lui. Quelques minutes plus tard, je descendais du bus et me ruait à l’intérieur de la maison où je vivais avec mon père pour lui expliquer brièvement la situation. Je sautillais sur place, ravie qu’il m’accorde cette sortie puis, je filais dans ma chambre pour me préparer jusqu’à ce que quelqu’un frappe à la porte. « Bouge tes fesses Charlotte, on a pas toutes la soirée et puis tu vas au bowling, pas en boîte ! ».

J’ouvrais la porte à la volée, devançant mon père qui risquait encore de faire une bêtise ou de me tourner en ridicule. Je collais un baiser sur la joue de mon meilleur ami, lui adressant également une tape sur l’épaule comme si j’avais été un footballeur. « Quoi, t’es pressé de te prendre une dérouillée ? ».

N’ayant pas de voiture, j’étais évidemment montée dans celle d’Antoine et hop, direction le bowling. On avait troqué nos chaussures de ville contre des chaussures de clown adaptées pour ce jeu, on avait commandé des boissons et payé nos places respectives. Sur l’écran des scores était à présent affiché nos noms ou plutôt nos pseudonymes que j’avais donné au moment de l’encaissement, pendant qu’Antoine mettait ses chaussures. Ainsi « Charlie » allait affronter « Toinou », j’étais ravie de ma petite vengeance. « Il te plait ton nouveau surnom, Toinou ? J’ai hésité entre ça et Antek… Toinou c’est tendance en France. A toi l’honneur, fais voir à Charlie comment tu t’y prends. Mieux que ton entraînement j’espère, je t’ai vu, tu avais l’air un peu pensif.»