La journée s'était bien passée. Pour une fois, Bryan avait été content du travail fourni par ses élèves sur la nouvelle chanson. Chacun semblait de plus en plus s'investir dans la chorale, et fournir les efforts nécessaires pour bâtir une réputation aux Awesome Voices. Même s'il restait encore beaucoup de travail pour rattraper les New Directions, le professeur était confiant : il n'y avait peut-être pas un esprit de groupe aussi intense que chez ces derniers, mais il apparaissait clair que d'un point de vue purement vocal, il était difficile de départager les deux camps.
Les élèves venaient à l'instant de quitter la salle de répétition avec trois nouveaux morceaux à apprendre pour le lendemain. Bryan savait combien il était exigeant, mais c'était tout réfléchi. Ceux à qui ces méthodes ne plaisaient n'avaient qu'à prendre la porte, ce qui n'était à sa -bonne- surprise pour le moment pas encore arrivé.

Faisant face au piano, il laissa ses doigts se promener sur le clavier, jouant ainsi quelques notes afin de briser le silence qui régnait dans la salle. A cet instant, il se demandait pourquoi il faisait tout ça.
Il repensait à sa propre expérience et à tous les échecs qu'il avait subi. Il revoyait combien chaque "non" qu'on lui avait répondu pour une audition l'avait blessé, à quel point son orgueil avait été touché. Il ressentait à nouveau les déceptions accumulées de ces dernières années devant les obstacles qu'il n'était pas parvenus à franchir. A dire vrai, la musique avait été toute sa vie, mais dans le même temps, c'est elle qui l'avait réduit à ce qu'il était devenu aujourd'hui. Et face à cet amer constat, il ne pouvait que se demander si ce qu'il faisait avec ces jeunes et les Awesome Voices avait un sens.

Il était arrivé ici à Lima dans le but de panser ses plaies aux moyens d'une mesquine vengeance contre le Glee Club, et c'est également dans ce but qu'il avait décidé de créer sa propre chorale. Mais les semaines passaient, le travail s'organisait peu à peu et dans le même temps, Bryan reprenait plaisir à vivre de la musique. Il prenait goût à se sentir utile dans la construction d'un véritable projet. Il avait mis à profit son talent pour aider ces jeunes à exprimer le leur, et les poussait à progresser, grandir jour après jour pour qu'ils parviennent un jour rencontrer le succès.
Malheureusement, c'était là tout le problème de la chose.

D'une manière assez étrange, lui qui avait rarement de scrupules se sentait désormais coupable d'aveugler de naïfs adolescents de strass et de paillettes. Il répétait sans cesse que le travail était la clé de tout ou bien que la persévérance finissait toujours par payer, mais raconter ces tissus de mensonges commençait à le gêner, voire l'attrister. C'était vraisemblablement parce qu'il ne souhaitait à personne de vivre les désillusions que lui même avait connues dans sa jeunesse. En faisant croire à ses élèves que grâce à leur talent, ils pouvaient espérer entreprendre une belle carrière, il ne faisait que les surélever pour les faire tomber d'encore plus haut par la suite. Bryan avait beau avoir de nombreux défauts, il lui restait une part de morale.

Commençant à jouer les notes d'un morceau des Fray, il regarda dans le vide comme pour se donner l'occasion de se perdre dans ses pensées.

♪ Lost and insecure
You found me, you found me
Lying on the floor
Surrounded, surrounded
Why did you have to leave
Where were you? Where were you?
Just a little late
You found me, you found me ♫

Des larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux, mais Bryan ne laissa pas sa tristesse le submerger davantage, et se concentra afin d'éviter de pleurer.
Pourquoi n'y était-il pas arrivé?
On lui avait promis le ciel; il s'était imaginé sa vie future passée sur les devants de la scène à vivre de sa passion. Et aujourd'hui, voilà qu'il était de retour à la case départ, dans ce lycée où on lui avait présenté la vie comme une belle histoire dans laquelle les meilleurs et les plus méritants sortent toujours vainqueurs. Foutaises...
Ses doigts se baladèrent avec nonchalance sur le clavier du piano, avant de s'appesantir lourdement sur des touches aléatoires, produisant un son sourd et bruyant.

Le jeune professeur regroupa ses partitions, puis se leva.
Mais au moment de récupérer son sac posé sur le sol, il se retourna brusquement : dans l'encadrement de la porte à moitié entrouverte, se tenait Sue Silvester.
Surpris par cette présence aussi inattendue que dérangeante, Bryan ne trouva pas les mots pour engager la conversation.
Il ignorait depuis combien de temps elle se tenait là et resta alors planté quelques instants devant le piano, stoïque, les yeux encore mouillés.

Sue Sylvester a écrit:

Cher journal,

Qu’est ce qui est pire qu’une chorale ? Deux chorales ! DEUX CHORALES ! Lorsque cette grosse vache indienne de Figgins m’a mise au courant la création des Awesome Voices, j’ai bien cru que j’allais le découper en morceau pour en faire des brochettes au cury ! Et ce raté de Bryan Ryan ! Qu’est ce qu’il espère ? Couler les New Directions ? Dans ce cas je ne peux qu’approuver. J’imagine la réaction de Schuester. Il a certainement du frôler la calvitie ! Il faut absolument que j’ai une conversation avec Bryan Ryan ! Sue Sylvester doit savoir quelles sont ses intentions ! Sue Sylvester doit découvrir s’il est son allié ou son adversaire !

Tandis que je couchais ces derniers mots sur la page de mon journal, j’entendis la sonnerie annonçant la fin des cours retentir. Presque instantanément, des hordes d’élèves sortirent de leurs classes, et prirent d’assaut les couloirs dans un brouhaha insupportable pour mes pauvres oreilles. Pestant copieusement, je me levais pour aller fermer la porte de mon bureau. Une de mes Cheerios passa devant moi, avec une canette de soda à la main. Une expression de terreur se dessina sur son visage lorsqu’elle découvrit que je l’avais prise en flagrant délit !

« Si je te vois encore boire ces saloperies, tu seras virée de l’équipe ! Et si à la prochaine pesée je m’aperçois que tu as pris un seul gramme durant l’été, tu iras chanter ton éviction des Cherrios dans les jupons de Schuester ! » la menaçais-je en lui arrachant sa boisson des mains et en la balançant dans la poubelle.

J’avais un titre de renommée nationale à défendre à la fin de l’année scolaire ! Je ne pouvais pas me permettre d’avoir des baleines dans mes rangs de pom-pom girls ! Après tout, je m’étais bien débarrassée de la capitaine de mon équipe lorsque j’avais découvert qu’elle avait un croissant dans le four. Me passer de la présence d’autres filles de moindre importance ne me dérangeait pas le moins du monde. Et puis de toute façon, je n’ai jamais aimé les grosses, elle ne font que me rappeler l’espèce de gros tonneau qui m’a donné la vie.

Lorsque les couloirs furent désertés de toute présence étudiante, je décidais de me rendre dans la salle de chant des Awesome Voices. Une salle où j’entreposais autrefois mes trophées et qu’on m’avait volée pour que Bryan Ryan puisse entraîner ses casseroles ! J’avançais d’un pas décidé, avec un regard de rage.
Il fallait absolument que je découvre pourquoi ce raté de Brodway était venu à McKinley pour monter sa propre chorale. L’antagonisme qu’il entretenait avec Schuester en était-il à l’origine ? Ou bien, est-ce que las d’accumuler les défaites et les désillusions, Bryan Ryan espérait enfin récolter les lauriers de ses longues années dédiées au chant ? dans ce cas précis, il se foutait le doigt dans l’œil !
La seule star de ce lycée, c’est Sue Sylvester ! La seule capable de décrocher des récompenses ! Si jamais il avait décidé de venir ici pour me voler la vedette, je lui ferais vite passer l’envie de marcher sur mes plates bandes !

Au plus j’approchais, au plus la colère était en train de me gagner. Arrivée à hauteur de MA salle de trophées, je balançais un regard furtif de snipper dans l’entrebâillement de la porte. Le microbe était bien là, assis devant un piano sur lequel il laissait glisser ses doigts sans grande conviction. Puis ils s’appesantirent sur les touches, ce qui eut pour effet de produire un son sourd et bruyant. Beurk… si c’était ça le nouveau professeur de chant, je n’avais pas de soucis à me faire. Même Schuester était bien plus compétent, et dieu sait que ça me fait du mal de l’avouer…

Puis je vis Bryan se lever et rassembler ses affaires. Il était sur le point de quitter les lieux ; lorsqu’il se retourna brusquement et décela ma présence, il resta coi pendant quelques instants. Son regard était humide, et je pus aisément deviner qu’il venait de pleurer comme une madeleine. Je dus lutter contre une irrépressible envie de lui éclater de rire à la figure, tandis que je rompais le silence :

« Bryan Ryan… le mal aimé de Broadway… qu’est ce que tu fais ici, dans MA salle de trophées ? Ta comédie musicale a fait un bide et tu es en manque de reconnaissance, ou bien tu es ici pour que Schuester s’arrache les cheveux ? » j’entrais dans la pièce. « Si tu espères lui faire mal avec ta petite troupe de casseroles, je te suggère d’améliorer tes performances au piano… et puis… de t’endurcir un peu ! Tu ne sais pas dans quoi tu viens de mettre les pieds, et tu as plutôt intérêt de t’endurcir si tu ne veux pas que je te traite comme une femmelette… » je le regardais, d’un air faussement compatissant.

Bryan demeura complètement immobile quelques instants, pris au dépourvu dans cette situation qui n'était clairement pas à son avantage. Quoi de plus humiliant que de se retrouver face à la plus grosse vipère du lycée, le regard larmoyant, alors que l'on se définit soi-même comme un gros dur? Pas grand chose a priori.
Le professeur poussa un énorme soupir d'exaspération, se forçant à ne pas se sécher les yeux comme pour prétendre qu'il n'avait jamais été sur le point de pleurer. A cet instant, il aurait aimé se trouver à n'importe quel autre endroit qu'ici, en compagnie de Sue Silvester. Il n'avait pas eu l'occasion de beaucoup la côtoyer, mais le peu qu'il savait d'elle l'avait résolument conduit à la ranger dans la catégorie "dangereuse créature" car il se souvenait d'elle surtout comme étant la femme qui désirait faire exploser le Glee Club pour une sinistre histoire de budget et de ressentiments personnels envers Will Schuester.

-Tiens donc, se contenta t-il de lâcher sans grande conviction

C'est surtout qu'il ignorait complètement quoi dire. Briser le silence n'avait été pour Bryan que le moyen de se donner plus de temps pour réfléchir à la stratégie à adopter face aux attaques de Sue Silvester. Car oui, au vu de la réputation de cette dernière, il n'allait pas attendre longtemps avant qu'elle ne se mette à sortir les crocs. Et en effet, il ne lui fallut pas plus de deux secondes pour ouvrir sa gueule - dans le sens propre du terme, aurait-il voulu dire - et cracher son venin.
C'était attendu.

Et dire que l'ombre d'un instant, dans un passé pas si éloigné, tous deux s'étaient entendus , motivés par leur désir commun de mettre fin aux ambitions des New Directions. C'est vrai que lorsque l'on affronte un même ennemi, les désaccords tendent à s'affadir; mais même si à l'heure actuelle les deux adultes partageaient encore ce sentiment d'amertume envers Schuester, leurs objectifs principaux avaient changé. Bryan avait fait naître les Awesome Voices, et désormais aux yeux de Sue, il ne devait plus représenter qu'une chorale de plus à éliminer.

- Je remarque qu'un été n'a pas été suffisant pour vous réconcilier avec le monde de la musique. Vous devriez essayer plus fort, cela apportera un peu d'émotion à votre vie et qui sait, verser quelques larmes sur un bon morceau vous rendra peut-être un peu moins sèche.

Bryan ne se sentait plus gêné, il était à nouveau rentré dans le personnage. Il fallait dire qu'avec une dure à cuire telle que Sue comme interlocutrice, il valait mieux vite se remettre de ses peines. Ces bêtes là, elles vous mangent avant même que vous n'ayez le temps de les informer que vous n'êtes pas comestibles. Elles sont donc vives... mais malheureusement, elles attaquent aussi trop vite, et sans réfléchir.

- Oh, et comme vous pouvez le voir, McKinley a aménagé cette salle tout spécialement pour ma chorale. J'espère que vous ne m'en voudrez pas, mais je me suis permis de retirer tous les trophées et autres bibelots qui se trouvaient dans les vitrines. Non pas qu'ils aient fait quelque offense à ma vue, mais vous comprenez, les Awesome Voices auront besoin de place pour exposer tous les prix qu'ils remporteront. Vous trouverez vos affaires dans un carton que j'ai entreposé dans le placard à balai, j'ai eu la décence de ne rien jeter, ces choses ont peut-être de la valeur.

Je pouvais aisément lire dans le regard de Bryan Ryan que ma présence l’incommodait. Et je pouvais le comprendre ! En effet, qu’est ce qu’il y avait de pire que de croiser la route de Sue Sylvester dans un moment de faiblesse ? Rien, absolument rien ! Non, même en cherchant bien… pas même l’annonce de la fin du monde prochaine. Et d’ailleurs, le jour où la Terre cessera de tourner, Sue Sylvester continuera d’exister. Les Chuck Norris Facts n’étaient pas dédiés à la bonne personne. Soyons honnête, c’est beaucoup plus réaliste de dire «Sue Sylvester ne porte pas de montre, elle décide de l’heure qu’il est ! » ! Ce teckel galeux de Chuck Norris ne m’arrive pas à la cheville !

Je regardais mon interlocuteur avec insistance, pour lui signifier que ma présence n’était en aucun cas une visite de courtoisie. Il fallait qu’il se justifie, et m’explique pourquoi il avait fondé une nouvelle chorale, alors que l’année passée, il avait essayé de détruire celle de Schuester avec mon aide. Je me doutais bien qu’il était revenu pour les mêmes raisons car je connaissais l’antagonisme profond qui le liait à Will depuis toujours. En revanche, ce que j’avais du mal à comprendre, c’était pourquoi ce vieux rat d’égout avait crée « Awesome Voices » alors qu’il avait perdu toute foi en les chorales. J’avais été obligée d’écouter ses jérémiades de raté de Brodway sans broncher… comment le Glee Club avait réussi à briser ses rêves et comment la carrière qu’on lui avait promis lui était restée inaccessible ! Entre nous soit dit, je commence à comprendre, vu la façon dont il joue du piano… bref ! Je voulais savoir pourquoi on m’avait privée de ma salle de trophées à son profit, et pourquoi il imposait à mes pauvres oreilles les sérénades de ses bouffons dépourvus de talent. Et j’étais bien décidée à ne pas quitter les lieux sans avoir obtenu les réponses à mes questions !

J’étais en train de me demander s’il n’avait pas laissé sa langue au vestiaire. Bavard comme il l’était, son mutisme soudain m’étonnait ! Hey Ryan, aurais-tu perdu ta langue à force de lécher des culs ?
Après un long silence, sa bouche en cul de poule finit enfin par se mouvoir et sa voix de crécelle se fit entendre. Il m’accusait d’être sèche, et m’enjoignait de me réconcilier avec le monde de la musique afin de vivre une meilleure vie. Verser des larmes, moi ? C’était si drôle que j’aurais pu m’en étouffer de rire.

« Il se trouve cloporte que je ne suis pas une minable moi… verser des larmes, c’est bon pour les gonzesses, comme Schuester et toi. Regarde ces yeux ! » je m’approchais de lui, en lui pointant mes yeux avec l’index. « Il sont vierges de toute larme ! Je n’en verse pas moi, par contre je suis la championne pour en faire verser aux autres ! »

Il était vrai que je ne comptais même plus les personnes que j’avais fait pleurer au cours de ma carrière. Si j’avais pu collecter chaque larme versée par mes Cheerios, je crois que l’Afrique ne crèverait plus de soif aujourd’hui. Bryan Ryan, dont la langue semblait maintenant déliée, poursuivit son petit discours. Je n’avais plus envie de rire ! Comment osait-il dénigrer mon mérite et mon travail de la sorte ! Il fallait qu’il comprenne qu’il n’avait aucun pouvoir ici, et qu’il apprenne à respecter le Maître !
D’un geste violent, je lui empoignai le col de sa chemise, tout en me rapprochant suffisamment pour que mon murmure arrive jusqu’à ses oreilles cireuses.

« Je te déconseille de t’adresser à moi comme ça, si tu ne tiens pas à sortir de ce lycée entre quatre planches… à moins que tu ne sois suicidaire, ça ne m’étonnerait pas venant d’un raté de ton acabit » je desserrai mon étreinte tout en me reculant. De près, je pouvais voir toutes les imperfections de son visage, comme un tableau impressionniste. Ca me donnait envie de vomir.

« Tu veux gagner des trophées alors que tu n’es même pas capable de décrocher le premier rôle dans une comédie musicale ? Laisse moi rire vieux ! Si un jour tu gagnes le moindre titre, je veux bien venir travailler ici en mini-jupe et faire la poussière sur tes « bibelots » fraîchement gagnés ! Alors maintenant, tu vas me dire ce que tu fais ici, et pourquoi tu as crée cette chorale ! Autrement je te jure sur MA tête que tu ne sortiras pas d’ici vivant ! C’est juste pour écraser Schuester ou alors tu cherches aussi à empiéter sur mon territoire ? Parle minable ! »

Sue n'était résolument pas venue pour lui souhaiter la bienvenue. De toute façon, c'était prévisible, ce genre de femme étant généralement incapable de se montrer aimable, perpétuellement en quête d'une cible sur laquelle se défouler sans autre raison valable que de se relaxer les nerfs.
Malheureusement pour Bryan, c'était exactement le type d'individus qui l'insupportait: il n'était déjà que peu enclin à aimer qui que ce soit,alors les énergumènes tels que Silvester, c'était carrément au dessus de ses forces. A la minute où il avait vu sa face cireuse pour la première fois, il avait su à quel genre de personnage il aurait affaire. Une créature creuse, froide et totalement sans intérêt. Une caricature en somme.

Le jeune professeur fixait son interlocutrice avec une pointe de dégoût , comme pour souligner qu'un regard, c'était déjà beaucoup trop de considération offerte à son égard. Il ne put par ailleurs s'empêcher de soupirer lorsqu'elle se mit à beugler d'une manière des plus grossières afin de fanfaronner sur sa prétendue insensibilité. Non en effet, ce n'était pas une "gonzesse", et d'ailleurs pouvait-on même la considérer comme une femme , ou même pire comme un être humain? A sa place, Bryan aurait été fatigué de tant donner en cris et en violence verbale. Ce doit être tellement dur de vivre en sachant que tout le monde vous hait et de ne jamais pouvoir ressentir d'émotions qui vous réchauffe le coeur...
Car bien que lui même était un personnage froid et arrogant, il avait au moins la chance de ne pas sombrer dans la figure stéréotypée du misanthrope asocial , et il se sentait fier d'affirmer que oui, il pouvait pleurer sur une chanson. Ca ne remettait pas en cause sa virilité, au contraire, cela lui apportait un peu plus d'humanité, chose que Sue semblait cruellement manquer.

Alors qu'il s'apprêta à répondre, il fut surpris de voir soudainement cette dernière l'agripper par le col de sa chemise, exactement comme un homme l'aurait fait. La voilà qui proférait des menaces. Mais qu'est-ce qu'elle croyait la sale mégère? Que parce qu'elle était taillée comme un crayon à papier à proportion humaine elle arriverait à lui faire peur?
Elle avait beau être impressionnante et terroriser tous les élèves de McKinley, Bryan savait très bien que physiquement il avait le dessus. C'était une confortable pensée dans le cas où il lui prendrait l'envie de lui décocher une droite, ce qu'il n'aurait eu aucun scrupule à faire.
Libéré de son étreinte, il se rapprocha davantage de l'entraîneuse des Cheerios au lieu de prendre de la distance. L'expression de son visage montrait qu'il n'était plus ouvert aux plaisanteries, et quelque chose de malveillant, quasiment pervers se confondit dans son regard.

- Vous avez beau faire trembler les murs de ce lycée et y faire chialer tous les petits adolescent qui croisent votre chemin, vous apprendrez très vite que moi aussi, je peux être une sale teigne, et je ne pense pas que vous sachiez jusqu'où je peux aller lorsque des parasites de votre style se mettent en travers de mon chemin. Alors j'ai également un petit conseil à vous donner Sue : dégonflez vous un peu la tête, votre amour pour vous même vous aveugle et par dessus tout vous empêche de voir à quel point vous êtes pathétique.

Bryan ne s'emportait pas, il n'était pas de ceux qui sortent les poings facilement. Mais il pensait réellement ce qu'il venait de dire, et c'est cela qui donna de la puissance à ses menaces.

- Je suis là pour accomplir un but personnel, et faire briller les Awesome Voices, je n'ai sincèrement que faire de votre foutu territoire. Plus loin nous nous tiendrons l'un de l'autre, mieux nous nous porterons, lança dit-il avec dédain.

Puis une légère grimace, plus ironique qu'autre chose, se forma au coin de ses lèvres.

-C'est pour ça que vous êtes venue me voir n'est-ce pas? Votre sale caractère de maquerelle ne vous permet pas de rester tranquille. Ou bien est-ce parce que je vous effraie? Vous auriez peur d'un raté Sue?

Si Bryan Ryan s’imaginait qu’il pouvait s’approprier MA salle de trophées sans avoir à me rendre des comptes, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Il se trouvait sur mon territoire, et il savait très bien que je n’aimais pas le partager. Et je n’étais pas le genre de personne à faire des concessions, sauf si la création des Awesome Voices pouvait servir mes intérêts d’une façon ou d’une autre. Voilà pourquoi j’étais venu lui rendre visite, afin d’obtenir des réponses. Et ce gros tas de bouse ferait mieux de se dépêcher de m’en donner, sauf s’il avait envie de finir éviscéré et pendu avec ses tripes sur la place publique. Mes yeux de lynx balayèrent furtivement la pièce du regard. Toutes les magnifiques coupes remportées à la sueur de mon front avaient laissé la place à une collection d’instruments de musique et de partitions. Et ça me donnait envie de vomir ! Ce sentiment de dégoût, c’était quelque chose qu’un raté de son espèce ne pouvait pas comprendre. La jouissance extrême que provoque la victoire est éphémère, mais elle se prolonge dans la contemplation des trophées.

Lui qui n’avait jamais rien gagné dans sa misérable vie – à part le droit de respirer, et je pouvais lui retirer le privilège de partager mon air à tout moment – pensait parvenir à m’intimider avec ses grandes phrases philosophiques. Il s’était rapproché dangereusement de moi et l’entendre me menacer était exquis. Sous ses airs de teckel teigneux et mal léché, il arrivait peut-être à faire trembler la choucroute sur pattes, mais il n’arriverait jamais à ébranler Sue Sylvester !
Plusieurs avaient déjà essayé de m’imposer leur autorité et s’y étaient cassé les dents. Et Bryan Ryan était bien parti pour figurer sur ma longue liste de martyrs. S’il y avait bien une chose que je ne supportais pas c’était qu’on inverse les rôles. Qu’on se pose en victime ! Il osa me qualifier de parasite s’immisçant en travers de son chemin ! N’était-ce pas lui qui avait réquisitionné ma salle de trophées pour y construire son nid de blattes ? N’étais-ce pas lui le pathétique, l’aigri de ses échecs personnels qui défendait une cause qu’il s’était battu pour démolir quelques mois auparavant ?

Il finit par m’intimer qu’il était revenu à Lima pour accomplir un but personnel, celui de faire briller sa chorale sur le devant de la scène et qu’il n’en avait rien à faire d’empiéter sur mon territoire. S’il s’imaginait accomplir ses desseins sans résistance de ma part, il vivait un rêve éveillé. S’il voulait la guerre, il l’aurait ! Je lui ferais rapidement passer l’envie de me provoquer de la sorte ! Sa bouche de chienne botoxée se déforma en une grimace insolente, et il acheva son monologue en me posant une ultime question ; avais-je peur d’un raté.

Une lueur de rage foudroya mon regard. Bryan Ryan venait de signer son arrêt de mort. Mon but ultime n’était plus de démolir une chorale, maintenant c’était d’en démolir deux ! La sienne et celle de Shuester ! Et c’était mal me connaître de me sous-estimer. Il ne savait pas dans quoi il venait de mettre les pieds, mais il ne tarderait pas à le découvrir. Il venait de pénétrer dans le Sue Sylvester Express, à destination de l’horreur ! Il était assis sur la même banquette que le chevelu espagnol !
Cependant, c’était très réjouissant pour moi d’avoir eu ce petit échange houleux avec Bryan Ryan. Un ennemi de plus dans ma liste, un nouveau défi à relever, une victoire future à savourer et qui ne ferait qu’accroître la haute opinion que j’avais déjà de moi-même.
Mon regard haineux se plongea dans le sien. Mais au même instant, un large sourire victorieux prit possession de mes lèvres.

« Je veux bien te louer ma salle à titre gratuit, j’imagine que tes finances ne te permettent pas de t’offrir le luxe de marcher sur le territoire de Sue Sylvester ! » je lui donnait une tape sur l’épaule, mais cela n’avait rien d’amical « Fais donc faire des vocalises à tes petits ménestrels, et inscris les aux compétitions ! Je serais curieuse de savoir si tu seras capable de les faire triompher là où tu as toi-même échoué à maintes reprises ! » je ricanais bruyamment. « Et à ta place je surveillerais mes arrières ! Il est fort possible qu’un ouragan sylvestérien te balayes, toi et ta chorale d’un revers de la main… je te souhaites de passer une merveilleuse année dans ce lycée, parce que pour toi, ce sera la dernière ! Dans moins d’un an, cette salle sera de nouveau mienne, et toi… toi… il ne te resteras que tes yeux vitreux pour chialer, comme la gonzesse pathétique que tu es ! »

Sue avait tort de s’en prendre de cette manière à Bryan. Faire preuve de tant de hargne et d’agressivité à son égard, c’était montrer qu’elle n’était définitivement pas aussi bonne stratège qu’elle semblait l’être. Après tout, ils partageaient le même objectif qu’était de détruire la chorale de Will. Cela, ils l’avaient bien compris au mois de juin dernier lorsqu’une alliance s’était nouée entre eux, mais la chef des Cheerios ne semblait plus avoir la même clarté d’esprit depuis que les Awesome Voices avaient été créés : manifestement, sa haine pour le Glee Club était bien trop exacerbée pour qu’aucun autre argument ne parvienne à lui faire entendre raison.
Elle n'avait pourtant aucun intérêt à se comporter ainsi. Si elle s’était dès le départ résolue à accepter de jouer dans la même équipe que Bryan, elle aurait pu espérer remplir la moitié de son objectif, c’est à dire éliminer les New Directions. Maintenant qu’elle avait décidé de faire cavalier seul, elle et son équipe de pompoms n’auraient rien du tout si ce n’est un affront des deux cotés du Glee Club.

Il n’était jamais bon de faire de Bryan son ennemi. Beaucoup s’étaient essayés à ce petit jeu, et généralement, ils n’en sortaient pas indemne. Lorsqu’on s’en prenait à lui, il fallait s’attendre à ce que les retombées soient violentes : le jeune professeur hésitait rarement à prendre des pincettes, que ce soit dans les affrontements verbaux, mais aussi physiques. Il avait un tempérament de feu, c’était comme ça, et quiconque lui cherchait des ennuis était à peu près sûr d’en trouver.
Cela ne signifiait pas qu’il était disposé à tabasser Sue Sylvester ou quoi ce que soit dans ce genre, il avait malgré tout une once de morale qui l’écartait de bien des bêtises. Mais il n’aurait dans tous les cas aucun scrupule à user de coups bas pour lui mener la vie dure. De toute façon, les Awesome Voices étaient déjà traités comme des bêtes sournoises et prêtes à tout pour gagner, il n’avait par conséquent rien à perdre.

Le vieille peau en survêtement s’approcha alors de lui, déblatérant son petit discours nocif. Cela aurait pu être intimidant en d’autres circonstances, mais Bryan avait surtout l’impression de réentendre le même disque rayé. « Raté », « échecs », étaient des mots qu’on lui avait prononcé tant de fois qu’il avait finir par apprendre à composer avec.
A force de beugler sur n’importe qui à n’importe quelle occasion, Sue perdait toute crédibilité, et ses paroles désobligeantes éclataient comme des bulles de savon qui se dissipèrent rapidement dans l’air.
Il n’avait pas peur des menaces qui lui étaient proférées. Qu’elle se lance dans sa petite campagne de destruction des Awesome Voices, cela ne lui ferait qu’un challenge en plus à remporter.

Répondant à l’assaut sylvestrien par sourire, Bryan repoussa son effronterie encore plus loin en s’adressant à son interlocutrice d’un air ouvertement moqueur.

- J’en ai écrasé des plus pitoyables que vous et vous pouvez me croire, ce n’est pas votre équipe de danseuses écervelées ni leur « délicieuse » entraineuse qui vont me faire reculer. Mais assez parlé de moi, abordons un sujet un peu plus palpitant car il y a quelque chose qui m’intrigue à votre propos. Comment pouvez-vous vous permettre de juger ce qui est raté et ce qui est réussi alors même qu’une femme aussi exécrable et repoussante que vous n’a certainement pas du réussir grand chose de sa vie ? Auriez-vous subi des traumatismes par le passé qui ont fait de vous l’être méprisable que vous êtes devenu ?

Bryan Ryan ne lésinait pas sur l’arrogance, mais s’il espérait avoir le dernier mot avec moi, il pouvait se glisser un doigt entre les deux fesses. Sue Sylvester commence et conclut toujours les conversations, ne lui déplaise ! Je le regardais d’un air compatissant. Il était évident qu’il me sous-estimait, le pauvre garçon ! En me tenant tête, il ne savait pas dans quoi il venait de s’embarquer. Très prochainement, le Blitzkrieg sylvestérien déferlerait sur lui et sa chorale, et il écraserait tout sur son passage. Je ne pouvais m’empêcher d’avoir pitié de lui, car l’’échec de son entreprise ne faisait aucun doute : les élèves de Schuester chantaient peut-être comme des casseroles, mais ils avaient l’avantage de se connaître et d’avoir déjà participé à des compétitions ensemble. Bryan Ryan allait devoir monter un groupe de A à Z, dans lequel chacun des membres devrait trouver sa place, et les tensions ne tarderaient pas à pleuvoir. Etait-il conscient de ce genre de choses, ou aveuglé par la stupidité de la couleur de ses cheveux ? Awesome Voices ne deviendrait qu’un échec de plus sur sa longue liste de raté. Après tout, à défaut d’être un idiot, Bryan Ryan avait peut-être certaines tendances sado-masochistes.

Le discours qu’il prononça à mon encontre confirma mes doutes ! Oui, ce rat d’égout avait bel et bien des tendances SM… en plus d’être complètement suicidaire ! Il commença par me traiter d’individu pitoyable, et enchaîna en qualifiant mes Cheerios de danseuses écervelées. La façon dont il prononça le mot « délicieuse » à mon endroit n’avait rien d’un compliment. Il n’admettait pas que je me permette de le juger, car selon lui je n’avais rien réussi de ma vie. Comme si tout ceci n’était pas suffisant, il conclut son long monologue en m’interrogeant sur ma vie privée ! Pour qui-est ce qu’il se prenait ce clone de Tintin ? Pour Sigmund Freud ? Qu’allait-il me demander ensuite, de m’allonger sur le divan et de lui dire ce que j’ai ressenti à ce moment-là ? Non, il ne me demanderait plus rien, puisque j'allais lui faire passer l'envie d'être indiscret ! Il venait de franchir une limite infranchissable, et il ne s’en sortirait pas indemne.
Le regard compatissant que j’avais posé sur lui quelques instant auparavant n’était plus. La haine en avait pris possession.

« Mes danseuses sont les meilleures cheerleaders de tous les Etats-Unis, et tout ça, grâce à la délicieuse entraîneuse que je suis. Qu’est-ce que tu crois Tintin ? Qu’il te suffit de t’approprier ma salle de trophées pour que mon talent ne déteigne sur toi ? Tu perds ton temps et ton énergie, le talent c’est quelque chose d’inné, comme ta capacité à rater tout ce que tu entreprends… » je n’élevais même pas la voix. Mais mon ton était froid, beaucoup plus menaçant que mes hurlements habituels. « Quant à ma vie privée, elle ne te regarde absolument pas. Je te déconseille de te mêler de mes affaires, si tu ne tiens pas à finir ta vie dans d’atroces souffrances. C’est la première et la dernière fois que tu franchis la limite. »

Je savais désormais à quoi m’attendre. Ce n’était pas une chorale, mais deux que j’allais devoir éliminer. Bryan Ryan venait de choisir à quelle sauce il allait être mangé. Et c’était fort dommage pour lui de me compter sur la liste de ses ennemis. Il le regretterait amèrement ; je ne lui donnais même pas jusqu’à Thanksgiving avant qu’il ne réalise son erreur et ne vienne ramper pour me demander une alliance contre Schuester...
Je fis un dernier tour du propriétaire dans ma salle de trophées complètement métamorphosée, d’un air blasée. Puis je pris la direction de la sortie. Avant de franchir la porte, j’accordais un dernier regard à mon rival.

« Si tu estimes que ta vie n’est pas une succession d’échecs, libre à toi. Après tout, la politique de l’autruche est la solution de facilité. On en reparlera dans quelques temps. » je pointais mon index dans sa direction, d’un air dédaigneux. « Tu as peut-être les moyens de t’offrir une chorale, mais tu n’as pas le talent pour la diriger. Schuester a beau être un incompétent dans tous les domaines, il y en a quand même un où il se débrouille pas trop mal : la pédagogie. On ne s’improvise pas coach auprès d’adolescents, mon cher Bryan… ne l’oublies pas. »

Je quittais la pièce, en colère, tout en bousculant sans ménagement les élèves qui obstruaient mon chemin. Les autres s’écartèrent sur mon passage. J’étais comme Moïse, j’avais le pouvoir de repousser tous les obstacles qui se mettaient en travers de mon chemin : Bryan Ryan n’y ferait pas exception !

Ce n’était pas tant une provocation de sa part qu’un véritable désir de savoir qui avait poussé Bryan à poser cette surprenante question. En effet, bien qu’il ne pouvait que s’attendre à se faire envoyer balader, il était véritablement intéressé par le personnage de Sue Sylvester, qu’il ne pouvait s’empêcher de voir comme une bête curieuse. Comment était-ce possible qu'un être humain fasse preuve de tant de froideur? Même un individu qui s’efforcerait à dissimuler ses émotions n’aurait pas été capable d’un acte de comédie aussi bien exécuté que celui de la cheftaine des Cheerios. Quelque part, Bryan en était venu à la conclusion que cette dernière était peut-être tout simplement dénuée de bon sentiment, et que derrière cette montagne de malfaisance, il n'y avait certainement pas grand chose d'autre.
La race humaine avait enfin trouvé son Diable! Et non, il ne s'habillait pas en Prada, mais en jogging assorti fluorescent!

D'ailleurs, comme attendu, Satan ne fut pas ravie de cette attention qui lui était soudainement prêtée, et encore plus attendu, c'est en montant sur ses grands chevaux qu'elle répliqua. Des menaces, à nouveau, comme si finalement il s'agissait de son langage régulier. Néanmoins, Bryan la trouvait quand même gonflée : elle, avait le droit de s'immiscer dans le passé et les histoires douloureuses de n'importe qui, mais quiconque s'intéresserait à sa vie en retour était sûr de déclencher une tempête. La crise d'ego à l'état pur.

- Apparemment j'ai posé la question qui fâche ! s'exprima Bryan en pouffant de rire.

Il savait au fond de lui qu'adopter cette attitude envers Sue ne lui rapporterait rien d'autre que des problèmes. Mais la voir ainsi s'attaquer à sa personne , à son orgueil lui était insupportable, et il se refusait de s'abaisser à accepter la domination de la coach. Elle pourrait lui faire ce qu'elle voulait, il ne baisserait jamais la tête, sa fierté d'homme l'en empêchait.

- Vous lisez dans les feuilles de thé ou quoi? A ce que je sache, aucun d'entre nous n'est capable de prédire l'avenir. Tout ce que je sais, c'est que j'ai suffisamment confiance en moi pour pouvoir vous rire à la gueule à cet instant présent! Vous seriez surprise de vous rendre compte à quel point la roue peut tourner soudainement : les Awesome Voices remporteront les régionales cette année et deviendront le seul et unique glee club de McKinley à la rentrée prochaine. Ni Shuester, ni vous ainsi que vos mimiques démoniaques n'y changeront quoi que ce soit. Faites dès à présent le deuil de votre ancienne salle de trophée et mettez vous dans la tête qu'à partir de maintenant, ce sont les succès de ma chorale qu'elle exposera.

Sur une dernière mise en garde, Sue prit congé. Peut-être qu'elle ne se sentait finalement plus très à l'aise dans son ancien repaire. Peut-être également que si elle était restée, les choses étaient dérapé : qui sait de quel vice cette femme était capable lorsque quelqu'un osait la provoquer trop brutalement?
Une fois seul, Bryan poussa un énorme soupir. Décidément, cette année ne serait pas de tout repos. Si d'une part il aurait à composer avec ses propres problèmes, il aurait surtout à se défendre d'impitoyables rapaces prêts à tout pour contrecarrer son projet.
Se laissant tomber sur le siège du piano, il laissa ses doigts se balader aléatoirement sur les touches, avant de jouer les notes du morceau de Gavin Degraw, I don't wanna be.

♫ I'm surrounded by liars everywhere I turn
I'm surrounded by imposters everywhere I turn
I'm surrounded by identity crisis everywhere I turn
Am I the only one who noticed?
I can't be the only one who's learned!

I don't want to be
Anything other than what I've been trying to be lately
All I have to do
Is think of me and I have peace of mind
I'm tired of looking 'round rooms
Wondering what I've got to do
Or who I'm supposed to be
I don't want to be anything other than me♫

C'était certain. Il ne changerait pas qui il était pour faire plaisir aux autres. Il était lui, Bryan Ryan, cet homme que la vie avait blessé, mais qui continuerait à se battre malgré tout.
Et alors qu'il regroupait ses affaire dans son cartable, prêt à rentrer chez lui, le jeune professeur jeta un regard aux vitrines vides de la salle. Lorsqu'il ferma les yeux, c'est ornées d'une multitude de trophées qu'il les vit ; il y en avait des grands, des petits, des moyens, il y avait des coupes, des cadres, des médailles...

Un sourire apparut au coin de ses lèvres. Bientôt, ce serait enfin à son tour de connaître la gloire.