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 01. [St James's] Scrabble face

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MessageSujet: 01. [St James's] Scrabble face   01. [St James's] Scrabble face EmptyLun 31 Oct - 1:47

Les yeux bleus de la jeune femme fixaient désespérément la réglette en plastique vert qui se trouvait devant elle. Penchant la tête d’un côté, puis de l’autre, elle se mordillait la lèvre inférieure en fronçant petit à petit les sourcils. Les lettres défilaient à toute allure dans son esprit. Toutes les combinaisons existantes avec ces sept maudites lettres se succédaient de manière absurde et décousue. Elle perdait tout rapport à la réalité, absorbée dans le jeu, les doigts de sa main gauche pianotaient nerveusement tandis que sa main droit tournait indéfiniment la même mèche blonde tombant sur ses épaules. Puis un sourire vint illuminer son visage, d’abord discret, ses lèvres peintes d’un rouge sang s’étendirent à mesure qu’elle déplaçait les petits carrés pour les remettre dans l’ordre qui, au terme de quelques minutes, venait d’émerger du chaos de la réglette de Scrabble. Relevant enfin le regard, elle leva le menton d’un air fier et malicieux, fit glisser son mot sur le plateau en annonçant d’un ton posé et froid : « Pipote, mot compte double, et je récupère ton “minute” en “minutée” ». Faisant glisser les lettres sur la surface cartonnée du plateau qui bougeait de droite à gauche sur sa base tournante, Madeleine comptait ses points tant bien que mal, légèrement embrouillée par les quelques bières qu’elle avait déjà derrière elle. Ce mot qui n’existait absolument pas était une source de satisfaction intense pour la jeune femme qui à cet instant précis était tout à fait persuadée qu’elle était dans son droit. Se saisissant du crayon de papier qui traînait à côté d’elle, elle s’apprêtait à inscrire son score lorsque son adversaire se mit à protester.

***

La pension était vide. Très vide. Trop vide. Anna, Lexie et JJ étaient à la galerie pour une réunion au sommet avec pour thème : comptes et artistes déviants. Santana était à l’hôpital et allait probablement faire quelques heures supplémentaire et bébé Lopez avait été confié à la baby-sitter en chef Brittany. Quant à Porter, Dieu seul savait où il était encore passé. Après avoir fait le tour de cette maison démesurément grande une troisième fois, comme pour vérifier qu’elle était bien seule, Madeleine s’effondra dans le canapé du sous-sol et alluma la télévision pour regarder pour la cinquantième fois au moins New York Masala. Depuis qu’elle avait quitté le domicile familial sur un coup de tête après le lycée pas une seule fois elle n’avait vécu avec quelqu’un d’autre. Bien sûr en Inde il lui était arrivé de rester dormir chez ses hôtes, mais jamais elle n’y avait passé plus de quelques jours. Au fond, elle redoutait toujours autant de s’engager. Donner sa parole quant à l’heure du dîner, être attendu par quelqu’un, promettre de se voir régulièrement, tout cela la dépassait et elle refusait de faire des compromis avec les autres de manière complètement irrationnelle. Mais depuis qu’elle avait emménagé dans la pension Preston, les choses avaient changé. Elle s’était laissée convaincre sans trop de difficultés, avant tout parce que sa situation économique était toujours un désastre. Et puis elle aimait Anna et Lexie. Et elle avait appris à aimer les autres. Elle ne leur devait rien, si elle n’avait pas envie de sortir le nez de sa chambre personne n’irait la chercher, en revanche si elle avait envie de faire la fête toute la nuit, elle était à peu près certaine de trouver un volontaire dans les rangs de la colocation. Doyenne de la pension, elle avait mûri au contact de ces anciens élèves qu’elle ne connaissait pas pour la plupart et qui pourtant étaient devenus si essentiels à sa vie.
Poussant un profond soupir en marmonnant quelques répliques d’un dialogue qu’elle connaissait sur le bout des doigts, Madeleine se renversa complètement sur le canapé, la tête dans le vide, les jambes pliées au-dessus du dossier, regardant à présent l’écran à l’envers, laissant ses cheveux toucher le sol. Se saisissant de son téléphone pour s’amuser sur Facebook comme elle en avait pris l’habitude depuis que Lexie et Santana l’avaient initiée, elle fit glisser la série de statuts et photographies de ses nouveaux « amis » et fut frappée par l’absence notable du pourtant très bavard Jesse Saint James. Secouant délicatement le téléphone de droite à gauche, la blonde fixait l’écran qui était redevenu noir après avoir été délaissé quelques secondes. Jesse Saint James… Il fallait bien admettre qu’elle ne connaissait que très peu son voisin. Elle savait qu’il avait travaillé comme bibliothécaire à McKinley pendant un temps, et qu’il avait fait partie d’un groupe à la mode ou quelque chose du genre, mais elle ne connaissait rien des détails qui l’avaient ramené à Lima. En réalité elle n’avait véritablement fait sa connaissance que quelques jours auparavant, alors qu’elle se penchait par la fenêtre de manière périlleuse pour réussir à prendre en photo la pie au plumage éclatant qui s’était posée dans l’arbre du jardin sur lequel donnait sa chambre. Son déménagement dans le voisinage était passé relativement inaperçu, mais le courant était assez bien passé entre eux. La surveillante ne se l’expliquait d’ailleurs pas. Étaient-ce leurs egos démesurés et leur assurance à toute épreuve qui les rapprochaient ? Ou bien leur passion honteuse et presque secrète pour ce qu’ils avaient désormais coutume d’appeler « rutabaga » ? Laissant là ses considérations métaphysiques sur la nature profonde de ses liens avec le voisin qui avait le don de porter sur les nerfs de Santana, elle comptait bien profiter de l’absence de cette dernière pour passer le temps en agréable compagnie.

Sautant hors du canapé, elle enfila une paire de chaussure et attrapa sa longue tunique en grosse laine. Ne prenant pas la peine de faire le tour par l’allée du garage, elle traversa en quelques enjambées la petite haie qui séparait les deux maisons de manière très symbolique. Sautillant dans le froid sur le perron de la grande demeure dans un style qui affectait l’ancien elle poussa la sonnette avec entrain. Le soleil déclinait dans le ciel et la lumière du jour baissait de manière dangereuse. L’air déjà frais commençait à se refroidir franchement et le vent qui soufflait glaça Madeleine jusqu’aux os en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. « Allez Saint James on se décide à sortir de son caisson à oxygème pour ouvrir la porte ! » marmonna-t-elle en resserrant un peu plus les pans de sa veste longue. Après une petite minute passée à attendre qui lui avait semblé être une éternité, la jeune femme essaya d’enfoncer la poignée qui céda sous sa main. Ni une ni deux voilà que Madeleine Wild s’engouffrait sans être invitée dans la demeure de son voisin. Quelques pas hésitants, un rapide tour d’horizon, toujours personne. Il ne serait pas parti en laissant la porte ouverte songea-t-elle en pénétrant un peu plus dans cet espace qu’elle découvrait pour la première fois. Il lui en voudrait peut-être de s’introduire chez lui en toute impunité mais… Et si jamais il lui était arrivé quelque chose. Se retournant à la manière d’un ninja surentraîné, les deux mains tendues devant elles, bras repliés près du corps, doigts serrés, prête à attaquer, elle regardait désormais la rampe de l’escalier invariablement silencieux. Prenant soudain conscience du ridicule de la situation, elle fit tranquillement demi-tour, l’air de rien, soufflant quelques mots à Jake son compagnon dans les moments de peur « Bon je pense qu’il va falloir que je crie… Si jamais il y a un tueur en série psychopathe qui vient d’accomplir son œuvre dans cette maison, sache que je t’aimais beaucoup et que je te suis vraiment reconnaissante de ta présence dans tous ces moments difficiles… Je me souviens encore du moment où j’ai failli finir mangée par un faux tigre du Bengale à côté d’Agra… Bon, c’était un bœuf au final, mais si tu n’avais pas été là je n’aurais probablement tenu le coup… » Lancée dans son monologue avec son ami imaginaire, la blonde n’entendit tout d’abord pas les bruits de pas dans les escaliers et sursauta violemment en entendant une voix derrière elle.
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MessageSujet: Re: 01. [St James's] Scrabble face   01. [St James's] Scrabble face EmptyVen 4 Nov - 13:13

Merveilleuse, était le mot que Jesse St. James avait présentement utilisé pour qualifier la nouvelle pièce de la villa qu'il avait fait insonoriser. Les visites de plus en plus régulières de Rachel et cela malgré le fait que la demeure du chanteur soit éloignée ou presque de toute civilisation, constituaient une source de bruit considérable lorsque les deux amoureux de la musique se mettaient en tête de revisiter leur classiques de Broadway en souvenir du bon vieux temps par exemple. L'alternative choisie ravissait d'ailleurs le chanteur qui y avait fait installer son piano et sa sonorisation. Dès lors il pouvait s'égosiller et faire des vocalises poussées, que ses charmantes voisines n'auraient pu en entendre un seul son. Ce fut d'ailleurs le cas aujourd'hui. Jesse s'épuisant à coacher Vocal Adrenaline, devait bien reconnaître qu'exercer son talent lui même lui manquait considérablement. Bien sur ses soirées avec Rachel lui faisaient énormément de bien, mais habitué à travailler son chant une grande partie de la journée, sa situation actuelle ne lui permettait pas de gérer au mieux son addiction, seulement de survivre sans doute. Il s'installa donc au milieux de la pièce, et pris une inspiration avant de commencer une interprétation d'une de ses chansons personnelles après une série d'exercices et quelques étirements. La sensation ressentie était extrême et grisante, le dépassement vocal s'approchait diamétralement de l'orgasme, s'insinuait entre chaque pore de sa peau l'adrenaline étant clairement identifiable dans ses cas là. Tout était bien sur meilleur quand partagé, hélas, il était seul ce soir. Une bonne heure après, il décida qu'un repos bien mérité accompagné d'un thé citron miel, lui ferait le plus grand bien et ce fut en descendant les marches de son escalier qu'il tomba sur une nouvelle intruse parlant seule. Décidément.

Les voisines de Jesse avaient pris la mauvaise habitude de passer outre les règles de politesse, pour s'incruster chez lui quand il ne réagissait pas suffisamment rapidement au bruit de la sonnette. Il aurait pu sortir de la douche en serviette ou s'essayer aux pratiques naturistes dans son jardin que ça ne les aurait pas dérangées. Une nouvelle fois tout ça se confirma. Il s'appuya contre le mur en souriant avant d'aller de son petit commentaire. « Vraiment aussi impatiente que ça de te prendre une raclée au scrabble ? » Pour certains jouer au Scrabble avec une autre personne, était la métaphore même d'une activité hautement plus perverse, dans le cas de Jesse et Madeleine, le sens propre était de rigueur. Ils jouaient au Scrabble, ni plus ni moins, bataillaient avec des lettres et s'adonnaient à un brainstorming assez impressionnant lorsqu'il fallait trouver la meilleure combinaison de lettres possible. Il était difficile de dire comment cette amitié avait débuté, mais il était clair qu'il s'entendait très bien avec elle. Beaucoup moins susceptible que Santana, ils pouvaient abuser des joutes verbales sans que ça ne se termine en drame.

Il descendit les marches, l'entraînant vers leur pièce favorite, ou un post-it avec leurs scores logeait sur le mur, histoire qu'aucune défaite ou victoire ne soit oubliée. Jesse un sourire au lèvres déplia le plateau et sortit deux réglettes qu'il fit claquer par pure théâtralité sur la table en verre. Il secoua les lettres afin qu'elle se mélangent bien et annonça d'une voix supérieure. « Mais je t'en prie assied toi. » Il jeta un coup d’œil par la fenêtre pour vérifier que personne ne les surveillait, la rumeur commençant à s'étendre et à jouer sur leur réputation. « Par ou es tu passée cette fois-ci ? Je m'étonne que Santana ne soit pas venue avec toi, elle a vraiment l'air jalouse. Je ne savais pas que c'était comme ça entre vous d'ailleurs... » Il eut comme un léger rire moqueur avant de remarquer qu'il avait oublié un détail essentiel. « Tu veux boire quelque chose peut être ? Je suis certain de pouvoir m’absenter deux minutes dans la cuisine sans que tu ne trouves le premier mot. » Il tira ses premières sept lettres : J, A, R , D, E, U, H. voilà qui commençait fort Avec tout ça on pouvait écrire Aude, mais bien entendu les nom propres étaient interdits. Il plaça le H devant, puis le A. instinctivement le R et ensuite le D, avant de réaliser qu'un mot tout simple s'approchait de celui là même s'il n'était pas prêt de se débarrasser de son H. et de son J.

« Commençons donc avec ARDUE.  Tu m'excuseras, c'est un mauvais tirage. » Il piocha d'autres lettres pour compléter son tirage. R,E,U,U,N. cette partie s'annonçait vraiment mal. Il dévisagea Madeleine avec le but surréaliste de lire dans ses yeux le contenu de sa réglette. Même au Scrabble Jesse St James ne pouvait pas perdre. L'idée même de s'incliner devant la blonde, lui était insupportable Mauvais joueur par dessus, il était prêt à tout, même à réinventer le dictionnaire s'il le fallait. Il se leva et gagna la cuisine pour faire deux cafés tout en réfléchissant activement à ses propres lettres. Il fallait absolument qu'il place le J, il pouvait lui rapporter énormément de points.

HJ : c'est un peu pourri, mais bon pour ma défense, j'ai une otite qui m'fait trop maaaal. Et c'est un vrai tirage j'ai le plateau de scrabble sur mon lit, ca va chier XD
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MessageSujet: Re: 01. [St James's] Scrabble face   01. [St James's] Scrabble face EmptyVen 11 Nov - 21:09

L’imagination de Madeleine n’avait aucune limite, ou presque. Elle était capable de faire de la moindre situation un prétexte à intrigues sans queue ni tête. Peut-être était-ce parce qu’elle avait grandi à Lima, ville assez tranquille où il ne se passait presque jamais rien, qu’elle avait fini par vouloir compenser cette perpétuelle monotonie dans l’imaginaire. Toujours était-il que maintenant qu’elle était entrée dans le hall de Jesse, cette vieille maison silencieuse lui faisait un peu peur. Elle sentait son pouls s’accélérer. Elle pouvait presque entendre les marches craquer sous le poids des pas imaginaires de fantômes qui avaient vécu ici auparavant. Se tenant aux aguets elle guettait le moindre mouvement autour d’elle comme si un tueur en série allait effectivement surgir de derrière un tableau. La blonde poussa même le vice jusqu’à s’accroupir un instant pour vérifier sous la desserte de l’entrée que personne ne s’y cachait tout prêt à lui bondir dessus quand elle aurait le dos tourné. Mad avait beau rejeter de but en blanc toute affinité avec le théâtre côté scène, elle avait souvent des comportements dignes des plus grands tragédiens et toute sa vie n’était qu’une vaste mise en scène qu’elle entretenait plus ou moins consciemment. Alors que l’image d’un Hannibal Lecter de l’Ohio se dessinait de plus en plus clairement dans son esprit — porterait-il des gants en cuir ? Ou bien ces affreux gants en latex comme dans les séries policières ? Son visage serait-il visible ou bien dissimulé derrière un masque ou un foulard ? — elle fut frappée par la constatation qu’elle n’avait jamais rien prévu dans le cas où elle mourrait. La surveillante n’avait pas encore trente ans, mais maintenant qu’elle y réfléchissait, peut-être que les personnes normales prévoyaient longtemps à l’avance ce genre d’événements et que la nouvelle elle, pleine de bon sens et de responsabilités aurait dû le faire. On ne sait jamais quand on pourrait disparaître, et elle aurait vraisemblablement pu être renversée par une dizaine de voiture, deux ou trois camions et même un tracteur depuis qu’elle roulait en scooter dans Lima... Si elle mourrait est-ce qu’elle serait enterrée ici ? Est-ce qu’on chercherait ses parents ? Est-ce qu’elle aurait le droit à une place à côté de son infâme grand-mère paternelle dans le petit cimetière en périphérie de la ville ? Elle préférerait de loin être brûlée et renvoyée directement en Inde par Air Mail... Même l’attaque du tigre du Bengale qui s’était avéré être un innocent bœuf n’avait pas déclenché une telle frénésie funéraire, arrêtant là ses réflexions, la constatation qu’il se passait des choses étranges dans cette grande baraque frappa l’esprit de la jeune femme...

Ceci expliquait peut-être pourquoi Jesse l’avait battue à plate couture la dernière fois qu’elle était venue jouer, invitée cette fois-là. Il devait être possédé par l’ancienne propriétaire, Granny Philander (nom purement inventé mais qui rapporterait beaucoup de point correctement placé... pourquoi est-ce que les noms propres étaient interdits déjà ?) qui était sûrement une folle de Scrabble qui avait dévoué sa vie à l’apprentissage du dictionnaire dans l’ordre alphabétique puis à rebours. C’était la seule explication vraisemblable pour sa défaite de près de cinquante points le week-end précédent. Il faudrait peut-être qu’elle ramène un peu d’encens ici pour chasser les mauvais esprits et les génies scrabbleurs... Peut-être même que Jesse n’était pas au courant de cette situation tragique et du danger auquel il était exposé. En tant que nouvelle amie elle ne pouvait pas le laisser vivre dans l’ignorance, victime innocente d’une vieille perverse accro à la réglette. Ses mouvements fluides étaient sans cesse entrecoupés de volte-faces et de légers sursauts alors qu’elle essayait d’atteindre la porte de la salle à vivre sans se faire remarquer, situation des plus paradoxales puisqu’elle voulait initialement que le coach des Vocal Adrenalines sorte de son cercueil de vampire musical pour jouer un peu avec elle. Soupirant devant tous les efforts qu’elle déployait pour rendre la situation intéressante, la jeune femme leva les yeux au ciel en se redressant, époussetant les pans de sa jupe couleur sombre. Il n’y avait personne, Jesse était peut-être sous la douche et ne pouvait pas l’entendre, il n’y avait aucune raison de s’inquié...

La voix dans son dos fit irruption dans son courant de pensée et lui coupa la parole alors qu’elle se calmait grâce à son ami Jake qui avait généreusement fait le déplacement depuis le fin fond de son cerveau troublé pour venir la secourir. Elle sursauta plus violemment que les fois précédentes et se tourna vivement, l’air affolé, vers le propriétaires des lieux sagement appuyé contre le mur dans la descente des escaliers, un large sourire amicalement condescendant sur les lèvres. Lui jetant un regard noir, elle força un rire désabusé et toujours un peu amer de la dernière partie qui s’était jouée. « Ne t’en vantes pas trop Jesse, c’était un moment de faiblesse, et je suis à peu près sûre d’avoir trouvé une explication rationnelle à cet écart de scores. » Mais le chanteur avait déjà emprunté le chemin qui menait à la salle dans laquelle avait voulu pénétrer quelques instants auparavant. Ne se laissant pas démonter par tant d’assurance et d’empressement, Madeleine était plutôt heureuse qu’il n’ait pas davantage protesté à son intrusion pure et simple dans son intimité. Il y avait quelque chose chez ce garçon qui lui plaisait et elle appréciait énormément les moments passés en sa compagnie, à la fois intellectuellement stimulant et hauts en couleurs. Peut-être qu’elle projetait un peu sur lui l’image de son petit-ami du club d’échec quand elle était au lycée. Comment s’appelait-il déjà... Jared ? John ? Jensen ? Paul ? Aucune importance, il était plutôt dans la catégorie bons souvenirs, et Jesse en ferait vraisemblablement partie aussi, puisqu’ils ne seraient pas obligés de rompre à cause d’un peu de triche au cours d’un match, les amis avaient aussi du bon. Trottinant derrière lui dans les escaliers qui descendait dans leur repère spécial Rutabaga pour ne pas être trop loin derrière lui, elle poursuivit implacable son discours pour lui exposer sa théorie de maison hanté. « Tu sais, en attendant que tu sortes de ton dressing démesuré où tu n’entends rien j’ai bien réfléchi... Je pense que ta maison est habitée par un ou plusieurs fantômes. » Sur le visage de la blonde on ne pouvait pas lire la moindre once de plaisanterie. Elle était même très sérieuse et l’aurait probablement mal pris si Jesse lui avait immédiatement ri au nez. Familière depuis toujours ou presque avec ses amis imaginaires qu’elle aimait considérer comme les fantômes des vies encore inaccomplies sur terre depuis son séjour en Inde, sa passion pour l’immatériel et le surnaturel s’était amplifiée au cours des années. Sur le même ton posé et presque docte, elle poursuivit son petit laïus pour expliquer la situation dramatique en termes simples : « Bon je ne dis pas que tu ne méritais pas la victoire hein, mais il y cette espèce d’atmosphère pesante parfois, comme si on n’était jamais tout à fait seuls, tu ne trouves pas ? Je suis sûre qu’il y avait une vieille qui vivait ici avant, et elle devait être adepte du Scrabble et elle vient jouer avec nous parce qu’elle est jalouse, et comme tu n’es pas préparé pour te protéger de tout ce qui est spirituel, elle a dû s’en prendre à toi. Est-ce que tu as déjà été blessé gravement ? Parce qu’il paraît que c’est une excellente porte d’entrée pour les esprits, les cicatrices... ».

Le jeu était déjà presque dressé, seules manquaient les réglettes et les lettres. La couleur verte encore immaculée du plateau parsemé de cases rouges, roses et bleues faisait monter la pression. C’était comme si son corps tout entier lui disait de se ruer sur ce puzzle à construire, si bien qu’elle ne se fit pas prier deux fois lorsque Jesse l’invita à s’asseoir. Le regardant tirer ses lettres en premier après avoir, une fois de plus, perdu au tir au sort du premier jouer elle l’écoutait d’une oreille distraite en plongeant à son tour la main dans la petite poche de tissu. Laissant ses doigts passer sur les lettres en bois elle prenait le temps d’apprécier le contact des jetons encore inconnus contre sa peau avant d’en saisir une petite poignée, faisant retomber les lettres en excès sans regret, elle aligna son tirage devant elle, à l’abri des regards insistants de son adversaire. Elle accompagna le sourire ironique qu’elle lui lança d’un regard profondément satisfait jeté sur sa réglette. « Mais je me faisais juste du souci, j’ai sonné, frappé, rien à faire ça ne répondait, je n’aurais pas voulu rentrer à la pension avec le doute que tu aies pu être tué par un horrible assassin qui aurait découpé ton corps en morceau au moment même où je me tenais sur le perron ! » Sa mine se renfrogna néanmoins à l’évocation de Santana... La relation des deux jeunes femmes était assez complexe, et depuis l’épisode de leur dimanche de promenade poussée loin dans la campagne, Madeleine se gardait bien de rester seule en tête à tête avec la latino. L’ironie de Saint James tombait ironiquement à pic mais elle se garda bien de le faire remarquer, chassant les rides autour de ses yeux qui se déplissaient avec malice. « Oh je pense que nous ne viendrons jamais à bout du cas Lopez cher ami, mais de qui donc serait-elle jalouse ? »  Relevant un sourcil elle reposa ses yeux sur la réglette et joua avec les lettres rangées sur la petite barre de plastique en les déplaçant au hasard. « Ah mais voilà que tu m’intéresses ! Je pense qu’il serait sage de commencer par un café pour réveiller un peu les esprits... parce que c’est pas avec un mot comme ça que tu vas rafler la mise cette fois-ci. Je suis sûre que tu trouveras mieux à offrir à ton hôte préférée à la manche prochaine. » Le laissant quitter la pièce pour se rendre dans la cuisine, la jeune femme fixait le plateau avec passion, faisant rouler le long de sa main l’une des lettres qu’elle n’arrivait pas à intégrer dans son mot. A, L, M, S, E R, D. Attendant son retour pour poser triomphalement son mot avec une grâce et une légèreté sans égales, Madeleine rayonnait, oubliant un instant que le fantôme ou le tueur étaient peut-être toujours dans les parages. « DRAMES, et je remonte ARDUE, laissez moi compter laissez moi compter... Tatatatam. » Saisissant le papier qui traînait à côté de la boîte vide sur la longue table en verre, elle griffonna son propre score à côté de celui de Jesse, attrapant à nouveau le sachet de lettres. « Et en plus ça vient parfaitement à propos dans la conversation tu ne trouves pas ? »
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MessageSujet: Re: 01. [St James's] Scrabble face   01. [St James's] Scrabble face EmptyMar 10 Jan - 2:57

01. [St James's] Scrabble face Photonko

Madeleine et Jesse ne se connaissaient pas vraiment et s’étaient découvert une amitié comme on se découvrirait une bonne gastro un lendemain de fête, en jouant à un jeu pour le moins vieillot et loin d’être aussi fun qu’un karaoké dansant avec pour thème les tubes de lady gaga. Cela étant le chanteur ne s’était pas vraiment attendu jusque-là à ce que Madeleine lui parle de fantômes. Pensant qu’elle plaisantait et qu’il avait tout vu avec Rachel Berry niveau excentricités, il se contenta de sourire comme un benêt et d’ajouter à son jeu d’acteur parfait un petit rire amusé. Il avait bien entendu vu des tas de films fantastiques et d’horreur et il pouvait avec une facilité déconcertante, déterminer à quel moment il allait sursauter ou non d’ailleurs pendant ces films, mais de là à croire un traître mot de ces conneries, il ne fallait pas pousser. Il se laissa aller à s’imaginer Madeleine avec tout un tas d’amulettes en dispersant des huiles essentielles magiques dans toute sa villa avec une conviction incroyable, et la scène eut comme le mérite de le faire franchement rire. « Un ou plusieurs fantômes vraiment ? Madeleine je suis le premier à dire qu’il faut savoir stimuler son imaginaire et particulièrement dans le milieu de la chanson, mais je ne vois dans ce manège qu’une énième et ville tentative pour me déconcentrer. » Et non ça n’allait pas marcher. Jesse était tout de même un performer qu’il s’agisse de la musique ou du scrabble et de toute évidence, il était principalement hors de question qu’il perde. Avec un sérieux notable cependant, Madeleine poursuivit et Jesse n’osa pas vraiment interrompre son petit monologue. Lorsqu’elle évoqua une blessure grave, il se figea cependant. C’était toujours le même problème.  Il porta inconsciemment la main jusqu’à sa poitrine ayant presque l’impression de sentir encore la lame transpercer sa chair. Sa respiration se bloqua légèrement, mais il se reprit assez rapidement. Le malaise n’avait pas sa place dans la situation actuelle, il devait se reprendre et vite, il n’y avait aucune foutue raison pour que Madeleine soit au courant de tout ça de toute façon. Si même Rachel n’avait aucune idée de la situation alors il y avait fort à parier qu’il ait réussi à étouffer l’affaire avant que les médias aient pu s’en saisir. « Je n’ai pas été blessé gravement et cette villa n’a pas vraiment le profil de la maison hantée type, votre pension en revanche pourrait convenir au profil. »

Il s’autorisa un rire, pour la plaisanterie, Madeleine elle s’adonnait déjà à un brainstorming assez impressionnant. Concurrente de talent Jesse ne pouvait que reconnaître qu’il avait du souci à se faire. « Allez concentre toi. Tes fantômes t’empêchent de placer un mot. » Jesse haussa les épaules, mais à nouveau Madeleine se mit en tête de parler d’assassins et découpes transversales de son pauvre corps, musclé et entraîné pour la danse. Les films d’horreur ça devait être franchement son truc, d’après ce qu’elle énonçait là. La conversation s’orienta assez naturellement sur Santana, un cas vraiment à part qui pouvait alimenter de nombreuses et longues conversations pour combler les blancs. Il fallait dire que latino avait un caractère plutôt bien trempé et qui aurait pu faire couler beaucoup d’encre si la célébrité l’avait touchée. Drama queen un jour, drama queen toujours. Jesse réalisait par ailleurs qu’il avait globalement tendance à s’entourer de ce genre de personnes. « Je ne pourrais pas le dire, disons par pure équité que nous sommes très certainement tous deux au cœur de ses fantasmes les plus fous. » Il se mit de nouveau à rire, il plaisantait bien sur, bien que la chose soit possible, en ne connaissant rien qu’un peu Santana ou encore en analysant le contenu de ses messages facebook eux aussi très révélateurs. Effectivement, elle était passée d’une proposition de squattage en tenue de cheerio, à une froideur boudeuse pouvant très nettement laisser penser à de la jalousie. Le mystère ne serait cependant pas élucidé ce soir et Jesse se concentra de nouveau sur sa réglette. R,E,U,U,N,J ,H. que faire avec ça franchement ?

Il tenta de se figurer le plateau, tandis qu’il préparait le café, lorsqu’il réapparut dans la pièce principale, un sourire ornait ses lèvres. Le mot que venait de placer Madeleine lui permettait de placer le sien sans la moindre difficulté et il se contenta de hausser les épaules à son drames, il devait l’avouer très à propos. « Effectivement, mais que dis tu de « ENJEU. » que je place là sur le E de ARDUE, pour toujours rester sur mon propre terrain. Ca aussi, ça me semble très à propos, tu ne trouves pas ? » Jesse lui adressa un clin d’œil, les deux avaient tout de même franchement l’air de deux psychopathe du plateau vert du dimanche, et ça pouvait paraître réellement étrange vu de l’extérieur. Jesse inscrivit son score avec un naturel déconcertant, et planta de nouveau son regard dans celui de Madeleine quand un bruit vint les perturber. Quelqu’un d’autre s’était réellement introduit dans la villa et ce n’était pas un fantôme. Premier flash. Second Flash. Non, non non, ils devaient pas voir. « Cache le plateau Madeleine! » Il n’attendit même pas qu’elle s’exécute et envoya valser les lettres en détruisant cette partie pourtant prometteuse. Il se leva et tomba nez à nez avec un paparazzi. « Sortez d’ici, c’est une violation de la vie privée. » Le type ne l’écouta pas franchement et commença à photographier Madeleine sous tous les angles. « Nous ne sommes pas ensemble si c’est ce que vous pensez foutez le camp d’ici. » Son ami journaliste s’avança lui aussi, un sourire au lèvres tendant d’obtenir quelques informations juteuses. « Jesse St James, le chanteur à midinettes, oublie la starlette Rachel Berry au profit d’une belle inconnue de la banlieue de Lima, un commentaire à faire ? » Il se tourna cette fois-ci vers Madeleine et l’interrogea à son tour usant d’un ton franchement enjoué. Enfer et damnation.
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MessageSujet: Re: 01. [St James's] Scrabble face   01. [St James's] Scrabble face EmptyVen 13 Jan - 20:00

Depuis son initiations aux joies de la divination et du spiritisme, Madeleine devait bien avouer être une croyante fervente. Elle n’avait jamais vraiment cru en un Dieu ou en une vie après la mort, mais cette expérience avec un chamane dans les montagnes avait changé du tout au tout sa manière de voir le monde. Elle ne se rappelait plus exactement les circonstances qui avaient guidé ses pas jusque dans cette espèce de temple grotte où abondaient les bougies et l’encens, mais elle gardait un souvenir encore très vif de son passage entre ses mains. Bien sûr elle n’avait pas eu le droit de filmer la cérémonie, et n’avait même pas pu prendre une photo du vieil homme couvert de peintures rituelles. Ce jour-là elle avait maudit ses deux mains gauches en dessin et sa solitude. Par chance, sa mémoire n’était pas mauvaise et elle s’était immédiatement fendue d’un long texte dans son carnet de voyage où elle décrivait en détails tous les objets dans l’espace enfumé, les gestes, les paroles qu’elle avait réussi à comprendre. Il lui avait dit dans un anglais incertain mêlé d’hindi dont elle parvenait à grand peine à deviner le sens que l’on peut lire l’histoire d’une personne sur son visage, et qu’à la minute où elle était entrée, il savait déjà quand et comment elle allait passer de vie à trépas. S’entendre dire ça de but en blanc avait produit un choc certain chez la jolie blonde qui vivait toujours sans un souci au monde. Si elle se permettait de vagabonder seule à travers le pays, ce n’était pas seulement par pure insouciance, en réalité elle n’avait pas grand chose à faire de sa sécurité. Personne n’attendait particulièrement son retour à Lima, personne ne la regretterait au point d’aller chercher ce qui avait pu advenir d’elle. Elle n’avait pas changé du tout au tout en une heure de temps, mais petit à petit les pièces du puzzle s’étaient assemblées ensemble pour former une image plus complexe de sa propre vie. Elle n’était plus aussi sûre que passer sa vie à errer d’un endroit à l’autre sans jamais laisser de trace était une bonne chose. Elle n’était plus aussi sûre que ne jamais reparler à sa famille et accepter un sort d’orpheline qu’elle s’était créé toute seule était une bonne chose. Pendant trois longues journées elle n’avait pas pu changer d’endroit, trop sonnée par toutes les révélations sur le chamanisme, la vie et la mort, les esprits, les forces qui régissent le monde que lui avait faites le vieillard. Mais au quatrième jour, elle s’était tout à coup sentie plus légère et avait trouvé la force de se relever pour se rendre à nouveau chez le chamane. Elle ne lui avait posé aucune question cette fois-ci, et il ne lui avait rien demandé. Ils étaient restés là un moment, dans le silence le plus totale, et elle l’avait remercié et s’en était allée. Malgré ses airs loufoques quand elle évoquait parfois cette rencontre avec ses amis, la jolie blonde était toujours aussi affectée par ce qui s’était passé là-bas. En entendant la remarque ironique de Jesse elle lui sourit en faisant mine de comprendre son scepticisme, mais lorsqu’elle le vit porter sa main à sa poitrine lorsqu’elle évoqua une blessure, la jeune femme tiqua immédiatement. Il riait, mais son air était bien plus grave qu’il ne l’aurait souhaité, trahissant une inquiétude quelconque. «Même pas une coupure de rasoir sur ton torse — au combien lisse, je n’en doute pas ?» Se rapprochant de lui en posant sa main contre sa poitrine en mimant des griffes râpant la surface de ses vêtements, elle arqua un sourcil interrogateur. L’inconfort qu’elle venait de créer malgré elle était palpable, et pourtant il s’entêtait à vouloir esquiver le problème. Qu’à cela ne tienne, elle n’était pas d’humeur à se battre pour obtenir des révélations de la part de tout son entourage. Un jour ou l'autre il se rendrait compte de ses erreurs et peut-être qu'il aurait le courage de venir lui en parler. S’éloignant à nouveau pour s’installer à table, elle se contenta d’ajouter d’une voix boudeuse «Je n’ai pas besoin de te déconcentrer pour gagner Jesse, j’espère que tu le sais. Et la pension n’est absolument pas hantée, jamais je n’aurais emménagé sinon !»

Se concentrant à nouveau sur le plateau de jeu entamé, elle réfléchissait au meilleur moyen d’ouvrir la partie. La défaite de la dernière fois était assez humiliante pour qu’elle se laisse abattre cette fois-ci. Le sort serait avec elle puisque le chanteur d’opérette était trop fier pour admettre que les esprits l’avaient aidés. Adressant une prière intérieure à Granny Philander dans l’espoir qu’elle prenne le contrôle de sa réglette cette fois, la blonde hochait la tête de droite à gauche en se concentrant. Mais Jesse avait beau l’encourager à poser son tirage, il n’arrêtait pas d’entraver son fil de pensée en remettant Santana sur le tapis. Elle ne savait pas exactement ce qui s’était passé entre ces deux-là, mais ils avaient très clairement un lourd passif de non-dits ou de trop-dits selon les moments. Sa colocataire avait encore plus de mal qu’elle à être honnête avec elle-même, et leur dernier tête-à-tête en était la preuve. Elle avait été profondément troublée par tout ce qui s’était passé dans le parc et ne comptait pas laisser cela s’ébruiter. Ainsi lorsque Jesse évoqua la possibilité de les placer tous les deux au cœur de ses fantasmes, la blonde éclata franchement de rire pour cacher son embarras. «Là c’est toi qui fantasmes St James. Elle a d’autres chats à fouetter niveau fantasmes, je pense qu’elle ne comprend tout simplement pas le fait qu’on puisse être amis en étant de sexe différent tu vois. Que veux-tu avec un corps comme le sien, on comprend qu’en dehors de ceux qui jouent pour l’autre équipe les hommes ne soient pas enclins à de l’amitié pure et sincère...» Une fois son camarade de jeu éclipsé pour aller faire le café, elle poussa un soupir d’outre-tombe, posant un instant le front contre la table froide pour reprendre son calme. Décidément, il était écrit que leur partie de scrabble improvisée ne serait pas aussi paisible que les précédentes. Lorsqu’enfin il redescendit pour admirer sa trouvaille, il ne mit pas une minute à lui annoncer d’une voix orgueilleuse son propre anagramme. Il avait profité de l’isolement de la cuisine pour chercher de son côté et il fallait admettre que ce n’était pas mal non plus. Applaudissant du bout des doigts, elle s’inclina en imitant les courbettes des courtisans. «Je m’incline devant votre talent monsieur le chanteur. Joli coup. Mais ce n’est pas la peine de prendre ces grands airs supérieurs, on ne fait que commencer j’ai encore le temps de poser dix scrabbles.» À cet instant la blonde était loin de se douter de l’infortune qui allait frapper la partie. Glissant sa main dans le sac du tirage pour en extraire la dernière lettre qui manquait à sa réglette, elle n’eut pas le temps de la regarder qu’un bruit de craquement résonna dans son dos. Faisant immédiatement volte-face elle fut aveuglée par deux flash successifs qui la contraignirent à fermer les yeux. Les frottant en grognant, elle s’apprêtait à râler après une Anna curieuse qui serait venue voir ce qu’était en réalité leur fameux rutabaga, mais Jesse sembla perdre tout contrôle. Le jeune homme envoya valser le plateau par dessus son épaule, détruisant le petit assemblage de lettres qu’ils avaient difficilement posé tout en lui criant des choses qu’elle ne comprenait pas. Pourquoi s’affolait-il de la sorte ? Que se passait-il ? Est-ce qu’une nouvelle guerre venait d’éclater ? Suivant du regard son ami, elle prit enfin conscience de la présence d’un parfait inconnu dans l’embrasure de la porte qui semblait tout sauf amical malgré le ton de sa voix. À en juger par son accoutrement, il avait tout l’air d’être un de ces paparazzis qui espionnent les stars, mais que venait-il faire chez Jesse ? “Chanteur à midinettes” ? Est-ce que Jesse était connu à ce point ? Madeleine pensait savoir qu’il était coach pour une chorale de lycéens mais n’avait absolument aucune idée de ce qu’il avait pu faire dans le passé, ne s’y intéressant somme tout pas. Ouvrant de grands yeux ébahis par cette scène de la quatrième dimension, elle resta bouche bée, incapable de répondre à la question que l’intrus venait de lui poser. Réussissant finalement à se ressaisir, elle se releva pour venir se planter à côté de Jesse, passant un bras autour de ses épaules, cherchant à toute vitesse quelque chose d’intelligent à dire. «Non, nous ne sommes pas ensemble. En réalité, je suis sa toute nouvelle conseillère vestimentaire. Euh styliste. Mais je préfère conseillère vestimentaire. Je suis une professionnelle, je n’accepte pas d’être groupée avec ces débutants qui pensent que des couleurs comme rouge et rose vont ensemble.» Prenant conscience du ridicule de son mensonge en retroussant une manche de son cosy gilet en laine dédié uniquement aux journées de glandage dans la pension, la blonde ne laissa rien transparaître sur son visage poupin. Elle souriait largement à présent, après l’immense hésitation elle se mettait dans la peau de son personnage. Lâchant Jesse pour se rapprocher du photographe, elle l’empoigna doucement mais fermement pas le bras l’entraînant vers le hall d’entrée. «Nous sommes en grande discussion sur le prochain renouvellement de sa garde robe qui doit être en accord avec les tendances du mois lunaire à venir et je ne tolèrerai aucune intrusion dans notre discussion. Si vous voulez en savoir plus sur Jesse ce n’est pas la peine d’avoir recours à des choses aussi dangereuse que la violation de propriété privée vous savez. Il y en a qui sont pendus pour moins que ça en Inde, vraiment, vous devriez vous méfier certains artistes gardent des animaux très très dangereux chez eux.» Ne laissant pas le temps au garçon de répliquer par autre chose que des balbutiements surpris et furieux, elle ouvrit la porte d’une main tout en gardant tout contre elle le bras de l’invité surprise. «Pour plus d’information sur les tendances à suivre pour le prochain mois lunaire veuillez contacter Sandy, d’accord ? Là rien n’est prêt nous n’avons rien à dire.» Le jetant à la porte qu’elle claqua avec un grand sourire avant de faire tourner la clef dans la serrure, elle se retourna pour pousser un hurlement à l’adresse de Jesse. «Nan mais tu fermes jamais ta porte toi ?! Et c’était quoi ça ? Tu es célèbre maintenant ? Tu te la joues gigolo de la Berry locale ou quoi ? Et qui est Sandy ?» Redescendant dans la salle de jeu, elle s’agenouilla à côté du plateau retourné pour contempler avec malheur les lettres éparpillées et le chantier qu’il avait fait en laissant le sac lui échapper des mains après son tirage. «Ah c’est malin tiens ! T’as honte de jouer au Scrabble au point de tout casser comme ça... Laisse tomber je m’en vais si c’est tout ce que ça t’inspire de passer du temps avec moi : mensonges et destruction, c’est pas la peine.»
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MessageSujet: Re: 01. [St James's] Scrabble face   01. [St James's] Scrabble face EmptyVen 27 Jan - 17:51

Le temps cessa de s’écouler pendant quelques secondes, en même temps que la jeune femme laissait glisser des interrogations informulables dans le silence épais qui recouvrait la pièce. Elle n’aurait su tomber sur un sujet plus épineux si elle l’avait elle-même voulu, et il fallut à Jesse bien plus que sa simple volonté pour retenir une grimace qui aurait bien mal masqué son angoisse naissante. La main de Madeleine glissa sur son torse alors même qu’elle lançait une nouvelle pique à laquelle il se contenta de ne pas répondre, laissant le doute planer sur la question. C’était parfois la meilleure solution, s’abstenir de toute réponse mais formulée sur le ton de l’humour, histoire de limiter l’incohérence qu’aurait pu apporter une réponse trop rapide, trop hachée, trop précipitée. C’était une question anodine, personne ne s’en serait formalisé, pourtant elle semblait sous-entendre bien d’autres choses. Il se contenta ainsi d’un léger haussement d’épaule et d’un demi-sourire qu’elle ne perçut sans doute pas ; trop occupée à regagner la table. Elle s’installa lentement et il commença par la regarder faire, puis la rejoignit pour aviser de nouveau le tableau de jeu qui avait été lâchement abandonné quelques minutes plus tôt. La remarque impertinente qu’elle fit ensuite solda le trouble que le jeune homme avait pu ressentir auparavant, et il laissa lui échapper un petit rire sceptique. « Je te trouve bien sûre de toi, souviens-toi contre qui tu joues ». Il lui adressa un clin d’œil presque compatissant, trouvant son acharnement à vouloir être la meilleure assez touchant, et finalement bien similaire au sien. Il n’avait rien oublié de toutes les années passées, la rage de vaincre à la place du cœur et la tête dans les répétitions, les chants, la danse, tout cet ensemble de chose qui l’avait emmené au sommet de lui-même. On ne pouvait évidemment pas comparer une compétition de chant et une partie de scrabble, mais Jesse était bien placé pour savoir que quand on voulait gagner dans un domaine, en général, la volonté de la victoire s’entendait à l’ensemble de la personnalité. C’était le fait même d’avoir toujours été un mauvais perdant qui l’avait poussé à se surpasser, simplement pour ne pas revivre de nouveau le sentiment grisant de la défaite. Subir un échec personnel était difficile, perdre face à quelqu’un devenait presque humiliant. C’était ça, la volonté de battre, de briller, de se démarquer par une victoire perpétuelle approchant de la perfection, qui l’avait toujours poussé plus loin. Qui le poussait encore aujourd’hui à ne pas suivre n’importe quel chemin dans sa vie, qui l’incitait à ne pas faire de faux pas inconsidérés et plus encore, qui lui permettait de rester fidèle à tout ce qu’il avait toujours été, et à tout ce qu’il avait toujours défendu.

Retour au plateau de jeu, où Madeleine semblait réfléchir à la meilleure façon d’aborder les choses pour mettre toutes les chances de son côté. Il était aisé de l’interrompre mais Jesse ne le faisait pas vraiment volontairement ; le cas Santana cependant lui laissait de nombreuses interrogations irrésolues dans l’esprit et il ne pouvait s’empêcher d’y songer de manière sans doute légèrement trop régulière. Le fait était que malgré tout ce qui avait déjà pu se passer ou, en l’occurrence, surtout ne pas se passer, entre eux, l’artiste aimait bien cette fille un peu marginale, en dehors des autres. Elle avait certes des manières un peu particulières, mais il était tout à fait inutile de nier que sa compagnie était bien plus agréable que celle d’autres gens, et il aurait réellement été content de la voir si elle n’avait pas décidé de ne pas venir pour des raisons qui échappaient un peu au pauvre Jesse. La réponse de Madeleine semblait logique compte tenu des circonstances, et il était facilement compréhensible que Santana n’ait pas entretenu d’amitiés réelles tout au long de sa vie. La jeune femme en effet ne manquait pas de charme ; et étant lui-même un homme, il n’avait à vrai dire aucune difficulté à s’imaginer ce que l’on pouvait vouloir d’elle. Mais ça n’était pas son cas, et il n’était après tout jamais trop tard pour apprendre le réel sens de l’amitié, si ? Le point supplémentaire résidait également dans le fait que bien que très officieusement, Jesse était actuellement préoccupé par une autre. Ce qui n’avait rien de particulièrement étonnant. Il laissa Madeleine à ses réflexions un instant, filant vers la cuisine pour faire le café dûment promis, en profitant pour songer aux lettres qu’il utiliserait bientôt. Il prépara machinalement la boisson tandis que son esprit se mettait à vive contribution pour une partie qu’il espérait bien franchement gagner de nouveau. Il finit par pousser un soupir de soulagement qui se combina à un rire expressif, significatif de l’arrangement qu’il venait de trouver.

Réinstallé à table, mot placé, victoire savoureuse qu’il laissa se matérialiser par un sourire franchement ravi. Puis le flash, l’angoisse, les réactions enchaînées qu’il eut le malheur de ne pas du tout, du tout maitriser. Son regard perdu dans celui de Madeleine signa sans doute le début du moment où il s’avéra indispensable qu’elle prenne les choses en main ; et elle se mit à débiter des histoires à dormir debout aux deux intrus qui se font chasser dehors à grands coups de mensonge, de folie et d’inventions très charismatiques. Jesse ne parvenait cependant pas à se détendre, animé de cette étrange impression que ce qui venait de se produire allait entraîner pas mal de conséquences ennuyeuses dont il allait bien rapidement devoir répondre, alors même que la seule chose qu’il avait envie de faire de sa soirée était d’esquiver tout sujet sérieux pour se consacrer pleinement à la seule chose qui importait : gagner cette maudite partie. Tout cela semblait sincèrement compromis ; et même après que Madeleine ait réussi à les chasser, reprendre la partie comme si de rien était n’apparaissait plus à l’ordre du jour. Elle laissa échapper sa fureur une première fois, et Jesse essaya, en vain, de répliquer. « Madeleine, attends… » Il n’avait pas envie de rendre des comptes mais avoir froissé la jeune femme n’entrait pas plus dans ses projets, surtout si c’était pour perdre le contrôle à cause d’une irruption dans sa vie qu’il n’avait pas demandé et encore moins mérité. Elle se dirigea vers la salle de jeux et s’agenouilla pour ramasser les lettres éparpillées par le geste angoissé et irréfléchi du chanteur, apparemment très en colère, hors d’elle, furieuse. L’opération dura un temps, puis elle sembla réaliser finalement que son énervement était plus fort que le reste, se redressa d’un geste souple et menaça de s’en aller. Incapable de déterminer comment il allait pouvoir se sortir de cette situation là, le jeune homme secoua cependant la tête, réfutant ses arguments d’un signe de la main. « Mais non, voyons, ne t’en vas pas. » Il toussa un peu. « Je ne savais pas quoi faire, j’ai été surpris, voilà tout. »
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MessageSujet: Re: 01. [St James's] Scrabble face   01. [St James's] Scrabble face EmptyVen 17 Fév - 13:28

Le plateau retourné sur le sol, le sachet de lettres à moitié éventré à côté de sa chaise. La scène était d’autant plus pathétique que Madeleine était encore sous le coup de l’adrénaline. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Elle était tranquillement en train de réfléchir au prochain coup génial qui rabattrait son caquet à son frisé de voisin quand tout s’était précipité. Lui qui n’était jamais le dernier pour vous envoyer une réplique cinglante et bien pesée à ses adversaires avait eu l’air d’un petit garçon l’espace d’une seconde quand ses yeux clairs l’avaient cherchée comme si elle était la dernière solution qu’il ait eue sur cette terre. Son cœur s’était serré en voyant sa détresse et avant qu’elle n’ait eu le temps de réfléchir la blonde s’était déjà lancée à l’assaut des intrus. On aurait pu jurer qu’elle avait fait ça toute sa vie. Baissant l’objectif d’une main, attrapant le cerveau de l’histoire de l’autre, elle avait toujours eu une imagination fertile et dans ses cours d’improvisation au lycée elle se débrouillait plutôt bien. Seulement cette fois il ne s’agissait pas de théâtre ou d’un jeu. C’était de la panique qu’elle avait décelé sur le visage de Jesse, et les nouveaux acteurs étaient plus vrais que nature. Ses muscles étaient encore crispés par l’excitation qu’elle peinait à faire retomber et ses doigts tremblaient sensiblement, l’empêchant d’avoir une prise ferme sur les petits carrés en bois. Il ne lui avait toujours pas répondu et les interrogations se pressaient dans son esprit, toutes plus grandes les unes que les autres. Elle savait que leur degré d’intimité n’était pas des plus élevés, qu’une partie de scrabble de temps à autre ne faisait pas d’eux les meilleurs amis du monde, mais tout de même. Est-ce qu’on n’informe pas ses connaissances de ce qu’on fait dans la vie ? Peut-être qu’il était trop hautain pour s’abaisser à lui faire remarquer qu’il était célèbre à ses heures perdues. Ou bien peut-être qu’il avait été vexé qu’elle ne le reconnaisse pas. Toujours était-il qu’elle était furieuse contre lui à cet instant. Pas contre ces idiots qui avaient trouvé le moyen d’entrer comme elle, avec des intentions bien moins amicales, mais contre lui et ses mensonges. Abandonnant l’idée de pouvoir remettre le plateau en état, elle laissa les choses telles qu’elles étaient, éparpillées sur le sol. Ranger son propre bazar lui ferait le plus grand bien, et la jeune femme lui souhaitait de moudre du grain en nettoyant tout ça. Pas de réponse, certes, mais pas d’excuse non plus ? Pas l’ombre de l’once d’un début de justification ? «Oh tu as été surpris Jesse ? Excuse moi, c’est vrai que moi non, je les ai même appelés en fait. J’ai été convaincante dans le rôle de la styliste tyrannique hein ? J’ai répété pendant des semaines. J’espère que ma prestation était à la hauteur et que l’effet de surprise était à ton goût.»

Toujours assise par terre elle le dévisageait, blessée par ce petit signe de la main qui signifiait qu’elle n’y comprenait rien et que ce n’était pas de son ressors de toute façon. Pour qui se prenait-il ? Elle ne venait jamais qu’avec des bonnes intentions ou une folle envie de vaincre et voilà qu’elle était rétrogradée au rang de petite fille qu’on fait taire avec un “voilà tout” ? Le ton de sa voix avait soufflé sur les braises de son irritation si bien qu’elle finit par se remettre sur ses pieds pour venir se planter tout près de lui et le regarder droit dans les yeux. «Voilà tout ? Je viens de sauver ta petite peau terrorisée et voilà tout ?» Les bras croisés sur sa poitrine, ses yeux d’un bleu perçant plantés dans ceux du chanteur, elle cherchait à comprendre ce qui pouvait se passer dans sa tête à cet instant précis. Un bruit derrière elle la fit sursauter et elle se retourna vivement de peur de retrouver monsieur flash et son acolyte de l’autre côté de la fenêtre. Mais ce n’était qu’une bourrasque de vent qui avait secoué les arbres un peu plus fort contre la vitre. Tout le monde avait ses secrets, elle la première, des secrets qu’elle n’était pas prête à révéler pour le moment, même à Anna. Ç’aurait été injuste de lui en tenir rigueur, mais la mauvaise foi n’était pas exactement au centre de ses préoccupations et elle n’avait plus du tout envie de rester là avec lui. Au fond ce n’était pas de sa faute. Il n’avait pas demandé à ce qu’on rentre chez lui, qu’on le prenne en photo, qu’on lui pose des questions qui finiraient déformées dans un tabloïd quelconque. Et c’était sans doute à cet instant plus qu’à n’importe quel autre qu’il aurait eu besoin d’un ami, d’une personne à qui parler, de quelqu’un pour lui changer les idées. Mais Madeleine n’était pas disposée à être cette personne-là. Pas sans un petit effort de sa part. Elle avait toujours été trop avenante, à ne jamais dire non, à ne jamais prendre les choses mal même lorsqu’on piquait son ego. Bien sûr elle réagissait, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds et le rendait parfois au centuple, mais jamais avec ses amis. Et ce n’était pas la première fois qu’on la trompait en ne l’informant de rien avant que tout ne soit décidé, que la vérité n’éclate au grand jour en prenant des proportions qu’elle n’était plus capable de maîtriser. «Quand tu seras décidé à ne plus me prendre pour la dernière des idiotes on en reparlera d’accord ? En attendant, je vais rentrer chez moi et je te jure que même si tu appelles ça ne décrochera pas parce que “voilà tout” c’est pas exactement suffisant quand on risque de voir sa tête affichée dieu sait où.» Le dépassant en prenant soin de l’éviter après un dernier regard mauvais, elle monta les quelques marches au pas de course avant de se retourner une dernière fois en haut du petit escalier. «Oh et la victoire est pour moi aujourd’hui alors ne t’avise pas d’ajouter un match nul tu m’entends ?» Comment pouvait-elle assez faible pour tout pardonner aussi vite... C’était littéralement lui promettre qu’elle reviendrait sans doute pour peu qu’il prépare un speech un peu plus construit et de plates excuses à son intention. Se mordant la lèvre inférieure elle fit volte-face pour disparaître le plus vite possible et sortir de cette maison de malheur où les fantômes et les indésirables pullulaient. Sur le perron elle guetta quelques instants un mouvement suspect, dans l’espoir de ne pas voir les deux trouble fêtes qui se feraient sans doute un régal d’inventer une histoire de voisinage à la Desperate Housewives qui lui vaudrait un entretien avec le principal Figgins et des heures d’explications avec Santana si elle avait le malheur de tomber là-dessus. Décidément, jouer au Scrabble avec Jesse Saint James n’était pas aussi reposant qu’elle ne l’aurait cru.
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