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 07. Boot Camp

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MessageSujet: 07. Boot Camp   07. Boot Camp EmptyDim 26 Juin - 10:36

Schtroumpf Grognon n’aimait pas le lundi matin. La première raison en était fort simple. Le lundi suivait le dimanche, qui lui-même était précédé du samedi. Et durant ces deux jours, il n’était pas au lycée. Il ne les voyait pas, il ne les entendait pas, il ne les sentait pas, il ne les touchait pas, il ne les goutait pas. Si l’on exceptait le fait qu’il se trouvait dans la campagne, au fin fond de l’Ohio, tout allait pour le mieux. Mais le lundi signifiait qu’il allait tous les revoir, ces détestables personnes. Il n’en pouvait plus d’entendre leurs voix jacasser dans les couloirs, de voir leurs habits issus d’une mode passée depuis au moins cinquante ans. Oh, bien sûr, ils étaient mieux que ce que ses préjugés l’avaient laissé imaginer. Il pensait tout simplement qu’ils seraient tous porteur de salopette, un brin d’herbe à la bouche, leur cochon sur les côtés, leur sac dans la main gauche et leur trophée dans la main droite, le chapeau de paille sur la tête et le bronzage d’un paysan. Même si les lycéens de McKinley ressemblaient à des gens « normaux » - et encore, il n’était pas sûr que ce qualificatif s’appliquait pour le mieux à de telles personnes, mais c’était le seul qu’il trouvait pour le moment – ils n’en restaient pas moins des gens à part, particuliers, différents, déconnectés de toute réalité. C’est pour cela qu’Ange n’aimaient pas revenir le lundi. Ni les autres jours de la semaine, rassurez-vous. Mais le lundi particulièrement. Il devait se réhabituer à tous ces visages si imparfaits, à toutes ces personnes qui avaient des rides, les traits creusés sur le visage et qui ne semblaient pas connaître l’art du maquillage. Dans sa totalité ou en partie. Ce qu’il voyait lui donnait tellement envie de vomir que s’il ne se forçait pas, il n’aurait bientôt plus que la peau sur les os. Il semblait en plus que les lycéens avaient leurs petits rituels ridicules. Ils balançaient leurs souffre-douleurs dans les bennes à ordures, semblant éprouver une jouissance qu’ils étaient bien les seuls à ressentir. Ange ne pouvait pas réprimer la pensée de dégoût pour les personnes qui ressortaient dégoulinantes d’ordures de la benne. Mais il ne ferait pas un geste pour aller les aider, tout comme il n’en faisait pas quand il voyait des gens recouverts de gratinés tentant de se laver tant bien que mal dans les lavabos des toilettes. Il réprimait là encore le dégoût, mais aussi un sourire, puisqu’il fallait bien se l’avouer, la situation était cocasse. Evidemment, sur l’île, il y avait des cas similaires, mais avec plus de classe puisqu’on utilisait le café qui venait d’une véritable boutique et non une substance gluante issue d’un distributeur posé là depuis des années. Ces cas restaient cependant rares et étaient loin d’être monnaie courante comme dans l’Ohio. Il ne comprenait pas véritablement ce rituel, et tentait de l’éviter comme il pouvait.

Il avait lui-même un rituel chaque matinée de la semaine scolaire. Il demandait à sa mère de le déposer au loin, assez loin pour qu’on ne le voit pas descendre de la voiture. Il refusait de prendre le bus scolaire et sa mère était – pour une fois – du même avis que lui. Des porteurs de bactéries ambulants, non merci. Il décrivait ensuite une large courbe, évitant la grande allée qui menait au lycée, puisqu’il savait pertinemment qu’on avait plus de risque de finir dans une benne en prenant le chemin le plus court et le plus simple. Alors qu’il marchait tranquillement dans la rue, sans se soucier de ses petits camarades, une voiture passa en trombe à côté de lui et l’éclaboussa. Une telle situation peut se dérouler à New York, ne le nions pas, même si cela reste peu fréquent. Et lorsque cela se passe, c’est de l’eau qui trempe les vêtements. Lima, Ohio, ne semblait pas vouloir faire comme tout le monde. Non, arroser les gens d’eau est tellement commun, c’en est presque pathétique. Non, la boue, c’est mieux. C’est plein de germes, c’est supra-sale, ça colle, ça sent mauvais, … Bref, que du bonheur. Ange était tombé si bas que peu lui importait. Quelques mois plus tôt, il aurait violemment insulté le chauffeur de la susdite voiture, lui aurait jeté un gobelet dessus et serait rentré chez lui, se changer, pour finalement, ne pas retourner au lycée. Mais là, cela lui faisait plutôt du bien. Il était en train de penser à tous les avantages que pourraient lui procurer une telle situation. D’abord, il n’aurait plus jamais à remettre cet affreux pantalon qu’on l’avait forcé à acheter. Ensuite, il pourrait simuler une maladie de sorte qu’il ne serait pas obligé de revoir tous ces bouseux pendant quelques jours. Rien qu’à cette pensée, cela lui procura assez d’allégresse pour pouvoir tenir la journée, affrontant les mines déterrées, ou plutôt enterrées, de ses camarades. Il gravit les marches et se posa en haut. De là, il dominait le monde. Enfin, de l’Ohio, on ne peut pas faire grand-chose, mais c’est le sentiment qui dominait jusque là. Il regardait les élèves s’agiter comme des fourmis, mais il n’était pas pris par cette fébrilité. Il n’était pas heureux d’être là, donc, effectivement, il n’allait pas non plus faire un effort et se presser. Ses aventures matinales l’avaient d’ailleurs rendu encore plus bougon que d’habitude. Il ne supportait pas la crasse, et la sensation du pantalon mouillé était déconcertante et horrible. Tout collait. C’était répugnant.

Chacun sait que le Schtroumpf Grognon bougonne tout le temps. Même lorsqu’il voit la Schtroumpfette. Mais, au fond, on sait qu’il l’aime bien et qu’il l’apprécie. C’est pourquoi ses yeux s’illuminèrent quand il repéra dans la foule qui s’avançait un visage familier, un visage qui serait compatissant. Quand elle fût arrivée à sa hauteur, Ange tira Lucy par la main, l’extrayant de la foule compacte qui se pressait aux portes du lycée. Quelques bougonnements se firent d’ailleurs entendre, mais, pour une fois, ce n’était pas l’œuvre du jeune blond. Il sourit à Lucy. Il avait trouvé une alliée à la hauteur de sa réputation, et c’était un premier pas dans la grande œuvre de sa mère qui tenait en quatre syllabes. In-té-gra-tion. Malgré leurs légers différents quant à leurs camarades, Ange aimait passer du temps avec elle. Notamment parce qu’elle le comprenait. Sans aucune autre forme de prélude, il commença sa litanie. « Regarde-moi, il n’y a rien qui te choque ? Cherche dans le genre bouseux. » Pour appuyer son propos, il baissa les yeux vers son pantalon, indiquant bien l’objet du crime. Il ne doutait pas un seul instant des capacités de déductions de la belle brune, il voulait surtout s’assurer de la présence de ladite tâche sur lui, revoir de ses propres yeux cet objet, celui de ses désespoirs. Une idée lui traversa alors l’esprit. Pour prouver combien il était triste d’être triste, combien il s’intégrait mal, il irait pleurer dans le bureau d’Emma Pillsburry. Il avait vite compris qu’elle avait elle aussi un « petit » souci avec les germes et il ne voulait pas être le seul à voir sa journée être gâchée.
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MessageSujet: Re: 07. Boot Camp   07. Boot Camp EmptyMar 28 Juin - 12:23

    En général, peu d'élèves aiment le lundi matin. Que votre week-end ait été pourri ou chargé,rare étaient les élèves qui ne maudissaient pas le lundi matin.Ce qui changeait entre les élèves était le degré à quel point ils maudissaient ce jour.Un élève qui a des amis dans ce lycée prendra plus de plaisirs à les retrouver le lundi matin pour leur raconter leur week-end qu'un élève qui sait que sa semaine ne sera qu'une semaine de plus à survivre,à surmonter en attendant les vacances d'été et donc la fin de l'année scolaire.Pour ces derniers,ils allaient encore devoir patienter quelques mois.Pour ce qui est de Lucy,elle se classait désormais dans la première catégorie d'élèves.Bien sûr,lors de ses premiers jours à Lima,elle se classait plutôt dans la deuxième catégorie.L'annonce de son déménagement à Lima la déprima pendant plusieurs mois , bien qu'elle soit habituée aux déménagements. Mais celui-ci sonnait comme le déménagement de trop. Encore,on lui aurait dit «on part pour Los Angeles » , oui, la nouvelle serait passer beaucoup mieux.Mais là,Lima... Au départ, quand on lui a annoncé, elle a cru que sa mère parlait de Lima au Pérou.Ca l'aurait sans doute moins étonnée que Lima dans l'Ohio.C'était déjà difficile de quitter New-York une nouvelle fois mais en plus quitter New-York pour un coin perdu , c'était encore plus difficile.Mais,voilà,comme toutes choses quand on a pas vraiment le choix, on finit par s'y adapter et à s'y faire.Il suffit de faire les bonnes rencontres et faire des efforts pour s'intégrer. Elle n'était pas encore au point de dire que Lima valait New-York.Non, elle avait vécu dans beaucoup de villes du monde mais dans son coeur, rien ne valait New-York.En même temps,elle n'était pas vraiment objective car elle était New-Yorkaise de naissance alors ça fausse un peu le jugement.Mais,on ne renie jamais ses origines.C'est bien Ange qui serait d'accord avec elle sur ce point : ils n'allaient pas renier leurs origines sociales pour s'écraser devant certains.Si on lui donnait la chance de repartir vivre à NY ? Elle prendrait surement le premier avion et y retournerait sans hésiter !Quoique...Il est vrai que parfois quand elle y repensait, sa vie new-yorkaise lui manquait.Mais,elle s'était faite,malgré tout,à la vie à Lima.Elle s'était même faite à ses week-ends moins mouvementés.Week-end new-yorkais : sorties et soirées entre amis dans les endroits branchés de la ville qui ne dort jamais. Week-end à Lima : activité familiale et parfois,sorties entre amis.

    Comme tous les lundis matins,Lucy arriva au lycée McKinley,prête à affronter une nouvelle semaine.Alors qu'elle s'était faufilée dans la foule d'élèves devant la porte d'entrée du lycée, elle fût « kidnappée » et sauvée de cette foule.Qui d'autre que Ange aurait pu faire cela ?! Ange,son compatriote new-yorkais et petit nouveau à Lima.Pour les intimes, Schtroumpf Grognon.Oui,ce surnom lui convenait très bien car depuis qu'elle le connaissait,elle avait entendu de sa bouche plus de reproches à cette ville et à ses habitants que de compliments.Il n'arretait pas de se plaindre et trouver toujours quelque chose à redire sur cette ville,sur ce lycée,sur ces habitants...Mais,son prénom lui allait si bien quand même: quand il le voulait,on pouvait apprécier une autre facette de sa personnalité que celle d'un petit snobinard venu de ses quartiers chics,qui refuse de se mêler à cette foule de « bouseux ».Ils connaissent tous les deux bien la vie de la jeunesse dorée de Manhattan pour en avoir fait partie avant d'arriver à Lima et étaient donc faits pour s'entendre.Ils avaient même sûrement des amis en commun ou des amis d'amis en commun. Il faudra qu'elle vérifie ça sur Facebook. Si ça se trouve, ils s'étaient déjà croisés dans leur Manhattan sacré.Si il y a bien un point similaire entre Manhattan et McKinley ,c'est bien cette pseudo-hiérarchie selon la popularité des élèves.Il suffisait juste de tomber du bon côté de la barrière.A Manhattan,que ce soit Lucy ou Ange,ils avaient eu la chance de tomber du bon côté.Mais ici,à Lima,ils devaient monter les échelons uns à uns pour (re)trouver leur gloire perdue et pour enfin régner même à McKinley.Les New-Yorkais vaincrons un jour! Et pour cela,il fallait faire des efforts d'intégration.Pour Ange,cette intégration devait commencer par se débarrasser des préjugés qu'il pouvait avoir sur les habitants de la ville,et plus précisément sur les lycéens.Elle ne le blâmait pas pour ses préjugés parfois à la limite de l'absurde. Non,elle le comprenait.D'ailleurs,parfois,cela l'amusait. Elle qui pourtant se prône destructrice des préjugés , dans le cas d'Ange, cela la faisait sourire. Parce qu'elle le comprenait pour avoir vécu cette expérience avant lui. D'un côté, ses préjugés étaient fondés. Elle-aussi avait longtemps pensé qu'entre New-York et Lima,il y a un grand gouffre.C'est vrai , passer de New-York à Lima,pour certains,ça relevait du choc des cultures. De la grande mégalopole à la petite ville du fin fond de l'Ohio. Ville inconnue avant de mettre les pieds ici. Comme Ange, elle-aussi avait connu ce choc culturel en arrivant. Un déménagement,ce n'est jamais facile. Lucy en sait quelque chose. Se faire des nouveaux amis, construire une réputation , s'intégrer.Intégration,un mot qu'elle connaissait bien maintenant.Alors si elle pouvait faire profiter Ange de son expérience,c'était avec plaisir.Et puis,en plus,elle l'appréciait et appréciait passer du temps avec lui.Elle se plaisait dans ce rôle de marraine,de repère pour lui dans ce monde nouveau.

    Le fréquenter signifiait donc supporter sa mauvaise humeur du lundi matin (et pas seulement du lundi matin).Heureusement,Lucy commençait par en avoir l'habitude et cela ne l'étonnait plus de sa part.Elle avait vite appris à se faire à ses sarcasmes.Face à ses propos,elle haussa gentiment les épaules,pensant que c'était encore un des nombreux sarcasmes d'Ange,se résignant à faire ce qu'il lui avait demandé et en lâchant un léger soupir d'exaspération. Elle regarda Ange de haut en bas plusieurs fois, avant de s'arrêter sur l'objet du scandale : de la boue sur le bas de son pantalon.Après avoir fait mine de sentir, elle eût confirmation que cette tache suspecte était bien de la boue.Ah oui,il y avait de quoi être grognon ce matin! Ce petit imprévu du matin justifiait totalement sa mauvaise humeur.

    « Je vois une petite tâche qui ne se voit quasiment pas et qui ressemble à de la boue.J'aurais bien une jupe à te prêter mais je suis pas sûre que ça arrangerait ta situation.T'inquiètes pas,je suis sûre qu'on peut nettoyer ça avant le début des cours »

    Elle lui offrît le sourire compatissant et rassurant qu'il attendait. A force de mots,elle essaya de minimiser l'ampleur du crime.Mais,même si il n'allait surement pas la croire,elle était pourtant objective : si il ne lui avait pas dit,elle ne l'aurait surement pas remarquer.Enfin,pas tout de suite....Alors qu'elle lui prît le bras pour l'entrainer avec elle vers le lycée,elle rajouta sur un ton un peu sarcastique avec un sourire amusé :

    « C'est bien,je vois que tu fais des efforts pour te fondre dans ce monde de « bouseux » ».

    Elle fît le signe des guillemets avec ses mains pour bien insister sur le petit nom affectueux que le jeune homme donnait aux habitants de cette ville. Non pas qu'elle s'amusait de ce qui arrivait à son ami.Oh non! Elle ne se le permettrait pas.Parce qu'elle même ne l'aurait pas supporté.Comme lui,elle aimait être irréprochable et faisait attention à son image.N'allez pas croire qu'elle était superficielle mais elle faisait très attention à ses vêtements :peut-être parce que ce n'était pas du simple prêt-à-porter de supermarché . Quitte à ce qu'on s'en prenne à elle, elle préférerait sauver ses vêtements et son sac à main avant.Ce n'est parce qu'elle était à Lima qu'elle allait refaire sa garde-robe.En plus de ça,elle n'allait pas s'excuser d'être comme elle est.

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MessageSujet: Re: 07. Boot Camp   07. Boot Camp EmptyMar 28 Juin - 21:23

Voir Lucy lui procurait un certain bonheur chaque matin, lorsqu’il parvenait à la croiser avant les cours. S’il se devait d’entrer dans une salle de classe sans avoir vu le visage illuminé de la belle brune, il serait de mauvaise humeur pour le reste de la journée, peu importait ce qui se passait par la suite. Lucy avait quelque chose de réconfortant. Le fait qu’ils viennent tous les deux du même endroit y jouait certes pour beaucoup. Mais ils n’étaient pas égaux sur le même point. Alors que l’une semblait avoir passé l’épreuve de l’acculturation de façon plus ou moins réussi, Ange rejetait encore toute forme de culture, ne voulant pas en entendre parler. S’il avait eu la possibilité de fonder une association pour le sauvetage des New-Yorkais perdus à la campagne, il n’aurait pas hésité une seule seconde à lui confier une des postes les plus importants. Il ne la connaissait pas encore vraiment, mais elle semblait être une alliée sûre. Il avait, évidemment, fait quelques recherches sur elle, histoire de voir si cet exil à la campagne n’était pas forcée, qu’elle faisait une cure de désintoxication dans un des asiles du coin ou tout autre raison qui poussent à partir, mais qui sont inavouables, et, surtout, qui ne donnent pas envie de connaître la personne. De toute évidence, elle était blanche comme neige. Enfin, pas celle qui pouvait recouvrir les plaines de l’Ohio, il n’était pas véritablement sûr que celle-ci soit véritablement blanche. Il lui semblait avoir lu quelque part que lorsqu’il pleuvait dans l’Ohio, la terre devenait rougeâtre, et l’herbe bleue. Il n’était pas très sûr de sa source, mais cela faisait tout de même peur. Pour en revenir à Lucy, il avait de plus remarqué qu’ils avaient tous les deux participés à des évènements caritatifs l’année passée. Il ne se rappelait pas l’y avoir croisé, mais, pour tout avouer, il ne se rappelle pas avoir participé à ce gala, il n’a pas le cœur sur la main et n’entend pas le donner à tout va au premier venu, qui vient pleurer sur une estrade dans le seul but de s’en mettre plein les poches. Mais l’information importante n’était pas là. Cela prouvait en fait qu’ils partageaient des points communs. Il n’était pas sûr qu’organiser un gala de charité aurait le plus grand retentissement dans la communauté de Lima, et il n’était pas non plus sûr de pouvoir trouver une cause à sauver. Elle était soit trop grande – comme vouloir habiller de façon décente tous les habitants de la ville –, soit perdue d’avance – comme promouvoir l’éducation et donner des fonds supplémentaires au lycée pour corriger celle de ses élève. Mais l’heure n’était pas à l’organisation. Il n’avait même pas besoin d’un évènement de ce genre pour se rapprocher de Lucy. Sa seule compagnie lui était agréable.

Son enthousiasme n’était pas communicatif, ou, en tout cas, Ange semblait en être totalement immunisé. Il ne comprenait pas comment elle faisait pour garder sa bonne humeur et son sourire face à la situation qui se déroulait devant ses yeux. Sur l’île, des cris se seraient fait entendre, une foule aurait commencé à engloutir sous sa masse le pauvre malheureux soit pour se moquer de lui en prenant des photos par exemple, soit dans le seul but de l’aider. Là, il ne s’était rien passé, c’était comme si la vie avait continué tranquillement son petit bout de chemin, sans faire attention. Pas un seul regard n’avait été jeté sur lui, personne n’était venu le secourir. Il s’agissait d’une situation inacceptable, mais qui semblait être monnaie courante dans la région. Sur le chemin qui menait jusqu’au point d’eau le plus proche, Lucy tenta tant bien que mal de dérider le jeune homme. Il n’avait jamais été friand d’humour, il n’en voyait pas l’intérêt. Mais il faisait tout de même un effort pour rire lorsque la situation l’exigeait. Tout le monde avait déjà assisté à un meeting de campagne – sauf peut-être les gens de l’Ohio, du coup, lors des campagnes présidentielles, on ramenait les habitants des Etats avoisinants pour remplir les bancs – et savait qu’il y avait des moments où la personnalité qui se présentait faisait un trait d’humour, dans le but de faire rire son public. Lors de telles occasions, Ange riait à gorge déployée. Cela semblait encore quelque peu factice, mais peu lui importait. De fait, il s’était habitué depuis son arrivée à rire à tout ce qui lui semblait être, soit de l’humour, soit du sarcasme, soit de l’ironie. Il comprenait parfaitement la différence, mais il ne savait pas en quoi cela était si drôle. A force de fréquenter la brune, il en était arrivé au point de savoir lorsqu’elle faisait de l’humour et pouvait donc rire tout de go. Elle cherchait à le rassurer, et, rien que pour cela, il la remercierait. Il savait qu’en le regardant on ne voyait qu’une grande tâche de boue. Il savait qu’elle transparaîtrait à jamais sur lui. « Je ne suis pas un de ces garçons excentriques qui peuplent les couloirs. Mais merci quand même pour ta proposition. » arriva-t-il tout de même à glisser entre deux éclats de rire. Il lui semblait qu’il n’y avait aucune fontaine à l’horizon, il commençait à désespérer. En guise de réponse, il entendit ce qu’il crut percevoir comme du sarcasme hors de la bouche de la jeune fille. Il hésitait entre en rire et en pleurer en fait. Il savait qu’il ressemblait de plus en plus à un bouseux. Sa mère l’avait d’ailleurs insulté quand il avait commencé, sans le faire exprès, à parler avec un petit accent paysan. A force d’en fréquenter, et ce même si on ne le veut pas, on finit par prendre les habitudes d’autrui. Depuis, il faisait attention. Mais les faits étaient là, et si Lucy le soulignait, ce n’était pas non plus pour rien.

Après un bref éclat de rire, il reprit son souffle. « Pas du tout. Ce que tu vois sur moi est le résultat d’un accident. Ce que tu vois tout autour de nous est le résultat d’une volonté. C’est une différence fondamentale entre eux et moi. » Il aperçu enfin une fontaine au bout du couloir et hâta le pas vers celle-ci. A peine arrivé, il sorti de son sac un paquet de mouchoir, en humidifia le bout avant de tapoter délicatement sur la tâche dans le but de la faire partir. Bien évidemment, pour quelqu’un qui n’était pas habitué à faire face à la boue, cela ne marchait pas. La délicatesse n’avait jamais été une arme redoutable contre la fange. Il profita de cette pause pour regarder les gens qui les entouraient. Tout ce qu’il voyait ne lui faisait ressentir que répulsion et dégoût. « Regarde-les ! Mais regarde-les vraiment. Comment peuvent-ils … » Il n’arrivait même pas à mettre des mots sur ce qu’il voyait. Des chaussettes dans des tongs, des bas dépareillés, des jupes trop courtes, des hauts difformes et des chapeaux, ou plutôt, des casquettes. Il lui semblait que le thème du mois était le défilé des horreurs et que chacun devait rivaliser d’ingéniosité dans le choix de sa tenue pour rivaliser dans la monstruosité avec ses camarades. Il continuait pendant le même temps de tapoter délicatement sur son pantalon, tout en voyant bien que son dur labeur n’avançait guère. « Comment peux-tu t’y faire ? Ils me donnent envie de vomir. » De rage, il lança le mouchoir par terre tout en continuant de s’appuyer sur la fontaine.
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MessageSujet: Re: 07. Boot Camp   07. Boot Camp EmptyJeu 7 Juil - 22:01

    Association pour le sauvetage des new-yorkais perdus à la campagne...Si une telle association existait, Lucy n'hésiterait pas une seconde pour y adhérer et même participer à l'administration de cette association.Elle laissait le poste de porte-parole à Ange, il était parfait pour ce poste : il représentait exactement le sentiment que procurait cet exil à la campagne et n'hésitait pas à clamer haut et fort ce qu'il pensait de cette torture psychologique.En tout cas,à en croire le témoignage d'Ange, cette expérience était une véritable épreuve pour lui. Il ne mâchait pas ses mots pour critiquer l'endroit où il avait atterri contre son gré.Tout avait le droit à son petit mot gentil : les paysages de la région , les bâtiments et surtout leurs habitants. Oui,c'était sans doute le point sur lequel Ange était le plus critique , que ce soit leurs styles vestimentaires, leurs façons de parler, leurs façons de se comporter. Avec Ange,ils avaient d'ailleurs l'habitude de remarquer les faux-pas vestimentaires des élèves de ce lycée.Ils s'installaient sur les marches du lycée et à chaque élève qui passait, ils y allaient de leurs petits commentaires.Enfin,c'était surtout Ange , elle , elle ne faisait qu'acquiescer à ses paroles et être d'accord avec lui.Ange était d'ailleurs très fort à ce jeu.Plus Ange était grognon et plus ses attaques se faisaient méchantes.Ils ressemblaient à deux commères. Non,ce n'était pas une occupation malsaine. Mais si ça pouvait permettre à Ange de se défouler,alors tant mieux . Certains sportifs faisaient bien pire qu'eux , se permettant de jeter des élèves dans les poubelles. Eux,au moins, ne faisaient de mal à personne puisque leurs petits commentaires ne restaient qu'entre eux et personne n'était censé entendre ce qu'ils se disaient.Ange était persuadé que jamais il ne s'habituerait à ce nouveau monde, que jamais il n'arrivait à vaincre ce traumatisme. En même temps, si il continuait ainsi, c'était quasiment sûr et certain que rien ne changerait. Il y aurait de quoi critiquer le comportement d'Ange, surtout sur le refus de s' « acculturer » à la population : si il était un peu moins de mauvaise humeur, peut-être que cela irait mieux. Ce côté de la personnalité d'Ange ne dérangeait pas trop Lucy : comme elle s'était habituée à la vie à Lima, elle s'était habituée à la mauvaise humeur et aux sarcasmes du jeune homme.Elle trouvait même le côté grognon d'Ange attachant. Oui,oui c'est vrai , attachant...Derrière son apparence un peu snob, Ange était une personne à découvrir.Ils n'étaient pas encore de grands amis mais elle appréciait la compagnie du jeune homme.Si Ange y trouvait son compte à passer du temps avec Lucy , la jeune femme aussi y trouvait sa part : avec Ange, elle retrouvait une part de New-Yort , ils pouvaient parler de cette ville pendant des heures , ils pouvaient échanger leurs souvenirs , leurs bons plans .... Et puis,comme à deux on est plus forts,si ils s'unissaient,ils réussiraient à retrouver un peu de leur gloire passée.Certains se demanderont comment elle faisait pour supporter sa mauvaise humeur. Cela pourrait paraître bizarre de dire cela mais elle l'aimait bien quand il était de mauvaise humeur, du moment que sa mauvaise humeur n'atteignait pas sa bonne humeur à elle.Et c'est vrai que pour l'instant, il n'avait jamais réussi à chasser cette bonne humeur,même si parfois elle était excédée par ses paroles.Il faut dire que Lucy était aussi très compréhensive et tolérante avec lui : il était encore dans le déni, il n'avait pas encore passé l'étape d'acceptation de ce déménagement.Mais,elle ne désespérait pas que son petit protégé parvienne lui aussi à passer l'épreuve de l'acculturation.Et bien sûr,elle ferait tout l'aider. Tout jusqu'à minimiser l'impact de cette tâche de boue sur son pantalon pour essayer de le réconforter et le détendre.C'est vrai que la tâche était un tout petit peu plus grande que ce qu'elle lui avait dit.Elle avait beau essayer de minimiser, avec Ange,cette technique ne prenait pas.Dans sa tête, il pensait comme si il était toujours à New-York.Sauf qu'ici, ils n'étaient pas à Manhattan mais dans une petite ville qui s'appelle Lima et dans un lycée public et non un établissement privé.C'est pour cela que l'incident dont souffrait Ange en ce moment n'était pas si dramatique que cela puisque personne ne faisait attention à lui,tout le monde n'avait pas les yeux braqué sur lui.Heureusement,cet acte n'était pas volontaire et non prémédité, sinon cela serait une véritable tragédie.A cause de cet incident, elle savait d'ores et déjà que peu importe ce qu'elle essayerait de faire pour le faire sourire, il serait de mauvaise humeur pour toute la journée. D'ailleurs, elle pouvait déjà dire qu'ils n'avaient pas fini d'entendre parler de cette histoire et ce, pas seulement pour aujourd'hui.Peu à peu, à force de le fréquenter, certaines réactions du jeune homme étaient devenues prévisibles alors, elle savait ce qu'elle allait devoir endurer en sarcasmes et méchancetés pour aujourd'hui. Après avoir parcouru les couloirs de McKinley d'un pas préssé à la recherche d'une fontaine à eau, ils en trouvèrent enfin une.Lucy le regarda faire un sourire amusé s'affichant sur son visage : la façon de faire d'Ange la faisait sourire.C'était tout en délicatesse,du bout des doigts qu'il tenait le mouchoir.Encore une fois,ça ne l'étonnait pas du tout de la part du new-yorkais. Elle l'écoutait s'en prendre une nouvelle fois aux lycéens d'une oreille plus ou moins attentive.Une fois que Ange eût jeté le mouchoir au sol, Lucy décida de venir enfin en aide à son ami plutôt que de délecter de la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle sortit un nouveau mouchoir qu'elle humidifia puis se baissa à la hauteur de l'objet du crime pour prendre la relève : « Laisse-moi faire » De la boue,ça ne lui faisait pas peur quand on a l'habitude de changer les couches de ses petits frères. Elle s'en fichait si il ne la laissait pas faire : elle essayait de diminuer les dégâts ou il restait avec cette grosse tâche pendant toute la journée. A lui de voir ce qu'il voulait...Elle releva la tête pour lui répondre d'un ton calme , ce qui contrastait avec la rage -et la haine ?- qu'on pouvait ressentir dans celle du jeune homme «Avec quelques efforts et en évitant de se concentrer sur leurs styles vestimentaires,on s'y fait.Je t'assure,quand tu les connais, y'en a qui sont sympas , faut juste apprendre à les connaître.T'as déjà essayé d'apprendre à les connaître ? Fait l'effort d'aller leur parler ? ».

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