03. nothing's worth a sister's love

ADMIN ;

Quinn Evans Ҩ Fran Fabray

« hey soul sister, i don't wanna miss a single thing you do tonight »

C’était l’une de ces semaines que Beth venait de passer chez les Evans. Quinn attendait toujours avec impatience l’arrivée de sa fille, mais elle redoutait bien plus encore le moment de la séparation, quand son tour de garde prenait fin au profit de celui de Noah. Dire au revoir à la fillette la renvoyait aux blessures de son passé, liées à l’adoption. Aussi, à chaque fois que Beth devait quitter la maison pour rejoindre celle de son père, la jeune femme ne pouvait réprimer un profond mal être, qu’elle s’efforçait de dissimuler à son entourage. Affichant son habituel sourire de façade, elle avait accompagné sa fille en voiture jusqu’au petit pavillon des Puckerman, sans ciller. Après avoir échangé quelques banalités avec son ex petit-ami, et déposé un baiser sur la joue de Beth, elle avait regagné son véhicule, la poitrine comprimée par un trop plein d’émotions.

Sur le trajet du retour, Quinn avait fini par craquer. Les larmes, qu’elle gardait à la commissure de ses yeux depuis plusieurs heures – non sans mal – s’étaient mises à dévaler ses joues, sans qu’elle ne puisse y opposer la moindre résistance. Face à l’agressivité de certains automobilistes, qui ne s’étaient pas gênés pour lui reprocher son manque de réactivité lorsque le feu était passé du rouge au vert, la jeune femme s’était résolue à se ranger sur le bas côté. Combien de temps s’était-elle perdue dans ses pensées ? Elle n’en avait aucune idée ; tout ce qu’elle savait, c’était qu’il faisait encore jour lorsqu’elle avait quitté le quartier des Puckerman, et que la luminosité commençait à décliner. Les journées avaient beau être courtes en décembre, il n’en restait pas moins que l’heure tournait, et son mari allait commencer à s’inquiéter s’il ne la voyait pas regagner la maison rapidement. Hors, elle n’avait aucune envie de rentrer chez elle et de retrouver Sam. Il y avait très peu de sujets sur lesquels elle refusait de s’épancher avec ce dernier, mais parler de Beth en faisait partie. Malgré tout l’amour que Quinn pouvait porter à son mari, elle estimait qu’à ce niveau là, il était incapable de la comprendre. Aussi, elle redoutait ses questions éventuelles, ou d’avoir à se justifier à propos de cet aller-retour anormalement long.

La jeune femme avait besoin de se changer les idées. A ce moment là, le prénom de Fran sonna comme une évidence. Même si les deux sœurs n’avaient pas toujours été très intimes, l’année que Quinn avait passée à New York les avait considérablement rapprochées. La blonde fouilla dans son sac en main, à la recherche de son téléphone, un mince sourire de soulagement s’esquissant sur ses lèvres.

------------------------------------------

Une demi-heure plus tard, l’étudiante en criminologie franchissait les portes du Breadsticks. D’un coup d’œil rapide, elle balaya la salle de restaurant, et se rendit compte que sa sœur n’était pas encore arrivée. Cela ne la surprenait qu’à moitié ; Fran n’avait jamais brillé pour sa ponctualité. Quinn suivit le serveur jusqu’à la table où était déposé un carton de réservation à son nom. Elle s’y installa, et commanda un cocktail sans alcool, attendant son aînée avec impatience. Sam pensait que Fran était déprimée, et qu’elle avait appelé au secours sa petite sœur pour lui proposer de passer une soirée ensemble. En réalité, c’était l’inverse. Cependant, Quinn était certaine que ce petit dîner improvisé ferait aussi du bien à la New-Yorkaise. Même si cette dernière s’échinait à se montrer forte, son divorce et la perte de son emploi l’avaient anéantie. En outre, ses rapports avec leurs parents étaient conflictuels. Alors s’éloigner du domicile familial, même si ce n’était que pour quelques heures, permettrait sans doute à Fran de se changer les idées.

fiche par century sex.

Fran Fabray poussa la porte de Breadsticks avec précipitation. Oui, une fois de plus elle était en retard. « Fashionably late » comme on disait à New-York mais elle savait que Quinn n’approuverait pas. Déjà toute petite, elle était la première à être prête pour aller à l’église le dimanche et trépignait d’impatience devant la porte de la chambre de Fran, toujours la dernière.

Frannie retira ses lunettes de soleil à la monture blanche épaisse et afficha un sourire éclatant au serveur. A New-York, elle avait vite appris qu’il valait mieux se mettre les serveurs dans la poche si on voulait une bonne table et un bon service. Un peu de séduction n’était jamais de trop et cela faisait beaucoup de bien à Fran de se sentir désirable. Elle ne se sentait absolument pas d’humeur sexy, bien au contraire, si elle s’était écoutée elle serait sortie en vieux jeans et chemise à carreaux comme presque toutes les femmes de Lima qui avaient passé la trentaine. C’était effrayant à y bien penser. A croire qu’en Ohio, les femmes de plus de trente ans étaient forcément fichée de trois ou quatre marmots et flanquées d’un physique d’hippopotame attifé dans des vêtements difformes. A New-York, même les sextagénaires ne s’autorisaient pas une telle négligence. Fran Fabray était bien décidée à prouver à ces femmes, et à elle-même, qu’on pouvait avoir passé la trentaine et être fabuleuse.

Pour prouver son argument, Fran portait un bustier noir sans bretelles orné d’un ruban en satin gris perle au niveau de la taille, un pantalon droit à rayures de la même teinte que le ruban et une paire d’escarpins Jimmy Choo maculés de petits cristaux, obtenus à une vente privée. Fran aimait ce look hybride entre sexy et classique. Comme à son habitude, elle portait peu de bijoux, seulement des boucles d’oreilles minuscules en perle et une bague en cristal Swarovski qui rappelait les brillants parsemés sur ses escarpins.

Fran suivit le serveur et aperçut sa petite soeur qui lui lança un regard lourd de sens. Elle leva les yeux au ciel et secoua la tête. En langage codé, cela voulait dire « oui, je suis encore en retard mais tu t’y attendais ». Quinn et elle n’avaient pas besoin de tout ce dire quand elles étaient ensemble, souvent un simple regard ou un geste placé au moment opportun suffisait pour qu’elles se comprennent. Cela les avait toujours beaucoup aidé, surtout quand elles avaient besoin de comploter contre leurs parents pour sortir à la sauvette ou se couvrir mutuellement.

Fran prit place face à sa soeur et la regarda avec tendresse. Même si c’était une jeune femme, elle n’arrivait pas à effacer l’image de la petite fille à la queue de cheval sage qui la rappelait à l’ordre si elle jurait tout haut ou oubliait de remercier. Quinn avait toujours eu un instinct maternel avec Fran même si elle était la plus jeune. Frannie avait eu une époque d’insouciance mais Quinn avait toujours eu ce regard froid qui donnait l’impression qu’elle en savait déjà trop pour son jeune âge. Fran avait retrouvé ce regard grave chez Beth, la fille de Quinn. L’enfant mettait toujours Frannie mal à l’aise, on aurait dit qu’elle observait consciencieusement chaque personne avant de décider comment elle devait agir. Ça avait quelque chose de trop calculteur pour une enfant de cette âge. Fran savait qu’elle devait apprendre à mieux connaître sa nièce, ça la rapprocherait sûrement de sa soeur. Elle regrettait seulement que Quinn soit mariée à Sam Evans, ce serait toujours un élément de distance entre les deux soeurs. Quand Quinn parlait de lui, Fran se contenait d’opiner ou de changer de sujet. Elle n’arrivait pas à apprécier son beau-frère et en bonne Fabray, elle faisait tout pour éviter le sujet. La vérité était qu’elle n’avait rien à reprocher à Sam. Il avait l’air d’être un mari attentioné et un beau-père exemplaire pour Beth mais Frannie ne l’aimait pas. Elle avait la sensation qu’il lui manquait deux qualités essentielles pour rendre sa soeur heureuse : du charisme et de l’ambition. Sam Evans ne possédait ni l’un ni l’autre. En entrant dans une pièce, Quinn pouvait facilement attirer l’attention tandis que Sam se confondait facilement avec la tapisserie. Quinn méritait un homme qui remueraient ciel et terre pour lui donner un train de vie comfortable auquel elle était habituée. Elle trouvait égoïste de la part de Sam qu’au lieu de faire des heures supplémentaires ou de chercher un travail mieux payé, il se contente d’entraîner une équipe de football locale. Quelle perte de temps ! Quinn étudiait, ce qui voulait dire qu’elle ne pouvait pas se distraire de ses études en ayant un job à mi-temps, son rôle d’homme de la maison devrait être de pourvoir aux besoin de sa femme d’une façon un peu plus dédiée que ce qu’il faisait. Evidemment, Fran garderait son opinion pour elle. Elle ne s’était pas risquée à exposer son avis à ses parents, qui de toute façon adoraient Sam. Frannie semblait être la seule personne à ne pas être tombée sous le charme de l’homme à la bouche démesurée.

Fran posa ses lunettes de soleil sur la table et prit les mains de sa soeur.

- Qu’est-ce qui te tracasse Pookie ?

Frannie n’avait pas besoin que Quinn lui dise qu’elle était soucieuse, elle pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Même si elle se sentait pathétique et désespérée vu sa situation présente, aider sa soeur donnait du baume au coeur à Frannie. Si elle parvenait à lui changer les idées et la rassurer, sa venue à Lima n’aurait pas été inutile.

Elle soupira et attendit que sa soeur se confie à elle.

ADMIN ;

Quinn ne l’avait jamais avoué à la principale intéressée, mais elle avait toujours pris sa grande sœur comme modèle. L’enfant qu’elle était autrefois posait un regard admiratif cette adolescente parfaite, qui faisait la fierté de leurs parents. Fran, la lycéenne brillante et populaire. La capitaine des Cheerios, qui avait été élue reine de sa promotion. Son rêve de petite fille était de suivre les traces de son aînée, espérant ainsi égaler un jour son niveau de perfection. Quinn s’était échinée pendant de longues années à atteindre cet objectif. Timide de nature, elle avait du se faire violence pour gravir une à une les marches qui la séparaient du plus haut palier de l’échelle sociale. Elle s’était battue bec et ongles pour briguer le titre tant convoité de reine du lycée, en s’entourant des bonnes personnes et en écrasant tous ceux qui se trouvaient en travers de son chemin. Quinn avait mené sa barque de façon admirable ; elle était parvenue à donner l’illusion d’être aussi forte et accomplie que sa grande sœur. Jusqu’à ce qu’elle commette l’erreur de passer une nuit avec Noah Puckerman. Comme le dit si bien la maxime, lorsque l’on s’évertue à chasser le naturel, il nous revient au galop. Cette anodine partie de jambes avait eu de lourdes conséquences sur la vie de la blonde, qui ne s’était d’ailleurs pas encore acquittée des vieux démons de son passé.

Quinn observa sa sœur franchir les portes du restaurant, la table où elle était installée lui offrant une vision dégagée de l’entrée du Breadsticks. Comme à son habitude, Fran n’avait pas lésiné sur son apparence physique, ce qui expliquait certainement son retard. Elle était d’une élégance telle qu’elle aurait pouvait faire passer n’importe quelle cliente du restaurant pour une clocharde vêtue de guenilles. Quinn enviait sa sœur pour son charisme ; même si elle portait la même tenue que Fran, elle se serait contentée d’être jolie tandis que son aînée revêtait des allures de femme fatale. Cette dernière gratifia le serveur d’un sourire aguicheur puis le suivit jusqu’à la table ou l’attendait l’étudiante en criminologie.

D’un hochement de tête désinvolte, Fran s’amenda de son retard, face au regard désabusée de sa petit sœur. Leur complicité était telle qu’elle que les deux blondes n’avaient pas besoin de gaspiller inutilement leur salive pour se comprendre. En outre, Quinn connaissait bien la personnalité de Fran, et elle avait pressenti que cette dernière ne serait pas à l’heure au rendez-vous. La plus âgée des Fabray s’interdisait de tomber dans le laisser-aller, comme beaucoup d’autres femmes chômeuses et divorcées. Elle mettait un point d’honneur à se montrer sous son jour le plus avantageux, pour continuer à véhiculer l’image d’une personne forte et attirante. Si Fran parvenait aisément à duper son entourage, Quinn réussissait à voir au delà de la mascarade. Cependant, elle évitait de poser trop de questions embarrassantes à sa sœur. Elle s’attachait simplement à se montrer disponible, pour lui faire comprendre qu’elle était prête à l’écouter si elle désirait s’épancher.

Fran avait pris place face à Quinn, et l’observa un instant avec tendresse. Après s’être débarrassée de ses lunettes de soleil, elle entrelaça ses doigts autour de ceux de sa cadette puis entreprit de briser le silence, en demandant sans détour ce qui pouvait bien tracasser sa sœur. Si l’étudiante en criminologie pouvait se targuer de lire en Fran comme dans un livre ouvert, elle savait que l’inverse était tout aussi vrai. Avec elle, Quinn ne pouvait pas jouer la même comédie qu’elle servait aux autres, à commencer par son mari. « Je viens d’accompagner Beth chez Noah, et à chaque fois, j’ai l’impression de l’abandonner à nouveau. » répondit-elle d’une voix brisée, en observant d’un aire absent son verre de cocktail. « Mais ne t’inquiètes pas pour moi, je vais me ressaisir. Je n’avais juste pas envie de rentrer à la maison tout de suite, et de faire comme si tout allait bien pour ne pas inquiéter Sam. C’est pour ça que je t’ai proposé de nous retrouver ici ». Elle croisa le regard de sa sœur, et se força à esquisser un sourire pour crédibiliser ses dires. « Et toi ? Comment est-ce que tu vas ? Tu avances dans tes recherches d’emploi ? » Quinn s’était empressée de changer de sujet, pour ne pas avoir à s’épancher d’avantage sur celui qui la concernait. Bien qu’elle savait qu’elle pouvait se confier sans retenue auprès de sa sœur, elle n’en restait pas moins introvertie, et peu locace. D’ailleurs, Fran pouvait s’estimer heureuse d’avoir réussi à lui arracher ces quelques mots. Trop de gens étaient capables de briser la glace.