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 06. Stick to the status quo

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Cassandra Hamilton
Cassandra Hamilton
Age : 26 ans
Occupation : Co-directrice de la LPA et coach des Second Chances
Humeur : Déterminée
Statut : Célibataire
Etoiles : 1304

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Chanson préférée du moment : Brave - Sara Bareilles
Glee club favori : Second Chances
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MessageSujet: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptyMer 26 Déc - 22:24

Malgré une vaine tentative de diversion, Cassandra avait pris Joanna sur le fait, alors qu'elle versait le contenu d'une flasque dans son verre de limonade. Elle n'en était pas certaine, mais quelque chose lui disait que l'expression de réprobation qu'on lisait très probablement sur son visage devait ressembler à celle que Madame Ellingson aurait pu avoir. Pourtant elle préférait éviter de spéculer, consciente que les manières peu convenables de Joanna étaient un héritage dont elle aurait pu se vanter. Comme si de rien n'était, Cassandra détourna alors les yeux de l'objet du délit, gratifiant sa collègue d'un sourire hypocrite et pourtant très courtois. L'heure était au travail. Les Second Chances avaient fini par digérer la défaite mais les remises en question quant à elle ne cessaient d'effleurer les esprits de chacun. Joanna avait donc convoqué Cassandra pour une réunion exceptionnelle : c'était le moment ou jamais de repenser la chorale dans l'espoir de repartir sur de bonnes bases. Ainsi, elles avaient décidé de se poser devant les marches de l'annexe, à siroter une limonade - plutôt diluée dans un liquide non identifié en ce qui concernait Joanna - et profiter du soleil qui avait décidé d'honorer la ville de sa chaleureuse présence. Joindre l'utile à l'agréable avait été la devise préférée de Joanna durant de longues années, et même si Cassie ne tolérait pas toutes les méthodes de sa collègue, elle devait au moins saluer le fait que s'entretenir dans de telles conditions était bien plus agréable que dans celles qui les attendaient dans le bureau aménagé à l'intérieur du QG. C'était aussi pour cette raison qu'elle ne soulignait pas les écarts de son amie - de 5 ans son ainée il fallait le rappeler - en plus du fait qu'elle n'était pas sans ignorer que les désaccords finiraient par les accabler d'une façon ou d'une autre. "Tu penses que le manque de garçons nous porte préjudice ?" demanda innocemment Cassandra, en portant le gobelet à ses lèvres. "Préjudice ? Je pense justement qu'on devrait tous les renvoyer chez eux. Honnêtement Cassandra, Larry fait peur, on dirait un mafieux dans un mauvais téléfilm, et Peter a une tête de rat de laboratoire. Ce qu'il nous faut c'est de l'œstrogène, beaucoup d'œstrogène... et des costumes d'enfer, pardonne-moi l'expression."

La remarque de Joanna, bien qu'elle lui fasse penser à une réplique de suffragette, lui donna à penser. Cassie savait que sa collègue était une féministe dans l'âme, aussi savait-elle son point de vue fortement influencé par des valeurs qu'elle honorait mais qu'elle ne partageait pas. Comment pouvait-elle même se permettre une telle réflexion ? Aussitôt que le silence s'installa Cassandra se flagella mentalement qu'une telle idée puisse faire douter son esprit. Restreindre l'accès à sa chorale aux garçons serait une entorse aux idéaux qu'elle prônait et qu'elle défendait avec ardeur. "C'est hors de question Joanna, Second Chance ne deviendra jamais une chorale élitiste." répondit-elle après une intense réflexion, comme si cette conclusion lui était venue spontanément. Le soupir de désillusion de son interlocutrice ne se fit pas attendre, elle qui se faisait déjà une joie de programmer un spectacle à faire enflammer les cravates des juges. "Tant pis pour toi. Entre nous, l'uniforme d'infirmière c'est plutôt has been, imagine ce qu'on aurait pu faire dans nos costumes de nonnes... les hommes adorent ça, ça leur permet d'avoir recours à leur imagination." expliqua-t-elle en opinant du chef, les yeux plissés avec malice. Cassandra estima qu'il ne valait mieux pas lui répondre, ce serait alimenter un feu qui était condamné à s'éteindre. Elle était de plus assez lucide pour savoir que la contradiction de ses propos dénotait une futile tentative de la bousculer. Joanna savait comme elle avait lutté pour se débarrasser de cette étiquette de "chorale de nonnes" qui leur collait à la peau depuis leurs débuts. Il fallait avouer que les présences de Christabella, Ashandra ou même Charlie ajoutaient à sa propre aura virginale un halo encore bien plus éblouissant. "On se contentera de nouvelles têtes pour le moment." avisa-t-elle alors qu'elle se relevait délicatement pour rejoindre la fraicheur de l'annexe.

Les heures qui suivirent furent particulièrement éprouvantes. Les auditions s'étaient enchainées mais aucune n'avait véritablement été concluante. La plupart des prétendants étaient des adolescentes fraichement diplômées de McKinley qui voulaient prouver leur audace. D'autres étaient des garçons qui avaient eu vent du potentiel de charme de cette chorale. Quelques auditions sortaient du lot, mais pas assez au goût de Cassandra pour renforcer sa conviction et son désir de mener ses choristes jusqu'à la victoire cette fois-ci. Il y avait bien eu cette fille dont la douceur des traits ne faisait que renforcer celle qui émanait de sa voix. Elle était le stéréotype de la SC : des cheveux bien coiffés, une petite robe qui la mettait en valeur sans la sexualiser et des manières de fille de bonne famille. Bien évidemment elle avait sa place, et elle l’aurait, mais était-ce réellement ce dont ils avaient besoin ? Cassandra devait-elle se permettre d’avoir des exigences ?
Entre temps Joanna s'était éclipsée, prétextant une urgence au travail que Cassie suspectait d'être une urgence devant son poste de télévision. Parfois son manque de professionnalisme l’agaçait fortement, puis elle parvenait à se tempérer en se rappelant que ses qualifications en chant étaient loin d’égaler les siennes, et que ses idées à la limite du cynisme contribuaient au dynamisme de la chorale. Ce fut alors sans grand enthousiasme qu'elle appela la prochaine personne à se présenter devant elle, sans même daigner lever le nez de ses papiers griffonnés. "Suivante."


Dernière édition par Cassandra Hamilton le Jeu 14 Mar - 16:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptyJeu 27 Déc - 14:04

L’attente était interminable. C’était comme si le temps était suspendu juste au-dessus de sa tête sans qu’elle en connaisse véritablement les raisons. La musique qui se répandait dans le vestibule ne la fit même pas réagir, les choristes nerveux qui la précédait non plus, elle était dans sa bulle – cotonneuse et relaxante à souhait, elle en avait besoin plus que tout à cet instant. Caitlin sentait chaque seconde s’écouler lentement, si bien qu’elle s’imagina les minuscules grains de sable de ce sablier fictif qui la narguait ; ils dégringolaient au ralenti, tournoyaient dans les airs dans un quadrille trop parfait pour être réel, et avant qu’ils aient atteint le sol tapis de neige granuleuse, le cliquetis d’une cymbale la fit violemment sursauter, faisant manquer une pulsation à son cœur serein, et elle perdit de vue le songe qui d’effilait sous ses grands yeux bruns. Clignant plusieurs fois des paupières en reprenant connaissance, Caitlin tourna son visage vers la porte fermée, à quelques mètres d’elle, et soupira quand sa nervosité reprit le dessus sur sa tranquillité, faisant trembler ses mains jointes sur ses genoux. Parfois, les séances d’autorelaxation prodiguées par les médecins du centre ne fonctionnaient pas, surtout quand elle était en prise à un challenge comme celui qui l’attendait, elle avait appris à s’y faire. Ça faisait plusieurs semaines que la jeune femme avait emménagé à Lima, maintenant, et Cassandra n’avait toujours pas voulu s’entretenir avec elle. Caitlin n’était pas idiote, elle avait compris qu’elle lui en voulait toujours. Elle était obligée de l’accepter, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’elle approuvait son attitude, quand bien même elle avait ses raisons. Néanmoins, elle la comprenait, et cela malgré le fait qu’au plus profond d’elle-même, elle estimait qu’une amitié aussi forte que la leur pouvait résister à toutes les tempêtes, parce qu’elles avaient Dieu à leur côté. Depuis qu’elles s’étaient rencontrées, il était témoin de l’affection mutuelle qu’elles se portaient. Cassandra était sa meilleure amie, ça ne changerait jamais. Ça ne pouvait pas se terminer de cette manière, elle devait se donner les moyens se réparer sa faute, c’était de cette façon qu’elle avait été élevée, et Dieu lui en était témoin, elle s’était toujours démenée, trop quelques fois, pour respecter à la lettre les préceptes qu’on lui avait délivrés pendant sa jeunesse ; que ce soit chez elle, par ses parents, ou à la Mogadore Christian Academy, par les sœurs. C’était Caitlin qui avait tout gâché, elle seule. Elle avait voulu rentrer dans le rang pour se faire une place au sein d’un groupe que Cassandra abhorrait. Avec du recul, Caitlin savait que c’était stupide, mais à l’époque, la nouveauté que représentait son entrée à WMHS l’avait rendue si curieuse, si ouverte à l’idée d’élargir ses horizons qu’elle s’était imaginé vivre comme tous les autres : se faire des amis avec lesquels sortir le soir, rentrer dans des clubs pour parfaire son éducation parfaite, se construire, tout simplement. Les deux amies s’étaient éloignées, Caitlin s’était noyée dans un cercle vicieux ; jamais assez parfaite, trop timide, coincée et polie, c’était en partie ce que lui reprochaient ses nouvelles amies de l’équipe des cheerleaders, en plus du coach Sylvester. Et puis elle avait commencé à perdre du poids sans s’en apercevoir, au début, retrouvant du crédit auprès des filles filiformes de l’équipe qui saluèrent ses efforts, lui donnant des conseils pour perdre plus, plus vite. Lorsqu’elle avait eu besoin de se confier, ses pensées s’étaient directement tournées vers Cassie. Puis, elle s’était souvenue qu’elles n’étaient plus aussi proches qu’auparavant, et malheureusement, Caitlin garda ses soucis pour elle, jusqu’à sombrer définitivement, et disparaître : au sens propre, comme au figuré.

Ses tentatives de contacter Cassandra depuis son retour en ville avaient lamentablement échoué. Caitlin s’était confrontée à un mur d’indifférence, mais elle ne baisserait pas les bras. C’était pour cette raison qu’elle se trouvait dans l’annexe près de l’Église, prête à auditionner pour la chorale dont son amie était la directrice. Sous les conseils de Christabella qu’elle avait récemment revue, il ne lui fallut pas longtemps pour imaginer son audition dans les moindres détails : elle arriverait devant Cassandra avec sa guitare à la main, s’assiérait sur un haut tabouret pour gagner de la hauteur et débiterait en mélodie les paroles de la chanson qu’elle avait soigneusement choisie, sachant qu’elle parlerait à sa meilleure amie. Caitlin n’avait pas chanté depuis des années, ce n’était pas important. Elle ne voulait même pas être admise dans cette chorale, elle voulait juste tenir une discussion avec Cassie, ce n’était pas trop de demander. Seulement maintenant, Caitlin n’était plus sûre de rien. Les lèvres pincées, perdue dans sa réflexion, elle vit un paquet de chewing-gum à la fraise se tendre vers elle, tenu par une main bourrue qui insista en agitant les tablettes parfumées sous son nez. Le garçon d’à côté lui demanda du regard si elle en voulait. Dans un sourire poli, Caitlin déclina, détournant son regard de l’autre côté, sentant son estomac se contracter douloureusement. Elle remarqua qu’elle serait la dernière à passer, ce n’était pas la position la plus facile, mais elle n’avait pas le droit de faire marche arrière. À côté d’elle, le garçon mâchait bruyamment, rappelant à Caitlin qu’elle n’avait pas déjeuné, ce midi. Derechef, elle se promit de passer à la boulangerie pour pallier à la faim qui soudain se mit à tenailler son estomac vide « Bonne chance. » lui dit-on, l’obligeant à tourner la tête vers la droite. Le garçon lui sourit chaleureusement, prêt à en découdre. Il colla son chewing-gum sous sa chaise, s’essuya la bouche d’un revers de manche, ce qui fit rire Caitlin. Il inspecta une toute dernière sa tenue suspecte, se dirigeant d’un pas conquérant vers la porte encore fermée. Il lui jeta un dernier regard à la brunette qui hocha la tête avec bienveillance pour lui donner du courage. Elle récita même une prière silencieuse pour qu’il réussisse son test et quand il referma la porte derrière lui, elle se leva d’un bond en posant ses deux mains moites sur son visage, ses talons claquant au rythme des allers-retours qu’elle se mit à faire dans le vestibule, la crinoline de sa jupe tournoyant à chaque détour. Elle se répéta les paroles de sa chanson dans la tête, joignit ses mains sur son ventre qui grouilla férocement, et une fois qu’elle entendit son nom, elle se figea, tendue. Cette fois, tout était passé trop vite, elle n’était pas aussi prête qu’elle le pensait. Pourtant, Caitlin se redressa, inspira une bouffée de l’air étouffant qu’elle bloqua dans sa poitrine et sur le chemin qui la menait jusqu’à sa guitare, elle implora Dieu de lui laisser la chance de faire ses preuves. Sauf qu’elle savait qu’il n’y pouvait rien, cette fois. C’était Cassandra le maître de son destin.

Caitlin rentra dans l’annexe, sa guitare à la main, et sans attendre, se présenta devant Cassandra qui avait le nez plongé dans ses notes « Bonjour, Caitlin Rosenberg. » dit-elle avec sobriété, attirant son attention. Leurs yeux se croisèrent enfin. Après tant d’années, son visage n’avait pas changé, elle était forcée d’admettre qu’elle était encore plus belle qu’avant, plus angélique encore – si c’était possible. Caitlin sourit timidement, rapprochant ses pieds au sol « J’ai apporté ma guitare, je ne savais pas si vous aviez votre propre groupe, j’ai pensé que c’était une bonne idée. » Elle se tourna à demi vers les musiciens derrière elle, les avertit avec une douceur naturelle « Je n’aurai pas besoin de vos services, messieurs, mais si l’envie vous dit de faire les chœurs, ça sera avec plaisir. » À eux aussi, elle leur sourit, les gratifiant d’un clin d’œil aimable. Puis, elle coula un regard à Cassandra, impassible. Son expression était indéchiffrable, Caitlin préféra d’ailleurs ne pas s’y attarder, son cœur ne pouvant supporter la possibilité qu’elle veuille la congédier sans même la laisser chanter. Passant la sangle de son instrument autour de ses épaules délicates avant de jeter un regard autour d’elle, elle s’avança vers le tabouret posé un peu plus loin et l’approcha au centre de la scène, puis se glissa sur l’assise pour prendre place, croisant avec élégance les jambes pour maintenir sa guitare en équilibre. Avant toute chose, Caitlin marqua un court temps et par habitude, récita tout doucement « Trois, quatre. » Et se mit à jouer sans effort, battant la mesure avec son pied suspendu dans le vide. Elle se concentra sur les cordes et pour de bon, commença enfin sa chanson « I used to think one day we'd tell the story of us, how we met and the sparks flew instantly. People would say, "they're the lucky ones". » Plus lente que la vraie version, cette chanson, Caitlin savait que Cassandra l’aimait beaucoup, tout comme son interprète originale. Ce n’était pas un hasard si elle avait porté son choix sur cette dernière : elle était parfaite. Sa voix mélodieuse interrompant la quiétude des lieux, elle continua, les yeux toujours rivés sur ses doigts agiles qui brodaient les cordes « I used to know my place was a spot next to you, now I'm searching the room for an empty seat 'cause lately I don't even know what page you're on. Oh, a simple complication, miscommunications lead to fall out. So many things that I wish you knew, so many walls up I can't break through. » Le rythme s’accélérant, Caitlin durcit ses gestes, levant le regard pour affronter celui de Cassie. Le refrain arrivant, elle monta d’une note pendant que les musiciens derrière harmonisèrent leurs voix masculines avec la sienne ; aérienne, céleste « Now I'm standing alone in a crowded room, and we're not speaking. And I'm dying to know, is it killing you like it's killing me ? I don't know what to say since a twist of fate when it all broke down, and the story of us looks a lot like a tragedy now. » Respectant les accords originaux, elle donnant trois impulsions pour créer trois coups réguliers, et de sa voix parlée, elle conclut le refrain « Next chapter. »
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Cassandra Hamilton
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptySam 19 Jan - 22:47

Preuve que Cassandra avait cédé à la lassitude, le détachement avec lequel elle avait annoncé le candidat suivant ne l'avait même pas fait frémir de contrition. Au contraire, égarée dans sa monotonie elle exécutait des mouvements instinctifs qui trahissaient son manque de patience. Qui aurait cru qu'un jour, Cassandra Hamilton, dont la mansuétude n'avait d'égale que son exigence, se retrouverait dans cette position, à juger des gens comme si elle pouvait prétendre à ce rôle. Longtemps elle s'était répétée et avait répété aux autres, aux pécheurs et pécheresses de McKinley qui se faisaient un malin plaisir de faire montre de leur mépris pour les conventions, que malgré son apparent dédain elle réservait à Dieu le droit de les juger. Aujourd'hui le contexte était différent, mais au final n'était-ce pas présomptueux de sa part de décider de qui était digne ou non d'intégrer les rangs pas si convoités que ça de sa chorale ? Elle aurait bien délégué cette tâche à Joanna, mais la part démesurée de bonté en elle lui intimait justement de la superviser, de peur que le manque de scrupules de sa collègue ne fasse davantage offense à Dieu que son insolente présence. Ironie du sort, voilà qu'à présent elle était la seule à détenir entre ses mains le destin artistique de ces personnes, qui pour la plupart la dépréciaient bien plus qu'elle ne le faisait. Heureusement, la léthargie dans laquelle l'avait mise la prestation précédente la rendait incapable d'éprouver le moindre remord, et c'était bien pour cette raison uniquement qu'elle se permettait un tel écart de conduite en ne daignant même pas lever les yeux, comme si de toute manière sa parole était d'or et son ouïe assez fine pour jauger le talent.

De prime abord la voix de la jeune femme - c'était ce qu'elle en avait déduit - ne stimula pas davantage son attention mais, comme si d'un coup on venait de l'asperger d'une eau glaciale pour la voir se réveiller d'un sommeil inapproprié, son nom lui fit l'effet d'un coup de fouet qui claquait à quelques centimètres de ses précieuses oreilles. Son cœur fit instantanément un bond dans sa poitrine, puis se mit à battre à un rythme effréné, vivace à nouveau après sa fugace hibernation. Cassie ferma alors les yeux, la tête toujours penchée au dessus de sa feuille, comme pour se persuader qu'elle avait finalement cédé à son ennui et que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve que lui envoyait Dieu pour souligner l'inconvenance de son comportement. Les secondes s'égrenaient dans son esprit tandis qu'un silence aussi bref qu'apaisant avait décidé de s'installer. Son répit fut de courte durée, puisque la douceur de la voix de Caitlin résonna à nouveau, comme un bruit lointain que Cassandra ne parvenait à identifier. Il lui semblait qu'elle perdait totalement ses moyens et que d'un instant à l'autre son cerveau déciderait de s'interrompre pour lui épargner la peine de ces retrouvailles peu fortuites. Elle parvint pourtant à se calmer, même si ses mains moites témoignaient de son malaise et, lentement, leva les yeux vers la coupable de cette angoisse momentanée.

Caitlin n'avait presque pas changé. Ses cheveux aux boucles parfaitement dessinées contrastaient toujours autant avec les siens, tandis que dans ses yeux brillait cette même lueur de désolation. En revanche elle semblait être en meilleur forme. Sa silhouette avait repris des formes, dessinant dorénavant des courbes de femme qu'elle n'avait pas auparavant, et son teint paraissait moins livide. Elle était tout simplement en vie.
Durant de longues années Cassie avait échafaudé le scénario de leurs retrouvailles. Lorsqu'elle était encore au lycée, elle se surprenait à sortir à l'extérieur après les cours et à chercher désespérément autour d'elle un visage familier. Comme une enfant innocente qui attendait le retour de son défunt père, elle se levait chaque matin en s'exaltant du caractère nouveau de cette journée et du lot de surprises qui allait avec. Puis elle rentrait bredouille, sans pour autant se laisser abattre par la mélancolie. Les jours passaient et sa foi de revoir Caitlin dépérissait. Lorsqu'elle avait appris la raison de son départ précipité, elle avait immédiatement sombré dans les regrets. Une partie d'elle, trop importante malheureusement, la blâmait pour cette tragédie. Mais à l'époque, malgré une maturité plus élevée que la moyenne de McKinley, elle était encore trop naïve pour accepter la responsabilité de ses actes. Elle s'était persuadée que Caitlin finirait par revenir et qu'elle lui pardonnerait ce silence coupable et cet isolement auquel elle l'avait contrainte.

Pour l'heure, Cassie avait totalement oublié l'effet qu'aurait dû produire en elle la vision de son amie. La culpabilité que le temps avait fini par balayé avait aussitôt refait surface et elle en voulait presque à Caitlin de lui balancer à la figure sa présence pourtant plus que salutaire à ses yeux. Sûrement avait-elle décidé d'auditionner pour assouvir une quelconque vengeance, pour la noyer sous les regrets avant de s'en aller non sans faire comprendre que ce n'était que le commencement. Tellement absorbée par ses rocambolesques spéculations, elle en avait même oublié jusqu'à la raison de sa présence ici. Les notes de guitare ne tardèrent pas à la mettre sur la piste avant que la voix de Caitlin ne lui parvienne comme un énième coup de massue. Le timing, le choix de chanson, tout avait parfaitement été orchestré pour lui reprocher le mal qu'elle avait bien pu faire autour d'elle. Il avait pourtant été clair qu'en revêtant l'uniforme rouge et blanc Caitlin avait tacitement fait une croix sur leur amitié, mais malgré tout son internement aurait dû déclencher en elle une alarme automatique. Qui des deux n'était pas digne de l'amitié de l'autre ? C'était une question qu'elles se posaient respectivement.

"Tu peux t'arrêter maintenant merci." ordonna-t-elle avec l'indifférence qu'incombait à son rôle de jury. Pourtant elle s'en voulait de ne pas avoir adopté un ton plus avenant, ne serait-ce que pour communiquer une bienséance à laquelle elle faisait profiter tout le monde. Pour se rattraper elle esquissa un maigre rictus qui se détendit aussitôt. Une forme de politesse, rien de plus. "Je veux dire, c'est suffisant." se défendit-elle, abaissant le regard vers la surface de la table. "C'était très bien Caitlin." ajouta-t-elle, la gratifiant cette fois-ci d'un regard plus assuré. "Mais pourquoi avoir choisi cette chorale ?" demanda-t-elle, comme si c'était une question à laquelle chacun était soumis. Certes elle voulait connaitre ses motivations mais elle voulait également que cela sonne comme un reproche. Elle voulait que Caitlin se rétracte et lui avoue être l'auteure d'une mauvaise farce. Elle le méritait.
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptyMar 22 Jan - 15:55

Les intentions de Caitlin concernant son audition chez les Second Chances étaient simples : elle voulait parler à Cassandra de vive voix et ne plus être confrontée aux excuses que lui fournissaient ses parents lorsqu’elle appelait à la maison pour pouvoir s’entretenir avec elle. Ne plus retomber sur sa messagerie vocale sur laquelle elle ne s’entêtait même plus à laisser de messages, sachant que malgré ses sincères supplications et les nombreux rendez-vous qu’elle lui avait donnés, Cassandra ne la rappellerait pas. Elle qui l’avait connue pourvue d’une mansuétude exemplaire avait été surprise de constater qu’elle devait avoir changé. Caitlin ne méritait sans doute pas qu’on soit indulgent avec elle. Elle avait dû faire vraiment beaucoup de mal à Cassandra pour ne plus avoir autant de crédit à ses yeux. Toutefois, Caitlin voulait la voir, lui parler, lui faire comprendre qu’elle savait qu’elle avait fait des erreurs et qu’elle était prête à s’excuser si c’était ce que son amie attendait pour de nouveau mériter sa confiance. Christabella l’avait conduite à penser que la prendre par surprise serait une bien meilleure alternative aux efforts qu’elle fournissait depuis son retour à Lima. Se rangeant du côté de sa camarade de lycée, c’était avec l’assurance d’en ressortir grandie ou tout du moins fixée qu’elle s’était décidée à faire un pas en plus vers la jeune femme, ne parvenant pas néanmoins à savoir à quoi elle devait s’attendre exactement. Caitlin était la source de leur brouille, l’unique responsable de leur éloignement. Elle avait si mal agi en voulant voler de ses propres ailes en rejoignant les cheerios, elle avait longtemps vécu avec cette culpabilité, le poids d’avoir inconsciemment mit un terme à une amitié qui durait depuis le jardin d’enfants et à laquelle elle tenait plus que tout. Ce n’était pas chose facile, et tous les jours, elle s’était demandé ce qui n’allait pas chez elle pour avoir autant besoin de se fondre dans la masse et d’être considéré comme une fille comme les autres. Finalement, elle avait été punie : sa maladie en attestait. Elle n’avait pas accepté qui elle était, elle avait voulu changer pour plaire aux autres, alors que sa destinée semblait toute tracée. Qui était-elle pour mettre en doute la providence, c’était d’une arrogance qu’elle ne se connaissait pas, et maintenant qu’elle l’avait compris, elle travaillait sur elle pour gommer son impertinence et se faire pardonner auprès de ceux qui croyaient en elle avant même qu’elle ne devienne cheerleader. Cassandra était en tête de liste, bien avant Dieu qui, malgré ses maux, l’avait accompagné. Auprès de lui, elle avait su se repentir et il ne la laissa pas tomber, lui remontrant la bonne direction à suivre. Depuis, elle lui vouait une fidélité qui n’avait fait que s’intensifier à chacune de ses prières, à chacune de ses visites à l’église. La seule personne qu’elle savait aussi clémente que le Seigneur, c’était Cassandra Hamitlon, mais elle n’était plus sûre de rien maintenant, et c’était à l’aveugle qu’elle avançait, croyant prier suffisamment fort pour avoir la chance de revoir un jour la lumière.

Investie dans sa chanson, Caitlin passa les couplets sans ne jamais faillir à son objectif : avoir l’attention de Cassandra, ce qui fut le cas puisque son regard était rivé sur elle. Les expressions sur son visage angélique étaient indéchiffrables. Caitlin tenta plusieurs de se glisser dans ses pensées, mais sa concentration était dirigé vers sa guitare, elle abandonna très vite cette idée, ayant trop peur d’échouer. Comment aurait-elle réagi si les rôles avaient été inversés ? Elle n’avait cessé de se poser la question pendant de nombreuses années, puis elle avait vu la réalité en face bien avant de se laisser bercer par des illusions. Cassandra, à sa place, n’aurait jamais essayé d’être comme les autres, car elle était droite et fière de qui elle était, de ce qu’elle représentait. Elle n’avait pas honte d’être différente, d’avoir des principes d’un autre temps et d’être vue comme quelqu’un d’à part. C’était la grande différence qu’il y avait entre elles, ce qui les avait séparées. Lorsque Cassandra lui demanda de s’arrêter, sa voix cristalline dérailla en même temps que ses doigts sur les cordes de sa guitare et gênée par cette coquille, Caitlin baissa brusquement la tête, ses pommettes se colorant lentement. Voilà, elle allait la renvoyer. Son ton avait été des plus brefs, il n’y avait aucun doute là-dessus. Se sentait-elle prête à la contredire et à refuser de partir ? Parviendrait-elle à reprendre le dessus et à taper du poing sur la table pour ne pas laisser filer cette occasion qu’elle avait pour enfin s’expliquer ? Le sang battant à ses tempes, Caitlin eut l’impression de ne plus avoir à faire à une amie, mais un juge qui s’apprêtait à lui faire les pires reproches de la terre et son cœur s’affola, cognant si fort dans sa poitrine qu’elle n’aurait pas été étonnée d’entendre ses battements se répercuter en écho dans toute la salle. Par politesse, la jeune femme se leva de son tabouret, précautionneusement en plissant le tissu de sa robe devant elle et tenant fermement le manche de sa guitare entre ses mains. Cet instant, elle en avait rêvé, ce moment où elle oserait élever la voix et demander à Cassandra de la laisser parler, où elle pourrait se libérer de ce poids qui l’empêchait de respirer. Sa bouche devint pâteuse, elle devait le faire pourtant et prenant une courte inspiration, elle commença :

« Cassandra, je… » Un filet de voix ridicule provint de sa bouche, la faisant rougir davantage, alors que la jeune femme la prit de court en lui demanda pourquoi elle avait choisi cette chorale. Les musiciens derrière elle remuèrent, se raclèrent la gorge, dans l’attente. Ce silence qui s’installa lui donna un petit coup de chaud, si bien qu’elle sentit sa lèvre supérieure perler, sa robe lui coller sur le ventre ; elle était revenue au lycée, quand le professeur d’histoire lui avait demandé de faire son exposé et que mal à l’aise dans son uniforme de cheerio, elle n’avait pas été capable de prononcer un seul mot, alors qu’il se bousculait dans sa tête, et qu’elle connaissait par cœur ses fiches. Tout le monde s’était demandé ce qui lui arrivait, jusqu’à ce qu’elle s’effondre et qu’on soit obligé de l’emmener à l’infirmerie de toute urgence : elle n’avait rien avalé depuis trois jours. Jamais Caitlin n’avait perdu ses moyens de cette façon, pas devant quelqu’un qu’elle considérait comme étant important à ses yeux. Sa gorge lui brûlait, trop sèche, et le frottement du tissu des vêtements des membres de l’orchestre était désagréable à l’oreille, le moindre son semblait amplifié dans cette minuscule annexe. Fermant brièvement les yeux, Caitlin bloqua la respiration dans sa poitrine, sachant pertinemment que Cassandra ne tarderait pas à s’impatienter, et prenant sur elle, elle déglutit difficilement avant de murmurer « Je… je voulais juste te voir. C’est Christabella qui m’a dit que tu étais directrice de cette chorale. Elle m’a parlé des auditions, ça m’a paru être une bonne idée de m’y présenter. » Elle rouvrit les yeux, nerveuse au point qu’ils se bordèrent de larmes « J’avais besoin de te voir pour discuter, Cassandra. Je t’ai laissé plusieurs messages, mais tu ne m’as jamais rappelée. » Elle marqua une pause « J’ai… j’ai cru que si je ne te laissais pas le choix, tu consentirais peut-être à m’écouter. » avoua-t-elle enfin en baissant la tête, honteuse.
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptySam 2 Fév - 14:37

La grimace de douleur de Caitlin lui fendit aussitôt le cœur. Elle n'était pas si apparente, mais les années passées à ses côtés avaient largement suffit à amplifier une empathie qu'elle ressentait pour à peu près tout le monde. Cette vérité lui faisait d'autant plus mal que Caitlin n'avait eu à priori aucun remord à la repousser de sa vie pour, paradoxalement, occuper encore moins de place. Cassie se souvenait avoir fait des efforts pour essayer de se fondre dans la masse de McKinley. Elle n'avait pas crié sur les toits ses croyances incongrues ou tenté d'évangéliser le lycée. Elle avait simplement essayé de projeter la partie d'elle-même dont elle était la plus fière, celle dont ses parents semblaient être fiers du moins. Mais le rejet qu'elle avait dû subir avait remis en cause cette assurance qu'elle feignait à la perfection et ses maigres efforts pour un jour appartenir à ce monde qu'elle avait longtemps idéalisé. Caitlin en revanche y était parvenue, au prix de leur amitié et de sa propre dignité. Elle aurait pu lui parler de ses projets d'intégrer les Cheerios, lui confier comme c'était important pour elle d'être remarquée pour des exploits qui n'étaient foncièrement pas les siens. Mais son silence avait été révélateur : il n'était pas question de partager ce défaillant projecteur avec quelqu'un, au risque de ne pas briller assez. Bien heureusement le court de leurs vies respectives avait continué et tandis que Caitlin s'amusait à rire de farces qui l'attristaient, Cassandra avait noué de nouvelles amitiés véritables.

Son ton n'avait trahi aucune amertume, aucune mélancolie ou nostalgie pour un temps qui était clairement révolu. Il ne s'était pas voulu mordant non plus, simplement juste. Ces questions elle se les posait véritablement. Pourquoi choisir, après 6 années de silence consenti, de s'imposer sur la scène de sa propre histoire ? Cette apparition soudaine avait éveillé une curiosité omniprésente. Même si elle en voulait toujours à Caitlin - et qu'elle s'en voulait de l'avoir abandonnée par la même occasion - la partie de son être qui demeurait attachée à leur passé mourrait d'envie de savoir où toute cette pression avait mené son ancienne amie. Cassandra mettait l'accent sur ce mot : ancienne. Elle ne doutait pas de la légitimité de sa présence, ni de celle de ses excuses, et nul n'ignorait que sa clémence était sans limite, mais le pardon n'imposait pas forcément de reprendre les choses où elles en étaient.
Malgré l'apparente bonne santé de Caitlin, Cassie nourrissait la crainte de la voir s'effondrer à nouveau sur l'estrade sans pouvoir rien n'y faire. La première fois que c'était arrivé elle avait bien entendu accouru mais on lui avait spécifié qu'elle n'était pas en mesure de la suivre dans son tragique périple. Puis les heures avaient passé, les plus longues de sa vie, et elle avait eu le temps de réaliser que son affabilité n'était plus réellement la bienvenue. Ce fut à partir de ce moment qu'elle avait commencé à entretenir l'espoir de la revoir un jour. Jusqu'à ce que la flamme de sa naïveté ne s'éteigne.

Lorsque Caitlin prit enfin la parole, un sentiment de soulagement certain parvint à détendre ses muscles crispés par un futur imprévisible. Malheureusement le seul mot qu'elle retint fut Christabella qu'elle associa immédiatement à traitrise. Si Ashandra ignorait tout de l'existence de Caitlin, Christabella était au courant de la relation qu'elles avaient entretenue et du mal réciproque qu'elles s'étaient infligées. Sûrement avait-elle pensé faire le bien en forçant la croisée de leurs chemins mais Cassie vivait cette réalité comme un affront. Elle n'aimait pas que quelqu'un d'autre que Dieu s'amuse avec les ficelles de son destin, Joanna en avait bien trop usé. Un froncement de sourcil vint obscurcir son visage. Pensive, elle se souvenait alors que les petites manigances de Joanna avaient permis à Ashandra et elle de se réconcilier. Seulement c'était différent avec Caitlin. Elles n'étaient plus amies depuis des années et l'absence de l'autre n'avait depuis longtemps plus eu d'impact sur leurs vies. "Depuis quand Christa et toi complotez ensemble ?" siffla-t-elle sans même dissimuler le grotesque de ce fait. "Je ne t'ai jamais rappelée parce que ça me semblait absurde... on aura beau essayer il y a trop de verre brisé dans notre relation, ça ne sera jamais comme avant. Je pensais te faire une faveur en te préservant de ces mauvais souvenirs. C'était mieux pour nous deux." argumenta-t-elle en faisant signe à l'orchestre de disposer, non sans les gratifier d'un sourire de remerciement. "Mais tu as eu raison, je n'ai de toute évidence pas le choix de t'écouter n'est-ce pas ? Après tout je suis coincée ici." dit-elle en hochant les épaules, maudissant intérieurement Joanna de l'avoir abandonnée à son sort. Le pire dans cette histoire, c'était que Caitlin ferait une parfaite recrue dans leurs rangs. Joanna en aurait témoigné et n'aurait pas hésité à faire l'éloge de son physique avantageux comme si c'était la chose qui importait le plus. C'était vrai, les filles de Second Chances étaient toutes pourvues d'une beauté spécifique. Pas une beauté dont elles étaient conscientes et qu'elles chérissaient, mais une beauté inconsidérée. Caitlin finirait bien par ajouter sa pierre à l'édifice mais cela ne voulait pas dire pour autant que leur amitié brisée devait en tirer profit.
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptyLun 11 Fév - 1:59

Debout face à Cassandra, Caitlin se maudissait.
Elle se maudissait avant tout d’être aussi fragile. Elle n’était pas apte à mettre en pratique les nombreuses heures qu’elle avait passées à peaufiner son discours face aux statues de marbre du musée Allen. Elle avait mis du cœur à l’ouvrage pourtant, s’y rendant quotidiennement depuis son retour à Lima. Elle était d’ailleurs convaincue que les consciencieux vigiles de la majestueuse galerie la prenaient pour une illuminée désormais, et s’attendait à s’y voir refuser l’accès. Ça lui était égal, puisque ses arguments avaient trouvé écho auprès de son auditoire, composé en majeure partie de blocs de pierre savamment taillés qui ne pouvaient pas lui répondre, certes, mais qui ne s’étaient pas brisés en mille morceaux non plus à l’écoute des sincères excuses destinées à Cassandra. Ne s’agissait-il pas d’un signe ? Ce constat la consolait, la conduisant même à penser qu’elle parviendrait à retrouver grâce auprès de Cassie. Satisfaite par son laïus, elle n’y avait apporté aucune modification depuis. Caitlin n’avait pas douté, elle était venue avec son lumineux dessein qui sommeillait dans son âme mutilée. Du moins, ça, c’était avant de se confronter à l’ange Cassandra. Sublimée par les reflets du soleil dardant le long de l’annexe, le contre-jour éblouissant accentuait le côté céleste de la blonde. La couleur de ses longs cheveux qui encadraient son visage magnifiait la finesse époustouflante de ses traits, se mariant à la perfection à son teint de porcelaine. Ce détail fit renaître chez la jeune femme ce sentiment familier d’admiration qui l’avait à de maintes reprises poussées à boire ses paroles. Aujourd’hui, elle constatait que même les silhouettes pétrifiées du musée lui semblaient plus chaleureuses que son amie.
Elle se maudissait aussi de n’avoir rien avalé de la matinée. Elle se sentait si faible, au bord du collapsus. C’était comme si l’émotion qu’elle ressentait à la seule idée de se confronter à Cassandra lui nouait l’estomac. Au petit-déjeuner, rien n’était passé, c’était à peine si elle avait osé avaler un verre d’eau par crainte de le rendre sur le plancher. Ne pas manger, végéter jusqu’à ce que la faim soit si insupportable que même reprendre sa respiration lui demandait un effort considérable, Cailtin en avait pris la mauvaise habitude, autrefois. C’était du passé, ça ne s’était plus jamais produit depuis sa sortie de l’institut, car elle était rétablie pour de bon, les médecins l’avaient certifié. Néanmoins, elle ne pouvait ignorer les symptômes de cette puissante montée de stress. Elle devrait en parler à quelqu’un, mais que lui dirait-on ? Qu’elle n’avait rien à craindre, qu’il s’agissait seulement de Cassandra Hamilton, son amie. Celle avec qui elle avait ri, celle avec qui elle avait pleuré, celle qu’elle aurait aimé avoir comme sœur. Au final, c’était ça qui était le plus difficile à admettre, parce qu’au centre même de l’action, le cœur porté en bandoulière, Caitlin s’apercevait une bonne fois pour toutes, ayant nourri un vif espoir pendant trop longtemps, qu’elle s’était trompée, et que rien ne serait jamais plus comme avant.

Cassandra en personne venait d’anéantir le peu d’espérance qui maintenait encore Cailtin sur ses deux pieds. Elle confirma l’évidence, comme si ça n’avait aucune importance pour elle, comme si Cailtin avait été stupide de penser qu’elle pourrait recoller les morceaux. L’impression de tomber à la renverse ébranla la brunette, brisant le maintient impeccable de ses épaules et ébréchant son cœur un peu plus. Soudain, elle eut soif, présageant que les larmes qui bordaient ses yeux tristes ne tarderaient plus à couler. Cassandra avait toujours été d’une nature intègre, si bien que l’honnêteté avait une place prépondérante dans sa façon d’envisager ses rapports avec les autres, mais pour le coup, Caitlin n’aurait pas dit non à un peu d’hypocrisie. L’intransigeance avec laquelle Cassandra s’adressait à elle lui fit baisser momentanément la tête et se demander si elle devait tendre l’autre joue. Elle le devait, elle avait fait le chemin jusqu’ici, elle accepterait son châtiment. Cependant, avant d’objecter, elle crut bon mettre les choses au clair concernant son entrevue avec Christabella. Dans un soupir audacieux, elle releva le menton pour reprendre la parole.

« Nous n’avons pas comploté, Cassie. Nous nous sommes croisées par hasard à l’université, j’y prends des cours de poterie après le lycée. » Faire dans le détail n’était pas nécessaire, elle s’en aperçut. Pour garder bonne constance, elle se tourna pour déposer sa guitare sur le tabouret sur lequel elle s’état assise plus tôt, ajoutant « Puisque tu ne consentais pas à prendre mes appels, elle m’a gentiment donné de tes nouvelles. A ce propos, je tiens à te féliciter pour tes fiançailles. » Sa gorge était serrée, sa bouche atrocement sèche. Seulement, elle devait maintenir le cap, et elle pivota de l’autre côté pour regarder Cassie. Ne pas se faire happée par son charisme transcendant, ne pas se laisser impressionner par cette étrangère impassibilité devinrent alors ses priorités, et pendant qu’elle se redressait avec une grande élégance, elle se somma de ne pas flancher. Ses yeux rencontrèrent une carafe d’eau posée sur le bureau de Cassandra, Caitlin la pointa d’un doigt déterminé, bien que tremblant « Je peux ? » demanda-t-elle timidement puis, elle s’approcha pour se servir un verre qu’elle dévala d’une traite, songeant à la manière la plus adéquate avec laquelle elle pourrait rebondir sur les propos formels de la jeune femme. Gardant le verre entre ses mains moites, Caitlin laissa le silence s’installer, faisant vadrouiller ses pupilles brunes au fond de l’annexe si paisible que cela en devenait inconfortable. Le seul bruit de l’anneau qu’elle portait à l’index droit frottant contre le verre dérangeait la quiétude, et après une longue minute de réflexion, elle ferma les yeux en respirant profondément « Tu as raison, plus rien ne sera jamais comme avant. Je n’attends pas de toi que tu me pardonnes, je sais que ce n’est pas possible. » Sa voix se brisa, elle se racla la gorge, rouvrant les yeux qu’elle plissa derechef à cause de la violence de la lumière, et reposa le verre sur la table. Elle osa affronter le regard de Cassandra, secouant la tête par intermittence pour accompagner ses propos « J’ai fait des erreurs, je le regrette. J’ai été vaniteuse, je m’en suis aperçue que des années plus tard. Je n’ai jamais voulu te faire de mal, quoi que tu en penses. » Un instant, elle laissa son regard plongé dans celui de la blondinette, quand un mince sourire se dessina au coin de sa bouche, et qu’elle chuchota « C’est un peu timide comme plaidoyer. Tu as toujours été plus douée que moi pour les monologues. »
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Cassandra Hamilton
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Age : 26 ans
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptyJeu 14 Fév - 16:12

L'estrade qui séparait Cassandra de Caitlin ne lui avait jamais paru si dérisoire. Paradoxalement elle avait ce sentiment oppressant que toute l'attention était dirigée vers elle alors qu'elle était celle qui pouvait jouir d'une moindre exposition. La lumière qui illuminait la scène et irradiait Caitlin n'était plus qu'un halo incertain tandis que sur la table où ses mains étaient courtoisement posées à plat se reflétaient les divers motifs et couleurs des vitraux. Cassie ne doutait pas que Caitlin se fourvoyait totalement mais elle n'était pas capable de laisser s'exprimer une colère qu'elle savait injuste. Elle n'en voulait plus à la brune de l'avoir abandonnée à son sort des années plus tôt, elle lui en voulait simplement de la mettre devant le fait accompli. C'était purement ridicule, Cassandra était sans doute la première qui aurait pu se vanter d'une clémence presque infaillible et pourtant Caitlin s'efforçait de lui montrer ses limites. La raison de sa présence demeurait un mystère qui pesait de plus en plus sur sa patience discutable. Cette irraisonnable envie qu'avait Caitlin de se justifier témoignait d'un mal dont Cassandra ne l'avait jamais accablé. Avec le temps, les ressentiments finissaient par disparaitre au profit d'une indifférence justifiée. Le temps avait largement eu le temps de balayer le moindre remord qui subsistait dans son esprit pour la hanter de maux nouveaux dont elle aurait pu se passer également. A cet instant, Cassie en voulait à Caitlin, mais pas pour les raisons qu'elle pensait. Elle lui en voulait simplement de réveiller en elle un chagrin que l'âge amoindrissait.

Chacune semblait se produire sur la scène de son propre théâtre, où l'absence de décor attestait de l'importance de leurs discours. Dans son esprit troublé, Cassandra se préparait déjà à réciter une tirade poignante devant un public unique. Une tirade que lui inspirait chaque propos de son interlocutrice et qu'elle nourrissait de sa grandissante et pourtant infime animosité. Elle écoutait alors les justifications de Caitlin comme elle aurait écouté celles de Summer Davis après toutes ces années. Tout ce cirque était absolument grotesque et superflu. Cassandra s'en voulut d'ailleurs de ne pas lui avoir davantage laissé le temps de lui chanter une chanson qu'elle savait lourde de sens pour ensuite la féliciter de son intégration chez les Second Chances avant d'annoncer le prochain candidat. Malheureusement elle la soupçonnait d'être la dernière, sinon elle aurait eu assez de jugeote pour reporter ce plaidoyer à plus tard. Elle trouvait très curieux le fait qu'elle puisse croiser Christabella par hasard à l'université alors qu'elle-même n'avait jamais pu en dire autant. Dans un sens elle remerciait Dieu de ne pas avoir croisé Caitlin "par hasard" dans le parc universitaire, parce qu'elle n'était pas certaine d'avoir eu la capacité de retrouver une concentration décente après un tel évènement. Aujourd'hui au moins elle n'avait qu'à ajourner la session d'audition et à se lamenter auprès de Grace qui, elle n'en doutait pas, lui murmurerait des conseils avisés qu'elle n'avait pas envie d'entendre. A cet instant elle avait simplement besoin de Jeremy et de son oreille attentive... juste d'une oreille.
Après le lycée disait-elle ? Cassandra esquissa un rictus hypocrite, dans la mesure où elle savait qu'elle était censée être au courant du retour de Caitlin à Lima. Après tout elle avait très certainement glissé ces informations dans les quelques coups de téléphone qu'elle avait bien pu recevoir. Mais la première fois qu'elle avait écouté sa messagerie vocale et qu'elle était tombée sur la voix familière de Caitlin, son cœur s'était serré et lui avait immédiatement intimé de couper court à ce supplice. Depuis elle avait condamné ce numéro et présumait que les messages vocaux s'amoncelaient dans la mémoire de son téléphone comme le feraient des lettres importunes dans sa boîte aux lettres. "C'est amusant qu'on ne se soit jamais croisées dans ce cas." souligna-t-elle avec ironie. Le mot fiançailles acheva de la déstabiliser, sans pour autant que son expression de placidité ne s'efface. Encore un fiasco que Caitlin lui balançait à la figure avec les meilleures intentions du monde. Elle se contenta de la remercier au moyen d'un sourire contrit. Elle opina imperceptiblement lorsqu'elle lui demanda la permission de se servir de sa carafe d'eau. Bien évidemment qu'elle pouvait, Cassie n'avait pas envie que cette entrevue se termine sur un lit d'hôpital. Les années avaient beau passé, elle voyait toujours Caitlin comme cette fille fragile qu'elle n'était plus de toute évidence.

Le silence qui s'était installé n'était qu'une preuve de plus de la distance qui s'était creusée entre elles. Lorsque Caitlin le brisa enfin pour souffler une fois de plus des mots d'excuse inefficaces, Cassie sut alors que c'était à elle de se produire sur la scène de leurs retrouvailles pour s'épancher sur son propre plaidoyer. "Je te pardonne Caitlin." avoua-t-elle abruptement, comme si ces mots étaient la panacée qui suffirait à ce que Caitlin disparaisse de son champ de vision. "Je t'ai pardonnée depuis longtemps, si cela peut t'aider à te sentir mieux. Mais ça ne change rien à la rupture de notre amitié. Nous avons toutes les deux fait des erreurs, nous avons toutes les deux été indignes de l'autre, et peut-être que les choses devaient se passer de cette façon... enfin, pas de cette façon." rectifia-t-elle pour ne pas signifier que les malheurs de Caitlin étaient mérités. "Je te pardonne comme j'ai pardonné l'absence de dignité des Cheerios ou le mépris qu'elles éprouvaient pour moi et mes idéaux d'un autre temps. J'ai pardonné à l'ancien copain de Christa pour l'avoir écartée du droit chemin et à tous ceux qui ont quitté le Celibacy Club quand la pression était trop difficile à supporter. Mais ce n'est pas important, nos relations restent inexistantes. J'aimerais que ce soit de même pour les nôtres." confia-t-elle, la gorge nouée et le cœur battant la chamade. Il valait mieux que Caitlin la déteste plutôt que l'inverse.
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptyDim 24 Fév - 15:54

Tout le courage qu’avait réuni Caitlin pour affronter sa meilleure amie, ou ancienne meilleure amie comme il semblait plus juste de qualifier Cassandra désormais, semblait se désagréger au fur et à mesure que les grands yeux clairs de cette dernière se posaient sur son visage qu’elle tentait de maintenir serein, en vain. La brune n’avait plus la force d’objecter face à la directrice des Second Chances qui parvenait, elle, à ne trahir aucune de ses émotions — elle aurait fait un modèle parfait pour le dessin, il n’y avait pas de doute. Caitlin en perdait ses mots, avait le ventre noué et lorsque que sa tentative de faire revivre leur complicité d’antan en glissant entre deux phrases une allusion à la verve naturelle de la blonde ne trouva pas racine dans la mémoire de la jeune femme, elle se sentit plus idiote que jamais. Elle était mise à nue face à ses erreurs ; face à l’erreur qui lui avait coûté la chose la plus précieuse à ses yeux. Il fut un temps où Caitlin avait d’emblée rangé son admission chez les Cheerios dans le carton des erreurs de sa vie mais en définitive, ça n’en était pas une. Si elle n’avait pas franchi le pas de la porte du gymnase de WMHS, si elle n’avait jamais auditionné, si elle n’avait pas été prise, elle n’aurait pas été la femme qu’elle était aujourd’hui. C’était vrai qu’elle avait beaucoup souffert, sa maladie s’était déclenchée à cette époque, ça n’était pas un souvenir agréable et elle devait gérer ses crises d’anxiété seule, la plupart du temps, mais elle ne devait plus se blâmer aussi durement qu’elle l’avait fait auparavant, car elle était devenue quelqu’un de bien. Il lui restait des choses à régler, des excuses à présenter, mais elle était parvenue à faire sa vie sans jamais revenir en arrière. Des regrets, elle en aurait toujours, comme tout le monde. Elle apprenait à vivre avec et finalement, c’était ça le plus important : apprendre de ses erreurs et les affronter, c’était exactement ce qu’elle était en train de faire et même si c’était douloureux, elle ne pouvait que se féliciter d’avoir le cran de mettre sa dignité de côté pour avouer qu'en effet, elle avait fauté. Évidemment, Caitlin ne pourrait jamais forcer Cassandra à voir la situation de son point de vue, elle savait que ce n’était pas possible, car Cassandra, dans toute sa mansuétude, n’était pourtant pas capable de comprendre pourquoi Caitlin avait eu autant besoin de se défaire de l’emprise de l’église et de ses principes. Elle, elle était à l’aise dans ce monde, elle y avait sa place. Tout son entourage misait sur son avenir dans ce milieu, c’était une évidence. Elle n’était pas aussi curieuse que le fût Caitlin, elle ne ressentait pas le besoin de sortir du carcan de ses croyances, elle était sûre d’elle et sa destinée semblait soigneusement écrite dans le livre de sa vie, ce qui n’avait jamais été le cas pour Caitlin qui était une suiveuse. Celle qu’on ne remarque pas parce qu’étouffée par la prestance d’une amie, d’une incroyable amie qu’elle avait aimée et maintes fois admirée pour sa droiture et sa retenue. Tout ça, Caitlin l’avait accepté jusqu’à son entrée au lycée, puis elle avait voulu elle aussi briller à sa manière, sans mesurer les conséquences de sa soif d’identification. Elle avait été vaniteuse, comme elle l’avait si bien dit.
Que Cassandra ne comprenne pas, cela lui faisait de la peine. Car de son côté, la brunette s’était à plusieurs reprises mise à sa place. Elle s’était torturé l’esprit pour ressentir au plus près ce que la jeune fille avait elle-même pu ressentir lorsqu’elle l’avait vu pour la première fois traverser les couloirs dans son uniforme, s’était doutée que ça n’avait pas dû être facile. Mais Cassandra, où en était-elle ? Pensait-elle que cela avait été facile pour Caitlin de rejoindre le camp adverse et qu’on lui avait tout offert sur un plateau d’argent dès son arrivée au sein de l’équipe des Cheerios, qu’elle n’avait pas souffert, elle aussi ? Caitlin ne savait pas. Bien sûr, elle connaissait Cassandra et ne doutait pas que ses intentions resteraient louables à son encontre, qu’elle n’essaierait jamais de lui faire du mal, mais la rancune qui voilait le son de sa douce voix fit comprendre à Caitlin que jamais elles ne retrouveraient ce qu’elles avaient eu à l’époque, et bien que ce fut douloureux d’être confrontée pour de vrai à cette évidence, elle comprit qu’il faudrait enfin qu’elle cesse de s’obstiner : tout était terminé.

L’entendre lui dire qu’elle lui avait pardonné ne soulagea pas Caitlin. Elle eut l’impression que ce n’était pas sincère et que Cassandra cherchait un moyen pour abréger ses souffrances sans se trahir et ne pas admettre qu’elle aussi avait eu sa part d’erreur dans cette malheureuse histoire. Puis enfin, elle avoua qu’elles avaient toutes les deux faits des erreurs, mais encore une fois, cela ne sonnait pas aussi juste que cela aurait dû. Caitlin avait la nette sensation que même si Cassandra cherchait à arrondir les angles, peut-être pour que la culpabilité ne cesse de ronger son ancienne amie de l’intérieur, elle ne pouvait s’empêcher de penser que la plus coupable dans cette histoire, c’était Caitlin. Sa placidité ne l’empêchait pas d’être transparente aux yeux de Caitlin, elle la connaissait bien et en la regardant d’un œil triste, elle s’aperçut qu’elle n’avait pas seulement gardé ses atouts physiques intacts tout au long de ses années : tout en elle n’avait pas changé.
C’était la faute de Caitlin. Sans doute était-ce vrai, mais cette dernière s’était confondu en excuses et avait admis ses fautes. Elle s’était présentée face à elle pour tenter de recoller les morceaux, que pouvait-elle faire de plus ? Se mettre à genoux, la supplier ? Posant ses mains jointes sur son ventre, Caitlin prit une courte inspiration qui se trouva être plus douloureuse que réconfortante, et quand enfin la sentence sonna, elle cilla, muette, avant de dire :

« Alors, c’est terminé. » C’était une affirmation. Elle avait bien compris qu’il s’agissait là de la seule issue envisageable pour Cassie et une colère intérieure s’empara de la professeure. Alors, c’était si facile pour elle de mettre un terme à leur amitié ? Caitlin savait que si elle utilisait ces arguments pour se défendre, Cassandra n’hésiterait pas à les retourner contre elle et à lui dire que c’était elle qui avait gâché leur histoire et encore une fois, elle aurait raison. Bien décidée à ne plus endosser l’échec de leur amitié, Caitlin préféra donc se taire et se redressa lentement, le visage teinté d’une expression inconnue : entre la tristesse et le ressentiment. Elle se retourna pour rejoindre la grande estrade, reprit sa guitare dont elle passa de nouveau la lanière autour de ses épaules. Caitlin glissa une œillade à Cassandra, se retournant doucement, et dans un sourire amical, elle lui dit « Je suis désolée de vous avoir fait perdre votre temps, j’espère que vous trouverez chaussure à votre pied en ce qui concerne vos nouveaux membres. J’ai entendu dire que vous étiez plutôt doués, la prochaine fois, vous remporterez sans doute le trophée. » Puisqu’elles devaient se comporter comme des étrangères, autant valait-il mieux commencer maintenant. Un autre sourire accablé passa sur le visage de Caitlin et dans un dernier regard, elle conclut « Bonne chance, Cassandra. » Elle accompagna sa descente des marches d'un signe de tête poli puis se dirigea vers la porte de sortie, les yeux remplis de larmes et la bouche pincée pour ne pas laisser échapper un sanglot.
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Cassandra Hamilton
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo EmptyJeu 14 Mar - 16:00

Avait-elle été trop dure, trop sèche ? Ou pas assez compatissante, pas assez humaine ? Cassandra l'ignorait, et ce sentiment d'incertitude l'enveloppait comme un mal dont elle ne pouvait s'échapper, tant que la réaction de Caitlin se ferait attendre. Ces mots, elle les pensait. Chacun d'entre eux avait une cruciale signification et c'était pour cette raison qu'elle s'était appliquée à les choisir avec un soin tout particulier. Ce qu'elle n'avait pas choisi en revanche, c'était le ton trop formel qu'elle avait utilisé, comme si c'était justement une tirade habituelle qu'elle récitait tous les jours. Elle s'en voulait d'avoir réduit cet aveu à une formulation des plus banales. Caitlin avait beau l'avoir fait souffrir, elle ne méritait pas d'être considérée comme une inconnue à qui l'on adressait des condoléances affectées. Pourtant c'était bien ce qu'elle avait fait, elle lui avait annoncé avec difficulté cependant - ça ne s'était pas vu, mais les mots lui avaient brûlé la gorge - que leur amitié était morte et qu'elle en était désolée. Elle avait rangé Caitlin dans la même case que les autres détracteurs qui avaient jalonnés sa vie, comme si elle ne valait rien de plus à ses yeux. C'était faux. Elle ne comprenait simplement pas pourquoi la brune revenait après tant d'années réclamer une chose que Cassandra n'avait plus en sa possession.

Cassandra regrettait parfois la tournure qu'avaient prise les évènements. Elle avait suivi Caitlin à McKinley, et une partie d'elle était persuadée que dans le cas contraire cette scène n'aurait jamais eu lieu, parce que le fossé de leurs aspirations aurait rendu évidente la rupture du lien qui les avait unies. Pourtant elle se demandait parfois ce qu'il serait advenu d'elles si elles n'avaient pas été assez braves pour goûter au fruit défendu de cette libération. Elles seraient certainement restées les meilleures amies du monde, emprisonnées par les exigences d'une foi qui n'admettait pas que le but de l'existence puisse être autre que l'ambition de plaire à Dieu. Cassie le savait, elles auraient été malheureuses. Bien plus qu'elles ne l'étaient à cet instant. Elle ne voulait pas de cette vie rangée, de ce conditionnement à des valeurs qu'elle ne partageait plus, de cet esprit étriqué qu'elle avait reproché maintes fois aux nonnes d'avoir. Au fond, elle remerciait Caitlin de l'avoir poussée à vivre la vie qu'elle avait toujours voulu vivre, malgré les restrictions peut-être exagérées qu'elle s'appliquait à s'imposer. C'était là que leurs aspirations divergeaient. Cassie était demeurée une chrétienne un peu trop ouverte d'esprit, tandis que Caitlin avait voulu s'émanciper de l'image qu'on avait bien voulu la contraindre d'adopter. Le mal qu'elles s'infligeaient mutuellement à cet instant n'était que le produit d'une terrible fatalité : elles avaient voulu contrer le destin mais Dieu les avait condamnées à s'éloigner l'une de l'autre. Il n'était pas question de revenir sur Ses choix, cela les dépassait totalement. Cassie ne se sentait pas moins misérable à cet instant, comme si pour une fois dans sa vie se faire le porte-parole de Dieu lui était bien plus difficile qu'elle ne voulait l'admettre.

Entendre Caitlin résumer ses propos acheva de lui briser le cœur. La façon dont elle avait exposé cette vérité était certes crue, mais c'était bien ce que Cassandra avait sous-entendu derrière sa prose modérée. Elle trouvait cependant ce fait plus difficile à avaler lorsqu'il était réduit à la simple mention d'une fin. Ce n'était pas une fin. C'était terminé depuis longtemps, Caitlin avait seulement voulu s'infliger cette certitude. Cassie aurait aimé au contraire continuer à vivre en sachant que c'était terminé mais en gardant cette part de mystère qui la laissait s'accrocher à un passé révolu et un futur hypothétique. Mais c'était bel et bien terminé. Elle acquiesça avec retenue, une grimace d'affliction défigurant ses traits gracieux. Elle avait envie de pleurer, de frapper sur la table pour extérioriser ce mal que venait de provoquer en elle cette atroce conclusion. Voir Caitlin s'éloigner accentuait encore plus ce mal, comme si elle tirait trop fort sur le lien encore fragile qui les unissait. Comme si elle emportait avec elle des souvenirs qu'elles n'avaient pas partagés et qu'elles ne partageraient plus jamais. Elle leva les yeux au plafond, déchirée par cet accord mutuel sur lequel elles s'étaient entendues, même si aucune des deux n'en avait foncièrement envie, à la recherche de réconfort. Ses yeux plissés par la douleur lui permettaient de voir qu'à moitié et lorsqu'elle les reposa enfin sur Caitlin qui s'apprêtait à la quitter à tout jamais, elle ne put se retenir d'échapper quelques mots. "On répète le samedi à 16h. C'est l'horaire qui convient le mieux à tout le monde." Ce n'était pas tout à fait terminé.
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MessageSujet: Re: 06. Stick to the status quo   06. Stick to the status quo Empty

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