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 03. What's wrong with you ?

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Ecaterina S. Robertson
Ecaterina S. Robertson
nothing but sunshine and rainbows
Age : 26 ans
Occupation : Bibliothécaire à l'OSU-Lima, auteure publiée, membre des Awesome Voices
Humeur : Changeante
Statut : Célibataire, "collabore" avec Tate Bartowski
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MessageSujet: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyLun 16 Avr - 14:29

« Q-q-quoi ? » A peine eut-elle le temps d’ajouter quelques mots, que le livreur se faisait déjà la malle, la laissant en tête-à-tête avec cet amas de cartons déposé à ses pieds « NON ! Hey ! HEY ! Ramenez vos grosses fesses par ici tout de suite ! » Aussitôt, Cat se lança à tout petits pas pressés à la poursuite du bonhomme qui revissait déjà sa casquette jaune criard sur sa caboche dégarnie. Les paroles de la petite blonde le piquèrent très profond dans son orgueil, si bien qu’il grogna férocement en se retournant sur elle pour la regarder d’une façon peu amène qui signifiait qu’elle était allée trop loin, cette fois. Postée tout juste derrière celui-ci, Ecaterina n’eut pas le reflexe de réguler son pas rapide, et déboula comme une fusée à sa suite. Quand il se retourna graduellement pour lui faire face, elle se prit son menton gras en plein dans son petit nez parfait. Ouille ! C’était douloureux. Mais elle rongea son frein pour ne pas laisser exploser sa rage qui s’insinuait lentement, mais sûrement dans ses veines. Enervée, elle se contenta de masser doucement son nez douloureux à l’aide de son index. Lorsqu’elle constata l’agressivité avec laquelle l’homme la toisait, elle ne se sentit plus aussi à l’aise qu’une seconde plus tôt, ça non. Instantanément, elle se ratatina sur place, voutant ses épaules toujours maintenues droites d’ordinaire, et lançant des petits regards paniqués à sa droite puis à sa gauche, elle pépia en émettant un léger rire nerveux « Elles ne sont pas si grosses que ça, vous savez. » Vite, vite de l’aide, pensa-t-elle. Pour se sauver la mise, elle cru bon accompagner sa soudaine rétraction d’un battement de cils fugace et d’un sourire enjôleur dont elle seule avait le secret. Mais pas folle la guêpe, ça ne se fonctionnait plus auprès du livreur qui était la cible incessante des sautes d’humeur de la demoiselle. Ne se laissant pas déconcentrer par sa bouille adorable, il la fixa longtemps, réfléchissant à ce qu’il pouvait bien faire d’elle.

Il ne faisait que son travail. Ce n’était pas de sa faute si la boutique de bande-dessinées du centre-commercial avait récemment mis la clef sous la porte, et que la propriétaire de la librairie avait sauté sur l’occasion pour passer un accord avec les anciens propriétaires, et récupérer les précieux exemplaires, pour créer un département spécial dans sa vieille boutique ! C’était une aubaine, la clientèle avait grand besoin de se rajeunir un peu. Depuis l’arrivée de Charlie et Ecaterina comme employées, il était vrai que la boutique était plus vivante, moins vieillotte. Leurs jeunes amis passaient souvent pour les voir en coup de vent, et en bonnes employées, elles ne manquaient pas de leur faire découvrir les nouveautés, les faisant repartir avec un ou deux bouquins sous le bras, pour la forme. Mais les comics, c’était l’assurance d’avoir toute une horde d’adolescents se presser à l’étage pour découvrir les nouvelles aventures de Spiderman ! Jamais elle ne reviendrait là-dessus ; la librairie allait prendre un nouveau tournant. Oui, mais Ecaterina n’entendait pas les choses de cette oreille. Qui disait comics, disait Seth. Dans sa petite tête de linotte, ces deux mots étaient indissociables. Et en ce moment, ce prénom de quatre petites lettres, innocentes voir même mélodieuses –elle avait déjà essayé de les faire rimer avec tout un tas de mots ridicules–, qu’elle avait prononcées à de maintes reprises, ne sonnait plus aussi bien dans son esprit troublé. Si un rayon entier dédié aux comics était installé dans la boutique même où elle travaillait, c’était la garantie de voir Seth tous les jours, même le weekend ! Elle travaillait à plein temps, elle ne pourrait pas le manquer. Elle le voyait déjà à la LPA, c’était bien assez pour son petit cœur chamboulé. Elle ne souhaitait pas se retrouver dans la même pièce que lui, pas parce qu’il l’insupportait ! C’était tout le contraire en vérité, c’était bien ça le problème. Il lui arrivait de le regarder en douce, quand il déboulait à l’association avec plus d’une heure de retard pour prendre son tour de garde, les cheveux défaits en donnant l’air d’être tout juste descendu de son petit nuage. Elle aurait dû trouver ça agaçant, elle aurait dû lui reprocher d’être négligé et aussi peu ponctuel… Mais force était de constater que Cat ne parvenait même pas à lui trouver de défauts alors qu’elle se donnait du mal pour le haïr, pour ne plus penser à lui. Elle n’y arrivait pas, c’était au dessus de ses forces. Combien de fois avait-elle été assaillie par de violents flashs de leur dernier moment d’intimité ? La façon dont il l’avait embrassé, ses tout derniers mots. Tout lui revenait en tête, parfois très clairement, parfois en petites brides fourbes qui surgissaient devant ses pupilles, au moment où elle s’y attendait le moins. Elle ne comptait plus le nombre de fois exact, ça arrivait bien trop souvent pour qu’elle puisse tenir un registre précis, de toute façon. Bien sûr, elle ne pouvait décemment pas dire à sa patronne que si elle s’entêtait vraiment à vouloir faire rentrer Hulk, Batman et les X-men dans le temple du savoir, elle serait obligée de revoir entièrement son emploi du temps pour que son employée préférée –bien sûr qu’elle était son employée préférée !– ne tombe nez-à-nez avec Superman himself, c’était inconcevable. Alors, elle utilisait tout un tas d’arguments idiots pour appuyer sa fausse haine des romans illustrés, mais rien n’y faisait. La patronne l’avait décidé ainsi et bientôt, la librairie des vieux quartiers aurait un département comic-books à l’étage, pour le plus grand malheur de Cat. Mais la blondinette ne baissait jamais les bras ! Si elle pouvait rallier les autres à sa cause, elle le ferait. C’est pourquoi elle s’en prenait à ce pauvre livreur. Il pouvait très bien faire entendre raison à la propriétaire –ou pas. Il semblait ne pas avoir inventé la poudre, mais Cat ferait avec. Son visage rougeaud tout près du sien, Ecaterina le poussa du bout des doigts pour qu’il s’éloigne un peu, et d’un air résigné, elle souffla d’une traite :

« On ne peut pas faire rentrer tout ces albums ridicules ici. Il n’y a pas assez de place ! Et puis, regardez-moi. Je peine déjà à traîner ma carcasse alors tout ces gros cartons, c’est impensable. » Elle enfonça ses doigts dans ses longs cheveux, bouclés à l’extrémité de ses pointes dorées, cherchant une issue à cette situation. Elle comptait bien faire son petit numéro pour repousser l’échéance, elle se savait très talentueuse pour ça. Le livreur haussa les sourcils, la regardant d’un air incrédule. Elle ne voulait pas tenir ces albums entre ses mains, elle savait qu’elle serait tentée d’appeler Seth, si tôt qu’elle aurait tourné les pages de l’une de ces bd, pour lui faire savoir qu’elle avait tout un stock de nouveautés en sa possession. Pour entendre sa voix, tout simplement. Mais ça, elle ne prendrait pas le risque de l’avouer. Non, elle devait à tout prix l’éviter. La libraire regarda le livreur à son tour, les yeux plissés et la bouche entrouverte. Elle tenta de déceler quelque chose dans son regard porcin, mais elle parvint tout juste à se prendre tout le vide intersidérale de ses pensées en plein dans la figure « Ça, c’est pas mon problème, ma p’tite dame ! » La voix bourrue de l’homme résonna comme de la mauvaise musique à ses oreilles délicates, et elle crispa ses doigts au dessus de sa tête, fermant très fort les yeux et grognant, vraiment très agacée par sa réponse. Encore un temps, elle fulmina à l’intérieur puis, se calmant peu à peu en soufflant de toutes petites goulées d’air tiède, elle fini par concéder de sa voix la plus posée « Je refuse de m’occuper de ça, je refuse. Ce n’est même pas de la vraie littérature ! » Elle sursauta soudain, faisant un pas en avant, agrippant de toutes ses forces le col de la chemise du livreur, pour qu’il la protège de son assaillant invisible. Paniquée, elle lança un regard anxieux par-dessus son épaule droite, s’attendant à voir débarquer Seth derrière elle pour lui faire regretter ses paroles d’une pichenette sur son crâne, mais rien ; Seth n’arriva pas. Cat se détendit, promptement. Tournant le visage vers celui du livreur qui était tout près d’elle, et un tantinet gênée par son coup de folie qui l’avait fait se rapprocher autant de cet homme à l’hygiène douteuse et à l’haleine dégoutante, elle le lâcha tout en faisant mine d’épousseter sa chemise du dos de sa petite main tremblotante « C’est rien, c’est rien. » dit-elle, plus pour elle-même, que pour ce pauvre homme. Brusquement, elle croisa les bras sur sa poitrine et enfin, elle capitula avec agressivité, la moue boudeuse « Très bien, vous pouvez disposer ! » Le grand garçon devant elle hésita, ce qui l’énerva davantage, la forçant à ajouter très fort en agrandissant son regard glacial « Maintenant, zou ! » Le livreur la regarda avec de grands yeux. Donnant l’impression de penser qu’elle était complètement timbrée et pour de bon cette fois, pivota sur ses deux pieds serrés pour reprendre son chemin vers la sortie de la boutique. A partir de maintenant, il laisserait la corvée de livraison de la librairie à l’un de ses collègues, il ne voulait plus jamais à remettre les pieds ici.


Dernière édition par Ecaterina S. Robertson le Lun 30 Avr - 18:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyLun 16 Avr - 16:24

Mâchoires serrées, Charlie faisait claquer frénétiquement ses doigts contre le volant, furieuse contre tous ces automobilistes du dimanche qui lui faisaient perdre un temps précieux. La patronne de la librairie lui avait déjà passé un savon mémorable la veille parce qu’elle était arrivée avec dix pauvres petites minutes de retard, et autant dire qu'elle n’était pas prête de renouveler l’expérience de sitôt ; la pluie de postillons qu’elle avait reçue l’avait largement calmée. Levant les yeux de son volant, elle jeta un regard peu amène à la voiture qui trainassait devant la sienne. Évidemment. Trois gosses qui se tiraient les cheveux à l’arrière du break tandis que le conducteur semblait s’époumoner au téléphone sans faire attention à la route. Charlie leva les yeux au ciel, excédée, avant de poser sa main contre le klaxon qu’elle fit retentir de longues secondes pour attirer l’attention de l’abruti qui lui bloquait la route. « Allez, mon bouffon, on se sort les doigts des fesses et on avance ! ON AVANCE ! » Hurla-t-elle derrière son volant, auquel elle asséna une petite frappe au passage. Devant elle, les trois gamins arrêtèrent de se chamailler et se retournèrent en chœur vers elle. Plus agacée que jamais, elle leur offrit son plus grand sourire d’hypocrite –celui qu’elle réservait d’ordinaire aux clients de la librairie- avant de se redresser sur son siège, soupirant de plus belle. Malheureusement pour elle, non seulement la voiture freina, mais les trois petits monstres commencèrent à lui adresser les plus belles grimaces de leur répertoire. Ahurie, Charlie les observa un moment avant de réagir au quart de tour. Sans réfléchir, elle leva sa main et tendit son majeur dans leur direction. « Ahah, on fait moins les malins, n'est-ce pas ? ».

Sous ses yeux, l'un des triplés se retourna pour tapoter l’épaule de son père qui finit par lâcher son téléphone pour jeter un coup d’œil dans son rétroviseur. Oups. Charlie dégagea vivement sa main et adressa un nouveau sourire au conducteur dont la fureur transparaissait déjà sur ses traits crispés. La voiture s’arrêta, et avec incrédulité, elle le vit sortir de sa voiture en trombe. Se ratatinant au fond de son siège, l’étudiante entreprit d’allumer l’autoradio et quand il vint tambouriner contre sa vitre, elle fit la sourde oreille, se concentrant uniquement sur la musique pour en oublier la peur qui la dévorait graduellement. A l’arrière de la voiture, les trois gamins semblaient désormais aux anges, balançant leurs petits poings en l'air, comme pour encourager leur héros de père. Ce dernier s’égosilla plusieurs minutes devant sa voiture, et Charlie finit par croire qu’il allait la réduire en cendres à force de taper dessus avec une telle véhémence. Pourtant, se heurtant à un mur, il finit par baisser les bras et après un dernier coup de pied dans une roue, il fit demi-tour et repartit dans sa propre voiture. Soupirant de soulagement, la jeune fille évita le regard des trois démons et redémarra doucement. A l’intersection suivante, elle prit soin de prendre une direction différente –finalement, dans un combat opposant la patronne et le conducteur en folie, elle préférait de loin se retrouver face à la première. Donnant un grand coup sur la pédale d'accélération, elle se hâta en direction de la librairie qu’elle finit par atteindre trois petites minutes plus tard. Elle fit un créneau et se gara consciencieusement face à celle-ci, toujours un peu sonnée après ce qui venait de se passer.

Jetant un coup d’œil à sa montre, elle constata qu’elle était pile à l’heure et prit une grande inspiration, se remettant petit à petit de ses émotions. Pourvu qu’elle ne croise plus jamais ce fou furieux qui avait bien failli être responsable d’une crise cardiaque impromptue ! Posant une main sur sa poitrine, elle patienta quelques secondes avant de quitter son véhicule. Elle ne fit pas attention au camion de livraison garé devant elle et s’aventura immédiatement dans la librairie. A peine eut-elle posé un pied dans celle-ci que des éclats de voix retentirent dans la boutique. Ecaterina. Se cachant derrière la section jeunesse, elle passa sa tête et découvrit Blondie, collée contre le livreur. Derrière ce couple pour le moins surprenant se trouvaient des piles de livres dépassant de multiples cartons –des bandes dessinées, à en juger par le format. Arquant un sourcil devant cette scène des plus atypiques, Charlie tendit l’oreille alors qu’un sourire se formait peu à peu sur ses lèvres. Sa blonde de collègue était peut-être très forte pour tenir tête à qui voulait bien l’ennuyer, mais devant ce livreur, force était de constater qu’elle ne faisait pas du tout le poids. La jeune fille posa une main devant ses lèvres, retenant un rire alors qu’Ecaterina agrippait désormais le col du pauvre homme. Ayant suffisamment de bon sens pour sortir son portable de sa poche, elle le régla en mode appareil photo et visa sa collègue avant d’appuyer sur le petit bouton de son écran tactile. Hop la ! Charlie examina rapidement sa photo et, réprimant de nouveau un rire qui naissait déjà au creux de sa gorge, elle mit l’image en fond d’écran avant d’enfoncer son portable dans sa poche.

Lorsque la petite discussion entre Blondie et son nouvel amant prit fin, elle suivit du regard ce dernier se diriger vers la sortie, et quand il parvint à sa hauteur, elle lui adressa un petit signe de la main qu’elle ponctua d’un clin d’œil. Il secoua la tête d’un air irrité et quitta enfin la librairie, laissant une Charlie victorieuse qui quitta enfin sa cachette. D’un pas léger, elle se dirigea la poupée Barbie qui lui servait à la fois de collègue et d’amie –mais surtout d’amie, même si elle ne l’admettrait pas de sitôt devant la principale intéressée- et réajusta la position de son sac à dos sur son épaule. Posant deux doigts sur son front, elle adressa un salut militaire à Blondie avant de la bousculer gentiment au passage. « Bah dis donc, tu tapes dans les beaux gosses ma vieille. Cela dit, je ne suis pas sûre que ton petit numéro de demoiselle en détresse ait réellement fonctionné. Désolée, mais il n’avait pas l’air particulièrement séduit » Ajouta-t-elle avec un petit sourire aux coins des lèvres. Détachant son regard de sa collègue, elle riva les yeux au sol et fit la moue en apercevant toutes les piles de bandes dessinées. Dieu, qu’elle avait horreur de ces livres-là ! Tintin, la saga des x-men, ou même les aventures de superman : tout ceci ne l’avait jamais vraiment passionnée. Son truc à elle, c’étaient les romans. Des livres qui ne comportaient aucun dessin, et qui traitaient des thèmes un tantinet plus profonds que ces niaiseries parfois totalement dénuées de sens -un type qui se prenait à la fois pour une chauve-souris et le plus grand des justiciers ? Très peu pour elle. Fronçant le nez, elle mordilla sa lèvre inférieure puis se dirigea finalement vers le comptoir pour y déposer son sac à dos. « Encore toutes ces bandes dessinées, hein ? » Demanda-t-elle, lasse. Toute la semaine, ils avaient reçus des cartons emplis de ces volumes ; depuis que la boutique du centre commercial avait fermée, elles se retrouvaient encerclées par tous ces super-héros plus pitoyables les uns que les autres. Et autant dire que ce n’était pas du tout du goût de la brunette. Coulant un regard à sa collègue, elle laissa ses bras retomber le long de son corps, prenant un air renfrogné. « Bon, eh bien j’imagine que nous sommes vouées à porter ces trucs-là à l’étage jusqu’à la fin de nos jours » Commenta-t-elle d’une voix égale avant de se poster devant Ecaterina. « Ça va, tu es sûre que tu vas pouvoir le supporter ? Non parce que je ne voudrais pas que tu te casses quelque chose, tu comprends ». Haussant les sourcils tout en esquissant un sourire hypocrite au possible, elle se pencha et souleva un énorme carton qui devait peser au moins trois tonnes. Bah, quitte à faire un peu de sport, autant joindre l’utile à l’agréable et ennuyer sa collègue préférée en même temps.
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Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyMar 17 Avr - 15:57

C’est en suivant le livreur du regard que Cat se demanda comment elle allait se débrouiller pour se départir de cette corvée. Parce qu’elle n’y toucherait pas, à ces comics ! Du moins, jusqu’à ce qu’elle ait encore ses deux pieds ancrés dans le sol. Ce qui risquait de ne plus durer longtemps, aux vues des circonstances. Portant ses doigts à son front, elle soupira en fermant lentement les yeux, excédée. L’ombre vicieuse de sa tromperie planait au dessus de sa tête depuis exactement cinq jours et quatre nuits. Gale n’était pas violent, mais Ecaterina comprendrait s’il voulait lui faire la peau lorsqu’elle lui avouerait enfin sa faute. Elle devait le lui dire. Elle avait toujours été honnête, ce n’était certainement pas maintenant que les choses changeraient. Elle le ferait, avant la fin de la semaine. De toute façon, elle ne pouvait garder un secret aussi lourd enfouie pendant des siècles, ce n’était même pas la peine d’y penser. Tous ces faux-semblants auraient sa peau, elle se sentait mal. Rouvrant précautionneusement les yeux, elle coula un regard méfiant sur les albums encore dans les cartons. Prudemment, elle fit un pas en avant pour s’approcher de l’un d’entre eux. Elle n’avait jamais rien compris, aux comics. Ce n’était pourtant pas bien compliqué, il ne s’agissait que d’histoires mises en dessin. Cependant, avec toute la bonne volonté dont elle faisait preuve, elle ne parvenait pas à saisir qu’on puisse trouver du plaisir à lire ce genre d’ouvrages. Néanmoins, elle respectait la passion des autres – de Seth, en l’occurrence. Il avait essayé de l’initier plusieurs fois, en commençant par s’attaquer aux grands classiques. Elle n’avait pas accroché, elle était un cas désespéré. Elle trouvait toujours le moyen de tourner en ridicule les situations les plus dangereuses pour ces super-héros, ce qui agaçait Seth qui prenait tout ça très au sérieux. C’est ainsi qu’elle en avait conclu que Batman et Robin étaient en réalité des travestis dont la passion pour les collants moulants et le cuir, mettait en avant leur penchant sadomasochiste. C’était une théorie qui se tenait ! Mais, ça n’avait pas plu à Seth, qui avait fini par se résigner. Il avait mis un point d’honneur à ne plus jamais laisser un album entre les mains de son entêtée de petite amie. Ce n’était définitivement pas fait pour elle.

Tout ça ne l’éclairait pas sur la façon dont elle devait faire les choses, à présent. Elle ne pouvait pas laisser tout ces gros cartons en plein milieu de l’allée, elle le savait. La patronne ne tarderait pas à débarquer pour lui ordonner de se bouger l’arrière-train pour rendre la boutique accessible, il fallait qu’elle trouve un subterfuge. C’est la voix nonchalante de sa collègue, Charlie, qui la ramena sur Terre, alors qu’elle tentait farouchement de faire exploser l’un des cartons à l’aide d’une œillade assassine. Se résignant en voyant que rien ne se passait, elle tourna promptement la tête vers elle. Bon sang, ne pouvait-elle pas se coiffer ne serait-ce qu’une fois dans l’année ? Au moins passer un peigne dans sa longue tignasse auburn, histoire de paraître présentable aux yeux des clients. Heureusement, le t-shirt qu’elle avait sur le dos lui plaisait. Cela la sauva d’ailleurs d’une remarque bien pensée de la part de la blondinette, et la jaugeant une dernière fois sans retenue, elle arqua subtilement son sourcil gauche. Charlie, Cat la détestait. Non, elle ne la détestait pas du tout, mais elle aimait le laisser penser, pour une raison qu’elle ignorait. Sans doute parce que c’était plus amusant de la voir se mettre en rogne et l’insulter, plutôt que d’être congratulée à tout bout de champs. Elles se ressemblaient. Tant physiquement, que mentalement. Charlie était nettement plus grande que Cat, c’est ce qui permettait aux clients de les différencier, mais il n’était pas rare que l’une soit prise pour l’autre et vice-versa. Ecaterina devait avouer que c’était quelque chose qui l’amusait. Fronçant les sourcils en entendant sa remarque sur le livreur, la jeune fille ne se donna même pas la peine de répondre tant sa petite pique paraissait facile, et se détournant d’elle avec impétuosité pour, une nouvelle fois, fixer les cartons. Glissant une mèche de cheveux derrière son oreille, son visage s’illumina quand une idée lui frôla l’esprit, et faisant volte-face, elle se retrouva face à Charlie.

« C’est toi qui dois t’en occuper ! » mentit-elle. Son sourire s’agrandit aussitôt. Elle maintint son regard avec le plus grand sérieux, laissant régulièrement ses longs cils maquillés battre l’air. Devant l’air incrédule de Charlie, Cat ne flanchât pas « Tu n’as pas lu le mémo que la patronne à laisser sur le comptoir ? » Elle fronça son nez encore une peu douloureux, posant son index sur le bout de celui-ci tout en faisant mine de réfléchir « Mince, j’ai dû le jeter. Mais, c’était écrit ! Tu sais, on ne doit pas discuter les ordres de la patronne, puis peut-être que ça te permettra de me coiffer au poteau pour le titre de l’employée du mois. T’as au moins besoin de ça pour remporter le trophée, ma grande. J’ai entendu dire que tu relâchais tes efforts, ces derniers-temps. » Se hissant sur la pointe des pieds pour paraître plus grande face à sa collègue, Cat tenta de garder son naturel, mais à l’intérieur, elle était persuadée d’avoir réussi. Elle ne savait pas mentir, elle n’avait jamais su. Pourtant cette fois, elle avait comme la sensation d’avoir joué le plus grand coup de bluff de tous les temps ! Mais, elle devait assurer ses arrières, et renversant sa tête pour replacer ses longs cheveux blonds dans son dos, elle ajouta sur le ton de la conversation « De toute façon, je suis allergique à l’encre utilisée pour les dessins. J’ai même un mot du médecin, c’est vrai. » Elle opina du chef inlassablement pour appuyer ses propos. D’accord, peut-être en faisait-elle trop, maintenant. Elle s’en rendit compte, d’ailleurs et plongeant ses pupilles claires dans celles de son interlocutrice, Ecaterina haussa les épaules en commençant par prendre son chemin vers la caisse plus loin. En partant comme si de rien n’était, elle jugea bon de claquer des doigts devant le visage de Charlie, et de lancer de sa voix la plus autoritaire « Allez, au travail, Brown ! » Et de finir par se précipiter à petits pas derrière le comptoir. Une fois tout près, Cat se baissa derechef pour ranger, alors que tout était parfaitement en ordre ; elle soupira discrètement : sauvée.
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyMar 17 Avr - 23:38

Retrouver l’air renfrogné de sa meilleure ennemie avait presque réussi à lui faire oublier sa mauvaise humeur. Ecaterina, c’était un peu son antidépresseur favori. La principale intéressée ne le savait peut-être pas, mais chacune de ses sautes d’humeur avait un effet revigorant sur la brune. C’était bien simple, Charlie adorait la voir pester contre les clients, se mettre en rogne à la moindre occasion et surtout recevoir une pluie d’insultes de sa part. Leurs disputes, encore plus nombreuses que toutes les saisons réunies des Feux de L’amour, s’avéraient toujours épiques. Elles se ressemblaient tant qu’il suffisait d’un rien pour que leurs esprits s’échauffent, et autant dire qu’en travaillant au même endroit, les occasions étaient multiples. Ecaterina adorait critiquer son apparence : ses cheveux défaits, ses t-shirts froissés, et surtout ses jeans troués à outrance –malheureusement pour elle, il n’était pas rare que Charlie prenne une paire de ciseaux avant d’arriver à la librairie, afin d’empirer l’état des paires de jeans sacrées et ainsi énerver davantage sa collègue préférée. Selon Blondie, cette apparence « négligée » reflétait de mauvaises choses et n’aidait pas à attirer le club du troisième âge de Lima, dont les cheveux étaient toujours impeccablement coiffés sous des tonnes de pinces et un bon litre de laque ; ces bonnes vieilles commères tirées en permanence à quatre épingles que Charlie détestait encore plus que les fans de Justin Bieber à l’affut de la moindre biographie.

Quant à la brune, c’était le petit ami de Barbie qui constituait sa cible favorite, ou plutôt le couple qu’elle formait avec lui. Oh, elle n’avait rien contre les Ken aux sourires figés et aux cheveux si soigneusement défaits –tout était dans la petite mèche rebelle qui partait toujours dans un délire solo. Seulement, il était si aisé d’atteindre Ecaterina en parlant de Gale qu’elle ne se gênait jamais. Au vu de la réaction de Blondie, cela fonctionnait d’ailleurs plutôt bien, et Charlie acceptait généralement ses répliques avec un grand sourire qui dissimulait ce plaisir qu’elle avait de la voir s’acharner de la sorte. Bien sûr, cela n’avait rien à voir avec une tendance sadomasochiste quelconque ; il n’y avait qu’Ecaterina pour lui faire cet effet-là. Au fil des semaines, l'énerver au plus haut point était devenu son passe-temps favori !

Quittant une seconde le regard clair de Blondie, ses yeux verts se posèrent sur l’une des bandes dessinées qui dépassait du carton qu’elle venait de soulever. Visiblement, elle avait sous ses yeux –mais surtout entre ses mains- la plus grande collection de Spiderman de tout l’Etat. Fronçant le nez avec réprobation, elle leva les yeux au ciel. Ce carton devait bien peser plus qu’elle et en songeant à toutes les marches qu’elle devrait gravir pour atteindre l’étage, elle en avait déjà des sueurs froides. La patronne devrait peut-être songer à employer quelques hommes robustes pour ce genre de choses, parce qu’avec deux gazelles de cinquante kilos, l’affaire était loin d’être gagnée. Et puis, la perspective de voir quelques garçons se balader dans un lieu majoritairement réservé à la gente féminine, n’était pas des plus désagréables non plus. Balayant cette hypothèse d’un simple haussement de sourcils, l’image de Wyatt s’imposa à elle et ses lèvres dessinèrent un petit sourire béat. Aux oubliettes, les bras musclés de potentiels collègues : il y avait des choses beaucoup plus intéressantes à découvrir dans le cabinet de gynécologie de la ville. Et ce ne serait certainement pas la libraire qui dirait le contraire.

La voix grave d’Ecaterina la tira de ses rêveries et Charlie lui lança un regard désapprobateur lorsqu’elle comprit le sens de ses phrases. Mais oui, bien sûr, elle allait s’amuser à monter tous ces cartons seule alors que celle qui affichait un sourire idiot sur la pancarte de l’employée du mois allait tout simplement se tourner les pouces derrière son comptoir. La brune ne croyait pas un traitre mot de son petit discours. Il était vrai que la patronne se plaignait souvent d’elle et ne semblait pas véritablement la porter dans son coeur –selon elle, Charlie ne souriait pas suffisamment à la clientèle ; un comble quand on savait qu’elle avait justement passé des heures interminables devant son miroir afin de s’entrainer ! Cependant, elle était quasiment certaine qu’elle ne lui laisserait jamais porter un tel fardeau. Non seulement les comics ne l’intéressaient pas le moins du monde, mais il suffisait de l’observer pour constater qu’elle finirait tôt ou tard par se briser comme une pauvre brindille avec tous ces livres. Or, cette satanée patronne avait beau avoir un regard de sadique et des répliques aussi légendaires que Barney Stinson, jusqu’à preuve du contraire, elle n’était pas encore une vile meurtrière qui se satisfaisait des malheurs de celles qui faisaient vivre sa pauvre boutique.

Secouant la tête devant les nouvelles explications de Robertson, Charlie pinça les lèvres et reposa le carton à terre avec résolution. « Tu parles, si tu es l’employée du mois c’est parce que tu fais chaque semaine un peu plus de charme à la patronne alors que toute la ville sait très bien qu’elle a des tendances un peu… ». Charlie arqua un sourcil, préférant laisser sa phrase en suspens pour lui donner un peu plus d’effet. Et puis, elle ne disait même pas cela pour l’énerver : elle avait découvert quelques revues peu recommandables dans l’un des tiroirs habituellement fermés sous clé, dans le bureau de cette ravissante patronne. Malheureusement pour elle, les circonstances qui l’avaient amenée à se rendre dans ledit bureau n’étaient pas suffisamment claires pour qu’elle puisse user de ce genre d’argument devant Ecaterina. Dommage, elle aurait observé avec délectation la réaction de sa collègue. Se mordillant la lèvre inférieure, Charlie fit de son mieux pour chasser de sa mémoire ces quelques souvenirs pour se concentrer sur les nouvelles paroles de Barbie qui, décidément, semblait toujours pleine de ressources lorsqu’il s’agissait de se justifier. Son excuse, cette fois-ci ? Un mot du médecin qui spécifiait une allergie à l’encre « utilisée pour les dessins ». Si Charlie avait été suffisamment pour naïve pour croire les premières explications de cette petite garce de Robertson –ce qui n’avait bien évidemment pas été le cas- c’était précisément ce type d’argument qui lui aurait mis la puce à l’oreille. Elle croisa donc les bras devant sa poitrine avec une certaine impatience alors que sa collègue se dirigeait déjà vers le comptoir, non sans faire claquer ses doigts à quelques centimètres de son visage au passage.

Esquissant un demi-tour, elle dévisagea avec agacement la petite blonde qui trottinait joyeusement vers son cher comptoir. « Merde, t’es vraiment qu’une sale égoïste, Robertson ! ». Irritée, elle donna un coup de pied dans l’un des cartons remplis de bandes dessinées avant de se redresser derechef, une douleur aigüe se faisant ressentir dans l’un de ses orteils. Elle ferma les yeux une seconde, se mordillant l’intérieur de la joue comme si cela pourrait guérir son pauvre pied. Mais elle ne se laissa pas abattre plus longtemps. Levant le menton avec dédain, elle rouvrit les yeux et croisa le regard perçant de sa blonde de collègue –et blonde dans tous les sens du terme. « Ne compte pas sur moi pour porter tous ces cartons à l’étage pendant que tu te cacheras derrière ton comptoir sacré pour te refaire une manucure. Et puis d’abord, depuis quand tu te montres aussi réticente à l’idée de te déhancher dans toute la librairie ? Qui sait, Robertson ? Peut-être même qu’un geek à lunettes façon Jacob Ben Israel viendra flatter ton égo, là-haut. Allez, je suis sûre que tu vas adorer » Siffla-t-elle, un sourire narquois redessinant désormais ses lèvres. Et alors qu’elle s’apprêtait déjà à rejoindre sa collègue derrière le comptoir en laissant ces dizaines de cartons en vrac dans l’entrée, une idée lui vint à l’esprit.

D’un air triomphal, elle récupéra son portable au fond de sa poche et se dirigea vers Ecaterina. Lorsqu’elle fut postée face à elle, elle brandit victorieusement son portable, lui laissant l’opportunité d’en observer le fond d’écran. « Jolie photo, tu ne trouves pas ? Ouaip je sais, j’ai raté ma vocation, de toute évidence j’aurais fait un paparazzi hors pair à Hollywood » Marquant une pause, elle posa son coude sur le comptoir et pressa son menton contre sa paume ouverte, faisant mine de réfléchir une seconde. Finalement, elle planta son regard dans celui d’Ecaterina et prit un air désolé. « Je n’ai jamais aimé le chantage, Blondie, mais tu ne m’en laisses pas le choix. Si je porte tout toute seule, je vais me bloquer le dos… et quand on y pense, ce serait dommage que tu passes la fin du mois seule dans cette boutique alors que je serais en arrêt à cause de ton égocentrisme exaspérant. Donc, soit tu me files un petit coup de main –et je te promets de te payer une manucure si tu te casses un ongle- soit j’envoie cette petite photo débordante d’amour à l’ensemble de mon répertoire. Et, franchement, je ne suis peut-être pas aussi populaire que toi à Lima-city, mais j’ai quand même quelques numéros intéressants ». Tout sourire, elle désigna du menton la pile de cartons derrière elle avant de retrouver le visage parfait de sa collègue préférée « Alors, c’est entendu ? Tu m’aides, chérie ? ».


Dernière édition par Charlie Watson-Brown le Mer 18 Avr - 18:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyMer 18 Avr - 18:04

Planquée derrière son comptoir, Cat grimaça irrévérencieusement lorsque Charlie reprit la parole, réagissant exagérément à ses ordres. Dans l’art d’en faire des tonnes, la mal peignée concourrait toujours hors catégorie, et le ton d’exaspération qu’elle prit, ne présageait rien de bon. Oh, Ecaterina n’avait pas peur de cette morue. Elle n’était que l’une de ces minettes qui s’autoproclamait grande-gueule, mais qui se ratatinait dès lors que les ennuis s’approchaient d’un peu trop près et qui finissait par détaler aussitôt qu’on criait au loup. Elle parlait fort, faisait de grands gestes désordonnés en usant d’insultes (toujours très classes), mais elle n’était pas méchante, et Cat l’espérait vraiment maintenant, pas violente pour un sou. Les menaces qu’elle proférait sans arrêts à son encontre, jamais elle ne les mettrait à exécution. Parce qu’au fond, Charlie Watson-Brown n’était qu’une froussarde. Toujours est-il que si elle décidait, pour une raison quelconque, de s’en prendre physiquement à sa blonde (préférée) de collègue, celle-ci ne serait pas en reste, c’était bien mal la connaître. Elle s’était déjà battue, une fois. Avec une fille de son cours de Lettres, à la fac ; cette pimbêche lui avait volé sa place de parking sous ses yeux ébahis. Pas du genre à s’emporter pour des broutilles, il s’était avéré que la petite blonde n’était pas dans un bon jour, et elle avait jailli devant la bagnole pourrie de l’inconsciente, comme un diable de sa boîte. Ce jour-là, Cat avait usé de ressources insoupçonnées pour mettre sa raclée à la voleuse. Elle s’était aperçue qu’elle avait un très bon crochet du gauche, et que les heures passées à apporter un soin tout particulier à sa chevelure soyeuse n’étaient pas totalement inutiles, et que comme arme, ses boucles blondes étaient tout à fait efficaces. Elle avait remporté la partie, évidemment. Non sans blessures, cependant. Frêle comme elle était, les phalanges de sa pauvre main gauche n’avaient pas résistées. C’était un joli plâtre rose bonbon qu’on lui avait placé aux urgences. Tu parles de quelque chose de discret, Seth s’était payé sa tête jusqu’à ce qu’on le lui retire des semaines plus tard. Certes, Ecaterina était peut-être trop petite et pas bien épaisse, pourtant elle ne doutait pas une seconde quant au fait qu’elle pouvait aisément ne faire qu’une bouchée de la grande perche debout, là-bas, en plein milieu de l’allée. Elle n’hésiterait pas d’ailleurs, s’il fallait lui sauter dessus ! Ne pas se fier aux apparences, disait-on. En l’entendant déblatérer toute une succession de piques à son encontre, Ecaterina roula des yeux en l’imitant, toujours à l’abri de son regard émeraude. C’est qu’elle pouvait être particulièrement volubile quand elle s’y mettait, c’était agaçant au possible. Cat ne tiendrait pas une minute de plus dans cette position inconfortable. Son regard perplexe s’arrêta sur une grosse boîte d’agrafes posée sur l’une des étagères quand sa collègue glissa une référence à Jacob Ben Israël dans sa tirade. Ni une ni deux, Ecaterina l’attrapa, et se levant d’un bond, lança la fameuse boîte en direction du visage de la jeune fille.

« La ferme, Brown ! » La boîte n’atteignit pas sa cible, et s’ouvrit pendant sa courte course, déversant son contenu sur le sol. Fixant les milliers d’agrafes au sol, Cat se mordit brièvement les lèvres avant de se détourner du regard accusateur de Charlie. Elle se retourna en secouant la tête d’un même mouvement, marmottant innocemment « J’aimais beaucoup Jacob. » Ce fut la seule défense qui lui vint à l’esprit sur le moment. S’arrêtant en mi-chemin lorsque Charlie la rejoint, Ecaterina posa les yeux sur le portable que cette dernière lui présentait. Arquant subtilement un sourcil, la blondinette émit un rire bref tout en croisant les bras « Sérieusement, je me demande quel âge tu as. » N’ayant pas le temps de terminer sa phrase, Charlie la gratifia d’un charmant chantage qui ne fit qu’amuser la blondinette qui resserra l’étreinte de ses bras sur sa poitrine. Avec zèle, elle haussa les épaules, puis décroisa les bras en même temps, finissant par lever les mains devant elle, en signe de capitulation « Envoie cette photo, si ça te chante. Si les gens sont assez stupides pour te croire, grand bien leur fasse, ça m’est égal. » Plissant brièvement les yeux, elle pointa Charlie avec son index « Tu sais quoi ? Je te conseille même de l’envoyer à Gale en premier ! Parce que tu peux me faire tout les chantages du monde, ces bd pourries, y’a pas moyen que je les touche. » Dans un sourire aussi triomphant que celui de sa collègue un peu plus tôt, elle ajouta dans une parfaite imitation de son interlocutrice « Pigé, chérie ? »

Encore une fois, Cat se retourna en souriant de toutes ses dents, faisant virevolter ses cheveux dans les airs sous le furtif coup de vent. Brown avait beau penser ce qu’elle voulait, elle s’en fichait comme de la petite culotte (quand elle en portait une) de Paris Hilton. Elle ne toucherait pas ces bouquins, elle ne prendrait pas en charge la section qui les accueillerait, c’est tout. Il n’y avait pas besoin de tergiverser. Elle pouvait même lui promettre monts et merveilles, Ecaterina en avait décidé ainsi, c’était ainsi que les choses allaient se passer. Si elle voulait se battre, elle était prête à en découdre ! Ecaterina devait tirer un trait sur Seth, elle devait se donner les moyens d’y arriver, et rester aussi proche de ces albums débiles, lui donnerait des boutons et surtout, ils l’enfonceraient encore un peu plus. Elle ne s’était pas fait violence pour rien. Dos à Charlie, le cœur de la blondinette se mit à battre plus fort. Elle savait qu’elle ne lui devait aucune explication, mais tout de même, elle ressentait comme le besoin d’au moins l’éclairer sur son refus catégorique. Pas parce qu’elle la considérait comme une amie, mon dieu, quelle horreur ! D’accord ; surtout parce qu’elle la considérait comme une amie, et que cesser d’agir comme une psychopathe ne lui ferait peut-être pas de mal. Fronçant les sourcils en fermant très forts les yeux, elle pivota sur ses pieds, et lança d’une traite :

« Je ne peux pas toucher ces bd. Je ne peux pas, parce que si je touche ces bd, j’ai l’impression qu’une force subliminale me poussera à appeler Seth. Je ne dois pas appeler Seth, parce qu’on est plus ou moins fâchés, et que l’appeler ça serait admettre que j’ai quelque chose à ma reprocher et que j’ai besoin de lui. J’ai quelque chose à me reprocher et j’ai besoin de lui ! C’est vrai, mais, je lui ai dit que je ne voulais plus le voir. Si je l’appelle maintenant… si je l’appelle… » Elle prit une grande inspiration en n’osant à peine regarder Charlie. Elle laissa sa phrase en suspens puis s’approcha très vite d’elle et se pencha au dessus du comptoir pour pouvoir, d’un ton très grave, lui murmurer tout près de son oreille « Seth est ma kryptonite. » Déglutissant lentement, elle laissa glisser son regard sur le téléphone portable de Charlie, et chuchota d’un ton incertain en ne lâchant pas l’appareil du regard « Tu n’enregistres pas notre conversation, hein ? »
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyVen 20 Avr - 18:20

Mission accomplie. Quelques phrases à peine et voilà que la lionne qui se cachait derrière les traits habituellement neutres de cette charmante Robertson rugissait de nouveau, un son qui résonnait agréablement aux oreilles de la brune. Dire qu’elle était fière relevait de l’euphémisme. Elle commençait à bien connaitre sa collègue, et faire en sorte que cette dernière se mette en rogne devenait de plus en plus aisé : il suffisait d’appuyer là où ça faisait mal, de jouer de ses points faibles, et l’affaire était dans le sac... Sans dépasser certaines limites, cela allait de soi. Nul besoin de tourner dix ans autour du pot, avec Ecaterina, Charlie se permettait d’aller droit au but. Au fond, elle avait beau dire ce qu’elle voulait, la blonde était la seule personne avec laquelle elle était elle-même. Ses petites mesquineries et enfantillages n’étaient qu’une façade, elle se contentait simplement d’ennuyer Ecaterina le plus possible afin d’attirer son attention. Car avec elle, elle n’était plus la jeune femme intimidée et réservée qui s’efforce d’être polie et de paraitre bien élevée. Certes, elle était un peu craintive au premier abord et n’accordait pas sa confiance au premier venu. Elle avait appris par le passé à se montrer méfiante et si les blessures qui la rongeaient toujours lui avaient bien enseigné une chose, c’était que les apparences se révélaient souvent trompeuses. C’était ainsi, une personne n’est jamais véritablement sincère dès le début ; elle se contente de se montrer sous son meilleur jour et ce n’est que par la suite que l’on se rend compte des défauts de l’autre. Charlie le savait mieux que personne et c’était précisément pour cette raison qu’elle semblait parfois hors d’atteinte, voire entièrement inaccessible. Elle donnait cette impression de son plein gré et si l’on pouvait prendre ça pour de la supériorité de sa part, c’était en vérité bien loin de la réalité. A l’université, elle ne se mêlait que rarement à la foule et filait souvent entre les doigts des quelques camarades de classe qui s’intéressaient à elle avant d’abandonner, forcés de reconnaitre qu’elle ne méritait peut-être pas autant d’attention. Mais ce n’était qu’un instinct de conservation, un moyen de se protéger.

Dès sa première rencontre avec Ecaterina, elle avait pourtant senti que la jeune femme était différente des autres. Étonnamment à l’aise avec cette petite blonde de son âge parfois un peu hautaine, elle avait graduellement laissé tomber le masque et révélé sa vraie nature. Oui, elle était bel et bien réservée au prime abord, c’était indéniable. Mais lorsqu’elle plaçait sa confiance en une personne, elle se permettait également de dévoiler l’autre facette de sa personnalité. Bavarde voire grande gueule, curieuse, obstinée, un peu agaçante sur les bords quand elle s’y mettait (mais elle adorait ça), bref, à l’opposé de ce que l’on devinait d’elle lorsqu’on ne la connaissait pas. Autant dire qu’Ecaterina n’avait pas tardé à se plaindre d’elle quand elle avait compris qui se trouvait face à elle. Non contente de trouver les diminutifs les plus ridicules mais surtout les pires insultes qui soient pour désigner sa collègue, Charlie s’amusait également à lui rendre la vie impossible, faisant des réflexions sur tout et en permanence. Cela lui permettait de rompre la monotonie des longues journées passées à la librairie, mais surtout de retrouver un peu de réconfort auprès d’une personne qui, petit à petit, devenait son amie la plus proche. Oh, elle ne l’admettrait pas de sitôt devant elle, c’était certain ; elle aimait beaucoup trop agir comme si elle n’en avait rien à faire de Blondie, comme si cette dernière était sa pire ennemie et qu’elle était vouée à la détester jusqu’à la fin de ses jours. Mais elle ne trompait personne, et encore moins elle-même. Elle appréciait énormément Ecaterina.

Si Charlie ne comprenait pas pourquoi sa collègue se montrait si réticente à toucher les cartons remplis de bandes dessinées en tous genres, elle n’essayait pas non plus d’en connaitre la raison. Les sautes d’humeur de la belle étaient régulières ces derniers temps et après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle lui lançait des objets à la figure. Un sourire victorieux dessiné sur ses lèvres, elle accueillit la remarque de Blondie concernant son âge d’un haussement de sourcils. « Tu peux parler, heureusement que tu n’as pas encore de rides sur le visage parce que tu as l’âge mental d’une mégère de quarante piges, mon chou. Détends-toi, un peu ! » Répliqua-t-elle aussitôt. Constatant que son petit chantage ne fonctionnait pas le moins du monde, Charlie leva les yeux au ciel et baissa le bras, le portable dans sa main. Gommant le sourire de ses lèvres, elle posa son autre coude sur le comptoir avant de soupirer, dévisageant Ecaterina avec intensité. « Pas vraiment pigé, non. Mais ne t’en fais pas, je trouverai un autre moyen. Je suis une fille pleine de ressources ». Elle leva un sourcil puis résista à l’envie de grimacer devant l’air triomphant de sa collègue ; sûrement parce que ç’aurait été admettre qu’elle venait de perdre. Enfin, pas tout à fait puisqu’elle était bien déterminée à faire flancher Barbie princesse égocentrisme plus tard. Elle avait peut-être perdu cette bataille-là, mais son petit doigt lui disait que Robertson ferait moins sa fière lors de leur prochaine partie de catfight polonaise. Elle était imbattable à ce petit jeu-là.

Se mordillant l’intérieur de la joue, Charlie se retourna et vérifia que la librairie était toujours aussi déserte en dehors de sa chère collègue. Les cartons de bds jonchaient toujours le sol et elle fronça le nez à la perspective de devoir tous les porter jusqu’à l’étage. Maladroite comme elle l’était, elle allait se rétamer dans les escaliers et finir aux urgences dans l’heure qui suivait, pour en ressortir avec plusieurs membres cassés. Tout ça à cause de l’égoïste affligeant d’Ecaterina. Poussant un nouveau soupir, elle passa le revers de sa main contre son front et s’apprêta à s’atteler à la tâche quand la voix d’Ecaterina s’éleva dans son dos. Elle s’attendait à de nouvelles insultes, de nouvelles preuves de son égocentrisme. Peut-être même une nouvelle remarque du genre « allez, plus vite que ça, Brown » ou encore « qu’est-ce que tu attends, Brown ? Elles ne vont pas se ranger toutes seules, ces bds ! ». Mais non, bien au contraire. Contre toute attente, Ecaterina adopta un ton bien plus sérieux et exprima les raisons qui la poussaient à s’éloigner des cartons. A la mention du nom de Seth, Charlie se retourna et plongea son regard dans celui de sa collègue. Elle avait compris que la conversation avait pris un tout nouveau tournant et qu’il n’était plus question de vanner Ecaterina.

Lorsque cette dernière se pencha vers elle afin de lui souffler que Seth était sa kryptonite, Charlie fronça les sourcils. « Oulah, pas si vite Robertson, laisse-moi au moins le temps d’assimiler tout ce que tu viens de me dire... et non, pour ta gouverne, je n'enregistre rien du tout ». Oubliant sa rancœur passagère contre sa collègue préférée, Charlie reposa son coude contre le comptoir et réfléchit. Elle ne connaissait pas beaucoup Seth, tout ce qu’elle savait de lui se résumait à ce qu’Ecaterina avait bien voulu lui dire ; à savoir qu’ils étaient sortis ensemble avant que la belle blonde ne revienne à Lima et renoue avec son Gale. D’après ce qu’elle avait compris, c’était plutôt sérieux, et elle en avait déduit que la venue de Seth à Lima n’avait pas dû arranger les choses avec le blondinet. Pourtant, les insinuations d’Ecaterina allaient bien plus loin que ça, et si elle avait quelque chose à se reprocher en rapport avec Seth, cela compliquait davantage les choses. Retrouvant le regard de Blondie, elle reprit. « Seth, comme dans Seth Catalano, c’est bien ça ? ». Sans attendre la réponse de sa collègue –après tout, cette question était purement rhétorique- elle plissa les yeux et poursuivit sur le même ton. « Et quand tu dis que tu as quelque chose à te reprocher, tu ne veux pas dire que… Enfin, ce n’est pas ce que je pense ? ». Charlie n’y croyait pas vraiment, elle se disait qu’il y avait sûrement une autre explication, et elle attendait que Robertson la lui donne. Selon elle, sa collègue avait beau être une pimbêche par moments avec elle, elle ne se rabaisserait jamais à ce genre de choses. Elle avait ses défauts, mais pas celui de ne pas respecter son entourage. « Je suis loin d’être une experte en relations amoureuses, hein, mais ça ne m’a pas l’air très clair tout ça… Tu me dis que tu as besoin de lui, qu’il est ta kryptonite. Mais dans ce cas, qu’est-ce qui te pousse à rester avec Gale, au juste ? »
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptySam 21 Avr - 1:48

Ecaterina ne croyait pas à ce qu’elle venait elle-même d’annoncer, ici, accoudée nonchalamment au comptoir de la librairie déserte. Charlie n’était peut-être pas la personne avec laquelle elle devait discuter de ces choses-là, parce qu’elle n’hésiterait pas une seule seconde à se payer ouvertement sa tête, alors que la situation était critique. Elle pouvait rire, oh ça oui ! Elle le pouvait, si ça permettait à Ecaterina de se sentir mieux et d’être libérée du poids trop lourd qu’elle s’était mise, toute seule, comme une grande, sur ses frêles épaules. Elle savait que rien ne la soulagerait, pas même une blague douteuse de la part de sa collègue à l’hygiène douteuse préférée, qui la regardait maintenant avec de grands yeux ronds – une imitation saisissante de sa charmante colocataire –, comme si elle venait de lui annoncer la résurrection prochaine de Jacob Ben Israël. Cat n’avait vraiment pas envie de rire. En fait, elle se sentait mal. Physiquement mal, si bien qu’elle crispa ses doigts tremblotants sur le vieux comptoir tout en fermant les paupières, respirant lentement. Formuler les choses à voix haute rendait la situation concrète, ça l’effrayait. Elle avait été trop téméraire en laissant son débit de paroles s’affoler, mais elle avait besoin d’extérioriser. Pas de pot, c’était sur Charlie que ça tombait. Elle aurait mieux fait d’être en retard comme à son habitude, ça lui aurait évité de se retrouver avec une collègue au bord de la syncope. Rouvrant les yeux, Cat s’excusa d’une œillade insistante en direction de la jeune fille ; elle était désolée. Désolée d’être aussi impudique dans ses propos. Désolée de la prendre pour un punching-ball verbal, elle devait avoir d’autres chats à fouetter, d’autres soucis auxquels penser, et les tergiversions d’une blonde dans son genre, ne faisait certainement pas partie de ses priorités. Cat n’était pas du genre à parler de sa vie à n’importe qui. Certes, Charlie n’était pas – vraiment – n’importe qui. Elle pouvait se vanter d’avoir un certain nombre d’informations sur la jeune fille que beaucoup de personnes, même proches d’elle, n’avaient pas. Mine de rien, elles parvenaient tout de même à discuter entre deux insultes. Toutes les deux penchées au-dessus du comptoir, Ecaterina était persuadée que Charlie pouvait distinguer les battements irréguliers de son cœur. La honte qui s’emparait d’elle maintenant l’enveloppa toute entière en commençant par ses jolies pommettes. Elles prirent une teinte trop rose qui jurait avec son teint de porcelaine, donnant l’impression qu’elle avait un peu trop abusé du blush le matin-même, et ses mains devinrent tellement moites que, lorsqu’elle décolla ses paumes du comptoir en bois, une trace bien distincte resta dessinée sur celui-ci. Le temps que l’information remonte au cerveau (lent) de la brunette, la jeune fille eut le temps de se redresser de toute sa petitesse, et quand enfin sa collègue reformula ses propres propos en y ajoutant une question en prime, elle marmotta, vaseuse :

« Oh, je me sens mal. » Charlie pouvait le prendre comme ça lui chantait, mais il s’agissait bel et bien d’un aveu. Sinon, pourquoi se sentirait-elle si mal ? Tanguant dangereusement, Cat posa sa main gauche sur son abdomen, ayant l’impression soudaine d’être barbouillée. Sa respiration s’accéléra, et se retournant en ne lâchant pas le comptoir de sa main droite, son regard se posa sur un tabouret haut plus loin. Dans un effort considérable, elle se traîna jusqu’à lui, tentant de ne pas défaillir pendant ce court chemin. Le masque tombait, enfin. Ecaterina, celle qui parvenait toujours à rester d’une impassibilité sans failles, même dans les cas les plus extrêmes, était en train de mourir à petit feu à cause d’une erreur qu’elle avait commise. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Et de toute façon, elle ne demandait à personne de la prendre en pitié. Elle voulait juste qu’on l’écoute. Pas qu’on la sermonne ou qu’on la congratule, juste qu’on l’écoute. Pour la première fois de sa vie, elle faisait la démarche volontaire de se confier à quelqu’un. Si elle n’était pas au bord de l’évanouissement, elle penserait sans doute à sortir le champagne pour fêter l’événement. Mais dans son état, sans doute était-ce plus judicieux de rester sobre – quoi qu’en toute honnêteté, elle n’aurait pas dit non à un petit remontant. La voix de Charlie résonna de nouveau à ses oreilles bourdonnantes, et se hissant à grand peine sur le tabouret, elle fronça le nez, émettant une longue complainte, alors que sa collègue soulevait un point important. Qu’est-ce qui la poussait à rester avec Gale ? Ecaterina n’avait même pas besoin d’y réfléchir : elle était amoureuse de lui. Elle ne le disait pas très souvent, mais c’était un fait indiscutable, et puis elle pouvait difficilement le cacher. Elle l’aimait, sans doute plus qu’elle ne s’aimait elle-même, il la poussait à être meilleure. Elle n’était pas quelqu’un qui méritait l’attention que les gens semblaient lui porter. La blondinette n’était pas particulièrement sympathique au premier abord, elle le savait. Elle ne cherchait même pas à l’être, en réalité. Gale était son total opposé. Cat faisait tout ce qu’elle pouvait pour être au moins à son niveau, mais force était de constater qu’elle devait user de stratagème pour faire illusion, parce qu’elle ne parviendrait jamais à être aussi douce, aussi avenante – aussi tout – que lui l’était. D’un autre côté, elle restait humaine. Seth lui offrait autre chose. Il l’avait faite changer, lui aussi à une époque, et si elle se montrait plus ouverte, c’était en partie grâce à lui. Mais ce n’était pas à cause de ça qu’elle avait flanché dans cette foutue cabine d’essayage ; elle avait beau vouer un amour sans limites à Gale, elle n’était pas faite pour l’abstinence. La façon dont Seth la regardait était différente de la façon dont Gale le regardait. Elle savait qu’elle ne devait pas les comparer, elle avait même assuré à Gale qu’entre eux, il n’y avait aucune compétition, mais elle ne pouvait pas rester placide face aux œillades de Seth. Elle ne cessait de répéter qu’elle n’avait pas une once de force en elle, la preuve en était. Pinçant doucement les lèvres, Ecaterina releva la tête vers Charlie. Elle pouvait parler comme elle en avait envie avec elle, pourtant, elle tenta de faire le tri dans ses idées, et avec douceur, elle lui répondit :

« Je suis amoureuse de Gale, pas de Seth. C’est simple. » Elle fronça les sourcils en battant des cils, s’installant plus confortablement sur son siège « Ça ne t’est jamais arrivé de sentir qu’on te regarde comme si tu étais la huitième merveille du monde ? Même si tu sais pertinemment que tu ne mérites pas d’être contemplée comme ça, tu rentres dans le jeu, parce qu’on a tous besoin de se sentir désiré. » Un peu plus, elle fronça les sourcils, et dans un sourire, elle admit à mi-voix « Ce qui n’est pas forcément mon cas avec Gale, tu vois. » Brusquement, elle se reprit en secouant la tête, et elle sauta sur ses pieds. Sa tête lui tourna une seconde, mais elle s’obligea à en faire abstraction. Les joues encore empourprées, Cat posa une main incertaine sur son front, tournant sur elle-même, avant de retrouver son chemin puis de s’avancer pour quitter son comptoir. Elle était gênée, c’était perceptible dans chacun de ses mouvements, et souhaitant retrouver toute sa superbe, elle ajouta « Mais tu ne peux pas comprendre. Je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça. J’ai l’air d’une – comment tu as dit, déjà ? » Elle détourna la tête se dirigeant à grandes enjambées vers l’endroit où elle avait jeté sa boîte d’agrafes un peu plus tôt ; elle se baissa pour les ramasser. Alors que ses yeux se remplirent de larmes, Cat continua dans un rire narquois « D’une vieille mégère de quarante piges qui raconte ses exploits, c’est pathétique. Viens plutôt m’aider à ramasser tout ça. » D'un geste rapide, elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille et rajouta dans un soupir tremblant « S'il te plaît. »
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyDim 22 Avr - 17:44

Ecaterina et Charlie, ou l’art de passer du coq à l’âne en un claquement de doigts. Cinq secondes plus tôt, elles se chamaillaient à propos de choses aussi futiles que des cartons à ranger, et les voilà qui abordaient désormais des sujets beaucoup plus délicats. Charlie pouvait voir à l’expression du visage de sa collègue que cette dernière était on ne peut plus sérieuse, et que sa réticence à poser ses doigts si délicats sur les cartons poussiéreux cachait moins un problème avec l’hygiène que des tracas d’ordre sentimental. A force de la côtoyer elle finissait par assimiler les réflexes de Cat, et ces doigts qui se crispaient contre le comptoir n’auguraient rien de bon. L’étudiante n’avait jamais cherché à être trop envahissante dans la vie de sa collègue ; elle la respectait énormément et pour cette raison, elle mettait un point d’honneur à ne pas lui faire subir des interrogatoires quotidiens pour savoir ce qu’il en était de sa vie privée. Ce n’étaient pas des choses qui la regardaient, après tout. Elle n’avait pas besoin de connaitre les circonstances dans lesquelles Gale et Ecaterina s’étaient rencontré, ni les raisons qui avaient poussé la jeune femme à quitter Cincinnati quelques mois plus tôt. Elle avait beau être curieuse, elle savait respecter la vie privée d’autrui et sa collègue n’échappait pas à cette règle. Pourtant, au fur et à mesure que les semaines avaient passées et que leur complicité s’était renforcée, elles s’étaient peu à peu livrées l’une à l’autre. Cat savait des choses sur elle que même sa propre mère ne connaissait pas à son sujet, et elle était à peu près certaine qu’elle-même savait des choses à propos de Cat que Gale ignorait totalement. Elles pouvaient dire ce qu’elles voulaient au sujet de leur relation -qu’elles se détestaient, qu’elles ne pourraient pas tenir cinq minutes dans la même pièce toutes les deux, et même qu’elles seraient ravies de se faire les pires crasses- au fond, leur amitié était bien plus forte que ce que l’on pourrait supposer à première vue.

Plissant les yeux, Charlie observa le visage de Cat virer au cramoisi sans broncher. Pas une remarque, pas une moquerie de sa part. Rien. Elle avait compris que la situation était sérieuse et avait aussitôt abandonné ses critiques. La réaction de sa collègue l’inquiétait. Cette dernière n’avait pas pour habitude d’exhiber ses craintes de la sorte, et ce n’était peut-être pas une première pour Charlie, mais cela n’en était pas moins alarmant. Se redressant, elle inclina légèrement le visage, les yeux toujours rivés sur Ecaterina qui n’en menait pas large. « Tu es sûre que ça va ? » Lui demanda-t-elle, l’air un peu plus grave. Le corps de la jeune femme semblait être pris entre tremblements et crispations, et Charlie ne savait plus vraiment quoi faire pour essayer d’arranger les choses, à moins d’attendre les explications de Cat. Cette dernière prit finalement place sur un tabouret, probablement pour retrouver un semblant d’équilibre, et Charlie la rejoignit en deux enjambées. Sondant le regard de sa collègue d’un air perplexe, elle patienta jusqu’à ce que cette dernière daigne enfin répondre à ses interrogations. Elle aimait Gale, disait-elle. Pas Seth. Charlie plissa les yeux, ne comprenant toujours. Pour elle, c’était clair comme de l’eau de roche : si elle aimait vraiment Gale, alors elle n’aurait jamais été capable de faire quoi que ce soit qui puisse lui être préjudiciable. Elle avait compris ce qui s’était passé avec Seth, Ecaterina n’avait peut-être pas répondu à ses questions concernant l’acte qu’elle avait commis et qu’elle se reprochait, mais il ne faisait désormais plus l’ombre d’un doute au vu de ses réactions.

En écoutant les prochaines paroles de la jeune femme, la surprise qui se lisait encore sur les traits de Charlie s’envola finalement. Si on l’avait déjà observée comme si elle était la huitième merveille du Monde tout en sachant qu'elle n'était pas digne de cette attention ? Un sourire fugace se dessina sur ses lèvres et elle détacha une seconde son attention d’Ecaterina. Qu’avait-elle dit ce fameux soir dans la cuisine des Preston, déjà ? Qu’il l’observait comme si elle était la personne qui comptait le plus à ses yeux. Comme s’il ne voulait pas qu’elle le quitte. Quelques semaines plus tôt, Charlie aurait volontiers répondu à Cat que non, ça ne lui était jamais arrivé ; qu’elle s’était déjà sentie désirée mais qu’elle n’était pour autant jamais entrée dans le jeu de quiconque. Mais ce n’était plus vrai, et elle le savait. Lorsque Wyatt avait attrapé ses mains en début de soirée, elle n'avait pas opposé la moindre résistance. Et lorsqu’il l’avait attirée dans son appartement, elle n’avait pas pris ses jambes à son cou non plus. Elle savait ce qui l’attendait et malgré ce comportement qu’elle avait toujours eu avec les hommes, elle avait pour la première fois de sa vie cessée d’avoir peur. Ne pouvant retenir un petit soupir, Charlie se tourna vers Cat et cligna des yeux tout en tâchant d’éloigner les souvenirs afin de se concentrer sur ce que sa collègue lui disait. Décidant d’ignorer la première partie de son discours, elle porta davantage son attention sur sa dernière phrase. « Regarde-toi dans un miroir et on en reparlera ensuite, d’accord ? Si Gale ne ressent aucune attirance envers toi, alors je ne vois vraiment pas ce qui lui faut. Et puis, j’ai très bien vu la façon qu’il a de t’observer… et si tu veux mon avis ça n’a rien d’innocent ». Arquant un sourcil, elle esquissa un sourire sincère ne comportant pas la moindre pointe d’ironie, cette fois-ci.

Ecaterina se leva soudainement de son tabouret et, après un bref moment d’hésitation, se dirigea vers l’endroit où la boite d’agrafes était retombée. Passant tout près d'elle, elle ajouta qu'elle ne savait pas pourquoi elle lui racontait tout ça à propos de Seth, puisque de toute évidence elle ne pouvait pas comprendre. Charlie se renfrogna légèrement devant cette remarque. Bien sûr qu’elle pouvait comprendre, elle n’était pas attardée. Silencieuse, elle se résigna néanmoins, rejoignit sa collègue et s’accroupit près d’elle. Tendant la main pour attraper les malheureuses agrafes qui s’étaient échappées de la boite, elle les rangea consciencieusement dans celle-ci. « Écoute, je sais que tu me prends pour la fille qui n’y connait rien à ces choses-là, et c’était peut-être vrai avant mais… ». Charlie s’interrompit brutalement quand elle leva les yeux vers Ecaterina et aperçut les larmes voiler les siens « Cat ? » Fit-elle doucement, plantant son regard clair dans le sien. Perplexe et mal à l’aise, elle se mordilla la lèvre inférieure avant de poser sa main sur l’épaule de sa collègue dans un geste un peu maladroit. « Tu peux me parler, tu sais. Je veux dire, si ça peut te… libérer ? Je te promets de ne pas faire la moindre remarque déplacée et d’être une oreille attentive ». Ses lèvres dessinèrent un sourire qui se voulait réconfortant, et sa main quitta l’épaule de Cat pour reprendre son appui sur le sol. « Et laisse ces agrafes, s'il-te-plait. Je m’en occupe ».
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Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyLun 23 Avr - 17:18

Est-ce que Cat allait bien ? Non, elle n’allait pas bien du tout. Outre le fait qu’elle avait le sentiment désagréable qu’elle dégobillerait bientôt son petit-déjeuner copieux sur le plancher impeccable de la librairie, elle venait d’avouer à sa collègue qu’elle avait trompé son petit-ami blond avec son ex petit-ami brun (et bouclé, de surcroît). Combien de fois s’était-elle moquée de ces pimbêches infidèles qu’elle rencontrait tous les jours à la fac, et qui pleuraient toutes les larmes de leur minable corps en prétextant ne pas avoir eu la force de résister à l’appel du loup (il s’avérait que le loup était partout) ? Elle ne comptait plus, c’était arrivé bien trop souvent à son goût. Mieux aurait-il fallu qu’elle tourne sept fois sa langue dans sa bouche (la sienne, de bouche) avant de s’autoproclamer la fidèle du siècle. Quand elle pensait qu’elle ne se cachait même pas pour critiquer ces pauvres filles, qu’elle n’hésitait pas un seul instant à les désigner comme étant les pires traînées du monde dès que l’occasion lui en était donnée ! Des baffes se perdaient, et si elle n’était pas sûre d’être internée après ça, elle se giflerait par elle-même. Oh, elle en avait utilisé de grandes phrases bien pensées sur la fidélité et tout le boxon. C’était ces mêmes phrases que lui servait son propre père sur le grand amour, et les joies d’être dévoué corps et âme à son partenaire jusqu’à la fin des temps, et blablabla… Elle était dévouée corps et âme à Gale, c’est vrai. Mais rester fidèle à quelqu’un qui s’avérait être la personne qui restait la plus insensible à toutes les perches qu’elle tendait, ce n’était pas la chose la plus facile qu’elle avait eu à faire, c’était même une torture. Justement parce qu’elle en était amoureuse ! Trop peut-être, elle attendait beaucoup de cette relation. Elle aurait très bien put ne pas lui donner le choix, et lui sauter dessus dès leur retrouvailles. Après tout, ce n’était pas l’envie qui lui avait manquée, mais elle n’en avait rien fait. Elle voulait que tout se passe bien, que les choses avancent à un bon rythme. Sauf qu’à ne pas vouloir précipiter les choses, rien n’avançait et qu’elle avait la sensation de se retrouver cinq ans en arrière, quand ils étaient encore au lycée, et qu’ils n’osaient même pas se toucher. Quoi qu’elle avait la nette impression que, même à cette époque, les choses avançaient plus vite. Ecaterina était perdue, tout simplement. N’empêche qu’elle en faisait une belle de traînée. Elle pouvait se permettre de le penser, elle n’avait jamais été très tendre avec elle-même. Dans le cas présent, elle pouvait aisément utiliser d’autres termes bien plus grossiers, mais elle gardait un tant soit peu d’amour propre, surtout en présence de Brown. Elle ne voulait pas lui donner une raison de plus pour l’insulter, elle le faisait déjà assez souvent comme ça. Si Ecaterina voulait faire preuve de mauvaise foi et redorer son blason, elle expliquerait à Charlie que ce n’était pas vraiment une tromperie. Qu’elle avait couché avec Seth, parce qu’elle voulait être sûre qu’entre eux tout était terminé pour de bon. D’un certain côté, ce n’était pas tout à fait faux. Le timing n’avait pas été le bon, ils n’avaient pas su bien gérer les choses. Elle aurait même pu inventer toute une histoire, lui dire qu’elle s’était accidentellement retrouvée plaquée contre le miroir d’une cabine d’essayage, et que, par enchantement, Seth se trouvait être présent dans la même cabine qu’elle. Mais Ecaterina n’était pas de mauvaise foi, ce n’était pas une menteuse non plus. Elle était trop honnête, ce n’était pas un défaut jusqu’à preuve du contraire. Pourtant, cette incapacité à inventer des bobards était en train de clairement lui porter préjudice. Non pas qu’elle aurait été apte à le faire, si le mensonge avait fait partie de ses talents. Elle s’embrouillait, et c’est pour cette raison qu’elle se leva d’un bon lorsqu’elle expliqua plus ou moins ses raisons à Charlie. Elle ne prit même pas la peine de la remercier du compliment qu’elle venait de lui faire, trop confuse.

Penchée au dessus du sol, la blondinette sentit ses yeux se remplir de larmes. Elle pouvait pleurer, la situation s’y prêtait, mais elle ravala courageusement tout ça en fronçant les sourcils d’un même chef. Charlie vint l’aider à ramasser les agrafes comme elle lui avait demandé, Cat s’astreint à ne pas relever la tête. Elle en avait déjà suffisamment dit, suffisamment fait. Elle ne voulait pas aggraver son cas. L’opinion de Charlie comptait pour elle, elle jugea donc bon ne pas enfoncer le clou, craignant de ne plus être traitée de la même manière après cette petite séance de confession. Sa collègue reprit la parole, se fût plus fort qu’elle cette fois : elle se mit à pleurer silencieusement, pinçant les lèvres très fort pour que ses sanglots ne soient perceptibles. Elle pleurait bien trop, ces temps-ci. Elle n’aimait pas ça, et comme elle le faisait à chaque fois, elle ne se donna pas plus de deux minutes pour se reprendre. Minutes durant lesquelles elle écouta Charlie lui proposer d’être une oreille attentive à ses malheurs. Dans un sourire douloureux, Ecaterina releva la tête, et essuyant rageusement ses larmes du dos de la main, elle fixa le plafond en disant « Le mal est fait. Je ne peux pas retourner en arrière. Crois-moi Charlie, si je le pouvais, je n’hésiterais pas une seule seconde à changer les choses. » Charlie posa sa main sur l’épaule d’Ecaterina. Cette dernière la regarda dans les yeux, essayant de faire transparaître toute la gratitude qu’elle lui portait à cet instant précis. Ce contact fût très vite rompu par la jeune fille, et Cat secoua la tête pour ajouter « Je crois que ça ne sert à rien d’en discuter. La seule personne à qui je dois en parler, c’est Gale. Je me sentirai vraiment libérée quand j’aurai le courage de lui dire. » Elle reposa son regard sur Charlie, chuchotant avec douceur « Mais merci, Charlie. » Ecaterina la regarda encore un moment, et esquissa un sourire honteux en passa ses doigts sous ses yeux, vérifiant que plus aucune larme ne traîne, puis elle se leva lentement.

Les deux minutes étant passées, elle s’obligea à retrouver une contenance. Elle redressa les épaules, et repassa derrière son comptoir. Elle aurait tout le temps de se morfondre en rentrant à la maison, elle devait travailler. C’était son seul lot de consolation : travailler lui permettait de ne penser à rien. Du moins, d’habitude. Aujourd’hui, avec toutes ces bandes-dessinées, elle n’avait pas su faire abstraction de ce qui se passait dans sa vie, et elle s’en voulu beaucoup. Néanmoins, prête à faire des efforts et à arrêter de geindre, elle contourna son comptoir pour se diriger vers l’un des cartons… quand les paroles précédentes de Charlie lui revinrent en mémoire « Tu n’y connaissais rien avant ? » dit-elle, en fronçant graduellement les sourcils. Tout était bon pour changer de sujet, pour détourner toute son attention de ses problèmes. Elle s’accrochait à un détail sans doute insignifiant, mais qui avait le don d’aiguiser sa curiosité. Posant une main fébrile sur le carton devant elle, Ecaterina se retourna tout doucement vers Charlie en lançant, le ton suspicieux « Ça veut dire que… » Ecaterina se redressa, inclinant la tête sur le côté « Ça veut dire que maintenant, tu t’y connais ? » La mine contrite, Cat renifla discrètement, fixant Charlie avec ses petits yeux mi-clos : elle sentait qu’elle aussi avait quelque chose à cacher.
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyLun 23 Avr - 22:22

Charlie n’était pas très douée pour ce genre de chose, et elle le savait. Elle ne parvenait jamais à trouver les mots qu’il fallait, et les gestes par lesquels elle essayait de remplacer ces derniers paraissaient toujours bien trop maladroits, parfois même démesurés. Elle avait déjà beaucoup de mal à se donner elle-même quelques recommandations, alors aider les autres, être capable d’épauler ses amies quand cela n’allait pas ? Évidemment que ce n’était pas facile ! Cela ne l’empêchait pas d’essayer, bien sûr ; elle ne laissait jamais tomber son entourage, et elle était même plutôt futée lorsqu’il s’agissait d’organiser une soirée afin de remotiver les troupes devant un film à l’eau de rose et de gros pots de glace bien caloriques. Néanmoins, quand elle se retrouvait directement confrontée aux problèmes, les choses s’avéraient bien plus difficiles pour elle. Dans ce type de situation, elle préférait écouter plutôt que parler, les seuls conseils qu’elle parvenait à donner étant rarement les bons. Écouter, se montrer compréhensive, lancer une ou deux plaisanteries afin de détendre l’atmosphère mais surtout faire sourire l’âme en peine qu’elle essayait vainement d’aider, voilà son mode de fonctionnement. Avec Ecaterina, elle réagissait de la même façon. Les larmes qui perlaient sur ses pommettes rendaient Charlie mal à l’aise et lui bloquait le cerveau de telle sorte qu’elle ne pouvait plus réfléchir correctement et essayer de trouver quelques solutions au problème de sa collègue. Elle aurait adoré être aussi altruiste que certains, être l’amie sur qui on peut compter pour demander quelques conseils. Elle aurait aimé ne pas bégayer quand il fallait justement se montrer éloquent. Seulement, elle n’y arrivait pas. Aussi forte son empathie à l’égard d’Ecaterina fût-elle, elle ne savait comment faire pour aider son amie à se sentir mieux, à moins de lui proposer de quitter sur le champ la librairie et lui offrir une glace chez le petit commerçant au coin de la rue –une suggestion qui rencontrerait très certainement un franc succès mais qui ne ferait pas avancer le schmilblick pour autant.

Soupirant très légèrement comme pour se donner un peu de courage, la jeune femme reporta son attention sur les agrafes pour oublier son angoisse. Elle acquiesça doucement lorsque Ecaterina lui confia qu’elle aurait adoré remonter le temps, une réflexion qu’elle se faisait souvent elle aussi. Et si elle avait pu remonter le temps, lorsqu’elle était au lycée, afin de gommer et tout oublier de cette histoire qui avait été déterminante pour la suite. Et si elle avait pu faire en sorte de convaincre son père de ne jamais partir à la guerre et de rester auprès d’elle. Sa vie en serait complètement bouleversée bien sûr. Elle n’aurait jamais quitté San Diego, s’appellerait peut-être encore Alice, serait sûrement une fille épanouie. Sa petite bulle familiale n’aurait pas volé en éclats et aujourd’hui, elle ne serait pas aussi renfermée sur elle-même. Elle ne regrettait pourtant plus sa vie, celle-ci lui convenait. A Lima, elle avait su trouver ses repères et elle appréciait le calme de cette petite ville un peu folle sur les bords mais qui correspondait bien à l’endroit paisible dans lequel elle voulait vivre. Et puis, si elle n’avait jamais déménagé à Lima, elle n’aurait pas rencontré Ecaterina, ni Cassandra, et encore moins Wyatt. Or, tout cela en valait la peine, elle en était consciente. Mais parfois il était bon d'imaginer qu’en un seul claquement de doigts, on pourrait tous repartir en arrière et revivre ces moments déterminants parfois regrettables.

Avec un haussement de sourcil, Charlie attrapa une agrafe et leva son menton vers Ecaterina qui l’observait avec intensité, comme si ses yeux pouvaient être le miroir de ses pensées et qu’elle essayait de lui faire passer un message. La brune esquissa un sourire et jeta son agrafe dans la boite tout en écoutant sa collègue lui dire qu’elle devait avant tout en parler avec Gale. Et elle marquait un point, car c’était aussi l’avis de Charlie. Elle ne pouvait pas imaginer la crainte que cette perspective pouvait procurer, mais elle se fit néanmoins la promesse d’être là pour réconforter la jeune femme si elle en ressentait le besoin. Après tout, elle aussi pouvait être sérieuse trois secondes en sa présence, et lui montrer qu’elle n’était pas seulement bonne à lui lancer des vannes à longueur de journée. Son sourire s’affirmant sur ses lèvres, elle lança un nouveau regard à Cat quand celle-ci la remercia. « De rien, je n’ai pas fait grand-chose. Mais tu sais que tu peux passer à la maison à n’importe quelle heure, » Elle coula un regard aux alentours et, constatant que l’endroit était toujours désert, se retourna vers sa collègue. « Je ne suis pas très maligne, je cache toujours une clé en dessous du tapis » Murmura-t-elle avant de lui adresser un clin d’œil. « Et puis, sans vouloir me vanter, j’ai une collection impressionnante de glaces Ben & Jerry’s qui n’attendent que toi, dans mon réfrigérateur ».

Acceptant sa proposition, Ecaterina s’éloigna des agrafes et repartit derrière le comptoir. Devant Charlie, le plancher retrouvait petit à petit sa couleur naturelle, allégée de toutes ces agrafes qui s’étaient versé sur celui-ci. Sourcils froncés, la jeune femme finit par refermer la petite boite tout en lui lançant une œillade satisfaite. Se relevant elle se dirigea vers le comptoir et reposa l’objet avant de se retourner vers Cat qui s’approchait des cartons, comme si elle avait finalement signé un traité de paix avec eux. Un sourire quelque peu railleur se dessina sur les lèvres de Charlie qui s’apprêta à la rejoindre lorsque la question de Blondie retentit, revenant sur la semi-révélation qu'elle lui avait faite. Plissant les yeux, Charlie ne répondit pas et la rejoignit pour soulever un carton, comme si le fait d’avoir les mains pleines lui permettrait d’éviter la curiosité de Robertson. Pourtant, les déductions de cette dernière résonnèrent bientôt à ses oreilles, et l’intéressée les accueillirent d’un froncement de sourcil. Pourquoi Diable avait-elle lancé ce sujet-là ? Sa fierté, sans doute : elle n’aimait pas s’entendre dire qu’elle n’y « connaissait rien » et avait cru bon de clarifier les choses d’une petite réplique qui était jusque-là passée inaperçue. Se maudissant, Charlie jeta un coup d’œil à Ecaterina et décida de jouer la carte de l’innocente de service. « M’y connaitre, m’y connaitre… c’est un bien grand mot, tu ne crois pas ? ». Et pourtant… pourtant, force était de reconnaitre qu’elle avait découvert bien des choses, en ce fameux réveillon de la nouvelle année. Un soupir traversa ses lèvres et elle sentit ses joues s’empourprer de nouveau en songeant à cette nuit-là. Elle s’était sûrement montrée un peu trop passionnée, certes, mais personne ne pouvait lui en vouloir : Wyatt savait y faire avec les filles et elle était tout simplement aussi faible que toutes les autres devant son charme dévastateur. Le seul contact de sa peau parvenait à éveiller tous ses sens, et le regard qu’il posait sur elle lui faisait un effet incroyable.

Charlie s’éclaircit la voix et détourna rapidement le regard pour que Cat ne puisse deviner la nature de ses pensées –ses joues étaient désormais si rosies qu’elle pourrait sûrement lire en elle comme dans un livre ouvert. « Disons qu’il y a deux ou trois petites choses que j’ai peut-être oublié de mentionner à propos de mon gynécologue… Maintenant, tu m’excuseras mais ce carton est un peu lourd, donc… ». Prenant la poudre d’escampette, elle se précipita soudainement vers les escaliers menant à l’étage dont elle gravit les marches avec une agilité déconcertante. La plupart du temps, elle manquait une marche –pour sa défense, cet escalier était vraiment pentu- et pourtant, armée d’un carton qui pesait plus lourd qu’elle, elle était parvenue à atteindre l’étage sans aucune difficulté. Se précipitant vers les rayons vides qui attendaient d’être remplis de toutes les collections de Batman, Superman, et tous les autres héros-man que ces férus de bande dessinée avaient pu inventer, elle s’accroupit et entreprit d’ouvrir le carton lorsqu'elle leva finalement une main vers son visage afin de battre l’air près de celui-ci pour éloigner la chaleur et, accessoirement, tenter de faire disparaitre les plaques rouges qui assombrissait ses joues. Malheureusement, des pas se firent rapidement entendre derrière elle et elle fronça le nez, ennuyée. Elle connaissait Ecaterina, elle savait qu’elle ne lâcherait pas l’affaire. Aussi leva-t-elle les yeux au ciel, et quand les pas se rapprochèrent d'elle, elle baissa la tête vers son carton afin d’en sortir le premier volet de la saga de Wonder Woman. « Je ne parlerai qu’en présence de mon avocat, Robertson ».
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyMar 24 Avr - 19:32

Charlie avait beau dire qu’elle n’avait pas fait grand-chose, Cat était loin de partager son avis. Rien que sa présence lui faisait beaucoup de bien. Mais ça, la blondinette ne lui ferait pas le plaisir de lui avouer aussi ouvertement. Elle avait beau prétendre être dure comme la pierre (ce qui était faux, elle avait bien changé), elle ne restait pas insensible à la proposition de Charlie de passer chez elle quand bon lui semblait. Elle jura alors de se souvenir de la cachette qu’elle venait de lui indiquer. Entre-elles, il n’y avait pas de sentimentalisme à trois francs six sous ; elles ne se connaissaient pas avant de travailler ensemble, elles ne s’étaient même jamais rencontrées en ville. Cat avait donc l’impression de pouvoir dire et de pouvoir faire tout ce qu’elle voulait en sa présence, – non pas qu’elle se gênait avec les autres – sans jamais recevoir de reproches ou de blâmes pour agir comme son instinct le lui dictait. Avec Charlie, Cat était totalement libre. La jeune fille adorait Quinn, elle aimait beaucoup Oxanna également, mais elle savait que, lorsqu’elles les voyaient ou qu’elles les avaient au téléphone, tôt ou tard, elles se mettaient à lui parler de son départ imprévu d’il y a cinq ans. Qu’inconsciemment, elles enfonçaient le couteau dans cette plaie qui avait beaucoup de mal à se refermer, en lui rappelant combien de choses elle avait manquées, et à quel point Gale avait souffert durant son absence. Elle était au courant, merci. Elle était fatiguée de devoir se justifier à chaque fois. Elle gardait tout en elle, mais un beau jour, tout exploserait. Et à ce moment-là, elle ne s’excuserait certainement pas pour son manque de tact. Encore une fois, la seule personne à qui elle devait des explications, c’était Gale. Et il s’avérait qu’elle s’était expliquée avec lui, qu’elle était parvenue à mettre des mots sur ce qu’elle avait put ressentir à cette époque, c’était suffisant. Elle devait avancer, et ce n’était pas en lui rappelant ses erreurs à tout bout de champs ou en lui jetant la pierre à la moindre de ses incartades (qui restaient exceptionnelles) qu’elle y parviendrait, c’était une certitude. Elle était déjà suffisamment dure avec elle-même, elle n’avait pas besoin des autres pour en rajouter une couche. Ça, c’était le boulot de sa mère, et il se trouvait qu’elle n’était plus là. S’éloignant de l’étendue d’agrafes sur le sol, Ecaterina réussit à reprendre le dessus sur son mal être latent. Parler à Charlie, lui dire ce qu’elle avait plus ou moins sur le cœur, l’avait quelque peu soulagée. Pas totalement, il fallait un miracle pour que ça arrive. Ce n’était pas encore évident, elle n’allait sans doute pas courir un marathon en sortant de la librairie, mais elle sentait qu’il serait peut-être plus aisé pour elle de faire le point.

Souhaitant arrêter ses enfantillages, Ecaterina se résigna en s’approchant des cartons de bande-dessinées. A les regarder de plus près, ils n’avaient rien de dangereux. Elle ne parviendrait sans doute pas à les soulever, mais elle comptait bien sur les biceps impressionnants de Charlie pour lui venir en aide, comme toujours. Vaillante, elle posa la paume de sa main tremblante sur l’un des cartons, s’attendant presque à recevoir une décharge électrique, quand les précédents propos de sa collègue la frappèrent en plein visage. Elle avait quelque chose à cacher, elle sentait qu’elle ne lui disait pas tout. La moue suspicieuse, Cat plissa les yeux en se tournant graduellement vers son interlocutrice qui, soupirant à moitié et le teint virant au rose bonbon, semblait redescendre trop vite de son petit nuage cotonneux. Ecaterina était persuadée que Charlie était lesbienne, et ça depuis son premier jour de travail. Il n’y avait qu’à la regarder, elle agissait parfois comme un vrai mec avec la poitrine en plus, et la plomberie en moins. Il n’y avait rien de gênant à ça, ouhla non ! Cat était totalement ouverte à ce sujet. Elle ne comprenait pas qu’on puisse s’offusquer de l’orientation sexuelle des autres. Elle connaissait un type à Cincinnati qui prétendrait être né dans le mauvais corps. Il était son partenaire de séance photo, elle l’aimait beaucoup – ils partageaient une passion commune pour les robes fleuries, d’ailleurs ! Il lui avait expliqué qu’il se sentait femme depuis sa plus tendre enfance, et que bientôt, il passerait à l’opération tant attendue qui changerait son quotidien. Curieuse comme pas deux, Cat avait fini par lui demander les détails de cette fameuse opération, illustration à la clef. Elle s’était soudain mise à adorer être une femme née dans le bon corps. Avec Charlie, peut-être était-ce la même chose, mais elle ne s’en était pas encore rendu compte, c’est que ça prenait du temps. Elle ne se tenait jamais droite, toujours avachie comme une décérébrée là où elle s’asseyait, et sa façon de parler, de se comporter, les jurons qu’elle employait... Fronçant soudain le nez, Ecaterina ignora le goût des larmes qui emplissait encore sa bouche, et tenta d’imaginer Charlie en homme. Bah, c’est qu’elle ne serait pas si vilaine que ça. Il fallait dire que la demoiselle était d’une beauté saisissante. De quoi vous faire chavirer le cœur de tout un arsenal d’adolescentes en fleur. Mais la question n’était pas là, et lorsque Charlie saisit l’un des cartons pour monter à l’étage, Ecaterina sut qu’elle avait touché le point sensible ; elle avait rencontré quelqu’un, et elle ne lui disait rien. Sacrilège ! Brown se hâta de monter les escaliers son carton dans les bras. Cat ouvrit la bouche, donnant l’impression d’être un poisson hors de l’eau. Bien sûr, aucun contrat ne les liait. Charlie n’était pas tenue de lui parler si elle n’en avait pas envie, mais la jeune fille sentait monter en elle toute la frustration d’être hors de la combine. Regardant Charlie monter les escaliers, Ecaterina hésita avant d’insister pour en savoir davantage. Elle avait besoin de se changer les idées avant de retrouver Gale et de lui dire pour Seth, alors tant pis pour Charlie, mais elle ne lâcherait pas l’affaire.

Posant ses pupilles encore brillantes de larmes sur les cartons, elle se mit en tête d’en porter un, sans demander l’aide de personne. Elle se courba, attrapa les extrémités en tentant de le soulever, mais il retomba sur le sol dans un bruit étouffé, manquant la faire tomber. Soufflant bruyamment en posant sa main sur son front, elle décida de le pousser à l’aide de son arrière-train, mais là non plus, rien ne se passa – comme quoi, elle n’avait pas de si grosses fesses que ça. De ce fait, elle attrapa le cutteur sur le comptoir et ouvrit le carton dans un geste expert. Elle empoigna toute une pile de comics, en faisant très attention de ne pas les écorner ou des les abimer. Elle sentait encore l’ombre Seth planer au-dessus sa tête, et il pouvait toujours débarquer n’importe quand pour la réprimander. Jetant un coup d'œil rapide vers la porte, elle n’attendit pas une seconde de plus et monta les escaliers en courant.

« Tu ne vas pas t’en tirer aussi facilement, Brown. » dit-elle essoufflée, en arrivant à l’étage. Ses yeux lancèrent de petites œillades inquiètes aux alentours. Des figurines grandeur nature étaient déjà disposées dans tous les coins, la fixant sans détours, ce qui la fit frissonner. Elle détestait ces figurines, elle détestait tout ce qu’elles représentaient pour elle et croisant le regard – les lunettes serait plus juste – de Cyclope à quelques mètres à peine d’elle, elle le gratifia d’une grimace grotesque avant de se redresser pour fureter les environs à la recherche de sa collègue. Elle ne se laissa pas une minute de répit et ajouta, le ton curieux « Tu as rencontré une fille ? » Elle fit de gros yeux, s’apercevant de ce qu’elle venait d’avancer « Ou un garçon ! Peu importe. » Elle ferma les yeux, articulant silencieusement un juron pour elle-même « Tu as rencontré quelqu’un ? » rectifia-t-elle chétivement, en apercevant la tignasse mal peignée de la principale intéressée derrière un rayon. Alors qu’elle s’avançait, Charlie reprit la parole. Son discours eut le don de décontenancer la jeune fille qui s’arrêta en chemin, confuse « Ton gynécologue ? » D’accord, apparemment, elles s’étaient toutes les deux emballées. La curiosité de Cat redescendit bien vite ; qu’est-ce qu’elle pouvait être idiote, cette Charlie ! S’avançant d’un pas trainant jusqu’à elle, la blondinette fronça les sourcils, ne montrant rien de son trouble quant à ses révélations. La situation lui paraissait folle alors, elle se mit à rire nerveusement en disant « Tu veux dire que ton gynécologue t’a touchée ? » Un doute s’insinua alors dans l’esprit de Cat. Elle se força cependant à sourire, reprenant avec une extrême douceur à l’encontre de la jeune fille « Charlie, quand tu vas chez le gynécologue et qu’il te demande de te déshabiller, ce n’est pas parce qu’il veut profiter de toi… » Elle posa les bandes-dessinées sur l’étagère, prenant une courte inspiration en fermant les yeux, dépitée, mais attendrit en même temps par les tendances érotomanes de la brunette « C’est son métier d’examiner cet endroit. Comme ton médecin généraliste examine ta gorge quand tu as une angine. » Disposant convenablement les albums, elle se tourna lentement pour venir poser une main bienveillante sur l’épaule de sa collègue. Elle était débile, mais il valait mieux la rassurer. Elle ajouta, prenant soin de bien détacher les mots en les accompagnants de petits mouvements de tête insistants, cherchant son regard « Tu comprends ? »
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyVen 27 Avr - 19:58

Pinçant les lèvres, Charlie s’efforça de concentrer toute son attention sur le carton qu’elle devait encore vider. La couverture du premier volet des péripéties de Wonder Woman était d’une banalité affligeante : des couleurs à vous en faire plisser les yeux, un personnage féminin vêtu si légèrement qu’elle ressemblait davantage à une prostituée voire maitresse absolue du sadomasochisme qu’à une héroïne de fiction –ce qui, réflexion faite, devait beaucoup plaire à ces geeks d’adolescents qui s’émoustillaient pour un rien-, quant aux autres personnages apparaissant sur cette couverture folklorique, ils avaient tout aussi l’air ridicules. Aux yeux de Charlie, il était tout simplement impensable que ce genre de « littérature » puisse se vendre. Comment des personnes saines d’esprit pouvaient s’émerveiller devant les aventures aussi improbables qu’agaçantes de ces personnages plus stéréotypés les uns que les autres ? C’était une chose qui lui échappait. Elle, elle était plutôt branchée littérature classique. Les sœurs Brönte, Jane Austen, C. S. Lewis et compagnie étaient des noms qui lui parlaient, des auteurs qu’elle respectait et qui la passionnaient. Après tout, elle n’avait pas choisi de se lancer dans la littérature pour rien ; elle passait des journées entières à étudier les œuvres de ces auteurs et c’était à peu près la seule filière qui lui plaisait. La littérature, la vraie. Pas cette littérature de pacotille qui -comble de l’ironie- semblait attirer bien plus de personnes que les auteurs préférés de la jeune femme.

Lorsqu’elle avait été embauchée à la librairie, Charlie s’était dit que ce serait le meilleur job au Monde. Eh oui, que demander de plus ? Elle aurait à sa disposition des ouvrages par centaines, pourrait conseiller les clients, partager ses opinions avec eux, bref, elle pourrait gagner de l’argent tout en faisant quelque chose qui lui plaisait. Malheureusement, elle avait rapidement déchanté. Elle qui pensait rencontrer plus d’adultes réfléchis que d’adolescents désintéressés s’était fourrée le doigt dans l’œil. La plupart des clients de la librairie étaient des adolescents mordus de littérature jeunesse : les vampires, les anges, les loups garous, voilà ce qui les intéressait -en plus des biographies de Justin Bieber et de tous ces idiots de Disney, s’entend. Certes, il arrivait qu’une petite mamie vienne lui demander un Shakespeare, mais cela restait rare et au fil des mois passés sur son lieu de travail, Charlie avait fini par se faire une raison : elle partageait les goûts du club du troisième âge en matière de lecture, voilà tout.

Ses doigts se posèrent sur la couverture qui lui brûlait toujours la rétine, puis elle se pencha finalement au-dessus de celle-ci et souffla légèrement sur le livre afin d’en écarter le filet de poussière qui s’y était installé. Dégageant son visage, elle soupira de nouveau et sortit le livre du carton afin de le poser à côté d’elle. Ces livres avaient beau lui donner la nausée plus qu’autre chose, elle se devait néanmoins de les respecter et elle entreprit de les trier avant de les ranger. Consciencieuse, elle sortit le deuxième volet du carton lorsque la voix grave d’Ecaterina vint briser sa concentration. Elle avait été si plongée dans son entreprise qu’elle en avait presque oublié la présence de sa collègue derrière elle. Passablement agacée, la jeune femme leva les yeux au ciel lorsque Blondie lui fit savoir qu’elle n’était pas prête d’abandonner la partie. Une fois de plus, Charlie se maudit d’avoir baissé sa garde en avouant à demi-mots qu’elle n’était plus vierge. Bien sûr, le souvenir de cette nuit-là –et de celles qui avaient inéluctablement suivies- était bien loin d’être désagréable ; il lui suffisait de penser à Wyatt pour qu’elle se sente pousser des ailes. Elle était sur son petit nuage depuis quelques jours, et c’était même étonnant que sa collègue ne l’ait pas encore remarqué. Elle souriait davantage, était un peu plus féminine –oui, bon, cette journée-ci était l’exception qui confirmait la règle- et faisait plus attention à elle qu’auparavant. Elle se sentait dans la peau d’une jeune fille en fleur qui découvre enfin l’amour, alors qu’elle refusait justement d’associer ce sentiment à celui qui était à l’origine de sa bonne humeur. Mais elle était faible et répétait déjà la bêtise qui l’avait brisée plusieurs années plus tôt : elle s’attachait à Wyatt, de façon inéluctable. C’était difficile à admettre, mais il s’agissait pourtant de la vérité et bien que l’issue de leur relation lui fasse parfois peur, elle ne pouvait pas s’empêcher de retomber dans le même piège qui s’était refermée sur elle quatre ans plus tôt.

Le regard vitreux et un sourire hébété peint sur son visage, seule la prochaine réplique de sa collègue parvint à ébranler son air rêveur. Ses traits se décomposèrent lorsque Cat lui demanda si elle avait rencontré une fille et elle se retourna aussitôt, interdite. Sous ses yeux consternés, Blondie hésita une seconde, visiblement mal à l’aise. Une fille ? Charlie ne parvenait pas à le croire : comment pouvait-elle penser une chose pareille ? Elle n’avait peut-être jamais eu de relation sérieuse en dehors de celle qu’elle s’efforçait d’oublier, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’elle aimait les femmes. Devant l’absurdité de la suggestion, Charlie laissa tomber son livre et éclata de rire. Décidément, Cat avait été bercée trop près du mur ; et le mythe selon lequel les blondes étaient idiotes était donc vrai ! Ayant toutes les difficultés à retrouver un semblant de sérieux, Charlie posa une main devant sa bouche et tacha d’éviter le regard de sa collègue afin de se calmer. « Je ne suis pas lesbienne, imbécile ! Ne confonds pas tes rêves avec la réalité, je sais que tu aimerais avoir une chance avec moi, mais ça ne fonctionnera pas, il faut que tu te fasses à cette idée ». Se retournant, Charlie attrapa le livre qu’elle avait laissé tomber et le posa sur la pile « Batman ». Elle avait encore du mal à croire ce qu’elle avait entendu, et pourtant, à force elle aurait dû s’être habituée aux idioties de sa collègue. Elle pouvait la tanner autant qu’elle le désirait, mais au final, c’était vraiment elle, la blonde de service !

Ne souhaitant pas relancer la conversation, Charlie sortit de nouveaux livres du carton en espérant que la curiosité de Cat se soit envolée entre temps. En vérité, elle aurait adoré lui révéler ce qui s’était passé avec Wyatt : elle n’en avait encore parlé avec personne et comblait ce manque en écrivant ce qu'elle ressentait dans son petit carnet noir. Depuis le début de cette année 2017, l’inspiration semblait revenir au galop et dès qu’elle ouvrait son livret, les mots affluaient dans son esprit. Cependant, force était d’admettre qu’elle ne pourrait pas éternellement remplacer un confident par son précieux carnet. Un jour, elle devrait en parler, et si Cat était de loin la meilleure candidate qui se présentait pour le rôle de confidente, la brunette ne pouvait s’empêchait de penser qu’elle se moquerait tôt ou tard d’elle. C’était bien connu : elles passaient leur temps à s’envoyer des piques, et s’il arrivait qu’elles soient sérieuses plus de cinq minutes, l’une ou l’autre finissait toujours par s’égarer de nouveau.

Poussant un bref soupir, Charlie s’apprêtait à détourner le sujet de la conversation lorsqu’Ecaterina revint sur le mot « gynécologue ». La prenant très certainement pour la dernière des idiotes, la blonde se lança dans un discours qui respirait la critique. Elle ne la croyait pas. Cat était persuadée qu’elle ne faisait que fantasmer à propos d'éventuelles caresses purement professionnelles administrées par le gynécologue. S’approchant d’elle, elle posa une main sur son épaule et à la manière d’une mère qui explique à son enfant que le père Noël n’existe pas, elle lui demanda si elle comprenait, d’un air si désolé qu’il réveilla la mauvaise humeur de Charlie. Dégageant son épaule d’un geste sec, elle la fusilla du regard avant de claquer la bande dessinée qu’elle avait en main contre le sol. « C’est ça, prends-moi pour une idiote, aussi » Lâcha-t-elle, furieuse. « Tu penses vraiment que je suis en train de fantasmer sur mon gynéco ? Que je m’invente une vie sexuelle ? ». Elle secoua la tête d’un air indigné avant de se relever illico. Croisant les bras devant sa poitrine, elle dévisagea sa collègue. « Wyatt Pillsbury. Je suis sûre que tu le connais, puisqu’il s’agit du frère de ta timbrée de coloc’. Si tu ne me crois pas, je te conseille d’aller lui demander ce qu’il a fait, le 31. Ou avec qui il est rentré chez lui, par exemple. Tu verras bien ce qu’il te raconte ». Eelle lança un dernier regard noir à sa collègue avant de se retourner vers les étagères vides qu’elle observa une seconde. Irritée, elle s’accroupit finalement devant celles-ci et tenta de passer sa colère sur ces bandes dessinées. Oui, elle était susceptible. Mais tant pis.
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Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyDim 29 Avr - 17:16

Ne disait-on pas que l’erreur est humaine ? Cat avait fait une erreur de jugement en pensant que le truc de Charlie c’était le gazon, elle n’allait pas en faire tout un plat ! Ecaterina n’était pas aussi blonde qu’on pouvait le croire. Certes parfois, il lui arrivait de faire preuve de bêtise, mais c’est qu’elle n’avait pas franchement été aidé par sa mère qui lui avait fait comprendre dès sont plus jeune âge qu’elle avait tout intérêt à développer des formes généreuses plutôt qu’un cerveau digne de celui des plus grands savants du monde. L’excuse était facile à utiliser, mais puisqu’elle ne prendrait pas le temps d’en faire part à sa charmante collègue, elle estimait avoir le droit de faire preuve d’un peu de mauvaise foi mentale, histoire de se réconforter un peu et de ne pas remuer le couteau. Déjà que l’estime qu’elle avait d’elle-même n’était pas très élevée, si en plus on s’attaquait à ses carences cérébrales, il ne lui restait plus qu’à se prendre. Toutefois, elle grimaça lorsque Charlie invoqua le fait qu’elle puisse espérer avoir une aventure avec elle ; cette image lui glaça le sang, littéralement et elle s’arrêta en chemin pour frissonner vivement, la bouche ouverte, comme si on venait de lui administrer une décharge électrique pour raviver son pauvre cerveau malade. Comment Charlie pouvait-elle s’amuser de ce genre de choses alors qu’elle venait de lui avouer son erreur ? Non pas que l’idée de coincer Charlie dans une cabine d’essayage lui plaisait, loin de là ! Elle trouvait que la défense de la jeune fille manquait de tact, et un tantinet vexée, Ecaterina ne répondit rien, s’avançant vers le rayon comme si de rien n’était. Elle faillit néanmoins lui dire de mieux traiter les bandes-dessinées, constatant qu’elle passait ses nerfs sur un exemplaire du dernier Spiderman qu’elle avait fait tomber par terre. On lui avait appris que ce genre de petits livres pouvait coûter une fortune, autant ne pas les abîmer. Mais à la vue de la mine particulièrement furieuse de la brunette, Ecaterina se mordit fortement la langue et garda ses conseils de nerd en apprentissage pour elle. Bon dieu, si Catalano voyait la façon dont Charlie maniait ces précieux ouvrages, il en ferait sûrement une attaque. Et jetant brusquement un œil aux alentours, la blondinette constata qu’aucun des rayons n’étaient équipés de protections en plastiques pour les comics les plus rares qu’ils auraient à leur disposition désormais. C’était idiot, mais elle se jura d’ajouter cet équipement à la liste des fournitures lors du prochain inventaire, pour avoir l’esprit tranquille et ainsi éviter qu’à sa première visite dans ce nouveau temple du geek, Seth ne s’arrache les bouclettes.

Le désavantage de passer tout son temps avec une petite fille de cinq ans, c’était qu’on finissait par s’adresser aux adultes de la même façon sans s’en rendre compte. Des « Gouzi-gouzi, fais un sourire à la dame » des « Oh, elle est trop meûgnonne ! » et des « Tu comprends, mon chat ? », elle ne comptait plus combien de fois elle disait ce genre de choses au cours de la journée lorsqu’elle s’occupait d’Emily. La blonde tournait gaga, et ça n’avait rien à avoir avec une quelconque Lady. Elle devenait trop tendre, trop gâteau. Bientôt, elle se mettrait au crochet pour réaliser un napperon Blanche-neige qu’Emily serait forcée de mettre sur sa mini-table de cérémonie quand elle jouerait à la dinette avec ses Barbie sans culotte. Ecaterina ne se moquait pas de Charlie quand elle lui expliqua la fonction qu’avait un gynécologue. Peut-être qu’elle l’avait un peu prise pour une idiote, elle l’admettait. Mais elle n’avait en aucun cas voulu la vexer, elle pensait réellement que Charlie s’était retrouvée confuse par rapport à son rendez-vous chez son gynécologue. Ça arrivait, ce genre de chose. Ecaterina savait que Charlie était encore vierge, une petite manœuvre de la part de son médecin avait très bien pu la mettre sans dessus-dessous, il n’y avait aucune honte à ça ! La main posée sur son épaule, la blondinette sonda son regard qui se mit à soudain lancer des éclairs, lui souriant avec une bienveillance qui n’était pas feinte quand alors, la tornade Charlie fit son irruption dans la pièce. Dégageant sa main d’un coup d’épaule, Charlie haussa le ton. Se retrouvant les bras ballants, la jeune fille la fixa sans comprendre. Déroutée, les yeux d’Ecaterina cherchèrent encore une fois la réponse dans ceux de la furie en face d’elle. Donc, elle avait perdu sa virginité. Ouah, il était temps ! Mais se reprenant subitement en secouant la tête, elle préféra ne pas approuver la situation de cette manière, de peur de se prendre un poing dans la figure et elle l’écouta déblatérer tout son blabla, passablement sonnée par ce changement brutal d’humeur.

« Non mais ça va, calme-toi ! T’es pas obligée de m’engueuler, non plus ! » se défendit Ecaterina, penaude. Elle releva les yeux très lentement, craignant de se faire attaquer en mode toréador par cette vachette de Brown, elle fit un petit pas en arrière pour assurer ses arrières (justement) et pouvoir calculer la distance qui la séparait de l’escalier. Reprenant un peu le dessus en constatant qu’elle pouvait s’enfuir sans problème si elle la smashait telle une catcheuse en plein combat, elle pépia d’une toute petite voix fluette « Tu dis tout en deux fois, aussi ! » C’est vrai, elle n’avait pas explicité les choses et dit comme tel, cela prêtait à confusion, il n’y avait pas besoin d’être blonde pour prendre sa révélation de travers. Sans y réfléchir au préalable, la blondinette pointa son doigt sur la jeune fille face à elle. Elle regarda son index puis Charlie puis encore son index puis encore Charlie avant de finalement baisser son doigt tout en se redressant de toute sa petite taille, levant le menton avec impétuosité alors que Charlie lui révéla l’identité de celui qui l’avait déflorée.

Choquée, Ecaterina ouvrit grand la bouche pour la énième fois en si peu de temps. Elle aurait dû s’en douter ! A Lima, il n’y avait pas masse de gynécologue. Elle le savait, car elle avait voulu prendre un rendez-vous pour un contrôle de routine et que la seule adresse qu’on lui avait donnée était celle du cabinet du Docteur Pillsbury, à l’hôpital. Refusant le fait de se faire ausculter par cet homme aux mains trop froides – et accessoirement parce qu’il lui faisait aussi peur que le clown vengeur des histoires d’épouvantes de son paternel. La mésaventure au mariage de William et Emma, elle ne l’avait toujours pas avalée –, entre toutes autres raisons, elle s’était résignée à consulter un médecin de la ville d’à côté. Wyatt Pillsbury. Ecaterina n’y croyait pas et ferma derechef la bouche pour ne pas accentuer son faciès d’imbécile heureuse. Que pouvait-elle répondre à ça, que devait-elle faire ? Dire à Charlie de se méfier de lui ? Ecaterina n’avait pas confiance en Wyatt, quelque chose en lui la terrifiait. Elle ne savait pas pourquoi, peut-être était-ce parce qu’il l’avait humiliée. Toujours est-il qu’abasourdie, Ecaterina ne dit plus rien, regardant Charlie un long moment. Elle aurait eu des questions à lui poser d’ordinaire. Elle aurait voulu savoir si tout c’était bien passé, s’ils s’étaient protégés, si au moins elle en était amoureuse, si elle était sûre de son choix… Mais les mots restaient coincés dans sa gorge et pivotant sur ses pieds, elle se retourna pour se diriger d’un pas mécanique vers l’escalier ; il lui fallait lui laisser le temps de digérer la nouvelle.
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyDim 29 Avr - 23:10

Certes, Charlie était loin d’être un ange. Elle en avait le physique, pourtant : un teint diaphane qui contrastait avec ses longs cheveux sombres, et de grands yeux verts vous épiant toujours avec une curiosité certaine. Mais il ne fallait pas s’y méprendre et si à première vue elle pouvait sembler aussi douce qu’un agneau –ou plutôt une agnelle, dans son cas- elle dissimulait en réalité une vraie force de caractère qu’elle ne réservait qu’à son entourage le plus proche. Il était parfois déroutant de constater qu’en quelques secondes à peine, elle pouvait passer du rire aux larmes, et plus fréquemment, du rire à la colère. Oui, elle était susceptible. Susceptible, lunatique, impulsive. Elle savait aussi ce qu’elle voulait et si elle ne parvenait à l’obtenir, elle pouvait se mettre dans tous ses états jusqu’à ressembler comme deux gouttes d’eau à une enfant pourrie gâtée capricieuse à souhait. Elle n’avait pas éduquée de cette manière : sa mère était une femme pleine de simplicité, et le sourire qui était en permanence dessiné sur ses lèvres ne cachait rien d’autre qu’une bonté sans égal. Son frère cadet était comme elle : bienveillant et généreux, il avait hérité des « bons gênes ». Charlie, elle, tenait davantage de son père ; elle était une Watson. Elle était discrète en apparence et très certainement réservée sur les bords, mais il ne s’agissait que d’une façade. Avec ses amis, ou du moins les rares amis qu’elle avait, elle ne prenait pas de pincettes et ne faisait jamais dans la demi-mesure. Et malgré elle, Ecaterina était devenue son amie. Elle ne l’admettrait pas : il était bien plus intéressant d’agir comme si elle la détestait au plus haut point. Elle passait son temps à la critiquer, adorait la taquiner et faire en sorte de la voir s’énerver. Combien de fois Ecaterina lui avait-elle envoyé des objets à la figure ? Combien de fois avait-elle cru qu’elle finirait par l’étriper sur place ? Les occasions avaient été nombreuses. Mais Charlie voyait la fureur de Blondie comme une victoire : cela signifiait qu’elle avait réussi à atteindre un point sensible et cela la satisfaisait pleinement. Oh, elle n’était pas sadique. Elle ne faisait pas non plus dans le sado masochisme –de toute façon, elle n’avait pas besoin d’attendre que les autres s’en prennent physiquement à elle puisqu’elle se blessait sans l’aide de personne. Simplement, elle adorait vanner sans arrêt et révéler son mauvais caractère à ceux qui le méritaient. Oui, parfaitement, ceci était un privilège. Et avec Ecaterina, il était tellement plus amusant de s’en prendre à elle que de lui faire des compliments à longueur de journée, qu’elle ne se gênait certainement pas.

Toutefois, elle savait aussi reconnaitre ses erreurs. Il n’était pas rare qu’elle s’emporte pour un rien, mais elle finissait toujours par regretter ses actes. La culpabilité était son pire ennemi mais également son meilleur allié : celui qui lui faisait comprendre qu’elle avait dépassé les limites. Au fond, Charlie n’était pas bien vilaine. Elle s’énervait pour un rien et fonçait toujours tête baissée sans réfléchir avant d’agir, sous le coup de l’impulsivité. Mais l’avantage était qu’elle savait également mettre sa fierté de côté cinq minutes pour présenter ses excuses. Cela arrivait souvent, surtout avec Ecaterina. Et si elles avaient développé cette relation qu’elles entretenaient à présent, c’était pour une raison : elles s’énervaient, s’envoyaient des joutes verbales et finissaient toujours afficher cette moue boudeuse qui leur allait si bien. Pour autant, ces disputes ne duraient jamais bien longtemps et les excuses qu’elles s’adressaient mutuellement par la suite étaient sincères. Peut-être était-ce la similarité de leurs caractères qui leur permettait de rester en bons termes. Ou peut-être qu’elles tenaient tout simplement trop à leur amitié pour tirer un trait définitif sur celle-ci. Quoiqu’il en soit, le résultat était le même et si Charlie jurait haïr sa collègue de tout son être, personne n’était suffisamment dupe pour la croire.

Jetant un regard sur les étagères nues, elle poussa un long soupir. Le sang battait contre ses tempes, ses joues étaient écarlates et elle avait l’impression d’avoir couru un marathon. Posant une main sur son front, elle secoua la tête, mâchoires serrées. Cinq secondes lui avaient suffi pour reconnaitre qu’elle était allée trop loin. A la place d’Ecaterina, elle aurait sûrement réagi de la même manière : elle l’aurait prise pour une idiote fantasmant sur le speculus –ou spéculum, mais Charlie n’aimait pas ce mot- du docteur Pillsbury. Et après tout, qui était-elle pour la blâmer ? Avec son regard pénétrant, son sourire aguicheur, ses grandes mains étonnamment douces, et son charme indéniable, qui ne fantasmerait pas sur Wyatt ? Elle qui pourtant s’était jurée de finir vieille fille et de ne plus jamais céder aux promesses d’un homme, lui avait littéralement sauté dessus dès leur seconde rencontre. Et elle n’aimait pas l’admettre, mais elle n’était certainement pas la première à avoir succombé à son charme si particulier. Elle était vierge ; avant de le rencontrer, elle n’avait jamais accepté de passer à l’acte, pas après ce qui s’était passé avec son premier petit ami. Et même si ce n’était pas quelque chose qu’elle s’amusait à crier sur tous les toits, Ecaterina le savait. Pourquoi ? Après tout, cela pouvait être interprété comme une faiblesse, et en révélant cette dernière à Blondie, elle lui donnait une nouvelle arme à utiliser contre elle. Seulement, Charlie avait confiance en elle, et c’était pour cette raison précise qu’elle lui avait déclaré être encore vierge, quelques mois plus tard. Alors oui, sa collègue était en droit d’avoir quelques doutes quant à son hypothétique passage à la casserole.

Reposant délicatement une bande dessinée sur le parquet, elle baissa le regard. Quelle idiote ! Elle avait vraiment le chic pour tout gâcher. La jeune fille tira sur son t-shirt, peu à l’aise, puis jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Le dos tourné à elle, Ecaterina se dirigeait vers les escaliers afin de rejoindre le rez-de-chaussée. Une fois de plus, Charlie ne réfléchit pas. Les mots franchirent ses lèvres avant même qu’elle ne s’en rende compte. « Attends, Cat » Fit-elle d’une petite voix douce qui était aux antipodes du ton furieux qu’elle avait emprunté une minute plus tôt. Dépliant ses longues jambes, elle se releva et posa une main sur sa tête, mal à l’aise, avant d’esquisser un demi-tour pour apercevoir la silhouette de son amie. « Je suis désolée, je n’aurais pas dû m’emporter ». Des excuses, encore des excuses, toujours des excuses. Si Cat gagnait un dollar à chaque fois que Charlie lui en présentait, elle aurait déjà quitté Lima pour s’installer dans une confortable villa avec vue sur le Pacifique. Charlie haussa les épaules, plus penaude que jamais. Pas étonnant qu’elle ait aussi peu d’amis, elle faisait une bien piètre confidente. Portant ses doigts à ses lèvres, elle rongea l’ongle de son auriculaire avant de laisser retomber son bras le long de son corps. Elle esquissa plusieurs pas en direction de sa collègue et, à son tour, leva une main vers cette dernière, la posant sur son épaule. « Si je t’invite à diner ce soir et te promets de me plier à toutes tes volontés –ce qui inclut massages, commérages sur les beaux garçons de Lima et visionnages de films dégoulinant d’amour-… tu voudras bien me pardonner, dis ? ».
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MessageSujet: Re: 03. What's wrong with you ?   03. What's wrong with you ? EmptyLun 30 Avr - 17:47

Est-ce que Charlie savait qu’elle venait de se jeter dans la gueule du loup ? Elle qui paraissait si prudente en matière de relations, comment avait-elle bien pu se laisser berner par un individu comme le docteur Pillsbury ? Qui à première vue, paraissait être quelqu’un de tout à fait charmant, assurément. Mais qui était prêt à mettre en péril le mariage de sa propre sœur sous prétexte qu’il n’aimait pas son futur époux. Oh, Ecaterina connaissait les raisons pour lesquelles sa collègue avait succombée, elles étaient faciles à discerner. Wyatt Pillsbury donnait l’impression de savoir ce qu’il faisait, elle n’avait pas besoin d’utiliser son talent inné pour cerner les gens, il transpirait le savoir-faire par tous les pores de sa peau parsemée de taches de rousseur. Ce ton doucereux, cette arrogance perceptible sur chacun des traits de son visage qui lui donnait ce petit plus qui faisait toute la différence, sa verve, surtout. Il faisait partie de la catégorie des beaux-parleurs, si la flatterie était un art, il serait maître en la matière. Il avait bien failli l’embobiner, elle aussi. Pas pour passer une nuit torride avec lui – l’entrain de la sœur du jeune homme à vouloir caser son cadet avec la jeune fille n’était partagé par personne d’autre. Cette association relevait du fantasme –, mais pour l’emmener de l’autre côté de la ligne, cette ligne de dévotion absolue à ses colocataires qu’elle avait tracé dès lors qu’elle s’était installée chez eux. Pas de chance, on ne dictait pas sa conduite à Cat sans raviver son penchant certain pour l’esprit de contradiction et pour réussir à la convaincre, il fallait utiliser plus qu’une argumentation béton et des compliments qui glissaient sur elle sans jamais pouvoir l’atteindre. Il avait échoué, ils étaient en froid depuis ; la jeune blonde n’en éprouvait aucun chagrin. Wyatt lui faisait peur. Lorsqu’elle le voyait, elle ne pouvait s’empêcher de penser aux eaux du lac du parc Lincoln ; serein et agréable en apparence, mais il faut toujours se méfier de l’eau qui dort. Charlie méritait de rencontrer quelqu’un de bien, et Ecaterina doutait de la fiabilité du frère de sa colocataire. Pourtant, elle ne dit rien. C’était ce qu’elle pensait, et sans doute qu’elle aurait gratifié quelqu’un d’autre de son avis tranchant sans faire de détour, mais avec Charlie, c’était différent. Elle savait que si elle la mettait en garde, si elle se permettait de lui dire de faire attention à lui, elle le prendrait mal. Cat adorait Charlie, elle l’aimait peut-être un peu – pas comme une amoureuse transie, mais comme une amie fidèle. Le temps viendrait où elle le lui dirait, mais en attendant elle préférait garder son ressenti pour elle, elle savait que ce genre de confidence larmoyante n’apportait pas toujours de bonnes choses, il n’y avait qu’à voir comment son amitié – ou elle ne savait trop quoi exactement – avec Seth s’était terminée ; du gâchis. Idiote comme elle était, Charlie pourrait croire qu’elle lui déclarait sa flamme et à cette pensée, un mince sourire se dessina sur le visage toujours marqué par la surprise de la petite blonde. Elle s’inquiétait pour Charlie, sincèrement. Ce n’était pas juste une question de la laisser entre les mains de Wyatt, elle pensait à l’après aussi. S’il se trouvait qu’il se moquait d’elle, jamais Charlie ne s’en remettrait. Ecaterina ne voulait pas qu’elle souffre, elle ne laisserait pas les choses se passer de cette façon. Prenant une inspiration, Ecaterina se retourna lentement. Pour l’instant, elle laissait le bénéfice du doute à Wyatt. Elle savait que les secondes chances étaient importantes, et pour Charlie, elle était prête à se faire violence, à accepter le fait que, peut-être, le jeune docteur n’avait pas d’arrière-pensées et qu’il tenait à elle. S’il le fallait, elle deviendrait même cordiale, mais il ne fallait pas compter sur elle pour lui vouer un amour sans faille, et puis quoi encore, il l’avait blessé dans son orgueil !

Sur le point de se retourner pour rebrousser chemin, Cat entendit la voix traînante de sa collègue s’élever sur sa droite ; elle s’excusa. La libraire la regarda s’avancer jusqu’à elle avec cette mine gênée qui l’attendrissait presque et instantanément, elle lui sourit. Leurs semblants de disputes ne duraient jamais, tout simplement parce que Cat était incapable d’en vouloir à Charlie et vice-versa. Dans le cas présent, elle ne lui en voulait de rien – juste d’être encore moins diplomate qu’elle –, mais puisque Charlie pensait qu’elle s’était sentie blessée par son manque de tact, elle n’irait pas à l’encontre de sa pensée, ayant trop peur de gaffer et de lui implorer à genoux de se méfier du grand vilain docteur. Elle aurait pu faire mine de refuser ses excuses comme elle faisait à chaque fois, mais le poids qu’elle avait dans la poitrine ne lui permettait pas de jouer la comédie, aujourd’hui. Alors, quand la brunette lui demanda pardon, elle opina du chef avec quiétude, haussant les épaules en élargissant son sourire radieux.

« C’est moi, je suis idiote. » admit-elle. Elle ajouta en murmurant précipitamment « Mais ça, tu le savais déjà. » Elle rit brièvement, la regardant s’approcher davantage. La main de Charlie toucha son épaule et par reflexe, Ecaterina posa sa paume dessus pour la tapoter doucement, tentant de lui comprendre que maintenant, elles pouvaient tourner la page. Elle devait se réjouir pour Charlie. Si elle était sûre qu’avec Wyatt c’était du sérieux, elle ne pouvait qu’être heureuse pour son amie. Et oubliant passagèrement toute la rancœur qu’elle avait à l’encontre du gynécologue, elle se promit de tout faire pour être une confidente exceptionnelle, une épaule sur laquelle Charlie pourrait pleurer lors de leurs disputes stupides ou tout simplement celle qui s’enthousiasmerait telle une adolescente en fleur à l’idée de connaître les moindres détails d’une soirée en amoureux. Charlie reprit la parole, lui proposant un dîner. Ecaterina fit mine de réfléchir un instant, mais si cela pouvait lui permettre de grappiller quelques conseils avisés auprès de son amie concernant la situation délicate dans laquelle elle s’était embourbée, elle ne s’en passerait pas. De ce fait, elle pencha la tête sur le côté pour répondre « On commandera tous les desserts de la carte et on partira sans payer, je connais le proprio. Par contre, on ne parlera pas de beaux garçons, j’en ai ma claque des beaux garçons. » avoua-t-elle, laissant transparaître un soupçon d’aigreur dans le son de sa voix. Cherchant à le dissimuler, elle ajouta sur le ton de la plaisanterie « En revanche, j’ai des scoops sur feu Jacob Ben Israël. Je t’ai déjà raconté l’histoire du parfum ? » Ni une ni deux, Ecaterina prit la main de Charlie dans la sienne. Ce geste était peut-être anodin, mais pas pour Cat qui la serra très fort, se retournant pour rejoindre le rez-de-chaussée. Descendant au même rythme, la blondinette laissa le silence s’installer et arrivées en bas de l’escalier, elle contempla le désordre dans la librairie, tenant toujours fermement la main de sa collègue dans la sienne. Soupirant, dépitée par tant de travail à effectuer, elle coula un regard malicieux à Charlie et la tirant vers la salle de pause, elle murmurant tout bas « Allez viens, on va se goinfrer. J’ai des cookies dans mon casier. »

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