Un sourire dessiné sur ses lèvres, Jessica marchait dans le centre-ville. L'air glacial du mois de Décembre fouettait son visage et ses cheveux. Chaque pas qu'elle faisait était l'arrivée d'un nouveau vent encore plus froid que le précédent. Ses long cheveux blond virevoltaient au contact du vent. Elle devait à chaque fois enlever les mèches de cheveux qui tombait sur son visage ; si jamais elle ne voulait pas se cogner dans quelqu'un ou alors avoir une chute qui serait des plus maladroite. Pourtant, la jeune femme prenait presque un grand plaisir à arpenter le bitume du centre-ville de Lima, tellement cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu le droit à s'occuper d'elle. D'habitude, il y avait toujours un patient auquel elle devait s'occuper ou alors elle avait beaucoup de rendez-vous d'ordres professionnelles. Mais, depuis quelques temps elle avait décidé de prendre soin d'elle, de profiter pleinement et de ne plus être une droguée du travail ; comme elle avait pu l'être auparavant. C'était donc pourquoi elle avait décidé de prendre sa journée et avait donnée par conséquent une journée de libre à sa secrétaire aussi. Celle-ci avait été ravie et avait même remercier longuement Jessica de la libérer une journée. Ce qui était normal avec les fêtes qui approchaient à grand pas. La psychiatre avait décidé de s'occuper de tout cela pendant sa journée de libre, trouvant le temps de faire un peu de shopping avant ses autres projets de la journée. Au lieu de rester dans la maisonnée, à faire le ménage ou à entendre les confessions de sa colocataire Holly, elle avait décidé de partir assez tôt de la maison afin que les magasins ne soient pas tous bondés quand elle allait arriver. Ce qui fallait l'avouer avait été une bonne chose, vu que très peu de personnes osaient s'aventurer dehors sous un froid glacial même pour aller faire du shopping. D'ailleurs, la jeune femme avait déjà planifié tout les cadeaux qu'elle devait acheter pour la fête de Noël. Entre les différents cadeaux pour ses nombreux frères et sœurs, ainsi que pour ses neveux et nièces, et pour ses deux colocataires, elle avait de quoi s'y perdre. Mais étant de nature organisée, elle avait déjà griffonner sur un carnet sur qui plairait à chaque personne. Et comme chaque année, elle essayait de ne pas trop dépenser, sachant qu'il y avait les factures à payer à la fin de chaque mois. Fort heureusement, dans sa famille, seul l'attention et les retrouvailles comptaient. C'était peut-être ça qui faisait que chaque membre de sa famille était liées, et que même elle qui était éloignée de tous, étant donné qu'elle vivait dans un coin isolé de tous, elle avait la chance de garder quand même compter avec ses frères et sœurs. Comme quoi la famille il n'y a rien de sacré.

Deux heures après, Jessica termina de payer à la caisse d'un magasin les derniers cadeaux qu'elle venait d'acheter, avant de jeter un coup d’œil rapide à la montre qui était sur son poignet. Voyant l'heure qu'il était, elle décida d'accélérer le pas, afin de ne pas être en retard. En chemin, elle acheta quelque chose à manger, son ventre criant famine. S'arrêtant sur un bac juste en face du coiffeur, elle posa tout ses sacs de shopping, avant d'entamer le sandwich qu'elle venait d'acheter. La psychiatre aurait pu rentrer chez elle, afin de se faire un repas beaucoup plus digne de ce nom ; mais pourtant elle n'en avait pas vraiment envie et elle n'avait pas réellement le temps. Même pendant ses jours de repos, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de vivre énergiquement, et alors ses journées n'avait rien de reposant. Seulement, c'était sa façon d'être et c'était son rythme de vie. Rester chez soi à ne rien faire, ce n'était pas pour elle. Il fallait qu'elle bouge, qu'elle voit que les minutes lui manquaient, qu'un petit suspens se créer ensuite. Enfin, après avoir fini de déjeuné, remarquant qu'elle était parfaitement à l'heure et donc pas conséquent dans les temps, elle reprit tout ses sacs et franchit le seuil du coiffeur. Un jeune homme à l'allure efféminé, et au sourire fort plaisant, ne tarda pas à venir vers elle. « Bonjour, ce serait pour un changement de coupe s'il vous plaît. » « Très bien. Je suppose que vous êtes Jessica la psychiatre. » Face à cette réponse, la jeune femme eut un petit rire avant de répondre positivement. Il n'y avait rien de bien étonnant à ce que les habitants de Lima la connaissent. Étant la seule psychiatre dans une petite ville, elle avait facilement réussi à se faire connaître. Peut-être même que son livre qui avait été best-seller lui avait donné un peu de célébrité. Ce qui était tout de même agréable à ses yeux.

Après s'être débarrassé de ses sacs de shopping qui étaient pour le moins encombrant, Jessica allait s’asseoir sur le fauteuil que lui adressa le jeune homme. Celui-ci, faisant son travail de coiffeur, lui demanda quel type de coupe est-ce qu'elle voulait exactement. N'étant pas contre un avis, la psychiatre le laissa donner les quelques petits conseils qu'il pouvait avoir. Toutefois, le jeune homme à l'allure efféminé et à la parole divertissante, était d'accord sur le choix de la coiffure. Pendant une heure, Jessica se fit donc coiffer. Aucun regret, aucune tristesse ne vint traverser son esprit, lorsque le coiffeur coupa ses cheveux et qu'elle vit ses mèches de cheveux jonchés sur le sol. Certaines personnes disent qu'elle perdre un partie d'elle même lorsqu'elle se font coupé les cheveux ; pourtant la jeune femme ne ressentait pas ce sentiment, c'était presque insignifiant à ses yeux.

Lorsque le coiffeur eut enfin terminé de coiffé les cheveux de Jessica, celle-ci se regarda dans le miroir, un sourire ravie apparu sur son visage. « C'est parfait. Merci beaucoup. » Suivant le jeune homme pour pouvoir payer, la psychiatre était contente de savoir qu'elle n'était pas en retard pour son rendez-vous, juste après. « Il est vrai que cette coupe vous va merveilleusement bien. » dit le jeune homme tandis que la jeune femme était en train de chercher sa carte bleue dans son porte monnaie. Elle lui fit un petit sourire, avant de se rendant compte qu'elle n'arrêtait pas de sourire. Pour autant, son sourire habituel ne disparut pas de son visage ; comme-ci il était ancrée sur son visage.

Quelques minutes plus tard, Jessica marchait en direction du Starbuck Coffee où elle avait rendez-vous avec Emma. Impatiente de voir son amie, la jeune femme bravait le froid, ses bottes à talons s'entendant sur le bitume. Il ne lui fallut pas longtemps pour rentrer dans le Starbuck. Jetant un regard aux différentes personnes présentes, elle vit que la rouquine n'était pas arrivée. Ce qui en soit était une bonne nouvelle ; de cette façon, elle allait pouvoir ainsi lui faire la surprise de son changement de coupe. Apercevant une table libre, la psychiatre décida de s'y installer, posant tout ses sacs sur la banquette à côté d'elle. Tout en attendant son amie, elle décida de prendre un café. Cela faisait pas mal de temps qu'elle n'avait pas parler avec Emma, et elle s'en réjouissait d'avance. Les paroles, ni les confidences n'étaient pas ce qui manqués. Heureusement.

Une jeune femme à la chevelure rousse, fit irruption dans le Starbuck Coffe. Jessica eut un sourire presque instinctivement en voyant son amie arriver. Elle ne savait pas comment celle-ci allait réagir. Bien entendu, elle se doutait qu'elle allait la reconnaître. Puis, il n'y avait pas grande monde dans le café et très peu de gens ressemblaient à Jessica. Ses lèvres se posèrent sur le rebord du gobelet, et la psychiatre dû reconnaître que le Starbuck devait sa célébrité. Le café était excellent. Elle leva les yeux lorsqu'elle vit Emma arriver dans vers elle. « Bonjour Madame Schuester. » Le dernier mot qu'elle prononça fut dit d'un ton détaché. Cela ne faisait pas longtemps que la rouquine venait de se marier et bien que Jessica avait assisté au mariage, elle se faisait toujours un plaisir de la nommer par son nouveau nom de famille.

Décembre : la neige et la menace de l’hiver qui approche à grands pas. Le regard rivé sur la petite fenêtre de son bureau, Emma observait d’un air passif le paysage blanc que celle-ci dévoilait généreusement. Depuis qu’elle était enfant, elle redoutait l’arrivée de cette saison froide de la même façon qu’elle craignait les microbes qui l’entouraient inéluctablement. Elle avait en horreur la neige qui bloquait les rues et la circulation, détestait le froid qui lui donnait une bonne dose de frissons quotidienne. Cet hiver-là n’échappait pas à la règle, au contraire, depuis qu’Emily avait attrapé une grippe au début du mois, elle était encore plus tracassée que d’habitude. Elle avait beau s’être débarrassée en grande partie de ses troubles obsessions compulsifs quelques années plus tôt, il n’en restait pas moins que lorsque sa fille tombait malade, elle devenait complètement hystérique et se mettait à pulvériser l’ensemble de l’appartement de produits ménagers visant à chasser sans retenue ces vilains microbes. Poussant un soupir, la jeune femme se remémora les quelques jours qu’elle avait passés avec Ems à la maison, ne voulant pas la lâcher d’une semelle et prenant même le risque de dormir à ses côtés afin de la rassurer. Au fond, une telle attitude n’apaisait sûrement pas la fillette mais la conseillère n’avait pu s’en empêcher, c’était plus fort qu’elle. Cette période avait cependant été bénéfique à la relation qu’elle entretenait avec sa fille : elles avaient passé de nombreuses heures ensemble, et alors que d’ordinaire Emma passait ses journées à McKinley et ses soirées à la LPA, cette fois Emily avait pu profiter d’elle. Au fond, c’était un mal pour un bien : l’hiver avait beau l’effrayer, il lui avait quand même permis de profiter un peu de sa fille unique.

« Ms. P. ? ». Sursautant sur son siège, Emma secoua la tête d’un air confus alors que son regard encore rêveur rejoignait celui d’Heather qui était à sa porte. Acquiesçant de façon peut-être trop enthousiaste, la jeune femme rendit son sourire à la jolie rouquine qui lui annonçait qu’elle rentrait chez elle. La conseillère d’orientation la salua puis jeta un coup d’œil à sa montre. Remarquant qu’elle était déjà en retard pour son rendez-vous avec Jessica, elle s’empressa de réunir les papiers sur son bureau et de ranger quelques dossiers dans les tiroirs derrière elle avant de récupérer son manteau et son sac puis quitter la pièce. La LPA n’était pas encore trop agitée pour un samedi après-midi, et elle laissa Seth s’occuper de l’association en son absence.

S’emmitouflant dans son manteau et son écharpe, la jeune femme fronça le nez lorsqu’elle retrouva la brise glacée qui lui frappa le visage. Décidément, elle ne pourrait jamais se faire à ce froid mordant et à ces couches blanches épaisses qui recouvraient les trottoirs. Faisant bien attention à ne pas glisser sur la neige, Emma enfila ses gants puis se diriger, tête baissée, vers sa voiture garée un peu plus loin. Voilà une chose qu’elle détestait également à propos de l’hiver : conduire lorsque la chaussée était glissante et menaçait la voiture de dérapages impromptus. Réprimant un soupir et s’efforçant de penser à ce rendez-vous avec Jessica pour calmer son angoisse, la jeune femme pressa le pas et ne tarda pas à s’engouffrer dans sa voiture. Après s’être réchauffé les mains qu’elle frotta frénétiquement l’une contre l’autre, elle mit le contact puis démarra. Heureusement pour elle, en cette froide journée, rares étaient les voitures qui osaient s’aventurer sur les routes de la ville et en dépit de la neige, Emma ne mit pas plus de vingt minutes à atteindre le centre-ville, et trouva même une place de stationnement en moins d’une autre minute, montre en main –autant dire qu’il s’agissait d’un record : depuis que Sue Sylvester était mairesse de cette ville, les petits curieux étaient nombreux à venir se balader à Lima.

Quittant la chaleur de sa voiture, Emma Pillsbury qui portait également depuis peu le nom de son mari, se dirigea d’un pas déterminé vers le Starbucks Coffee, le café où Jessica lui avait donné rendez-vous. Il était vrai qu’au contraire de bon nombre d’américains, elle n’était pas très fan du Starbucks –et cela n’avait bien entendu rien à voir avec les thés et chocolats chauds délicieux qu’ils proposaient, mais plutôt la foule qui s’y pressait habituellement- cependant elle voulait bien faire un effort pour la psychiatre de Lima, l’une de ses meilleures amies, si ce n’était la meilleure. Voilà plus de quelques jours que leur rendez-vous était programmé, et dire que la jeune femme avait hâte de revoir son amie relevait de l’euphémisme. A vrai dire, cette dernière lui manquait énormément : avec l’hiver qui était arrivé, Emma se baladait moins en ville et réduisait donc les chances de rencontrer ses amies dans le centre.

Parvenant enfin au Starbucks, le regard de la conseillère se posa immédiatement sur le peu de personnes qui attendaient leurs commandes et soupira de soulagement : la plupart des tables étaient vides et elle pourrait donc profiter pleinement du calme qui était d’ordinaire incompatible avec les Starbucks Coffees. Commandant un thé à la vendeuse, elle se retourna pour chercher Jessica du regard mais elle ne parvint pas à la voir. Haussant les épaules, elle attendit patiemment sa commande qu’elle récupéra quelques minutes plus tard. De nouveau, la conseillère passa en revue la salle et s’arrêta sur un visage, un peu plus loin, qui était tourné dans sa direction. Stupéfaite, Emma reconnut Jessica et laissa échapper un petit hochet de surprise en comprenant pourquoi elle ne l’avait pas reconnue tout de suite : celle-ci semblait avoir troqué ses longues mèches blondes contre un carré court. Se dirigeant résolument vers la psychiatre, Emma esquissa un sourire lorsqu’elle parvint à sa hauteur et que la jeune femme l’appela « Madame Schuester » -une appellation qui lui plaisait toujours autant. Riant légèrement, elle posa son thé sur la table et se dirigea vers la jolie blonde qu’elle serra un moment dans ses bras avant de se dégager. « Eh bien, Jessica, en voilà une surprise ! » Lança-t-elle avec dynamisme. Plissant les yeux devant la banquette face à elle, elle l’inspecta une seconde avant de s’asseoir quand elle décréta que celle-ci était propre –une vieille habitude. Croisant ses jambes en dessous de la table, elle sourit de nouveau à son amie. « Si je peux me permettre, cela te va à merveille ! Je suis sûre que tes clients seront ravis devant leur superbe psy » Ajouta-t-elle, tout en adressant un sourire complice à Jessica. Attrapant son thé entre ses mains, elle accueillit la chaleur qui émanait du gobelet avec une grande satisfaction. « Y a-t-il une raison particulière à cette nouvelle coupe ? Tu sais ce que l’on dit : ce genre de chose traduit généralement un grand changement dans la vie d'une personne ». Emma fit un clin d’œil à Jessica, tout en approchant le gobelet de ses lèvres.

Le Starbucks Coffee était réputé pour ses cafés savoureux et ses thés succulent. Nombre de personnes venaient approuver cette notoriété pendant leur temps de libre ou leurs heures de pauses. Rare était les personnes qui sortait du Starbucks, avec une mine déçue, une mine dépitée, comme-ci le café avait soigné quelques un de leurs maux. Si une personne avait un coup de chagrin, alors peut-être que le Starbucks était le meilleur endroit pour venir se consoler auprès du boisson chaude ; pour oublier un instant ses malheurs et savourer un instant magique. Avec les journées qui devenaient de plus en plus froide, le Starbucks Coffee était fidèle à sa réputation et était souvent plein dans l'après-midi. Lorsque la neige se mettait à tomber, nombre de personnes appréciaient de venir bavarder avec un ami, tout en se réchauffant auprès d'un gobelet chaud. Quelquefois, c'était simplement l'envie, le plaisir d'être avec quelqu'un, dans cet endroit, qui faisait venir certaines personnes.

Ce qui était le cas de Jessica. Elle, elle n'était pas venue pour pouvoir se réchauffer auprès d'une boisson chaude, ni venue regarder le temps froid qui faisait dehors à travers les vitres du Starbucks. Non, elle était venue, simplement pour pouvoir profiter d'un instant entre amie, avec Emma. En effet, cela faisait pas mal de temps que les deux jeunes femmes n'avaient pas pu passer un après-midi rien que toutes les deux. Et aujourd’hui, c'était une occasion. Puis, la psychiatre avait planifié son rendez-vous avec la rouquine, de façon à ce que celle-ci soit la première à découvrir son changement de look. Elle aurait pu choisir à ce que soit Holly qui soit la première, mais finalement elle voulait que ce soit Emma. Depuis plusieurs semaines, elle avait réfléchissait à cela, et n'avait parlé à personne de son changement de coiffure. Voulant que l'effet de surprise soit à son maximum. Même sa secrétaire semblait ne se doutait de rien. D'ailleurs, étant donné que Emma était comme sa meilleure amie, Jessica savait d’ores et d'avances qu'elle allait pouvoir se confier à elle, sans aucun soucis. Que celle-ci allait pouvoir la comprendre et qu'enfin les rôles allaient peut-être être inversés. Elle n'allait plus être la psychiatre, celle qui écoutait parler les autres, celle qui les conseillait, celle qui leur donner un traitement adapté à leurs mal ; non. Cette fois-ci elle allait être la patiente et ce serait Emma qui serait la psychiatre. Bien que celle-ci n'allait peut-être pas s'en douter, ce n'était pas grave. C'était ainsi. Jessica sentait que cela allait être ainsi. Puis, elle avait besoin de se confier à quelqu'un, elle aussi. C'était un être humain. Un être humain qui a du mal à garder ses pensées, ses réflexions, ses peines dans son petit cœur. Un être humain qui avait besoin d'entendre les conseils d'une amie, de savoir si elle ne faisait pas fausse route. Ce n'était pas un super-héros, elle ne pouvait pas deviner par elle seule, si ce qu'elle pensait ou si c'est ce qu'elle faisait été juste. Chaque personne ressent la nécessité d'avoir des confidences, d'échanger des paroles avec une autre personnes, d'avoir un fou rire, d'avoir des illusions. C'est l'être humain. Elle était tout simplement humaine.

Lorsque la jeune femme vit la rouquine entrer dans le Starbucks, elle ne fit aucun signe qui pouvait signifier à celle-ci sa présence. Elle lui faisait confiance. Dans son fort intérieur, elle savait que Emma allait la reconnaître tôt ou tard ; et que malgré son changement de coiffure, elle allait savoir que la personne assise à une table, c'était elle – Jessica. Elle entendit son rire, et vit son air surpris quand la rouquine vint à sa rencontre, semblant l'avoir enfin remarqué. Pendant un instant, elle se serrèrent dans leur bras, prouvant ainsi leur joie de se retrouver. Le dynamisme des paroles d'Emma, n'étonna pas Jessica. Elle savait, et ne doutait jamais que la rouquine rayonnait de bonheur sans cesse, et voir même d'énergie. Ce qui était presque comparable à elle même, ce qui était entre autre un de leur point communs. Leur fraîcheur de vivre c'était un peu ce qui les lier, ce qui faisait qu'elles s'entendaient aussi bien et que chacune savait que l'un était toujours là pour l'autre. Et malgré le fait qu'elle ne se voyait pas si souvent que ça, cela ne les empêchaient pas de s'appeler, ou de se rendre visite. Car, au fond, il n'y a pas d'âge pour avoir une personne sur qui compter, pour avoir une meilleure amie. L'âge n'a en aucun cas avoir avec ça, la complicité peut naître n'importe où. Qu'importe le temps, qu'importe les années.

Toujours autant observatrice, la psychiatre ne manqua pas le petit regard plissé que fit Emma à la banquette, afin de savoir si celle-ci était propre. Mais, elle ne dit rien. Elle pouvait la taquiner, lui dire qu'il ne fallait pas s’inquiéter ici les mesures d'hygiènes étaient véritablement prises en comptes ; mais elle ne dit rien de tout cela. Bien que cela faisait déjà plusieurs années, que la rouquine avait guéri ses troubles obsessionnels compulsifs, Jessica savait que celle-ci avait toujours quelques habitudes qui étaient restés en elle. Ce qu'elle comprenait tout à fait. Et ce qui à vrai dire n'était pas dérangeant. Chaque personne qui connaissait la rouquine depuis longtemps, savait que celle-ci avec eu des troubles obsessionnels et ne faisait pas vraiment gaffe à son habitude d'inspecter ou de nettoyer quelques chose sous peine que des microbes ne viennent s'y loger. Du moins, la psychiatre, elle, voyait cela comme faisant partie de la personnalité, du caractère de son amie, et ne faisait plus attention à ces habitudes. « Oh c'est vrai tu aimes ? » Un sourire se dessina sur ses minces lèvres. Cela la ravissait que la rouquine apprécie son changement de coupe. Ce n'était pas son genre d'être pessimiste et bien qu'elle était quelqu'un de très optimiste, cela lui faisait toujours plaisir quand on remarquait un changement. Puis, cette fois-ci ce n'était pas un changement anodin. C'était un changement de coupe, de look qui signifiait quelque chose. Et ça, Jessica vit bien que Emma l'avait remarqué. « J'ai voulu entre autre, te faire la surprise. Afin que ce soit toi qui soit la première qui remarque ce changement de look. » ajouta t-elle avec un petit sourire. Ses mains attrapèrent le gobelet de café posé sur la table, afin de le porter jusqu'à sa bouche et sentir la chaleur de la caféine dans sa gorge.

Après, une gorgée, tout en voyant le clin d’œil que lui fit Emma, Jessica reposa le gobelet sur la table et fit une mine qui se voulait innocente. Son rire retentit dans le Starbucks Coffee. Elle passa la main dans ses cheveux courts, baissa le regard, puis arqua un sourcil avant de reposer ses yeux sur la rouquine en face d'elle. « Il se pourrait en effet que cette nouvelle coupe signifie quelque chose. Et qu'il y ai une raison qui m'est donné envie de couper mes longs cheveux blonds. » Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas eu la chance d'avoir une conversation, rien que féminine et complice avec Emma, que la jeune femme ne pouvait s'empêcher de la laisser vaguer à ses réflexions, à ses doutes. Le suspense semblait flotter dans l'air, invisible, attendant de se dissiper. « Pour tout t'avouer, j'ai décidé de plus m'occuper de moi. Cela fait tellement de temps que je me consacre corps et âme à mon travail de psychiatre à Lima, que j'ai décidé d'avoir un minimum de pensée pour moi même. Je veux continuer à être psychiatre, bien évidemment, mais j'ai pris conscience d'une chose. » Un temps. Jessica s'interrompit quelques instants, posant ses mains sur la table, l'air sérieux, serein. Prenant conscience que ce qu'elle avait espérait, arrivait. Cette fois-ci elle se sentait un peu comme la patiente. « Lorsque j'ai assisté à ton mariage, quand je t'ai vue épanouie dans ta robe blanche, aussi étonnant que ça peut paraître, quand j'y repense, j'ai envie que moi aussi un jour ça m'arrive. Qu'un jour je dise oui à la personne que j'aime et que je puisse profiter des moments de bonheur que l'on ne peut avoir qu'avec l'être aimée. Quand je pense aussi à Holly qui est en couple avec un lycéen et qui se moque des commérages des autres personnes, je me dit qu'elle se moque de cela simplement parce qu'elle est heureuse. Et c'est en parti grâce au fait de voir Holly heureuse avec une personne plus jeune qu'elle, de te voir toi le sourire aux lèvres avec Will ; que j'ai pris conscience qu'il fallait peut-être que moi aussi je m'accorde le choix d'être heureuse. Non, pas que je ne sois pas heureuse ; au contraire mon travail, mes clients, mes amis me rendent heureuse, mais il y ce petit truc qui me manque. Et je pense que ce petit truc c'est l'amour. » Sa tirade achevée, Jessica resta silencieuse pendant quelques secondes, avant de boire une autre gorgée du café qui restait dans son gobelet. Elle venait de se rendre compte, qu'elle avait parlé plus qu'elle ne l'avait pensé, elle en avait dit plus qu'elle aurait voulut dire. Mais en aucun cas, elle le regrettait, au contraire cela semblait avoir fait enlever un poids présent sur son esprit. Se confesser, être aux confidences, semblait l'avoir en quelque sorte libérée de quelque chose qu'elle pensait depuis longtemps. Fermant les paupières, l'air serein, elle ne put s'empêcher de s'exclamer. « J'ai rencontré quelqu'un. » Ça semblait tellement anodin comme parole que la psychiatre ne pu retenir un sourire sur son visage.

Assise face à Jessica, la conseillère d’orientation ne pouvait s’empêcher d’observer le carré blond qui encadrait à présent le visage de son amie. Un tel changement de la part de la jolie psychiatre était surprenant : Emma la connaissait depuis des années et Jessica était toujours restée la même, que ce soit d’un point de vue physique ou psychologique. Modèle de constance, elle était l’archétype même de la femme moderne : indépendante, qui mène sa vie professionnelle à la baguette. Dans le fond, elles se ressemblaient beaucoup toutes les deux si l’on excluait le fait qu’elle était désormais mariée tandis que Jessica voguait toujours parmi les célibataires de la ville, pleine de charme, mais dont les relations ne semblaient pas s’éterniser. Emma connaissait bien Jessica, elle savait que le travail de cette dernière était ce qui la faisait avancer, au point peut-être de le privilégier au détriment d’une vie sentimentale. Et après tout, qui était-elle pour la blâmer ? Elle avait beau être une mère et depuis peu une épouse, la rouquine connaissait mieux que quiconque l’importance d’une vie professionnelle dans une vie. Ces derniers mois –plus précisément depuis l’ouverture de la LPA- elle-même rencontrait quelques difficultés à allier sa vie de famille à ses horaires difficiles. Cela avait été source de quelques disputes avec Will, qui lui reprochait souvent de ne pas savoir relâcher la pression. Elle savait qu’il avait raison et avait même essayé de se débarrasser de quelques tâches à l’association. Seulement, elle s’était rapidement rendue à l’évidence : si sa vie privée constituait bien sûr sa priorité, elle était incapable de mettre sa vie professionnelle entre parenthèses ; une situation quelque peu complexe, surtout quand on connaissait les dernières résolutions en date dans la vie de son couple.

Reportant graduellement son attention sur Jessica tout en détachant son regard de ses mèches d’un blond de blé, la jeune femme prit une gorgée du thé avant de retirer brusquement le gobelet de ses lèvres, la gorge en feu. Plissant le nez, elle s’empressa de reposer l’objet puis leva ses yeux qu’elle planta dans ceux de sa jolie amie. Suite aux compliments de la conseillère, la psychiatre sollicita de nouveau son avis en lui demandant si elle appréciait vraiment le changement. Acquiesçant derechef, un grand sourire s’installa sur les lèvres de la jeune femme. « Bien sûr, je trouve ça très réussi ! Et puis, regarde, nous avons presque la même coiffure maintenant… enfin, si l’on exclut la couleur » Répondit Emma, et joignant le geste à la parole elle soupesa d’une main sa chevelure flamboyante avant de laisser un rire léger lui échapper. Il était toujours aussi agréable de constater que la présence de celle qu’elle considérait depuis des années comme sa meilleure amie la mettait toujours de bonne humeur. S’il était vrai que le sourire qui illuminait en permanence le visage de la rouquine ne délogeait que rarement ses lèvres, il arrivait néanmoins que son moral lui fasse défaut et dans ces moments-là, elle savait qu’elle pouvait compter sur Jessica. Emma connaissait le sentiment de solitude et d’exclusion : elle l’avait connu à l’enfance, à l’adolescence et même au début de sa vie de jeune adulte. Elle savait ce que l’on pouvait ressentir sans amis à qui parler. C’était sûrement pour cette raison qu’elle appréciait d’autant plus ceux sur lesquels elle pouvait désormais compter. Et Jessica, plus que quiconque, faisait bel et bien partie de cette catégorie.

La tirant de nouveau de ses rêveries, la blondinette lui expliqua qu’elle avait tenu à ce qu’elle soit la première à découvrir sa nouvelle coupe de cheveux, afin de lui faire la surprise. L’intéressée haussa les sourcils et posa une main sur sa poitrine, émue. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais c’était précisément ce genre d’attention qui lui faisait plaisir. « Oh merci, je suis ravie d’avoir le privilège d’être la première à pouvoir apprécier ce nouveau look » S’exclama-t-elle, un sourire en prime. Reprenant dans ses mains le gobelet qu’elle avait abandonné après s’être brûlé l’ensemble de ses papilles gustatives, Emma le souleva et huma l’odeur qui s’en dégageait. Si elle n’avait jamais été une grande fan de café –l’odeur seule parvenait à la dégoûter- le thé faisait en revanche partie de ses boissons préférées. Soupirant, elle prit lentement une nouvelle gorgée afin de tester la température du liquide, puis grimaça en se brûlant de nouveau la langue. Reposant son thé, elle soupira puis entreprit de retirer son manteau et l’écharpe toujours nouée autour de son cou, qu’elle posa à côté d’elle sur la banquette.

Poursuivant la conversation, Jessica lui annonça qu’il y avait bel et bien une signification cachée derrière sa nouvelle coupe de cheveux. L’attention d’Emma fut aussitôt attirée et, abandonnant le gobelet du regard, plongea ses yeux bruns dans ceux de son amie. En entendant les explications suivantes, elle esquissa un sourire. Elle avait toujours pensé que Jessica ne prenait pas suffisamment soin d’elle. Oh bien sûr, elle était loin d’être une femme négligée et était au contraire une femme plutôt élégante. Cependant, il était évident qu’elle se laissait trop absorber par son travail en oubliant de s’occuper un peu d’elle. Jessica était une femme magnifique, le type de femme qui plaisait aux hommes. Seulement, cela ne suffisait pas toujours : il fallait bien sûr plaire aux autres mais surtout se plaire à soi-même. Aussi, on ne peut plus d’accord avec les paroles de sa meilleure amie, Emma approuva d’un nouveau signe du menton et écouta attentivement les nouvelles remarques de Jessica. A la mention de son mariage avec Will, elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Toutefois, lorsque le cas d’Holly fut abordé, celui-ci s’évanouit rapidement de ses lèvres. Elle masqua du mieux qu’elle le put sa désapprobation face à cet étudiant avec lequel Holly sortait, mais de toute façon, il ne fallait pas être Saint Thomas pour s’apercevoir que la conseillère d’orientation ne portait pas vraiment Holly dans son cœur. Cela ne datait pas d’hier, et elle avait beau faire des efforts lorsqu’elle se trouvait en présence de Jessica –qui était à la fois la colocataire et amie de la professeure remplaçante de McKinley- il arrivait qu’elle ne puisse pas résister à l’envie de grimacer en entendant ce nom résonner.

« Tu as raison, Jessica. Tu mérites de t’accorder un peu de répit, et sans pour autant quitter ton travail, penser un peu à toi. Nous exerçons toutes les deux des professions nous obligeant à être très attentives aux comportements d’autrui, afin de pouvoir trouver des solutions et apporter notre aide. Mais cela ne suffit pas, il n’y a pas que le travail dans la vie ». Emma esquissa un sourire à l’attention de son amie et posa une main sur la sienne, un geste qu’elle n’aurait jamais esquissé des années plus tôt mais qui semblait presque naturel à présent. « Tu sais, c’est en partie grâce à toi que je suis heureuse aujourd’hui. Si tu ne m'avais pas aidé à me débarrasser de mes… problèmes, je ne suis pas sûre que j’aurais pu m’en sortir seule et ce mariage auquel tu as assisté ne se serait probablement jamais produit. Alors oui, tu as droit au bonheur. Et puis, si j’ai réussi à trouver quelqu’un qui veuille bien de moi, je ne me fais aucun souci pour toi » Ajouta-t-elle afin de détendre un peu l’atmosphère. Dégageant sa main, elle reprit précieusement le gobelet entre ses mains. Elle commença à le faire tourner sur lui-même, lorsque Jessica la prit au dépourvu en lui annonçant avoir rencontré quelqu’un. Surprise, Emma leva de grands yeux bruns dans sa direction et ses lèvres formèrent un O. Lâchant aussitôt le gobelet, ses doigts s’écartèrent et l’enthousiasme se peignit immédiatement sur ses traits. « Vraiment ? Quelle cachotière ! Oh mon Dieu, je veux tout savoir, Jessica ! ». Et la voilà qui sautillait presque sur la banquette, comme un gamin le jour de Noël, si heureuse pour son amie qu’elle avait bien du mal à dissimuler sa curiosité.

Buvant la dernière goutte de son café, Jessica s'étonna elle-même d'avoir terminé de le boire. Cela ne faisait que quelques minutes qu'elle avait pris commande et elle venait déjà d'achever sa première caféine du jour. Peut-être était-ce les confidences qu'elle disait qui faisait qu'elle ressentait un sentiment de stress. En effet, jamais auparavant, elle n'avait osé dire à quiconque ce qu'elle pouvait ressentir ou alors même des confidences sur son adolescence. Certes, quelquefois, il lui arrivait de parler avec sa colocataire Holly, des différents hommes qui pouvait la séduire, mais cela était juste pour s'amuser ; et ce n'était pas des confidences à proprement dit étant donné que lorsque la jeune femme disait cela, alors c'était plus pour que sa colocataire rigole. Puis, de cette façon, ça animait les repas. Toutefois, face à Emma, elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela normal. Après tout c'était sa meilleure amie, et les meilleures amies se racontent tout. Jessica avait confiance en la rouquine. Ce qui était aussi une des autres raisons pourquoi elle avait immédiatement voulu que son amie voit son changement de coiffure. Et le changement de look qui allait arriver peut-être après. Effectivement, le changement de look qui consistait à s'habiller beaucoup plus chic qu'avant faisait partie d'un des objetctifs de la psychiatre. Lorsqu'elle travaillait, avec les années, elle ne s'était plus beaucoup préoccupée de son style vestimentaire ; usant quelquefois de la simplicité. C'est à dire un t-shirt et un jean. Seulement, maintenant, elle avait décidé de profiter de sa féminité, de mettre en valeurs ses femmes. A présent, elle voulait arborer les jupes, les robes et d'autres vêtements de ce genre, auxquels elle n'aurait pas pensé obligatoirement auparavant.

Jessica eut un petit sourire lorsque Emma lui dit qu'à présent elles avaient presque la même coiffure, bien que la couleur n'était pas la même. Acquiesçant de la tête, mettant une mèche de cheveux blonde derrière son oreille, un sourire toujours présent sur ses minces lèvres, la jeune femme s'exclama, ravie des paroles de son amie. « Oh c'est vrai ! Je n'avais même pas fait attention. Même si je me répètes, je suis vraiment contente que tu aimes. » Il était rare que la psychiatre ai des pensées pessimistes et des a priori sur certaines choses ; pourtant lorsqu'elle avait vu ses longues mèches de cheveux couleur blondes tombées sur le sol du salon de coiffure, elle s'était demandé si elle avait véritablement fait le bon choix. Si elle n'allait pas le regretter quelques instants après. Et pourtant non. Elle en était plutôt contente. Puis, le simple fait de savoir que pour le moment une de ses amies très proche trouvait que ce changement de coiffure lui allait à merveille, ne pouvait que la combler. Heureusement qu'elle avait eu le droit d'être coiffé par un coiffeur qui savait y faire ; sinon peut-être que le résultat voulu n'aurait pas eu pareille allure.

Alors que dans un élan de satisfaction, elle venait de reparler à son amie, Jessica ne délogea pas le sourire présent sur ses lèvres lorsque celle-ci lui parlait. Aussi mirobolant que cela pouvait être, il n'y avait presque pas un seul instant où elle ne souriait pas ou ne rigolait pas, lorsqu'elle était en compagnie de la rousse. Celle-ci pouvait la faire sourire rien qu'en lui racontant sa trépidante vie de famille ou en lui racontant les élèves qu'elle avait vu dans son bureau le jour même. Sûrement cela faisait partie de la raison pour laquelle elles s'entendaient aussi bien. Il était vrai qu'au début, la jeune femme n'avait pas imaginé qu'elle allait s'entendre merveilleusement bien avec une personne comme Emma. Car ce n'était qu'une de ses patientes. Mais, à force des rendez-vous, elle avait réussit à trouver en Emma une personne aimable, chaleureuse et une personne qui avait en elle la volonté de vouloir se débarrasser de ses troubles obsessionnels compulsifs. Ce dont elle avait réussit. D'ailleurs, Jessica admirait le courage et la détermination dont avait fait preuve la rousse. Leur lien d'amitié s'était assez renforcé après que l'ancienne patiente arrêta les séances de suivies psychiatrique chez Jessica. Bien qu'il était rare qu'elles parlaient de cela toutes les deux, il arrivait quelquefois que la blondinette se souvienne de la première fois où elle avait fait la connaissance de Emma et ça même si ça remontait à cinq ans. Les souvenirs étaient toujours gravés dans sa mémoire.

Même si Jessica était en train d'avouer à son amie les raisons qui avait poussé ce changement de coiffure soudain, elle réussit quand même à voir l'expression presque négative se dessinait sur le visage de Emma. Elle savait que cela était la cause de sa parole sur Holly. Même si elle n'en avait jamais parlé avec l'une d'entre elles, Jessica avait réussit à deviner toute seule, que les deux jeunes femmes ne s'apprécient guère. Les regards quelques peut glacial et le fait qu'elles ne se parlaient pas lorsqu'elles étaient dans la même pièce, n'avait pas échappé aux yeux de lynx de la psychiatre. Étant très observatrice et arrivant facilement à analyser les gens, elle avait vite compris qu'une rancune agissait sur les deux jeunes femmes. Quelquefois, elle avait eu envie de savoir la cause de cette rancœur, mais avait décidé de ne pas s'en mêler, ayant préféré pour une fois resté à sa place. Bien qu'elle les considérait toutes les deux comme ses amies proches ; et qu'elle ne savait pas souvent comment faire lorsqu'elle voulait inviter la famille Schuester dîner à maison et qu'il y avait Holly avec son petit-ami à la maison. Ce qui n'était pas souvent facile à gérer. Effectivement, il n'était pas rare que Tyler – le petit ami de Holly – s'invite dans la maison de celle-ci, et qu'il n'est aucun remord à s'afficher avec sa bien aimée aux yeux des autres. Même si Jessica ne disait rien, elle se doutait que peut-être cela pouvait bouleverser la nièce de Holly. Seulement, elle se taisait. C'était mieux ainsi. Alors, aucunes paroles ne traversa ses lèvres lorsqu'elle perçut ce soudain changement d'expression chez Emma. Préférant continuer ses confidences, comme-ci de rien n'était.

Lorsque la rouquine posa sa mains sur celle de Jessica, après ses paroles ; celle-ci esquissa un autre sourire – cette fois-ci beaucoup plus grand que le précédent. Oui, il fallait avouer que Emma avait fait bien des progrès qu'il y a cinq ans, et ça la psychiatre le savait et n'en doutait jamais. Elle ne répondit pas son amie, suggérant que le sourire qu'elle venait de lui accorder était une réponse. Alors qu'elle ne s'y attendait pas, la jeune femme eut le droit à des paroles inattendues de la part de son amie. Se mordant quelques secondes la lèvres, Jessica semblait chercher ses mots. « C'est normal. Tu fait partie de mes amies proches Emma et je dirais même que tu es un peu comme une meilleure amie à mes yeux ; alors c'est normal que je t'ai aidé à attraper le bonheur qui s'offrait à toi. En tout cas, ça me touche ce que tu dis. » Jessica ne s'était en aucun attendu à ce que son amie lui dise cela, et cela ne fit que confirmer ses propos à propos de la jeune femme.

Voyant dans quel état sa révélation soudaine mit Emma, la psychiatre ne put s'empêcher de rire. L'enthousiasme présent sur le visage de la rouquine eu pour conséquence de rendre Jessica encore plus joyeuse qu'elle ne pouvait déjà l'être. Son rire ne cessa pourtant pas de résonner dans le Starbucks Coffee lorsqu'elle vit son amie sautillait presque sur sa banquette. Après quelques instants, elle reprit toutefois son calme, voyant que quelques regards se dirigeaient vers elle. Ses yeux se posèrent un instant sur ceux d'Emma, puis elle prit son gobelet avant de se rendre compte qu'il était vide. Sans attendre, elle décida d'en commander un autre, en interpellant un serveur qui passait. Son regard se dirigea presque soudainement vers l'extérieur. En fait, Jessica ne savait pas par où commencer, même si elle savait que c'était elle qui venait de lancer la discussion sur ce sujet. Décidant de ne pas abandonner son courage, ni sa franchise indémodable, elle mit une main sur son visage avant de la reposer sur la table, tout en la fixant. « Bon alors si tu y tiens. Il se nomme Peter. Et avant que tu dises quoi que ce soit, non il ne s'est rien passé entre nous. » rétorqua t-elle en levant les yeux vers la rousse. Aussi étonnant que cela pouvait paraître, à cet instant, la jeune femme avait l'impression d'être une adolescente face à une autre adolescente. Comme-ci des confidences pouvait tout d'un coup changer sa manière de percevoir les choses. Posant son autre main sur son visage, le visage trahi par la gaieté, elle continua. « Tu dois sûrement le connaître il travaille au lycée McKinley High. » Si ses souvenirs étaient intacts, alors Jessica se souvenait de tout ce qu'avait pu lui dire Peter, et de tout ce qu'elle avait pu observer chez lui. « Enfin bref. Je ne vais pas te cacher, que je ne suis pas très insensible à son charme et que nous avons déjà eu quelques rendez-vous au restaurant ensemble. » Il fallait commencer en douceur. Ne pas faire trop de confidences d'un coup – du moins c'était ce qu'elle pensait. En fait, la blondinette voulait d'abord voir et savoir ce que son amie Emma allait dire face à ses révélations. Même si elle n'était pas contre au fait de lui parler du sentiment qu'elle ressentait lorsqu'elle était en compagnie du jeune homme, et de l'infime hésitation qu'elle ressentait à cause de la différence d'âge. Justement, contre toute attente, n'ayant pas la faculté de mettre la langue dans sa poche, ni de pas dire ce qu'elle pense, Jessica ne pu s'empêcher de s'exclamer d'une voix presque différente ; les paroles franchissant le seuil de sa bouche, avant qu'elle ne les mettes dans un coin de sa tête. « Mais... Enfin, ça va peut-être te paraître stupide mais, c'est la première fois que je me sens aussi bien en compagnie d'un homme et toi même tu sais à quel point j'ai souvent décliner l'invitation d'un homme, ou alors les compliments que la gente masculine pouvait me faire. » En effet, la blondinette n'hésitait pas à dire à son amie les invitations qu'elle pouvait recevoir de la part de la gente masculine et de l'agacement que certain pouvait lui procurer lorsqu'ils demandaient avec instance. Toutefois, il était vrai que la présence d'une personne masculine à ses côtés lui manquait et que partageait ses draps chaque jour avec une personne qu'elle aimait été aussi quelque chose qui lui procurait un manque. Certes, avant elle avait quelques relations d'un soir avec certains homme, mais depuis qu'elle vivait chez Holly, elle avait changé. Ce qui avait eu pour cause qu'elle avait comblé son manque en travaillant encore plus en tant que psychiatre. Jessica poussa un petit soupir avant qu'un minuscule sourire ne se dessine finement sur ses lèvres.

Si Emma n’était pas avide de ragots de manière générale, lorsque ses amis souhaitaient lui confier quelques secrets d’une importance plus ou moins conséquente, elle était toujours la première à sautiller sur son siège sans pouvoir dissimuler l’impatience qui, en une poignée de secondes à peine, l’avalait toute entière. Compte-tenu de la nature du métier qu’elle exerçait, une telle réaction aurait pu sembler disproportionnée : après tout, elle passait ses journées à recevoir des adolescents qui la plupart du temps, à défaut de solliciter son aide concernant leur orientation future, désiraient plutôt demander quelques conseils à celle qui faisait office de psychologue scolaire. Néanmoins, elle parvenait aisément à dissocier vie privée et vie professionnelle. Devant Jessica, elle ne portait pas le masque de la conseillère sérieuse et toute en retenue qui écoute les confidences des uns tout en ayant les mains liées par le secret professionnel. Elle était naturelle : enthousiaste, impatiente, débordante d’une énergie que l’on ne soupçonnait peut-être pas derrière ses vêtements trop stricts mais qui réapparaissait à la seconde où un sourire fendait ses lèvres. Heureusement pour elle, Jessica la connaissait –à vrai dire, elle était peut-être la personne qui la connaissait le mieux en dehors de Will- et elle pouvait être à l’aise avec elle, sans se soucier de l’image qu’elle pouvait renvoyer. Cela comptait énormément dans l’équation : Emma ne devait pas s'efforcer à être quelqu’un d’autre, parce que la personne qu’elle était suffisait à son amie.

Le rire de la jolie blonde ne tarda pas à retentir dans le Starbucks alors que la rouquine continuait à s’agiter sur la banquette. Trois petits mots avaient suffi à lui faire oublier la morosité de l’hiver et tous les petits soucis qu’elle avait pu connaitre ces derniers temps. Plus curieuse que jamais, la conseillère essayait déjà d’imaginer l’homme que sa meilleure amie avait pu rencontrer. Un grand ténébreux cultivant un mystère édifiant ? Un avocat à la fois discret et élégant qui l’avait invitée à diner en la rencontrant par hasard dans le bar karaoké, un samedi soir ? L’un de ses nombreux patients qui était tombé sous le charme ? Pourtant, parmi toutes ces possibilités, Emma ne pouvait se sortir de la tête l’image du parfait gentleman. Elle avait sûrement regardé trop de films à l’eau de rose –c’était même une évidence-, néanmoins elle imaginait un homme charismatique, galant et drôle ; bref, le genre d’homme que l’on voit davantage à la télévision que dans la vie réelle.

Posant son coude sur la table sans plus se soucier de la poussière qui aurait pu recouvrir cette dernière, Emma posa son menton sur sa paume ouverte et parvint à demeurer immobile au cours des prochaines secondes qui suivirent. La première chose qu’elle apprit fut le prénom de l’heureux élu : Peter. La conseillère d’orientation plissa légèrement les yeux, sans se départir de son sourire. Au contraire, lorsque Jessica ajouta vivement qu’il ne s’était rien passé avec ce Peter, elle éclata de rire et son pied se mit à frapper frénétiquement le sol, témoin d’une curiosité qu’elle ne parvenait plus à cacher. « Oh mais, je n’ai rien insinué du tout » Répliqua Emma d’un air espiègle avant de se taire afin de ne rien manquer des prochaines révélations. C’est alors que la psychiatre lui apprit que le si mystérieux Peter travaillait à McKinley, une nouvelle qui eut le don de clouer le bec de la jeune femme. Peter ? Peter, Peter… Oh ! Peter Matterface ? Les yeux de la conseillère s’arrondirent comme des soucoupes. Il était vrai qu’elle ne le connaissait pas beaucoup et les seules fois où elle avait eu l’occasion de lui parler pouvaient sans aucun doute se compter sur les doigts d’une seule main. Cependant, sa réputation le précédait, et sans pour autant suivre les commérages de ses collègues, Emma avait appris bien des choses à son sujet. Tout d’abord, tout le monde s’accordait à dire qu’il était prétentieux et franchement hautain. Elle-même avait déjà remarqué le regard dur qu’il posait parfois sur ses élèves, même si elle ne l’avait pas jugé pour autant. Néanmoins, il semblait être un homme plein de ressources, particulièrement intelligent et pédagogue selon les dires. Dans les dossiers scolaires et bulletins trimestriels qu’elle avait l’occasion de passer en revue au quotidien, Emma avait remarqué que certaines moyennes avaient largement baissées depuis que Peter Matterface avait succédé à l’ancien professeur de mathématiques. Elle en avait conclu qu’il était tout simplement plus exigeant suite aux divers entretiens avec les élèves concernés, mais n’en avait pas déduit pour autant que c’était une mauvaise chose ; au contraire, avec Peter, ils seraient probablement mieux préparés dans cette matière.

Quoi qu’il en soit, qualités et défauts mis à part, jamais Emma n’aurait pu imaginer son amie tomber sous le charme de ce professeur qui, il fallait l’admettre, pouvait paraitre bien froid au premier abord. Intéressée, elle écouta néanmoins avec attention les prochaines réponses de Jessica qui lui avoua avoir déjà eu quelques rendez-vous avec Peter. Levant un sourcil, la jeune femme se redressa sur la banquette et attrapa son gobelet sur lequel elle posa ses mains froides. « Oui, je me souviens bien de Peter, il enseigne les mathématiques à McKinley. Je dois t’avouer que je ne le connais pas énormément, mais peu importe ! Au contraire, c’est encore mieux, tu vas pouvoir m’apprendre plein de choses à son sujet ! ». Toujours aussi enthousiaste, elle coula un regard amusé à Jessica avant d’esquisser un énième sourire. Voir la psychiatre aussi emballée par un homme faisait plaisir à voir. Elle s’était souvent demandé quand ce jour arriverait : jusqu’à présent, Jessica n’avait jamais vraiment semblé prête à se lancer dans une vraie relation sentimentale, concentrant toute son attention sur ses clients –ou tout du moins était-ce la vision des choses de la conseillère. Pourtant, à chaque fois qu’elle venait à l’appartement afin de diner avec Emma et Will, elle s’émerveillait devant leur vie de famille si rangée. A trente-quatre ans, la jeune femme donnait l’impression de vouloir enfin reprendre les rênes de sa vie privée, et puisqu’Emma avait enfin le pouvoir de conseiller Jessica alors que les rôles étaient généralement renversés, elle était prête à la pousser à aller dans ce sens. Le regard plongé dans celui de Jessica, elle avait beau ne pas être la principale concernée de l’histoire, elle se sentait néanmoins comme sur un nuage tant la nouvelle lui faisait plaisir, et aux prochaines paroles de la psychiatre, son sourire s’intensifia sur ses lèvres. « C’est loin d’être stupide, Jessica. Je te connais depuis quelques années maintenant, et c’est la première fois que je te vois dans cet état. Autant dire que ça fait plaisir à voir » Continua-t-elle, avant de reprendre une gorgée de son thé qui avait finalement refroidi. Reposant le gobelet sur la table, elle plongea de nouveau son regard dans celui de Jessica. « Mais je veux en savoir plus, tu t’en doutes bien ! La façon dont vous vous êtes rencontrés, ces fameux rendez-vous au restaurant : tout ! ». Prenant des allures de petite fille ébahie devant un Walt Disney, elle dévisagea Jessica avec curiosité, trépignant une nouvelle fois d’impatience.

Se demandant dans un coin de sa tête si prendre un autre café était raisonnable ou non, Jessica décida après quelques secondes de réflexion de ne pas en reprendre un. Elle n'était pas très avide de la caféine, et pensait que prendre une ou deux tasses par jour était suffisant. Elle avait aussi lu quelque part que boire trop de café pouvait rendre stresser la personne qui en buvait, et la rendre exécrable à forte dose. Fort heureusement, étant une personne aimable et au caractère charmant, la jeune femme avait toujours réussit à dominer, à vaincre le stress qui pouvait s'emparer d'elle même. Ce n'était donc pas maintenant qu'elle allait se mettre à stresser plus que la moyenne. Puis, il n'y avait en plus aucune raison de se mettre à stresser. Posant son gobelet sur la table, Jessica eut un petit sourire tout à fait anodin. Étrangement, le simple fait de se retrouver en pleine après-midi avec Emma réussissait à la psychiatre de la rendre encore plus heureuse qu'elle ne pouvait déjà l'être. Comme-ci le simple fait d'être avec une amie chère à ses yeux, lui donner un instant de bonheur. Il y a cinq ans, elle n'aurait jamais imaginé être aussi proche de gens comme Emma. A présent, ça ne l'étonna pas, au contraire cela la ravissait. Même si elle était loin de sa famille, et qu'elle ne les retrouver que pendant les fêtes dans la demeure familiale au Texas. D'ailleurs, le simple fait de penser que Noël approchait à grand pas, et de voir que les rues commençaient à être décorés aux couleurs de la magie de Noël, réussissait à lui donner l'impatience de revoir sa très chère famille. Même si elle savait d'ores et d'avance qu'elle allait devoir subir les remarques de certains de ses frères et sœurs, qui allait lui demander comment est-ce qu'elle pouvait être encore célibataire ou quand est-ce qu'elle serait avec un homme. Des questions telles que « C'est quand qu'on sera tante et tonton ? Pourquoi tu ne succombe pas à un de tes patients ? » étaient elles aussi présentes. Toutefois, ce n'était pas tous ses frères et sœurs qui lui demandaient cela, certains restaient plus discret, et d'autres quant à eux comprenait très bien que Jessica ne classait par l'amour comme étant quelque chose de très important. Ses parents, eux avaient appris à ne pas se mêler de la vie privé de leurs enfants, privilégiant plutôt les petits-enfants qu'ils avaient pour le moment. Puis, même si ce genre de questions pouvaient paraître désagréables, les moments en familles lors des fêtes étaient toujours un moyen de s'amuser tout en se retrouvant. C'était donc presque pour ses raisons que Jessica adorait retrouver sa famille, elle qui restait proche d'eux, même si chaque membre de la tribu était dispersé ailleurs. Noël était le moment parfait pour retrouver son enfance.

Le rire de la jeune femme vint se joindre à la rouquine, lorsque celle-ci se mit à dire qu'elle n'insinuait rien du tout. Étant très proche de la conseillère d'orientation, Jessica connaissait le caractère de son amie, et n'était donc pas étonné du comportement de celle-ci, ni de l'attitude qu'elle pouvait avoir. Au contraire c'était même ça qui lui plaisait. Cette capacité à être sérieuse quand il le fallait, et à rire, être dynamique quand l'occasion se présentait. Elle pouvait presque la considérer comme la sœur qu'elle ne voyait plus. En tout cas ce n'était pas une simple meilleure amie, à ses yeux c'était plus et elle était sûr que ça la rouquine le savait. Jetant un regard enjoué dans sa direction, elle continua de parler, tout en gardant un œil sur le comportement de son amie. Une pensée se demandant si Emma connaissait Peter lui était venue soudainement en tête, mais celle-ci s'était vite dissipée prenant conscience qu'étant donné qu'ils travaillaient tout les deux à McKinley, il semblait évident qu'ils se soient au moins croisé une fois dans les couloirs. Le lycée n'était pas très grand et ce n'était pas des souris qui restait toujours dans la même salle. Jessica rigola encore lorsque la rouquine lui dit qu'étant donné qu'elle ne le connaissait pas beaucoup, c'était mieux, comme ça la psychiatre allait pouvoir lui apprendre pleins de choses à son sujet. De toute manière, il était évident aux yeux de la jeune femme qu'elle allait tout raconter à son amie. Entre meilleures amies, elles se disaient tout, se racontaient tout, se faisaient des confidences ; tout naturellement. « Je ne sais pas si je vais t'apprendre des trucs à son sujet ; mais bref on verra bien. » Un petit sourire se glissa sur ses lèvres.

Qui y aurait cru ? Jessica Randfield, la seule psychiatre de Lima, qui passait son temps à s'occuper de ses patients, venait de changer de coiffure et avait décidé de s'occuper plus d'elle même. Elle baignée presque dans l'euphorie. Si Emma lui aurait demandé si elle était amoureuse, alors peut-être que la jeune femme aurait nier le plus sincèrement du monde. En aucun cas, elle ne pouvait se dire amoureuse d'un homme avec qui elle avait eu peu de rendez-vous, puis la différence d'âge était quand même présente – même si ça Jessica s'en moquait complètement. Elle était simplement charmé et séduite par l'attitude de Peter ; et il était vrai que lorsqu'elle était en sa compagnie, elle jubilait quelquefois intérieurement. Un sourire toujours dessiné sur ses lèvres, Jessica regardait son amie, avec une hâte non dissimulée de tout lui raconter. L'enthousiasme présente sur le visage de Emma, ne faisait que de ravir encore plus la psychiatre. Le sourire littéralement encrée sur ses lèvres, la jeune femme ne répondait pas aux paroles de son amie, le simple sourire servant de réponse.

Lorsque la conseillère la regarda avec curiosité en lui répliquant qu'elle voulait absolument tout savoir, Jessica ne rigola pas, se contentant juste de sourire de toutes ses dents, avant de passer la main dans ses cheveux. Mettant son coude sur la table, elle ferma un instant les yeux, souriant toujours, avant de finir par parler, quelques secondes après. « Je m'attendais à ce que tu veuilles tout savoir. Bon c'est évident que je vais tout te dire. Alors c'est parti. » Elle releva les yeux vers la rouquine, avant de relever la tête et de regarder à la vitre comme-ci elle allait y trouver quelqu'un de l'autre côté. « Je l'ai rencontré accidentellement. En fait, ses feuilles de cours sont tombés sur le sol, et tu me connais je suis de nature assez bienveillante, donc j'ai décidé d'aller l'aider à ramasser ses feuilles. Après, on a décidé de faire plus ample connaissance en allant boire un verre. C'est ainsi que j'ai appris qu'il était professeur de mathématiques, et j'ai aussi entre autre remarqué qu'il avait un caractère bien lui en l'observant. » Jessica laissa quelques secondes s'écoulaient, afin de voir la réaction de son amie avant de poursuivre. « Suite à cette rencontre imprévue, on a décidé de se revoir. C'est donc ainsi que j'ai eu rendez-vous avec lui une seconde fois, cette fois-ci au restaurant. Et il faut avouer que ce rendez-vous fut le meilleur rendez-vous que je n'ai jamais eu. On a appris à faire encore plus connaissance, et puis il joue quelquefois de son charme envers moi. » S'interrompant une nouvelle fois, la psychiatre passa la langue furtivement sur sa bouche, avant de glisser son regard sur Emma. Certes, elle avait très envie de lui raconter le fait qu'elle se sentait comme une adolescente en compagnie de Peter, qu'ils avaient des jeux qui n'étaient sûrement pas dignes d'adultes ; mais elle voulait pour le moment faire perdurer cette instant de mystère et voir tout d'abord qu'est-ce qu'en penser Emma.

Imaginer Jessica et Peter était un peu déroutant, Emma devait l’admettre. Jamais elle n’aurait pu deviner qu’ils finiraient par se rencontrer tant ils semblaient si différents. La conseillère ne connaissait pas suffisamment le professeur de mathématiques pour pouvoir le juger, mais le peu de choses qu’elle savait à son sujet lui permettait de tirer quelques conclusions. A première vue, les qualités qu’ils partageaient étaient une ambition démesurée et une détermination à toute épreuve. Emma l’avait bien vu, à McKinley : Peter ne lâchait pas ses élèves d’une semelle et les poussait toujours à faire mieux, à franchir les limites qu’ils s’imposaient eux-mêmes. Les mathématiques n’étaient pas une matière facile, cela demandait de la rigueur et cela tombait plutôt bien, parce que de la rigueur, il en avait à revendre. Quant à Jessica, elle avait mis de côté ses relations amoureuses afin de privilégier sa vie professionnelle pendant de si longues années qu’il était aisé de deviner à quel point cette dernière comptait à ses yeux. Pour autant, cela ne signifiait pas qu’il fallait à tout prix essayer de les mettre dans le même panier. Contrairement à Jessica, Peter arborait toujours cet air grincheux qui avait plus ou moins éloigné Emma au début. Les yeux brillant d’intelligence, il avait l’air plus doué pour les sciences que pour la politesse ou les bonnes manières. C’était le genre de choses qu’Emma remarquait, elle qui avait développé un sens de l’observation aiguisé dès ses premières années afin de combler la solitude dans laquelle elle s’était enterrée. Au contraire du professeur de mathématiques, la psychiatre de Lima affichait toujours un air particulièrement avenant. Cela faisait partie de son métier : elle se devait de sourire en permanence et de rassurer une clientèle tourmentée. Mais Emma, plus que personne d’autre, savait qu’il ne s’agissait pas seulement d’une façade et qu’elle était aussi aimable dans son cabinet que dans la vie de tous les jours. Sur ce point, elles se ressemblaient énormément toutes les deux : il était rare que leurs sourires s’envolent, et leur enthousiasme devant des situations parfois monotones étonnait souvent. C’était peut-être pour leurs nombreux points communs qu’elle appréciait autant Jessica. Elle savait qu’elle pouvait se confier à elle, lui faire part de ses petits tracas et s’attendre à une réponse positive de sa part. Et il en était de même pour la psychiatre. Chacun y trouvait son compte dans cette amitié.

Emma fronça légèrement les sourcils en tachant de réunir une nouvelle fois Jessica et Peter dans ses pensées. Oh, elle finirait par se faire à cette idée, elle en était certaine. Et puis, c’était connu : les contraires s’attirent. Les exemples étaient multiples dans l’entourage d’Emma… et non, le couple formé par Holly Holliday et Tyler Duston n’en faisait pas partie, bien qu’entre la quarantenaire (ou presque) déjantée et le jeune quaterback destiné à un brillant avenir, l’écart soit en effet plutôt conséquent. A cette pensée, et malgré elle, Emma ne put retenir un soupir. Certes, la comparaison entre Jessica et Peter, et Holly et Tyler n’était pas excellente, mais c’était malheureusement le premier qui lui soit venu à l'esprit. Reportant son attention sur Jessica, elle parvint à oublier sa soi-disant rivale blonde. Esquissant un sourire, elle écouta avec attention les explications de son amie qui lui narrait sa rencontre avec Peter. La conseillère porta son gobelet à ses lèvres et après une brève hésitation, avala quelques gorgées tièdes de son thé. Elle opina du chef lorsque Jessica mentionna le caractère de Peter, amusée par le ton emprunté par la psychiatre pour en parler. Reposant le gobelet sur la table, Emma appuya son coude sur celle-ci et coinça une mèche rousse derrière son oreille. « Oui, j’avais cru comprendre que ce garçon avait un sacré caractère… mais ce n’est pas plus mal, cela dit » Fit la jeune femme, ponctuant sa phrase d’un sourire. Elle ne mentait pas : en dépit de l’impression que le professeur de mathématiques lui avait laissée, elle n’en demeurait pas moins enthousiasme au sujet de cette relation qui se profilait à l’horizon ; car à en voir l’expression de Jessica, cette dernière était bel et bien victime du charme du grand ténébreux. Et puis, elle était certaine que son amie ne pourrait supporter un homme au quotidien trop ennuyeux : il lui fallait quelqu’un qui soit aussi expansif qu’elle, une personne avec laquelle elle pourrait avoir des débats animés sur n’importe quel sujet.

Reprenant la parole, Jessica poursuivit son petit discours et lui raconta son second rendez-vous avec le professeur de McKinley. D’après elle, celui-ci s’était déroulé à merveille et c’était ce qui avait provoqué un intérêt aussi vif à l’égard de Peter. Les lèvres d’Emma dessinèrent un nouveau sourire et elle posa son dos contre le dossier de la banquette, sondant l’expression du visage de son amie. « Eh bien, eh bien ! » Commenta-t-elle, ravie. « Et dire que tu m’avais caché toutes ces choses, si je n’étais pas aussi heureuse pour toi, peut-être même que je serais un peu vexée » Lança-t-elle, l’air taquin. Elle inclina le visage, les yeux brillant, puis reprit son gobelet entre ses mains, le faisant tourner entre ses doigts tandis que ses pensées s’envolaient une nouvelle fois vers l’image de Peter et Jessica, tous deux réunis. Soupirant, la jeune femme s’égara quelques secondes supplémentaires, plongée dans ses pensées, quand elle parvint finalement à reprendre pied. Coulant un regard à son amie, elle posa son menton dans sa main et hocha la tête. « Tu comptes le revoir bientôt ? En tout cas, ça me fait vraiment plaisir pour toi. Si tu savais à quel point j’aimerais être une petite souris pour pouvoir vous espionner, tous les deux ! » Elle rit légèrement puis se redressa sur son siège et prit une longue inspiration. « D’ailleurs, je crois que je vais commencer à l’épier, ce Peter. C’est mon rôle de vérifier que c’est un garçon respectable, n’est-ce pas ? Et puis, je suis certaine qu’il ne verra aucun inconvénient à ce qu’une collègue de travail lui donne un petit coup de main avec ses élèves, par exemple… Ce serait tout à fait honorable de ma part ». Elle sourit de nouveau, même si elle était bien décidée à s’intéresser de plus près à ce Peter Matterface.

Dans la tête de Jessica il était presque impensable qu'un jour elle soit autant charmé par quelqu'un. Et qui plus est était un peu plus jeune qu'elle. En effet, Peter n'était âgé pratiquement que dans la vingtaine, alors que la jeune femme elle était déjà sur ses trente ans. Une différence d'âge d'une dizaine d'années. Bien que la psychiatre n'y avait pas grandement prêter attention dès le début, elle comprenait, se disait à présent que peut-être cela pouvait être un écueil. Mise à part Holly elle ne connaissait pas d'autres couples qui avaient une grande différence d'âge entre eux. Non pas que cela l'effrayer, mais elle savait que c'était une chose à prendre en compte. Puis, elle ne voulait pas que cela bouleverse ses patients, ce qui pouvait se passer. Toutefois, pour le moment, mise à part de vagues sentiments et une certaine attirance pour le jeune homme, Jessica ne ressentait rien d'autre. Aucun sentiment d'amour ne venait traverser son esprit tout à fait lucide. Il lui était même impensable qu'elle puisse tomber amoureuse avec autant de facilité. D'ailleurs, cela ne l'étonnerait pas si Peter se serait trouvé quelqu'un, une personne qui correspondait tout à fait à son âge. Car la jeune femme savait, l'avait perçu dès la première fois. Le professeur était un séducteur, et le jeu de séduction à laquelle ils s'amusaient à jouer tous les deux lorsqu'ils se voyaient était peut-être dangereux. Trop dangereux même. Peut-être que c'était un terrain glissant auquel il ne fallait pas risquer s'y aventurer. Tout en passant la main dans sa nouvelle coiffure, Jessica réfléchit à cette conception qu'elle avait. Cette conception différente qui semblait lui traverser les yeux, qui semblait la faire réfléchir sur d'autres points. Il était fort probable que le simple fait d'en avoir parler avec son amie Emma eut suffit pour que la psychiatre prenne conscience de quelques réfléxions. C'était d'ailleurs ça qu'elle appréciait chez son amie. Elle pouvait lui parler de tout et n'importe quoi, elle savait que celle-ci trouverait toujours la bonne chose à dire, qu'elle aurait toujours une parole qui faisait la différence. Une parole qui montrait à quel point elle était là pour elle. Et inversement. Emma pouvait se confier sur n'importe quel sujet à Jessica, celle-ci était toujours prête à l'aider et à lui parler telle une vrai amie le ferait, en faisant complètement abstraction de façon de parler qu'elle tenait de son métier. Ce qui les unissait, c'était bien évidemment leur amitié. Cette amitié solide, cette amitié qui fut impondérable, cette amitié si belle qu'elles avaient de meilleures amies. Un sourire passa sur son visage quand elle entendit la parole de son amie à propos du jeune homme. Elle avait véritablement de la chance que celle-ci connaissait Peter. Peut-être que pour certaines personnes cela aurait été une chose terrible de savoir que la personne que l'on venait de rencontrer et qui nous plaisait été connue d'une de ses amies. Seulement pour la psychiatre ce n'était pas le cas. Sachant très bien qu'elle pouvait entièrement faire confiance en la conseillère, elle trouvait que cela était une bonne chose que celle-ci le connaisse. Elle avait beau paraître forte, sûre d'elle, Jessica avait un cœur. Comme tout être humain, elle avait besoin d'être conseiller sur les choix qu'elle faisait, d'être rassurer sur ses pensées. Il était d'ailleurs évident qu'elle ne soit pas surprise, étonnée, qu'Emma connaisse Peter étant donné qu'elle s'était attendu cela. Il lui avait dit qu'il travaillait au lycée McKinley, puis c'était aussi le lieu de travail de la rouquine. N'étant pas un lieu grandement immense, il était très probable qu'ils se soient déjà rencontrés. Ayant réfléchi à cela, Jessica avait donc trouver que cela serait beaucoup plus plaisant que justement Emma soit celle qui sache ce nouveau coup de cœur. Et étant donné que c'était sa meilleure amie à ses yeux, cela était presque une évidence qu'elle le sache.

Tout en continuant son récit, la psychiatre réussit à percevoir la curiosité dans le regard de la rouquine. L'excitation face à ce coup de cœur pouvait aussi se lire dans son regard. Seulement, elle ne dit rien face à cette contestation, se contentant simplement de poursuivre la suite de sa rencontre avec Peter. Après avoir enfin terminé de parler, laissant ainsi la parole à son amie, Jessica mit un bras sur la table avant de glisser quelques secondes son regard sur les personnes attablés au comptoir. Son rire se fit entendre lorsqu'elle entendit les paroles d'Emma, et tout en reposant son regard sur celle-ci elle s'exclama l'air innocent. « Réjouis toi en te disant que tu seras peut-être la seule personne au courant de ces rendez-vous. » En effet, la psychiatre ne comptait pas crier sur tout les toits qu'elle avait rencontré un charmant jeune homme. Peut-être qu'elle allait le dire à sa colocataire Holly, mais elle restait encore perplexe face à cette idée. En parler à une autre professeur de McKinley était peut-être un peu risquée. Bien qu'elle lui faisait confiance et qu'elle l'appréciait énormément. Chassant cette idée d'un battement de paupière, la jeune femme posa son regard sur le gobelet que tenait la rouquine dans ses mains. Regardant un instant le gobelet comme si elle arrivait à percevoir ce à quoi pensait Emma quand son regard était perdu sur les traits blancs du gobelet, elle releva finalement la tête quand le son de la voix de la conseillère se fit une nouvelle fois entendre. Face à la question de la rouquine, un petit sourire se dessina sur les lèvres de Jessica avant qu'elle ne pousse un petit soupir, signe que cela était quelque chose à méditer. Puis, son rire retentit une nouvelle fois, un petit rire simple et non très exclamatif comme ça avait pu être le cas précédemment. « Je n'en ai aucune idée. Sincèrement, il est vrai que j'ai très envie de le revoir. Mais .. je me dit que c'est peut-être mieux s'il y a un temps où lui et moi on ne se voit pas. » Instinctivement, la jeune femme avait dit cela, en ignorant presque ses réels sentiments. Il semblait axiomatique qu'elle avait envie de le voir. En sa compagnie, elle n'avait pas eu besoin de se poser de question. Elle avait apprécié les discussions qu'ils avaient eu. Et surtout ce jeu enfantin à lequel ils jouaient quand ils se voyaient. Baissant un instant les yeux, elle entendit la rouquine lui dire autre chose, ce qui eu pour conséquence de faire relever presque soudainement les yeux de Jessica qui la regarda l'air effarée. « Tu comptes vraiment épier Peter ? Enfin t'intéresser à lui ? Juste pour moi ? » Un sourire se dessina sur son visage. « Bon je ne pense pas que je peux te faire changer d'avis. Mais tu sais tu n'es pas obliger. Je me demande ce que je ferais sans toi quand même. » Sachant très bien que dire à son amie que cela n'en valait pas la peine et que rien d'autre n'allait se produire entre elle et Peter, Jessica de nature très optimiste, décida de ne pas voir cet autre aspect. Elle pensait véritablement que c'était une bonne idée, et étant donné que cela venait de Emma, cela ne pouvait que l'enchanter. Passant une main sur son visage, elle resta quelques secondes ainsi avant qu'elle ne se décidé à laisser une nouvelle fois les mots franchirent le seuil de ses lèvres. « Par contre il y a encore quelques petites choses que je ne t'ai pas dites .. » Ça n'était pas grandement important, mais vu que la psychiatre en était au stade des confidences sur Peter, elle avait décidé de tout dire, sans laisser la moindre zone d'ombre à Emma. « Le second rendez-vous c'est Peter qui me la proposer. C'est lui qui m'a envoyé un sms me demandant s'il était possible que l'on puisse se voir. Et quand lui et moi on est tout les deux, il y a un jeu que l'on a coutume de jouer. » Ne pouvant s'empêcher de laisser un flot de mystère envelopper ses paroles, la jeune femme releva les yeux en regardant son amie, se doutant très bien que ce qu'elle venait de dire n'allait pas rester invisible aux yeux de la rouquine.

Un sourire aux lèvres, Emma s’adossa doucement contre le dossier de la banquette et coula un nouveau regard inquisiteur à Jessica, guettant ses réactions alors qu’elle se lançait dans de nouvelles explications au sujet de Peter. En venant au Starbucks Coffee, jamais la conseillère d’orientation n’aurait pu deviner les révélations que ce rendez-vous avec sa meilleure amie promettait. Elle s’était imaginé des conversations tournant autour des clients que la jolie blonde recevait régulièrement : cette dernière adorait se lancer dans quelques débats avec elle, afin de comparer ce qui se passait à la LPA et dans son cabinet de psychiatrie. Les noms des patients demeuraient bien sûr inconnus, le secret professionnel les interdisant l’une comme l’autre de les divulguer, mais elles parvenaient néanmoins à faire référence à certains « cas » qu’elles ne nommaient pas. Si Emma était extrêmement attachée à sa profession, ce n’était pourtant rien comparé à la passion de Jessica concernant la sienne. La conseillère d’orientation avait parfois l’impression que sans son travail, la psychiatre ne serait plus rien et qu’elle vivait quasiment pour ce dernier. N’importe quel psychologue analyserait ce comportement avec facilité : se plonger dans sa carrière professionnelle avec une telle détermination n’était parfois qu’un remède contre le manque d’affection et l’incapacité à se forger de véritables relations humaines. Il permettait l’oubli de soi. Se lever à cinq heures du matin, être sur son lieu de travail à sept heures, prendre une pause déjeuner à midi puis enchainer jusque vingt heures ; voilà un mode de vie épuisant qui ne laissait aucune place à l’affection. Emma connaissait son amie depuis longtemps, elle savait qu’elle n’avait jamais eu une vie privée « normale » et qu’à passé trente ans, elle privilégiait toujours autant son métier. C’était sûrement la raison pour laquelle elle se sentait si enthousiaste devant les révélations de Jessica ; peut-être que cela signifierait enfin qu’elle prendrait davantage soin d’elle en mettant de côté son cabinet de psychiatrie. Et c’était ce qu’elle lui souhaitait plus que tout.

En écoutant Jessica lui dévoiler ses impressions concernant les premiers rendez-vous avec Peter, Emma ne put retenir un nouveau haussement de sourcils alors que le sourire sur ses lèvres s’intensifiait encore. La lueur d’espoir dans les yeux de la psychiatre lui rappelait l’air ébahi qu’elle-même portait quotidiennement comme un masque de nombreuses années auparavant ; lorsqu’elle était encore célibataire, sans la moindre connaissance des relations intimes, entichée d’un collègue marié dont le charme persistait à la hanter. Cette période semblait à la fois lointaine et étonnamment proche. Elle se souvenait à la perfection de ces mois de doute et de culpabilité durant lesquels l’égoïsme dont elle faisait alors preuve la rongeait de la même façon que cet amour qu’elle ne pouvait se permettre de ressentir, et qui faisait pourtant rage sans qu’elle n’ait le moindre contrôle sur celui-ci. Elle n’était pas tombée amoureuse intentionnellement ; si elle avait pu rester éloignée à tout jamais de la gente masculine, elle l’aurait certainement fait pour se protéger. A ses yeux, les relations amoureuses étaient aussi dangereuses que les germes, et son instinct la poussait donc à les rejeter sans ménagement. Will avait pourtant réussi à inverser la tendance. Les longs mois d’attente durant lesquels elle l’avait observé avec intérêt tout en nourrissant malgré elle une forte animosité à l’égard de sa femme, Terri, avaient été récompensés ; et s’il était vrai que les choses n’avaient pas été simples au tout début, elle était finalement parvenue à éloigner ses craintes et à vivre une vie qu’elle n’aurait jamais pu imaginer pour elle et qui la comblait plus que tout.

C’était peut-être ce qui attendait Jessica, maintenant. Les situations n’étaient en aucun cas similaires : la jolie blonde était bien plus forte qu’Emma, et elle ne se laissait pas facilement surprendre par des sentiments futiles. Seulement, il fallait être aveugle pour ne pas voir l’excitation que ses traits dévoilaient généreusement alors qu’elle parlait de Peter. C’était la première fois que la conseillère d’orientation la voyait dans un tel état, et c’était ce qui lui mettait également la puce à l’oreille. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve ; dans quelques mois, Emma serait peut-être invitée à un mariage, ou aurait la joie de voir le ventre de son amie s’arrondir. Les choses allaient souvent bien plus vite que l’on ne pouvait le prévoir, et s’il était peut-être un peu prématuré pour imaginer de telles choses, cela n’empêchait pas Emma d’espérer assister à l’évolution d’une toute nouvelle vie. C’était son côté fleur bleue et romantique.

La voix lointaine de Jessica la ramena doucement à la réalité, et les yeux de la conseillère papillotèrent d’un air quelque peu hébété alors qu’elle éloignait ses pensées. La psychiatre lui demanda si elle allait vraiment se mettre à espionner Peter à McKinley, et un sourire se dessina automatiquement sur les lèvres de la jeune femme. « Pourquoi pas ? Je ne le connais pas beaucoup, cela me permettrait peut-être d’en découvrir davantage à son sujet ». Soulevant son gobelet qu’elle porta à ses lèvres, elle avala d’une traite le reste du thé avant de le reposer soigneusement sur la table. « Enfin, sauf si tu penses que j’en fais trop et que je devrais me mêler de mes affaires… ce que je comprendrais tout à fait ». Après un sourire poli, elle écouta les dernières paroles de la jolie blonde et inclina légèrement le visage sur le côté en entendant Jessica parler d’un fameux jeu qui semblait l’attirer. Posant ses deux mains sur ses genoux, Emma se laissa emporter par son imagination, essayant tout simplement de trouver ce dont son amie pouvait bien parler. Peter ne lui semblait pas être le genre d’homme à s’amuser énormément, mais soit. Un tas de jeux plus improbables les uns que les autres lui traversèrent l’esprit, et petit à petit, elle se perdit dans ses pensées, oubliant la présence de Jessica ou le décor du Starbucks Coffee. Et quand son portable vibra dans la poche de son manteau, elle ne s’en rendit pas compte immédiatement, bercée par les pensées vagabondes. Finalement, le grésillement se fit entendre plus distinctement et elle sursauta presque.

Jetant un coup d’œil furtif à Jessica, elle secoua doucement la tête puis lui adressa un sourire. « Un jeu ? Quel genre de jeu ? » Demanda-t-elle distraitement alors qu’elle récupérait déjà son portable dans sa poche. Avec un froncement de sourcils, elle riva son regard sur l’écran qu’elle déverrouilla. Le nom d’Ecaterina s’afficha et en un clic, elle ouvrit le message. En lisant le contenu de ce dernier, les traits de la conseillère s’assombrirent, la panique la gagnant déjà. Relevant le visage vers Jessica, elle se mordilla la lèvre, ses grands yeux bruns plus ronds encore qu’à l’accoutumée. « Je suis désolée, je dois y aller, j'ai une urgence. C’est Ecaterina, je crois qu’il y a un problème avec Ems ». Posant quelques doigts sur son front, elle resta immobile un instant avant de se remettre soudainement en mouvement ; elle attrapa maladroitement son manteau qu’elle enfila, puis prit son sac à main. La conseillère se releva et posa son regard sur Jessica. Se penchant vers elle, elle agrippa la lanière de son sac à main. « Tu… tu es libre demain soir ? Tu pourrais venir à la maison ? Je suis vraiment navrée de te laisser de cette façon… Et puis cela nous permettrait de terminer notre conversation ? ». Emma serra son portable dans la paume de sa main et lorsque ce dernier vibra une nouvelle fois, elle secoua la tête afin de lancer un dernier regard désolé à Jessica. « Je t’appelle ce soir, promis ! ». Tournant les talons, elle se hâta vers la sortie tout en composant le numéro d’Ecaterina.