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 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.

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MessageSujet: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptyMar 1 Jan - 17:30

Dimanche matin. Malgré la chaleur enivrante du mois de juin, Emma avait décidé de rester chez elle, cette matinée là, gérant quelques uns de ses dossiers en retard via son ordinateur portable, soigneusement et droitement posé sur la table de la salle à manger, qu'elle avait investie pour ce petit travail dominical. Après quelques heures à enchaîner tapotements sur le clavier et ingestion de café depuis son mug méticuleusement déposé à ses côtés, la rouquine cliqua une dernière fois sur le bouton "enregistrer" de son logiciel de traitement de texte. Ou plus exactement cinq dernières fois, dans la mesure où elle avait toujours peur que le fichier n'ait pas été enregistré, que sa souris ait décidé à ce moment précis de lui faire faux bon, que son ordinateur ait entrepris de ne pas accepter de réaliser les tâches qui lui incombaient. C'est ainsi que, dans une forme de relative paranoïa technologique, elle ressentait ce besoin irrépressible de sauvegarder son travail au moins trois fois. Elle ne tenait pas à voir partir en fumée plusieurs heures de labeur acharné. Quand elle ferma finalement son ordinateur, elle prit soin de regarder l'heure sur l'horloge qui se trouvait en face d'elle: 11 heures et quart. Emily était partie chez une de ses amies qui l'avait invitée pour quelques heures. Quant à William, il regardait pour l'instant la télé, attendant que sa femme ait le temps de lui en accorder...

Ainsi, la rouquine se leva donc de sa chaise, la replaçant consciencieusement derrière elle, préservant de cette manière la certaine harmonie de la pièce que, définitivement, une chaise de travers aurait irrémédiablement brisé. Elle partit ensuite en direction du salon où elle rejoignit son mari sur le canapé. S'asseyant contre lui, elle posa sa tête sur son épaule dans un léger soupir, fermant ses paupières le temps d'un instant. Elle était relativement fatiguée de cette épopée. Alors qu'il passait son bras autour de ses épaules, Schuester déposa un baiser sur son front. « Je vais devoir aller chercher Emily... » Chuchota-t-il alors. Emma afficha une mine volontairement déçue, se défaisant de son étreinte pour le laisser partir. Effectivement, le temps passait -un peu trop vite peut-être- et la petite fille allait avoir rapidement besoin de ses parents, puisqu'il était prévu qu'elle reste chez son amie jusqu'en fin de matinée. Alors que Will se levait, Emma entendit la sonnerie de son téléphone tinter dans l'air; elle se pencha alors vers la table basse devant elle, attrapant le petit appareil: elle venait de recevoir un texto de Grace, qui lui demandait si elle était actuellement chez elle, pour passer la voir. Emma pianota rapidement une réponse, lui confirmant qu'elle était disponible pour quelques temps, bien que sa petite famille serait bientôt de retour.

De cette manière, quelques minutes après le départ de Will, Emma entendit qu'on sonnait à la porte. S'y dirigeant à pas assurés, elle ouvrit quelques secondes plus tard pour découvrir le visage angélique de la petite Hamilton. Un sourire illumina tout de suite son visage en voyant sa petite protégée, qu'elle fit entrer en se décalant de la porte, l'y invitant d'un signe de la main. « Grace! Je suis contente de te voir! » Annonça-t-elle d'abord en fermant la porte derrière elles, marchant vers le salon qu'elle venait de quitter, incitant ainsi son amie à faire de même. « Comment tu vas? » apparemment, elle avait quelque chose à dire. "un truc de fou", d'après son texto, ou quelque chose comme ça. Emma avait hâte de savoir de quoi il s'agissait; elle était curieuse de tout en ce qui concernait Grace; la jeune femme lui ressemblait en beaucoup de points, à vrai dire, et elle sentait une réelle complicité entre elles. C'était une jeune fille adorable. « Tu veux boire quelque chose? » En bon ôte, avant de s'asseoir, miss Pillsbury le lui proposa; elle irait ensuite chercher ce dont Grace avait besoin et reviendrait à ses côtés pour entendre tout ce qu'elle avait à lui dire.


Dernière édition par Emma P. Schuester le Lun 25 Mar - 18:55, édité 1 fois
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Grace Hamilton
Grace Hamilton
We don't own our heavens now.
We only own our hell.
Age : 23 Ans
Occupation : Bénévole à la LPA - Cantinière à l'OSU Lima - - Bloggeuse culinaire de bas étages
Humeur : You can be Alice I'll be the Mad Hatter
Statut : Vestale
Etoiles : 7393

Piece of Me
Chanson préférée du moment : Marina and the Diamonds - Lies
Glee club favori : Second Chances
Vos relations:
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MessageSujet: Re: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptyMer 2 Jan - 14:09

Langoureusement allongée sur son lit, ses cheveux étalés sur ses couvertures entourant d’un cercle d’or relativement rond son pâle visage morne, Grace, pensive, avec son immobilité soudain de poupée de porcelaine brisée par une gamine hyperactive et abandonnée sur les lieux du crime par celle-ci, écoutait le flot de notes qui s’échappaient du téléphone que serrait mollement sa main droite, laissée inerte au-dessus du vide que représentait le bord du matelas. Plongée dans un état de transe proche du coma post-traumatique, la jeune femme pouvait largement rivaliser en sérénité avec un plat de moules trop cuites inexplicablement atterries dans le frigo d’un végétalien convaincu.

Cette hypo-tension à la limite de l’inquiétant devait pourtant disparaître à l’instant même où, coupant brutalement la Symphonie qui devait servir à distraire son esprit pendant qu’une attente aussi interminable que surtaxée précédait son accès à sa correspondante, cette-dernière avait décidé de se manifester.

-Allo-Tarot, Bonjour ! Isis à votre écoute, clama mécaniquement une voix robotisée qui parvenait à rester étrangement nasillarde.

-Oui bonjour, je suis tellement heureuse, vous ne pouvez pas…, répondit-elle inutilement d’une voix suraigüe, s’étant soudainement redressée, sans doute un peu trop vite à la vue de la violente nausée qui la prit soudain, prise d’une agitation extrême, ses genoux vivement rabattu sous son menton dans une position fœtale franchement grotesque.

-Comment vous appelez-vous ?, poursuivit imperturbablement l’enregistrement dédaigneux

-Je suis…, commença-t-elle

-Bienvenue sur ma ligne de voyance directe, « Je suis », la nomma le call-center avec une voix qui ressemblait imprévisiblement à la sienne

-Non, mais en fait, je…

-Quel beau prénom ! J’entrevois de grandes choses pour vous, « Je suis ». Mon aide vous sera sans doute nécessaire, pour la modique somme de deux euros la minute (Tarif USA, n’incluant pas les taxes particulières propres à chaque état), mais la grande nébuleuse de votre âme est avant tout vôtre…

Les joues rosies de confusion, Grace n’osa plus tenter de contredire une si éminente voyante, qui avait quand même sa propre publicité dans le bottin !, qui avait eut la gentillesse de la prier par e-mail de prendre au plus vite contact avec elle pour l’informer des flashs cosmiques qu’elle recevait des Cieux à son intension. Qu’importe si cette vénérable dame (certainement âgée, à la vue des fautes orthographiques, indubitablement provoquées par une vision endommagée, qui ponctuait son message) n’avait pas compris ton prénom, ses dons de médium devaient sans doute être au-dessus de tous-ça.

-Dans quel domaine requérez-vous mes services ?

-Je…

-Pour « l’Argent », tapez un, pour « l’Amour », tapez deux, pour « le Travail », tapez trois…

Tu te dépêchas de composer le deux, jetant des coups d’œil rapide autours de toi, avec sur le visage l’angoisse ridicule et paranoïaque d’être surprise.

-Vous, « Je suis », avez choisi « Amour ». Evidemment. Qu’est-ce qui pourrait plus vous préoccuper que l’ « Amour » en ces temps-ci… Vous cherchez l’ « âme sœur », bien sur.

-Bien sur, couina-t-elle, surexcitée.

A ce stade, Hamilton était tout bonnement éblouie par les talents manifestes de la voix synthétique.

-Voyons ce que les astres me disent au sujet de l’ « Amour ».

Ces chères supernovas devaient être particulièrement bavardes, car Isis passa un long moment à s’entretenir avec elles. Six minutes dix-neuf s’écoulèrent dans l’attente anxieuse de réponse. Enfin, la voix revint.

-Les astres m’ont dit : « Je suis » va voir venir « l’âme soeur» très bien tôt. « L’Amour » sera très présent dans le reste de sa vie après cela. « L’âme sœur » est : « beau, séduisant et mystérieux ». Il faut que « Je suis » s’ouvre plus pour que vienne plus rapidement « l’Amour ». Les signes distinctifs de « l’âme sœur » qui lui conviendra sont : «apparemment pas intéressé par « Je suis » » et « de superbes cheveux ».

Ecartant un vague doute concernant une potentielle arnaque derrière les réponses laconiques que lui avaient apporté la pseudo-voyante, Grace étouffa un petit cri strident. Elle allait rencontre l’amour si elle s’ouvrait plus. Et il prendrait soin de ces cuticules. Elle ne se souvenait déjà plus des mots exacts, mais elle était presque sûre que la médium lui avait dit qu’elle le rencontrerait aujourd’hui. C’était merveilleux.

-La communication prend fin. Si vous n’avez pas reçu satisfaction, c’est qu’il y a peut-être de mauvaises influences sur votre aura. N’hésitez pas à nous rappeler pour régler ces problèmes…

Un sourire béat installé sur ses lèvres, la blonde raccrocha, embrassa son téléphone et, s’effondrant de bonheur sur son lit, le posa sur son cœur. Fermant ses yeux, elle se délecta de ces nouvelles. Aujourd’hui, elle allait trouver « l’Amour ». Enfin.

Rouvrant soudainement les paupières, elle bondit hors de ses draps, traînant derrière elle une bonne partie de ses couvertures, dévala les escaliers, avec cette sensation miraculeuse de voler comme un canard sauvage en pleine période de chasse qu’apporte l’assurance téléphonique du bonheur conjugal, manquant deux fois de se fracturer la mâchoire, et jaillit à l’extérieur de la maison. Ignorant superbement que sa foi aurait du totalement désapprouver qu’elle sorte en toute impunité dehors habillée d’une jupe bien trop courte, et qu’elle était de toute façon dans l’incapacité totale d’y remédier, ayant, comme le voulait la tradition, oublié ses clefs à l’intérieur.

Bondissant de trottoir en trottoir, la jeune femme devait se retenir de ne pas partir en comédie musicale. Elle se réfréna et parvint à apaiser les chorégraphies que lui inspirait immanquablement cette promesse d’amour, sinon éternel au moins instantané.

Elle se sentait si emplie d’espoir et de certitudes. Tout cela semblait si approprié, si naturel. Exactement comme quand elle priait Dieu avec tous les autres à l’église. Sauf que cette fois, le destinataire Universel de ses actes et pensées sanctifiés était « l’Amour ». Emportée dans son élan, levant son visage au soleil brûlant qui frappait Lima, elle aspira un grand coup de l’air de cette ville qui semblait s’être enfin décidée à lui offrir le bonheur qu’elle espérait mériter. Et manqua de s’étouffer quand un nuage cancérigène, tout droit sorti du pot d’échappement d’un bus arrivé à sa hauteur, se jeta sur elle et l’asphyxia en bonne et due forme. Les larmes aux yeux, elle n’en conserva que plus largement son sourire niais, qu’elle adressa bêtement à un jeune homme qui venait de rater la cause de son agonie pulmonaire.

Quoiqu’enragé par cette défaite cuisante face aux horaires fourbes des transports en commun, il sembla se radoucir à la vue du visage angélique de la blonde. Si le cœur de celle-ci palpita un instant en prenant conscience de la luxuriante chevelure rousse dont faisait preuve la tête, autrement d’une morphologie parfaite, l’infortuné voyageur, elle se remémora les conseils de la voix qui précisait que le Bon ne semblerait pas s’intéresser à elle du premier abord. Déception. Pourquoi ce garçon ne l’avait pas traité avec condescendance ? Au lieu d’être aussi stupidement attiré par elle. Lui adressant un regard d’excuse qu’il ne dût pas comprendre, elle fila vers le vieux Centre de la ville, préoccupée.

Quel dommage. Il était pourtant si mignon. Secouement de tête. Et ses cheveux avaient l’air si soyeux…

-De superbes cheveux roux..., marmonna-t-elle, perturbée.

Soudain, elle se figea.

Cela était-il possible ? Si… surprenant. Inenvisageable. Et pourtant, cela correspondait. Les cheveux. Et apparemment aucun intérêt pour elle. La stupeur qui pétrifia son corps gracile fit bientôt place à un air général d’exaltation. Dieu lui avait accordé sa révélation journalière.

Elle avait trouvé. Elle L’avait trouvé.

Reprenant une démarche ferme et frénétique qui n’avait plus rien avoir à l’errance sautillante qui l’avait animée jusqu’alors, elle changea résolument d’itinéraire, dégaina son portable et y tapota fébrilement un message pour Emma.

Ce serait parfait. Il n’y avait aucune raison pour que cela ne le soit pas.

Sans attendre la réponse de son amie, elle se dirigea vers la maison des Schuester’s. Luttant avec un point de côté que sa consistance de moineau boulimique avait bien du mal à encaisser, elle atteint bien vite la demeure.

Elle écrasa impatiemment du plat de la main la sonnette, trouvant cela quand même plus respectable que d’enfoncer la porte.

Quand la figure bien connue de la conseillière d’orientation de McKingley High apparu dans l’embrasure de la porte, elle lui apporta cette habituelle vague d’apaisement qui lui permit de sortir un sourire poli dénué de toute effusion de joie et de placage au sol dans la foulée d’une tentative de câlin un peu trop appuyée.

Pourtant la décrue fut rapide, et voilà déjà que Grace se remettait à trépigner sur le seuil, trouvant l’ancienne Pillsbury, et bien regrettablement actuelle Schuester, bien longue à la faire entrer. Alors que ces pensées déplaisantes l’assaillaient, la rousse y mit un terme définitif en lui permettant l’accès au salon méticuleusement rangé d’un tranquille :

« Grace! Je suis contente de te voir! »

Si le plaisir de cette rencontre était parfaitement réciproque, Grace ne fit pas grand-chose pour l’exprimer, toute affairée à se retenir de ne pas se mettre à hurler sa découverte.

« Comment tu vas? »

-Très bien, abrégea-t-elle d’une voix que ses efforts de maîtrise d’elle-même rendait perçante. Et vous ? Avec Emily, tout va bien ?, les questions étaient venues, quoiqu’un peu brusquement, d’un instinct des convenances bien encré en cette fille de pasteur, bien qu’elle n’ait eut aucunement l’intention de s’attarder sur les réponses que pourraient lui fournir sa confidente du moment. Et elle restait persuadée qu’Emma, si elle était amenée à s’en rendre compte, ne lui en aurait aucunement tenu rigueur.

Après tout, un tel bonheur était entre ses mains multiplement nettoyées au gel antibactérien, que Grace ne doutait pas que peu de choses auraient encore d’importance à ses yeux une fois qu’elle en aurait pris conscience.

« Tu veux boire quelque chose? »

-Du thé glacé. Il fait une chaleur pas possible dehors...Mais laissez, je vais nous servir, s’exclama-t-elle, repoussant d’un mouvement désinvolte de la main les protestations de la maîtresse de maison.

Si ce geste pouvait passer pour un excès de zèle absolument adorable, il n’avait qu’un seul véritable but : il n’était pas question pour l’Hamilton de laisser Emma poursuivre son petit cérémonial de la parfaite ménagère dans des délais proprement scandaleux face à l’annonce qu’elle avait à lui faire.

Virevoltant jusqu’à la cuisine, elle prépara un plateau de boisson avec une frénésie que son talent inné pour l’organisation rendait efficace. Prenant soin d’essuyer les bords des verres avec un de ces chiffons recyclable ignifugés hypoallergéniques néo-zélandais que seule une femme comme madame Schuester pouvait se venter d’avoir dans sa maison, et menaçant de faire valser dans un joyeux Apocalypse le tout à chaque instant, elle agrippa le plateau et revint au pas de course vers Emma. S’installant à ses côtés, elle rejeta ses cheveux en arrière, tenta vainement de se calmer et commença :

-Miss Pills…Emma…

Et laissant soudainement apparaître sur son visage toute la félicité que lui inspiraient ses futures paroles, prête à fondre en larme de plénitude, elle éclata fièrement :

-J’ai trouvé l’homme de ma vie.


Dernière édition par Grace Hamilton le Jeu 3 Jan - 14:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptyMer 2 Jan - 15:54

Lorsque Emma ouvrit la porte de son appartement, elle aperçut la mine folâtre de Grace, qui semblait en lutte intérieure pour ne pas trépigner d'une sorte d'impatience à laquelle madame Schuester assistait en arquant un sourcil, intriguée. Sa curiosité lui suggérait bien évidemment de chercher à savoir au plus vite de quoi il s'agissait, mais à la vérité, les joues empourprées de son interlocutrice lui laissaient entendre que, même sans efforts, elle ne tarderait pas à connaître les motivations de sa visite. La laissant ainsi entrer en la saluant chaleureusement, la rouquine entreprit de savoir comment elle allait, bien que, à l'évidence, sa vie était palpitante. Elle avait cette sorte de lueur pétillante au fin fond de la rétine qui trahissait son engouement, malgré sa réelle volonté de calmer son effervescence grandissante. Elle coupa court, prenant néanmoins soin, comme son éducation scolastique le lui suggérait certainement, de retourner la question à son ôte, portant ses interrogations sur la petite Emily. Emma aurait pu en parler des heures, des jours durant, pour tout dire, même si, techniquement, elle n'aurait plus rien de très palpitant à affirmer une fois qu'elle aurait confirmait qu'elles allaient bien, l'une comme l'autre. Ne pouvant s'empêcher de noter qu'elle ne prendrait jamais de nouvelles de son mari, ayant parfois le sentiment qu'elle ne l'appréciait pas vraiment, pour une obscure raison, la rouquine eut un léger sourire, s'appliquant néanmoins à rester concise, comme pour satisfaire au temps de parole de la jeune Grace, apparemment très impatiente. Et à vrai dire, Emma l'était aussi: son excitation devait être contagieuse, et de fait, elle pensait le plus naturellement du monde qu'un tel enthousiasme ne pouvait provenir que d'une nouvelle grandiose, qu'elle avait de fait hâte de découvrir. « Eh bien écoute... tout va bien! » assura-t-elle.

Cependant, lorsqu'elle s'enquit de ce que son invitée souhaitait boire, elle fut surprise de l'entendre proposer de les servir par elle même; la bouche entrouverte, laissant échapper une petite interjection de surprise en s'efforçant de lui faire signe de rester en place, Emma ne put toutefois contrecarrer ses plans, et dut se résoudre dans un sourire intrigué à l'attendre sur le canapé, comme si elle était elle-même conviée chez Grace. Sa volonté de s'afficher comme une parfaite maîtresse de maison la poussa à grimacer légèrement, comme gênée, en entendant Grace s'affairer dans la cuisine avec ses verres méticuleusement lavés, comme si miss Pillsbury était sa convive.

Bientôt, la blondinette réapparut, un plateau à la main, les deux boissons déposées dessus dans une articulation organisée qui arracha un sourire à Emma. Cette dernière la regarda avec insistance alors qu'elle déposait le plateau sur la table basse, s'asseyant par la suite à ses côtés. On lisait son impatience jusque dans la manière dont elle fit virevolter sa soyeuse chevelure derrière ses épaules. « Miss Pills…Emma… » la rouquine acquiesça, les yeux grands ouverts, se penchant légèrement la tête, comme pour l'inciter à continuer. Le visage de Grace s'emplit d'une joie transcendante, comme si la seule perspective d'exposer à voix haute la raison de sa venue l'enivrait d'un sentiment de puissance absolue, de bonheur tout aussi indéfectible que soudain, fier et éclatant, qui l'animait passionnément.

« J’ai trouvé l’homme de ma vie. » C'était donc ça... Emma inspira abondamment, laissant sa cage thoracique s'emplir d'un air dont elle n'avait pas besoin alors que ses yeux s'ouvraient un peu plus d'émerveillement, accompagnant ses lèvres dont le mouvement assuré et régulier affirmait son sourire admiratif. Croisant ses paumes sur son coeur, comme pour l'empêcher de battre trop fort de cet excitation par procuration, la rouquine relâcha cette pression atmosphérique en laissant s'échapper de ses poumons cet air accumulé, le tout dans un rire joviale. Elle se revoyait le jour de sa rencontre avec Will; elle se revoyait, capable de pleurer de joie parce qu'il lui avait adressé la parole, défaillant à chaque fois qu'elle repensait à son regard se posant dans le sien, se remémorant chacun des détails de son visage dans l'unique but de s'étourdir d'un bonheur promis depuis tant d'années. Elle tapota alors dans ses mains, presque en guise d'applaudissements, cherchant à la réalité à calmer son propre engouement, désireuse de tout connaître de cet homme mystérieux dont Grace parlait. Elle semblait retomber en enfance, un sourire naïf aiguayant son visage à la simple idée d'en apprendre plus sur le prince charmant de la petite Grace. L'homme de sa vie... il devait être génial, ils devaient avoir partagé des tonnes de choses ensemble. « C'est pas vrai?! où, quand, comment? » demanda la jeune femme, toute excitée. Elle était contente pour Grace, elle savait combien la jeune femme était désireuse d'aimer et d'être aimée en retour. Elle espérait seulement qu'elle ne s'emballait pas trop vite... malheureusement, elle était trop accaparé par cette élan de joie pour songer à douter du fait qu'elle lui ait seulement parlé, et qu'elle base ses beaux idéaux sur une "conversation" robotisée avec une pseudo voyante téléphonique dont le message pré-enregistré s'appliquait à n'importe quelle situation de la vie, dans n'importe quel domaine, pour n'importe qui.

Parce que Grace n'était pas n'importe qui. Elle était naïve, certes, mais aussi adorable, et elle méritait certainement de le trouver, son prince charmant. Alors en aucun cas Emma ne songeait qu'elle puisse se tromper lorsqu'elle affirmait avec tant d'aplomb qu'elle l'avait rencontré. C'était peut-être égoïstement que miss Pillsbury songeait de la sorte; dans beaucoup des comportements de Grace, elle se retrouvait, quelque part. Elle comprenait la plupart de ses réflexions comme si elle les avait elle-même éprouvées, et en ce sens elle ne pouvait décemment pas songer qu'elle puisse avoir tort. « Il fait partie des second chances? Oh, je sais! vous avez chanté un duo et là, vos voix se sont accordées dans une harmonie déconcertante alors que vous échangiez ce regard brûlant de passion qui connectait chacun de vos frissons alors que le monde extérieur n'existait seulement plus... » En se rendant compte qu'elle avait levé les yeux au ciel d'un air béat en prononçant ces quelques mots, la rouquine se reprit, toussotant légèrement en se rappelant que ce n'était pas à elle d'écrire un roman à l'eau de rose, mais bien à Grace de le lui raconter. « Hm pardon... raconte-moi tout! Et comment est-il? » s'enquit-elle, complice, le regard malicieux en songeant à tous les changements que cette rencontre impliquerait dans la vie de Grace... ou pas?


Dernière édition par Emma P. Schuester le Sam 26 Jan - 19:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptyJeu 3 Jan - 14:55

Transcendée de joie, elle se permit de préciser avec fierté, savourant visiblement cette information qu’elle énonçait préventivement :

-Et cette fois-ci, ce n’est pas un personnage de publicité, il est bien réel…

Flottant sur son petit nuage rose de bonheur transit, elle fut ravie de voir Emma monter rapidement la rejoindre vers ces Cieux qu’elle continuait à prier, là, sur ce canapé à hausse anti-acariens, avec la ferveur de la reconnaissance éternelle de lui avoir apporté son compagnon. Et quoique celui-ci n’était pas encore au courant de leur idylle passionnée, elle ne s’en était pas inquiétée. Après tout, si on ne pouvait plus faire confiance au service de voyance téléphonique numéro un sur le marché de la divination en Ohio, où allait le monde ?

Non, assurée de son avenir marital, car, oui, elle rêvait déjà à son plan de table et aux couleurs des nappes pour le Grand Jour qui n’allait certainement pas tarder, sa seule préoccupation actuelle était d’obtenir le soutient de son mentor.

Fort heureusement, cette dernière répondit parfaitement aux attentes de l’Hamilton en affichant un enthousiasme à peu près aussi ruisselant de miel et de romantisme qu’un baklava mastiqué par deux enfants en bas âge au sommet de la Tour Eiffel sous une pluie de pétales de rose. Scène, certes un peu immonde quand on comptait que les pétales allaient certainement se coller un peu partout sur le visage des gamins recouverts d’une mince couche gluante de sirop et très certainement provoquer leur mort par manque d’air, mais tellement évocatrice.

Mais après tout, quelle autre attitude aurait-elle pu attendre de la part d’une jeune femme accomplie et engagée qui était restée vierge jusqu’à ses trente ans, et qui, la première, avait initié l’usage du détergeant alimentaire dans les mœurs des ménagères de Lima, en d’autres termes un modèle d’exception à tout les niveaux ?

Avec une avidité qui réjouit Grace, la quasi-psychologue s’empressa de commencer un petit interrogatoire qui déconcerta quelque peu la blonde.

« C'est pas vrai?! où, quand, comment? »

En effet, la pianiste devait bientôt s’apercevoir qu’elle était en quelque sorte totalement incapable d’y répondre. Fronçant ses sourcils minces de confusion, elle décida de conserver intacte sa petite bulle de joie et d’Amour et, écartant ses appréhensions, tenta un sourire aussi évasif que les paroles qui lui succédèrent :

-Je… Hé bien… Il… Finalement, c’était un peu comme… une évidence. Il était là depuis si longtemps qu’il a fallu un long moment pour que je m’en rende compte… C’est une sorte de… conseillère d’orientation affective qui m’a ouvert les yeux…

Elle évita de préciser la nature artificielle de ladite conseillère.

Rassurée par la constatation qu’elle était tout à fait à même de soutenir les interrogations de Emma, Grace se tranquillisa. Le sentiment qu’elle vivait était si intense, ce devait être cela qui devait la bouleverser. Et puis, elle sentait bien combien cette histoire était forte et destinée à devenir le conte de fée qu’elle avait toujours désiré, ce genre de choses ne pouvait s’expliquer très clairement.

Tout serait pour le mieux. Elle allait avoir l’appui d’Emma, c’était certain.

Portant le thé à ses lèvres, elle promena son regard sur la pièce et, à chaque, nombreuses, fois où ses yeux devait se poser sur une référence implicite à Will Schuester, tâcha d’éviter de grimacer bruyamment de répulsion. Cet Homme. Cet homme. Cette touffe capillaire. Cette hypersudation apparente. Ce mauvais goût musical manifeste. Cette carrière ridicule. Tout le package du minable agnostique qui prônait la tolérance, l’IVG et leur port du gilet sans manches versus pantalon à pattes d’éléphant, et qui, pour toutes ces raisons, finira immanquablement par rôtir comme un petit porc dodu dans le Grand Barbecue de Satan. Avec cette femme. Cette Femme.

Ce couple était une abomination à ses yeux. Will était comme une maladie vénérienne disgracieuse, bénigne mais invasive. Enfin, elle soupira, prétextant souffler pour refroidir son thé pourtant déjà glacé, en songeant, maigre réconfort, qu’avec une fille comme Emily, cette maladie ne devait pas être héréditaire.

La prise de parole d’Emma la ramena à sa joie romantique du jour.

« Il fait partie des second chances?... »

Les Second Chances. Un nouveau grief à ajouter au déjà trop large panel de caractéristiques qu’arborait fièrement la nullité universelle de Schuester. S’opposer à Dieu en pervertissant la jeunesse avec des chorégraphies aussi blasphématoire pour leur Seigneur que pour leurs pauvres rétines. Pour peu que ce ne fut pas le plus Beau Jour de sa vie, Grace en aurait eut un haut-le-cœur de dégoût. Chassant ses pensées au fort goût de bile, elle accorda un sourire patient à Emma qui concluait son petit monologue que la blonde avait à moitié écouté :

«…le monde extérieur n'existait seulement plus... »

-Pas… exactement. Enfin, c’est un excellent chanteur.

Comme apparemment plus de septante-cinq pour cent de la population de Lima.

-Mais nous n’avons jamais fait de duo…

Ni quoique ce soit d’autre d’ailleurs.

- Et pour cause…

… elle avait dû lui adresser au grand maximum deux fois la parole dans toute son existence.

-… Il fait partie des Awesome Voices.,ajouta-t-elle évocateur qui signifiait très clairement « Allez, viens, on va bien s’éclater le string » pour n’importe quel humain moralement normalement constitué, mais dont Grace était persuadée qu’il impliquait un petit commentaire muet candide sur l’innocence artistique contestable de ses propos.

Rêveuse, elle se remémora avec délice le timbre bas auquel elle n’avait pourtant accordé aucune espèce d’importance affective à l’époque de la compétition des chorales. La voix de la rousse vient une nouvelle fois interrompre ses songes :

« Hm pardon... raconte-moi tout! Et comment est-il? »

-Il est…

Pause. Elle chercha des mots qui pourraient définir avec justesse l’homme de sa vie. Puis se rendant compte que, par manque d’informations concrètes, elle en était incapable, elle fit dans le sobre :

- … Parfait.

Elle posa son verre sur la table, éclaircissant sa voix affermie par l’exercice de la conversation :

-De toute façon, je pense que vous ne pourrez que l’approuver, Emma…

Elle passa une main distraite dans ses cheveux alors qu’Emma buvait une gorgée de thé, regardant la rue ensoleillée par la fenêtre et annonça joyeusement, comme si elle commentait la météo particulière clémente du moment :

-C’est Wyatt.
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MessageSujet: Re: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptyMer 16 Jan - 21:32

« Et cette fois-ci, ce n’est pas un personnage de publicité, il est bien réel… » Emma eut un léger rire à cette précision, affichant néanmoins une mine impressionnée, comme fière de Grace. Après tout, elle faisait bien de le préciser: elle aurait tout à fait pu tomber amoureuse d'une utopie, auquel cas il était dangereux de la personnifier en la qualifiant d'homme de sa vie. Les questions de la conseillère arrivèrent bientôt au galop, malgré la légère volonté avec laquelle elle s'était appliquée à les ré-freiner, cherchant avant tout à connaître tous les détails de cette rencontre qui relevait presque du mystique et semblait enchanter sa petite protégée au plus haut point. Emma avait toujours eu ce côté -un peu trop- romantique en elle, capable de sourire de manière si béate qu'elle en devenait gênante devant un film d'amour mièvre à en pleurer. Elle s'en cachait, généralement, ayant bien compris en grandissant que ça ne se faisait pas, de rêver du prince charmant en public. Mais lorsque Grace venait lui servir sur un plateau une si belle histoire, il n'y avait seulement plus aucune raison qu'elle n'envisage de taire son enthousiasme.

Lorsque Grace entreprit de répondre, Emma se méfia légèrement; sa réponse semblait vague, la jeune femme semblant déroutée et presque confuse. Elle parlait d'une "évidence" alors qu'une "conseillère d'orientation affective" lui avait ouvert les yeux. Les sourcils d'Emma se froncèrent, comme si elle usait d'une concentration sur-développée pour tenter de comprendre un traître mot de ce que lui racontait son interlocutrice. Et puis, qui diable pouvait-être une meilleure conseillère d'orientation qu'elle? « Oh, c'est... c'est bien » affirma-t-elle, presque sur un ton interrogatif, n'étant à la vérité pas très certaine que ça le soit. Elle s'efforça néanmoins de sourire, songeant que miss Hamilton s'était simplement égarée dans l'immensité de l'amour qu'elle portait désormais à son âme soeur fraîchement découverte. Elle les voyait déjà main dans la main, arpentant les rues dans un sourire complice et naïf qui leur donnerait un air d'enfants perdus, qui se moqueraient bien de savoir où ils étaient, tant qu'ils y étaient à deux.

Elle déchanterait rapidement. Pour l'instant, cependant, elle restait toute attentive à ce que lui racontait Grace, ses yeux grands ouverts et arrondis la fixant d'un air bienveillant. Ne s'en rendant seulement pas compte, elle écrivait déjà le scénario de leur rencontre passée, y ajoutant tous ces détails si touchants qu'elle tirait de la dernière comédie musicale qu'elle avait vue, imaginant très bien les yeux clairs de Grace se perdre dans ceux de son futur mari -puisque c'était une évidence-, qui d'ailleurs gardait dans son imagination une apparence floue, presque inexistante, lui donnant un côté plus mystique encore, comme si Emma ne savait de lui qu'une chose: il était parfait. Et plus particulièrement parfait pour Grace. Elle redescendit sur terre en entendant la blondinette lui répondre. Le jeune homme savait effectivement chanter, mais c'était bien le seul détail de l'histoire qui collait à la réalité. En le réalisant, Emma vit peu à peu le fabuleux décor d'une scène illuminée de projecteurs braqués sur le couple en formation s'écrouler comme un panneau de carton qui aurait servi de fond pour le tournage d'un mauvais film hollywoodien. Enfin, il savait chanter. C'était si charmant, les hommes qui savaient chanter.

La rouquine toussota légèrement une fois son imagination calmée, comme pour s'excuser de ce relatif emballement, ridicule, à la réflexion. Elle garda un timide sourire aux lèvres, encourageant Grace à continuer. Ils n'avaient jamais chanté en duo parce qu'il faisait partie des Awesome Voices. Emma eut un petit soubresaut, comme si on lui racontait pour la première fois une version moderne de Roméo et Juliette où, cette fois-ci, les Capulet et Montaigu étaient remplacés par des chorales en rude compétition. Elle espérait simplement que leur fin serait plus heureuse. Ce qui, aux dires de la jeune femme, était incontestable.

Oui, parce qu'il était parfait. Et si en théorie le manque de description concrète des attitudes ou traits de caractères du jeune homme aurait dû alerter Emma, la jeune femme était en réalité trop accaparée par les dires de son interlocutrice pour songer qu'il pouvait y avoir quelques... problèmes. Après tout, elle l'avait précisé: il était bien réel. Dès lors, avait-elle de quoi s'inquiéter? La fixant toujours, elle attrapa sa tasse de thé dont elle prit une gorgée, intriguée par sa dernière phrase. « De toute façon, je pense que vous ne pourrez que l’approuver, Emma… » la rouquine arqua un sourcil, un sourire aux lèvres, se demandant ce qui pourrait faire qu'elle l'apprécierait particulièrement. Peut-être avait-elle entendu parler de lui d'une manière ou d'une autre, peut-être était-il connu dans Lima pour sa bravoure légendaire ou son romantisme indubitable... « Ah oui? Pourquoi ça? » Demanda-t-elle en prenant une nouvelle gorgée de sa boisson.

Et le nom tomba. Comme on ferait tomber un verre en cristal qui s'émietterait sur le sol dans une détresse affligeante et lourde de signification. Emma manqua de s'étouffer avec son thé, toussant à plusieurs reprises en réalisant qu'elle avait avalé de travers, posant la tasse sur la table basse, à sa place initiale, tentant de reprendre son souffle une fois sa quinte de toux calmée. Elle inspira à plusieurs reprises, s'assurant que c'était bien terminé, faisant des gestes assez vifs de la main comme pour reprendre sa respiration avec plus d'efficacité, ou se calmer peut-être. « Wyatt. » répéta-t-elle comme pour s'en assurer, encore presque haletante, fixant le sol. « Wyatt, mon frère. Le rouquin des Awesome Voices qui m'a poussée dans une fosse à purin il y a plus de 20 ans et que... que je ne savais seulement pas que tu connaissais? » elle releva le regard vers elle, l'interrogeant visiblement. Elle répétait tout ça comme si elle se parlait à elle même, doucement, presque inaudiblement, dans l'espoir furtif pourtant qu'elle la contredise, qu'elle infirme ses dires. Pourvu qu'elles ne parlent pas du même Wyatt... Il avait osé la draguer?! Elle? Grace? La candide et sensible Grace? Alors qu'il avait une petite amie, il lui avait promis monts et merveilles, avait fait miroiter devant ses yeux clairs l'espoir d'un avenir commun des plus parfaits? Là était la méprise: Emma était persuadée que, effectivement, il y avait quelque chose entre eux. Et par quelque chose, elle pensait à des allusions amoureuses, un baiser peut-être, et non pas une phrase échangée furtivement suite à un appel surtaxé avec une voyante à la voix robotique. « Ce Wyatt... qui a une petite amie? » cette phrase là était prononcée sur un ton plus calme. Les sourcils légèrement surélevés, la voix douce, le regard compatissant, elle s'était en fait adressée à Grace comme si elle lui apprenait la nouvelle. Dans son esprit, qui n'était définitivement plus à l'heure du romantisme, Emma pensait que son frère l'avait draguée plus ou moins intentionnellement en omettant ce léger détail du nom de Charlie, ne réalisant pas que déjà Grace élaborait toute sorte de plans sur la comète. Il était donc de son devoir de l'en informer, le plus calmement possible: elle ne voulait surtout pas la blesser, mais elle savait très bien que son frère n'était pas un garçon pour elle... de toute façon, actuellement, il n'en était un que pour sa petite amie. « Grace... Wyatt, il... enfin tu comprends? Ce n'est pas possible... je ne sais pas ce qu'il t'a dit qui a pu te faire penser que c'était une bonne idée mais... il est déjà avec quelqu'un » tenta-t-elle d'expliquer, essayant de raisonner son amie tout en choisissant ses mots avec une attention trop importante pour être subtile, espérant de tout coeur ne pas la blesser. Elle en voulait à son frère de lui avoir fait miroiter de si belles promesses sans en penser un traître mot; comment pouvait-on vouloir blesser une jeune fille si adorable?
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Grace Hamilton
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Humeur : You can be Alice I'll be the Mad Hatter
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MessageSujet: Re: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptyMer 6 Fév - 16:41

Dans la vie, toute bonne ménagère sait qu’il existe plusieurs type de tâches. Il y a les taches que vous générez, résidus sucrés et incrustés de votre participation à la vente de cupcake de votre enfant, traces d’herbes à force de se rouler dans les fourrés avec des individus sexués,… Il y a les taches qu’on vous inflige, trouvant leurs diverses causes dans vos activités de garde d’enfants en bas-âge, subite crise de Parkinson du prêtre à la présentation du vin de messe, liens avec la mafia entrainant votre meurtre à l’arme blanche,… Et puis, il y a les Taches. Ces formes aux couleurs psychédéliques, étranges et d’autant plus mystiques que vous n’avez strictement aucune idée de leur origine. Quand, comment, pourquoi, vous pouvez seulement constater leur présence impromptue en vous persuadant qu’elle a toujours été là et que n’avez jamais pensé à les remarquer.

Ce genre de tache est un mystère complet se détachant sur votre canapé, une question philosophique bien en évidence sur votre jupe préférée, une interrogation moisissante sur le mur de votre cave.

Et généralement, il est bien préférable de laisser le petit voile stylisé du doute recouvrir le secret d’une Tache.

C’est à cet instant précis qu’un spécimen de cette dernière catégorie qui fit son apparition dans la vie de Grace, ou plus précisément sur le sol précédemment impeccable d’Emma.

Sans aucun petit signal indicateur pour épargner à son pauvre petit muscle cardiaque la crise que cela devait nécessairement lui imposer, accompagnant un petit bruit de goret égorgé, trois gouttes de thé s’étaient respectivement écrasées sur le parquet luisant, le genou de la rousse et les mocassins

Pour toutes personnes normales dans un espace-temps banal, ce genre d’évènement ne devait susciter à peine un léger degré de contrariété dans la constatation. Mais pour quelqu’un un minimum habitué au tempérament hygiéniste de l’ex-Pillsbury, l’idée même qu’une telle imperfection à la salubrité puisse se produire dans l’intérieur pasteurisé du couple Schuester relevait de l’hérésie pure et simple.

Et pourtant.

Rabattant inutilement son pied contre le fauteuil, Grace posa un regard recouvert d’une épaisse couche d’incrédulité sur le verre que reposait doucement la rousse.

Bien évidemment, l’Hamilton s’était attendue à une réaction de joie.

Alors voir Emma se transformer en une espèce d’anarchiste sanitaire à la révélation de l’identité de son futur mari, c’était tout simplement…

Inespéré.

Que l’ex-Pillsbury, dans un élan de ce qui devait bien évidemment être de l’euphorie pure et simple, ait pu ainsi mépriser ses principes, renier ses manies névrotiques et laisser son sol soigneusement nettoyé se couvrir d’autre chose que d’un produit chimiquement instable anti-acariens, c’était quasiment suffisant pour faire fondre en larmes la blonde.

Sa gorge se serra d’émotion.

Si seulement Emma avait pu savoir à quel point elle était heureuse de cette approbation quasiment muette, traduite si rapidement d’un langage corporel si improbable.

Son sourire, celui « un peu plus rayonnant », qu’elle ressortait pour les évènements spéciaux type mariages, baptêmes ou super-promo sur les goyaves au magasin, elle entrouvrit les lèvres pour lui dealer son euphorie, échange de bons procédés, avec le très attendu, voire prévisible, appuis de la rousse. Cependant, cette dernière la coupa avant qu’elle puisse couiner à tue-tête et ainsi débuter la petite transaction émotionnelle.

-Wyatt, mon frère.

Nouveau sourire. Mouvement convulsif de la tête pour assurer que c’était bien lui, histoire que la très probable centaine de Wyatt parcourant les rues d’Ohio ne sème pas le doute dans le bonheur que Emma devrait ressentir. Ouverture de bouche pour débiter un flot de superlatifs concernant des qualités soupçonnées de l’homme de sa vie. Nouvelle coupure.

-Le rouquin…

-Je préfère le terme capillairement enrichi en carotène.

-…des Awesome Voices qui m'a poussée dans une fosse à purin il y a plus de 20 ans…

Petit papillonnement des paupières. Pour le bien de son petit univers mental sucré et rose, elle préféra, d’un sourire contrit, chasser de ces pensées cette anecdote nauséabonde.

-…que je ne savais seulement pas que tu connaissais?

-Tu m’excuseras, j’aurai sans doute du t’en parler plus tôt.

C’était vrai. Elle aurait pu lui envoyer un sms une heure auparavant. Mais cela aurait été si peu digne d’un clip de Taylor Swift, image même de la réalité sentimentale dans laquelle elle souhaitait évoluer, qu’elle s’était résolu à trouver cette attitude inappropriée et à gambader jusqu’à la maison-même de la Schuester.

-Mais tout-ça s’est passé si… rapidement. C’était évident. Tu comprends ?

Haussement d’épaule. Mèche de cheveux rebelle aux lois de la gravitation, caressée pensivement et soigneusement replacée derrière l’épaule.

-Et puis, je l’avais déjà vu chez toi…, précisa-t-elle vaguement.

Ses prunelles coulèrent un regard rapide jusqu’aux divers cadres-photos qu’on pouvait apercevoir depuis sa place. Après tout, elle avait découvert l’image de Wyatt depuis des années déjà, et pouvait ainsi se venter d’avoir aperçu ses fesses rebondies à peine datées de quelques mois.

- Ce Wyatt... qui a une petite amie ?

Petite gorgée de boisson. Efforts intenses pour ne pas la voir partir du mauvais côté et de tout faire retomber sur les bronches, question de survie à une noyade à sec. Moment de silence. Sourire candide.

-Il a bien fallut une Lilith pour précéder Ève.

Argument pseudo-biblique. Si elle savait que cet exemple un peu juif était tendancieux de la part d’une protestante, Grace préférait occulter ce détail. Après tout, l’image de la démone, synonyme de stérilité, rôdant autour du gynécologue, tel le Serpent un peu gras et persifleur, était si appropriée que l’Hamilton était convaincue que Dieu lui épargnerait les remords à jouer sur les mythologies.

- Grace...

-Oui ?

-Wyatt, il...

-Oui ?

-…enfin tu comprends ?

-Non ?

-Ce n'est pas possible...

-Ah bon ?

Froncement de sourcils clairs.

-…je ne sais pas ce qu'il t'a dit qui a pu te faire penser que c'était une bonne idée mais...

-Il n’a rien eu besoin de me dire. C’était évident.

Elle parlait avec une lenteur gentillette, comme une institutrice répétant des notions d’une simplicité totale à une élève un peu moins performante que la moyenne.

-…il est déjà avec quelqu'un.

Rire cristallin. C’était donc cela. Regard naïf.

-Tu n’as pas à t’inquiéter, Emma. Je compte prévenir Charlie. C’est une fille raisonnable. Enfin, c’est ce que m’en a dit Cassie. Elle comprendra.

Hochement de tête assuré. En cet instant, Grace avait l’étrange impression d’être l’incarnation parfaite de la Sagesse.

Frémissement de la commissure de ses lèvres. Regard enflammé de joie débordante, d’avidité de la transmettre. Aspect général assez effrayant.

-Mon Dieu.

Comme l’exigeait sa surexcitation légendaire, sa voix montait désagréablement dans les aigus.

-Tu te rends compte ? D’ici peu de temps,…

Son petit corps chétif tremblait, secoué par l’impatience.

-Nous allons devenir sœurs.
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MessageSujet: Re: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptyVen 22 Fév - 20:09

Le regard vitreux, Emma fixait le sol d'un air absent, ce qui l'empêcha de voir les sourires gracieux auxquels s'appliquait la blondinette, qui se délectait elle-même de la splendide nouvelle qu'elle s'était entendue dévoiler quelques secondes plus tôt. Son coup de foudre, son prince charmant par rencontre unilatérale, aussi oxymorique puisse-ce paraître, n'était autre que le frère de la rouquine. Avec qui elle avait par ailleurs quelques différends, notamment au sujet de son actuel époux -que soit dit en passant Grace ne portait pas non plus dans son coeur. Si ces derniers temps ils avaient ensemble opéré dans l'espoir de retrouver leur déchue complicité, miss Pillsbury devait admettre qu'elle n'acceptait pas qu'il s'en prenne de la sorte à Grace. Si en soit elle n'aurait eu que de faibles réticences à une potentielle histoire entre eux, le prénom de Charlie raisonnait en son esprit comme un refrain intarissable. C'est de par l'existence de la petite amie de son frère que la jeune femme dut contenir son préalable enthousiasme, jusqu'à le réduire à néant, jusqu'à même le transformer en une réticence considérable.

Mais à quoi pensait-elle... elle n'était seulement pas rousse! Non pas qu'Emma ait été une ginger supremacist à la façon de ses parents. Seulement Wyatt, lui, ne fréquentait à l’accoutumée que des rousses, un peu trop fier peut-être de leur héritage génétique. Enfin là n'était pas la question; Grace aurait pu acheter une bombe colorante tenue 24h dans une boutique douteuse et à un prix trop bas pour ne pas envisager le produit comme dangereusement toxique, ça n'y aurait rien changé: elle ne pouvait en aucun cas envisager une future relation avec Wyatt, quoi qu'il ait pu dire, quoi qu'il ait pu faire ou suggérer. Et Emma le maudissait intérieurement de ne pas avoir eu le courage d'accomplir la tâche qui lui incombait désormais, à savoir en informer la blondinette. Ce n'était pas possible. Mais comment le lui dire, elle qui était si joyeuse à l'idée même d'avoir rencontré son prince charmant?

Tentant d'abord de reprendre ses esprits, Emma marmonna quelques adjectifs qui pouvaient en quelque sorte résumer l'existence entière du Wyatt dont elle espérait en réalité qu'il n'était pas question. Malheureusement le ton de Grace était toujours plus jovial, son sourire, auquel Emma put assister en reportant brièvement son regard noisette sur elle, toujours plus convaincu -et convainquant- et au fur et à mesure que les dires de la rouquine s'accumulaient, les confirmations de Grace se répétaient, au grand damne de son interlocutrice. « Je préfère le terme capillairement enrichi en carotène. » Déjà les probabilités que son évènement appartienne à l'intersection des deux ensembles "roux" et "se prénommant Wyatt" étaient réduites à une infinitésimale proportion, considérant que quelques 2% de la population mondiale étaient seulement "capillairement enrichis en carotène" et que Lima ne devait probablement pas compter plus de dix Wyatt -Emma osant à peine rêver à ce chiffre faramineux. Pourtant elle poursuivit d'un ton encore anxieux, ses yeux arrondis ne semblant pas percevoir les alentours.

Arriva la question fatidique; depuis quand le connaissait-elle? Jamais elle n'avait eu l'occasion d'en parler avec Wyatt, ce qui était étrange dans la mesure où elle avait déjà mentionné Grace à plusieurs reprises, furtivement. Leurs conversations ces derniers temps n'étaient certes pas des plus développées et profondes, mais elle avait probablement eu l'occasion de se référer à sa personne, et son frère n'avait absolument pas eu l'air de connaître miss Hamilton... réciproquement, celle-ci ne s'était jamais attardée sur leur amitié ou leur connaissance seule. Lui avait-elle seulement déjà parlé plus de trente secondes d'affilé? « Tu m’excuseras, j’aurai sans doute du t’en parler plus tôt. » Alors elle le connaissait? Réellement? Emma arqua son sourcil droit, encore relativement dubitative. Ses yeux bruns rencontrèrent bientôt l'azur des siens, s'y perdant dans un confusion toujours fragile; à chaque phrase qu'elle prononçait, Grace semblait embrumer un peu plus l'esprit de la rouquine. Aussi secoua-t-elle légèrement la tête de droite à gauche lorsque Grace chercha son approbation et sa compréhension. Chose qu'elle était incapable de lui donner. « Non, Grace, je suis désolée, je ne comprends pas! » bafouilla-t-elle d'un ton navré. Elle avait le sentiment qu'elle n'avait pas toutes les informations nécessaires à l'actuelle appréhension des évènements. « Hm... Il a une petite amie Grace, c'est tout sauf évident! » Sa voix était un peu trop aiguë, comme si la réhausser d'un ou deux demi-tons pouvait l'aider à paraître moins abrupte. Comme si la douceur de son ton pouvait rentre plus doux ses propos. Or elle ne savait seulement pas si Grace était au courant; elle venait de le lui dire, effectivement, mais dans son enthousiasme débordant à l'idée d'une romance indéfectible, la jeune femme avait peut-être décidé de ne pas l'entendre. Peut-être Wyatt s'était-il contenté de lui faire un compliment, ne jugeant pas utile de lui préciser que rien ne serait possible entre eux, puisque précisément lui n'envisageait rien; peut-être son ton trop bienveillant avait confondu la croyante, qui dès lors s'en serait retrouvée chamboulée pour longtemps alors qu'il aurait aussitôt oublié son visage...

Mais tout à nouveau fut remis en question lorsque Grace suggéra qu'elle l'avait déjà vu, chez Emma même. Fronçant les sourcils en tentant de se remémorer cet hypothétique jour où ils auraient pu se croiser, elle se trouva rapidement à cours d'idée. « Désolée, je ne... » son ton hésitant, qui lui suggérait une petite pause entre chaque mot, lui laissa contempler le regard songeur de Grace qui balaya les quelques cadres-photo qu'il lui était autorisé d'apercevoir depuis le sofa. Ne bougeant pas d'un poil, Emma plissa les yeux, incertaine de ce qu'elle croyait comprendre. « Chez moi... euh... Tu veux dire que tu l'as rencontré en voyant cette photo de lui bébé? » demanda-t-elle confirmation en pointant distraitement son index dans la direction de ladite photo, la première qu'elle ait vue en suivant le regard de la blondinette.

L'argument d'autorité qui justifiait approximativement le fait qu'elle puisse être amoureuse d'un homme déjà en couple accrut le scepticisme d'Emma. S'ils n'étaient pas dans un conte de fées, ils ne pouvaient pas non plus prétendre qu'ils étaient dans la bible, et Wyatt ne pouvait pas prétendre que Charlie n'existait pas... pas même au nom de Lilith.

Et toujours cette obstination: c'était "évident". Mais que c'était-il passé, au juste? est-ce qu'elle avait reçu comme un message divin? de plus en plus, Emma la sentait tomber dans le surnaturel... d'abord les photos, puis la référence biblique. Et la rouquine n'était pas au bout de ses surprises: déjà Grace amorça un rire clair qui arracha un sourire nerveux à miss Pillsbury alors que ses yeux traduisaient encore ses doutes grandissants. « Tu n’as pas à t’inquiéter, Emma. Je compte prévenir Charlie. C’est une fille raisonnable. Enfin, c’est ce que m’en a dit Cassie. Elle comprendra. » Emma battit rapidement des paupières, semblant alors par là chercher un moyen de réaliser qu'elle avait effectivement bien entendu ce qu'il lui semblait qu'elle venait d'entendre. « Mais Grace, ils s'aiment... je crois! Il ne s'agit pas d'être raisonnable, c'est... » Elle se stoppa net, eut un mouvement de recul alors que ses paupières s'ouvraient un peu plus, ses pupilles semblant se dilater à la constatation probable de sa considération. « Oh mon Dieu Grace, il l'a trompée avec toi?! » Quoi que son ton révélait le choc qui ponctuait sa pensée, Emma ne voyait plus que ça: plus que l'engouement de la blondinette, cela expliquerait le fait qu'elle doive "expliquer" cela à Charlie. « J'y crois pas, c'est pas possible! C'est... non non non, ça ne va pas du tout, Wyatt n'aurait jamais dû faire ça, je ne le crois pas, il... » Son regard se perdait dans le vide, le scrutant pourtant avec une attention toute particulière alors que ses gestes se précipitaient, comme si elle subissait une mini crise de panique. C'était vraiment trop fort... Wyatt n'était vraiment pas bien placé pour agir de la sorte, lui qui s'était toujours appliqué à reprocher à Will son infidélité passée, il faisait de même, prenant le risque de briser le coeur de deux jeunes filles adorables?

Alors que la conseillère d'orientation commençait à voir dangereusement changer sa perception de son propre frère, elle fut sortie de ces considérations catastrophées par le ton suraiguë de Grace. C'est presque dans un sursaut que Emma l'écouta lui annoncer que d'ici "peu de temps", elles allaient être "soeurs". Si être la soeur de Grace n'avait en soit rien de problématique, ni même rien de choquant dans la mesure où Emma l'avait toujours plus ou moins prise sous son elle, la jeune femme ne pouvait décemment pas songer que les conditions dans lesquelles cela devait se passer étaient acceptables. Il l'avait demandée en mariage, réellement? Alors qu'il ne l'avait connue que par une infidélité répugnante? « Quoi? Vous allez vous marier? Il a osé te demander en mariage alors qu'il est encore avec Charlie? Grace! » elle l'implora, comme pour la ramener à la raison: il fallait qu'elle comprenne, qu'elle redescende sur terre, si dur soit-ce depuis son rose nuage de mielleux romantisme. Et pourquoi avait-il demandé une blonde en mariage? C'était étrange... très étrange. « Ecoute, j'aimerais me réjouir pour vous, vraiment, mais c'est difficile dans ces conditions... Enfin je ne m'attendais pas à ça, pour tout dire! » lorsqu'elle était arrivée en clamant la rencontre du prince charmant en personne, elle ne s'était en aucun cas attendue à entendre le prénom de Wyatt... non vraiment, il y avait quelque chose qui clochait.
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Grace Hamilton
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MessageSujet: Re: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptySam 2 Mar - 16:53

« Non, Grace, je suis désolée, je ne comprends pas ! »

-Ah bon ?, s’étonna la pianiste, effrayée de voir ses talents d’oratrice remis en cause si facilement.

Elle qui pensait avoir pourtant une bonne articulation. Elle qui avait toujours réussi ses élocutions. Et si ce Don s’en était allé ? Si son cerveau, ébranlé par le choc de son futur prometteur, avait fait une mise à jour, sans sauvegarde ? Ses petits neurones délestés de toute capacité orale. Que ferait-elle ? Dieu entendrait-il ses prières si elle ne pouvait les marmonner intelligemment ? Comment pourrait-elle annoncer à Wyatt que le diner était près, d’une voix forte et claire, si elle ne savait plus s’exprimer ? Devrait-elle apprendre le langage des signes ? Elle se souvenait vaguement d’une semaine de sensibilisation à l’handicap à son époque à McKingley, au court de laquelle elle avait appris les rudiments de cette langue muette. Cela semblait si lointain.

Levant ses mains, elle tenta de les agiter, comme pour ramener à elle ces connaissances pratiquement antédiluviennes. Et si elle se cassait un doigt ? Ou le poignet ? Que ferait-elle ? Serait-ce l’équivalent d’un simple accent ? Ou plutôt du genre ablation de la langue ? Ce genre de craintes l’avait déjà tenaillée à plusieurs reprises par le passé, talent musiquo-digital oblige, et elle les sentait ressurgir par bouffées asphyxiantes.

Elle secoua la tête et effaça de son imagination prolifique la vision de sa petite personne déficiente linguistique au profit d’une thèse concernant la possible métaphore que Emma avait voulu présenter.

« Hm... Il a une petite amie Grace, c'est tout sauf évident! »

Grace, son sourire toujours aussi imperturbablement affiché, regardait Emma avec une sorte de douce compassion. Cette tendance de la rousse à s’attacher aux détails sans importance, très certainement motivée par une intention affectueuse de prévenir la blonde d’une embûche fâcheuse à son chemin marital, était proprement charmante. Enfin, ce genre de charme incroyablement périssable qui tournait à l’agacement prodigieux dès que votre capacité d’émerveillement était tarie. Ces réflexions ne tardèrent à pas à transformer, aux yeux de Grace, la Schuester en une version queen-size et permanentée de la gamine aux licornes de Moi, Moche et Méchant.

Elle opta pour un ton « flanc vanillé » : ferme mais tendre.

-Oui. Il a une petite amie. Et c’est moi.

Le futur, le passé ? Qu’importait la conjugaison dans une affaire déjà déterminée dans ses moindres détails ?

« Chez moi... euh... Tu veux dire que tu l'as rencontré en voyant cette photo de lui bébé? »

-Arrête de plaisanter, Emma, fit-elle, réprimandant la jeune femme d’un rire espiègle.

Ce genre de rire qui parait mignon sur un enfant de quatre ans, mais qui, accolé au visage de n’importe quel individu normalement constitué, catégorie à laquelle appartenait indéniablement Grace, malgré ses mensurations impressionnantes, offrait une rapide résurrection faciale de l’Homme Qui Rit.

-Evidemment que je ne l’ai pas vu uniquement sur cette photo, si c’était le cas, j’aurai de gros problèmes à faire diagnostiquer…

Par un opticien. En effet, sur l’étagère soigneusement lustrée, bien mise en évidence, s’étalait une bonne dizaine de clichés, allant pratiquement du fœtus du rouquin à ce qui devait être une photographie prise à peine une semaine auparavant. Certes le stade « moins de quatre ans » avait particulièrement retenu son attention, et ses petits gémissements d’adoration, mais son champ de vision était fort heureusement assez développé pour englober toute la collection de souvenirs pixellisés.

« Mais Grace, ils s'aiment... je crois! Il ne s'agit pas d'être raisonnable, c'est... »

Rire argentin terni de nostalgie.

-Tu crois vraiment qu’on peut aimer deux femmes en même temps ? Aimer d’Amour ? Je ne pense pas. Wyatt aimait Charlie, c’est une… probabilité. Mais ce n’est plus le cas. Ce n’est plus possible. C’est évident., répéta-t-elle sur le même ton didactique qu’elle avait déjà employé abusivement à de multiples reprises auparavant.J’imagine qu’il va finir par lui annoncer… Ce serait dans l’ordre des choses. Il la ménage, sans doute. C’est une bonne chose, non ? Ca prouve que c’est un gentleman. Je veux épouser un gentleman. Ca me convient donc.

La petite bulle de bonheur de Grace s’embua d’une pointe de trouble. Emma était peut-être dans le juste. Annoncer son mariage à l’actuelle compagne de son futur mari désigné par Dieu Himself (ou quasiment), c’était le genre de chose qu’on devait faire personnellement. Déléguer la tâche à Wyatt n’était pas une action très bibliquement validée.

« Oh mon Dieu Grace, il l'a trompée avec toi?! »

Sourire pédagogique.

-On « trompe » quelqu’un quand il y a de l’Amour. Ici, ce n’est plus le cas. J’en suis bien désolée pour elle, crois-moi. Mais c’est ainsi.

Yeux qui papillonnent.

-Mais tu as raison, Emma.

Alors qu’elle prononçait le prénom de sa voix sucrée, sa langue frémissait de la sororité qui y était d’ors et déjà préposée.

-Ce n’est pas très… juste pour elle., admit-elle songeuse, sans pourtant la moindre trace d’empathie, Et, pourtant, Dieu est Justice. Et Amour. Et Lumière. Et Paix. Et, j’en suis pratiquement certaine, Bougies Parfumées. Mais je vais lui en parler. Tout de suite. Bientôt. D’ici la fin de la semaine. Oui, je vais lui expliquer l’affaire calmement. Lui présenter les choses de la meilleure façon.

Elle retint un très mafieux « Elle ne souffrira pas ».

-Après tout, même la plus détestable des créatures ne peut s’opposer à l’Amour., conclu-t-elle avec cette étincelle avide dans les yeux, apanage de la ménagère qui découvre une astuce pro-régime derrière une boîte de céréale.

Pause rêveuse. Emma prit soudainement conscience de l’enjeu de cette relation.

« Quoi? Vous allez vous marier? »

La question semblait si réthorique que Grace hésita à y répondre.

-Oui. Bien sur. Un mariage, c’est comme-ça que se finissent les histoires d’Amour, non ?, gazouilla-t-elle, désignant d’un geste du bras le salon étincelant des Schuester’s, comme si le mobilier luisant permettait une estimation très précise des performances de leurs noces. Qu’importe ce qu’il a pu se passer avant., ajouta-t-elle dans un murmure, jetant un regard en coin à la conseillère d’orientation, un peu de rose s’étendant sur ses joues pâles alors qu’elle osait à peine comparer le passé sentimental de l’époux d’Emma à son propre couple pré-créé façon armoire Ikéa.

Elle évoquait là des rumeurs un peu trop fondées sur la situation amoureuse qui avait liés l’ex-Madame Schuester, Emma et William à l’époque, pas si lointaine, des années lycées de Grace, et, bien loin d’imaginer pouvoir causer de la peine en ramenant à la surface ce genre de générateur à flash-back émotionnel, n’y trouvait à redire que la comparaison entre elle et Emma était, quoique légitime, bien trop flatteuse pour elle.

« Il a osé te demander en mariage alors qu'il est encore avec Charlie? Grace! »

-Je te l’ai dit. Il n’est plus avec elle. Il faut simplement la prévenir. Et je vais m’en charger., assura-t-elle, charitable.

« Ecoute, j'aimerais me réjouir pour vous… »

Était-ce bien du conditionnel que Grace percevait dans cette affirmation paniquée ?

« …vraiment,… »

Sourire crispé.

-Je n’en attendais pas moins de…

« …mais c'est difficile dans ces conditions... »

Silence soudain et interloqué.

« Enfin, je ne m'attendais pas à ça, pour tout dire! »

Soupir de soulagement. C’était donc ça.

Emma était surprise. Evidemment. Une femme comme elle aimait la planification et l’ordre. De ce genre d’amour qui lie les bronches aux molécules d’oxygène. C’était cet apparent désordre, pourtant parfaitement millimétré par Dieu, du moins, le croyait-elle, qui effrayait la rousse et bloquait ses instincts de sœur romantiquo-enjouée.

Grace lui aurait volontier épargné ce genre d’état d’âme, cependant, elle lui parlait d’Éternité et de Passion. Les compartiments pasteurisés et les Tupperware hermétiques n’entraient pas en ligne de compte avec ce type d’éléments cosmogoniques.

-Tout va rentrer dans l'ordre. Ne t'inquiète pas. Si tu veux, tu pourras être ma seconde demoiselle d'honneur.

Elle devait pourtant l’aider. Lui montrer du soutien. Comme Emma l’avait fait pour ses projets de mariage. Il fallait qu’elle lui donne un repère solide. Il fallait qu’elle prenne une décision sur laquelle pourrait s’appuyer la rousse.

Convaincue d’avoir trouvé auprès de sa presque belle-sœur toutes les justifications à ses démarches, elle se leva avec ce petit bond déterminé préposé aux plus grandes business-women et autres actrices de publicité pour boisson énergisante.

-Merci de tes conseils, Emma, fit-elle, déposant un baiser volatile sur la joue tachetée de rousseur de l’ex-Pillsbury, oubliant un instant le fait qu’elle n’avait pour ainsi dire reçu aucune indication qu’elle comptait mettre en pratique, ou faisant comme si elle l’avait oublié.

Un dernier sourire. Un dernier éclat.

Sa robe vola. Tourna. Juste une fois. Juste un peu.

L’air, agité, effleura le thé froid abandonné sur la table. Et déjà la porte d’entrée se refermait sur la silhouette gracile.

Ce tableau était charmant. Et, quant à elle, évidemment névrosée.
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MessageSujet: Re: 06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie.   06. [Schuester's] - Le prince charmant a provoqué ma germophobie. EmptyLun 25 Mar - 18:52

Malgré toute la conviction à laquelle Emma s'efforçait, Grace semblait ne pas l'entendre. Son sourire demeurait, immuable, imperturbable. Elle était sur son petit nuage, persuadée du bien fondé de ses dires, alors même qu'ils étaient dépourvus du moindre sens lorsqu'on prenait conscience de la totalité de la situation. Elle se pensait amoureuse, liée à un homme pour le restant de sa vie, et songeait donc qu'elle avait toutes les raisons du monde de continuer de sourire. Emma comprenait. Elle aurait sauté de joie, en d'autres circonstances, et d'ailleurs c'est ce qu'elle avait fait, avant de ne savoir qu'elle parlait de Wyatt. Elle comprenait combien ce sentiment pouvait faire perdre la tête, combien il était agréable de sentir son coeur s'emballer à la simple perspective d’entrapercevoir l'homme à l'origine de ce tourment... et elle comprenait de fait que le sourire de la jeune femme soit si persistant. Indélogeable, même. Parce que précisément, quand on était amoureux, on ne voyait rien d'autre au retour. Qu'importe ce que son entourage eut pu lui dire, Grace n'aurait pas déchanté. Elle n'avait pas de raison de douter, c'était son coeur qui parlait.

Ce qui laissait devant elle une Emma submergée par ce flot d'informations toujours plus délicates. D'abord elle s'était représentée Grace en compagnie de l'homme parfait, arpentant un champs de coquelicots en riant aux éclats. Et quoi que la perspective eut été navrante de mièvrerie, la rouquine s'était attachée à l'imaginer amoureuse. Elle trouvait ça adorable. Quelle ne fut pas sa surprise quand le nom de Wyatt tomba... Et ce fut la chute progressive. Toujours pire. Chaque fois que miss Pillsbury pensait avoir eu sa dose de mauvaises nouvelles, Grace rajoutait un détail poignant. C'est ainsi que du prince charmant quasi parfait elle était passée à un homme en couple qui ne fréquentait à l'habitude que des rousses et qui trompait sa petite amie avec Grace, à qui il faisait croire qu'il l'aimait de tout son coeur alors que visiblement il ne cherchait qu'à tirer profit de sa fragilité et de sa disposition crédule à vouloir vivre un conte de fées. Abjecte. C'était le terme dont Emma habillait mentalement son cher petit frère, qui visiblement n'avait rien du gentleman qu'elle pensait qu'il était devenu aux côtés de Charlie. Elle était déçue, pour tout dire. Ils avaient mis beaucoup de temps à se retrouver; elle avait fait un effort surhumain pour faire acte de sa bonne volonté à des réconciliations en bonne et due forme, elle avait enfilé des baskets pour être la soeur parfaite, avait arpenté la ferme de l'horreur, comme elle l'avait un peu trop facilement surnommée, avait dû s'obliger pendant bien trop longtemps à respirer cet air impure ponctué d'une odeur nauséabonde qui lui avait aussitôt paru familière, tout ça pour quoi? Pour apprendre qu'en réalité, cet homme droit et repenti qu'elle pensait que Wyatt était devenu n'était qu'une façade? En fait il était toujours ce petit garçon dissipé et quelque part un peu égoïste, qui ne cherchait qu'à s'amuser sans réfléchir aux personnes qu'il pouvait blesser. Il n'avait pas changé, malgré tout ce que Emma avait voulu croire. Alors pourquoi avait-ce été à elle de faire cet effort? Pourquoi n'était-ce pas lui qui avait dû faire quelque chose qu'il détestait pour prouver à sa soeur qu'il tenait à elle? Elle s'était faite avoir. Comme Grace. Même si les circonstances n'avaient strictement aucun point commun. Le prince charmant n'était pas si charmant que ça...

Alors que les mains d'Emma se crispaient, ses doigts entrelacés posés sur sa jupe colorée, son regard auburn fut attiré par son interlocutrice, qui semblait agiter ses mains d'une manière douteuse. Emma arqua un sourcil, se demandant à quelle étrange revendication spirituelle Grace s'exerçait alors. Priait-elle pour que la conseillère d'orientation soit en train de lui mentir? Bientôt les gestes cessèrent, le sourire revint, plus pur que jamais. Ce n'était pas pour rassurer Emma. Elle semblait ne vraiment pas comprendre que Wyatt était déjà amoureux. Ou du moins, avait déjà une petite amie, puisqu'apparemment il ne voyait pas ce qu'il y avait de dérangeant à batifoler avec une autre. « Oui. Il a une petite amie. Et c’est moi. » Le ton enjoué de la blondinette brisa le silence dans un fracas déchirant. Emma se sentait mal, elle voulait à tout prix faire entendre raison à Grace, elle ne voulait pas la voir souffrir. Or, indubitablement, c'est ce qui allait se passer dans la mesure où elle semblait être la seule à attendre avec impatience le jour de leur union sacrée. Il n'y avait rien de sacré dans cette union.

Un instant, Emma garda espoir; tout n'était peut-être qu'un mal entendu, peut-être que Grace avait juste vu les photos de Wyatt et s'était rendue compte qu'il était un bon parti. Quoi que l'attention se serait apparentée à l'élaboration d'un plan diabolique par une persécutrice de renom, la rouquine aurait préféré cette folie qu'elle osait espérer passagère à l'histoire préalablement échafaudée par son imagination débordante. Tout aurait été probablement plus simple si elle était simplement tombée amoureuse d'une vieille photo si parfaitement encadrée qu'elle en devenait charmante. Peut-être que c'était juste la disposition des cadres, parfaitement ordonnés, qui donnait à Grace cette impression d’indéfectibilité de leur amour. C'est ça, elle devait probablement adorer la couleur du cadre qui entourait fièrement le large sourire d'un Wyatt alors âgé d'une vingtaine d'années. Emma souffla, comme soulagée. Ce n'était pas si grave, finalement, elle avait juste mal compris. Ainsi, il suffisait qu'elle mette les choses au clair, que sa voix enthousiaste suggère à la blondinette qu'elle ne lui présenterait pas l'homme de ses rêves, parce qu'il ne lui conviendrait pas. Elle argumenterait que personne n'était mieux placée qu'elle pour le savoir, de par le fait que son titre même de conseillère d'orientation pouvait s'attacher aux relations amoureuses -elle avait parfois été sollicitée dans ce genre de cas, au lycée, quoi qu'une fois sur deux les relations se soldaient par un échec-, mais aussi et surtout parce qu'elle connaissait Wyatt depuis le jour de sa naissance. Non définitivement, elle ne serait pas à court d'arguments de si tôt.

Malheureusement... avant même qu'elle n'eut pu mettre au point cette brillante stratégie vouée à faire entendre raison au chérubin, madame Schuester entendait le rire mutin de Grace la réprimander. L'angoisse la gagna de nouveau. Elle crut défaillir en l'entendant dire qu'elle ne l'avait pas seulement vu sur les photos. "évidemment", jugea-t-elle nécessaire d'ajouter... évidemment. Après réflexion, ça n'aurait pas été logique. Après tout ce dont elle lui avait fait part, il était évident que la conversation des jeunes femmes ne relevait plus d'un quiproquo. Grace avait belle et bien rencontré Wyatt, elle savait qui il était, et refusait de savoir qu'il avait une petite amie. Pire, elle pensait l'être. « Mais... » Objecta-t-elle. Mais la voix pimpante de Grace envahissait de nouveau la pièce, se livrant précisément à un discours qu'Emma aurait voulu lui délivrer. La rouquine fit non de la tête, l'air un peu perdu, les yeux arrondis, la bouche entrouverte pour pouvoir attraper plus facilement sa respiration lorsqu'elle aurait l'occasion de s'exprimer. Elle était bien d'accord, il paraissait étrange d'aimer deux personnes à la fois. Mais bientôt leurs opinions divergèrent. Selon la blondinette, Charlie n'appartenait plus qu'au passé sentimental de Wyatt, alors que précisément elle en était le présent, et le futur à très long terme, en vue de la date imminente de leur union maritale. « Justement, il... » Elle poursuivit; miss Watson serait d'ailleurs bientôt mise au courant, et c'était une bonne chose, qui prouvait à la perfection le côté gentleman du futur mari de Grace. « Gentle... » Elle fut coupée. Cela lui "convenait". Qu'il y avait-il de "gentleman" dans le fait d'entretenir une liaison et demander sa maîtresse en mariage avant même de n'avoir mis les choses au clair avec une petite amie persuadée d'être engagée à un homme fidèle?

Emma était comme démunie, incapable de trouver un discours percutant au premier terme. Elle avait déjà tenté d'expliquer à Grace en long en large et dans toutes les dimensions qu'il leur était donné de voir les nombreuses raisons pour lesquelles elle ne devait pas fonder trop d'espoirs utopiques dans cette relation en apparence idyllique qui laisserait de profondes cicatrices lorsqu'ils viendraient à se séparer. Parce qu'ils se sépareraient certainement, en vue de la futilité dont Wyatt pensait qu'il pouvait définir ses relations amoureuses. Pas avec Grace.

Dire qu'il ne trompait pas sa petite amie sous prétexte qu'il ne l'aimait pas ne convainquait pas vraiment la rouquine. À nouveau ses sourcils se réhaussèrent dans une forme de désespoir incontrôlable. « Grace! » elle s'était donnée à lui. Elle avait accepté de se penser sienne, de lui faire confiance au point de s'abandonner à ses bras alors même que lui retrouverait ceux de Charlie sitôt rentré chez lui. Et plus les yeux de Grace s'engouaient dans une passion nouvelle et solipsiste, plus le visage d'Emma paraissait blafard devant son incapacité à raisonner Grace une bonne fois pour toute. Elle avait de plus en plus le sentiment d'avoir à charge un petit oiseau à l'aile cassée qui s'apprêtait à se jeter d'une pente raide pour prouver qu'il pouvait toujours voler, refusant d'admettre qu'à la vérité, il avait besoin d'un bandage. Et un oiseau particulièrement farouche qu'elle ne pouvait décemment pas mettre en cage...

Enchaînant déceptions sur déceptions, Emma ne comprit qu'à moitié que Grace lui donnait raison. Serait-elle redescendue sur terre? « Absolument! » Elle crut à un éclair de génie. Quoi que son ton sembla dépourvu de toute once de compassion, la jeune femme admit qu'il était injuste pour Charlie de subir une telle situation. Invoquant l'esprit divin pour appuyer ses propos, argument d'autorité indubitable auquel, jusque là, Emma adhérait, avec prudence toutefois en attendant de voir où ce raisonnement logique les mènerait, Grace en arriva à la conclusion que c'était à elle de le lui annoncer. « NON! » Supplia la rouquine. Une chose était certaine, si cette histoire était belle et bien ce qu'il y paraissait, ce n'était certainement pas à l'amante de révéler à la femme trompée que son petit ami avait fait son choix et la délaisserait sans s'en trouver touché d'une quelconque forme de culpabilité. « Ce n'est pas à toi de... » mais déjà elle suggérait que Charlie ne s'y opposerait pas.

Les sous-entendus qu'elle ajouta firent frémir Emma, qui ferma un instant les paupières en reprenant son souffle, se tenant plus droite qu'à l'accoutumée pour permettre peut-être une meilleure ventilation dans cette pièce où elle commençait à étouffer. Lorsqu'elle ré-ouvrit les yeux, battant ses longs cils dans un rythme un peu trop soutenu, ce fut avec un air confus, désolée de sentir ses joues s'empourprer légèrement au souvenir désagréable et à la pensée que les rumeurs avaient atteint les oreilles indiscrètes d'élèves moqueurs. « Ce n'est pas du tout pareil, Grace. » Elle appuya le "du tout" d'un ton professoral, tentant de rester calme, tentant de lui faire comprendre combien c'était différent. Et puis, Will n'avait jamais trompé son... hm... "ex-femme" avec Emma. Et jamais Emma n'aurait songé aller voir Terri pour lui annoncer que son mari la quittait pour elle. Non, ils n'avaient rien échangé de plus que des regards emplis de regrets pendant cette période frustrante et blessante. Alors définitivement, Grace ne devait pas s'y référer. Son histoire avec un Wyatt qu'Emma ne savait seulement pas qu'elle connaissait avant aujourd'hui semblait vouée à l'échec. Un échec cuisant qui laisserait des blessés derrière lui; Emma n'avait encore qu'un léger doute quant à leur identité. De deux choses l'une: ou bien Wyatt pensait ce qu'il disait lorsqu'il envisageait de se marier avec Grace -auquel cas Charlie paierait les pots cassés- ou bien il n'en pensait pas un traître mot et ne cherchait qu'à s'amuser. Alors Grace souffrirait de perdre son fiancé, Charlie souffrirait d'avoir été trompée, et Wyatt perdrait les deux femmes qu'il convoitait actuellement. Mais en ce qui concernait Emma, ce n'était pas grave que lui "souffre" de cette situation que lui-même avait créée, il l'avait bien cherché.

Et pourtant elle persistait. Un atome est plus facile à désintégrer qu'un préjugé... c'était visiblement vrai -quoi qu'Emma n'aurait pas non plus été capable de désintégrer un atome, mais mince affaire. Elle était démunie. Et Grace d'ajouter que tout rentrerait dans l'ordre. En théorie, L'Ordre et Emma faisaient très bon ménage. Elle l'aurait probablement épousé si cela avait été possible, et à défaut de ne lui passer la bague au doigt, elle s'était contentée d'en gâter son appartement et sa vie toute entière. Seulement cet ordre auquel aspirait Grace n'avait rien en commun avec le confort que lui apportait un intérieur pasteurisé. Cet ordre là relevait de la décadence cosmique, de l'édification de nouvelles normes qui n'avaient rien d'enviable. Et déjà Emma se voyait offert le rôle de demoiselle d'honneur. « Quoi...? » Elle aurait probablement offert à son interlocutrice un cri suraigu mais dont l'intensité aurait été minimisée, si son amie avait vraiment épousé le prince charmant. Mais il était hors de question qu'elle se déguise en meringue rose bonbon ou même blanc cassé, au choix de la mariée, pour une union qu'elle désapprouvait totalement. Et puis ce n'était pas vraiment le moment de parler de demoiselles d'honneur alors même que la rouquine estimait ne pas être encore certaine que ce mariage aurait bien lieu. « Mais tu es sûre que vous allez vous marier? » Si les mots étaient innocemment sortis dans une inquiétude peu mesurée, Grace se contenta de se lever, après une micro-expression qui traduisait son état de choc. Décidant d'occulter l'outrage que constituait ce doute ouvertement formulé, elle optait désormais pour un sourire acidulé du même acabits que celui qui trônait sur ses lèvres depuis maintenant plusieurs minutes.

Lorsqu'elle déposa un baiser sur la joue d'Emma, elle la remercia pour ses conseils. « Quels conseils? » Malheureusement, la jeune femme doutait d'avoir permis à Grace d'ouvrir les yeux. Nul doute, elle avait dû interpréter ses dires, ou avait en tout cas refusé de les entendre. Oh mon dieu. Et si elle allait vraiment voir Charlie? D'abord incapable de bouger, Emma se retourna vivement vers le couloir où s'engouffrait déjà la jeune femme, laissant sa robe virevolter dans une élégance candide qui brisa un peu plus le coeur de la rouquine. « Grace, où vas-tu? » Mais elle ne lui laissa pas le temps de se lever; déjà Emma entendait la porte d'entrée se refermer sur ses pas dansants. « Mais... Grace! » Appela-t-elle malgré tout d'une voix presque haletante. « Ton prince charmant a provoqué ma germophobie... »


The End.
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