Quarante-cinq minutes. Cela faisait quarante-cinq minutes que Cat sentait ce regard persistant qui glissait sur elle, du haut de son crâne jusqu’au bas de son dos. Bon sang, pourquoi s’était-il assis juste derrière elle ? Pourquoi s’entêtait-il à vouloir l’approcher ? Elle l’avait pourtant snobé toute la semaine. Ce type était le plus lourd qu’elle n’ait jamais connu, il l’avait mis dans l’embarras à la première seconde où ils s’étaient croisés. Son air benêt et ses yeux vides, elle avait tout fait pour ne pas les recroiser, mais jusqu’à la fin de l’année elle serait obligée de le supporter : Finn Hudson.

PROF DE BIO’ - Monsieur Hall, je vous interdis –et oui, mon cher cette année encore, de jouer aux morpions avec les ovaires de votre grenouille. Je vous connais trop bien, cela fait trois ans que je vous supporte et chaque année je prie notre Seigneur pour que vous ayez fait quelques progrès. Force est de constater que l’été ne vous fait pas que du bien, mon petit !

Cat se redressa, les jambes endolories. Les cours avaient un effet soporifique sur elle ; elle n’avait pas grande expérience des salles de classe. Certes, elle avait préféré faire croire à son frère qu’elle adorait le lycée, seulement, ce n’était pas vraiment l’extase. Elle croisait de nouvelles personnes et était confrontée à des tas de choses qu’elle ne connaissait pas cependant, elle observait tout ça de loin et se contentait de se maintenir dans sa bulle –là où elle se sentait le mieux. Elle cligna les yeux alors qu’un de ses camarades soupira bruyamment et elle sursauta. Son partenaire se chargeait de disséquer cette pauvre grenouille (elle le soupçonnait de penser qu‘elle n‘était qu‘une blonde écervelée, macho man). C’était affreusement barbare, l’adolescente avait pensé trouver une excuse pour éviter ce spectacle peu ragoûtant. En fait, elle aurait voulu trouver une excuse pour être exemptée totalement du cours, mais s’était dit que ce n’était peut-être pas le moment de jouer les grandes revendicatrices et de provoquer une émeute contre la dissection de pauvres bestioles, deux semaines à peine après la reprise des cours. Ce n’était pas dans son caractère et puis, elle craignait que cela n‘intéresse vraiment quelqu’un après tout. Lasse, elle se mordilla légèrement la lèvre. Ah, ce Hudson. Ça la taraudait, bien plus qu’elle ne voulait le laisser croire. Jusqu’à maintenant, elle avait réussi à garder profil bas. C’était à peine si les autres la remarquaient, sa mésaventure du premier cours de biologie devait être tout en bas de l’échelle de l’humiliation dans la hiérarchie des situations traumatisantes des lycées et dans un sens, cela l’arrangeait. En revanche, son bourreau d’un quart de minute n’avait pas l’air décidé à faire l’impasse sur sa découverte ; comment pouvait-il se souvenir ? Elle qui pensait avoir changé, elle s’était visiblement trompée. La cloche retentit soudain, Cat n’était pas encore habituée et elle fut surprise quand, d’un même geste, les élèves de sa classe se levèrent de leurs chaises pour quitter la salle.

PROF DE BIO’ - Rangez votre matériel et jetez-moi ces grenouilles dans les containers, je suis professeur pas agent d’entretien. Bon sang, les premières, non ! Ça mériterait une colle collective !

Tout le monde se fichait de Madame Doyle. Ecaterina avait très rapidement compris que c’était une femme aigrie. Elle avait entendu dire qu’elle vivait encore chez sa mère et qu’elle était vierge (une autre rumeur disait qu’elle avait séjourné pendant de très nombreuses années au couvent de Canton) et très franchement, elle trouvait ça triste. En même temps, elle n’éprouvait aucune compassion pour son professeur : elle lui avait déjà donné un avertissement pour avoir osé prendre la parole d’une manière peu appropriée. Ce cours n’était pas fait pour Cat, voilà tout. Alors que les pieds des chaises raclèrent bruyamment le sol, Cat se senti libérée ; ce regard qui courait dans son dos durant cette heure l’avait enfin lâché, cela faisait vraiment du bien de bouger un peu sans craindre un râle d’enthousiasme ou un rictus d’imbécile heureux. Se levant à son tour de sa chaise, Cat fit un pas dans l’allée. Il était encore là et bien trop près. Bon Dieu, qu’il était grand ! Pourquoi avait-elle dû tomber sur un type comme lui ? Il avait pourtant l’air assez idiot pour oublier de refermer sa braguette après la pause mais, à priori il ne l’était pas assez pour oublier une publicité pour une lotion contre l’acné. L’adolescente s’empressa de faire un pas un arrière pour le laisser passer et dans la hâte, laissa tomber son manuel qui menaçait de tomber de sa tablette depuis le début du cours. Il fallait qu’il arrête de la regarder comme ça… il avait les yeux d’un chiot à qui on avait confisqué sa balle bien trop longtemps, ça lui fendait le cœur. En même temps, elle se sentait si gênée, si vulnérable et laissant un peu trop son regard s’attarder dans les yeux de son interlocuteur, elle se senti rougir et plongea accroupie pour ramasser son livre qui s’était ouvert pendant la chute.

PROF DE BIO' - Hudson, Robertson ! Rangez moi tout ce bazar, ça fera un point de plus sur votre prochain contrôle ! On aura qu’à dire que se sera votre récompense pour avoir sauvés la mise à vos imbéciles de camarades, ceux là… ils ne paient rien pour attendre, croyez-moi ! Allez, hop-hop !

Cat lança un regard noir à son professeur qui quittait la pièce de son pas lourd de cachalot en sifflotant gaiement. En plus, elle avait besoin d’aller à la bibliothèque pour une recherche… vieille peau ! Ecaterina resta un moment à contempler la photo d’une coupe transversale de feuille de poireaux pour se laisser le temps de retrouver son teint de porcelaine et se résigna à se relever sans pour autant regarder Finn qui restait planté devant elle, raide et gauche. De toute façon, ils n’avaient pas le choix et Cat n’était pas du genre à discuter les ordres qu’on lui donnait alors reposant son livre sur sa tablette, elle se dirigea vers la première rangée de table à sa gauche et commença à débarrasser. Faisant abstraction du reste –de Finn, en l’occurrence, elle attrapa la patte d’une grenouille charcutée à deux doigts ; ce cours n’était vraiment pas fait pour elle.

] Le cours de biologie. Depuis quelques jours, il n'attendait que ça. La dernière fois, il avait d'ailleurs amèrement regretté de n'être qu'un sombre idiot. Il l'avait enfin vu! Elle était la, juste devant lui et pourtant inaccessible! La professeur aigrie par l'âge et le manque d'amour l'avait interrogée... C'est alors qu'il l'avait reconnu: La fille de la pub! Au tableau, elle récitait ce que la prof' demandait et Finn avait eu l'illumination... Et l'idée un peu idiote de réciter sans s'en rendre compte le slogan qu'elle avait psalmodié durant le tournage. Sans trop savoir pourquoi, elle avait alors croisé son regard avant de virer au rouge. Personne n'avait vraiment comprit et bon nombre de rire avait alors chamboulé le cours pourtant si droit de leur professeure. Outre le fait que Finn se sentait encore plus idiot que d'habitude, la blonde avait prit la poudre d'escampette aussi vite que possible. Il avait bien tenté de la retrouver et de lui dire qu'il était désolé d'avoir commis une erreur -bien qu'aujourd'hui encore, il ne sache pas l'erreur commise- mais sans succès.

Aujourd'hui, leur cours les réunissait de nouveau. Finn avait d'ailleurs pris par juste derrière elle. A sa gauche, Rachel ne cessait de lui donner des instructions sur leur prochain duo. Mais le quarterback n'écoutait pas un seul mot de ce que pouvait dire sa belle petite-amie. Il était immobile, soucieux, pensif. Le dos sur le dossier de la chaise inconfortable, il fixait sans ciller le dos de la jeune fille. Elle était tendue, cela pouvait se voir et se comprendre, pourtant Finn n'en avait aucunement conscience. Il continuait de la fixer, se demandant comment il avait pu l'oublier si longtemps. Alors qu'il pensait ne jamais la rencontrer, voilà qu'elle apparaissait devant lui, comme par magie. Maintenant qu'il avait une petite-amie (qui continuait son exposé sur la manière de prendre la note à la deuxième minutes) , voilà qu'il la rencontrait.

PROF DE BIO: « Enfin monsieur Hudson! Est-ce que vos oreilles sont aussi bouchées que votre équipe de jeune pré-pubère courant après une balle incompétente?! Ce que je vous demande est simple! Donnez moi donc la phase après la Métaphase! HUDSON! »

Levant le regard vers l'horrible bonne femme, la bouche entrouverte, un brin débile, il fronçait les sourcils. Mais la femme avait déjà tourné les talons, la réponse donnée par la jeune première de la classe au premier rang. S'humectant les lèvres, il sentait le regard de la belle juive sur lui et esquissa un petit sourire en signe d'excuse avant de poser son regard sur la grenouille devant lui. S'il n'avait aucun dégout pour ouvrir la bête, son centre d'intérêt était tout autre. Empoignant le scalpel, il commença à disséquer sa grenouille, le regard toujours fixé sur le mannequin devant lui. Comment une fille aussi belle pouvait encore être à l'école? Elle avait tout pour réussir sans avoir à venir en cours.

PROF DE BIO: « Si j'essayais de trouver vos testicules en commençant par inciser votre dos, je ne suis pas vraiment sûre que j'arriverais à grand-chose, Hudson. Lire un schéma vous est vraiment impossible n'est-ce pas? »

Haussant les sourcils, il posa enfin un regard sur ce qu'il faisait, sans prendre gare aux rires moqueurs de ses camarades, il repoussa la bête . La cloche venait de sonner et les élèves se levèrent à l'unisson, la plupart déjà dehors. Finn avait encore un peu de mal à se remettre de ses émotions. Elle était à la fois proche et si loin. Rachel sortit , prétextant un rendez-vous important avec M. Schuester, où elle devait lui donner toute une liste de chanson intéressante. Au final, Finn se retrouvait seul avec le mannequin qui laissa maladroitement tomber son livre. Le bruit attira leur professeur qui leur ordonna de finir de nettoyer avant de partir, pour un point de plus dans la moyenne. Voilà qui tombait bien, il en aurait grandement besoin, et rester seul avec la jeune fille était une chance inespérée!

Au milieu de la salle, l'air un peu stupide (pour ne pas changer) il vit la belle blonde commençait à nettoyer la première rangée alors qu'il restait encore immobile. Finalement, il s'approcha de la seconde rangée pour prendre le premier plateau, d'une manière un peu pataude il fallait l'avouer. La mine renfrogner de la jeune fille ne le poussait pas vraiment à parler, pourtant il le devait, il le savait. Prenant une brève inspiration, il prit finalement la parole: « Je suis désolé pour l'autre jour... Quoi que j'ai pu faire... Ou pas faire en fait»

Arquant un sourcil, le regard dans le vide lui donnant un air niais, il se reprit finalement, avant de poser son regard sur la jeune fille, un petit sourire entendu s'étirant sur ses lèvres. Posant le plateau sur le bureau de la prof', après avoir retiré la grenouille disséquer à la poubelle il décida de parler une nouvelle fois, sans grande conviction. « Je ne savais pas qu'une mannequin avait besoin d'aller en cours.. Enfin.. Tu dois déjà avoir pas mal d'argent je suppose.»

Le nettoyage était le point fort d’Ecaterina. À la maison, c’était elle qui était chargée des tâches ménagères. C’est-à-dire que vivre avec un homme de vingt-neuf ans incapable de faire une lessive et ignare au point de confondre du détergeant avec du bain moussant l’avait quelque peu forcée à prendre les choses en mains. Les grenouilles tout autour dégageaient une odeur nauséabonde et sans prendre le temps d’enfiler une paire de gants par mesure de précaution, elle alla jeter le premier petit cadavre à la poubelle alors que son compagnon d’infortune s’y rendait au même moment en lui sortant des salades comme seuls les garçons pouvaient en sortir –c’était dans les gênes. D’habitude, Cat évitait de se faire une opinion trop hâtive des gens qu’elle croisait mais ce Finn… elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il lui manquait quelque chose, qu‘il n‘était pas tout à fait clair. La prenait-il pour une imbécile ? Ses yeux de merlan frit lui faisait clairement penser qu’il savait parfaitement pourquoi elle tentait à tout prix de ne pas être à moins de trente mètres de lui depuis leur premier cours ensemble ; la fin de son petit monologue appuya ses craintes.

L’adolescente n’avait jamais été confrontée à un admirateur. Elle avait juste été forcée à une époque à faire des séances de dédicaces dans des centres commerciaux pour la marque de jeans qu’elle représentait avec d’autres filles qui, elles, adoraient sourire à tout bout de champs et montrer à quel point la rhinoplastie pour leur quinzième anniversaire était réussie. En fait, elle n’avait jamais eu la prétention de penser que des gens auraient pu ne serait-ce qu’éprouver un peu de sympathie pour une fille comme elle. Aussi, elle avait parfaitement conscience que son visage pouvait dire quelque chose à certaines personnes et c’était ça qui l’effrayait. D’ailleurs, ce que dit Finn la fit perdre ses moyens et retournant vers la rangée de table qu’elle venait de quitter, elle prit une rapide inspiration et se tourna dos au bureau du professeur puis nerveusement, posa ses mains à plat sur la tablette, débitant du tac au tac les paroles qu’elle s’était répétées sans cesse.

« Je ne vois absolument pas de quoi tu parles ! » Trop agressive pour être honnête, pensa-t-elle, mais que pouvait-elle faire d’autre appart se défendre de la sorte ? Soit, Finn avait fait l’effort de s’excuser et elle décréta que c’était peut-être une raison pour au moins être aimable. Elle se retourna vers lui en roulant des yeux. Résignée, elle souffla « Tu supposes mal. »

Ça ne servait à rien d’être plus bavarde. Au fond, Cat savait bien que cela importait peu à Finn de connaître des brides de sa vie. Elle n’avait, de toute façon pas l’intention de lui faire profiter de ses petits malheurs inintéressants. Il avait juste envie de se payer la tête de la petite nouvelle et d’après ce qu’elle avait pu constater au cours de ses premiers pas au lycée, c’était monnaie courante que d’humilier les plus faibles. Au moins, si elle était sa prochaine victime, qu’il ait le courage de le lui dire et c’est dans ce sens qu’elle l’interpella à son tour, en croisant les bras sur sa poitrine, le teint virant au cramoisi

« Tu vas le dire à tout le monde, c’est ça ? Tu sais, ça m’est égal ! Je m’en fiche que tout le monde le sache. » La sonnerie retentit une nouvelle fois pour annoncer le début du prochain cours et Ecaterina lança un regard assassin à Finn, se dirigeant vers le bureau pour y déposer le plateau qu’elle avait empoigné avec fureur. Arrivée face à lui, elle tenta de soutenir son regard, mais elle détourna rapidement la tête pour rejoindre sa place et ramasser ses livres.

Ça l’agaçait de voir à quel point ce sujet était sensible pour elle. Elle admettait volontiers qu’elle en faisait peut-être un peu trop mais, comment réagiriez vous si l’on vous forçait à faire des choses que vous n’avez absolument pas envie de faire ? En soit, le mannequinat avait été une expérience enrichissante, elle avait appris à passer outres les remarques désobligeantes, mais en aucun cas elle n’avait été préparé à affronter le regard des autres ; ceux qui la conseillait et la complimentait à longueur de temps étaient toujours les mêmes personnes, tu parles d’objectivité ! Ils étaient payés pour. Attrapant ses bouquins, l’adolescente s’avança à nouveau vers le bureau et fronça les sourcils en fixant Finn.

« Je voudrais juste que tu arrêtes de me regarder comme un vulgaire morceau de viande. Si tu crois que je n’ai pas senti ton regard pendant tout le cours, tu te trompes ! Ce n’était pas discret et embarrassant. » Jetant un regard à la classe qui n’avait pas changé d’état, elle haussa légèrement les sourcils et désigna le jeune homme d’un signe de tête de cet air arrogant et blasé qu’elle prenait en permanence pour se protéger « La discrétion ça doit pas être ton fort. J'te laisse terminer de ranger, tu n’auras qu’à dire à Doyle de te rajouter ton point... je pourrais m’en passer, salut. »

La fuite était un bon moyen pour Cat de ne pas à avoir à tergiverser davantage sur le cas Hudson. Pourtant, elle savait que ce bref échange de paroles lui trottinerait dans la tête jusqu’au prochain cours de biologie. Elle ne connaissait pas Finn, elle ne savait pas s’il était du genre à laisser tomber facilement. Oh, et puis, était-ce si grave s’il l’avait reconnu ? Non, pas vraiment et ne tardant pas à se défiler, la blondinette se détourna de Finn, s'avança vers la porte de la salle et lui lança furtivement un regard par-dessus l’épaule. Elle souhaitait juste qu’il la laisse tranquille, mais elle n’avait pas été assez courageuse pour le lui avouer ; la faute à sa stupide fierté.

] Autant l'avouer tout de suite, le sportif n'était absolument pas à l'aise en compagnie de la jeune demoiselle. Elle répandait une odeur de suffisance et de supériorité qui mettait le quarterback mal à l'aise. Finn n'avait jamais vraiment été quelqu'un de très courageux et confiant. Il ne savait pas comment il était devenu quarterback, ni même comment il avait pu se retrouver leader vocal des New Directions. Pourtant, tout ceci c'était passé et il devait se montrer fort. Il était l'homme sur qui on comptait. Celui qui devait montrer le meilleur de lui-même à chaque instant, quitte à oublier ses propres idéaux. Ces derniers temps, cette nouvelle chorale avait un peu brisée l'union de ses amis. Le Glee club n'arrivait pas à se remettre d'une nouvelle mauvaise nouvelle et il devait encore une fois prouvée qu'il était celui sur qui on pouvait se reposer. Tout ce poids , toute cette tension était difficile à gérer, mais il faisait avec. L'arrivée de la blonde dans sa vie -car pour lui, il s'agissait bien d'un événement important- chambouler un peu l'ordre des choses. Il voulait apprendre à connaître « la fille de la pub » sans pour autant qu'elle ne le veuille.

Ses excuses furent mal-accueillis. Peut-être parce qu'elle était nouvelle, que Finn avait commis une belle erreur et qu'elle pensait que c'était un de ses bizutages qu'on faisait subir à tout nouvel arrivant. Portant d'ailleurs sa veste aux couleurs des Titans, il savait qu'elle avait déjà eut vent de ce que les sportifs faisaient subir aux plus faibles et impopulaires. Peut-être s'attendait-elle à recevoir un slushy de la part de Finn? Pour tout dire, quelques temps plus tôt, il l'aurait fait, sous la pression des membres de son équipe. Aujourd'hui il avait changé. Lorsque la blonde prit la parole, le brun était occupé à séparer scalpel et plaque d'observation pour microscope. Sa voix était aussi dure que ses traits tirés en signe de mécontentement. Sur le coup, le jeune homme ne sut sur quel pieds danser.

« D'accord..Hem» Baissant le regard vers la grenouille qu'il tenait toujours en main, il apporta le plateau à la poubelle sans vraiment savoir comment réagir. Les brèves phrases de la jeune fille montrait qu'elle n'était pas vraiment heureuse de se retrouver seule avec lui. Jetant sans ménagement l'animal mort, il reposa le plateau sur le bureau, avant de se tourner vers la jeune fille. Elle venait de reprendre la parole. Le sportif ne savait plus quoi penser. Déjà pas très futé à la base, cette fois, il perdait vraiment pieds!

« Tout dire? Mais dire quoi? Que t'es une mannequin?» Les sourcils froncés, il ne savait pas vraiment quoi dire. C'était ça qui la dérangeait? Le fait qu'il sache qu'elle était mannequin? Mais si c'était son métier, il ne serait pas le seul à le savoir. A moins qu'elle tente de s'éloigner de cette voix? Tout était confus dans la pauvre tête du chanteur. Mais alors qu'il allait reprendre la parole, s'occupant d'une table de sa rangée, la sonnerie retentit. L'étudiante s'approchait déjà du bureau du professeur pour y déposer un ultime plateau avant de reprendre la parole. Finn l'écoutait, maintenant gêné. Détournant le regard, il pinçait les lèvres. C'est ainsi qu'elle l'abandonna, plateau en main, au milieu de la salle. Dur de se dire que son premier fantasme, la femme qu'on avait le plus envie de rencontrer durant son adolescence était une vraie peste, imbu d'elle-même.

Encore un peu secoué par cette conversation -ou ce monologue-, il apporta le support sur le bureau après avoir ôté l'animal démantibulé (sans doute un coup de Puck). Sans ménagement, il jeta la chose au fond de la poubelle, décidant de rattraper la blonde. A peine fut-il sorti dehors , balayant le couloir du regard qu'il l'aperçut au loin, s'approchant rapidement d'elle, il posait déjà une main sur son bras, prononçant un bref « Attends!».

C 'était pourtant trop tard. Il sentait avant de voir le froid glacial que procuré la glace pilée. Puis le rire goguenard d'un de ses confrères accompagné de sa petite-amie cheerio. Figé sur place, il avait bien entendu laché le bras de le mannequin. La bouche ouverte de surprise, il usa ses doigts pour retirer la glace de ses yeux, se tournant vers la personne qui avait pufaire ça: trop tard, il avait déjà bifurqué dans un autre couloir.. Allez savoir lequel. Restant silencieux, sans prendre garde à le mannequin qu'il avait rattrapé, il retournait déjà vers la salle de biologie, sous les rires de certaines personnes. Attrapant la hanse de son sac, il n'avait plus vraiment l'intention de nettoyer cette salle, et tant pis pour son point.

Ecaterina avait conscience que ses agissements allaient contre son comportement habituel, mais elle avait toujours appris à se protéger ainsi. À l’époque où elle faisait des photos, c’était toujours vers elle qu’on se tournait pour raconter ses petits malheurs parce que timide et réservée, elle ne posait aucun jugement sur personne et se contentait d’écouter ses consœurs à la vie bien remplie. Parfois, elle ne comprenait pas l’engouement de ces filles qui adoraient être chouchoutées par des inconnus - aux mains baladeuses et doté d’un sens de la mode plus que douteux. Peut-être parce qu’elles avaient choisit de vivre cette vie et qu’on ne leur imposait par un rythme d’enfer. Entre les cours de maintiens, ceux de mise en valeur de sa personne et le sport qu’elle pratiquait pour garder la ligne, Cat pour sa part était toujours très prise. Sa mère ne se rendait pas compte de la pression que cela était pour la jeune adolescence qu’était Cat. Devoir toujours être parfaite. Malheureusement, la jeune fille ne l’était jamais assez pour celle qui l‘avait mise au monde, il y avait toujours quelque chose qui clochait et les reproches ne tardaient jamais à fuser. De son côté, elle gardait toujours tout pour elle. La mort de sa mère avait, certes, était une libération mais pour autant, elle ne parlait pas facilement aux inconnus. Cette peur irrationnelle des autres était la preuve que chez elle aussi quelque chose ne tournait peut-être pas rond et bien qu’elle s’entêtait à vouloir faire des efforts, elle n’arrivait jamais jusqu’à la fin de ses bonnes résolutions, se braquant soudainement. Sa petite course dans le couloir fut interrompue par Finn qui la rattrapa. Ecaterina s’arrêta alors, prête à se retourner pour lui faire face quand bientôt un liquide glacé et collant lui heurta le dos de plein fouet ; elle n’avait même pas besoin de savoir ce que c’était. Depuis la rentrée, elle avait été témoin de ce genre de scènes plusieurs fois mais quelque chose lui échappait dans ces pratiques et d’une certaine manière, elle ne préférait pas savoir de quoi il en retournait vraiment. Sentant la main de Finn défaire la ferme étreinte autour de son bras, la blondinette se tourna enfin vers lui, les bras écartés et arborant la même mine surprise que lui ; le pauvre avait été bien plus souillé qu’elle. Les petits farceurs avaient déjà pris la fuite, éclatant de rire comme des imbéciles et Cat ne su vraiment que faire quand Finn reprit son chemin dans le sens inverse pour aller récupérer ses affaires. Maintenant elle avait la certitude que tout ça lui échappait vraiment.

Au milieu de ce couloir, la jeune fille sentait le liquide glacé lui couler dans le dos. Les rires à peine dissimulés de certains de ses camarades lui parvenant aux oreilles, elle se sentait humiliée. Elle ne comprenait pas, Finn n’était pas un populaire ? Dans les films qu’elle avait visionnés avant de faire sa rentrée, c’était toujours ceux qui portaient le blouson de l’équipe sportive du lycée qui faisait ce genre de coup ! C’était ça qui l’avait obligé à penser que Finn se concentrait sur elle pour avoir une certaine reconnaissance de ses pères, quelque chose du genre. Un élève la pointa légèrement du doigt en étouffant un rire et l’adolescente prit conscience que Finn devait se sentir bien plus humilié qu’elle ; ils étaient censés être ses amis ! Clignant furtivement des yeux en voyant au loin Finn quitter la salle ses affaires en mains, la blondinette serra son livre contre sa poitrine, soupirant légèrement puis se décidant à faire quelque chose pour lui, elle se mit à courir jusqu‘au grand brun, faisant abstraction du froid qui se répandait sous sa robe.

« Finn, attends ! » Arrivant à la hauteur de l’adolescent, la jeune fille se mit devant lui et prit une mine désolée, sincère et en total contraste avec son attitude quelques minutes plus tôt « Je suis désolée, ça va ? » Ce n’était pas vraiment à elle se s’excuser mais, c’était un moyen dissimulé pour elle de faire son mea-culpa quant à leur discussion dans la classe… ce n’était pas très courageux et peut-être un peu sournois toutefois, il lui faisait de la peine à cet instant. Le forçant à s’arrêter en tendant une main devant elle, frôlant son torse pour qu’il stoppe sa fuite, elle ajouta « Je ne comprends pas… je… tu n’es pas quarterback ? » Le fixant un moment, la jolie jeune fille se mordilla la lèvre. C’était le défaut de tout le monde de refiler une étiquette aux autres et elle en avait souffert. Bon sang, elle s’en voulait d’avoir manqué autant de tact mais ce n’était pas volontaire. Ses yeux bleus examinèrent un moment le visage de Finn rougit par le froid du slushy qu’il avait reçu au visage -elle se dit d’ailleurs que ça ne devait pas faire du bien, déjà que dans le dos ça l’avait rudement secouée puis spontanément, elle lui prit le poignet « Mais quelle bande de crétins ! Regarde-toi, on va aller nettoyer tout ça... viens. »

Dans son esprit, elle se reprit. Après tout Finn faisait partie aussi de l’équipe mais loin d’elle l’idée - d’encore une fois - le traiter d’imbécile. D’aussi près, la jeune fille pouvait constater que Finn n’avait pas vraiment l’allure d’un bad boy ; il était grand ce qui le rendait gauche et mal assuré. D’ailleurs, il était bien trop grand et à côté de lui, elle qui n’était pas bien grande à la base, se sentait davantage minuscule. Sa robe commençait à lui coller à la peau, rendant la situation inconfortable, voir embarrassante et consciente que sa main tenant fermement le poignet de Finn pouvait être perçu par les autres comme un geste affectueux, elle se hâta de le lui lâcher avec douceur, cependant. Respectant le silence qui s’était imposé entre eux, la blondinette lança un regard en biais au pauvre garçon et descendit les escaliers quelques secondes avant lui pour se rendre au rez-de-chaussée en vue de débarrasser Finn de toute cette glace pilée sur son visage. À cet endroit, les couloirs étaient redevenus silencieux et pour cause, c’était dans cette aile du lycée que se trouvait l’administration. La jeune fille marchait toujours légèrement en retrait, devant Finn et arrivant enfin devant les toilettes des filles, elle ouvrit la porte faisant un signe au jeune homme d’entrer.

« Après toi. »Rentrant à son tour, elle fut aveuglée par la lumière criarde qui lui fit plisser les yeux et se retrouva face à son reflet, dans le miroir. Ses longs cheveux blonds étaient tout emmêlés et colorés. Soupirant alors, elle les joignit sur le côté de sa nuque et lança un bref regard à Finn, esquissant un sourire qui le fut tout autant puis enfin, elle déposa ses livres sur le support à côté des lavabos avant de tirer quelques serviettes en papier du dérouleur, à côté « Je suis vraiment désolée de t’avoir parlé comme ça tout à l’heure. Je suis un peu nerveuse c’est ma première fois… au lycée, je veux dire. » Ouvrant le robinet sans pour autant daigner regarder Finn, la blondinette passa un instant la serviette en papier sous l’eau et se retourna enfin vers lui « J’espère que ce n’est pas de ma faute. Je ne voudrais pas t’attirer d'ennuis. »

Ce n’était pas pour paraître sympathique qu’elle disait cela. Elle espérait vraiment ne pas être à la source de cet acte. Tout simplement parce qu’elle était la petite nouvelle, la fille sans réelle réputation - et ça lui convenait, aisément. S’approchant légèrement de lui, elle prit enfin la peine de le regarder et tendit le bras pour atteindre son visage, un morceau de serviette humide enroulée autour de son index. Ce n’était pas vraiment confortable à cause de sa grandeur mais, elle avait été assez courageuse pour oser venir en aide à quelqu‘un qui ne cessait de la regarder et qui, pour sur, connaissait au moins son secret. Dans un sens, c’était une petite victoire pour la fille timide et discrète qu’elle était… elle se savait en sécurité.

S'il en avait autant marre, c'était simplement parce que se recevoir un slushy chaque jour commençait à représenter un vrai calvaire. Il avait tant travaillé pour que sa popularité ne cesse d'augmenter. Il ne fallut qu'une simple adhésion à un club pour la perdre du jour au lendemain. Mais qui pouvait choisir ses passions? Et qui pouvait lutter contre? Le pas lourd, il se rendait dans la salle où les cadavres de quelques grenouilles encore sur les bureaux trôneraient jusqu'au retour de la professeure aigrie. En une fraction de seconde, il avait totalement perdu l'envie de connaître la jeune fille. Il ne pensait plus qu'à se terrer dans les toilettes des hommes, à enlever les traces du liquide glacial contre sa peau. Il sentait ses joues en feu et des frissons lui parcouraient l'échine en sentant le granité coulait sous son tee-shirt. Attrapant la hanse de son sac, il sortait de la salle, sans même un regard vers une personne dans le couloir. Il pouvait entendre les rires moqueurs. Qui, avant, se serait moqué de Finn Hudson, quarterback et petit ami de la plus populaire et chaude fille de Mckinley?

Dans un premier temps, il n'entendit pas la voix du mannequin l'apostropher au loin. Il était dans une bulle, où moqueries et sarcasmes glissaient sans l'atteindre. Mais c'est finalement le corps de la belle qu'il faillit percuter qui l'obligea à en sortir. Baissant le regard vers elle, il fronçait les sourcils alors qu'elle s'excusait. Pourquoi? Parce qu'il avait reçu un slushy? Elle était nouvelle, elle ne pouvait pas savoir. S'il allait bien? Il se força à esquisser un sourire, ressemblant à une horrible grimace. Sans prendre la parole pour autant, il retomba finalement dans une attitude de semi-comas, alors qu'un sportif passait devant eux, montrant du doigt leur quarterback, éclatant d'un rire moqueur. Serrant les poings, il se serait volontiers rué sur lui si la blonde ne se trouvait pas actuellement devant. Sans vraiment trop y faire attention, il écoutait les paroles de la jeune fille.

Finalement, il se retrouva tiré de ses pensées -et s'aperçut qu'elle le tirait vraiment. Posant un regard interrogatif sur sa partenaire, il comprit finalement qu'elle l'emmenait aux toilettes. Elle lâcha rapidement sa main, sans doute pour ne pas donner trop d'idées au garçon. Le brun suivait d'un air absent sa guide. Il pensait encore à sa popularité perdue. Il avait tellement tenté de la retrouver en vain. Ce serait pourtant tellement facile de retrouver sa gloire passée. Une seule parole, un seul geste et il serait propulsé au sommet de la popularité. Mais pour rien au monde il ne quitterait le Glee club. Il avait trop à perdre: à commencer sa petite-amie.

C'est sans vraiment s'en rendre compte qu'il arriva devant les toilettes des filles. Ecaterina lui laissait la place pour passer en premier. Sans prendre attention au signe sur la porte, il pénétra dans les toilettes. Cela sentait bien trop bon pour qu'ils appartiennent aux hommes. Fronçant les sourcils, sortant finalement de sa rêverie, il voyait la blonde dérouler des morceaux de papiers avant de l'humidifier. Sans faire un geste, il sentit le contact de l'eau contre ses joues rougies. Baissant le regard vers son visage, il sentait le liquide réchauffer sa peau, alors qu'il reprenait faiblement la parole. « Je suis le seul fautif ici.» . Pour se faire comprendre, il pointa du doigt le dos du mannequin.

C'était sa faute si elle avait été aspergée. Peut-être qu'en fait, elle avait de réelle raison de lui en vouloir. Il pouvait sentir ses petites mains continuer de nettoyer son visage. Droit, le jeune homme savait qu'il lui devait des comptes. Elle venait de se faire slushé et ne comprendrait surement pas pourquoi. « Je pensais que toi tu me comprendrais.. Je veux dire... Que tu saurais ce que c'est d'avoir une image... Parce qu'on porte tel ou tel vêtement.. Qu'on fasse parti de tel ou tel groupe... Ou qu'on agisse de telle ou telle manière.» . C'était peut-être pas très compréhensif dis comme ça, mais il ne fallait pas attendre de Finn des mots plus approprié comme « cliché, stéréotype ». Pinçant légèrement les lèvres, il observait la belle dans les yeux.

« Laisse moi t'apprendre une chose sur McKinley. Sois tu es footballer et Cheerios... Sois tu es moins que rien. Dans le meilleur des cas, tu es invisible. Tu es belle et tu auras la chance d'attirer le regards des sportifs. Tu risques de faire des jalouses auprès des cheerios... Par contre.. Si tu fais parti d'un glee club, t'es certains que dans la journée, tu seras slushé une fois.»

Si son regard était encore un peu idiot, comme à son habitude, ses paroles étaient sincères. Peut-être pas très compréhensible pour une personne extérieure à ses agissements, mais tellement vrai. C'était aussi une manière détournée d'avouer qu'il faisait partie de la chorale. Elle le prendrait comme elle le voulait, il savait à présent que juger les gens pouvaient faire mal. Et si elle lui balançait le tissu avec lequel elle l'avait jusqu'alors nettoyé, il s'en accommoderait. S'humectant les lèvres, il esquissait un petit sourire, prenant le bout de tissu des mains de la jeune fille. « Merci de t'occuper de moi... Je veux dire.. tu sais.. M'enlever tout ça quoi. C'est très gentil après tout ce que je t'ai fais... Même si j'ai pas encore très bien compris.»

Aider Finn ne lui demandait pas trop d’efforts. En fait, à ce moment, Cat avait de la peine pour lui. En intégrant un lycée dit normal la jeune fille avait avant tout voulu faire plaisir à son frère qui voyait dans ce changement, une façon non-dissimulée de faire sortir sa jeune sœur de sa coquille. Cependant, l’adolescente ne voyait pas trop comment elle y parviendrait. Son passé la taraudait plus qu'il ne la faisait souffrir. Ce n’était pas seulement une question de honte d’avoir été pendant longtemps la pimbêche qui vendait des jeans en se trémoussant sur de la musique débile - elle trouvait que tout ce mystère autour de ça commençait à devenir franchement ridicule, à dire vrai. Cette période de son existence lui rappelait à quel point sa mère avait pu attendre d’elle des choses qu’elle était incapable de donner. C’était difficile de savoir qu’elle avait pu décevoir une personne qui croyait si fort en elle, qui avait mis toute sa vie de côté pour s’occuper à plein temps de sa supposée carrière, faire en sorte que tout soit facile. Évidemment qu’au fond, Cat savait que sa mère n’avait fait tout ça que pour le plaisir de revivre son heure de gloire passée, mais parfois, il lui arrivait de penser qu’elle n’était pas si mauvaise, qu’il s’agissait d’une véritable mère prête à tout pour le bonheur de sa fille et pas seulement une sorcière acariâtre, cruelle et intéressée. Les yeux de Finn s’attardèrent dans les siens et la jeune fille continua avec douceur de le débarrasser de cette substance collante; ce qu’il lui disait la touchait vraiment et aussi bizarre que cela puisse paraître, le jeune homme gagna des points, grimpant dans son estime et le fixant à son tour, elle l’interrompit en fronçant le nez.

« Crois-moi, je te comprends et mieux que personne. »

Tant pis si ses paroles paraissaient désuètes et stupides mais, elle ne pouvait pas faire semblant. Finn continua son discours et la blondinette stoppa sa tentative de nettoyage puis baissa les yeux sur le sol. Elle n’avait jamais été aussi courageuse que Finn pour parler aux autres. Elle l’enviait de se confier aussi facilement parce qu’elle gardait tellement de choses à l’intérieur qu’elle était consciente qu’un beau jour, elle exploserait. C’était une chance de pouvoir s’extérioriser comme il le faisait. Aussi, il en vint à parler du lycée dans sa généralité et fronçant les sourcils quant à sa remarque sur sa soi-disant beauté, elle préféra s’attarder sur d’autres détails plus concrets; il faisait partie du glee club en plus d’être quarterback ? La jeune fille pencha la tête. Même si sa jeune expérience faisait qu’elle était totalement ignorante vis-à-vis des choses cool ou non, elle avait entendue parler des chorales. Son avis ? Elle n’en avait pas, cela ne l’intéressait pas vraiment pour le moment. En revanche, elle devait admettre que Finn la surprenait… elle commençait à saisir les difficultés qu’il pouvait avoir et les raisons de ce slushy. C’était fou ! Elle avait en face d’elle un garçon qui - semblait-il - aimait ce qu’il faisait, que ce soit le sport ou la chorale mais qui donnait l’impression d’être malheureux parce que les autres se moquaient de lui. Cela dépassait Ecaterina mais était-elle vraiment inconsciente du fait qu’ils n’étaient pas tellement différents ? Loin de là, elle savait qu’ils avaient peut-être plus en commun que ce qu’elle n’aurait voulu l’avouer seulement, c’était difficile pour elle d’admettre que, finalement, le regard des autres était important. Se concentrant alors sur l’adolescent, elle réagit un peu trop tard quand il lui prit le papier imbibé d’eau des mains, absorbée par ses pensées qu’elle tentait de refouler puis relevant la tête, elle lui sourit.

« Je ne cherche pas à me faire remarquer, Finn. Être invisible, ça me convient et puis, je n'ai jamais vraiment aimé les sportifs... » Elle s’en voulait d’être aussi concise dans ses paroles, bien qu'elle tenta un peu d'humour pour faire passer la pilule. Elle n’était définitivement pas douée pour les grands discours, c’était ainsi. Se mordillant la lèvre avec un semblant de sourire, elle baissa la tête quand il la remercia « Je suppose que tu aurais fait la même chose pour moi, non ? »

Elle étouffa un léger rire rauque et éraillée, comme sa voix si particulière. Ce n’était pas dans ses habitudes, d’ailleurs mais au vu de ce que le jeune sportif venait de lui dire, elle n'était pas certaine qu'il aurait tenté de venir la secourir dans le cas inverse, ce n'était pas si grave et elle le comprenait. Lui frôlant alors avec une certaine maladresse mais avec compassion l’épaule, elle se retourna ensuite quelque peu gênée par sa vaine tentative de paraître un tant soit peu agréable. Peut-être que c'était désarmant pour Finn de voir à quel point son attitude changeait depuis leur petite altercation dans la salle de biologie cependant, Cat n'en tenait pas rigueur, c'était dans son caractère, voilà tout. Se retrouvant à nouveau face à face avec son reflet, ses vêtements et ses cheveux étaient souillés, elle s’en fichait pas mal de toute façons. Elle n’avait plus cours et le trajet jusqu’à chez elle n’était pas très long. Toutefois, ce n’était pas ce qui l’intéressait à cet instant; Finn lui avait fait des confidences et même si, personnellement elle ne se sentait pas d’attaque à faire de même (elle préféra occulter les explications de la raison qui l‘avait poussée à penser que Finn était un sombre idiot et à se comporter comme une peste), elle ne pouvait définitivement pas passer outre. Elle se répétait sans doutes mais, il avait réussit à la toucher. Frissonnant furtivement à cause du liquide dans son dos qui commençait pourtant à sécher, elle le regardant à travers le miroir, plissant les yeux.

« Tu fais partie du glee club depuis combien de temps ? » Cela l’intéressait vraiment et croisant les bras tout en se retournant face à lui, elle esquissa un autre sourire plutôt malicieux « Moi, je trouve ça plutôt cool ! »

Admettant que son opinion n’ait une quelconque importance pour Finn, elle le regarda un moment avant de détourner les yeux. C’était incroyable le nombre de choses qu’ils avaient en commun. Après tout, elle aussi chantait… bon pas dans les mêmes conditions et peut-être qu’elle n’avait pas la même aisance que Finn - elle ne l’avait jamais vu se produire mais, elle estimait qu’il devait plutôt être chez lui sur scène pour être membre du glee club - toutefois, c’était encore quelque chose qui les rapprochait. Regardant sur le côté avant de relever la tête dans une tentative plutôt habile d’éviter le regard du jeune homme, la blondinette passa une main dans ses cheveux… main qui se coinça à l’extrémité de ses pointes dorées, humides et collées à cause de la glace qui s’y était logée. Se sentant soudainement ridicule - et rosissant également, elle se retourna une nouvelle fois face au miroir, tachant avec une dextérité de mise de séparer ses petits doigts de ses cheveux emmêlés.

Le contact de l'eau tiède était à la fois douloureux et bénéfique. Il avait l'impression qu'on lui réchauffait trop rapidement la peau, mais le choc passé, il redécouvrait la sensation de toucher. Finn n'était pas le plus grand admirateur de slushy du lycée, et encore plus lorsqu'il les recevait en pleine figure. La plupart du temps, ces camarades sportifs évitaient de les lui jeter au visage, par pure crainte. Duncan lui avait avoué un jour que certains joueurs craignaient qu'il ne quitte un jour l'équipe. Car même s'il faisait partie du Glee club, il était un bon quarterback et ils avaient autant besoin de lui que les New Directions. Par moment, cette pression effrayait le brun. Le regard de la belle mannequin posait sur lui, il se sentait vraiment bizarre. Peut-être aussi parce que son fantasme inavoué frôlait sa peau de ses mains douces.

Il n'était pas indifférent à cette attention et préférait prendre le bout de papier avant qu'il ne soit forcé de penser à ce pauvre facteur. Souriant légèrement, il ne savait pas vraiment quoi répondre à la belle qui venait de lui dire qu'elle le comprenait. Il n'arrivait pas à savoir comment être avec elle. C'était pourtant si simple de se trouvait face à ses amis du Glee club. Cette fois, il avait l'impression d'être en constant équilibre , la corde à ses pieds menaçant à chaque instant de se rompre, le plongeant dans une chute interminable. Ecaterina était une fille mystérieuse, bien trop compliqué pour un esprit aussi simple que Finn. Le regard stupide, il continuait de la regardait, alors qu'à présent, elle regardait son reflet dans le miroir. Sa robe était tâchée aux couleurs du slushy du jour: mûre.

Elle avoua finalement vouloir rester invisible. Il n'y comprenait rien. Chaque personne dans ce lycée -lui y comprit- ne cherchait qu'une chose: la popularité. Fronçant les sourcils, rendant sa bouille encore plus idiote qu'à l'accoutumée, il esquissait un petit sourire, « Invisible? » , répétait-il, dans un murmure d'incompréhension. Effectuant un petit rictus qui n'avait rien de moqueur, il posait son regard sur le reflet de la jeune fille avant de la regarder de nouveau dans les yeux. Plongeant les mains dans ses poches, il haussait les épaules, le visage enfonçait entre celles-ci, il reprit la parole: « Pourquoi? Ma petite-amie fais tout pour avoir les spots sur elle... Alors je n'arrive pas à comprendre pourquoi tu voudrais les fuir. »

C'était indiscret, il le savait. La discussion avait pourtant viré sur autre chose. Le Glee club. Finn n'avait pas honte d'en faire partie. Et tant pis s'il devrait supporter les surnoms qu'on lui attribuait. Kurt avait apprit au sportif qu'il n'y avait rien de mal à être homosexuel. Bien-sûr l'idée de le devenir ne lui effleurait pas un seul instant l'esprit, mais il les respectait. Alors être surnommé 'Gorge profonde' était vraiment insultant, mais il s'y était fait. Haussant les sourcils, en cherchant dans sa mémoire à compter depuis combien de temps il était au Glee club, il se rappela finalement que c'était depuis le début de l'année dernière. Mais alors qu'il allait enfin donner sa réponse - réfléchir est très dur pour lui - elle avait déjà reprit la parole. Sa phrase fit sourire le sportif, alors qu'il la regardait triturer ses cheveux pour y enlever les dernières traces de slushy.

Finn le croyait. Un brin naïf, il avait tendance à faire confiance très rapidement. Il avait la naïveté d'un enfant croyant encore au père Noël, sans pour autant être puéril. Il était simplement un adolescent perdu, dans l'univers gigantesque du lycée. Un élève médiocre qui devait compter sur une bourse d'étude pour réussir dans la vie. Il voulait aller à l'université, il voulait réussir et construire une famille. Penchant la tête sur le côté un instant, il finit par répondre à la première question, étirant ses lèvres en un fin sourire.

« Un an maintenant. C'était pas gagné au début»

S'approchant de la jeune fille, il se remémora ses paroles d'un peu plus tôt. Il n'était pas son type. Est-ce que son béguin pour elle était aussi visible que ça? Où est-ce qu'elle pensait qu'ainsi, il arrêterait de la regarder? C'était impossible. Elle dégageait une telle beauté, une aura de confiance infime et cette arrogance qu'il ne pouvait que la regarder. Posant une main sur l'épaule de la jeune fille, il passait le bout de tissu qu'elle avait tantôt utilisé pour nettoyer son visage sur la pointe de ses cheveux, humidifiant le slushy pour le désintégrer. Il ne savait pas vraiment comment agir, mais Finn n'était pas un homme qu'on jetait. Il savait se battre pour obtenir ce qu'il voulait. Mais que voulait-il vraiment au juste? Il était avec Rachel après tout. « On est quitte, maintenant.» finit-il par murmurer au creux de son oreille, regardant leur reflet dans le miroir, un brin sourire s'étirant au coin de son visage.

Le temps dans les toilettes des filles semblait long à Ecaterina mais elle ne parvenait pas à savoir si cela était dû au fait qu’elle était pressée de rentrer chez elle ou parce que la présence de Finn la rassurait. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu une conversation avec une personne de son âge. Les gens qui s’intéressaient le plus souvent à elle était beaucoup plus vieux et elle dû admettre que ça lui faisait du bien de ne serait-ce connaître le ressenti de quelqu’un d’aussi jeune (son frère et sa crise d‘adolescence tardive ne comptait pas vraiment, il allait bientôt avoir trente ans, bon sang !). Certes, elle n’était pas très loquace et il était certain que Finn était plus à l’aise qu’elle - du moins, c’est-ce qu’elle croyait. Aussi, leur petit échange l’avait conforté dans l’idée que les adolescents n’étaient pas tous cruels, recherchant à tout prix à humilier celui qui n’était pas assez cool à leurs yeux, histoire de récolter les honneurs et autres trophées de l’être le plus abjecte du bahut. Si c’était ça être populaire, Cat campait sur ses positions : elle préférait rester invisible !
Finn, lui, était cool et pourtant, il était la cible des autres : monde compliqué et contradictoire. La blondinette parvint enfin à détacher ses cheveux après quelques instants et quand elle s’apprêta à se redresser, le jeune homme était déjà devant elle, prêt à lui rendre la pareille. Il lui avait parlé de sa petite amie quelques instants plus tôt… encore une chose qui échappait à Cat; elle n’avait jamais connu de garçon. Elle s’était toujours dit que sa mère se chargerait de choisir celui avec qui elle sortirait parce qu’elle avait le chic pour diriger sa vie d’une main de fer mais, elle était plutôt heureuse qu’elle soit morte avant de mettre le grappin sur quelqu’un dont elle n’aurait, sans aucun doute, pas voulu. Évidemment, elle éprouvait de l’amour pour sa famille - son frère et son père en dépit de son départ mais ce n’était pas pareil que d’être avec une personne dont on était sûr qu’elle ne nous laisserait jamais. Sa proximité avec Finn la mettait plutôt mal à l’aise pourtant, elle ne bougea pas et se laissa faire toutefois, elle en profita pour rebondir sur cette révélation. Une façon de lui faire comprendre qu’il n’avait pas le droit d’être aussi entreprenant avec elle.

« Tu dis que ta petite amie fait tout pour être sur le devant de la scène ? Moi, je ne l’ai jamais voulu. On est différentes. » Elle ne connaissait pas sa petite amie et ne pouvait pas se permettre de la juger mais, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de colère envers ces gens prêts à tout pour devenir célèbres. Fermant furtivement les yeux au contact de l’eau sur son visage, elle les rouvrit un instant après, s’efforçant de paraître la plus naturelle possible « Elle est au lycée ? »

Levant légèrement les yeux, Cat était bien heureuse que Finn soit aussi grand; elle pouvait facilement éviter son regard. Croisant les bras sur sa poitrine, elle recula d’un petit pas pour casser cette soudaine intimité mais ne se détacha pas des attentions de Finn. Après tout, lui, il lui avait fait confiance. Aussi, elle l’écouta répondre à ses propres questions et elle esquissa un sourire en lançant un bref regard à leurs reflets; sa curiosité était piquée au vif. Elle était prête à braver sa peur des autres pour voir ce que Finn donnait sur scène - ce qui était un bon point pour le jeune homme et le coupant dans son discours pour lui faire part de ses intentions, elle osa le regarder en face, la mine réjouie.

« Tu me mettras au courant de l'une de vos représentations ? Tant pis si je dois me mettre les populaires à dos, ce n’est pas un drame de supporter la chorale de son lycée ! » Élargissant son sourire, elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille et pencha la tête, fronçant légèrement les sourcils « Vous avez déjà participé à des compétitions ? »« Je… pardon, je suis peut-être un peu trop curieuse. »

Son cœur battait un peu trop fort, sans doutes à cause de toute ses confidences que lui avait fait l’adolescent mais quand Finn lui murmura à l’oreille, elle cru un instant qu’il c’était arrêté; non, elle n’était pas en train de tomber amoureuse de lui, c’était évident - elle se connaissait assez bien pour savoir que Finn n’était absolument pas son type de garçon ! Mais à cet âge, un quelconque contact vous met dans tous vos états et même si Cat n’était pas ce que l’on peut appeler une adolescente ordinaire, elle n’échappait pas aux hormones qui la rendaient toute chose parfois. D’ailleurs, elle choisit ce moment pour retirer avec douceur l’imposante main de Finn de son épaule et fini par faire quelques pas en avant pour échapper à cette bouffée de chaleur qui se mit à l’envahir. Prenant une légère inspiration, elle se retourna vers lui certaine que son embarras était visible mais, elle ne se démonta pas et dans un légère sourire, elle lança :

« Merci. » Se mordillant la lèvre par habitude, elle joignit ses longs cheveux blonds sur le côté de son épaule - ce qui trahissait son malaise et ajouta dans un rire « J‘ai l‘impression qu‘on passe notre temps à s‘excuser ou à se remercier. » Des paroles inutiles pour faire bonne figure, Cat était une experte en la matière et récupérant ses livres qu’elle avait posés sur le rebord du lavabo, une chose lui vint à l‘esprit. Plissant les yeux, elle s’approcha de Finn « Je peux te demander une faveur, Finn ? »

Parfois, il fallait abandonner la raison. Se dire que tout était possible. Pour certains, la chose était bien plus aisée. Finn ne réfléchissait pas toujours et parfois, il oubliait les conséquences de ses actes. Être l'homme de la situation était assez effrayant. Il tentait de s'y faire, mais malgré tout, les décisions qu'il prenait le mettait toujours dans une position délicate. Tout le monde comptait sur lui. C'était à la fois déprimant et agaçant. Ses doigts s'entremêlaient dans la douce crinière blonde de la belle. Il sentait que le slushy séchait opposé une frêle résistance qui diminuait lorsque l'eau le faisait redevenir liquide et que le sucre finissait par disparaître. S'il faisait une erreur? Qu'en savait-il? Il aimait Rachel, plus que tout, c'était une certitude. Elle avait su le conquérir, et il éprouvait des sentiments pour elle.

Tout n'était que brume dans son esprit. Devant lui, son fantasme de toujours. La fille qu'il avait rêvé de connaître dans les années passées. Celle qui avait marqué son passage d'enfant à adolescent, avec son lot de malaise et excitation. Oui. Elle était « la fille de la pub », la fille qu'il ne pouvait atteindre et qu'il espérait par-dessus tout connaître. Tout cela, c'était bien-sûr avant qu'il ne se mette en couple avec Quinn: capitaine des cheerios, la fille la plus populaire du lycée et la plus glamour aussi. Si « la fille de la pub » s'était éloignée de ses priorités, laissant place à sa vie, une vie bien réelle et remplie, il l'avait à présent devant lui. Sa main enfonçait dans ses cheveux, dont la lumière des toilettes ne faisaient qu'adoucir les traits. Perdu dans ses pensées, c'est en parlant de nouveau que le jeune homme en sortit, un regard vide, le faisant paraître encore plus idiot qu'habituellement. Esquissant un bref sourire , il se sentait coupable. Rachel avait confiance en lui, et le voilà qui ne pouvait s'empêcher d'être proche d'Ecaterina.

« Oui..c'est.. Une .. Une maladie chez elle. Elle peut devenir très... Effrayante.». Offrant une moue indécise étirait ses traits, il finit par sourire, sentant le regard de la belle sur lui. Opinant lentement du chef à sa seconde question, il répondit seulement par un « Oui.» à peine audible. Il avait réellement l'impression qu'elle tentait de fuir son regard. Finn trouvait cela à la fois cool et sexy. Alors qu'il s'était senti stupide depuis leur première rencontre, il semblait qu'à présent, ce soit elle qui paraissait mal à l'aise. Elle recula finalement, osant enfin croiser le regard du sportif. C'était assez étrange d'ailleurs.

Pour la première fois depuis qu'il faisait partie du Glee club, quelqu'un lui demandait si il voulait bien l'inviter à une de leur prestation. Pour la première fois depuis un an, il se sentait honoré, comme un égal, quelqu'un qu'on respectait, quelqu'un qu'on ne jugeait pas d'homosexuel parce qu'il aimait chanter, parce qu'il dansait sur ses chansons. Rempli d'un courage qu'il n'avait pas ressenti depuis maintenant bien longtemps, il acquiesçait, regardant les toilettes autour de lui. « Totalement. Pourquoi tu viendrais pas nous voir à une répétition? Je veux dire.. C'est pas comme si tu étais un danger». Il avait parlé sans vraiment réfléchir. En parlant de danger, il faisait surtout allusion à la guerre que se livrait maintenant les deux chorales, et bien entendu, entre les glee club et les populaire. Prenant finalement conscience de son horreur, il reprit rapidement la parole, ajoutant un « Sans t'offenser!».

Il espérait qu'elle ne tienne réellement pas compte de son erreur. Finn n'était pas du genre perspicace, encore moins méchant. De sa bouche, le fait qu'elle ne soit pas un danger était plutôt un compliment. Elle était la première à s'intéresse à eux. Il voulait l'honorait , tout comme elle venait de le faire. Lorsqu'elle parla de compétition, Finn paraissait déjà bien plus gêné. Pour être franc, ils avaient participé à deux compétitions. Mais la dernière était un tel échec qu'il était encore dur pour la chorale de s'en remettre. Fourrant ses mains dans ses poches, il mit un certains temps avant de reprendre la parole.

« Non.. Non t'en fais pas. J'ai pas l'habitude qu'on s'intéresse à ce genre de chose... On est allé jusqu'au régionales, il y a deux mois... On a perdu. Genre... Le gros échec .».

Fronçant les sourcils en se remémorant la façon lamentable avec laquelle ils avaient hérités de la dernière place du classement, il savait pertinemment que ce n'était pas mérité. Peut-être que les Vocal Adrenaline avait été meilleur -il ne savait pas vraiment , il était à l'hopital- mais ils avaient été bien meilleur que les Oral Intensity. Mais apparemment, chanter du Olivia Newton John et avoir Sue Sylvester en tant que juge avait penché la balance en leur défaveur. Une nouvelle fois, elle le remercia et ses paroles les firent rire un bref instant, avant qu'elle ne l'intrigue d'avantage avec sa dernière phrase. « Ouais.. Bien-sûr, vas y.».

« Tu crois que les autres accepteraient ? Je ne voudrais pas créer des tensions dans votre groupe et vous empêcher de progresser... tu vois, je n’ai pas envie de m'imposer. » Glissant une mèche de cheveux humides derrière son oreille la jeune fille se détourna de Finn pour ainsi se retrouver derrière lui et avoir tout le loisir de ne pas à avoir à affronter ses yeux sombres puis avec une certaine aisance, elle débita « Pas de problème, je comprends ! Enfin, je ne risque pas de me faire séquestrer pour avoir osé venir vous applaudir ! » Elle arrêta subitement de sourire et murmura, prise d'un gros sentiment de doute « Du moins, je crois. »

Restant un long moment à réfléchir à cette possibilité, consciente que son air benêt pouvait jouer en sa défaveur, la blondinette se reprit alors n’oubliant pas la requête qu’elle avait à faire à l’encontre du beau quarterback; dans un sens, Cat savait que Finn l’avait reconnu de par ses publicités et autres encarts dans les magazines, c’est-ce qui la dérangeait. Dans son esprit, sa vie ne devait pas se résumer à fuir les gens dans l’espoir que personne ne se souvienne de ce visage angélique qui leur avait, pendant des années vendu des céréales, du jus de fruit ou pire… des tampons ! Seulement, c’était un peu trop tôt pour rouler des épaules et fanfaronner dans les couloirs avec aisance - de toute façon, ce n’était pas son caractère, elle n‘était pas douée pour ça. C’est pourquoi il fallait que Finn se taise ! C’était la seule solution à son problème. Il avait déjà fait l’erreur de vomir une de ses répliques connue lors d’un cours et elle l’avait détesté pour ça alors, maintenant qu’ils apprenaient doucement à faire connaissance et qu’elle s’était rendu compte qu’ils avaient plus en commun que la dissection d’une grenouille il y a une heure, elle n’avait pas envie d’être obligée de lui en vouloir pour avoir fait une autre gaffe. En gros, elle l’aimait… plutôt bien. Finn répondit à sa question sur les possibles compétitions que le glee club avait disputées et l’adolescente se sentit triste de savoir qu’ils n’avaient pas réussis à gagner les régionales mais contrariée par la façon dont elle devait présenter les choses au jeune homme quant à sa faveur, elle se contenta d’opiner du chef avec un mi-sourire compatissant.

Au fond, Cat ne savait pas comment Finn la percevait et c’était gênant. La prenait-il pour une de ces belles plantes sans rien dans la cervelle ? Sans aucun doute, après tout ils ne se connaissaient pas et elle acceptait volontiers le fait que son image reflétait un certain vide, une superficialité. Enfin, pas à ce moment ! Si sa mère l’avait vu ainsi, la robe complètement tachée et les cheveux en bataille, elle l’aurait sommée d’aller se changer et se décaper la peau avec du savon ! Cat, elle ça ne la dérangeait pas. Certes, elle savait que si elle avait été model c’était bien pour une raison, elle était mignonne. De là à la comparer à un grand mannequin, il y avait des paliers à gravir… des tas de paliers à gravir ! Frôlant son menton avec son index, la jeune fille prit une légère inspiration et tenta de paraître la plus à l’aise possible même si le fait de dévoiler une part d’elle-même l’effrayait, c’était une nécessité pour rester intègre et reprenant sa place devant Finn, elle croisa les bras sur ses bouquins.

« Tu sais quand je t’ai dit que je me fichais que tu dises à tout le monde que j’étais… mannequin ? » Tiquant sur le dernier mot, la jeune fille cligna des yeux en baissant légèrement la tête, elle la releva brusquement, un sourire nerveux se dessinant sur ses jolies lèvres « Je t’ai menti. » Fixant Finn plus longtemps qu’elle ne l’aurait voulu, elle passa une main dans ses longs cheveux et détourna le regard vraiment mal à l’aise « Si tu pouvais garder ça pour toi. Je n’ai pas envie de devenir la cible préférée du football club et de leurs copines. Je persiste : je veux rester discrète. Être une lycéenne comme les autres et pas... la fille de la pub. »

En prononçant ces paroles, Ecaterina se rendit compte à quel point elle pouvait paraître stupide et la gêne qu’elle ressentait à ce moment s’intensifia. Ordinairement, Cat se cantonnait à un certain état d’esprit - rester impassible quel que soit la situation mais là, elle devait admettre que paraître dure comme de la pierre était chose compliquée… et c’était un fait : Finn l’empêchait de faire la forte tête, c’était évident. Ce masque de la jeune fille arrogante et blasée qu’elle portait sans arrêts venait de tomber laissant la douceur et la fragilité s’installer, elle n’aimait pas ça. Soupirant suite à son discours, la jeune fille pencha alors la tête et serra ses livres contre sa poitrine comme pour se rassurer et prononça rapidement :

« Je crois que je devrais y aller, Finn. » Avançant d’un pas hésitant vers la sortie, elle attrapa la poignée de la porte mais ne l’ouvrit pas et ne franchit pas le seuil de la porte. Elle ne forcerait pas Finn à respecter ce qu’elle lui avait demandé et elle ne mit longtemps à le lui dire. Aussi, elle se retourna « Je ne t’oblige pas à préserver mon… mmh, mon secret ? » Fronçant le nez à l’évocation de ce mot, la blondinette esquissa un bref sourire et baissa furtivement la tête, reprenant « Mais ça m’aiderait. »

Si elle devait partir à ce moment ? Cat hésitait - parce que Finn était gentil, qu’elle l’avait aidé et que même si elle n’avait jamais voulu créer aucun lien avec personne jusqu’à maintenant, elle sentait que quelque chose naissait sans trop savoir ce que c’était cependant puis, elle se rappela que la petite amie du jeune homme était au lycée ce qui la força à penser que c‘était, sans doutes, de l‘amitié. Maintenant fermement la poignée dans sa minuscule main, elle le regarda un moment et se décida à enfin ouvrir la porte pour quitter les lieux.

« Je vois pas pourquoi ça pourrait poser problème» répondit-il rapidement à sa première inquiétude. Il était vrai que le Glee club avait essuyé pas mal de problèmes depuis sa création. L'entrée même dans celui-ci de Finn était un pur hasard... Ou plutôt le résultat d'un chantage partiellement cruel de Will Schuester qui avait trouvé de la drogue dans son casier -comment? Encore aujourd'hui il lui arrivait de se le demander. Peut-être une blague d'autre joueur... Puck avait par le passé affirmé qu'il n'y était pour rien. Mais aujourd'hui, il lui arrivait d'en douter avec tout ce que son ancien meilleur ami lui avait fait. Mais ce qui est fait est fait... Et le quarterback avait déjà assez de haine envers Puck pour en accumuler d'avantage.

A sa seconde inquiétude, Finn ne put s'empêcher de rire discrètement. Son air un peu idiot, lors de sa réflexion la rendait encore plus belle qu'en temps ordinaire -ce qui était peu dire- . Au final, il préférait ne pas lui dire ce que pourrait faire les footballeurs à une fille qui oserait suivre la carrière d'un des Glee club (après tout... C'était pour le moment la seule personne qui voulait en entendre parler, inutile de la faire déjà fuir!). Au final, le sportif s'approchait des lavabos, impeccablement lavée. La propreté des lieux lui fit rapidement comprendre qu'il se trouvait dans les toilettes des filles. Déglutissant avec difficulté, sans savoir comment se dérober de cette sale -et priant les Dieux juifs de sa chérie pour que personne ne rentre (et surtout pas elle!) - il se tournait une nouvelle fois vers Ecaterina. La jeune fille était bien silencieuse et Finn ne voulait pas la déranger. L'envie pourtant de quitter la pièce se faisait oppressante et alors qu'il ouvrait la bouche pour lui demander s'ils pouvaient changer de lieu, elle se tournait déjà vers lui, sa douce voix résonnait un peu dans cette pièce dénuée de meuble.

Hochant simplement la tête dans un signe affirmatif à sa question, la jeune fille avouer avoir menti. Le quarterback fronçait les sourcils, dans une attitude d'incompréhension. Il ne voyait pas pourquoi elle pouvait vouloir passer incognito, alors que lui faisait tout pour retrouver sa popularité. Pendant un bref instant, il s'était dit que sortir avec un mannequin aurait rapidement remonté sa popularité. Les quolibets sur sa prétendue homosexualité aurait prit fin et il serait de nouveau sous le feu des projecteurs. Mais cette idée n'était que purement irréaliste. Il aimait Rachel, tandis qu'Ecaterina lui avait fait comprendre ne pas aimer les types dans son genre.

Les mains fourrées dans ses poches, alors qu'il se trouvait au centre de la pièce, il la voyait rejoindre la porte d'entrée, alors qu'elle lui expliquait la raison de sa volonté de garder l'anonymat. Voilà qu'à présent, elle voulait partir. Fuir. Pourquoi? Sa présence la gênait-elle? Elle ne l'obligeait peut-être pas à garder son secret, mais celui de Finn était bien plus dur à cacher. Il avait du mal à rester loin d'elle . Maintenant qu'il l'avait trouvé, maintenant qu'il savait à quoi elle ressemblait réellement, qu'il savait qu'ils avaient plus de points en commun qu'il ne l'aurait imaginé. Alors, sans vraiment y réfléchir, alors qu'elle ouvrait la porte, le jeune homme commençait à chanter. Sa voix était juste, alors qu'il restait au milieu de la pièce, l'air un peu abruti.

I see you girl walking over here Can't look away I see you left a trail of broken hearts On your way to me I've tried to not let it show But I know that you know, yeah

Il ne chantait pas seulement pour prouver son talent. Quelque part, la chanson qu'il avait choisi sur un coup de tête, en une fraction de seconde était son état d'âme actuel. Alors qu'il prononçait sa dernière phrase du couplet, il s'approchait de manière lente, finissant son trajet dans le dos de la jeune fille, sa bouche à la hauteur de ses oreilles. C'était tellement vrai. Il savait qu'elle comprenait son attirance pour elle. N'avait-elle pas tenté de lui faire comprendre qu'entre eux, rien ne serait possible?

Par la suite, Finn laissait sa main frôler le bras de la belle blonde alors qu'il le faisait descendre sur la poignée de la porte qu'il ouvrit, à l'aide de la main tellement plus petite de la belle. Lorsque la porte fut ouverte, il attira la belle hors de la pièce qui l'avait dans un premier temps rendu si mal à l'aise. Il reprit alors, avec un peu plus de tact et de conviction, sur le refrain de la chanson. Le sourire aux lèvres, il la regardait, tournant parfois autour d'elle, une main sur le ventre, alors qu'il reprenait sa respiration par bref instant.

You break me down Every time you make a move Without a sound Girl, you make me come unglued And I don't know what you did to me And I don't care what you got to say Cause no matter what you do I can't stay away from you

Il continuait de chanter, se frayant comme il pouvait un chemin dans la cohue des élèves sortant de cours, se rendant à leur casier pour échanger quelques livres et se diriger vers la salle suivante. Posant sa main sur son propre coeur sur les paroles «I'm ready to confess, that you take my heart » du second couplet, il emmenait la jeune fille à l'auditorium sans s'en rendre compte. Ses pas le menaient sans qu'il ne réfléchisse à l'endroit. Une fois dans l'immense salle , il reprenait déjà le refrain, tout sourire. Prenant la main de la belle, il monta avec elle sur scène, avant de prendre place derrière la batterie dans le coin gauche. Percutant les ustensiles avec ses baguettes, il continuait à chanter, plissant les yeux lorsqu'il forçait sur sa voix pour des notes un peu plus basse. Oh, uh-oh, oh, uh-oh .

La chanson se terminait, alors qu'il reposait les baguettes à côtés de la batterie. Lorsqu'il fut en face de la belle, il prononça les dernières paroles: « I can't stay away from you». La respiration saccadé, Finn ne prononçait pas un mot. Son torse se soulevait au rythme de sa respiration, alors qu'il regardait la belle blonde dans les yeux. Sans doute avait-elle compris le sens des paroles. Le sens caché. Il ne savait pas où tout cela la mènerait. Il aimait Rachel, vraiment. Mais il se sentait déjà bien attiré par Cat'.
©Kriss Allen : Can't stay away

Sa vaine tentative de fuir de cet endroit se retrouva compromise quand d’un coup, la voix juste de Finn résonna dans la pièce. Sur le coup, Cat ne su trop comment réagir; faire comme si de rien n’était puis partir sans un regard ou… rester ? Elle choisit de rester. Tout simplement parce que Finn s’approchait dangereusement d’elle et qu’elle ne pu se résoudre à l’ignorer; elle était faible, certes mais ce n’était qu’une humaine après tout. Bien sûr qu’elle avait senti une certaine tension entre eux, elle n’était pas aveugle au point de nier l’évidence mais, elle était consciente que ça ne venait pas forcément d’elle… et les paroles que Finn lui murmurait à l’oreille la conforta dans son opinion : il ressentait quelque chose pour elle. C’était fou, ils se connaissaient à peine ! L’instabilité sentimentale des garçons… c’était une chose que Cat ne savait pas gérer. Dorian avait eu des tas de petites amies, les avait trompées, en avait changé comme de chemise et cela la dépassait la plupart du temps toutefois, ce n‘était pas ses affaires et à part le sommer de s‘acheter une bonne conduite, elle ne pouvait rien faire- elle estimait ne pas avoir assez d‘expérience dans ce domaine mais Dorian était son frère, elle lisait en lui comme dans un livre ouvert. En revanche, Cat ne connaissait pas Finn. Elle ne savait pas s‘il avait eu des tas de petites amies aussi en ce moment, il en avait une et c’est-ce qui la dérangeait dans sa façon très entreprenante de la regarder et de s’adresser à elle. Était-il du genre infidèle ? Cat n'en savait rien et elle ne voulait pas être la fille qui l'obligerait à faire des erreurs. Elle n'était pas ce genre de filles... de plus, il donnait l'impression de tenir à sa petite amie (ou elle avait mal interprété ce silence après lui avoir posé la fatidique question de si elle était, elle aussi, au lycée ?) alors pourquoi il s’entêtait à vouloir lui faire comprendre qu’il ne pouvait pas se résoudre à rester loin d’elle ? Qu'attendait-il d'elle, au juste ? Elle avouait avoir du mal à saisir les motivations de Finn mais dans la spontanéité du moment, elle le laissa continuer alors que son souffle lui frôla la nuque, elle s’apprêta à se retourner pour lui prier de garder ses distances mais son imposante main se referma sur la sienne et ouvrant la porte à l’unisson, ils se retrouvèrent dans le couloir; elle craignait que la situation ne devienne encore plus embarrassante qu’elle ne l’était déjà.

A McKinley High, Cat ne savait pas si les étudiants avaient l’habitude d’assister à ce genre de scènes surréalistes tout droit sortie d’une mauvaise comédie musicale ou, le footballeur transit d’amour pour la belle blonde de l’histoire traversait les couloirs en poussant la chansonnette perdant ainsi toute crédibilité aux yeux des autres… ça devenait ridicule et Cat sentit son cœur s’emballer plusieurs fois sans qu’elle ne sache vraiment si c’était le fait qu’elle craigne que les autres remarquent ce qu’il se passait ou si la voix de Finn lui faisait de l’effet. Quoi que c’était évident mais elle refusait de ne serait-ce le penser, c’était interdit. Le refrain de la chanson la fit tilter et quand Finn tourna autour d’elle décidément très investi, elle le regarda un long moment, les sourcils froncés : elle n’avait jamais voulu ça ! Elle avait juste voulu lui faire comprendre qu’il fallait qu’il la ferme sur ce qu’il savait à son sujet et là, la situation paraissait sans issue. C’était peine perdue, il s’était attaché à elle en à peine une petite heure et elle, qu’est-ce qu’elle ressentait ? De son côté, elle pouvait aisément rester loin de lui et encore plus maintenant qu’elle était au courant de ses états d’âmes… ou pas, elle n’en savait rien et perdu face à tout ça, elle passa fébrilement une main dans ses cheveux, son regard azur vacillant d’un endroit à un autre et décidée à fuir ce dilemme qui commençait à s’imposer à elle, elle prit de l’avance sur Finn et le dépassa, le poussant avec sa petite main au passage, affichant une expression de profond agacement en le contournant. Aussi, lui ne semblait pas pressé que cela se termine et surprise par la chaleur des doigts du jeune chanteur qui se refermaient une nouvelle fois sur les siens minuscules, elle fut entraînée contre son grès mais cette fois-ci, elle ne pu s’empêcher d’esquisser un bref sourire.

Outre le fait que Cat trouvait la tentative de Finn de la rallier du côté obscure de la force vraiment sournoise, elle devait avouer qu’il était plutôt doué -ce n’était pas pour rien qu’il était membre du glee club, pensa-t-elle et quand ils entrèrent dans l’auditorium désert, la jeune fille se rendit compte que pour elle, c’était terminé. Elle ne pouvait plus faire marche arrière; elle avait écouté Finn lui chanter son attirance pour elle et elle l’avait suivit - embarrassée et troublée. Qui ne l‘aurait pas été dans son cas ? Maintenant, elle se sentait piégée. Elle avait toujours mis un point d’honneur à ne pas se lier d’amitié avec les autres, à se confier à des personnes qu’elle ne connaissait pas par crainte d’être jugée… mais avec Finn, c’était différent ! Elle souriait parfois, sans vraiment le vouloir juste à cause de la façon dont Finn faisait les choses - et sa voix, elle aimait sa voix - elle se laissait porter parce que ça ne serait que faire du tord au jeune homme que de refuser d‘entrer dans ce jeu qu‘elle jugeait assez… malsain. En fait, elle avait du mal à analyser les faits et quand le jeune homme monta sur la scène de l’auditorium, elle ne n’avait pas d’autre choix que de le suivre ses doigts entremêlés aux siens. Cat était montée sur des scènes à plusieurs reprises mais là, elle était impressionnée par les lieux et quand Finn lui lâcha la main pour rejoindre la batterie dans le coin de la scène, elle ne réagit pas sur le coup soudain émerveillée par celle salle qu‘elle ne connaissait pas; la scène était quelque chose qui l’effrayait beaucoup. Elle se produisait dans des bars et des scènes ouvertes parce que Dorian et elle avait passé un marché et qu’ils avaient besoin d’argent pour continuer à vivre décemment mais elle ne parvenait pas à être naturelle, à se lâcher comme Finn - d’ailleurs, elle l’enviait pour être aussi courageux. Souvent, il lui arrivait de penser qu’elle n’était qu’une égoïste parce qu’elle était entièrement consciente du fait que si elle reprenait le mannequinat, ils parviendraient à vivre plus facilement, sans se priver de certaines choses toutefois, c’était au dessus de ses forces : elle fuyait les appareils photos et les caméras comme elle fuyait les autres, comme elle fuyait son passé, comme elle aurait aimé pouvoir se fuir elle-même parfois… fuir, toujours, tout le temps. C’était sans doute un peu lâche et trop facile aussi elle admettait qu’elle était peut-être ce genre de personne, après tout… cherchant la facilité pour ne pas souffrir, elle estimait que ce n’était pas un crime même si elle le regrettait souvent. Enfin. Le son de la batterie lui venant aux oreilles, elle se ressaisit et tourna son joli visage vers Finn qui en avait déjà fini avec l’instrument puis il s’approcha à nouveau d’elle. La chanson se terminait et par pur réflexe, Cat fit un pas en arrière quand un peu trop près Finn laissa son regard se perdre dans le sien; sa voix s’amenuisa laissant un silence gênant s’installer entre les deux adolescents. La respiration du jeune homme se faisait rapide, bruyante et Cat fut surprit de constater que c’était de même pour elle alors qu’elle n’avait fait que le suivre au fil de la chanson, sans jamais ouvrir la bouche. Ses yeux scrutèrent le visage du quarterback et ouvrant légèrement la bouche pour répondre quelque chose, aucun son ne se fit entendre. De toute façon, qu’elle aurait-elle pu lui dire ? Lui dire qu’il était doué ? Lui dire qu’il n’avait pas le droit de lui faire du rentre dedans comme ça ? Cat était bien trop embarrassée pour oser l’interpeller, le remercier ou elle ne savait quoi. Tout deux ne baissèrent pas les yeux pendant un long moment. L’ambiance feutrée de l’auditorium faisait monter la tension palpable entre eux et Cat décida qu’il était temps de détourner au moins la tête pour ne pas à avoir à affronter davantage Finn dont la respiration commençait à se calmer. La jeune fille posa ses petits doigts sur ses propres tempes et baissa la tête, ses cheveux encore humides lui frôlant le visage. Alors, toujours à court de paroles, Cat se résigna; elle lança un dernier regard plutôt insistant à l‘adolescent en face d‘elle, se retourna avec une certaine hésitation et se dirigea d’un pas chancelant vers les escaliers qui lui permettait de descendre de scène - ce qu’elle fit… pleine de regrets.