Un oiseau vint se poser sur une fine branche d’arbre. Entre son bec, l’animal tenait un petit ver de terre qui gigotait dans tous les sens. Qu’allait-il arriver à ce ver ? Il allait certainement finir mangé par la bête à plume, qui devait être affamé. Mais alors que celui-ci croyait en sa faim, l’oiseau eut une réaction des plus étranges. Dans un mouvement souple du bec, il vint déposer le petit insecte sur la branche, qui ne demanda pas son reste, et pris ses jambes à son cou, enfin, son corps à son cou… Bref vous me comprenez. Elijah observait cette curieuse scène depuis sa table. Cela faisait presque cinquante minute que le garçon était assis là, à regarder le volatil faire sa vie. Il aimerait tant pouvoir être comme lui, libre de partir où il voulait. Mais malheureusement, il ne pourrait pas, et surtout, il ne pouvait pas. Trop de chose lui tenait à cœur dans sa vie, même s’il ne le montrait pas forcement. Comme son frère, qu’il commençait à apprécier de plus en plus. Celui-ci était d’ailleurs en train de gesticuler devant le tableau, essayant probablement de reproduire une scène Shakespearienne, afin d’attirer l’attention de ses élèves. En vain visiblement. Elijah en était la preuve. Mais lorsque la cloche sonna, un sujet bien plus important lui trotta dans la tête. Et il ne pouvait s’agir que de Miss Kit. Cela faisait maintenant quelques temps que le lycéen et la professeure d’éducation étaient passés à la vitesse supérieure, et l’adolescent ne pouvait pas s’empêcher de réfléchir à cette relation. Etait-ce bien ? Etait-ce mal ? Il ne connaissait malheureusement pas la question à cette réponse cruciale. Pour lui, tout ce qui comptait été l’instant présent, et il se sentait bien dans les bras de Rose. Elle était si gentille, si drôle. Le rockeur pouvait passer des heures à contempler sa beauté. En cachette bien sûr. Ils ne pouvaient pas se permettre d’être vu ensemble, sous peine de terribles problèmes. Mais était-ce réellement ce qu’il voulait ? Miss Kit ressentait-elle la même chose vis-à-vis de lui ? Toutes ces questions étaient insoutenables, et, même s’il avait peur de les entendre, Elijah devait en avoir les réponses.

Marchant d’un pas énergique dans le couloir du lycée en direction de la salle des professeurs, le jeune Burlingame ne remarqua même pas les yeux doux que lui faisait Devon. A vrai dire, il s’en moquait éperdument de cette fille. Bien sûr, elle n’était pas désagréable à regarder, loin de là, mais Elijah avait simplement quelqu’un de plus important en tête, et il allait en sa rencontre. Et ce fut au détour d’un couloir que le jeune homme aperçut enfin le sujet de tout son questionnement. Rose était en train de parler tranquillement avec un de ses collègues. Ne voulant pas interrompre la discussion, le garçon resta en retrait, attendant le moment propice pour accoster la demoiselle. Mais il ne pouvait pas lui dire tout ce qu’il avait sur le cœur là, au milieu de tout le monde. Il devait trouver un endroit plus discret.

Lorsque Rose eut fini sa conversation, une main lui saisies le bras, et l’entraina dans un placard, non loin de là. Voilà, ils étaient enfin seuls. Elijah alluma la lumière, pour montrer son visage à la jeune femme. Car il est vrai que toute cette façon de faire était assez flippante, et Miss Kit pouvait croire que quelqu’un essayait de l’agresser. « C’est juste moi. » Voilà, l’instant de vérité était arrivé. Il ne pouvait pas le repousser, et préféré le dire tout de suite, avant que Rose ne le coupe. « Dit, comment tu te sens devant toute cette histoire ? Fin’, devant notre histoire… »

« Comme Tara l’a si bien dit, il est important de se protéger pour éviter d’avoir un bébé, un enfant, un petit être qui pleurs et qui vomit, mais aussi pour ? »

Miss Kitteridge balayait la salle de son regard si bleu. C’était son dernier cours avant la pause déjeuné et tant mieux ! Son estomac criait famine, ça faisait deux bonnes heures qu’elle n’avait rien avalé. Et puis ses élèves l’épuisaient. A croire qu’ils étaient de parfaits ignorants capables de croire que les bébés venaient des choux ! (et c’était faux, Rose avait vérifié avant de prendre ses fonctions) En 2016, alors que les progrès de la technologie étaient en plein expansion, on aurait pu penser que les gamins s’informeraient un petit peu par eux même… et bien non. Kit aurait dû se douter que pour accorder un poste de professeur d’éducation sexuelle à une jeune femme sans aucune expérience, doté d’un diplôme de lettres, il y avait un piège quelque part. Il était là le piège. Une effroyable envie de prendre une cheerleader inconsciente et vêtue d’une jupette très très très courte, pour taper sur un footballeur qui s’asseyait les jambes effroyablement ouvertes. Pourtant Kit n’était pas du genre nerveuse, c’était plutôt le contraire, elle était calme, positive… mais voir ces ado la dévisager avec des yeux de merlans frits, c’était comme si la jeune prof parlait islandais à un américain moyen : discussion impossible.

« Allez, vous avez bien une petite idée ! » les encouragea-Kit, certaine quand dans toute cette classe il existait au moins un élève responsable.

Pas de réactions. Ah si. Un gros malabar se fouilla dans le nez avec la gomme de son crayon. Ne la mange pas … Et il balança sa morve sur un membre du club d’informatique assis juste devant. Beurrk ! Kit soupira doucement. Il n’y avait rien à faire.

« Des MST, mais maintenant on appelle ça des IST, infections sexuellement transmissibles ! »

Ca ne percutait toujours pas dans les petites têtes ? Apparemment pas.

« Chlamydia, herpès, Syphilis, SIDA ♪ » chantonna-Kit sur un air distrait. Il y eut quelques pouffements de la part des joueurs de foot et un tssk tssk agacé d’un des seuls membres du Celebacy Club. Rose aimait bien ceux qui participaient au club d’abstinence. C’était vraiment un plaisir pour la jeune femme de voir leur tête se décomposer pour prendre une expression choquée à chaque fois qu’elle prononçait des mots tabous comme « sexe », « pénis », « vagin », elle avait dressé sa petite liste et essayer de trouver une nouvelle expression interdite à chaque nouvelle heure. C’était devenu comme un jeu. Très amusant pour miss Kit, beaucoup moins pour ces pauvres puceaux et autres vierges effarouchées.
La cloche sonna marquant la fin du cours et la libération autant pour Kit que pour ses élèves. Ceux-ci se ruèrent littéralement vers la porte. Ça doit être boulettes de viande au self … La jeune femme rangea ses affaires (enfin, elle le jeta plutôt pêle-mêle dans sa sacoche) et se dirigea de sa démarche sautillante vers la salle des professeurs. La pièce était vide à l’exception d’une de ses collègues prof de chimie, les deux femmes s’étaient rencontrées à l’occasion d’une conférence sur une quelconque méthode d’enseignement, Kit décida donc de s’incruster à côté d’elle pour déjeuner.
Grossière erreur.
Grands dieux ce que cette bonne femme était chiante ! Et elle ne parlait que de trucs inintéressants. Non mais sérieux, qui s’intéresse de la loi de Groshnock sur le rapport entre l’atome X et un de ses électrons ? Oui, personne, voilà. Alors Rose se contentait de hocher la tête gentiment tout en acquiesçant sans grande conviction. Elle laissa son esprit se balader par la fenêtre, admirant les formes bizarres que prenaient les nuages dans le ciel si bleu (pour une fois !) de décembre. Puis, elle n’y tint vraiment plus.

« Her, tu peux surveiller mes affaires, j’en ai pour une seconde… j’ai mes règles je vais changer mon tampon ! »
Elle se leva précipitamment en croisant les doigts pour qu’un autre collègue ait la bonne initiative de pointer son nez dans la salle des profs entre temps.
A peine la belle brune eut elle franchit le seuil de la porte qu’une grande main lui attrapa le bras pour l’entrainer dans un placard. Oh merde, un violeur ! Sur mon lieu de travail ! Putain je fais quoi, je fais quoi … j’ai laissé mon taser dans mon sac en plus … oh merde ! La lumière fut. Et le pouls de Kit au lieu de descendre s’accéléra quand elle reconnut le propriétaire de la main. Elijah ! La promiscuité du cagibi rendait le garçon plus beau encore. Le cœur de Rose, à cet instant, était tel un petit colibri.

« C’est juste moi. » dit-il de sa belle voix grave. Kit adorait la voix d’Elijah, elle savait qu’il faisait partie de la chorale du lycée (dommage d’ailleurs, ils étaient en compétition l’un contre l’autre), mais elle ne l’avait jamais entendu chanter. Ils feraient un si beau duo à eux deux … peut-être sur une chanson un peu triste, genre mélancolique… un duo sur un titre de the Fray ? Heartbeat était magnifique !

« … vant toute cette histoire ? Fin’, devant notre histoire… » Zut, elle avait été distraite, elle avait loupé le début de la question ! Bon. Esquive. Elle sourit, d’un sourire fin et tout en fossettes et déposa un petit baiser sur les lèvres du jeune garçon. Il avait beau avoir… ah oui quand même… six ans de moins qu’elle, il l’a dépassait au moins d’une tête ! La nature était trop cruelle.

« Je pense que tu devrais t’inscrire au club des graine écrivains, moi j’ai fait lettres à la fac ! Donc oui, je pourrais t’aider à écrire une histoire ! » Kit était vraiment contente qu’Elijah s’intéresse à l’écriture ! Son frère était prof de littérature, elle-même était passionnée par la lecture, et elle écrivait parfois des petites nouvelles. Mais pourquoi l’entrainait-il dans un placard pour lui demander d’écrire un roman avec lui ? Il aurait très bien pu le faire en classe, ce n’était pas vraiment un sujet très romantique … quoi que …

« Oh ! Oh ! Tu veux parler de … de … de nous deux … » bafouilla la jeune femme, une illumination frappant soudain son esprit.

Le visage de Miss Kit était magnifique. Elijah ne pouvait pas s’en lasser. Les cheveux bruns de la jeune femme lui tombaient en cascade sur la nuque, et de sur croit, ils étaient bouclés naturellement. Même si l’adolescent la préférait comme ça, cela arrivait que Miss Kit ce les lisse. Mais bon, de toutes façons, elle était belle quand même, lisse ou bouclée. Mais alors qu’il venait de finir sa phrase, la jeune femme semblait dans le vide. Elle ne l’avait pas écouté ou quoi ?! Cela lui arrivait souvent, et, bien que le jeune Burlingame adorait ce trait de caractère, il ne pouvait pas le supporter en ce moment. Pas lorsque l’avenir de leur relation était en jeu. Soudainement sortie de sa léthargie passagère, Rose se mit à prononcer des phrases qui n’avaient juste aucun rapport avec la situation actuelle. Le club des graines d’écrivains ? Pourquoi la demoiselle parlait de ça ? Elle ne l’avait vraiment pas écouté. Mais surtout, il existait un club pour ça ?! Bien sûr, le lycée comportait de nombreux clubs, mais Elijah n’avait jamais entendu parler de celui-ci auparavant. Tient, maintenant qu’il y repensait, c’est vrai qu’il voyait souvent un petit groupe de personne, toujours un bouquin à la main, qui formait une ronde dans l’herbe de la cour à l’heure du déjeuner. Il les appelait même la secte littéraire… Brrrr, ils étaient vraiment flippants avec leurs lunettes et leurs boutons.

Bref, revenons dans notre placard. Le baiser que Miss Kit offrit au rockeur lui redonna un peu le sourire. Les lèvres de la jeune femme étaient douces et rosées, tellement agréable… Rose semblait toute confuse. Elle se rendit enfin compte qu’Elijah ne parlait en aucun cas d’une histoire pour un concours (ça n’arrivera probablement jamais), mais bien de LEUR histoire à EUX. Cela faisait d’ailleurs plusieurs nuits que le garçon n’arrivait pas à trouver le sommeil, toutes ces questions trottant dans sa tête. Mais cette situation ne pouvait plus durer. « Oui je parle de nous… » En même temps, il allait pas parler des voisins non plus. La réponse semblait plutôt logique. *Bon aller.*

« Enfaite, je voulais savoir si… » BOUM. Quel abruti… En voulant s’appuyer contre le mur pour avoir l’air plus cool lors de ce moment plutôt inconfortable, Elijah avait malencontreusement poussé un balais qui avait reversé une serpillère qui à son tour avait heurté une étagère qui, elle, supportait un pot de peinture. La déco du petit cagibi était maintenant refaite ! Et pas seulement. La peinture orangée avait réussi à asperger les deux tourtereaux ! Le visage couvert de la texture visqueuse, Elijah ne pouvait plus rien voir. Essuyant ses yeux avec ses mains, qui elles-mêmes étaient couvertes du liquide (ce ne fut donc pas très efficace), le jeune homme s’avança vers sa dulcinée. « J’suis qu’un abruti ! Désolé. Ca va toi, rien de cassé ? » Le champ de vision d’Elijah était assez réduit, et il ne pouvait voir que le contour de la silhouette de Miss Kit. Pour vu qu’elle ne soit pas blessée… En même temps, la jeune professeure se tenait juste en dessous de la dite étagère alors, peut-être qu’Elijah préférait ne rien voir finalement !

L’ampoule simplement accrochée au plafond du cagibi semblait arriver à la fin de sa vie. La pauvre mourante n’émettait plus qu’une douce et faible lueur tout en clignotant comme si elle agonisait. Kit ferma un instant les yeux avant de les rouvrir. Il fallait qu’Elijah la laisse reprendre son souffle. Sous l’éclairage tamisé le garçon n’en était que plus beau, et ses prunelles si décidées ne la lâchaient pas une seconde, ça effrayait un peu Kit. Dans la vie, c’était elle qui était censée avoir le rôle de la femme adulte, mûre et responsable. Mais, dans leur couple, ils étaient tous les deux au même niveau, Elijah attendait des réponses de la part de la jeune femme, malheureusement pour lui, celle-ci n’était pas plus avancée sur la voie de la compréhension des sentiments humains. Pourtant elle avait suivi un ou deux cours de psycho lors d’un stage pour les nouveaux professeurs ! Tout l’enseignement qu’elle avait tiré de ces formations c’était que les sièges du centre étaient vraiment très confortables et qu’apparemment elle chantait beaucoup quand elle dormait. Du David Bowie, et du Queen aussi. Et leur duo, Under Pressure. Pray tomorrow takes me higher ♪ c’était une chanson assez étrange, et un peu triste aussi, il n’y avait aucune raison que Rose chante ça dans son sommeil, mais son subconscient étaient encore plus bizarre et devait être tout aussi flippant que la jeune femme à laquelle il appartenait ! Tout ça pour en revenir au fait que Kit n’était pas une pro en ce qui concernait les relations amoureuses prof/étudiants. Tout ce qu’elle savait, elle l’avait appris en essayant de dégoter des films romantiques, et l’intégrale de la série Pretty Little Liars (elle aurait adoré avoir un prof comme Mrs Fitz au lycée !).
Mais Elijah l’avait coincée dans ce placard, elle avait un pied dans un seau vide, et un balai brosse lui rentrait dans le dos, entre les deux omoplates. Dans des conditions normales, elle aurait pu facilement se soustraire à la conversation, mais là, c’était plus délicat et beaucoup plus périlleux ! Elle n’avait pas d’autre choix que de prendre un air soucieux mais pas trop, serein mais pas trop. Un air sourein en fait, ou bien secieux !

« Oui je parle de nous… » confirma Elijah. Dommage, Kit était sûre que le club des graines d’écrivains lui aurait plu ! Elle en faisait partie du temps où elle était une jeune et candide lycéenne. C’était vraiment très cool, des membres charmants, des fois il leur arrivait même de faire des folies comme des rallyes lecture à l’envers ! Ca consistait à lire le plus de page d’un livre tenu à l’envers en cinq minutes ! Kit s’était entraînée des nuits pour le concours et elle était arrivée troisième, tout ça parce qu’elle avait butée sur un mot : kayak. Elle était certaine qu’il y avait un piège quelque part et … bon, voilà, elle avait perdu beaucoup de temps ! Mais après Kat et ses copines cheerios avaient fait la peau à la fille qui avait gagné et qui avait osée se moquer de Kit ! C’était le bon temps !

« Enfaite, je voulais savoir si… » furent les derniers mots audibles que miss Kit put distinguer avant que la situation devienne très floue. Elijah s’était appuyé contre un truc, et boom, Domino Daaaay ! Kit sentit un espèce de truc liquide et épais couler sur ses beaux cheveux bruns, s’infiltrer le long de son dos … « Aaaah … » couina-t-elle aussi surprise par la fraicheur que par la texture de la matière. Elle eut quand même le réflexe de se protéger le visage et les yeux, et heureusement ! Quand le truc sembla s’être arrêté de gouter, elle jeta un coup d’œil à ses mains.

Orange. Orange. ORANNNNGE !

« AAAAAH !! » cette fois-ci ce fut un vrai cri. Ça venait du cœur, ça venait des tripes. Tout mais pas cette couleur, non, non … La jeune prof semblait frôler l’hystérie. C’était une très, très vieille histoire de famille. Un noël enneigé, l’année de ses six ans, tous les Kitteridge étaient réunis, ambiance chaleureuse à souhait … Jusqu’à qu’on ait retrouvé son cousin Bradley essayant de se suicider dans la salle de bain en ce noyant avec du jus d’orange (oui, ça doit être de famille). Il venait d’écrire un roman « La théorie des oranges tueuses » et il avait été démoli par la critique. Pauvre Brad, il l’avait très mal vécu ! Et la petite Rose avait été traumatisée depuis par tout ce qui était orange ?

« J’suis qu’un abruti ! Désolé. Ca va toi, rien de cassé ? » s’enquit Elijah, inquiet. Kit faillit faire un arrêt cardiaque quand elle découvrit l’état de son amoureux. Couvert. De. Putain. De. Peinture. Orange. Sérieusement, elle était à deux doigts de pleurer !

« Ca, ça va … oh putain … faut que je souffle là. Faut que je … Tu me demandais pour nous deux ? Ben on est dans une grosse galère là mon chéri. Je … Nous… Nous sommes oranges ! AHAHAH ! » et c’est ainsi qu’Elijah perdit Kit qui partit dans un fou rire, nerveux et incontrôlable.

Le cri strident de la jeune femme faillit percer le tympan du pauvre garçon. Ouah, quelle puissance vocale ! Miss Kit devait avoir une magnifique voix… Enfin, Elijah ne jugeait pas cela sur son cri à faire tomber les oiseaux, mais plutôt sur son timbre de voix qui était très particulier. Le jeune Burlingame adorerait faire un duo avec sa professeure d’éducation sexuelle, mais malheureusement pour lui, ils se trouvaient dans deux chorales totalement différentes, et en compétition de surcroit ! Les chances qu’une combinaison de leurs deux voix puisse voir le jour étaient très minces. Mais passons, revenons à notre scène dans le petit cagibi. Et quelle scène ! On se serait cru dans un épisode de Martin Mystère avec toute cette peinture. Bon sauf qu’ici, elle n’était pas verte mais orange, mais bon, on y était presque. Le visage d’Elijah était recouvert du liquide poisseux, et il ne pouvait pas voir à plus de dix centimètre devant lui. Il ne vit donc pas tout de suite dans l’état que se trouvait Rose. Avant de pouvoir la voir, il devait trouver quelque chose afin de s’essuyer les yeux. Tâtonnant, non pas dans l’obscurité, mais plutôt dans…. L’orangité, le rockeur tenta de trouver un chiffon. Au bout de quelques minutes, qui lui parurent une éternité, Elijah mit enfin la main sur, ce que l’on pouvait comparer ici au Graal du roi Arthur, un bout de tissu. Pendant toute la durée de cette opération délicate, l’adolescent n’entendit pas clairement ce que Kit venait de lui dire. En même temps, avec le cri strident que la jeune femme avait poussé, et le reste de peinture dans les oreilles, c’était comme s’il était devenu à moitié sourd. Tout ce qu’il put distinguer fut le rire de sa bien-aimée.

Lorsqu’Elijah retrouva enfin l’usage de ses globes oculaires, l’image de Rose, peinte de la tête aux pieds, lui arracha un petit rictus. Plus nerveux qu’autre chose à vrai dire. Ils étaient dans de beaux draps ! Comment allaient-ils pouvoir passer inaperçu dans les couloirs du lycée alors qu’ils ressemblaient à deux oranges géante ?! « Olala, on est dans la merde là… » Dans un élan paranoïaque, Elijah vint subitement coller son oreille droite contre la porte. Et si quelqu’un les avait entendus ? Bon, peu de gens passaient devant ce placard, mais tout de même, on n’était jamais trop prudent. Dans un mouvement rapide, le garçon jeta un coup d’œil par le trou de la serrure… Rien. Ouf. Il était vraiment trop stressé. Ils n’étaient pas dans un film de James Bond non plus !

Faisant les cents pas dans la petite pièce (bon, faut avouer que c’était un peu difficile. Mais pourquoi les placards étaient aussi étroits dans cette école ?!), Elijah tentait de rassembler ses esprit afin de trouver une solution. Le seul problème, c’était qu’il n’en trouvait aucunes ! « Bon, on fait quoi maintenant ? Je sais pas pour toi, mais moi j’suis un peu paniqué là… » En effet, il n’avait jamais dû faire face à une situation comme celle-ci auparavant. A chaque fois qu’il voyait Rose, c’était loin du lycée, et surtout, loin du regard des autres. Non pas qu’ils avaient honte l’un de l’autre, enfin en tout cas, Elijah n’avait aucunement honte de Miss Kit, c’était juste que, si leur relation était découverte, cela pouvait entrainer de sérieux problèmes, spécialement pour la demoiselle. Et il ne pouvait pas laisser une telle chose arriver. Mais pour l’heure, leur secret était terriblement en danger…

« La théorie des oranges tueuses » racontait les péripéties d’une jeune femme promise à un avenir brillant et qui contre toutes attentes rate d’un point près son concours pour devenir avocate. Mais cette jeune femme porte un lourd secret, elle est en fait une terrible psychopathe qui ne se nourrit exclusivement que de jus d’orange. Elle se fait alors engagée comme professeur dans un lycée de seconde zone et tue tous les étudiants en leur laissant un morceau d’orange entre les dents. Sur la seconde page de ce roman, juste après le titre, il y a écrit : à Rose, rayon de soleil de ma vie. Dédier un thriller de mauvais gout à une enfant de six petites années n’était pas forcément la meilleure chose à faire, surtout quand on sait comment a fini l’auteur (au service psychiatrique dans un coin un peu reculer de la campagne de Lima). Et Kit avait toujours vu ce livre comme une espèce de malédiction, les détails de la jeune professeure avocate ratée ressemblant un poil trop à sa vie. Elle essayait de se tenir le plus loin possible de tout ce qui était orange (roux non compris, les roux et rousses étant d’adorables personnes en général), de peur de finir comme la triste héroïne du roman de son oncle.
Il est donc facile de deviner ce que Miss Kit ressentait en cet instant, alors qu’elle riait aux éclats, les cheveux dégoulinant de cette couleur de malheur, son petit-ami arborant lui aussi cette infâme teinte pamplemousse. Le pauvre Elijah, il était complètement déboussolé, et Kit n’essaya même pas de l’aider de peur d’abîmer le jeune homme de manière définitive et irréparable. Il avait de la peinture bien trop près des yeux au gout de la belle brune, et c’était de notoriété publique que la maladresse de Rose Kitteridge était légendaire. Et Elijah avait encore besoin d’une bonne vision pour les soixante-dix ans à venir, autant ne pas l’esquinter en essayant d’arranger vainement la situation. Qui était totalement catastrophique soit dit en passant.

« Olala, on est dans la merde là… » constata le lycéen avec une perspicacité sans égale. Il s’empressa d’accoler son oreille à la porte pour vérifier que personne n’avait entendu les éclats sonores du fatras qu’ils avaient provoqué. Mais Kit ne s’inquiétait pas trop pour ça. Elle savait que ce placard même était le lieu de rendez-vous secret du CPE et d’une professeure de chimie déjà mariée. Rose avait pris soin de cacher des préservatifs un peu partout dans le cagibi, c’était ça aussi le rôle d’un professeur d’éducation sexuelle. S’assurer que les relations extra-conjugales restes secrètes et qu’un gamin n’apprenne pas le jour de ses seize ans que son père n’est pas son vrai père (comme c’était le cas pour plus d’un enfant sur douze, malheureusement…). Kit sauvait des vies, un peu comme une super-héroïne de l’ombre.

« Bon, on fait quoi maintenant ? Je sais pas pour toi, mais moi j’suis un peu paniqué là… »

Sous les yeux de Kit, Elijah commençait à flipper. Il s’agitait aussi nerveusement que les six mètres carré d’espace le permettaient. La jeune femme se sentait mal de voir son petit-ami aussi nerveux, elle aussi elle aurait dû l’être, et même bien plus, si leur liaison était découverte c’était elle qui allait tout assumer, perdre son job et ne plus en retrouver un de sitôt. Elle pouvait même faire de la prison pour détournement de mineurs ! Mais est-ce qu’Elijah était considéré comme mineur ? Et vu qu’il était consentant ce n’était pas vraiment du détournement… lui aussi il risquait d’être viré de McKinley. Et après un renvoi, c’était tout son avenir qui était en jeu, la fac tout ça, il risquait de pouvoir faire une croix dessus ! Kit se mordit la lèvre, et attrapa son petit ami par les épaules. Elle le fit s’assoir, et prit une expression rassurante.

« Calme-toi, on va s’en sortir. Je t’assure que j’ai connu pire comme situation. Le plus dur c’est d’arriver à sortir sans se faire griller, ça va pas être de la tarte, je te le dis ! Mais tout d’abord il faut que la peinture sèche ! » Ses grands yeux bleus étaient sereins et presque pétillants. Oh oui, Rose adorait ce genre de situation, c’était tellement excitant ! « En attendant on a qu’à … parler. Ouais, faisons ça, c’est pas comme si on avait le choix de toute façon ! Qu’est-ce que tu voulais me dire tout à l’heure ? »

Oh, pourquoi elle avait laissé son sac entre les griffes de cette vieille harpie dans la salle des profs ? Au moins elle aurait eu un petit truc à grignoter…

Le cagibi était décidemment trop petit. A chaque pas que faisait le garçon, un nouvel objet tombait. Entre les éponges et les balais, c’était une véritable cacophonie ! De plus, le jeune homme se sentait de plus en plus oppressé plus les minutes passaient. Il n’était pas claustrophobe, mais après ce petit épisode, plus que traumatisant, il pourrait bien le devenir. Alors que la panique gagnait de plus en plus le corps et l’esprit d’Elijah, Rose eut la merveilleuse idée de le faire s’asseoir. La jeune femme arborait un visage qui se voulait probablement rassurent, mais qui eut pour effet d’effrayer légèrement l’adolescent. Comment pouvait-elle rester aussi calme pendant un moment pareil ? Leur avenir à tous les deux était en jeu, et la jeune professeure ne semblait pas plus contrariée que ça. Bon en même temps, il fallait bien que sur les deux, au moins un soit calme, et Kit avait visiblement choisit cette voie, au contraire du rockeur qui lui était plutôt dans la panique total. Respire, respire. Un, deux trois. Ffffhhh, ffffhh… Bon, d’après Rose, il fallait attendre que la peinture sèche. Vu la couche du liquide visqueux que les deux individus avaient sur le corps et sur le visage (enfin, surtout Elijah pour le visage) cela allait mettre du temps. Et s’ils devaient rester là-dedans pendant plusieurs jours ?! Comment allaient-ils survivre ? Cette pensée rajouta un élément à la liste, déjà bien chargée, que le jeune Burlingame tenait dans sa tête au sujet de l’issue que pouvait prendre cette situation. Bon, don’t panic, don’t panic…

Lorsqu’Elijah haussa les sourcils à la fin de la dernière phrase de sa petite amie, le masque orange qui recouvrait son visage se mis à craqueler. Il avait la sensation d’avoir un de ces masques de beauté que les filles se mettaient entre elles pendant leurs soirées pyjamas. Pas qu’il ait déjà essayé hein ! Un dur à cuir comme lui ne faisait pas ça… Bref, cela ne voulait dire qu’une chose : la peinture séchait, et c’était plutôt bon signe. Plus vite la pâte serait sèche, plus vite ils sortiraient de ce trou à rat. Et sortir de ce placard était le seul objectif d’Elijah pour l’heure. Mais comme l’avait si bien dit Rose, il fallait tuer le temps.

Toute cette histoire de peinture avait fait oublier à l’adolescent la raison pour laquelle il s’était retrouvé dans cet endroit avec Kit au départ. Mais les dernières paroles de la professeure d’éducation sexuelle les lui avaient rappelées. Oui, il voulait faire le point sur cette relation plus que particulière. Pendant un instant, le garçon se sentit bien seul et idiot. Comment avait-il pu oublier ? Un simple pot de peinture et hop, l’attention du jeune homme était déjà ailleurs ! Il n’arrivait décidemment pas à se concentrer bien longtemps. Mais le principal était que ses idées s’étaient remises en place. Il n’allait plus reculer l’instant fatidique qu’il avait attendu toute la journée. Plus de catastrophe pour le distraire, et seulement Rose pour l’écouter. « Oui, j’voulais savoir, comment tu te sens par rapport à nous ? Fin, j’veux dire notre relation ? »

Le regard d’Elijah se fixa droit dans les yeux de Kit. Cette femme était hypnotisante. Le garçon perdait toute contenance lorsqu’il la regardait. Mais il devait aller au bout de sa pensée ! C’est pourquoi l’adolescent recentra son attention sur l’étagère derrière la jeune femme. Au départ couleur bois, la planche était maintenant teintée d’une teinte orange, fluo presque, suite à la chute du pot de peinture. Un léger filet du liquide coloré coulait encore le long du mur, pour finir en une petite flaque sur le sol. « Pour résumer : tu trouves que ce qu’on fait est mal ? » Elijah étendit son bras et vint poser sa main sur le côté du petit tabouret sur lequel il était assis. Un petit splach se fit entendre. N’osant plus bouger ses doigts, le garçon s’imagina bien qu’ils devaient être recouverts d’une couche orangée. Décidemment, le passage des deux tourtereaux n’allait pas passer inaperçu ! Bon, il faut bien avouer que le cagibi était bien plus accueillant dans cette couleur vous n’êtes pas d’accord ? Il parait que l’orange est à la mode cette année…

Même la cage des pingouins, au cirque, semblait être plus spacieuse que l’endroit où Elijah et Kit se trouvaient actuellement. Kit aimait beaucoup aller voir les animaux de ces zoo-mobiles, mais maintenant qu’elle comprenait ce que ces pauvres bêtes devaient ressentir, elle penchait plutôt du côté militante, comme les écologistes et les hippies qui manifestaient avec des grosses pancartes en scandant des slogans souvent tartes, mais assez cools. Bref, Kit se félicitait de l’initiative qu’elle avait prise, à savoir, arrêter Elijah avant qu’il ne fasse encore plus de dégâts que ce pauvre placard ne pouvait le tolérer. A faire les cents pas, le jeune homme s’était métamorphosé en une véritable tornade qui emportait tout sur son passage ! En plus de cette ignoble, affreuse, vomitive, peinture orange, qui avait comme inondée et souillée tout le cagibi; les balais brosses, les torchons, certains produits ménagers, des sacs poubelles, ainsi que la totalité des contenus de quelques étagères avaient fini par terre, et nageaient doucement dans cet océan orange. Mais super-Kit maîtrisait la situation ! Maintenant il fallait que son génie trouve le moyen de sortir de là sans que personne ne soit exclu/renvoyée. En toute honnêteté, le coup d’attendre que la peinture sèche, ça avait été du bluff, il y en avait sans doute pour des jours compte tenu du volume de liquide visqueux qui s’était renversé ! Mais si ça lui permettait de trouver un stratagème digne de Sun-Tzu, et en extra bonus, de passer un peu de temps (qui était beaucoup trop rare) en tête à tête avec son amoureux, c’était toujours ça de gagné !

« Oui, j’voulais savoir, comment tu te sens par rapport à nous ? Fin, j’veux dire notre relation ? » lui demanda-t-il en la fixant droit dans les yeux. La couleur de leur regard était très semblable, tous deux avaient la chance de posséder cet azur pénétrant. Kit ne s’en était pas encore rendu compte, mais les yeux d’Elijah étaient vraiment magnifiques. Des petites piscines miniatures où on pouvait se noyer. Et la jeune professeure ne demandait que ça !

« Pour résumer : tu trouves que ce qu’on fait est mal ? »

C’était la question qui retournait l’esprit de Kit depuis plusieurs jours. A vrai dire, depuis qu’ils avaient pris ce fameux café en ville et que le jeune homme lui avait laissé son numéro. Le plus souvent, elle réussissait à extirper ces pensées de son esprit en songeant à des autres trucs moins compliqués. Quel était le meilleur parfum entre les dragibus noirs, rouges et bleus ? Choix cornélien. Mais même avec toute la bonne volonté du monde pour essayer d’oublier une seconde ce cas de conscience, il revenait inévitablement sur la table. Mal. C’était un bien grand mot ! Dans toute cette histoire, Kit n’avait plus qu’une seule certitude : Elijah était devenu l’une des personnes les plus importantes de sa vie. S’il venait à disparaitre, comme ça. Si l’histoire se savait et qu’ils étaient contraints de rompre … elle ne le supporterait pas. Essayez de séparer Tic et Tac, et ces deux écueils préféreraient se laisser mourir de faim plutôt que d’entamer leurs grosses provisions de noisettes l’un sans l’autre ! Voilà, c’était exactement ça. La mauvaise comparaison en moins, Kit et Elijah étaient liés… c’était … Kitlingame !

« Je… » Raaah, c’était vraiment difficile à expliquer ! Pourtant Kit avait vu des centaines de films à l’eau de rose, elle était devenue une experte en belles déclarations larmoyantes, intenses, romantiques … Et là rien ne venait, elle n’arrivait pas à dire ce qu’elle avait sur le cœur.

« Je ne… » Au fur et à mesure qu’elle hésitait, qu’elle pesait chacun de ses mots, Kit se sentait de plus en plus égoïste. Peut-être que ce n’était mal que d’un côté après tout ? Et si c’était elle, et elle seule qui rendait leur relation interdite ? Elle savait mieux que personne qu’Elijah était un jeune garçon séduisant, qui attirait les filles, et à cause d’elle il ne pouvait pas profiter de la popularité que les cheerleaders pouvaient lui procurer s’il commençait à sortir avec l’une d’entre elles. Il continuait à se battre avec les footballeurs … Kit se sentit soudain comme une horrible personne.

« Je suis désolée … je … si tu veux sortir avec cette fille là … Cette Cherios qui est dans ta chorale. Celle qui dans mon cours te dévorait des yeux … ne te gêne pas, je ne veux surtout pas être un obstacle à ta popularité ! » Kit se mordit la lèvre, regrettant déjà ce qu’elle avait dit. Elle détestait cette fille, blonde et riche, cheerleader, qui tournait beaucoup trop près de son petit-ami. Mais elle n’avait pas le droit d’être jalouse… non, elle ne pouvait pas.

« Mais, ne crois pas que je ne tiens pas à toi ! » rajouta-t-elle rapidement. Elle s’accroupit près de lui et prit une de ses mains. Beeeuh, elle était toute visqueuse et collante ! « Je dis juste que … si notre relation secrète ne te satisfait plus, si tu veux faire comme tous les autres lycéens, tenir la main d’une fille dans les couloirs … je ne te dirais rien… je… » Plus elle parlait, plus elle était horrifiée par les mots qui sortaient de sa bouche. Non. Si Elijah sortait avec une autre fille, elle ferait en sorte que la petite soit tellement terrifiée par toutes les maladies buccalement transmissibles qu’elle n’oserait même plus avaler, ne serait-ce que sa salive !

This is it. Elijah allait avoir toutes les réponses aux questions qu’il se posait. Ces révélations à venir le stressait un peu. Il ne savait pas à quoi s’attendre. Le grand inconnu était devant lui. Enfin, ça faisait déjà un moment qu’il était dans le flou le plus total. Toute cette relation spéciale comportait une multitude de contrainte. Devoir se voir en cachette tout le temps, cela pouvait parfois devenir pesant pour le garçon. Combien de fois l’adolescent c’était faufilé par la fenêtre de sa chambre afin d’aller rejoindre sa bien-aimée au coin d’une rue. Même la nuit les deux tourtereaux devaient faire attention de ne pas être vu par un promeneur nocturne (si, si ça existe) et être le plus discret possible. Pas de bisous en dessous d’un lampadaire ! Mais même dans le noir, Elijah savait que Rose était parfaite. Et c’est pour cela que pratiquement chaque nuit le jeune homme recommençait. Il devait avoir sa dose de Kit. La voir au lycée pendant la journée, et ne pas pouvoir lui parler, ou même lui adresser un petit geste affectueux le tuait à petit feu. Ces escapades nocturnes lui étaient donc indispensables. Mais qu’arriverait-il si un jour elles ne suffisent plus ? Et si ce jour était arrivé ?

La jeune femme peinait à trouver ses mots. Ce que lui demandait le rockeur n’était pas évident, il comprenait donc parfaitement son hésitation. Lui-même aurait été pareil dans le même cas ! Et peut-être l’était-il… Mais s’aimer était-ce mal ? Après tout, Elijah avait dix-huit ans et Rose vingt-cinq. Ce qui faisait… 1, 3, 6 (le jeune homme n’était pas très fortiche en math) juste sept ans de différence. Ce n’était pas si grand que ça…

L’attente se faisait de plus en plus longue. Enfin, du point de vu d’Elijah en tout cas. Peut-être ne s’était-il écoulé que quelques minutes depuis sa question, mais pour le chanteur, c’était comme si plusieurs heures avaient défilé. Il ne pouvait s’empêcher de bouger sa jambe frénétiquement. C’était l’un de ses tics lorsqu’il était nerveux. Mais lorsque Kit prononça enfin de vrais mots, qui n’étaient pas des grognements, Elijah n’en croyait pas ses oreilles. Quoi ?! La jeune professeure faisait probablement référence à Devon, qui avait rejoint les New Directions dans le seul but de se rapprocher de l’adolescent. Depuis, elle n’arrêtait pas de la coller, et de lui faire les yeux doux. Mais le jeune homme était imperméable à ses charmes, ayant déjà quelqu’un de bien plus important en tête. Comment Rose pouvait croire qu’il était attiré par cette fille ?! Et de plus, Elijah n’avait jamais cherché la popularité. Bien entendu, dans son ancien lycée à San Diego, le garçon avait déjà gouté aux joies d’être populaire. Etre invité à toutes les fêtes, trainer avec les gens les plus cools, sortir avec la plus belle fille… Mais il avait renoncé à tout ça en venant vivre chez son frère à Lima. Et tous ces privilèges ne lui manquaient en aucun cas. Il se rendait compte seulement maintenant à quel point il avait était superficiel par le passé, et ne voulait pas refaire la même erreur une seconde fois.

Rose saisit d’un geste rapide les mains visqueuses du garçon. Vu son expression facial, cette sensation gluante ne devait pas être à son gout. Le jeune homme plongea son regard bleu océan dans celui de la demoiselle, tout en écoutant ses dernières paroles. Bien entendu que cette relation secrète pesait sur les épaules de l’adolescent. Il lui arrivait même par moment de se demander ce qui lui était passé par la tête pour s’engager dans une histoire aussi compliquée. Mais lorsqu’il pensait cela, il le regrettait amèrement la seconde suivante. Il ne pouvait pas se laisser dire des choses comme ça. Kit avait surement été la meilleure chose qui lui était arrivée depuis son arrivé en Ohio. « J’ai aucunes envies d’être avec Devon. Et bien sûr, cette relation me pèse par moment, mais le simple fait de te voir me remonte immédiatement le moral et me fait savoir combien je suis chanceux de t’avoir dans ma vie. Alors oui, par moment j’aimerai bien avoir la vie d’un lycéen quelconque, qui n’est pas obligé de penser à tout ça, mais je sais que je ne peux pas me passer de toi. » Elijah marqua une petite pause. « I just wanna be with you ♫ » Bon, cette petite référence à High School musical n’était peut-être pas nécessaire. Mais elle exprimait parfaitement ce que ressentait le jeune homme. Il n’avait jamais prononcé ses sentiments de la sorte, et c’était une grande première pour lui ! « Mais je veux juste savoir si cette relation te convient à toi… » Là était la vraie question.

Les moments passés en tête à tête avec Elijah étaient rares. Vraiment très rares, aux yeux de Kit. Elle savourait chacun d’entre eux comme un petit africain qui boirait de l’eau potable. Même cette entrevue assez désastreuse dans l’espace étriqué du placard, la jeune femme l’appréciait. Néanmoins, elle savait que si elle voulait avoir d’autres rendez-vous, de préférence moins salissants, il faudrait qu’elle trouve un moyen de les sortir de là.
Kit était quelqu’un de lunatique, elle avait beaucoup de mal à penser à deux choses à la fois, suivre une seule idée était déjà compliqué pour le jeune professeure, mais elle essaya de faire avec. Cette fois-ci, elle n’avait pas vraiment le choix. Cette conversation avec Elijah laissait prendre à leur relation une toute nouvelle dimension, et il fallait aussi que quelqu’un pense à un plan d’évacuation ! Ils ne pourraient pas rester ici éternellement ! Quelqu’un ouvrirait un jour, la porte de ce foutu placard, cette personne les découvrirait, mains dans la main, yeux dans les yeux (ou dans une position encore moins accommodante), et là, ça serait la fin des haricots ! Bon. Pense, pense, pense … comme dirait ce cher Winnie l’Ourson (ce dessin animé avait d’ailleurs traumatisé Kit, elle trouvait que cet ours avait vraiment une voix de vieux pervers !). Il fallait réfléchir méthodiquement, éliminer les mauvaises idées. Déjà, il était impossible qu’ils sortent tous les deux ensemble, en même temps, couverts de peinture orange. C’était comme si ils s’attachaient une pancarte clignotante autour du cou ‘Je sors avec ma prof/élève, virez moi, c’est tout ce que je demande !’. Jusqu’à preuve du contraire, personne n’avait dans l’idée de quitter McKinley… pour le moment. Il n’y avait plus qu’une solution de toute manière : des départs différés. Mais ce n’était pas si simple, si quelqu’un les voyait ? Si leurs chaussures laissaient des traces ? Si Figgins avait équipé son lycée de caméras de sécurité ! Après tout, une ville comme Lima avait exactement le profil pour être le berceau de nombre de tueurs et de psychopathes ! Il fallait vraiment penser à tout…

Et Kit perdit instantanément le cours de ses pensées quand la belle voix grave d’Elijah rompit le silence pour faire taire les inquiétudes de la jeune femme. Il n’était nullement attiré par une quelconque Cheerios ? La belle brune ne put empêcher un sourire radieux se former sur son visage quand les mots de son amoureux prirent un sens dans son esprit. Si ça ce n’était pas de la déclaration ! Elijah avait exactement su trouver les mots pour mettre fin à ses angoisses. Il avait même chantonné un air que Kit reconnu tout de suite ! Elle ne l’avouerait jamais, mais elle avait vu High School Musical. Trois fois. Elle aurait adoré pouvoir danser sur les tables de McKinley sans se faire lynchée, lapidée, slushiée … Mais malheureusement le monde réel n’était pas comme dans les Teen movies de Disney.

« Mais je veux juste savoir si cette relation te convient à toi… » finit par demander Elijah. Owh. Il osait lui poser la question ? Elle n’avait peut-être pas été assez claire la première fois. Kit le savait, elle était loin d’être une pro quand il s’agissait de parler sentiments, où de mettre des mots sur des émotions. La plupart du temps, elle se contentait de reprendre des répliques de films à l’eau de rose qu’elle aimait bien regarder pendant les week-ends. Mais cette fois-ci, elle décida de faire un effort. Elle se redressa sur ses talons pour se mettre en position accroupie et se pencha vers l’oreille du beau blond. « Si tu savais. Ca ne pourrait pas être mieux. Je … » Elle se mordit la lèvre et réalisa soudain qu’elle n’avait jamais dit à personne d’autre qu’à sa mère et à Kat ces trois petits mots. La jeune femme soupira, et prit une grande inspiration. Il y avait une première fois à tout !

« Je … » Try again Kit. You can do it ! « Je … J’ai trouvé un plan pour nous sortir de là !! » Et meeeerde ! Putain, quelle gourdasse ! se maudit-elle mentalement. Elle émit un reniflement rageur, à mi-chemin entre le grognement et le cri d’une autruche (quelque chose d’assez folklorique), et se remit bien en face du visage du jeune garçon, histoire de ne pas lui péter le tympan une deuxième fois. « Il faut absolument que je sorte d’ici. J’ai cours. Je pense que tu as déjà séché et que ça ne te posera pas de problème de rester ici un peu plus longtemps ? Bon, OK, c’est pas cool, tu seras un peu tout seul dans le noir, mais j’ai une solution ! Je vais me changer, j’ai toujours des habits de rechange dans mon casier, et je sais qu’Emma ou l’infirmière doivent avoir quelques produits pour la toilette. Donc, je me change, je me lave. Avec de la chance, personne ne m’aura vue. Et tu pourras sortir en jouant le numéro du garçon paniqué qui s’est pris un pot de peinture … beurk… orange ! » Kit pouvait participer à des concours d’apnée. Elle avait dit tout ça sans reprendre son inspiration, elle était un peu à court d’air. Ca se voyait car sous la couche de peinture orange, sa peau avait pris une légère teinte bleutée. La prof reprit sa respiration avant d’expliquer la suite de son plan infaillible. « Eeeet, si c’est pas le cas, et que quelqu’un me vois, tu l’entendras, parce que je crierais très fort dans le couloir qu’il y a un élève qui s’est fait assommé par un pot de peinture. Là, tu auras genre, trois seconde pour faire le mort par terre. »

Rose sourit, très fière d’avoir pensé à tout ça toute seule. « Ça te convient ? » s’enquit-elle avec une légère appréhension.

Le temps était comme suspendu. Elijah en avait totalement perdu la notion. Cela faisait-il seulement quelques minutes que lui et Rose étaient coincés dans le placard ? Ou bien plus d’une heure ? Ils étaient comme coupés du monde, sans moyen de se reconnecter au monde extérieur. D’ailleurs, comment allaient-ils faire pour sortir de là ? L’adolescent n’y avait pas réellement pensé avant maintenant. Il devait trouver un plan, mais son cerveau était trop embrouillé par ce qui venait de se passer pour fonctionner correctement. Bon, il allait laisser Kit réfléchir pour lui. Les méninges de la demoiselle avaient d’ailleurs l’air de carburer à cent à l’heure. Pensait-elle à un moyen de s’échapper du cagibi, ou bien à la question que le jeune homme lui avait posée quelques secondes plus tôt ? Malheureusement pour lui, l’expression de la professeure d’éducation sexuelle était plutôt neutre. Impossible de savoir ce qui se passait à l’intérieur de cette petite tête. Tant pis, il allait attendre patiemment que la brunette parle… Ce qui pouvait prendre un certain temps !

Elijah se demandait combien de rats vivaient dans ce trou… Depuis un certain temps, il avait remarqué des petits bruits suspects provenant de derrière les meubles, et il avait même entrevu une paire d’yeux globuleux, luisant dans l’obscurité. Brrr, cet endroit n’était décidément pas très convenable. S’ils restaient trop longtemps, les deux tourtereaux allaient peut-être se faire attaquer par ces bestioles diaboliques. Le garçon imaginait déjà les gros titres du journal du lycée : Une professeure et son élève retrouvés dévoré par les rats dans un cagibi ! Mais que faisaient-ils seules dans l’obscurité ? Catholiques s’abstenir, révélations chocs… Enfin bref, ça serait le pire scandale que le lycée McKinley pourrait connaitre. En clair, il ne fallait pas qu’ils fassent de vieux os dans ce trou miteux ! Mais alors qu’Elijah se retournait l’esprit avec toutes ces pensées pas très joyeuses, Rose lui glissa dans son oreille la réponse à sa question. Et quelle réponse ! Le chanteur ne pouvait pas espérer mieux. Enfin si… Les battements du cœur d’Elijah montèrent en flèche. Allait-elle le dire ? L’hésitation dans la voix de Kit ne présageait rien de bon. Les trois mots, que lui-même n’avait jamais prononcé, même pas à son ancienne copine, restaient comme bloqués au bout des lèvres de la jeune femme. Les deux amoureux ne se les étaient jamais dit auparavant, et ce n’était peut-être pas à la brunette de faire le pas. Non, c’était lui l’homme dans l’affaire ! Comment pouvait-il espéré que sa dulcinée prononce la phrase fatidique, alors que lui-même n’avait pas encore eu le courage de le faire ?

Le débit de parole de Kit était incroyablement surprenant. Elijah n’avait jamais entendu parler quelqu’un aussi vite ! La jeune femme prononça son plan d’évasion à toute vitesse, sans que le garçon ne puisse intervenir pour donner son avis. Il devait faire le mort ?! Le rockeur n’avait assimilé que la dernière partie du plan de la prof, et ne compris pas tout de suite où la belle voulait en venir. Il lui fallut bien une minute avant de se remettre les idées en place et de pouvoir donner une réponse au ça te convient ? de Kit. « O…Oui, ça me parait un bon plan. Fin’, je sais pas si je suis super doué pour faire le mort, j’suis pas très bon acteur enfaite, mais je ferai de mon mieux… » Voilà, ils allaient enfin pouvoir sortir de ce placard infernal et retourner à leur vie respective. A vrai dire, ce tête à tête avec Rose allait lui manquer. Le jeune homme avait bien aimé pouvoir passer autant de temps avec elle, sans se préoccuper d’être discret. Enfin, toutes les bonnes choses ont une fin, malheureusement…

Un gargouillement sonore provenant de l’estomac de Kit rappela à la jeune femme que les minutes s’écoulaient. Il n’y avait malheureusement aucun moyen d’arrêter le temps, et, même si la tentation de prolonger ce moment juste en tête à tête avec son amoureux, commençait à vraiment la titiller, mourir de faim n’était pas encore un sacrifice auquel la jeune femme était prête. Elle savait bien que si ça ne tenait qu’à Elijah, ils resteraient enfermés dans ce placard pour l’éternité, et elle aurait été parfaitement d’accord ! Si il y avait des gâteaux, ou un steack, ou ces pâtes à tomber que l’on servait au Breadsticks … Kit, fais taire ton estomac ! Il est en train de prendre le contrôle ! ordonna sa conscience, avec autorité. Pour une fois, Rose écouta le conseil, et se reconcentra rapidement sur l’objectif numéro un : sortir du placard. Car même si Kit était une fille svelte, quand on parlait nourriture, elle était du genre à s’emporter un peu, ça virait très vite à l’obsession et aujourd’hui c’était tout sauf le moment. Que ce pauvre Elijah n’ait pas à gérer une Kitosaure affamée ! C’était un peu un tue l’amour, il fallait vraiment l’épargner ce pauvre garçon. Déjà qu’il n’en menait pas large avec le plan. Vu sa tête mi-déconfite, mi-sceptique, il n’avait absolument rien capté.

Il bredouilla quelques doutes sur ses talents d’acteurs, ce à quoi Kit ne crut pas un mot ! Elijah était un chanteur ! Un chanteur, rockeur ou autre avait quelques talents scéniques, c’était incontournable ! On ne pouvait pas interpréter une chanson autrement quand la ressentant, en la jouant. Et puis bon, faire le mort, ce n’était pas non plus la performance du siècle. On a jamais entendu au Golden Globes quelqu’un remporter un pris pour sa performance de mort… Qui sait, peut-être qu’Elijah serait le premier ? « Sérieux, ne t’inquiètes pas, tu seras parfait ! » souria Kit avec un petit clin d’œil. « Je suis sûre que sera digne de … Zac Efron ! » OK. Mauvais exemple. Mais c’était lui qui avait commencé à parler de High School Musical ! Et puis, Zac n’était pas si mauvais que ça … il jouait du basket en rythme sur un playback. Il ne fallait pas croire, c’était vraiment tout un art ! Se coucher par terre, fermer les yeux et laisser sa langue pendre sur le côté, s’en était un aussi, et Elijah allait y exceller ! Chacun son truc après tout. « Mais, avec un peu de chance, tu n’auras même pas à faire ça ! C’est juste le plan de dernier recours, si personne ne me vois, ça se passera bien ! Que ça soit un jour poisseux aujourd’hui… peu importe ! » L’optimisme infaillible de Kit en agaçait plus d’un, notamment dans sa chorale de vindicatifs et névrosés, mais il avait aussi le mérite d’arriver à remonter plus d’un moral, quand l’âme n’était pas encore corrompue par le négativisme, évidement. Avec le jeune homme, en général, ça marchait.

Non sans regret, elle lâcha les mains visqueuses d’Elijah, et se releva petit à petit. Son destin l’appelait, c’était vraiment un plan risqué, surtout si le beau blond était pris d’une crise de rire nerveuse (ce qui arrivait très fréquemment quand on était stressé), néanmoins, c’était déjà beaucoup moins couteux que la première idée qui avait germé dans l’esprit tortueux de Kit. Elle avait songé, pendant trente bonnes secondes, à appeler Kat, pour demander à si son ex avait encore sa ménagerie exotique. Ensuite, elle aurait lâché des autruches sur le terrain de foot et ça aurait créé une bonne diversion. Mais, la jeune prof avait rapidement écarté l’idée, après un rapide coup d’œil, elle avait remarqué que son portable était déchargé, et qu’Elijah n’avait sans doute pas le numéro de la meilleure amie de sa petite-amie. Pourquoi l’aurait-il ? Personne n’était au courant, même pas Kat. Enfin … le cœur qui battait à cent à l’heure, Kit posa un dernier baisé sur les lèvres d’Elijah. Ca goutait la peinture. Beuh. Elle se retint d’avoir le réflexe si classieux de cracher un peu partout pour faire partir le mauvais gout, ça pouvait vexer le jeune homme, et elle n’avait pas du tout envie de lui faire croire des trucs qui pouvait l’atteindre dans sa virilité.

La poignée de la porte était maintenant dans sa main. Il n’y avait plus qu’à appuyer. Kit la pressa, mais avant de s’engager dans le couloir si lumineux, elle se retourna, fixa de ses deux grands yeux bleus Elijah, et elle se jeta à l’eau.

« Je t’aime. »

La seconde d’après, elle était de l’autre côté de la porte, les battements de son cœur cette fois-ci complètement désordonnés, elle avait envie d’imploser. Et de se cacher aussi. Se cacher loin ! Elle regarda à droite, à gauche. Personne. A part peut-être un reflet de longs cheveux blonds, mais ça avait été si furtif que c’était surement son côté paranoïaque. Prudemment, elle suivit le plan et se dirigea vers le bureau d’Emma Pillsbury, quand, son regard se posa sur le bouton d’alarme incendie.

L’ampoule qui s’éclaira au-dessus de sa tête était presque visible. Avec un léger sourire, elle appuya.

Un gargouillis d’estomac attira l’attention du jeune Burlingame. Celui-ci provenait du ventre de sa belle, et rappela au garçon que lui aussi mourrait de faim. Il donnerait tout ce qu’il avait pour un tacos bourré de fromage fondu. Cette image de nourriture fit saliver l’adolescent. Il était vraiment grand temps de sortir de ce cagibi infesté de rat ! En parlant de ces petites créatures répugnantes, Elijah avait toujours l’impression que l’une d’entre elles allaient lui sauter au cou à tout moment et le vider de son sang. Bon, il ne s’agissait pas de vampire non plus mais quoique… Peut-être qu’une race hybride de vampire-rat avait investi l’Ohio. Tout était possible en Amérique ! Il devrait peut-être appelé Buffy… Elle devra alors utiliser un mini pieu en bois pour le planter dans le petit cœur des monstres. Aaahhh, Buffy serait capable de tout pour venir à bout de ces viles créatures. D’un geste soudain, Elijah apporta sa main à sa nuque. Il avait senti quelque chose se poser sur sa peau ! Paniqué, le garçon regarda le petit insecte s’écraser sur le sol. Ouf, ce n’était qu’une mouche. L’air confiné du placard ne lui allait vraiment pas !

La référence de Kit sur Zac Efron arracha un sourire au rockeur. Après tout, c’était lui qui avait lançait le sujet High School Musical, et même s’il ne voulait pas se l’avouer, il avait plutôt bien aimé ces films. Bon, ce n’était pas du grand cinéma, mais en termes de divertissement, ce n’était pas mal du tout. Rose arrivait toujours à remonter le moral du chanteur, même quand celui-ci était au plus bas. C’est d’ailleurs pour cela qu’Elijah l’aimait tellement. Pour ça et ses idées un peu farfelues ! Quelle brin de folie cette femme ! Avec elle, on ne s’ennuyait jamais. « Ouais, t’as raison… Ça devrait bien se passer. J’vois pas pourquoi ça tournerai mal. » Bon, il faut avouer qu’il y avait beaucoup de chance pour que cette situation tourne mal, mais le jeune homme essayait de se convaincre que tout allait bien se passer, et était déjà en train de s’imaginer faire le mort. Est-ce qu’il devait faire pendre sa langue pour plus de réalisme ?

L’heure fatidique était arrivée. Kit se releva doucement et lâcha tranquillement les mains de l’adolescent. Il pouvait voir que sa petite amie était stressée, mais lui devait l’être encore plus. Une goutte de sueur perlait sur son front, alors que la jeune femme déposer un baiser sur les lèvres oranges du garçon. Voilà, elle était sur le point de sortir. Le cœur d’Elijah se mit à battre de plus en plus vite. Il y avait beaucoup de chose en jeu dans cette opération délicate. Mais dans un sens, toute cette situation était de sa faute. C’était lui qui avait entrainé Rose dans le placard, et c’était encore lui qui avait fait tomber le pot de peinture. Non, si quelque chose devait arriver aujourd’hui, il en prendrait l’entière responsabilité, et ne pourrait probablement jamais se le pardonner. La demoiselle avait la main sur la poignée de la porte. « Moi… » Avait commencé le garçon avant de voir la fille qu’il aimait disparaitre. « … Aussi. »

Un long silence suivit la disparition de Kit. Elijah était maintenant tout seul, dans le noir intense du cagibi. Il n’avait même pas la force d’aller allumer la lumière, tellement les dernières paroles de la professeure l’avaient bouleversé. Un sourire s’afficha et illumina le visage du garçon. Il ne pouvait pas être plus heureux que maintenant. TUDUDUTUDUDU. Hein qu’est-ce que c’est ?! Dans un mouvement rapide, le rockeur c’était jeté à terre, et réalisait la scène qu’il s’était imaginé dans sa tête quelques minutes auparavant, et sans oublier le petit pendouillement de langue s’il vous plait ! Le jeune resta allongé deux bonnes minutes avant de se rendre compte que ce n’était pas le bon signal. Crotte, il ne devait pas faire le mort, mais plutôt s’éclipser discrètement de la petite pièce alors que le bâtiment sera vide, grâce au pouvoir de l’alarme. Une fois qu’Elijah fut bien sûr que personne ne se trouvait derrière la porte, il sortit. Le couloir était vide et silence. Fiou, le coup de l’alarme avait fonctionné !

En mode James Bond, le jeune Burlingame sortit discrètement de l’enceinte du lycée, et prit le chemin de chez lui. Sur la route, le garçon ne fit même pas attention aux personnes le dévisageant, surement à cause de sa teinte orangée, tellement il était heureux. Cette journée avait probablement été la meilleure de sa vie, et de loin !




THE END