03. I want fabulous,That is my simple request.All things fabulous,Bigger and better and best.

Mercedes se sentait enfin dans son élément, devant ce géant de verre, d'acier et de béton. Elle tapota sur sa pochette en satin bleu électrique, habitude qui traduisait sa nervosité. En arrivant devant le centre commercial de Lima, la jeune étudiante pouvait enfin respirer après avoir été bloquée dans les embouteillages coutumiers du samedi après-midi. Elle évitait le plus possible de côtoyer les magasins pendant les périodes de grands rushs, ne supportant que très mal les pleurs des enfants gâtés qui faisaient une crise, de piétiner derrière des foules assommées par la chaleur que vomissait la climatisation.

Elle avait donné rendez-vous à Artie, vieux camarade de classe et de chorale, dans ce regroupement géant de vêtements en tout genre. Son paradis à elle, puisqu'elle se sentait soumise, en son fort intérieur, à une mission divine: relooker le jeune homme. L'idée lui était venue lorsqu'elle avait vu le jeune handicapé arriver une fois de plus avec ses vieux pulls, ses chemises blanches et ses bretelles marrons. Une fois de trop. Mercedes se promit intérieurement de s'occuper un jour, si la grâce de Dieu lui permettait, des cheveux et des lunettes de son ami. Elle profita de son passage devant une boutique de prêts-à-porter féminins pour se regarder dans le reflet de la vitrine et repérer quelques futurs achats. Se faire payer son logement par ses parents, ça avait du bon, et entre autre de pouvoir garder son argent pour des dépenses inconsidérées. Mercedes passa en revue sa tenue et se propulsa dans l'ascenseur avant qu'il ne se refermât devant elle. La jeune étudiante ne se voyait vraiment pas monter quatre étages avec les chaussures qu'elle portait. Une fois de plus, elle regrettait son goût immodéré pour les talons hauts.

La diva comprit en quelques secondes pourquoi elle stressait autant pour ce rendez-vous. Il y avait déjà Artie, et elle se sentait toujours assez mal à l'aise d'être la meilleure amie de celle qui avait trompé le jeune homme et, par la même occasion, brisé son petit cœur. Mais aussi parce qu'elle détestait le contact de trop de personnes autour d'elle. Non pas que Mercedes eut un jour un souci avec son image, elle assumait complètement son look, son corps, et son côté extravagant. Mais là, dans cet ascenseur, entourée, oppressée par une dizaine de personnes sentant tantôt la respiration, tantôt le parfum bas de gamme, parfois même le sucre de churros qui rappela sournoisement que Mercy n'avait pas pris la peine de petit-déjeuner avant de partir. Supplice. Elle ferma les yeux, pris son mal en patience. Plus que trois étages.

Elle retint à peine un gémissement quand elle vit d'autres personnes monter dans l'ascenseur, la propulsant au passage contre le mur froid du fond. Les escaliers lui semblèrent être une torture beaucoup plus douce pour le coup, et elle regrettait sa fainéantise et ses chaussures nouvellement acquises et donc pas encore faites à ses pieds. Plus que deux étages. Elle voyait défiler les étages si lentement qu'elle se demandait presque si elle n'était pas piégée par une caméra café. Sure que la vitesse n'allait pas engendrer une crise cardiaque à une nonagénaire. Plus qu'un. Un petit étage, avec son lot de départ, mais aussi d'enfants qui montent, de gens qui froissent sa robe, et de paquets cartonnés lui rentrant dans les côtes.

Quatrième étage. Elle ne prit pas la peine de s'excuser et s'échappa de cet enfer commercial. Mais il semblait qu'elle n'était pas la seule à avoir eu cette judicieuse idée et se retrouva engloutie dans le flot des badauds. Essoufflée, elle se retrouvait à la fin de son périple devant le magasin dans lequel elle devait retrouver Artie. Un savant mélange de classe, de mode pour jeune et de vêtements pratiques s'étalait devant ses yeux émerveillés. Elle se sentait vraiment bien entourée de vêtements, conseiller, mélanger les couleurs, mettre en valeur des formes, des angles, des personnalités. Elle entra dans le magasin, et se mêla aux vêtements pour homme, avec déjà quelques pantalons et chemises de la nouvelle collection sous le bras. Ne manquait plus que son cobaye d'ami.

I want fabulous.

Bip. Bip. Bip. Bip... Cette sonnerie agaçante provenant de mon réveil matin me fit radicalement sortir de mon sommeil. Pourquoi m’entêtais-je toujours à me mettre une alarme pour me réveiller alors que je sais très bien que peu importe l’heure à laquelle je me réveille, je ne ferai pas plus grand-chose que la veille ? Je pense que le fait que je mette ce fichu cadran à neuf heure tous les matins est un bon moyen de préserver ma bonne habitude de toujours me lever tôt, quelle que soit la situation. Le jour où j’aurai finalement un emploi et que je devrai me réveiller à une heure fixe tous les jours, je trouverai ça sûrement plus facile que si je ne m’étais jamais habitué à mettre ce réveil. Néanmoins, ce matin, ça me tentait vraiment, mais alors là, vraiment pas de me lever. La journée qui m’attendait allait être lourde et chargée, bien que je sache que j’allais avoir du plaisir à passer toute mon après-midi à faire du magasinage avec Mercedes. Depuis le temps qu’on s’était promis de le faire, il fallait au moins que je respecte ma promesse. Je ne doutais pas une seconde de tout le plaisir que nous apporteraient ces quelques heures ensemble, mais... Le fait que cette ancienne camarade de classe soit restée en contact avec Tina et qu’elles se voient régulièrement me rend assez anxieux. Je n’aime pas essayer de prévoir ce qui pourrait arriver, mais je suis sûr et certain que le fameux sujet tomberait sur la table et que Mercedes et moi allions en parler. C’est évident et ce serait même impensable qu’on n’en vienne pas à en parler. Après tout, on est tous amis et ce genre de chose finit forcément par faire le tour de Lima au complet. Avec difficulté, je me levai du lit, m’installant à nouveau dans ce fauteuil roulant. Avec le temps, j’ai fini par m’y habituer et je ne le vois plus comme un calvaire, mais une petite voix en moi ne cessera sans doute jamais de me répéter que ça serait tellement bien de pouvoir marcher. Je pris le petit-déjeuner seul, ce matin. Mes parents avaient d’autres occupations que de veiller sur moi, c’est certain. Je suis vieux, maintenant. Même si je n’ai pas encore un vrai emploi et mon propre appartement, je suis tout de même capable de m’occuper de moi-même...

Après avoir passé le temps du mieux que je le pouvais jusqu’à l’heure fatidique où je devais partir pour ne pas être en retard à notre rendez-vous, je pris place dans ma nouvelle voiture. Bien évidemment, elle était adaptée pour un handicapé, mais on dirait que ça me rendait plus indépendant que d’avoir mon propre moyen de transport. Je n’avais plus à attendre après mes parents pour pouvoir sortir et le mieux dans tout ça, c’est que je peux maintenant rentrer à l’heure que je le souhaite. Je roulai donc jusqu’au centre commercial et me gara dans un stationnement pour handicapé. Ça avait son avantage, quelques fois. Au bout de dix minutes, je fus enfin dans l’ascenseur, tassé comme un raz, à attendre d’être enfin arrivé au quatrième étage : le lieu de prédilection pour une après-midi de shopping. Une fois arrivé à destination, je roulai jusqu’à être à l’intérieur du fameux magasin. Je savais que Mercedes m’y attendrait... C’est par là que notre aventure débuterait. Après passer le grand magasin au peigne fin du regard, j’allai dans la section pour homme. Peut-être que Mercy y serait déjà ? Une fois face à un rayon de ceinture pour homme, je remarquai la silhouette de ma collègue et amie. Je me dirigeai vers elle, souriant. « Hey ! » dis-je pour l’avertir de ma présence. Elle se retourna vers moi, souriante aussi. « Alors, alors ! En forme pour cette journée magasinage ? ». J’affichai maintenant mon plus grand sourire et, sans que je m’en rende vraiment compte, mon plus sincère. J’aime bien être en sa compagnie parce que ça me rappelle le temps où nous faisions encore partie des New Directions et que nous étions à McKinley, encore tous soudés. C’est fou comment le temps peut faire changer les gens...

Tout n'était qu'une tornade de couleurs. Mercedes se sentait bien, vraiment bien. Elle respirait enfin, dans son élément. Conseiller, aider, accorder des couleurs, des teintes, des tons, la jeune étudiante aimait vraiment ça. Elle ne s’arrêtait que quelques instants devant un rayon pour homme, l'image de son ami chanteur et handicapé en tête. Elle avait ce don, Mercedes, de savoir jauger une personne et ce qui lui irait le mieux d'un simple cou d’œil. Et elle s'amusait autant que lorsqu'elle avait dû relooker Sue Sylvester pour une reprise de Vogue de Madonna. Non, elle ne s'arrêtait pas. Elle semblait flotter, léviter devant les rayons, prenant parfois au passage quelques jean, des chemises, des pulls. La jeune chanteuse se demandait si elle faisait cette séance shopping plus pour elle que pour son ami. Il est vrai qu'ils s'étaient un peu éloignés avec cette histoire entre Tina et Artie, mais elle voulait montrer que les affaires privées des deux jeunes gens ne la regardaient pas et qu'elle savait, qu'elle pouvait faire la part des choses. Alors oui, elle faisait ça parce que ça l'amusait, qu'elle se sentait bien à aider les gens à se sentir bien dans des vêtements qui plaisent et les font se sentir bien. Mais aussi pour retrouver cette amitié perdue. Comme quand on attise un feu éteint sous les cendres d'un coup de tisonnier dans l'espoir de voir surgir une braise inespérée, ce petit éclat rougeoyant qui vous apporte un avant goût de cette chaleur du grand feu qu'elle deviendra. Et ce grand feu manquait à Mercedes. Cette émulation qui la prenait, la soulevait au sein des anciens et glorieux New Directions.

La traversé de Miss Jones dans le magasin était un peu comme le ballet hypnotique des machines à laver. Les rayonnages des pressing regorgeaient de ces tourbillons colorés. Rouge. Jaune. Bleu. Vert. Et toujours ces grands drapés blancs qui tantôt se déploient comme les ailes d'un oiseaux pour se recroqueviller le moment d'après sous la pression de l'eau. Mercedes était aussi, à sa façon, un tourbillon coloré. Les manteaux se gonflaient dans son sillage, cape de fortune dans ces tissus cotonneux et toujours plus souples et confortables, quand les pulls laissaient dans son sillage une traine de couleurs oniriques. Spectacle étonnant et totalement jubilatoire qui l’empêchait d'entièrement faire attention à ce qui se passait autour d'elle, sans jamais être malpolie non, mais juste distraite. Au point où elle ne reconnu même pas le roulis pourtant familier des roues du fauteuil de son ami, les petites couleurs de ses roulettes avant clignotaient toujours avec autant d'entrain, seul touche enfantine dans le tableau austère que le garçon offrait. Elle se retournait, surprise dans son euphorie vestimentaire à l'approche de son ami qui manifesta sa présence. Mercedes Jones était ce genre de phénomène, emportée, généreuse, que son physique illustrait entièrement. Se retournant, radieuse à l'idée de pouvoir montrer ses trouvailles toutes plus géniales les unes que les autres -selon elle, donc sûrement trop excentriques pour son ami- et de passer une journée qui commençait sous de bons hospices, elle salua son ami, enjouée. "Oui ! Si tu savais comme j'attendais cette journée avec impatience. Regardes ce que je t'ai déjà trouvé ! Tu ne pourras plus nous dire que tu n'as rien à te mettre pour sortir et faire des rencontre ..." Mercedes regretta ces derniers mots, les bras toujours en évidence devant le jeune homme, surchargés d'une montagne de vêtements colorés. Aborder le domaine des rencontres n'était pas forcément une bonne approche. Se mordant la lèvre inférieure, elle fourra amicalement les habits sur les genoux de son ami, et pris les commandes du fauteuils tout en entretenant la conversation, histoire de se faire pardonner: son trajet, le temps, sa santé, s'il avait trouvé un job, une activité. Bref, tout sauf parler des filles.

C'était toujours un peu délicat de parler avec Artie. Déjà parce que Mercedes n'était pas bien grande et qu'elle avait l'habitude de regarder les gens d'en dessous, or Artie était de fait bien plus petit qu'elle, ce qui la perturbait un peu. Non pas que les conventions d'un homme plus grand qu'une femme étaient pour elle importantes, mais le jeune homme perdait en quelque sorte le rôle protecteur que l'homme avait l'habitude de jouer. En plus, ce qui était beaucoup plus naturel chez la jeune fille, elle se devait de ne jamais le sous-estimer, puisque son ami et surtout handicape était assez lourd pour en rajouter avec une attitude condescendante. Se rajoutait maintenant à cela la cas Tina qu'elle ne devait pas aborder. Mais baste ! Elle était là pour passer un bon moment et surtout faire ce qu'elle savait de mieux -après chanter- relooker un homme en perdition vestimentaire ! " Bon, Artie, tes pulls de papis, ça ne te va pas. Tu es un garçon mignon, qui ne se met pas en valeur. Alors je t'ai déniché quelques petits bijoux, comme ce t-shirt, ou encore ce gilet tendance. Oh et regarde cette chemise cintrée, tu vas être sexy dedans !" Elle s'arrêta devant une cabine d’essayage, ayant soudain un gros doute. Et s'il avait besoin d'elle pour s'habiller ? Après tout, il était habillé, donc il savait se vêtir seul. Et puis, il se manifestera s'il devait faire appel à elle. "Sinon Artie, quoi de neuf?" Et là, elle pria pour ne pas avoir fait de bourdes.

I want fabulous.

Mercedes Jones est le genre de fille que j’ai toujours apprécié, hormis Tina bien sûr. Les gens comme elle sont capables de te redonner le sourire dans n’importe quelles situations. Ils sont présents pour toi et essaient de tout faire pour remonter le moral à plat de la personne avec qui ils sont en compagnie. Quand nous avions organisé cette journée magasinage, je dois admettre que j’étais un peu surpris et incertain de ma motivation à y aller. Mercedes et moi ne nous étions pas adressés la parole depuis des mois et des mois alors je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Y aurait-il ce fameux moment où nous serions tous les deux l’un en face de l’autre à ne plus savoir quoi dire ou alors la discussion irait bon train ? C’est quelque chose qui m’angoissait un peu, je dois l’admettre. Au lycée, nous ne parlions pas vraiment non plus. Oui, on était proche et on se soutenait en cas de dures épreuves, mais mis à part cela, nous ne nous sommes jamais confiés comme l’auraient fait Kurt et Rachel, par exemple. Néanmoins, quand on s’est revu dans le quartier général des Urban Hymns, je me suis souvenu de tout le plaisir que je pouvais avoir en sa compagnie. Nos spectacles en groupe, nos fous rires dans la salle de répétition... Je m’en souviendrai toujours sur une note positive. Quoi qu’il en soit, même si j’étais un peu inquiet face à ce moment en sa compagnie, j’avais accepté. Après tout, ça ne pouvait qu’être agréable étant donné le caractère enjoué de la belle brune.

Évidemment, je ne m’étais pas trompé. Une seconde après qu’elle m’ait vu, elle était déjà en train de prendre de mes nouvelles, le sourire collé aux lèvres et l’air enjoué. Ça faisait du bien, je l’admets. À trop souvent passer son temps encabané dans sa chambre, on finit par délaisser la réalité qu’on croit être sombre. Mercedes est le genre de personne qui me rappelle que la vie peut être agréable... À ma réplique, elle répondit de façon positive. « Oui ! Si tu savais comme j'attendais cette journée avec impatience. Regardes ce que je t'ai déjà trouvé ! Tu ne pourras plus nous dire que tu n'as rien à te mettre pour sortir et faire des rencontre ... » Sa voix était pleine de joie et ses yeux étaient pétillants. Ça faisait vraiment plaisir. Néanmoins, je sentis une certaine hésitation dans sa voix lorsqu’elle prononça les trois derniers mots de sa phrase. Pour ce moment, je ne pensais pas faire de nouvelles rencontres. Ce n’était pas vraiment ce que j’avais le plus envie de faire, surtout parce que Tina occupe encore une trop grande place dans ma tête. Je fis tout de même un sourire à la belle pour lui faire comprendre que ses propos ne m’avaient pas vexée. Le jour où je serai prêt à rencontrer de nouvelles personnes, j’aurai les vêtements pour et je serai prêt. Elle plaça la pile de vêtements sur mes genoux et commença à me rouler jusqu’à la salle d’essayage. « Bon, Artie, tes pulls de papis, ça ne te va pas. Tu es un garçon mignon, qui ne se met pas en valeur. Alors je t'ai déniché quelques petits bijoux, comme ce t-shirt, ou encore ce gilet tendance. Oh et regarde cette chemise cintrée, tu vas être sexy dedans ! » Un nouveau sourire s’imprima sur les traits de mon visage. Son enthousiasme me faisait vraiment chaud au coeur. Je n’avais pas du tout envie d’être celui qui ressemble aux dépressifs, surtout pas à ses côtés. Quand on côtoie quelqu’un comme ça, ça nous redonne espoir. Ça nous fait croire qu’au fond, la vie n’est pas si mal. Je n’avais donc plus envie de me plaindre... Être avec Mercedes, c’est quelque chose de thérapeutique, au fond. Après être arrivé face aux cabines, elle me demanda enfin ce que j’avais de nouveau dans ma vie. Je pris une grande respiration, plongeant mon regard dans le sien. C’était un peu étrange vu notre différence de grandeur, mais ça a toujours été ainsi alors ce n’est plus un problème pour moi. Je me raclai la gorge avant de trouver les bons mots. « Eh bien... Comme tu sais, j’ai rejoint les urban hyms depuis quelque temps déjà et... J’ai revu Emma et Will... Elle m’a beaucoup aidé à mon retour à Lima. Sinon... J’ai rempli mon dossier à l’agence d’emploi. J’espère encore me trouver quelque chose, mais pour être honnête, qui rêverait d’engager un handicapé ? Ce n’est pas que je me plains de l’être, mais c’est une réalité. Sinon... Je n’ai toujours pas reparlé à Tina... » Tina... Rien qu’à prononcer son prénom et je me sentais déjà très mal. Je secoua légèrement la tête pour chasser ces pensées de ma tête. Pas le temps pour ça. Surtout pas en compagnie de la diva qu’était Mercedes. « Et toi ? » demandais-je, grand sourire aux lèvres.