Le regard vague, ses doigts tapotant sur la table, de multitudes de pensées envahissant son esprit, Samuel se demandait si ce qu'il s'apprêtait à faire était une bonne chose. A part attendre le temps qui passait lentement, il n'avait pas grand chose à faire. C'était tellement reposant, simple de faire le travail de surveillant. Lorsque Figgins ne lui donnait pas une tâche spécifique à faire, alors le jeune homme pouvait faire ce qu'il lui plaisait. D'habitude son temps libre, c'était en compagnie de Timothy qu'il le passait. Toujours en train de faire des bêtises, de terroriser les élèves dans les couloirs. Un passe temps comme un autre. Seulement, aujourd'hui c'était différent. Il n'était pas en compagnie de son meilleur ami, il n'était pas non plus en train de charmer Madeleine. Il était seulement seul, assis à une table. Aussi étonnant que cela pouvait l'être, Samuel avait d'autres priorités, d'autres choses beaucoup plus importantes à faire. Des pensées, des réflexions, des questions ne cessaient de se bousculer dans sa tête. Il avait une idée en tête, et comme d'habitude lorsqu'il avait une idée en tête, alors il la gardait toujours à l'esprit, n'y renonçant jamais. C'était peut-être ce qui expliquait, pourquoi cela faisait une bonne dizaine de minutes, qu'il était assis tout seul, s’impatientant de la lenteur du temps. Personne ne devait venir le déranger, lui parler, au risque de se borner à un mur et à un regard profondément glacial. Car contrairement à ce que l'on pouvait penser, le jeune homme appréciait la solitude. Lorsque ça en valait la peine, il justifiait bon de s'isoler seul pour pouvoir avoir des réflexions sans qu'une quelconque personne ne le dérange, et pour ne pas qu'il est besoin de se montrer désagréable. C'était donc seul, appréciant cet instant de silence, que Samuel se demandait si il fallait qu'il réagisse de cette manière, s'il n'allait pas le regretter plus tard. En effet, depuis le début de la semaine, ayant prit conscience de ce que la femme qu'il convoité – Madeleine – lui avait dit, il avait décidé d'avoir une discussion des plus sérieuses avec Crystal. Cette discussion était des plus primordiales, il ne devait pas retarder l'échéance. Il n'en avait parlé à personne, mise à part à la lycéenne, c'était donc dans le plus grand secret qu'ils avaient décidé d'avoir cette conversation. Plus les minutes passaient et plus l'heure du rendez-vous approchait. Ne connaissant pas les heures de cours de la cheerios, Samuel se moquait bien se savoir où est-ce qu'elle pouvait se trouver à cette instant. Tant qu'elle serait là, alors c'était le principal.

Passant une main dans ses cheveux, le jeune homme se leva d'un bond, avant de sortir dans la pièce dans lequel il était. Fort heureusement, personne ne l'avait vu entrer dans la pièce et ne pouvait donc pas le soupçonner de quoique soit. A vrai dire, a part réfléchir, il n'avait rien fait d'autre. Bien qu'il était vrai, que rentrer dans une salle de cours vide était souvent quelque chose de suspicieux. Et comme toujours, n'étant pas quelqu'un de grandement méfiant, pour sa part il n'avait pas vraiment gaffe de savoir si on l'avait vu ou non. Puis, il ne risquait rien, c'était un surveillant. Évidemment. Il émit un bâillement, tout en se dirigeant vers le gymnase. Sa soirée avait été des plus mouvementées et il n'avait donc pas assez dormi. Quoique cela ne changeait pas de ses soirées ; c'était simplement un peu plus différent. Une soirée dans un bar, une soirée avec des amis, sans se préoccuper du lendemain où il fallait qu'il n'arrive pas en retard au travail, c'était du Samuel. Si il aurait su qu'il n'avait rien à faire pendant sa journée, alors peut-être qu'il en aurait profiter pour dormir un peu plus. La fatigue et la fainéantise était encore plus présente. Seulement, bien qu'une infime partie de lui voulait cela, une autre partie de son esprit lui ordonnait d'aller parler à Cissy. Ce n'était pas quelque chose qui n'avait pas grande importance, au contraire cela avait beaucoup d'importance. Pour une fois, ils allaient avoir une discussion sans que cela finisse sous les draps. Un brin de changement. Un brin de nouveauté.

Plus déterminé que jamais, le surveillant arriva devant la porte du gymnase. N'entendant aucunes voix à l'intérieur, il décida de rentrer. Personne n'avait cours de sport, les footballeurs devaient sûrement êtes dans les vestiaires ou alors en train de s'entraîner à l'extérieur. Aucune cheerios ne se trouvait non plus dans le gymnase. Pas la moindre trace de Quinn, ni d'une lycéenne en tenue de cheerios. C'était une chance. Une coïncidence ou alors un coup du hasard. Cissy n'était pas encore arrivée, ce qui laissait la joie à Samuel de profiter encore de ces quelques instants en solitaire. Il avait eu le temps de prévoir ce qu'il s'apprêtait à lui dire. Loin d'être quelqu'un qui prévoyait à l'avance ce qu'il voulait faire, le jeune homme avait pourtant, pour une fois, réfléchit à quelques phrases qu'il allait dire au cours de la conversation. C'était évident qu'il allait devoir résister à ne pas embrasser la rouquine, à ne pas répondre à ses sous-entendus. Ça allait être compliqué. Certes, mais sinon la conversation allait prendre un autre tournant. Un tournant qu'en aucun cas, le surveillant voulait que ça prenne. Toutefois, il savait qu'il était beau – c'était un de ses meilleurs atouts – et que la jeune fille allait avoir du mal à entendre ce qu'il avait à dire, et à résister à lui ; mais peut-être que cela valait mieux la peine si pour une fois ils se contentaient juste de parler. Tout naturellement. Enfin, c'était ce que le jeune homme penser, ce qu'il se disait. Cela n'était pas forcément vrai, ni prémédité. N'étant pas devin il n'allait pas pouvoir savoir véritablement comment la situation allait se dérouler. Et si tel avait été le cas, dans une autre vie, alors cela aurait été absurde.

Les yeux bruns du jeune homme se posèrent sur les tapis au sol. Soit le concierge n'était pas passé les rangés ou soit des lycéens s'étaient amusés à mettre le bazar partout. Ce qui dans les deux cas n'avaient aucune importance. En tant que surveillant, Samuel aurait dû décidé de ranger un peu le gymnase, sauf qu'il n'allait pas le faire. Il s'en moquait. C'était insensé pour sa part de faire cela. Quelqu'un d'autre que lui le ferait bien. Obligatoirement. Alors, qu'il était prêt à s'endormir tellement la fatigue avait raison de lui, une porte qui claqua se fit entendre. Son regard se dirigea presque directement sur la rouquine qui entra dans le gymnase. Un sourire dessiné sur ses lèvres, un léger haussement de sourcil – bien qu'il n'était pas tellement étonné ; le surveillant ne bougea pas, faisant ainsi comprendre à Cissy qu'il n'allait pas bouger de sa place. « Tu en as mis du temps. Je commençais à me dire que tu n'avais pas envie que l'on parle. » Elle aurait méritait mieux comme accueil. Cependant, ce n'était pas du tout dans le comportement du jeune brun d'être poli, et de se comporter en gentleman. Seulement pour séduire, certainement. Sa langue passa sur ses lèves, d'un geste anodin, sans importance. « Bon Cissy tu sais déjà la raison de ce rendez-vous. J'aimerais que pour une fois on parle sérieusement. C'est important ce que j'ai à te dire. » Pourquoi ne cessait-il pas de tourner autour du sujet ? Pourquoi ne se lançait-il pas immédiatement dans la discussion ? A vrai dire, Samuel ne le savait pas lui même. C'était un peu comme-ci il cherchait ses mots, comment aborder le sujet avec douceur, alors qu'au fond celui lui importait peu. Mais, il connaissait Cissy, il savait d'ores et d'avance que celle-ci n'allait pas apprécier ce qu'il allait lui dire. C'était comme s'aventurer sur quelque chose de profondément dangereux. Pour quelqu'un d'insouciant comme lui, cela ne devait pas être très capital. Toutefois, pour une fois, si. Ça le devait. Assurément. Un court silence se propagea dans le gymnase. Samuel s'approcha de la rouquine, avant de lui dire, avant d'entendre ses questions dont il se doutait déjà.