o3. Spy is a Game ... or not.

Scotty n'aimait pas les mercredi après-midi. Il devait être le seul sur terre à ne pas les aimer. Et pour cause, le mercredi était jour de correction des copies de ces chers et tendres élèves, n'ayant pas à assurer de cours, ni de clubs. Surtout que ce devoir sur le premier Acte de "Roméo & Juliette" n'était vraiment réussi, voire même pas du tout. Le jeune professeur grommelait devant son bureau. Mais qu'avait-il bien pu faire pour mériter une chose pareille ? Ne leur avait-il donc rien appris durant ses longues heures de littérature. Au fur et à mesure des copies qui s'enchaînaient, il se demandait de quelle façon mettre fin à ses jours. Une partie des devoirs était pompée sur un autre, ou alors même sur internet quand il se débrouillait pour trouver la source. Alors qu'il pestait encore une fois en barrant entièrement la copie de rouge, il entendit, son jeune frère sortir de sa chambre, habillé, propre, avec son éternel sac à dos qui pendant sur son épaule. Il avait la chance de ne pas avoir cours le mercredi après-midi et ce vil Schuester n'avait pas prévu de séance du Glee Club. Il sortait ? Le grand frère se dépêchait de lui demander où il comptait se rendre. L'adolescent lui répondit d'un ton détaché qu'il allait voir Glenn au centre commercial, puis ne demanda pas son reste et fila vers la porte d'entrée. Scott eut à peine le temps de se lever de sa chaise que la porte claquait déjà, laissant le jeune homme abasourdi. Il avait déjà entendu parler de ce "Glenn" quelques autres fois. Mais son frère n'a jamais été très loquace là-dessus voire même carrément évasif. Il ne savait pas comment le prendre. Scott était un frère protecteur (même très protecteur), il ne voulait pas que son jeune frère se fourre dans les ennuis, ce qu'il savait faire avec un talent remarquable. Depuis la mort de leurs parents, Scotty avait eu du mal à le gérer, normal après une telle perte, mais il se faisait tellement de soucis pour lui, il voulait tellement le protéger et faire qu'il devienne quelqu'un de bien, que parfois il lui arrivait de dépasser un peu les bornes, d'en faire un peu trop. Et bien sûr c'est ce qui arriva cet après-midi.

Il ne connaissait pas ce Glenn. Il n'arrivait pas à avoir des informations sur lui. Et c'est maintenant qu'il en aurait ! Il n'était vraisemblablement pas élève à WMHS, il avait épluché toutes les listes de classe. Et c'est ça qui l'effrayait le plus. S'il n'était pas un élève, il pourrait être n'importe qui ... Un trafiquant ? Un type de la mafia en costard complet, cravate noire, pompes cirées ? Scotty en eut des sueurs froides. Il ne fallait pas qu'Elijah tombe là-dedans ! Hors de question. Il fila donc dans sa chambre, trouver une paire de chaussette, une paire de converses noires (quoi de plus confortable pour la ville ?), trouva sa veste en cuire et se rua à l'extérieur. Au moins, il savait où les retrouver. Il se rendit en un rien de temps devant le centre commercial. Bien, maintenant il fallait qu'il se fasse discret et qu'il ne tombe pas nez à nez avec son tendre frère, histoire d'éviter une scène. Alors qu'il allait se remettre en route vers la porte du bâtiment, une pensée l'arrêta. Et si ce qu'il faisait était mal ? Et s'il s'inquiétait trop ? C'était totalement fou de suivre en filature son propre frère de cette façon, alors que de sages copies d'élèves moyens l'attendaient tranquillement sur son bureau. Et sa conscience, véritable Jiminy Criquet, continuait de lui insuffler des pensées sages et raisonnables. Pourtant la peur qu'il ressentait pour Elijah fut plus forte. Il franchit les portes de l'établissement. Il déambula dans les couloirs de la galerie marchande, lançant des regards furtifs à la recherche de frère. Le centre commercial n'était pas très fréquenté pour une fois, il le repéra donc assez facilement, assis à une terrasse d'un café/glacier.

Scotty s'approcha donc assez doucement de la position de son frère. Celui-ci était de dos à lui, ce n'était pas très difficile, il tourna régulièrement la tête pour observer les alentours, surement à la recherche de ce "Glenn". Le jeune professeur se demandait vraiment à quoi pouvait bien ressembler ce "Glenn". Ce n'était pas un nom habituel, du moins il ne connaissait pas de personne avec un tel nom, ce qui le mettait encore plus dans le doute. Il avait peur. Une fois à bonne distance d'observation, il s'approcha d'une grande plante en pot d'intérieur, qui faisait bien 2m de hauteur et bien touffu d'un bon mètre de large. Parfait pour observer sans être trop vu. Il s'accrocha à une des branche, légèrement penché, les yeux plissé, attendant patiemment le début de la rencontre. Vu de l'extérieur, la scène avait un peu un côté grotesque de comédie prévisible qu'on voit les après-midis à la télé. D'ailleurs, Scott ne put s'empêcher de s'imaginer et un sourire amusé s'étira le long de ses lèvres. C'est vrai que c'était totalement absurde comme situation ... Mais peut-être valait-elle le coup.

Une fois n'était pas coutume mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, Glenn était en congé un mercredi après-midi. En soit, c'était déjà miraculeux parce que ça ne lui était encore jamais arrivé. Bien sur il n'avait pas les horaires les plus stables du monde, et s'il avait voulu des journée de 8h/18h il n'avait pas choisit le bon métier, mais il y avait quand même une certaine constante. Cependant, il était vrai que c'était plutôt calme du coté de la maison de couture, si bien qu'il avait pu prendre de l'avance sur son travail pour Sue tant et si bien qu'il n'avait absolument rien à faire aujourd'hui. Et Glenn en profita pleinement.

Après un grasse matinée bien méritée, il était aller s'incruster chez Preston & Co où il s'était amusé à transformer ses amies en poupée tout en commérant à qui mieux mieux, se mettant au courant des derniers potins en ville. Puis, il était aller à la librairie histoire de refaire son stock de livres pour les prochains mois à venir avant de lambiner dans le parc, profitant du beau temps malgré le froid mordant et la neige qui régnaient, s'amusant parfois à prendre la poudreuse dans sa main ganté de cuir pour la regarder fondre. C'est en voyant un groupe de lycéens passer en riant devant lui qu'il se souvint qu'il n'y avait pas cours le mercredi après-midi. Ce qui voulait dire que Travis était rentré chez lui … de même que Elijah. Ça faisait quelques temps qu'il n'avait pas contacté l'adorable blondinet pour qu'il lui fasse son rapport sur la vie de son cher cousin. Beaucoup aurait pensé que Glenn était beaucoup trop protecteur envers son cousin mais celui-ci en avait vraiment besoin, il faisait la proie rêvée des brutes avec sa petite taille, son intelligence supérieure et cette espèce de geekiness qui semblait émaner de lui. Non, Travis avait besoin de lui, et si ça allait trop loin, il pouvait toujours demander à Sue de l'aide pour détruire ses harceleurs sans laisser de traces. Bref, c'était l'occasion rêvée pour reprendre contact avec le gleek, histoire de savoir ce qu'il se passait dans les sombres couloirs de McKinley. Ni une ni deux, il dégaina son Blackberry et appela le lycéen, lui donnant rendez-vous au centre commercial vers 16h. Il y avait découvert un fabuleux café alors autant lier l'utile à l'agréable.

Deux heures plus tard, c'est un Glenn pimpant qui se promenait dans la galerie marchande, s'arrêtant de temps en temps quand il était distrait par un article ou un autre dans une des vitrines qu'il passait. Tout était aux couleurs des fêtes et les guirlandes clignotaient dans tous les sens, donnant une atmosphère joyeuse au centre commercial. Il était presque arrivé au café quand son regard fut attiré par une magnifique veste blanche qui semblait l'appeler, le supplier de venir l'acheter. Il resta quelques minutes scotché devant la vitrine à imaginer la veste sur lui. Et franchement, elle lui irait à ravir. Peut-être même mieux que le caban gris et l'écharpe bleu-grise Balmain qu'il portait avec son skinny jean anthracite et ses boots noire à boucle Dior. Bon, peut-être pas mais en tout cas, elle était totalement dans ses moyens !

Finalement, le blond décida de suivre son envie et entra dans la boutique de laquelle il ne ressortit que dix minutes plus tard après avoir ajouter deux ceintures, un chapeau et plusieurs écharpes à ses achats. Il était en retard pour son rendez-vous mais ça valait largement le coup et puis tout le monde savait qu'être fashionably late était hyper tendance. Quoiqu'il en soit, il se dépêcha de rejoindre Elijah qui l'attendait déjà. Il le salua chaleureusement en lui souriant. Il l'invita d'abord à commander, c'était la moindre des choses et lui même avait terriblement envie de cette dame blanche, avant de commencer à l'interroger sur les faits-et-gestes de son cousin adoré.

Ils étaient en pleine discussion, et Glenn s'amusait comme un fou en taquinant Elijah, quand le styliste sentit un regard sur lui. Tournant la tête, il n'aperçut d'abord qu'une plante touffue. Il allait se détourner, attribuant son impression sur sa paranoïa latente quand un frisson parcourut la plante. Or, il n'y avait pas le moindre courant d'air. Regardant plus attentivement, il vit enfin la silhouette d'un homme en partie, mal, dissimulée derrière la plante, le regard fixé sur eux. Où plutôt sur Elijah. Sans rien dire, il reporta son attention sur le garçon bien que son cerveau était en ébullition. Qui était cet homme ? Pourquoi regardait-il Elijah comme ça ? Et si c'était un pervers ? C'était ça ! Il n'y avait pas d'autre explication. Cet homme devait avoir des vues sur l'adorable blondinet. Mais, foi de McAllistair, ce monstre serait derrière les barreaux avant de poser un seul doigt sur lui !

Une demi heure plus tard, Elijah avait finit sa glace et se préparait à partir. Tout ce temps avait permis à Glenn de réfléchir sur la marche à suivre pour coincer le pervers qui les regardait toujours derrière son buisson, comme s'il n'était pas aussi voyant qu'une ceinture WalMart sur une robe Vera Wang. Pour la discrétion, il pouvait repasser. Après que le gleek ai prit congé, le blond se dirigea vers les toilettes, faisant signe au personnel de surveiller ses affaires, et, lorsqu'il fut hors de vue, se glissa par la porte de service, de façon à se trouver derrière le pervers toujours caché, et sorti son portable. Prenant son courage à deux mains, et priant pour que l'inconnu ne soit pas psychotique ou armé, il se glissa silencieusement derrière lui avant de prendre la parole d'une voix glaciale, ses yeux aussi figé que l'acier trempé.

-Alors comme ça on espionne ? Qu'est ce que tu veux faire sale pervers ? Tu ferais mieux d'expliquer pourquoi tu observes un gosse depuis presqu'une heure avant que j'appelle la police.