Bien que stressé par cette histoire de Nationals, Jesse devait reconnaître que ça lui donnait à lui et Rachel l’opportunité de passer un peu de temps à New York afin de chercher ce qui serait leur premier appartement commun. Le chanteur se sentait assez étrange vis à vis de cette idée, pourtant il était vraisemblablement celui qui l’avait suggéré. Vivre avec elle était un rêve qu’il n’aurait pas souhaité voir s’échapper et ce pour rien au monde. Il s’agissait d’une sorte de concrétisation de ce qu’ils avaient, une promesse que malgré leurs emplois du temps surchargés, ils éprouveraient toujours le besoin de se retrouver dans un endroit qu’ils pourraient considérer comme chez eux. Rachel partirait bientôt en tournée, et plus qu’une envie, stabiliser leur relation devenait une nécessité. Les dernières années n’avaient pas vraiment été les meilleures possibles pour Jesse et il se devait de rebondir maintenant qu’il pouvait se targuer d’être finalement en couple avec la femme qu’il désirait le plus à ses côtés. Pour la première fois de sa vie, gagner ou pas cette compétition, n’avait pas la moindre importance. Ce qu’il visait était désormais bien plus attirant. Jesse souhaitait par dessus tout retrouver Broadway, un rôle à sa mesure qui aurait eu aussi toute la finesse de lui rappeler ses jeunes années d’acteur, la réalisation de son rêve et tout ce qui l’avait rendu très heureux jusque là. Maintenant qu’il avait Rachel, rien ne l’arrêtait à Lima ou ailleurs. Ce qu’il devait dépasser c’était ce fichu accident et par chance, le public de Broadway n’était pas si extrême. Ses élèves arrivaient dans deux jours seulement, et tout était fin prêt. On leur allouait une salle pour répéter et toutes les chambres étaient réservées. Jesse pouvait se targuer d’avoir tout fait dans les règles, et il lui fallait maintenant s’occuper de son propre cas. Il offrit alors un sourire à Rachel, assise à côté de lui dans le jet privé qui les conduisait à New York, et fit tinter sa coupe de champagne contre la sienne avant d’en avaler une gorgée.

Lorsqu’ils atterrirent un bain de foule les accueillit avec un enthousiasme débordant. Autographes, sourires et hurlements, le chanteur qui n’était pas revenu à ses premiers amours depuis les dernières compétitions, fut touché de constater qu’on ne l’avait pas oublié. « Je suis content d’y retourner avec toi. » Murmura t-il pour qu’elle seule l’entende. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait à sa place. L’émotion qui le submergeait était intense, difficile à contenir, et il ne l’exprima que par un rapide baiser sur la tempe de Rachel qu’il entraîna avec l’aide de leurs gardes du corps vers une limousine qui les attendait visiblement plus loin. Ils traversèrent Time Square, et tournèrent à l’angle d’une rue devant un immense immeuble au dessus d’une banque. Ils descendirent sous les crépitement de quelques flashes qui les suivaient depuis l’aéroport dans l’espoir d’obtenir d’eux un cliché ou un sourire, tandis que le responsable de l’agence en personne qui s’était déplacé pour l’occasion, les guidait alors jusqu’à un magnifique appartement qui offrait une vue imprenable sur Broadway comme le chanteur l’avait expressément demandé. Jesse, resta silencieux le temps qu’elle puisse observer New york par la grande baie vitrée puis se tourna vers le guide qui ajouta pour vendre son bien. « C’est très silencieux qui plus est. Vous devriez venir voir les autres pièces. » Jesse pris la main de Rachel et ils découvrirent successivement le salon, la cuisine, la salle de séjour, la chambre, puis la salle de bain. Un grand dressing vide ne semblait attendre que la quantité indénombrable de robes et de paires de chaussures que la chanteuse possédait dès à présent. Il sourit un peu et s’adressa à voix basse à Rachel. « Ca manque un peu de rose, je trouve. » Il se mit à rire légèrement ce qui eut pour effet de contrarier le promoteur immobilier qui pensait à tord que l’appartement ne lui plaisait pas. « Qu’est-ce que tu en penses ? » Il haussa un sourcil pour appuyer sa demande. Il voulait avant tout qu’elle se sente chez elle ici, et si elle le trouvait trop classique, il avait d’autres propositions en réserve. Ils étaient tout à fait le genre le clients qu’on aimait satisfaire, et Jesse était certain que le vendeur leur proposait là une de ses plus belles pièces. Pour ce qui était de l’aménagement, ils avaient pour ami un très bon décorateur dont Rachel appréciait énormément le travail.

La perspective de retourner à New York emplissait Rachel de joie, et d’une impatience qu’elle peinait à contenir. Elle avait l’impression que les jours s’écoulaient à la vitesse d’un escargot, mais fort heureusement, elle savait également qu’une fois que sa tournée aurait commencé, le temps passerait bien plus vite. Entre les répétitions, les concerts, et les voyages d’une capitale à une autre, elle n’aurait pas le temps de s’ennuyer, et la fin de l’été arriverait si vite qu’elle se retrouverait à poser ses bagages à New-York plus vite qu’elle ne le pensait. Elle avait hâte de partir en tournée, parce que l’Europe lui plaisait beaucoup, mais il lui tardait tout autant de pouvoir retourner chanter à Broadway. Alors que le jet privé qui les amenait, Jesse et elle, tout droit dans cette ville que Rachel aimait tant, la jeune chanteuse repensait à tout ce qu’elle avait connu là-bas. Son entrée à la Tish, en compagnie de Jesse qui l’avait suivie là-bas. Ensembles ils avaient beaucoup travaillé pour se perfectionner, et les longues heures à danser jusqu’à en avoir mal dans tout le corps, presque au point de pleurer, les leçons de chant où ils s’étaient confrontés à des élèves au moins aussi talentueux qu’eux, les cours de comédie pendant lesquels leur sens naturel pour le drama leur avait octroyé les meilleures scènes, tout cela leur avait beaucoup apporté. Ensemble, ils avaient fait leurs premiers pas à Broadway et partagé la scène. C’est à New York qu’ils avaient touché pour la première fois au vrai succès. C’est également à New York qu’ils s’étaient remis ensemble. C’était presque normal pour eux d’y retourner, après tout ce temps.
Mais ce n’était pas l’unique raison qui poussait Rachel à vouloir retourner à New-York. Si elle poursuivait sa carrière de chanteuse, elle ne pourrait être avec Jesse aussi souvent qu’elle le voulait. Il était hors de question que Jesse la suive bêtement partout où elle donnerait un concert, tout comme il était hors de question que Rachel mette sa carrière entre parenthèses, et ils n’allaient certainement pas renoncer à leur vie de star pour pouvoir vivre pleinement leur relation. Mais en revenant vivre à New-York, ils avaient la possibilité de vivre aussi bien leur amour que leur célébrité. C’était la meilleure des solutions. Broadway était fait pour eux, et ils étaient faits pour y être ensembles. Son retour n’était pas encore officiel mais Rachel avait été ravie d’apprendre, de la bouche de son agent, que deux producteurs de comédie musicale s’étaient montrés fortement intéressés à l’idée d’avoir à nouveau le jeune couple sur les planches, leur succès durant Spring Awakening étant encore très vivace dans les mémoires. Il faut dire qu’ils avaient remportés des récompenses prestigieuses suite à leur participation à cette comédie musicale, et Rachel conservait précieusement le Grammy Award qu’on lui avait remis quelques années auparavant. Leurs prestations avaient marqués les esprits, et de toute évidence, dès qu’ils seraient officiellement de retour à New-York, ils ne manqueraient pas de propositions. Leur descente d’avion confirma ce qu’elle pensait, et tout en distribuant sourires et autographes, Rachel coula un regard en direction de Jesse, qui semblait tout à fait à son aise sous les flashs crépitant. Cela la fit sourire. Evidemment qu’il était dans son élément. Il était fait pour briller, et c’était un réel plaisir que de le voir à nouveau dans ce monde auquel il était destiné.

Aujourd’hui, ils devaient visiter quelques appartements. C’est Jesse qui s’était entièrement chargé de trouver un agent immobilier compétent et qui saurait répondre à leurs nombreuses demandes, Rachel étant bien trop occupée à planifier son départ de Lima. Elle devait débarquer à Londres au début du mois de Juillet, et les jours passaient à une allure folle. Mais Rachel faisait totalement confiance à Jesse pour leur trouver un endroit où vivre. Elle avait posé quelques conditions, néanmoins, et tous deux étaient rapidement tombés d’accord pour que leur appartement donne sur Broadway. Rachel avait hâte de visiter le premier appartement, qui à première vue semblait idéal. Très bien situé, avec un portier et l’assurance d’une grande intimité. N’étant que deux, ils n’avaient pas forcément besoin de beaucoup d’espace, mais les pièces étaient grandes, lumineuses, confortables… et comme Jesse le fit judicieusement, et non sans humour, remarqué, elles étaient sobres et bien moins colorés que ce que Rachel aurait choisi. La réflexion du jeune homme la fit sourire et elle lui glissa un regard complice et légèrement réprobateur, bien que brillant d’amusement. Mais il n’avait pas tort, et Rachel réfléchissait déjà à la façon dont ils pourraient décorer un peu tout ça.
Lorsqu’ils revinrent dans le séjour, où une immense baie vitrée donnait une vue imprenable sur Broadway, Rachel s’approcha de la vitre et contempla la rue en contrebas, un air songeur sur le visage. « J’en pense… que c’est un très bel appartement. » dit-elle doucement. Elle était partagée entre l’envie de laisser libre court à son enthousiasme, et les conséquences qu’une telle décision aurait. Elle aimait Jesse, cela n’était plus à prouver, et elle ne voulait pas être séparée de lui, mais ils s’apprêtaient à franchir un cap décisif. Pensive, elle se tourna vers l’agent immobilier. « Pourriez-vous nous laisser s’il-vous-plait ? » Avec un bref hochement de tête, l’agent disparut dans la cuisine, laissant Rachel et Jesse seuls. La jeune femme se tourna vers Jesse. « Ça me plait, beaucoup même. » Elle souriait, sincère. « Et puis, vivre à New-York, j’en ai toujours rêvé. » Reportant son regard sur la rue très animée, tout en bas de l’immeuble, mais dont aucun bruit ne filtrait à travers la vitre, Rachel chercha ses mots. « C’est un grand pas. » murmura-t-elle.

Rachel, semblait conquise, et ne lança à Jesse qu’un bref regard réprobateur lorsqu’il la taquina sur le rose. Elle demanda ensuite pour un peu d’intimité au promoteur immobilier qui s’exécuta très rapidement gagnant la cuisine tandis que les deux stars de Broadway se concertaient sur ce qui s’apparentait à une très grande décision pour eux. Tout devait être parfait, et aucun détail ne devrait être laissé au hasard, Jesse en était plus que conscient. Ils devaient pouvoir s’imaginer ici, y passer du temps, concilier le rose et le bleu dans une harmonie semblable à celle de leurs deux voix. Leur relation ne tenait qu’à la préservation de leurs univers. Pour exister en tant que couple Rachel et lui devaient avant tout s’associer harmonieusement tout en gardant leurs caractère et leurs envies. Ils s’étaient aimé pour leurs points communs mais aussi pour leurs différences et c’était ce que devait transcrire l’endroit ou ils décideraient de vivre ensemble. La vue sur Broadway aurait pu être un caprice de star comme un autre, mais c’était un détail important, un commun accord, auquel ils n’auraient su déroger. Elle avoua trouver l’appartement à son goût, et Jesse lui rendit son sourire partageant son opinion. Pour l’instant, c’était très impersonnel, mais il était lui même capable de s’y projeter et il se doutait bien que ce serait également le cas de Rachel qui ne manquerait pas d’appeler son décorateur une fois la décision prise, mais elle semblait pour l’instant songeuse, les yeux perdus sur la vue de Broadway que lui offrait la baie vitrée. Elle admit alors que vivre à New york était ce dont elle avait toujours rêvé, et Jesse pouvait en dire autant, pourtant elle ne manqua pas de noter qu’il s’agissait là d’une décision qui allait changer beaucoup de choses dans leur vies. Jesse s’appuya alors contre la vitre dans le sens inverse de Rachel, lui offrant un regard bienveillant. « Je sais, pour diverses raisons. » C’était renoncer à vivre une vie tranquille à Lima près des gens qui l’avaient vu grandir et évoluer, mais également s’installer avec son petit ami après quelques années à ne pas avoir vraiment su se positionner en tant que couple. Tout prenait maintenant une tournure bien plus adulte, plus sérieuse, alors qu’ils n’avaient pour certitude que celle de s’aimer trop pour prendre le risque de se perdre.

« Si on achète cet appartement cela aura une signification évidemment, ca voudra dire qu’on a vraiment envie de construire quelque chose ensemble, que notre décision est prise. » Jesse se redressa pour aller se poster en face de sa petite amie levant son menton pour que leurs regards se croisent. « Et je veux vraiment que tu sois certaine de ton choix, aussi bien concernant l’appartement que ton envie de vivre avec moi. J’ai d’autres adresses, on peut en visiter d’autres demain, tu auras peut être un coup de cœur. » Rachel comme lui était très intuitive, et si elle avait besoin de temps ou d’une révélation, Jesse pouvait bien se permettre de leur offrir quelques nuits supplémentaires dans un hôtel de luxe new yorkais. Il approcha un peu plus ses lèvres des siennes et l’embrassa avec tendresse. « On devrait rentrer à l’hôtel. » Il l’entraîna dans la cuisine ou il trouvèrent le promoteur immobilier à qui Jesse promit de passer un coup de téléphone pour d’autres visites dans la journée du lendemain, prétextant qu’ils étaient tous deux fatigués de leur voyage et qu’ils souhaitaient investir leur suite où leurs bagages avaient été soigneusement déposés.

Reprenant la limousine, ils furent ensuite déposés à l’entrée d’un hôtel qui a défaut d’avoir une vue imprenable sur Broadway s’avérait fastueux et tranquille. La sécurité habituée à recevoir des célébrités, leur assurait une protection contre toute intrusion dans leur vie privée, qu’il s’agisse de la presse ou encore de fans, précautions d’usages dont Jesse aurait aimé disposer à Lima. En y pensant, il était vraiment heureux d’avoir quitté cette ville, et il espérait n’avoir à y retourner que pour les fêtes de Noël l’an prochain chez les parents de Rachel, tout dans cette ville le révulsait, tout jusqu’à leur façon de servir du champagne dans des gobelets en plastique. Après avoir déposé ses dernières affaires, il souleva Rachel et la porta jusqu’à leur lit, ou il l’allongea sans brusquerie. Il se laissa tomber à côté d’elle et esquissa un sourire. « Tu veux dîner à l’extérieur, ou j’appelle le room service ? » demanda t-il en haussant un sourcil.

Rachel s'était toujours vue vivre à New-York. C'était pour elle une évidence, au même titre qu'elle était faite pour devenir une star de la scène. En ayant grandie à Lima, où tout était trop petit, trop modeste, pas à la hauteur de ses espérances et où tout le monde, excepté ses pères, ne semblaient pas être sensibles à son talent, Rachel avait vite étouffée. Elle aimait la ville qui l'avait vue naître et dans laquelle elle avait fait de magnifiques rencontres, mais elle avait toujours su qu'elle n'y avait pas sa place. En revanche, New-York était complètement à la mesure de ses rêves, et de sa personne. Lorsqu'elle avait été admise à la Tish School, elle avait eu confirmation qu'elle était à sa place dans cette ville qui ne dort jamais. Lima lui avait manqué, et en s'installant à New-York, la petite ville de l'Ohio lui manquerait toujours, mais ce n'était pas ce qui semblait la faire hésiter. Elle savait que la décision qu'elle prendrait, qu'elle soit positive ou négative, signifierait un grand changement dans sa vie. Elle qui s'était crue confrontée à ce genre de chose pour la seule et unique fois quand elle avait été sur le point de coucher avec Jesse pour la première fois, des mois auparavant, ne s'était jamais imaginé qu'en réalité, son plus gros dilemme serait de décider si oui ou non, elle devait emménager avec lui.
Cela n'avait rien à voir avec les sentiments qu'elle éprouvait pour le jeune homme, loin de là. Il lui avait fallu du temps pour s'en rendre compte, et ce n'est qu'après s'être retrouvée dévorée par la jalousie en voyant Santana tourner autour de Jesse, qu'elle avait compris à quel point elle l'aimait, bien plus qu'elle n'avait aimé Finn, qui certes avait été son premier amour, mais n'avait jamais partagé ses rêves, ses ambitions, et surtout, il n'avait jamais vraiment su ce qu'il voulait. Jesse avait vite été clair sur ce point : ce qu'il voulait, c'était elle, ni plus, ni moins. Aujourd'hui, elle savait qu'ils étaient faits pour être ensembles, et ce n'était pas pour cette raison qu'elle ne s'était pas jetée sur les papiers pour signer avant d'organiser l'acheminement de ses affaires jusqu'ici. Ce qui la retenait, c'était de se dire que le seul retour en arrière qui leur resterait signifierait la rupture. Pour l'instant, ils avaient vécu séparément, se voyant presque tous les jours et dormant l'un chez l'autre régulièrement. Ils avaient déjà commencé à prendre leurs petites habitudes, ce qui n'était pas très difficile dans la mesure où ils avaient toujours eu le même style de vie. Ils se levaient tôt, mangeaient sainement -bien que Jesse ne soit pas végétarien comme Rachel l'était- et prenaient soin d'eux, et surtout, de leur voix. Ils travaillaient leurs vocalises tous les jours, aimaient les mêmes choses, avaient la même opinion sur bien des choses -et quand ce n'était pas le cas, cela promettait de longs débats pendant lesquels chacun faisait valoir son avis avec forces arguments. Leurs accrochages étaient vraiment très rares, et insignifiants, et ils trouvaient toujours un moyen de se réconcilier, ces derniers mois sur l'oreiller d'ailleurs. Cela étant, leur couple était-il vraiment prêt à franchir ce cap ? Avaient-ils atteint un tel degré de confiance et d'intimité qu'emménager ensembles ne serait que l'accomplissement de ces derniers mois d'idylle ? C'était une chose de dormir l'un chez l'autre une nuit sur deux, c'en était une autre de se voir tous les jours. Vivre ensembles leur ferait découvrir des choses sur l'autre qu'ils ne connaissaient pas forcément. Pour ce que Rachel en savait, Jesse pouvait très bien avoir des travers soigneusement cachés sous ses boucles brunes et son sourire en coin, du genre laisser la porte des toilettes ouvertes, par exemple. Étaient-ils prêts à faire face aux petits défauts de l'autre ?
Outre cela, il ne fallait pas oublier la signification première d'une telle décision. Emménager ensembles serait la preuve qu'ils prévoyaient de vivre tous les deux pour une longue, très longue période, et même, qu'ils envisageaient, pourquoi pas, de se marier et de fonder une famille. Évidemment, Rachel voulait se marier, un jour. Mais Jesse et elle étaient si jeunes ! Elle voulait être avec Jesse, mais avait peur de ce qui se profilait sous ses pieds alors qu'ils étaient sur le point de s'engager un peu plus sérieusement.

C'est avec reconnaissance qu'elle accepta de retourner à l'hôtel. Elle avait besoin de temps, et même si cet appartement lui plaisait énormément -il faut dire qu'il avait tout ce qui fallait : un emplacement idéal, de l'espace, de la lumière, du calme- elle ne voulait pas se précipiter, elle voulait pouvoir en discuter avec Jesse. L'idée de vivre ensembles venait d'elle, mais ils n'avaient pas vraiment pris le temps d'en parler, d'en parler vraiment. Le retour à l'hôtel se fit dans le calme et en ôtant ses lunettes noires, Rachel laissa échapper un soupir. « Hm... je ne dirais pas non à un peu de calme. » jugea-t-elle après un instant de réflexion. Le vol l'avait quelque peu fatiguée, et de toutes façons, il ne servait à rien de remettre à plus tard la conversation qu'elle tenait à avoir avec Jesse. « Mais j'irais bien dîner chez Daniel, demain soir. » ajouta-t-elle avec un sourire, tout en ôtant ses sandales à talons compensés pour fouler la moquette de ses pieds nus, avant de rejoindre Jesse sur le lit, s'y laissant tomber avec délice. Elle était plus fatiguée qu'elle l'avait cru, et maintenant qu'elle était assise sur un matelas confortable, une certaine lassitude s'emparait d'elle. Elle s'étira longuement, les yeux plissés et les membres tendus au poins de craquer. « Enfin, je ne dirais pas non à des raviolis aux champignons. Et je mangerais bien un dessert fruité... quelque chose d'exotique. » fit-elle savoir, et elle laissa à Jesse le soin d'appeler le room service. Lorsque ce fut fait, elle planta son regard dans le sien, avec sérieux. « Et si nous parlions de cet appartement ? » dit-elle sans prendre de gants. Jesse saurait qu'elle ne faisait pas uniquement allusion à l'appartement mais également à ce que cela impliquerait de l'acheter.