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 02. I will survive

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Bryan Ryan
Bryan Ryan
Age : 34 ans
Occupation : Directeur des Awesome Voices
Humeur : Conquérante
Statut : Célibataire
Etoiles : 6185

Piece of Me
Chanson préférée du moment : Cee Lo - Forget You
Glee club favori : Awesome Voices
Vos relations:
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MessageSujet: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyMar 31 Jan - 16:20

♫ First I was afraid
I was petrified
Kept thinking I could never live
without you by my side
But I spent so many nights
thinking how you did me wrong
I grew strong
I learned how to carry on
and so you're back ♫


Sur la scène du cabaret, Bryan susurrait ces quelques paroles qu'il connaissait bien, un spot de lumière agressif l'encerclant, tandis que l'obscurité avait gagné le reste de son entourage.La voix légèrement plus aiguë que d'habitude, les paroles du titre légendaire de Glorya Gaynor s’étouffaient dans la fumée des cigarettes de la salle. Une salle comble comme d'habitude; comme n'importe quel samedi soir.
A Lima, on aimait accueillir des vedettes de talent une fois par semaine pour qu'elles foulent la scène de ce qui se prétendait être le plus ancestral et traditionnel des cabarets de la région. Étoiles montantes et gloires passées se succédaient devant les masses déjà conquises par un spectacle qui s'annonçait à chaque fois de qualité.
Bryan lui faisait partie de la catégorie des gloires passées, celle où se regroupent les anciens du monde des strass, des paillettes, les nostalgiques aussi. Surtout en fait.

Vêtu d'une longue robe bleue à paillettes, il avait également enfilé ses bottes de plus de 8 cm de talons. Son crâne d'ordinaire recouvert d'un pelage châtain hérissé avait laissé place à une chevelure de rêve blonde aux accents roux, lisse sur le dessus et bouclée vers le bas. Sur son visage, plus de maquillage qu'il n'en fallait, emprunté aux sept couleurs de l'arc en ciel : du bleu sur les paupières, de l'indigo sous les yeux, de l'orange sur les lèvres et du rouge sur les joues, ces dernières étant néanmoins à demi cachées derrière une paire de boucles d'oreilles dont on ne savait pas si elle se distinguait pas son volume ou par sa brillance.

♫ And so you're back
from outer space
I just walked in to find you here
with that sad look upon your face
I should have changed my stupid lock
I should have made you leave your key
If I had known for just one second
you'd be back to bother me ♫


La lumière gagna toute la salle, au moment où le rythme de la musique commença à s’accélérer. Dans le public, on se mit à applaudir et à de lever de son siège.
Bryan n'était plus Bryan ce soir. Il était Félicia, comme il l'avait été quasiment chaque soir de la semaine pendant une année de sa vie. Et comme il se plaisait à le redevenir parfois, lors des coups de blues.
Il y a trois semaines, il avait été reconnu par le gérant du cabaret de Lima, après tout on n'oublie pas une star du New York gay en si peu de temps. Ce dernier lui avait proposé de venir faire le show une fois par mois, le samedi soir, car il savait qu'il y avait dans la région de nombreux fans de Priscilla reine du désert qui auraient apprécié voir en vrai le fameux Bryan Ryan.
D'abord hésitant, le directeur des Awesome Voices avait finalement sauté sur l'occasion. C'était pour lui un moyen de renouer avec la scène, et de revivre quelques instants de gloire. En fait, ses seules réserves concernaient sa crainte de plonger dans une dépression nostalgique qui le reconduirait à fuir Lima de nouveau. L'année 2013 à New York avait été la meilleure de sa vie, il avait peur qu'en s'y plongeant d'un peu trop près, il ne finisse par se renoyer dans ses rêves.

♫ Go on now go walk out the door
just turn around now
'cause you're not welcome anymore
weren't you the one who tried to hurt me with goodbye
you think I'd crumble
you think I'd lay down and die
Oh no, not I
I will survive
as long as i know how to love
I know I will stay alive
I've got all my life to live
I've got all my love to give
and I'll survive
I will survive ♫


Ce soir, il était particulièrement déchaîné. Cela lui avait demandé beaucoup de travail d'adopter une gestuelle féminine, des manières, des mimiques. Mais à le voir aujourd'hui, n'importe qui pouvait se rendre compte que la mission avait été accomplie avec brio. Pour quiconque connaissant le véritable Bryan Ryan, c'était un véritable choc que de le voir ainsi. Même pour lui, les premiers mois avaient été difficiles. Lui qui s'était toujours moqué des travestis et de leurs spectacles rarement réussis, avait rencontré toutes les difficultés du monde à faire la folle sur scène.

♫ Go on now go walk out the door
just turn around now
'cause you're not welcome anymore
weren't you the one who tried to hurt me with goodbye
you think I'd crumble
you think I'd lay down and die
Oh no, not I
I will survive
as long as i know how to love
I know I will stay alive
I've got all my life to live
I've got all my love to give
and I'll survive
I will survive ♫


Enchainant les déhanchés, les poses trop efféminées pour être authentiques et les signes de main à une salle déchaînée, Bryan se sentait revivre. Il oubliait complètement son costume ridicule, ses petits tracas du moment et les Awesome Voices. Là, il était revenu deux ans en arrière.
Il aurait pu chanter pendant des heures, faire le show toute la nuit. Mais pourtant, alors même qu'il s'apprêtait à se lancer dans une troisième version encore plus endiablée du refrain, il se stoppa net. Encore entraîné dans un mouvement de bras vers l'arrière, son corps se figea, de même que l'expression de son visage.
Son regard venait de croiser une spectatrice particulièrement différente des autres.
Les musiciens s'arrêtèrent également de jouer, un long silence envahit la salle, jusqu'à ce que des murmures interrogatifs n'émergent peu à peu.

L'effroi se lisait dans les yeux de Bryan, qui ne pouvait se détacher de cette spectatrice incommodante. Dans sa tête, il pria le ciel pour qu'elle ne l'ait pas reconnut. Il pria le ciel pour qu'Emma Pillsbury s'en aille, et oublie à jamais la scène à laquelle elle venait d'assister.
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyMer 8 Fév - 22:22

Emma ne savait pas mentir, elle n’en avait jamais été capable. A chaque fois qu’elle s’écartait un tant soit peu de la vérité, elle avait l’impression que le mot « menteuse » était inscrit en lettres capitales sur son front. Ses mains devenaient moites, ses joues rougissaient, quant à ses yeux, ils envoyaient de véritables messages de détresse. Non, elle ne savait pas mentir et le savait mieux que quiconque. Ainsi, lorsque Will lui demanda ce qu’elle avait prévu de faire ce soir-là en la voyant récupérer son manteau, sa réponse était toute prête, n’attendant que la question pour être formulée. Elle esquissa un sourire innocent et leva ses yeux bruns vers lui. « Je dois voir une ancienne connaissance. Je ne rentrerai pas tard, c’est promis » Répondit-elle avec simplicité. Elle se hissa sur la pointe de ses pieds, déposa un baiser sur la joue de son fiancé, et avant même qu’il n’ait le temps de poser plus de questions -ou qu’Emily ne l’attrape au détour d’un couloir- elle se dirigea vers l’entrée d’un pas qui trahissait légèrement son empressement. Néanmoins, elle atteignit la porte sans encombre majeure et poussa un soupir de soulagement une fois celle-ci refermée derrière elle.

Elle n’avait pas menti, elle avait simplement évité de donner certaines informations : l’identité de ladite connaissance, par exemple, voire l’endroit même de la rencontre. La conseillère d’orientation jeta un coup d’œil perplexe à la porte de son appartement, puis tourna les talons et s’aventura dans les couloirs de l’immeuble. Sourcils froncés, il ne lui fallut que quelques minutes supplémentaires pour le quitter et retrouver sa voiture, sagement garée dans la rue.

Installée derrière le volant, elle fixa le réverbère faiblement éclairé planté devant la voiture. Elle avait passé une bonne partie de la journée à peser le pour et le contre avant d’opter pour la solution positive, et pourtant, maintenant qu’elle était seule dans cette voiture, elle doutait de nouveau de sa décision. Bien sûr, l’idée de le revoir était tentante : après toutes ces années, elle se posait des questions, se demandait s’il avait vraiment changé comme tout le monde s’accordait à le dire à Lima. C’était avant tout cette pointe de curiosité qui l’avait poussée à se décider. Au fond, elle était certaine qu’il serait toujours le même : talentueux, sarcastique, déterminé. Comme le dirait probablement le principal intéressé : « on ne change pas une équipe qui gagne ». Cependant, elle ne pouvait se résoudre à rater cette occasion de le revoir. Il n’avait peut-être jamais été un grand ami, et Dieu savait que de nombreux conflits les avaient séparés par le passé. Pourtant, cela n’enlevait en rien à la sympathie qu’elle ressentait toujours à son égard, et ce même après cinq années d’absence.

Tout avait commencé avec cette lettre qu’elle avait retrouvée soigneusement pliée dans l’un des dossiers que comportait son bureau de conseillère d'orientation, à McKinley High. Elle avait passé la matinée le nez dans ses papiers, occupée à faire le tri et à se débarrasser du surplus qui encombrait inutilement son bureau. Imaginez un peu sa surprise quand elle était tombée sur cette lettre, recouverte de l’écriture en pattes de mouches du principal Figgins. Au début, lorsqu’elle avait posé son regard sur celle-ci, elle ne l’avait pas reconnue. Elle s’était contentée de froncer le nez en voyant à quel point le papier était chiffonné : elle qui aimait voir ses dossiers impeccables, aux feuilles lisses et sans le moindre pli, avait été passablement agacée devant le peu de respect que l’on avait accordé à cette dernière. Et puis, petit à petit, en découvrant les mots couchés sur le papier, elle s’était souvenue. Surprise, elle avait plissé les yeux et lu avec attention.

Elle avait l’impression que cela faisait une éternité, et pourtant cinq années et quelques mois seulement s’étaient écoulés depuis la fameuse scène. A l’époque, le lycée était divisé par les deux chorales qui se rappelaient mutuellement leur rivalité dès que l’occasion se présentait. L’air était si chargé d’électricité dans l’enceinte de l’établissement qu’Emma avait décidé de prendre les choses en main en allant voir Figgins et en le menaçant de quitter le lycée si l’on ne trouvait pas un moyen d’arranger les choses. L’idée de réunir les New Directions et les Awesome Voices par le biais d’une flashmob lui était alors venue, et avec l’accord de Figgins, ils étaient parvenus à cet accord. Il avait ensuite écrit un mot à l’adresse des deux directeurs de chorale, et le tour était joué. Les choses auraient pu se dérouler sans encombre, et pourtant si ce papier était aujourd’hui froissé, il y avait bel et bien une raison. Furieux d’apprendre que sa chorale devrait fraterniser avec l’ennemi, Bryan Ryan avait débarqué en furie dans son bureau afin d’exprimer son mécontentement. Ce jour-là, le bureau d’Emma avait vibré sous les agitations du beau trentenaire et autant dire qu’il ne s’était pas gêné pour lui dire ses quatre vérités. Depuis, les choses avaient relativement évoluées. Un scandale avait de nouveau ébranlé le début d’amitié qui les liait, et puis les New Directions avaient remporté la compétition face aux Awesome Voices. Au lieu de poursuivre les hostilités, Bryan Ryan était parti tenter sa chance à Broadway, loin de Lima et de son petit lycée qui avait été synonyme d’échec pour lui. Néanmoins, Bryan avait semble-t-il signé son grand retour quelques semaines auparavant, et la chorale des Awesome Voices avait revu le jour.

C’était un peu par hasard qu’Emma appris que Bryan devait faire une performance au cabaret ce soir-là : un professeur en avait parlé dans la cafétéria, et bien qu’elle ne soit pas du genre à prêter une oreille attentive à ce qui se disait, le nom qu’il avait prononcé avait bien vite attiré l’attention de la jeune femme, encore toute secouée après sa découverte matinale. Au début, la mention du cabaret l’avait surprise : elle se serait davantage attendue à ce qu’il passe la soirée au bar karaoké. Elle s’était cependant renseignée sur le site officiel de Lima et l’information avait été confirmée. Elle avait noté dans un coin de sa tête l’heure de la performance et s’était ensuite arrangée pour pouvoir y assister.

Secouant soudainement la tête pour chasser les souvenirs qui refaisaient surface, Emma cligna des yeux un instant puis se décida enfin à prendre la route. Le trajet ne fut pas bien long jusque le cabaret, et avant même que la nervosité ne parvienne à s’effacer de ses traits, elle était déjà sur le parking, prête à se garer. Après avoir rassemblé tout son courage, elle quitta la voiture et se dirigea vers le bâtiment qu’elle ne connaissait pas. A la porte, le vigile la dévisagea un instant mais lui accorda néanmoins très rapidement l’entrée. Réaffirmant légèrement l’étreinte de son manteau autour de sa taille, elle leva un sourcil en découvrant les lieux, et toussa même légèrement quand la fumée lui chatouilla les narines. Elle ne s’attarda pourtant pas beaucoup sur les décors : une voix qui lui était plus que familière lui parvint aux oreilles et intriguée, elle se tourna vers la scène.

Au moment où son regard croisa la silhouette de Bryan, méconnaissable dans son costume de scène, elle plaqua une main devant sa bouche pour retenir un petit cri de surprise. Ses yeux s’ouvrirent comme des billes, et si elle ne connaissait pas si bien les yeux bleus du directeur des Awesome Voices, elle ne l’aurait probablement jamais reconnu. Vêtu d’une longue robe à paillette d’un bleu nuit, il portait également des bottes qui n’avaient rien de très viril. Ses cheveux qui, dans son souvenir, étaient coupés courts étaient ici recouverts d’une longue perruque blonde des plus féminines. Mais le plus surprenant ne concernait même pas le costume. Non, ce qui choqua le plus Emma fut son attitude. Plus efféminé que jamais, il se dandinait inlassablement dans tous les sens, adoptant des positions étonnantes, et enchainant les déhanchés. Pour la conseillère d’orientation, c’était un véritable choc ; à tel point qu’elle ne put s’en empêcher plus longtemps et poussa un hoquet de surprise. Son regard s’arrêta sur les boucles d’oreilles que portait Bryan et elle posa une main sur sa poitrine. La métamorphose de l’homme qu’elle avait connu il y avait des années n’était pas seulement surprenante : elle était carrément incroyable.

Quand Bryan posa son regard sur elle et la reconnut, il se figea au beau milieu de la scène. Les yeux rivés sur elle, elle semblait être la dernière personne qu’il s’attendait à reconnaitre parmi son public. Pourtant, s’il était surpris, ce n’était rien comparé à ce qu’Emma ressentait. Sous le choc de cette vision complètement ahurissante, elle avait encore du mal à se convaincre qu’elle n’était pas en train de rêver et que tout ceci était bien réel. Après quelques secondes de flottement cependant, lorsque la voix de Bryan s’était depuis longtemps éteinte derrière le micro, elle fit quelques pas lents dans sa direction, se frayant un chemin parmi les tables occupées pour s’approcher de la scène. A deux mètres environ de celle-ci, elle s’immobilisa. Elle étudia de nouveau les traits de son visage, pour se convaincre qu’il s’agissait bien de la personne qu’elle était venue voir. Lorsqu’elle en fut persuadée, elle patienta quelques secondes, certaine qu’il reprendrait sa performance. Elle aurait aimé s’entretenir avec lui, même si elle n’était pas certaine de pouvoir s’habituer à ce nouveau look qui soulevait d’autre part de nombreuses questions. Mais il était occupé sur scène et elle ne pouvait pas l’interrompre au milieu de sa performance. Bien décidée à ne pas quitter cette salle sans avoir eu une discussion avec lui, elle resta plantée là devant la scène, ses grands yeux bruns rivés sur lui. De toute évidence, cette image resterait à jamais gravée dans son esprit.
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Bryan Ryan
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyMar 14 Fév - 16:34

A présent, seul le souffle de la respiration de Bryan contre le micro pendant à sa bouche se faisait entendre. Une sensation désagréable l'envahit : son costume commença à l'oppresser et le contact entre les différentes matières travaillée et sa peau lui déplaisait. Quelques gouttes perlèrent sur le coin de son front, tandis que tout son corps ruisselait de sueur, une sueur froide qui laissait bien deviner la honte suprême qu'il pouvait ressentir à cet instant.
Sa perruque lui grattait le front, il sentait que son maquillage commençait à couler. Mais pourtant, en dépit de tout, il restait immobile, bloqué dans sa position peu confortable, mais de laquelle il n'osait pas s'échapper. La seule chose qu'il souhaitait, là, maintenant, c'était disparaître mille lieux sous terre.

Mais que faisait donc Emma Pillsbury dans ce cabaret du centre ville de lima un samedi soir? C'était certainement la rencontre la plus saugrenue qu'il avait vécue jusqu'ici dans toute sa vie, à égalité avec son blind date empoisonné où il s'était rendu compte que sa "princesse d'une nuit ou pour la vie" n'était autre qu'Hallie Halloway.
La dernière fois qu'il avait croisé la jeune femme, c'était cinq ans auparavant au lycée McKinley où cette dernière officiait encore comme conseillère d'orientation. Avec Bryan, les relations s'étaient tendues, encore à cause de cette fameuse histoire de guerres de chorales. Néanmoins ils étaient restés en bon termes, même si à partir de la défaite des Awesome Voices ils n'avaient pas gardé contact.

Bizarrement, Bryan ne savait pas vraiment ce que représentait Emma pour lui. Il n'avait pas cherché à maintenir ses relations avec elle une fois parti de Lima, ce qui pouvait laisser penser qu'il n'avait que peu d'affection pour elle. Pourtant, il avait toujours beaucoup apprécié la jeune femme, et se sentait particulièrement à l'aise à ses côtés. Il se disait parfois que si leurs trajectoires n'avaient pas été si différentes, ils auraient peut-être pu devenir amis.

Dans l'incapacité totale de réfléchir, le directeur des Awesome Voices se résolut néanmoins à finalement bouger, au bout d'une dizaine de secondes qui sembla une éternité. Il fallait absolument garder la face, faire comme si de rien n'était. Mais Emma compliquait la tâche; elle s'avançait désormais sur la scène, un air presque horrifié plaqué sur le visage. Elle l'avait reconnu.

Que voulait-elle? Allait-elle le répéter à Will? Avait-elle pris des photos? Les questions viendraient plus tard. Elles devaient venir plus tard, car si Bryan commençait déjà à se torturer d'interrogations, il ne parviendrait pas à s'en sortir. Au fond, tout au fond de lui, il espérait ne pas avoir été démasqué. Même si la probabilité d'un tel miracle était quasi nul, il ne pouvait s'empêcher de se raccrocher à ce dernier espoir infime.
Aussi, d'un coup d'un seul, il se redressa, et en un instant, son visage changea du tout au tout, effaçant la panique et l'effroi au profit d'un magnifique sourire exagéré.

" Ohh mais je vois que nous avons une invitée qui n'a pas su résister à l'appel de la scène hihihi. Eh bien comme le dis le fameux dicton, plus on est de folles, plus on rit! ROCK IT BABY!" s'écria t-il à l'adresse des musiciens pour qu'ils reprennent leur morceau.

Aussitôt, la musique ré-embauma l'atmosphère lourde du cabaret. Le public, réactif, se remit à crier et à danser, alors que le refrain de "I will survive" se répéta. Mais s'il avait su sauver les meubles avec son auditoire, rien n'était gagné avec Emma Pillsbury, qui se retrouvait désormais être sa partenaire de scène. De si près, elle ne pouvait que le reconnaître, même derrière tous les artifices . Bryan devait absolument trouver un moyen de se dissimuler la figure.
Tout en invitant le public à taper dans ses mains, il regarda autour de lui afin de trouver une solution à son problème. En désespoir de cause, et face à l'urgence de la situation, il finit par se ruer vers un énorme pot de peinture qui devait certainement être utilisé pour faire des travaux, et saisit l'énorme pinceau qui y était plongé. D'un geste aussi brusque que déterminé, il se barbouilla la face toute entière, se teintant ainsi le visage d'une couleur rose bonbon. Il avait définitivement l'air d'un clown.

Par la plus grande des chances, le public était également réceptif à ce genre de fantaisies, et au lieu de se consterner face à tant de pitrerie, il se déchaîna davantage, frappant les poings sur la tables et les pieds sur le sol pour faire un maximum de bruit. Soulagé de l'intérieur, Bryan reprit sa respiration. Il se sentait sauvé, sauf qu'il était maintenant lancé dans un jeu sans retour en arrière.

"OH YEAH COME ON I WILL SURVIVE!!!" beugla t-il dans le micro, tandis que la foule en délire scandait des "Félicia! Félicia!"

Replongeant le pinceau dans le pot afin de l'imbiber du liquide rosâtre, il le ressortit à nouveau avec violence, de telle sorte que l'auditoire soit éclaboussé.
Ainsi, il se mit à gambader sur la scène, le seau de peinture sous le coude, comme un shaman qui purifierait les lieux.
A ses côtés, se trouvait toujours Emma à qui il jetait régulièrement des regards. C'était cruel, mais maintenant que la salle entière était repeinte en rose, il ne pouvait pas épargner son ancienne connaissance.
En fait, ce n'était pas qu'il ne pouvait pas. C'est qu'il ne le voulait pas.

Étrangement, une fois la surprise passée, c'était un peu de colère qui avait envahi Bryan. Car il en voulait énormément à la jeune femme de s'être montrée au mauvais endroit, au mauvais moment, et de l'avoir de ce fait démasqué. Alors dépit de ne pas pouvoir revenir en arrière, il y avait au moins une chose qu'il pouvait faire dans son apparat de Félicia : laisser parler son amertume sans le montrer.

Aussi, et avec l'espoir qu'Emma n'ait peu changé en cinq ans, il se plaça juste devant cette dernière, un sourire rayonnant au coin de ses lèvres. A cet instant il n'était plus dans son rôle, car au fond de son regard, ce n'était plus la grosse follasse, mais bel et bien Bryan que l'on pouvait distinguer. Le seau tenu entre ses deux mains, il balança alors tout son contenu vers l'avant, faisant disparaître Emma Pillsbury sous un torrent rose bonbon, qu'elle ne serait certainement pas prête d'oublier.
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyMar 14 Fév - 23:58

Légèrement mal à l’aise sous la chaleur des spots chatoyants du cabaret, Emma fixait Bryan Ryan sans pouvoir se détacher de son regard bleu qui était bien la seule chose qu’elle était capable de reconnaitre sous cette tonne d’artifices. Cela faisait cinq ans qu’elle ne l’avait pas revu, cinq ans qu’elle n’avait pas cherché à prendre des nouvelles de l’homme qui, selon les rumeurs, avait fait la une des journaux du pays. Pourtant, elle n’avait pas l’impression que toutes ces années s’étaient écoulées : c’était comme si toutes ces disputes qui les avaient opposés s’étaient déroulées la veille. Au fond, il était toujours resté dans un coin de sa tête sans qu’elle ne s’en rende seulement compte. Il était à ses yeux un vieil ami, ou une très bonne connaissance. Quelqu’un qui l’avait fait rire, mais aussi paniquer, et parfois même pleurer. Nombreuses avaient été les fois où elle avait été assaillie de doutes suite aux multiples piques lancées par son ancien collègue. En dehors de Sue, c’était certainement la personnalité la plus complexe qui lui ait été donné de rencontrer. Certes, il n’était pas aussi tyrannique que la mairesse de la ville –bien que cette tyrannie ne soit, aux yeux d’Emma, qu’une simple couverture masquant la véritable sensibilité de l’ancienne coach des Cheerios. Néanmoins, Bryan Ryan restait un mystère pour elle : il pouvait être taquin et sarcastique une minute, et la suivante lui balancer les pires atrocités en plein visage. Avec Bryan, elle n’avait jamais su sur quel pied danser.

Visiblement, lui savait. Parfaitement à l’aise sur le devant de la scène, il n’avait jamais semblé aussi enthousiaste que dans cette tenue des plus féminines… ou tout du moins, jusqu’à ce que son regard ne rencontre le sien. A cet instant précis, il s’était figé sur place, le visage tourné dans sa direction et la respiration haletante contre son micro. Les secondes s’égrainèrent alors si lentement qu’elles semblèrent être une éternité. Autour d’Emma, les gens continuaient de s’agiter debout ou assis devant les tables, bercés par la musique qui retentissait toujours en fond sonore. La scène semblait presque irréelle, et l’espace d’une nouvelle seconde, la conseillère d’orientation fut tentée de se pincer la peau pour se persuader qu’elle n’était pas plongée au cœur d’un cauchemar. Chaque élément semblait hors-propos : de la tenue extravagante de Bryan, tout en stress et paillettes, jusqu’à ces lumières criardes du cabaret qui lui abimait la rétine, ou encore la jupe sagement plissée d’Emma qui jurait avec l’atmosphère générale. Et pourtant, en dépit des doutes, deux choses lui permettaient de savoir qu’elle ne rêvait pas : la stupéfaction qui se mêlait au regard de Bryan, et la voix qu’elle avait entendue derrière le micro, une voix qu’elle reconnaitrait entre mille, et ce en dépit des accents exagérément efféminées qui le modifiait subrepticement.

De plus en plus confuse face à la situation, Emma avait ressenti le besoin de s’approcher de la scène. Elle ne comprenait pas ce qui se passait autour d’elle : pourquoi Bryan était-il là, balançant des hanches dans une robe à laquelle il aurait sûrement ri des années plus tôt ; pourquoi l’observait-il de la sorte, sans être capable de reprendre sa performance qui, il fallait l’avouer, était étonnamment brillante lorsque l’on occultait tout le reste. La conseillère d’orientation de McKinley avait rarement été aussi abasourdie de sa vie. Les questions se multipliaient dans son esprit, cherchant des réponses qui demeuraient jusqu’à présent introuvables. Où était donc passé la dignité de Bryan ? Où était l’homme qu’elle avait connu, celui qu’elle était précisément venu retrouver ce soir-là ?

Fronçant les sourcils, Emma s’arrêta finalement à quelques mètres de la scène tandis que le chanteur –ou plutôt la chanteuse- en herbe semblait avoir repris quelques couleurs. S’agitant soudainement, il rompit finalement leur échange purement visuel pour se tourner vers son public et s’exclamer avec enthousiasme qu’il avait trouvé une invitée n’ayant pas résisté à « l’appel de la scène ». Lorsqu’Emma comprit que c’était d’elle qu’il parlait en sentant les regards de la clientèle se diriger vers elle, elle fut prise d’une furieuse envie de faire demi-tour. Elle ne savait pas à quoi Bryan jouait, mais s’il y avait bien une chose dont elle était certaine, c’était bien qu’il y jouerait tout seul, et sans elle. Levant les bras devant elle en signe de défense, elle secoua la tête pour marquer sa désapprobation. Battant en retraite, elle recula d’un pas puis le dévisagea un moment, se demandant quelle mouche l’avait piqué sur les planches de Broadway. Mais le principal intéressé n’avait visiblement pas donné son dernier mot puisqu’il se retourna et jeta son dévolu sur un pot de peinture installé derrière lui. Emma ne comprit pas ses attentions ; au contraire, elle posa une main sur sa poitrine, soulagée quand elle constata que l’idée de l’accueillir sur scène s’était semble-t-il évaporée.

Malheureusement, elle n’était pas au bout de ses surprises. En effet, le directeur des Awesome Voices se retournait déjà vers sa foule, plein d’entrain qu’il était, ragaillardi par la présence de ce pot de peinture entre ses doigts si délicatement manucurés. Emma l’observa de ses grands yeux ronds alors qu’il se barbouillait littéralement le visage à l’aide de la peinture rose. Tout semblait si irréel, si chimérique. Même dans ses rêves les plus fous, elle n’aurait jamais imaginé une telle chose : cela dépassait son entendement. Et pourtant, complètement fou, Bryan se donnait beaucoup de peine à barioler ses traits d’un rose bonbon qui eut raison du peu de virilité qui devait lui rester. L’espace d’une seconde, la rouquine se demanda si ce petit bonus lui était adressé, ou s’il s’agissait là d’une spécificité propre à son numéro. Tentée d’attraper son portable au fond de sa poche pour appeler à l’aide et sauver ce pauvre Bryan du ridicule dans lequel il s’était plongé seul, elle écarta pourtant rapidement cette initiative lorsqu’il s’écria dans le micro et se tourna vers son public pour l’éclabousser. Immobile, elle était incapable d’esquisser le moindre geste, comme pétrifiée d’horreur devant la scène qui se jouait sous ses yeux. Emma Pillsbury, qui mettait toujours un point d’honneur à veiller à ce que tout reste sous contrôle, était complètement dépassée par les événements.

Pourtant, une nouvelle fois, elle n’était pas en mesure d’imaginer le pire. Ainsi, quand Bryan se retourna vers elle, le visage déformé par la démence qui semblait avoir pris le contrôle sur tout son être, elle ne réagit pas immédiatement. Au contraire, une lueur d’espoir s’anima dans ses grands yeux, comme si elle pensait pouvoir raisonner le blondinet d’un simple regard. Il n’en fut pourtant rien et quand elle vit le contenu du pot de peinture s’élancer dans sa direction, il était déjà trop tard. Comme dans une scène au ralenti, ses yeux s’agrandirent d’effroi et elle eut à peine le temps de protéger son visage de ses bras que le liquide rose se déversait sur elle, n’épargnant aucun centimètre de sa personne. Ses cheveux étaient roses, ses paupières étaient roses, son trench rouge était rose et ses chaussures, roses également.

C’était pire que tout : le slushy qu’elle avait une fois reçu par mégarde au détour d’un couloir à McKinley, l’odeur d’égouts qui inondait parfois sa rue, la poussière sous ses doigts délicats. C’était presque pire que le vomi de Kurt Hummel sur ses pieds, ou même le parfum insupportable de la fosse à purin qui l’avait traumatisée pendant de si longues années. Parce qu’elle se sentit trahie, souillée. Elle était venue dans ce cabaret avec l’envie de renouer avec une ancienne connaissance, avec le désir de prendre de ses nouvelles et de savoir ce qu’il avait fait de toutes ces années au cours desquelles ils s’étaient perdus de vue. Oui, elle avait pris son courage à deux mains et avait décidé de se rendre dans un endroit aussi sordide que le cabaret dans le seul but de le voir, lui. Et voilà comment il la remerciait : en l’aspergeant d’une peinture rose qui lui collait déjà à la peau, et dont l’arôme insupportable lui bloquait la respiration.

Son cœur tambourinait contre sa poitrine, en rythme avec la musique qui continuait de s’élever dans la salle. Pour Emma c’était pourtant le silence complet : la peinture qui dissimulait ses oreilles lui enveloppait également l’ouïe. Levant une main tremblante vers son visage, elle laissa un petit hochet de surprise lui échapper alors qu’elle balayait de ses doigts la peinture qui s’était posée sur ses paupières. Ouvrant avec difficulté les yeux, elle écarta de nouveau le liquide, cette fois avec un peu plus détermination en dépit des tremblements qui secouaient son corps. Son regard retrouva celui de Bryan et elle l’observa un moment, tentant de trouver une explication, cherchant vainement sur ce visage barbouillé un indice qui lui permettrait de comprendre. Mais elle ne voyait rien. Il n’y avait rien à voir. Tout ce qu’elle était capable de déceler était de la haine et une expression de triomphe dans un regard qu’elle ne parvenait plus à connaitre. Humiliée et au bord des larmes, la conseillère baissa les yeux en direction du sol et tourna les talons avec résignation. Elle ne remarqua pas les regards qu’on lui adressait alors qu’elle se dirigeait vers la sortie, ne remarqua pas non plus la peinture rose qui se répandait sur son passage.
Elle avait été trompée et au fond d’elle, elle ne savait plus très bien si c’était la trahison, la colère ou l’humiliation qui la blessait le plus. Tout ce qu’elle savait, c’était que cela faisait mal, et qu’elle n’avait jamais mérité une chose pareille.
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Bryan Ryan
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyLun 27 Fév - 21:33

Une expression de démence apparut sur le visage de Bryan. Le seau entre les mains, il regardait devant lui les litres ed peinture s’écrouler sur les cheveux d'Emma Pillsbury. C'était comme s'il voyait cette scène au ralenti : il pouvait distinctement observer le liquide rosâtre couler le long des joues de son ancienne amie, poursuivant son chemin dans le cou pour pénétrer dans ses vêtements, lieu sacré de l'intimité que jamais personne n'avait certainement découvert.
Un peu comme Carrie et son sang de cochon, Emma ressemblait désormais à... rien. Elle était complètement engloutie sous une couche de peinture qui semblait impénétrable, seules les formes vagues de son corps pouvant être distinguées. Ni même ses cheveux, ni même sa tête, on n'y voyait plus rien.

Au devant, le public s'exclama de joie en laissant échapper des cris surexcités, presque redemandeurs d'un tel spectacle qui ne s'offrait nulle part ailleurs que dans un lieu aussi glauque que le cabaret de Lima. Bryan semblait satisfait de sa petite opération, et balança le seau vers l'arrière avant de lever les bras en signe de victoire.

En regardant autour de lui, il put constater que la scène ressemblait à un champ de bataille où les victimes auraient saigné des chewing gum fondus : il y en avait partout, sur les pilliers, le sol, le plafond.
Ce serait certainement un enfer à nettoyer, si toutefois les dirigeants daignaient le faire. D'ailleurs, ces derniers assistaient au spectacle ahuris, dans le fond de la salle. Un petit gros chauve, et un grand maigrichon et barbus. Leur ahurissement ne laissait transparaître aucune colère, ni même aucune surprise : il témoignait juste de l'immense joie qu'ils pouvaient ressentir à cet instant de voir les clients de leur entreprise si enthousiasmés par un show.

Au bout de quelques secondes, la peinture finit par couler, et Emma réapparut. D'abord immobile, elle se mit à bouger pour tenter de se débarbouiller, ensevelie dans la mélasse qui la souillait de la tête aux pieds. Peu à peu, Bryan redistingua la jeune femme, et bientôt leurs regards se croisèrent. Instantanément, le directeur des Awesome Voices sentit un froid l’envahir.
Lui qui souriait encore à pleines dents sur cette scène où il se donnait en spectacle, fut soudain pris à la gorge. Juste en face, Emma semblait désorientée, complètement anéantie. On pouvait bien lire un peu de colère dans son regard, mais il semblait que c’était un bien vain sentiment à côté de la tristesse, voire même le désespoir que la jeune femme inspirait, là, maintenant.

Bryan comprit. Il comprit qu’il était allé bien trop loin dans son petit plan, et qu’il y aurait désormais certainement de lourdes conséquences à ses actes. Il vit son ancienne amie partir en courant, de frayant malgré elle un chemin dans la foule pour rejoindre la sortie.
Sans réfléchir, Bryan la suivit, oubliant son auditoire. Il avait pour sûr cassé l’ambiance de fête, que la musique se mettant de nouveau en marche, tenta de réanimer.

« Emma ! »

Une fois dehors, il l’attrapa par le bras. Tout le stratagème qu’il avait élaboré tombait à l’eau, maintenant qu’il avait dévoilé sa véritable identité. Mais il avait beau avoir un cœur d’artichaut, cela ne lui faisait pas plaisir de voir la jeune femme dans un tel état. Il s’en voulait un peu, du moins suffisamment pour mettre fin au petit jeu.
Peu à l’aise dans son accoutrement, il ôta sa perruque et les énormes boucles d’oreilles qui lui pendaient aux lobes.

« Emma, je suis désolé, ce n’était pas dans mon intention… »

Il aurait voulu ajouter « de te faire du mal ». Mais il avait peur que cela sonne faux de la part de quelqu’un qui est parti plus de trois ans sans donner de nouvelles, et qui n’a pas cherché à reprendre contact à son retour. Cela aurait presque signifié que Bryan était l’ami d’Emma, ce qui n’était plus tellement vrai, surtout après ce qui venait juste de se passer.

D’un revers de la main, il essuya son maquillage. La pluie au dehors, qui tombait en trombe l’aidait à se débarrasser peu à peu des couches d’artifices qui lui peignaient le visage.

« Mais qu’est ce que tu fais ici ? »
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyLun 5 Mar - 20:58

Lorsqu’Emma poussa la porte du cabaret et se retrouva finalement à l’extérieur de l’établissement, elle s’arrêta une seconde, reprenant son souffle et tentant vainement de refouler toutes les émotions qui se bousculaient en elle. Se penchant en avant, elle posa ses deux mains sur ses genoux, acceptant avec reconnaissance l’air frais qui remplissait de nouveau ses poumons. Les bourrasques de vent fouettaient violemment ses joues, et la pluie vint rapidement se mêler à la peinture rose qui la recouvrait de la tête aux pieds. Pourtant, l’humidité ne parvenait à gommer le dégoût que lui inspirait la peinture et son parfum entêtant qui lui martelait si cruellement le crâne qu’il lui en donnait la nausée. Réprimant un haut-le-cœur, la jeune femme pressa le dos de sa main peinturlurée contre ses lèvres et ferma les yeux. Les larmes qui roulaient le long de ses joues avaient le goût de la colère et de la déception.

En dépit de ses efforts, Emma ne parvenait toujours pas à trouver une explication logique à la réaction de Bryan. Cela faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus… si longtemps qu’ils ne s’étaient pas adressé la parole. Et bien qu’elle n’ait jamais espéré qu’il vienne se jeter dans ses bras tout en s’extasiant devant ces retrouvailles inespérées, elle n’avait pourtant jamais imaginé une telle réaction. Etait-elle si détestable à ses yeux ? Leur amitié d’antan ne représentait-elle donc rien pour Bryan ? La jeune femme avait pourtant été là pour lui, et sans avoir la prétention de dire qu’elle l’avait aidé à accomplir quoi que ce soit, elle avait toujours fait montre de beaucoup de générosité à son égard. Ses sentiments pour Bryan avaient été sincères, au même titre que son amitié pour lui. Elle l’avait apprécié, protégé parfois, comme ce jour où Will l’avait interrogé à propos de cette fameuse entrevue qu’elle avait eue avec le directeur des Awesome Voices au sujet de la flashmob : elle ne lui avait pas confié à quel point il s’était énervé contre elle, se contentant de mentionner une brève altercation.

Chassant ces souvenirs qui étaient à présent presque douloureux pour elle, la jeune femme serra les poings et se redressa légèrement pour accueillir de nouveau la pluie sur son visage. Elle ne se soucia guère du groupe d’adolescents qui la croisa alors qu’ils se frayaient un passage jusqu’au vigile qui leur refuserait probablement l’entrée. Obnubilée par toute cette stupide mise en scène dont elle avait été victime, elle se maudit d’avoir souhaité retrouver Bryan. Finalement, elle n’était rien à ses yeux : son spectacle le lui avait prouvé.

Passant ses doigts entre ses mèches rousses couvertes de peinture, elle secoua la tête et s’apprêta à repartir lorsque la porte derrière elle s’ouvrit à la volée. Ignorant ce bruit qui était peut-être signe que les ados étaient finalement parvenus à pénétrer dans le cabaret, elle leva le menton et se dirigea vers le parking. Si elle ne pouvait pas rentrer chez elle dans cet état sans être la cause d’un meurtre à Lima, elle songea néanmoins à se rendre chez Jessica afin de lui emprunter sa douche et effacer toute trace de peinture avant de retrouver Will dans l’appartement qu’ils partageaient. Malheureusement pour elle, une main ne tarda pas à venir se poser sur son bras, la forçant à s’arrêter. Fronçant les sourcils, elle se retourna et découvrit le visage de Bryan… ou tout du moins, ce qu’il en restait sous tous les artifices dont il était affublé. Elle resta un moment figée devant le directeur des Awesome Voices, le dévisageant avec un mélange de curiosité et de colère. Sortant néanmoins rapidement de sa torpeur, elle se dégagea de l’étreinte de son bras dans un geste brusque.

« Lâche-moi, Bryan » Lui ordonna-t-elle d’une voix fluette contrastant avec la dureté de ses traits. Reculant d’un pas, Emma secoua la tête d’un air réprobateur puis l’observa se débarrasser de sa perruque et ses bijoux sans ciller. Elle avait envie de prendre ses jambes à son cou, de se libérer de toute cette peinture qui l’étourdissait. Pourtant, elle ne parvenait à esquisser le moindre geste, tant elle était absorbée par Bryan. Sa curiosité l’emportait sur son instinct de survie.

Quand Bryan lui présenta ses excuses, Emma soutint son regard avec ambition alors que les larmes continuaient de couler sur ses pommettes roses bonbon. Elle n’en avait que faire, de ces excuses. Elles arrivaient bien trop tard. La conseillère avait vu la haine habiter son regard, l’air victorieux sur ses traits. Il n’était pas sincère avec elle, et lorsqu’il avait balancé toute cette peinture sur la jeune femme, quelque chose s’était brisé entre eux. Que représentaient ses excuses à côté du mal qu’il lui avait fait ? Rien, absolument rien. Alors elle secoua encore la tête, renonçant à lui pardonner quoi que ce soit. De toute évidence, il ne le méritait pas.

S’apprêtant à tourner une nouvelle fois les talons pour fuir le désastre de cette soirée, la détermination de la jeune femme s’envola à la seconde même où Bryan lui demanda ce qu’elle faisait là. A la fois triste, énervée et surprise par une telle question, Emma resta un moment plantée devant lui avant de se remettre en mouvement. De rage, elle se débarrassa d’une nouvelle couche de peinture. « Ah, parce que tu t’en soucies, maintenant ? Ce n’est pas l’impression que j’ai eue quand tu as décidé de me couvrir de peinture rose, mais soit ». Elle jeta un coup d’œil à ses vêtements trempés de peinture et de pluie, comme pour appuyer ses paroles, puis retrouva le regard bleu de Bryan. « J’étais venue pour te voir, Bryan. J’ai entendu dire que tu viendrais chanter ici ce soir, et je suis tellement naïve que j’ai pensé que si j’assistais à ton petit numéro, ça te ferait plaisir. Je me disais que l’on pourrait rattraper le temps perdu, se raconter nos petites vies et passer une bonne soirée en riant de nos vieilles disputes passées. Visiblement, je me suis trompé » Lâcha-t-elle d’une voix peu amène. Au fur et à mesure que les secondes s’égrainaient, la colère montait en elle. Elle était furieuse, furieuse contre elle et furieuse contre Bryan. « Mais ne t’inquiète pas pour moi, je pense que j’ai compris la leçon. Je ne t’ennuierai plus, c’est promis ». Baissant le regard, Emma s’accorda un moment de répit. Elle n’avait pas envie de se disputer avec lui, pas cette fois encore. Elle n’était pas venue dans ce but. Et dire qu’elle avait été si stupide pour croire que Bryan serait ravi de la revoir, non mais quelle idiote ! Soupirant longuement, elle releva le menton et contempla le regard du blond. « En tout cas, je te félicite, Bryan. Tu n’as pas changé ».
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Bryan Ryan
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyVen 9 Mar - 16:29

Bryan avait malgré tout, toujours eu beaucoup d'affection pour Emma. Il se souvint ce jour où il était entré dans son bureau, en colère, et qu'il avait à peu près dévasté tout ce qui se trouvait autour de lui devant le pauvre regard médusé de la jeune femme. Il s'en était voulu pendant des semaines après cela, même s'il n'avait jamais eu le courage d'aller présenter ses excuses.

Là, c'était un peu la même histoire qui se répétait. Pris en tourmente dans ses sentiments, il n'avait pas eu le temps de réfléchir, et avait donc agi par pure impulsivité à l'aide de solutions qui n'arrangeaient que lui, sans se douter qu'elles pouvaient avoir des conséquences désastreuses pour les autres. Maintenant qu'il voyait Emma, recouverte de cette peinture rose hideuse à l'odeur nauséabonde, il se rendait compte de ses erreurs.
Que pouvait-il, à ce moment là, faire d'autre que de s'excuser?

Les mots lui échappaient de toute façon. Face à une situation où il n'avait aucun contrôle, il se sentait si démuni qu'aucune parole ne pouvait le rattraper. La réaction d'Emma ne se fit pas attendre, et fut résolument à la hauteur de ce que Bryan attendait. Après tout il ne pouvait espérer qu'on lui dise que ce n'était pas grave, et que l'incident était déjà oublié. Il déglutit avec peine, histoire de faire passer le morceau, un signe que la discussion qui allait suivre s'annonçait houleuse.
Se lançant dans un argumentaire apitoyé, la jeune femme dévoila ainsi les raisons de sa venue ce soir. Le fait qu'elle mette l'accent sur cette ancienne amitié qu'elle aurait aimé renoué, fit du mal au directeur des Awesome Voices. Quelque part, il avait tout gâché.

"Ecoute Emma, calme toi s'il te plaît, laisse moi t'expliquer" demanda t-il

Mais expliquer quoi? Qu'il avait eu peur qu'elle le reconnaisse derrière ses habits de drag queen fantaisiste, et que par conséquent, la seule solution qu'il avait trouvée, c'était de lui déverser à la figure un seau de peinture rose? Ca ne faisait pas foi d'explication, et pire, cela aurait contribué à l'enfoncer davantage.

" Je n'ai pas fait ça pour te blesser crois-moi, je n'ai pas pensé sur le moment que..."

Mais Emma ne le laissait pas aller au bout de son raisonnement. Lui aussi avait eu des raisons de faire ce qu'il avait fait, ce n'avait pas été gratuit, et ce n'était pas sorti de nulle part. Il aurait vraiment voulu se justifier, expliquer sa situation, mais ce n'était pas chose facile. Premièrement parce que ce n'était pas un sujet facile à aborder, avec lequel il était extrêmement mal à l'aise, mais aussi, et surtout, parce que la jeune femme ne faisait rien pour l'encourager à se dévoiler. Pire encore, elle continuait à lui faire des reproches.


"Mais Emma..." lâcha t-il d'une voix faible lorsqu'elle lui affirma qu'elle ne voulait plus le voir

La pluie ne cessait pas. Bryan faisait tout ce qu'il pouvait pour se libérer au maximum de son costume ridicule qui ne contribuait en rien à donner du crédit à ses paroles. Bientôt, son visage naturel réapparut peu à peu, le maquillage coulant par trainées sur le coin de ses joues. A cette situation inconfortable, s'ajoutait le poids des remords qu'Emma semblait entretenir à l'aide de sacs de plombs. Finalement c'en était trop. Balançant sa perruque à terre avec agacement, il releva la tête face à son interlocutrice au moment où elle l'acheva de ses paroles moralisatrices, arguant d'un air ironique qu'il n'avait pas changé.


"Mais qu'est ce que tu crois hein? Que je t'ai jeté ce seau à la gueule parce que ça me faisait plaisir? Est-ce que tu m'as regardé? Regarde-moi bon sang! Et dis moi à quoi je ressemble. Dis moi de quoi j'ai l'air avec ces collants ridicules et ces chaussures qu'on ne trouverait même pas dans un magasin de déguisement. Dis moi de quoi j'ai l'air avec trois kilos de maquillage sur la figure, avec cette perruque qui me gratte constamment et ces bijoux qui me donnent l'impression de peser cent tonnes.
C'est facile de te la ramener comme ça, et de me faire un sermon en jouant les pauvres victimes parce que ça fait cinq ans qu'on s'est pas vus, et que depuis tu n'es toujours pas capable de te prendre deux gouttes d'eaux sur la tête sans chialer à cause de ta pathologie grotesque. Mais crois-moi tu n'es pas la seule à en baver dans la vie tu n'es pas la seule!"


S'il y a bien une chose que Bryan détestait, c'était qu'on l'accuse sans raisons. Il n'y avait rien de plus insupportable pour lui que de se faire gronder comme un petit garçon fautif. Et Emma était exactement en train de se donner le rôle de la mère.

" Tu n'es pas venue pour me faire plaisir. Tu es venue pour te moquer de moi. C'est Will qui t'envoie c'est ça? Il t'a dit qu'une grosse follasse chantait en ville ce soir et tu avais simplement envie d'admirer le spectacle pour rire un peu. Eh bien bravo Emma, te voilà rassurée, je pense avoir répondu à toutes tes attentes."
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyMar 20 Mar - 11:02

Au fond, Emma savait qu’elle était sûrement un peu trop dure avec Bryan. Aveuglée par la colère et l’humiliation subie quelques minutes à peine plutôt, elle ne pouvait pourtant s’empêcher de prononcer des paroles qu’elle finirait tôt ou tard par regretter. Le spectacle qui s’offrait à elle n’était pas reluisant : Bryan se débarrassait du mieux qu’il le pouvait des tonnes de maquillage dont son visage était peinturluré, tandis que la pluie continuait de s’abattre sur eux. Si seulement elle avait su que sa « petite visite amicale » finirait de cette façon, il était évident qu’elle n’aurait jamais pris la peine de venir au Cabaret ce soir-là. L’endroit seul lui donnait la chair de poule, et autant dire qu’après ce qui s’était passé, elle n’y mettrait plus jamais les pieds : le Cabaret serait désormais toujours associé à cette odeur infecte de peinture. Quant à Bryan, elle avait cru en son ami d’autrefois, cru qu’ils pourraient renouer tous les deux et rattrapé le temps perdu. Le directeur des Awesome Voices avait beau cumuler un certain nombre de défauts –mais après tout, qui pouvait se vanter d'être parfait ?- il n’en restait pas moins qu’Emma l’appréciait beaucoup, et qu’il avait toujours été un complice à ses yeux. Il ne ressemblait pas à Will, certes, mais ne ressemblait pas non plus à toutes ces personnes qui s’efforçaient d’être toujours gentilles avec elle et qui, du temps où ses troubles obsessionnels compulsifs l’empêchaient de vivre normalement, essayaient sans cesse de la rassurer ou de faire attention en sa présence. Bryan, lui, n’avait jamais été comme ça : il la voyait telle qu’elle était et n’hésitait pas à se moquer d’elle et de ses manies les plus étranges. Emma ne s’était jamais plainte de cette attitude qu’il avait envers elle, au contraire, cela faisait parfois du bien que l’on ne la considère pas seulement à travers ses tocs, mais comme une personne à part entière.

Hélas, toute la sympathie qu’elle avait toujours ressentie à l’égard de son ancien collègue de McKinley High s’envolait à l’heure où elle parlait. Ne prêtant aucune attention aux paroles de Bryan qui affirmait ne pas avoir agi dans le but de la blesser, elle poursuivait les reproches, et pour la première fois de sa vie, ne lésinait pas sur les moyens. Elle ne réfléchissait pas avant de parler, laissant libre cours à sa spontanéité et la colère qui lui brûlait encore la gorge. A plusieurs reprises, le beau blond essaya de l’interrompre, lui disant qu’il pouvait tout lui expliquer, mais elle ne voulait pas l’écouter. Dans l’esprit d’Emma, c’était trop tard -ou presque- et nulle justification ne pouvait être apportée. Ce ne fut que lorsqu’elle prononça sa dernière phrase et vit le regard de Bryan se métamorphoser qu’elle comprit qu’elle n’aurait peut-être pas dû s’aventurer si loin. Lui dire qu’il n’avait pas changé était probablement injuste : qui était-elle pour le juger en quelques minutes seulement ? Pourtant, elle n’avait pu réprimer cette phrase qui avait franchi naturellement le seuil de ses lèvres.

Une seconde ou deux passèrent, et Emma fixa Bryan comme si elle le découvrait pour la première fois. Ce dernier jeta sa perruque, et grâce au maquillage qui s’effaçait graduellement, la conseillère d’orientation pouvait enfin reconnaitre les traits de son visage. Déglutissant péniblement, la jeune femme se mordilla la lèvre. Maintenant qu’elle pouvait reconnaitre le visage de son ancien ami, il était encore plus difficile d’admettre qu’il était bel et bien celui qui lui avait jeté cette peinture rose qui lui collait à la peau. Tant qu’il était déguisé, qu’il portait cette robe ridicule ou cette perruque ridicule, elle n’avait pas vraiment l’impression de s’adresser à Bryan. Seulement, son visage se dévoilait petit à petit, et ses yeux bleus ne furent plus les seuls qu’elle reconnut.

Alors qu’Emma venait de se taire, Bryan ne tarda pas à reprendre la parole, les traits de son visage exprimant une colère qui venait de ressurgir et à laquelle elle assista, impuissante. Très calme au début de son discours, la conseillère tiqua pourtant au moment où il mentionna sa « pathologie grotesque ». Ce n’était pas la première fois qu’il se moquait ouvertement de ses problèmes mais la façon dont il crachait presque ses mots lui suffisaient pour comprendre que cette fois-ci, il voulait vraiment lui faire mal et lui renvoyer l’ascenseur après tout ce qu’elle avait pu lui dire. La mâchoire crispée, la jeune femme se retenait pour ne pas prendre ses jambes à son cou afin d’échapper à cette scène qu’elle aurait largement préféré éviter. Mais elle se contenta d’acquiescer ironiquement aux paroles de Bryan, alors qu’au fond d’elle, cela faisait mal. Elle avait mal.

Enchainant avec de nouveaux reproches, Bryan la soupçonna de ne pas être venue avec de bonnes intentions comme elle le lui avait affirmé, mais plutôt d’avoir été envoyée par Will afin de rire du spectacle que l’ex star de Broadway donnerait. Blessée, Emma soutint son regard même si la haine qu’elle décelait dans son regard était difficilement supportable. Jamais Will ne ferait une chose pareille, et si tant est qu’il ait pu un jour faire une telle chose, il était tout bonnement impensable qu’Emma puisse suivre de telles consignes. Après tout ce temps, elle aurait pensé que Bryan la connaissait un minimum. De toute évidence, ils étaient devenus des inconnus l’un pour l’autre.

« M’as-tu vu une seule fois sourire, Bryan ? Quand j’étais devant ce podium en train de te dévisager parce que oui, je l’admets, j’avais quelques difficultés à te reconnaitre… ai-je souris ? Non, et tu le sais très bien » Dit-elle, exaspérée. Après toutes ces insultes, paradoxalement, elle ne criait plus : elle parlait d’une voix calme mais néanmoins lourde de reproches. « Je n’ai jamais été le toutou de Will, jamais, et tu ne peux pas me reprocher une chose pareille, c’est injuste. A McKinley, je n’ai jamais pris parti pour l’un d’entre vous, pas une seule fois. Alors certes, j’aurais pu être aveuglée par certains… par certaines choses, mais j’ai toujours été extrêmement loyale envers toi ». Soupirant de plus belle, la jeune femme hésita un instant puis fit quelques pas en direction de son interlocuteur avant de s’arrêter à moins d’un mètre de lui. De là où elle se tenait, elle parvenait à lire la colère qu’il ressentait, mais aussi une certaine souffrance. Elle se souvint de ses premières paroles et cilla un instant. « Tu me dis que tu ne m’as pas envoyé ce seau par plaisir, alors pourquoi ? Pourquoi avoir fait une chose pareille ? » Elle s’interrompit une seconde et après avoir écarté plusieurs mèches rousses qui lui collaient au visage, elle plongea ses mains dans les poches de son manteau encore rose. « J’étais vraiment venue pour te voir, Bryan. Vraiment. Je ne savais même pas que tu serais vêtu de cette façon, je ne mens pas. Et tu sais très bien que je ne t’aurais pas jugé pour ce genre de chose. Pour être honnête, je pense même que c’est incroyablement courageux d’avoir le cran de se déguiser d’une telle manière et d’être capable d’être à l’aise devant un public. Mais ça, tu ne pouvais pas le savoir, parce que tu t’es précipité sur ce satané seau sans me laisser la moindre chance » finit-elle, la voix teintée d’amertume.


Dernière édition par Emma P. Schuester le Mer 6 Juin - 18:57, édité 1 fois
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Bryan Ryan
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyMer 23 Mai - 19:02

C'était un peu la valse des sentiments dans le coeur de Bryan. Il était passé de la joie - certes feinte, mais joie quand même - sur scène, à l'excuse, le remords, puis maintenant la colère. C'était peut-être un peu trop pour lui maintenant. Il se sentait comme un pauvre gamin qui venait de faire une bêtise, et qui accusait un tiers d'avoir commis la faute, s'enfonçant davantage dans le mensonge pour se rassurer.

Au fond, il savait bien qu'Emma n'était pas venue pour se moquer, ni pour jouer les émissaires aux comptes des New Directions, elle semblait par ailleurs sincère lorsqu'elle s'en défendait. Toutefois Bryan était comme ça : il n'avait rien envie d'entendre, et préférait se voiler la face , car il s'agissait d'un situation beaucoup plus confortable pour lui.

Et puis il y avait un peu de vrai dans ses paroles à lui aussi. On ne pouvait pas lui faire tous les reproches du monde non plus. Il avait souffert ces dernières années malgré ce qu'il pouvait faire paraître aux yeux de tous. Emma ne connaissait pas sa véritable histoire, elle avait juste eu vent de certains petits bouts de ses périples, grâce aux rumeurs des uns et aux bruits qui courent dans les couloirs du lycée et de l'hôtel de ville.
Jamais elle ne pourrait vraiment évaluer la teneur des problèmes auxquels Bryan était quotidiennement confrontés depuis des années. Alors elle n'avait pas le droit de se permettre de juger, et de se mettre en colère comme si le comportement qu'il avait eu sur scène était inexpliqué, ou pire, le fruit d'un simple violence sadique et gratuite.

Puis après tout, il n'avait fait que lui balancer un seau de peinture à la figure, ce n'était pas la mort, et ce n'était certainement pas sa faute si la jeune femme souffrait d'une maladie anormale.

"Pendant des années tu as prétendu te soucier des problèmes des autres en jouant la psychologue scolaire à McKinley. Est-ce que tu t'es au moins déjà souciée de ce que je pouvais ressentir moi?
Tu m'as toujours vu comme un ennemi, du moins comme un "méchant" que tu tolérais pour te donner bonne conscience. Tu n'as jamais cherché à savoir ce qui pouvait me rendre si mauvais, tu as juste continuellement pensé que c'était ma simple nature. Ce n'est pas de la loyauté qui t'a rapproché de moi à une époque, simplement de la pitié."


Pendant toutes ces années, Emma n'avait jamais pris le parti de Bryan. Dans un sens il pouvait le comprendre, on dit toujours que l'amour rend aveugle. Mais il était persuadé qu'elle l'avait toujours considéré comme une mauvaise réputation avec qui elle s'efforçait de garder de bons rapports, pour se conforter dans son rôle de gentille. Et ce, sans jamais remettre en question cet état de fait qui classifiait avec un manichéisme écœurant, d'un côté William Schuester, sa justice, sa bonté, sa générosité, et l'autre Bryan Ryan, sa partialité, son égoïsme, sa lâcheté.

"Je ne suis pas qu'un méchant. Tu as toujours refusé de voir plus loin que cette surface" dit-il la tête baissée

La pluie cessa. La robe complètement usée par l'humidité, la perruque flottant pitoyablement dans le caniveau, Bryan finit par se redresser de la position qui l'annonçait aux yeux des éventuels passants comme une victime. Heureusement, la rue était vide.

" Pourquoi tu n'as jamais véritablement cherché à me connaître? Pourquoi n'as-tu jamais essayé de creuser un peu dans mon histoire, mon passé? Pourquoi ne m'as tu jamais demandé de me confier à toi comme tu l'as fait avec des dizaines et des dizaines d'autres personnes? Oh mais oui c'est vrai... Ton seul centre d'intérêt avec moi, c'est que l'on se raconte nos petites vies et que l'on rit de nos vieilles disputes passées. C'est triste comme l'amitié peut-être superficielle à tes yeux."
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MessageSujet: Re: 02. I will survive    02. I will survive  EmptyMer 6 Juin - 22:20

Alors qu’elle observait Bryan avec cette même intensité dans le regard, le caractère irréaliste de la scène frappa Emma de plein fouet. De la peinture rose bonbon qui lui collait toujours à la peau jusqu’à la pluie qui s’abattait sur eux avec une véhémence rare, en passant par la tenue improbable de Bryan, elle avait l’impression de se retrouver plongée au cœur d’un cauchemar qu'il lui était impossible d’éloigner. Elle aurait tant aimé pouvoir se réveiller et se dire que tout ceci n’avait jamais existé, pouvoir croire en la possibilité d’une réconciliation entre Bryan et elle. Après tout, c’était précisément ce qu’elle était venue chercher ici, au Cabaret. Contrairement à ce que le directeur des Awesome Voices pouvait avancer, ses intentions étaient nobles. Elle n’était pas venue dans le but de se moquer, ni pour juger la concurrence des New Directions ; elle n’avait jamais été suffisamment puérile pour s’abaisser à un tel niveau. Tout ce qu’elle voulait, était renouer avec un ami qu’elle avait perdu de vue et qui, au fond, lui manquait beaucoup. Leur histoire n’avait jamais été simple, elle en était consciente. Ils avaient été amis sans vraiment l’être, s’étaient côtoyé sans vraiment chercher à approfondir une relation que le temps et l’éloignement avaient finie par avorter.

Peut-être étaient-ce les regrets qui avaient poussé Emma à venir le voir ce jour-là. Ces dernières années, elle n’avait jamais cherché à le recontacter. Lorsque l’envie de prendre de ses nouvelles se manifestait, elle trouvait généralement le moyen de s’occuper l’esprit d’une autre façon afin de l’oublier. Elle aurait pu trouver son adresse sur la toile, ouvrir sa boite mail et rédiger un message afin de découvrir ce qu’il était devenu mais également de lui montrer qu’elle s’intéressait à lui en dépit de leurs conflits passés. Seulement, elle n’en avait jamais trouvé le courage. Tout semblait si complexe, si inaccessible avec Bryan, qu’elle avait tout simplement eu peur de voir ses tentatives échouer lamentablement en n’obtenant jamais de réponse de la part de celui qu’elle avait un jour considéré comme un proche, ou du moins une bonne connaissance. Ce n’était pas la sympathie qui avait arrêté Emma : malgré ce qu’il pouvait penser, elle tenait vraiment à lui. C’était le courage, la force de décrocher son téléphone ou ouvrir sa messagerie et d’entamer des retrouvailles.

Rongée par un sentiment de culpabilité qu'elle ne parvenait plus à refouler, celui-ci ne fit qu’accroitre suite aux paroles de l’Awesome. Jusqu’à présent, ses reproches avaient été lourds, mais jamais aussi blessants que le geste cruel qu’il avait eu lorsqu’il lui avait jeté cette peinture en plein visage –geste qu’elle n’expliquait d’ailleurs toujours pas. Qu’il la soupçonne de venir l’épier, envoyée par son mari, pouvait encore passer. Qu’il souligne son incapacité à supporter deux gouttes d’eau sur la tête « sans chialer », ne trahissait que sa tendance à toujours tout mettre sur le compte de sa phobie. En revanche, l’entendre insinuer qu’elle ne s’était jamais intéressée à ce qu’il pouvait ressentir la troublait véritablement, tant et si bien qu’il parvint à immiscer le doute en elle. Elle n’avait jamais eu l’impression d’être si insensible face à lui, si désintéressée. Mais avait-elle déjà essayé de lui tendre la main afin de lui apporter une aide qui aurait pu lui être bénéfique ? Non, jamais. Elle l’avait toujours perçu comme une personne trop fière pour demander des conseils à autrui, et elle avait respecté cette facette de sa personnalité en évitant de jouer les psychologues avec lui. Etait-ce un tort ? Des années plus tôt, elle aurait été catégorique : non, elle agissait dans son intérêt à lui, pas le sien. Pourtant, une fois de plus, la vérité semblait plus complexe et les paroles de Bryan renforcèrent cette idée. Après tout, le problème venait peut-être d’elle.

Perdue, Emma scruta le regard de Bryan d’un air confus, à la recherche des réponses aux questions qui s’imposaient à elle et qui semblaient se multiplier au fil des secondes, à l’instar des reproches que lui crachait son interlocuteur. Se renfermant comme une huitre, elle resta muette un long moment alors que la pluie cessait enfin, prolongeant inévitablement un silence qui se faisait lourd. Emma ne savait plus quoi penser, ne savait plus sur quelle longueur d’onde se situer. Sensible aux paroles du directeur des Awesome, elle se sentait réellement désolée de ne pas avoir su être à la hauteur, de ne pas avoir cherché à voir plus loin que le bout de son nez. Bryan avait peut-être tort quand il disait qu’elle l’avait toujours perçu comme le méchant de l’histoire, mais il avait raison en clamant que leur amitié n’était finalement pas si profonde que cela. Pourtant, malgré tout ce qui s’était encore passé ce soir-là, Emma ne demandait que ça, apprendre à le connaitre. Elle souhaitait comprendre pourquoi il agissait comme il le faisait, quelles étaient ses motivations. Elle ne le considérait pas comme un monstre, et elle ne l’avait d’ailleurs jamais perçu de la sorte. Elle le considérait comme une personne qu’elle avait manquée. Et qu’elle regrettait.

Rivant les yeux au sol, elle prit une longue inspiration afin d’esquisser un nouveau pas dans sa direction. Lorsqu’elle parvint face à lui, elle releva le menton et écarta d’une main une mèche de cheveux collée à sa joue. « Je n’ai jamais eu pitié de toi ». Elle planta son regard dans le sien, une neutralité parfaite épousant les traits de son visage. Son cœur se serrait, et pourtant elle devait continuer. « Et je ne te considère pas non plus comme le méchant de l’histoire ; si c’était le cas, je ne me serais jamais intéressée à toi, je n’aurais pas essayé de devenir ton amie. Parce que malgré ce que tu peux croire, c’est ce que j’essayais de faire, et pour les bonnes raisons ». Elle secoua la tête un instant, quittant le regard de Bryan afin de poser ses yeux sur les vigiles postés devant la porte du Cabaret.

Pourquoi fallait-il que tout soit toujours si compliqué ? Sans cette rivalité entre Will et Bryan, les choses seraient bien plus aisées pour elle. Elle n’aurait pas besoin de se cacher pour aller voir son « vieil ami », ni besoin de mentir comme elle l’avait fait en quittant son appartement. Cinq ans plus tôt, elle s’était déjà retrouvée dans cette situation : partagée entre le brun et le blond, ne prenant jamais parti pour l’un ou pour l’autre de peur de perdre l’amour de sa vie ou une personne qu’elle appréciait beaucoup, même s’il ne le voyait pas. Elle était la Suisse, l’objectivité même, et malheureusement, elle n’avait pas envie de retrouver ce rôle-là. Elle était lasse, lasse de courir derrière une paix qui de toute évidence n’interviendrait jamais. Lasse de se montrer trop gentille et d’en souffrir par la suite. Elle faisait tout pour rester impartiale, et finalement, elle était la personne sur qui les reproches finissaient par retomber.

Après un soupir, le regard vitreux de la conseillère d’orientation quitta l’image des vigiles et retrouva les yeux clairs de Bryan. « Le rôle du méchant, tu te le donnes tout seul, Bryan » Dit-elle d’une petite voix fluette. « Ton histoire, je ne demande qu’à la connaitre. Mais soyons honnête une minute, si j’avais essayé de jouer les psychologues avec toi, est-ce que tu m’aurais laissé faire ? Non, bien sûr que non. Tu m’aurais demandé d’arrêter de jouer le rôle de la psy, en argumentant que tu n’es plus un lycéen et que tu as passé l’âge des leçons de morale ». Emma s’interrompit une seconde, tentant de remettre de l’ordre dans les pensées qui se bousculaient dans son esprit tourmenté par la situation. Elle voulait redonner un peu d’espoir à leur amitié, ce qui s’annonçait difficile. Cela valait pourtant la peine d’essayer. « Je sais que j’ai mes torts dans cette histoire et que je n’ai peut-être pas agi de la meilleure façon qui soit. J’aurais dû te recontacter après ton départ, te montrer que je ne te « tolère » pas seulement pour me donner « bonne conscience » comme tu peux le croire. Seulement, je ne savais pas comment tu réagirais et j’ai manqué de courage. Peut-être qu’au fond, je suis lâche ». Elle haussa les épaules, se mordillant la lèvre inférieure un bref moment.

« J’aurais aimé être une vraie amie pour toi, et j’espère que c’est toujours possible. Alors si… s’il y a le moindre espoir, si tu crois pouvoir me pardonner mes erreurs et cesser de me considérer comme la bonne samaritaine qui s’accroche à toi pour les mauvaises raisons, tu sais où me trouver, j’imagine ». Malgré la situation, elle eut un mince sourire et s’approcha une nouvelle fois de son ancien collègue. « C’est dommage que tu ne réalises pas à quel point je tiens à toi, Bryan, parce que c’est le cas. Ce n’est pas de la comédie ». Son sourire s’effaça et elle inclina légèrement la tête comme pour le saluer, avant de tourner les talons. Elle avait dit tout ce qu’elle avait à dire, il était temps de mettre fin à cette dispute et espérer que cette discussion n’ait pas été vaine. Se dirigeant vers le parking, elle plongea les mains dans les poches de son manteau, ne songeant plus qu’à la douche qui l’attendait et qui lui permettrait de retrouver un certain (ré)confort.
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