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 06. Shoot to thrill

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MessageSujet: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptySam 19 Jan - 1:15

Entourant ses genoux repliés contre sa poitrine de ses bras nus, Ashandra fixait avec une intensité démesurée son écran de télévision où était diffusé un épisode lambda d’une série policière. L’intrigue allait plus ou moins comme suivait : un père de famille ayant perdu son fils en Irak perdait l’esprit et se vengeait de toute l’armée qu’il jugeait responsable de sa mort en menant à bien des attentats terroristes dans ses principaux bureaux. Plusieurs fois les enquêteurs étaient sur le point de lui mettre la main dessus mais à chaque fois il s’en sortait en les induisant en erreur. Malgré le peu de concentration qu’elle mobilisait réellement à suivre l’enquête, depuis que l’épisode avait commencé, elle n’arrêtait pas de dévorer du regard toutes les scènes de fusillades malheureusement bien rares comparées aux scènes d’explosion de voitures ou de maisons, observant avec une précision millimétrée les gestes des tireurs. Seule dans la maison alors que le reste des habitants était parti au restaurant pour un “dîner de famille” sans prendre la peine de l’inviter, contrairement à son habitude depuis le départ de Damon, elle ne restait pas cloîtrée dans sa chambre à s’autoflageller en se morfondant sur tout ce qu’elle aurait pu empêcher son petit frère de s’enfuir. S’était-il seulement enfui ? Cette seule question aurait pu la faire pleurer encore, et elle ne voulait pas avoir les yeux bouffis et rouges pour le lendemain. Et ce n’était pas parce qu’il y avait un office le matin. Elle avait été invitée. Enfin invitée... On lui avait proposé une sortie des plus originales qui l’avait amenée à collecter des informations sur les armes à feu. Et par on, il fallait comprendre l’adjoint du shérif, Warren. Prononcer son prénom seul dans sa tête suffit à faire rougir la jeune femme qui enfouit son visage entre ses genoux de honte. Dieu merci, personne ne la surprendrait à avoir ce genre de comportement idiot. Même une petite fille face à son premier rendez-vous aurait eu l’air moins cruche qu’elle, c’était certain. Il n’y avait qu’à voir toutes les lycéennes. Ashandra avait l’impression que c’était encore pire qu’à l’époque où elle foulait les couloirs en tant qu’élève. Mais si elle n’en était pas à son premier coup d’essai en matière de rendez-vous, tout cela remontait à très, très longtemps; et elle n’avait de toute façon jamais vraiment eu de talent pour cela. Un seul petit-ami à l’époque du lycée à Des Moines auquel elle préférait ne pas repenser tant la fin avait été violente, voilà qui n’était sans doute pas glorieux aux yeux de la population. Ashandra était une novice totale. Et maintenant qu’elle y réfléchissait, elle n’avait jamais vraiment eu d’ami garçon en dehors de ses frères. Dès que son corps avait été formé, ces messieurs avaient vite fait de se passer de son amitié pour essayer de plonger dans son décolleté et d’amener ses courbes en S droit dans leur lit. N’assumant absolument pas cette féminité exacerbée dont elle se serait bien passée et qui lui avait brisé le cœur, la jeune femme s’était donc repliée sur elle-même en évitant soigneusement tout contact avec les membres du sexe opposé s’en remettant à Dieu qui un jour enverrait l’âme sœur sur son chemin. Il semblait toutefois que Dieu prenne son temps, car elle avait déjà 23 ans et toujours personne qui fasse battre son cœur.

Cassandra se serait sûrement moquée d’elle si elle lui avait raconté ce qui se tramait dans son esprit à ce moment. Pire, elle l’aurait peut-être mal jugée, s’imaginant qu’elle préférait tomber dans le vice et le déni plutôt que d’affronter ses peurs et de partir elle-même à la recherche de son frère. De toute façon elle était sûrement occupée à autre chose, elle lui parlerait de tout cela plus tard... Après leur rencontre. Quand elle serait un peu plus sûre de tout ce qui se passait pour elle. Ce n’était sûrement que de la charité après tout. La pauvre gamine qui venait de perdre son délinquant de frère. L’afro-américaine ne se voilait pas la face sur les rumeurs qui couraient à son sujet au commissariat. Elle était devenue une habituée des visites et des sorties de cellules de dégrisement après tout. Si tous ne connaissaient pas son nom, loin de là, elle était à peu près certaine que tous les policiers de la ville avaient vu son joli minois. Elle ne comptait plus les cafés qu’on lui avait offert avec une tape compatissante sur l’épaule qui la rebutait plus que tout, ou les sourires en coin qui lui donnait l’impression d’être une moins que rien qui ne vaut guère plus qu’un peu de pitié de la part d’un fonctionnaire fatigué. Elle avait haï Damon pour cela. À cause de lui, et à cause de lui uniquement, elle avait dû passer par tout cela. Elle avait eu honte, elle avait eu l’impression d’être traînée dans la boue, elle avait été jugée, toisée par les regards hautains de certains paroissiens un peu racistes qui aurait préféré qu’elle aille assister à l’office de son nouveau beau-père avec les autres “gens comme elle”. Parfois elle détestait Lima, de tout son être, et ça lui donnait d’autant plus de force pour frapper encore et encore dans un sac de sable qui faisait son poids avec ses gants rouge vif. Que pouvait-elle faire d’autre ? Elle était impuissante, elle n’était rien dans cette ville, qu’une choriste sur le banc des perdants ou une grenouille de bénitier. Et puis il était parti. Comme ça, sans rien dire, il s’était évaporé dans la nature. Quand elle était retourné à la station de police, ce n’était plus de la honte qu’elle avait ressenti, mais du désespoir. Une immense détresse qui l’avait submergée alors qu’elle acceptait doucement le fait que peut-être elle ne le reverrait pas. C’était à ce moment qu’elle avait buté, littéralement buté, dans Warren Delacroix. Il était ridiculement grand, c’était à peine si elle lui arrivait à la poitrine. En levant le nez vers lui elle n’avait pu empêcher les larmes de rouler sur ses épaules et s’était accrochée à sa veste pour ne pas se laisser tomber sur le sol. Il l’avait écoutée, il avait pris au sérieux son histoire alors que d’autres auraient déclaré sa cause perdue ou aurait simplement balayé sa demande d’un revers de main en prétextant que ce soûlard finirait bien par revenir une fois à court d’argent. Son accent du Sud avait quelque chose d’étrangement apaisant, et elle gardait toujours un souvenir ému de sa jolie voix grave qui l’avait aidé à ne pas totalement se laisser aller ce soir là. Depuis elle était revenue quelque fois au commissariat pour prendre des nouvelles, un ou deux fois, pas plus. En toute honnêteté, elle ne savait plus s’il s’agissait de son frère ou de l’inspecteur Delacroix lors de ses visites, et ses motifs potentiellement impurs l’horrifiaient autant qu’ils la fascinaient. À sa dernière visite, l’adjoint du shérif lui avait proposé sur le ton de la plaisanterie de lui apprendre à tirer, et sans doute à cause de ses yeux scintillant de curiosité à cette idée, il avait été obligé de tenir sa promesse et lui avait fixé rendez-vous ce dimanche. Elle lui avait timidement demandé s’il pouvait passer la prendre à la fin de l’office puisque sa voiture était en révision au garage jusqu’au mardi suivant et le rendez-vous avait été scellé.

Croisant les jambes en tailleur en s’adossant complètement au coussin moelleux du canapé blanc flambant neuf qui jurait terriblement avec le reste du décor pas encore remplacé par sa mère qui avait une folie acheteuse depuis qu’elle était à nouveau une femme mariée, elle étira ses bras devant elle en mimant un pistolet. Boum. Elle avait à la fois terriblement envie de parler de tout ceci à quelqu’un et terriblement honte de son comportement. Pour le moment le silence était donc de rigueur, et elle devrait se conseiller toute seule sur la tenue adéquate à une telle activité. Éteignant la télévision, elle monta prendre une longue douche chaude avant de se glisser sous ses couvertures, certaine qu’elle allait rêver de tous ces policiers en tenue en train de tirer sur des cibles mouvantes. Si elle arrivait à fermer l’œil... Ce qui n’était pas garanti étant donné son état de nervosité. «Ce n’est rien. Juste une sortie entre amis. Il n’est pas intéressé.» murmura-t-elle pour elle-même en enduisant ses jambes de crème hydratante. Couchée à plat ventre sur son lit, elle regardait son placard ouvert un dépit. Ses placards avaient beaucoup évolué depuis le lycée où elle ne portait que des vêtements hideux capables de couvrir 90% de son corps, mais trouver des vêtements qui aillent pour un office religieux et pour un rendez-vous — qui n’était pas galant il fallait qu’elle se le répète —, ce n’était pas une mince affaire. Même s’il n’avait pas le moindre intérêt pour elle, elle se devait au moins de ne pas lui faire honte au stand de tir. Malgré l’excitation, ses paupières se firent de plus en plus lourde, et elle finit par s’endormir. Sept heures plus tard elle était debout et en retard. S’habillant en quatrième vitesse d’une robe rouge et noire que lui avait prêtée Charlie lorsqu’elles avaient fait leurs essayages pour le duo ange et démon et qui avait été mise de côté parce que trop sage, elle eut du mal à remonter la fermeture jusqu’en haut à cause de sa poitrine de toute évidence plus importante que celle de son amie choriste. Pestant intérieurement, elle retint sa respiration le temps de tout zipper et descendit les escaliers à toute allure pour préparer le petit déjeuner de tout le monde et filer à l’église. Rares étaient les fois où elle avait été aussi inattentive durant un sermon du pasteur Hamilton. Mais c’était plus fort qu’elle, cette sortie de son traintrain quotidien lui faisait déjà le plus grand bien avant même de commencer. Et quoi qu’il puisse se produire, elle devrait chaleureusement remercier le policier d’avoir pris sur son temps personnel pour la divertir de ses idées noires. Enfin la cloche sonna et elle s’échappa du groupe des paroissiens qui était déjà affairé à discuter des potins de la semaine sur le parvis pour chercher du regard le grand blond. Elle ne mit d’ailleurs pas longtemps à le repérer et son cœur faillit bondir hors de sa poitrine. Pas de faux espoirs. Soufflant profondément en baissant le regard, elle le rejoint à petits pas et s’arrêta à bonnes distances. «Bonjour...» esquissa-t-elle avec un sourire sans quitter le sol des yeux. «Je suis désolée, j’espère que je ne vous ai pas fait attendre. Oh et je ne savais pas quoi mettre alors... S’il faut que je me change je peux... je peux rentrer et...»
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyDim 20 Jan - 22:46


"Prêt?"

À la question de sa soeur, Warren haussa les sourcils. Il repoussa une mèche blonde qui lui gênait la vue et poussa un soupir plus qu'audible, indiquant à Amelia que oui, il était prêt. Quelle question stupide en même temps, il se livrait à ce petit jeu tous les samedis soirs et depuis, Warren commençait à avoir l'habitude et il attendait juste que sa soeur lui donne le top départ.

"Okay... vas-y!"

Warren eut un sourire aux lèvres tandis qu'il commençait à démonter son arme. Cela était une activité très étrange pour un samedi soir. Que faisaient les autres hommes de son âge? Warren n'en avait pas la moindre idée, peut être qu'ils étaient bien câlés devant leur télé, une bière à la main et un bras autour des épaules de leur femme. Sauf que ça, Warren avait déjà donné et oui, il gardait un très mauvais souvenir de sa relation avec Jolene. Il avait aimé la jeune femme, beaucoup trop d'ailleurs et parfois, il ne voyait pas ses défauts, ni même que leur relation était malsaine. Et puis il y avait d'autres moments où il ne pouvait tout simplement pas la supporter, c'était dans ces moments-là que le couple avait détruit la plus grande partie de leur mobilier et qu'ils s'étaient fait haïr de tous leur voisins. Mais bon, il suffisait de jeter un coup d'oeil à Warren pour comprendre que du haut de son mètre 93, il n'allait recevoir de leçons de personne. Quelle autre option avait-il alors? Sortir avec des amis, pour oublier les soucis du boulot? Non, les trois quarts de ses amis étaient eux-même des policiers et Seth était un dingue de comics et... Même Warren avait parfois besoin d'une pause face à ce genre de bonne humeur. Et non, il ne s'était toujours pas remis de la dernière comic con, il s'était fait entraîné par l'autre homme, s'était prêté au jeu et au final, il avait terminé sa soirée avec une fille en costume d'écolière (surtout ne pas chercher à comprendre) qui en fait était un garçon juste très à fond dans le cosplay. (Chose qui soit dit en passant n'avait pas arrêté Warren, il s'était juste réveillé le lendemain matin en se disant que ce qui arrivait à la comic con... Eh bien resterait à la comic con.) Bref, samedi soir, Warren, shérif adjoint se retrouvait chez lui, assis sur le canapé, son ordinateur portable posé sur la table basse, en pleine conférence skype avec sa grande soeur Amelia. Qui le chronométrait. Pendant qu'il s'entraînait à démonter et à remonter son arme. Qui avait dit que les Delacroix étaient sains d'esprit, qui? Et puis si seulement Warren n'avait eu qu'une seule arme en sa possession. Non, il avait un véritable arsenal déployé dans son salon, du fusils à pompe à son arme de service, au silencieux que son grand frère lui avait offert pour son dernier anniversaire à son arme favorite. Celle qui l'avait entre les mains à présent : un colt de 1911, chromé, avec des poignets en ivoire, un cadeau de son père quand il avait décidé de rejoindre l'armée. (Les Delacroix une famille de psychopathes... Naaan...)

"Fait!" Annonça fièrement Warren en reposant l'arme sur ses genoux, redressant son regard vers sa soeur. "Combien de temps?"

"Une minute et 19 secondes... Mon chéri, tu t'es ramolli!" Annonça Amelia avant de tirer la langue.

"Hey... Je ne me suis pas ramolli, je suis juste un peu fatigué c'est tout, okay... En plus je ne vais pas tarder, je dois retrouver Ashandra demain..."

"Oh... Monsieur a un rendez vous galant! Tu sais, il va falloir que tu te décides niveau sexualité, tu ne peux pas pas changer d'avis comme de chemise mon grand, non pas que ça me dérange..."

"Hey, hey, hey." Warren fit bouger son arme en direction de la webcam d'une manière qui se voulait menaçante. "Ce n'est pas un rendez vous... Je l'aide juste un peu c'est tout."

"Oh Warren tu as une âme si charitable!" Amelia se moquait de lui bien évidemment et cela l'irrita un peu.

"Tu veux savoir pourquoi je fais ça? Elle me fait un peu penser à toi." Warren avait murmuré la dernière partie de la phrase, se grattant la tête de sa main libre. C'était débile, il le savait, mais quand il avait croisé Ashandra, enfin non, quand il lui était littéralement rentré dedans à la station et qu'il l'avait vu pleurer, il avait su qu'il avait dû l'aider. Sa tête lui disait quelque chose, bien évidemment, il l'avait déjà vu traîner dans les parages, pour venir chercher son frère Damon. Un délinquant des plus banales selon Warren et plus d'une fois, il avait assisté à des scènes qu'il n'aurait jamais dû voir entre le frère et la soeur. Et cela lui avait rappelé sa propre expérience. Plus jeune, Warren avait eu comme qui dirait une mauvaise passe. En même temps quand on habitait à la Nouvelle-Orléans, il était très facile d'être tenté. Il avait passé une grande partie de son adolescence dans le Vieu Carré et plus d'une fois, il avait terminé dans une cellule, ses grandes soeurs étant celles qui venaient souvent le chercher, et à chaque fois, Amelia lui donnait ce même regard. Pourquoi? Pourquoi foncer droit dans le mur? Y prenait-il un malin plaisir? Certes, il était jeune, c'était normal qu'il fasse des conneries, mais devait-il autant se mettre en danger? Warren regrettait beaucoup cette époque, il ne savait pas ce qui l'avait poussé à agir ainsi, enfin si, mais il préférait l'ignorer. Être le dernier d'une famille de cinq enfants n'avait jamais été facile, sans compter que sa mère mettait un point d'honneur à leur faire avaler la religion catholique, qu'ils le veuillent ou non. Une chose que Warren avait eu beaucoup de mal à accepter et qui avait été la source de beaucoup de disputes. Quoi qu'il en soit, il voulait aider Ashandra sans aucune arrière pensée. Et puis il suffisait de regarder la jeune femme pour comprendre que la vie n'avait pas été clémente avec elle et qu'elle en avait bavé. Donc Warren ne l'avait pas ignorée, il avait promis qu'il ferait tout ce qui était possible pour retrouver son frère, et ce, même si le casier judiciaire de ce dernier voulait qu'on fasse tout pour oublier. Tout le monde faisait des erreurs pas vrai? C'était ce qu'il avait dit à Ashandra avec un sourire aux lèvres, tentant de la faire sourire de nouveau. Et entre la recherche de son frère et retrouver les personnes qui avaient agressé Britanny il y a de ça deux semaines, Warren était plutôt occupé. Très occupé même. Ça en était déprimant, oui il aimait son job plus que tout mais se faire réveiller à quatre heures du matin par la voix d'un de ses collègues qui lui disait qu'ils avaient peut être une piste concernant l'affaire Brittany... Warren n'était pas Superman, déjà les collants ne lui iraient pas... mon dieu, qu'est-ce qu'il était en train de raconter? Il bailla sans pouvoir se retenir et sa soeur éclata de rire, à l'autre bout des États-Unis. Vive internet se disait Warren parfois, quoi que, vu la tonne de sms que lui et Amelia s'échangeaient par jour, il devait rendre son opérateur téléphonique très heureux.

"Allez princesse va au dodo, tu ne veux pas être en retard pour ton rendez vous non?"

"Ce n'est pas un rendez vous." répéta Warren avant de dire au revoir à sa grande soeur et de fermer son ordinateur. Il eut juste assez d'énergie pour aller vérifier qu'il avait bien fermé toutes les portes avant d'aller s'effondrer dans son lit. Il s'endormit en moins de dix minutes, se disant que zut, il n'avait pas fermé la porte de derrière. Oh et puis merde, un voleur éventuel fuirait forcément en voyant sa collection d'armes, non? Warren émergea quelques heures plus tard en poussant un grognement et en se demandant sérieusement s'il ne pouvait pas rester dans son lit toute la journée. Non, ça ne se faisait pas, même si son lit était douillet et confortable et... Il se redressa en se frottant les yeux, pas du tout réveillé, ce n'était pas dans cet état là qu'il allait tirer sur quelque chose. Oh Hell no. Il s'étira, certain d'avoir fait trembler tous les murs de la maison au passage et traîna sa carcasse dans la salle de bain. Warren utilisa probablement toute l'eau chaude disponible et quand il sortit de la cabine de douche, il y avait de la buée dans toute la pièce. Il roula des yeux avant d'essuyer le miroir, jetant un coup d'oeil à sa cicatrice, un petit souvenir du braquage de la bijouterie le mois dernier. Ce n'était pas la première cicatrice du blond, mais bon, cela devenait de plus en plus dur à expliquer quand les gens le voyaient porter des t-shirt sans manche et puis Warren détestait parler de lui-même plus que tout alors... Il passa son doigt sur la cicatrice et il eut un léger tréssaut et se mordit la lèvre inférieure. La logique voulait qu'il retourne chez le médecin et demande si c'était normal... ou pas. Warren n'en avait ni le temps, ni la patience, et la dernière fois qu'il avait été dans un hôpital, il avait failli mettre son poing dans la figure au jeune interne qui était chargé de s'occuper de lui. La patience de Warren: zéro. Ça allait lui passer de toute façon, il avait fait l'armée, il était revenu en un seul morceau, donc ce n'était pas un petit bobo qui allait l'arrêter. Sur cette bonne pensée, il retourna dans sa chambre s'habiller. Adieu l'uniforme de shérif adjoint... C'était fou à quel point Warren adorait son uniforme militaire mais détestait celui qu'il devait porter tous les jours dans Lima. Bref, ne pas cherchez à comprendre, il enfila son jean préféré, comprenez celui avec des trous dedans, un t-shirt qu'Amelia lui avait offert qui proclamait fièrement que Warren était du sud, une chemise à carreaux et voilà, il était prêt. Il aurait pu se raser mais très sincèrement, il avait la flemme et il avait déjà fait l'effort de s'attacher les cheveux... Un exploit pour lui. Zut l'heure. Warren venait juste de jeter un coup d'oeil à sa montre et sachant qu'il devait aller chercher Ashandra ... Zut. Warren enfila ses boots sans plus de cérémonie et fila dans le salon. Bon pas le temps de choisir, il fourra toutes ses armes dans son sac, attrapa ses clés de voiture et fonça dans le garage. Heureusement qu'il ne croisa aucun de ses voisins en cours de route, sinon il serait vraiment passé pour un terroriste.

"Non, je ne vais pas être en retard." se dit Warren en démarrant sa mustang. Fort heureusement, la voiture ne choisit pas ce jour-ci pour faire des siennes et il réussit à se rendre là où il devait aller sans encombre. Il faisait trop chaud dans la voiture et Warren fut contraint d'ouvrir les vitres, mettant ses lunettes de soleil sur son nez, même lui qui venait du Sud trouvait que c'était beaucoup trop pour Lima. Il n'était pas en retard et il se gara devant l'église, sortant de sa voiture, s'appuya contre la portière du passager et attendant Ashandra. Il jeta un regard mauvais sur l'église et décida qu'il ne la jugerait. Après tout, ce n'était pas parce que lui ne croyait pas en Dieu qu'il ne pouvait pas respecter la religion des autres... pas vrai? Il n'eut qu'à attendre quelques minutes avant que les premiers fidèles émergent, Warren se redressa quand il aperçut Ashandra et il était sur le point de lui faire un signe de main quand il se rattrapa au dernier moment. Oui, le géant de pratiquemment deux mètres qui fait un signe de main à une jeune femme... Oui... Way to go unnoticed. Il eut un léger sourire aux lèvres en voyant Ashandra dans sa robe... quoi? Il aurait été un idiot complet pour ne pas remarquer qu'elle était jolie. Très jolie même. D'ailleurs, plusieurs hommes à la station de police avaient fait un pari pour savoir qui allait finalement l'inviter à sortir, Warren avait interrompu les mises avec un regard noir avant de retourner à son bureau en se disant qu'il était entouré d'une bande d'incapablse. Et non, ce n'était pas parce qu'il était jaloux... Et non, ceci n'était pas un rendez vous. Ashandra s'avança vers lui et Warren ne put s'empêcher de la trouver absolument adorable, passerait-il pour un pervers complet s'il la prenait dans ses bras là tout de suite? ..... Yeah, probably, never mind that. se dit-il avant d'enlever ses lunettes de soleil pour pouvoir correctement la regarder. "Je t'ai déjà dit de ne pas me vouvoyer... Je sais que je suis plus vieux que toi, mais crois-moi, ça ne m'aide pas du tout." dit-il avec un grand sourire, plus histoire de la rassurer qu'autre chose, elle n'arrivait même pas à le regarder dans les yeux alors... "Et non pas besoin de te changer, je veux dire, c'est très bien... tout... ça." Oh mon dieu, arrête de parler. Warren le fit immédiatement, son manque de tact plus que flagrant, au lieu de cela il préféra se détacher de sa voiture et ouvrit la porte à la jeune femme. "On y va?" Est-ce qu'il avait l'air de kidnapper les jeunes femmes après la messe? Probablement. Et avec toutes les armes sur la banquette arrière... Non, les Delacroix n'étaient définitivement pas des psychopathes.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyMar 22 Jan - 1:18

Debout devant le géant blond, elle ne savait toujours pas pourquoi elle avait accepté cette proposition insensée. Ashandra Moon une arme à la main. Ne serait-ce qu’un an plus tôt elle aurait éclaté de rire à la simple mention d’un rendez-vous avec un quasi inconnu. Mais là, on frôlait purement et simplement le ridicule. Il était policier, elle n’avait rien à craindre de lui, mais était-ce la seule raison qui l’avait poussée à dire oui ? Un seul coup d’œil suffisait pour savoir qu’un homme comme Warren avait certainement mieux à faire que de la sortir un dimanche après-midi. Il était certainement très populaire avec les filles de Lima, alors pourquoi elle ? Parce que ce n’était pas un rendez-vous, juste un moyen poli de lui changer les idées. Voilà tout. Relevant le nez pour couler un regard en direction du visage souriant du jeune homme, elle croisa ses yeux posés sur elle et ne put s’empêcher de lui rendre son sourire, non sans retourner promptement au bout de ses chaussures. «Pardon...» chuchota-t-elle en resserrant ses doigts autour de l’anse de son sac à main, gênée mais de toute évidence heureuse d’être reprise sur ce point. Ses joues mal rasées et ses cheveux longs attachés lui donnaient un air encore plus avenant que d’ordinaire et son cœur sembla manquer un battement la seconde où elle le dévisagea. Elle s’était entraînée à prononcer son prénom dans sa tête, comme s’il s’était agi d’une épreuve insurmontable, et se sentait encore plus ridicule maintenant alors qu’il avait l’air tout à fait détendu et naturel. La jeune femme avait encore beaucoup à apprendre des autres et de la manière dont elle pouvait interagir avec eux, plus encore quand il s’agissait d’hommes. Ses amis à l’université avaient pourtant essayé de la décoincer un peu en la traînant de force à une ou deux fêtes étudiantes, mais il fallait bien avouer que ce n’était pas sa tasse de thé. De même, Joanna lui faisait toujours le reproche d’être trop fixe sur scène, trop raide, trop rigide, pas assez voyante. Elle adorait chanter, elle adorait la chorale, mais elle n’arrivait toujours pas à chanter à pleins poumons en répétition, sans parler de la danse. Les seuls moments où elle parvenait vraiment à se détendre et à utiliser à bon escient sa souplesse naturelle, c’était sur un ring, quand l’urgence d’éviter un coup était plus importante que les apparences parfaites qu’elle s’efforçait de conserver. Elle s’était promis de faire un effort aujourd’hui, mais il fallait bien avouer que les regards perçants des paroissiens sur le parvis qu’elle sentait dans son dos n’aidaient pas à relâcher ses nerfs. Ce n’était sans doute pas pire que de faire tomber Christabella dans les petites marches de la place, mais il était certain qu’elle ne passait pas inaperçue et que les rumeurs iraient bon train dès le lendemain. Pourvu que tout cela ne remonte pas aux oreilles de Cassandra avant qu’elle n’ait le temps de lui en parler elle-même pria-t-elle intérieurement. Mais le compliment, ou ce qu’elle prit pour tel, de Warren lui fit bien vite oublier ces voyeurs chrétiens en manque de ragots. Elle avait bien fait. Et Charlie ne lui en voudrait sûrement pas si elle lui rendait la robe lavée et repassée. Au contraire, si elle lui racontait toute l’histoire, Ashandra était persuadée que la brunette serait au moins aussi enthousiaste qu’elle ! Pour cacher son embarras, elle s’empressa de monter en voiture sans un mot de plus pour quitter les lieux du crime sans perdre un instant. Il fallait vraiment qu’elle soit stupide pour avoir choisi un lieu de rendez-vous pareil. Son impatience allait sûrement avoir des répercutions, mais pour le moment rien de tout cela n’avait d’importance, et les battements de son cœur qui s’accéléraient étaient tout ce dont elle se souciait.

Posant son sac de toile un peu lourd sur ses genoux, elle jeta un coup d’œil dans le rétroviseur tandis que Warren faisait le tour du véhicule pour s’installer sur le siège conducteur. La surprise fut si grande que sa mâchoire s’ouvrit contre sa volonté et ses yeux s’arrondirent comme deux billes noires. La curiosité était si forte qu’elle détacha son regard du petit miroir pour faire volte-face sur le siège et observer la banquette arrière de plus près. Ce n’était plus une voiture, c’était une armurerie. Elle qui s’imaginait un pistolet en plastique avec des balles en mousse dans ses rêves les plus fous, c’était bien plus que ce qu’elle pouvait encaisser en une seule fois. Le soleil scintillait presque sur les canons argentés parfaitement polis et nettoyés et elle n’arrivait pas à s’en détacher. Les doigts fermement ancrés dans le cuir du dossier, elle se mordit le coin de la lèvre inférieure. Il comptait vraiment lui mettre l’un de ces monstres en acier dans les mains ? Le claquement de portière la ramena à la réalité et cette fois elle fixa Warren droit dans les yeux avec une lueur de panique. «Ce sont des vrais ?» demanda-t-elle avec un air un peu idiot, toujours aussi abasourdie par sa découverte. Bien sûr qu’ils étaient vrais... Il était policier après tout. Posséder une arme ou deux, ou dix... ce n’était rien. «C’est... Je crois que c’est la première fois que j’en vois... pour de vrai.» ajouta-t-elle penaude en se retournant pour attacher sagement sa ceinture. Elle n’avait pu réprimer sa réaction enfantine et craignait que l’officier ait une mauvaise image d’elle. La jeune femme avait l’impression que son manque d’expérience était tatoué sur son front en lettres capitales, mais elle n’avait pas pu se figurer de stratagème pour dissimuler son manque d’assurance. Même si elle essayait, elle ne pourrait pas devenir quelqu’un d’autre. Elle ne voulait pas devenir quelqu’un d’autre. Tout ce qu’elle voulait c’était grandir enfin, s’assumer telle qu’elle était vraiment, et ne pas avoir sans cesse peur du regard des autres et de leur jugement. Warren pourrait se moquer de son enthousiasme, il avait déjà assisté à bien pire. Que lui était-il passé par la tête pour se laisser aller à pleurer devant des inconnus ? À chaque fois, elle perdait tout contrôle quand il s’agissait de Damon. Elle avait déjà crié après lui devant les grilles des cellules, elle l’avait supplié, elle l’avait ignoré. Après tout ce temps elle connaissait le commissariat comme sa poche, et sur la fin, elle ne faisait même plus vraiment l’effort de s’habiller correctement pour venir payer la caution, enfilant juste un gros manteau par dessus son pyjama. Elle aurait presque pu recevoir un award du meilleur visiteur s’il ne s’était pas volatilisé. Ses efforts pour paraître sous son meilleur jour en compagnie de Warren étaient sans doute vains puisqu’il avait dû assister à ces scènes là, mais au moins elle se prouvait à elle-même qu’elle était capable d’être bien habillée et bien maquillée et de se comporter normalement avec un membre du sexe opposé. Elle n’avait sans doute rien à espérer, elle essayait de s’en convaincre. Sans grand succès pour le moment, et le paysage urbain qui défilait ne détournait pas son attention de la grande main posée sur l’embrayage.

La bouche sèche, elle aurait voulu trouver un sujet de conversation, ou bien allumer la radio pour combler le silence, mais les nerfs avaient eu raison de ses cordes vocales. Les pieds de chaque côté du sac qu’elle avait posé sur le sol, elle essaya de tirer discrètement les pans de sa robe sur ses genoux découverts. Assise sur les bancs de l’église elle n’avait pas ressenti cette pression qui la rendait un peu mal à l’aise en compagnie du policier, mais à présent sa tenue lui semblait beaucoup trop courte, dévoilant sa peau sombre aux rayons chauds du soleil estival. Ashandra ouvrit un peu la fenêtre et le bruit du vent qui s’engouffrait à présent dans l’habitacle et faisait danser ses boucles lâches, comblant enfin le silence. Lorsque la voiture ralentit pour s’immobiliser à un feu rouge, elle prit son courage à deux mains pour couvrir le ronronnement du moteur. «Je ne savais pas ce que vous... ce que tu aimais, mais j’ai quand même fait quelques sandwich... Si jamais tu avais faim. Ce n’est rien, vraiment, il ne faut pas te sentir obligé de...» Elle regardait toujours par la fenêtre, entourant nerveusement l’une de ses mèches autour de son doigt, la fin de sa phrase mangée par l’hésitation. Il allait finir par la jeter hors de la voiture si elle ne faisait pas un véritable effort, c’était certain. Se retournant en douceur vers le conducteur, elle reprit sur le même ton : «... les manger.» Le résultat final était assez maladroit, mais au moins, elle était fière d’avoir terminé sa phrase. Ses pupilles oscillaient à toute allure, fixées sur Warren. Les secondes lui paraissaient une éternité et elle ne savait toujours pas ce qu’elle était censée ressentir dans cette situation, ce qu’il attendait d’elle, ce qu’on attendait d’elle. Se reportant finalement sur la route, elle toussota, puis après un coup d’œil au feu, elle annonça timidement : «C’est... vert.» Il ne leur faudrait plus que quelques minutes pour sortir de la zone résidentielle, et elle n’avait toujours pas d’idée sur leur destination finale.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyVen 25 Jan - 1:13

En constatant qu'Ashandra n'arrivait pas à le regarder dans les yeux et qu'en plus elle s'excusait, Warren se dit pendant un bref instant que c'était sans doute une mauvaise idée. Le shérif adjoint avait peur qu'elle ne s'effondre avant qu'ils n'arrivent au complexe sportif de la ville et peut être qu'il allait devoir la conduire à l'hôpital. Warren ria intérieurement de sa mauvaise blague tandis qu'il refermait la portière derrière la brune. Non, il doutait sincèrement que la journée se termine ainsi, il avait vu Ashandra dans de pires moments que celui-ci. Il se rappelait d'une jeune femme forte et désespérée qui tentait de raisonner son frère. Et c'était ça plus que tout qui avait plu à Warren. Quand elle s'était assise de l'autre côté de son bureau, des larmes au bord des yeux, il l'avait écoutée et ne l'avait pas interrompue tandis qu'elle lui faisait part de ses doutes et lui jurait l'innocence de son frère. C'était juste un mauvais garçon. Et Warren n'avait pas été un de ses policiers incompétent, qui se contentait d'un sourire et d'un simple "je vous appelle dès qu'on en sait plus, et si vous rentriez chez vous en attendant, je suis certain que le reste de votre famille s'inquiète pour vous, non?" Non, ça ce n'était pas Warren et quand il avait décidé de rejoindre les forces de l'ordre, il avait toujours su que ce n'était pas pour jouer les héros. Il n'était pas superman, il ne pouvait pas sauver tout le monde et son job était plus que frustrant de bien des façons. C'était sa soeur, Amelia, qui lui avait suggéré de se reconvertir après qu'il se soit fait plus ou moins viré de l'armée. La cause? Son insubordination. Ou plutôt le fait que Warren était un paradoxe ambulant, il était devenu un soldat et pourtant, il ne supportait pas qu'on lui donne des ordres. Et apparemment le fait qu'il soit major ne changeait absolument rien, on pouvait le renvoyer d'un simple claquement de doigts... Et maintenant je fais quoi? Avait demandé Warren à sa soeur quelques jours plus tard quand sa femme avait fini par le quitter, décrétant qu'elle n'en pouvait plus de cette vie. Plus de job, plus de femme, plus de raison de se lever le matin, Warren aurait pu déprimer. Fort heureusement, sa grande soeur avait eu la solution et pendant l'une de leur grande conversation téléphonique, elle lui avait proposé de devenir flic. "Tu serais dans un autre uniforme et en plus tu auras une arme... Bref c'est pratiquement le même job." Avait-il eu besoin de plus d'arguments? Absolument pas.

Sauf qu'évidemment, être shérif adjoint, ce n'était pas comme dans les experts (comme il se tuait à le répéter sans cesse à Glenn et à Seth... ces deux idiots avaient la même imagination débordante) et contrairement à son job dans l'armée, Warren se retrouvait confronté aux gens. Il ne s'était jamais vraiment battu avec l'amour de son pays en tête et la première fois qu'il avait dû recueillir la déposition d'une victime suite à une agression, il n'avait pas pu s'empêcher de se lever et de lui faire un câlin. Ça avait été plus fort que lui, certains policiers arrivaient à faire la part des choses entre leur job et leur vie personnelle, pas Warren, il n'avait pas cette capacité là. Le blond sortit enfin de ses pensées et alla s'installer sur le siège du conducteur, mit sa ceinture et démarra la voiture. Ils quittèrent l'église dans un bruit qui n'était pas des plus discrets, sa voiture toujours plutôt lente au démarrage. Mais bon, elle n'allait pas les lâcher avant leur destination... pas vrai? Warren fronçait les sourcils et avait les yeux qui dérivaient entre le tableau de bord et le pare brise quand Ashandra lui fit remarquer qu'elle n'avait jamais vu d'arme à feu avant. Il tourna son regard bleuté vers la jeune femme, partiellement amusé. C'était donc sa première fois. "Sérieusement?" demanda Warren, ayant définitivement le sentiment de corrompre Ashandra. Bienvenu à Lima, montez donc dans le camion du shérif adjoint, il vous fera faire le tour de la ville et vous proposera certainement des bonbons. "En même temps je dis ça, je suppose que c'est ma profession qui veut ça. Quoi que... Je viens du Sud alors les armes à feu ça ne choque vraiment personne, je devais avoir quoi... treize ans la première fois que j'ai vu une véritable arme et quelques années plus tard mon père m'a appris à tirer." Warren reporta son regard sur la route, délivrant sa petite anecdote comme si de rien était. C'était un peu un rite de passage chez les Delacroix, dans la famille, tout le monde savait tirer. Du grand frère aux deux petites soeurs et sans oublier le dernier Warren, tout le monde avait eu le droit aux leçons de tir du patriarche de la famille. Voilà pourquoi Warren et Amelia allaient souvent piquer des canettes vides dans les poubelles des voisins, ils savaient très bien qu'ils allaient tirer dedans quelques jours plus tard. À l'armée, on avait été impressionné par ses capacités et tandis que la plupart des jeunes recrues peinaient à atteindre leur cible, Warren ne manquait jamais. Le silence retomba dans la voiture tandis que Warren s'arrêtait à un feu rouge. Ashandra brisa de nouveau le silence et Warren se retint une nouvelle fois de la prendre dans ses bras, elle était décidément beaucoup trop adorable pour son propre bien et elle ne s'en rendait sans doute pas compte.

«C’est... vert.»Oui, le feu, Warren ne devait pas oublier ce léger détail qui pouvait avoir son importance. Il releva la pédale et appuya sur l'accélérateur mais la voiture ne semblait pas être d'humeur coopérative. Non. Pas maintenant. N'importe quel autre jour mais pas aujourd'hui. "Allez... allez mon bébé tu peux le faire..." murmura Warren en caressant le volant. Et, par la suite, le blond aimait bien se dire que c'était ça et pas autre chose qui faisait que la mustang avait fini par démarrer. Génial, une voiture qui lâche en plein milieu de nul part serait vraiment le genre de trucs qui pourrait effrayer Ashandra. Ils repartirent donc sans encombre et Warren finit par reprendre le fil de la conversation. "Merci pour les sandwichs, il ne fallait vraiment pas." Il avait plus ou moins oublié de prendre un petit déjeuner et il savait que tôt ou tard, son estomac le lui rappellerait et ce pas de la manière la plus subtile du monde. "Et entre nous, je ne pense vraiment pas que tu en aies assez, j'ai tendance à manger beaucoup. Et non je n'utilise pas du tout ma taille comme excuse pour en profiter." C'était juste un petit mensonge mais bon, pas besoin d'être un génie pour voir et comprendre que Warren était quelqu'un qui mangeait beaucoup. Hello, I'm tall, I need my vitamins. Rappelait-il à ses collègues à la station de police quand il était celui qui mangeait le plus de donuts ou le plus de mini-quiches et autres lors des rares soirées organisées. En même temps, un être humain normalement constitué ne pouvait pas se satisfaire d'une mini-quiche alors un Warren..."Si tu veux après on pourra aller manger un morceau quelque part, ou tu peux même venir à la maison manger quelque chose ..." ajouta t-il d'un air absent, se grattant la barbe d'une main tandis qu'il tournait au coin d'une rue. Ils n'allaient pas allés très loin, juste assez loin de la banlieue pour ne plus apercevoir les voitures. Warren finit par se garer devant le complexe sportif, se tournant vers la jeune femme tandis qu'il coupait le moteur. "Et voilà, on est arrivés. Prête à tirer?"
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyDim 27 Jan - 5:52

Si Ashandra n’avait jamais vu de revolver hors de son écran de télévision, elle ne put s’empêcher d’être choquée par l’expérience de Warren avec ceux-ci. Treize ans... Elle n’avait peut-être même pas la permission de sortir s’acheter quelque chose sans son frère au même âge. La jeune femme avait bien compris qu’ils n’appartenaient pas au même monde lui et elle, mais les preuves étaient accablantes. Elle venait d’une banlieue aisée dans le Nord des États-Unis, sa mère n’avait jamais travaillé, son père leur avait permis de vivre dans la sacro-sainte norme des classes moyennes américaines. Enfin, tout ceci jusqu’à ce que ce dernier ne détourne les fonds de sa société et ne se retrouve écroué pour une liste de chefs d’accusation qu’elle n’était pas en mesure de comprendre au lycée.
Elle avait toujours été la petite préférée de son père, sa petite fille, et il avait donc toujours voulu la protéger de tout et de tout le monde. Il surveillait de près ses fréquentations, l’empêchait d’aller encourager les Cubs au stade de baseball avec les garçons. Sa mère était peut-être stricte pour l’éducation de ses enfants, mais Parker, lui, était sur-protecteur. Son seul petit-ami avait dû en passer par la présentation officielle à toute la famille au cours d’un dîner organisé par les Moon, malgré les nombreuses tentatives de négociation de la jeune fille.
Il représentait tout pour elle. Son sourire, le temps qu’il accordait à ses enfants, sa position au sein de leur communauté... Ashandra gardait encore un souvenir vif de son arrestation qui ne s’effacerait probablement jamais. La pénombre du jour qui se lève, la lumière des gyrophares donnant dans l’entrée, les coups secs sur la porte, les éclats de voix de son frère aîné. Ce jour-là, c’était toute une partie de son monde qui s’était effondrée. Une partie irremplaçable. Il n’avait pas seulement trahi ses clients, ses collègues, ses amis, il l’avait trahie elle. Et il avait disparu derrière les murs d’une prison. Elle ne lui avait plus jamais adressé la parole depuis ce jour. Dracy ne leur avait jamais dit de combien d’années il avait fini par écoper. Damon et Ashandra n’avaient pas eu le droit de venir assister à son procès, jugés trop jeunes par leur mère, seul l’aîné s’était assis sur les bancs du tribunal. Quand elle s’était enfuie pour revenir dans sa ville natale après le lycée pour échapper à toute la pression que sa mère lui mettait sur ses épaules, elle avait songé un temps à chercher dans quelle prison il purgeait sa peine et à questionner son frère aîné à ce sujet. Avant de se lancer à poser la question, elle avait essayé de réfléchir à ce qu’elle pourrait lui dire quand elle le verrait, à ce qu’il pouvait ressembler avec quelques années de plus, enfermé derrière ces grilles avec les tueurs et les violeurs. Et elle n’avait pas été capable de trouver quoi que ce fût. Ainsi Parker Moon restait-il soigneusement enfoui avec le reste de son passé à Des Moines, et mieux valait qu’il n’en ressorte pas. Elle l’aimait toujours, mais elle n’était pas prête à lui pardonner sa trahison. Ils avaient tout perdu à cause de lui. Leur maison, leurs amis, elle avait été traînée dans la boue au lycée, moquée, son petit-ami l’avait accusée de choses qu’elle ne pouvait même pas concevoir pour se débarrasser d’elle quand elle était devenue une paria. Ils avaient dû déménager à Lima, sans son frère aîné. Elle avait dû endurer deux longues années de granité jeté au détour d’un couloir et de pompom girls cruelles. Alors oui, elle enviait Warren de parler de son père avec une voix aussi tendre. Mais ses souvenirs à elle avaient été souillés de cette trahison et elle ne trouvait pas les mots pour répondre à son anecdote qui sans doute se voulait légère.

Arrêtés au feu devenu vert, Warren semblait ne pas réussir à redémarrer, et Ashandra se tendit instantanément. Ça ne pouvait pas être... Non... Ça n’existait que dans les films ce genre de scène... Comment appelaient-ils ça déjà ? Le voyant se pencher vers son volant, elle attrapa la lanière de sa ceinture qui passait sur sa poitrine et tourna la tête vers l’extérieur comme pour ignorer la situation. Le coup de la panne. Un classique à en croire les telenovelas qu’elle regardait parfois l’après-midi avant d’aller à la salle de sport pour ses entraînements de boxe ou aux répétitions des Second Chances. Elle pousserait la voiture s’il fallait, mais rester arrêtés là au milieu de pas grand chose à la frange de la banlieue, c’était trop pour un premier rendez-vous. C’était une sortie entre amis, il n’avait aucune raison de faire cela. Lorsqu’enfin la vieille voiture reprit de l’élan, Shandy ne put retenir un profond soupir de soulagement qui se perdit dans le bruit du vent. Elle se montait la tête pour rien, c’était sûr. Warren était quelqu’un de bien. Il ne lui réservait pas de mauvaise surprise à la Peter Matterface. L’uniforme avait sûrement aidé, mais elle lui faisait une confiance aveugle et jusqu’à présent, la choriste ne s’était posé à aucun moment la question de savoir si elle serait en sécurité avec lui. C’était évident. Il était dans la police. Le regard dans le vague, les arbres défilaient devant ses yeux et elle réalisait qu’elle ne sortait que rarement de Lima quand il ne s’agissait pas de se rendre à l’université. C’était peut-être même la première fois qu’elle venait dans cette partie de la ville et pourtant s’y promener à pied devait être agréable maintenant que les beaux jours étaient bien installés. La voix grave du conducteur la tira de ses rêveries et elle laissa s’échapper un éclat de rire aigu à sa remarque. À l’époque où Damon et elle étaient encore au lycée elle se rappelait des brunchs démesurés qu’elle cuisinait avant ses matchs pour qu’il soit en forme et qu’il dévorait en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Décidément, satisfaire un estomac masculin n’était pas une mince affaire. Toutefois son rire cessa presque aussitôt qu’il lui proposa de venir déjeuner chez lui. Tournant ses billes brunes vers lui, abasourdie par la proposition comme s’il s’était agi de lui faire pousser le bouton qui mènerait à la destruction nucléaire de toute forme de vie, elle ne répondit pas immédiatement. Les lèvres closes, elle était un peu paniquée à l’idée qu’il prenne mal son rejet brutal, mais elle était encore très loin de pouvoir en arriver à accepter ce genre d’invitation légère. Il avait lâché cela au détour d’une phrase, sans vraiment y réfléchir sans doute. Les gens normaux ne se font pas un monde d’une invitation à déjeuner. Mais elle n’était pas tout à fait normale, et entrer chez lui avait un parfum d’interdit qui lui faisait un peu peur. «Mmh, je connais un endroit en ville où ils font d’excellents steaks, si vous... si tu aimes la viande. Il me semble qu’ils ont un menu spécial où l’on part sans payer si on finit son assiette.» finit-elle par dire en feignant le naturel pour ne pas qu’il remarque son malaise. Elle se trouvait ridicule, mais c’était au dessus de ses forces. «Je ne sais pas s’ils ont beaucoup de clients qui y arrive, quand on était au lycée avec Damon on avait essayé de tricher. Je l’avais aidé à manger ses frites, mais même pour lui c’était trop.» ajouta-t-elle avec un léger sourire. Depuis qu’il avait disparu elle faisait de son mieux pour ne pas repenser à la période noire qui avait conclut leur relation mais de revenir à leur enfance et aux bons moments innombrables qu’ils avaient passé ensemble. De ce déjeuner avec son frère elle éludait le moment où il s’éclipsait avec ses amis de l’équipe de football avant que ceux-ci ne la remarque pour ne pas lui attirer d’ennuis, mais c’était tout de même un bon souvenir qui lui donnait le courage de continuer à croire qu’il reviendrait.

Arrivés sur le parking, une grande pancarte très sylvesterienne indiquait en lettres capitales “Complexe Sportif de Lima”. C’était donc là que se cachait le stand de tir de la ville... Le cadre vert et les infrastructures à la pointe de la modernité étaient à couper le souffle. Oubliant la gêne qui n’avait duré qu’un instant, elle déclara d’un ton enthousiaste : «Oui !» Agrippant son sac à deux mains, elle sortit de la voiture pour faire quelques pas et admirer les lieux. Si elle avait su qu’un tel endroit existait, elle n’aurait pas si souvent fait la route jusqu’à Columbus. Lorsqu’elle se retourna, Warren avait les bras chargés de ces armes qu’elle avait vues à l’arrière de sa voiture. S’avançant vers lui, elle aurait voulu le décharger un peu, mais son fardeau était un peu trop dangereux à son goût, et après réflexion, elle se contenta de trottiner à sa suite pour suivre le rythme de ses grands pas. «Tu viens souvent ici ?» demanda-t-elle toujours aussi excitée par l’endroit alors qu’ils venaient de croiser deux sportifs du dimanche prêts à se lancer dans une course quelconque. «C’est... wow. Je ne savais même pas que Lima avait quelque chose de ce genre.... Merci !» susurra-t-elle timidement au policier en rajustant la lanière sur son épaule.
Plus ils se rapprochaient de son baptême de tir, plus elle était excitée et nerveuse. Arrivée devant la porte, elle aperçut au loin les cibles en papier à travers la vitre et son cœur s’emballa de plus belle. Avec lequel de ces pistolets allait-elle essayer ? Shandy espérait ne pas avoir peur des détonations réelles. Elle était bien décidée à montrer un meilleur côté d’elle-même, plus courageuse, plus forte, capable de se défendre. Comme ce qu’elle faisait à chaque fois que la cloche retentissait sur le ring. Regardant Warren de ses yeux de biche, elle était pendue à ses lèvres, prête à écouter la leçon. Son sac posé contre le mur, elle avait joint ses mains contre ses cuisses et se balançaient de droite à gauche de manière sensible comme une enfant. «On commence par quoi ?» finit-elle par demander, brûlante d’impatience.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptySam 2 Fév - 14:05

Est-ce qu'Ashandra venait de lui demander s'il aimait la viande ? Warren faillit en rire mais il se retint, se disant qu'elle pouvait mal l'interpréter. Le shérif adjoint était dû genre à manger un steak d'un kilo avant de déclarer qu'il lui restait encore de la place pour le dessert. Son ex-femme Jolene avait l'habitude de lui demander où est-ce qu'il mettait tout ça, mais en même temps, Warren se levait tous les matins à six heures tapantes pour aller faire le tour complet de Lima. Il finissait par faire quelques flexions et autres étirements dans son jardin avant d'aller prendre une douche et de se rendre à son boulot. Petit, les médecins l'avaient cru hyperactif, sa mère avait ri de bon cœur à l'époque avant de simplement déclarer que c'était un Delacroix, il avait deux grandes sœurs et deux grand frères alors oui, c'était normal s'il était un peu agité. D'ailleurs, les premiers souvenirs de Warren remontaient à l'époque où l'aîné des Delacoix, Louis, avait pour habitude de bercer son petit frère en chantant du Johny Cash haut et fort. Et non, ce n'était certainement pas la meilleure méthode pour endormir un bébé. Donc oui, Warren avait de l'énergie à revendre. À un tel point que l'école avait toujours été une véritable torture pour lui. En primaire il finissait toujours au fond de la classe, faisant des grimaces quand personne ne le voyait. Au collège il cherchait toujours la bagarre à tout le monde et au lycée, les seuls fois où il assistait au cours il finissait souvent par se faire renvoyer par le professeur. Comment est-ce que quelqu'un comme lui avait fini shérif adjoint ? C'était une très très longue histoire. « Then it's a date. » avait fini par répondre Warren en souriant tandis qu'ils sortaient de la voiture. Et Ashandra n'aurait même pas besoin de l'aider à finir ses frites, Warren se débrouillerait comme le grand garçon qu'il était. Il se chargea de prendre le sac d'armes (la prochaine fois il penserait à prendre quelque chose de plus discret qui ne criait pas terroriste … ) et de refermer sa voiture. Personne n'avait encore osé s'en prendre à sa voiture et ce y compris les fois où il avait dû se garer sur le parking du lycée de Lima. En même temps, il devait y avoir peu de gens qui seraient du genre à aller rayer le cabot de la voiture du grand type d'un mètre 93 qui avait des armes. Et qui était accessoirement le shérif adjoint de la ville. Parfois le job de Warren avait du bon. Rien qu'en voyant la mine réjouie d'Ashandra, il savait qu'il n'enfilait pas son uniforme pour rien tous les matins. Et ça c'était déjà une belle récompense.

Ils croisèrent deux autres personnes qui s'apprêtaient à aller courir et l'un d'entre eux eut un regard alarmé face à ce que Warren avait dans les bras. Le blond lui lança un clin d'oeil tandis que ce dernier s'éloignait, riant légèrement de l'air paniqué qu'il avait provoqué chez ce parfait inconnu. « Hmmm... Honnêtement non, j'ai dû venir ici quand je venais d'emménager, c'est bien pour apprendre à tirer mais une fois qu'on sait, ça peut vite devenir redondant. » répondit-il à Ashandra. Il avait exploré Lima avant même de défaire ses cartons, se disant que s'il allait devenir policier dans cette ville autant ne pas passer pour un abruti complet. Et oui, cela avait été dur pour Warren de repartir de zéro, de se retrouver tout en bas de l'échelle après avoir été aussi haut dans l'armée. D'ailleurs, si les choses avaient été différentes, peut être qu'il serait encore dans l'armée à l'heure actuelle, sûrement à occuper un poste plus important. « Quand j'étais à l'armée, ils avaient inventé un système avec des sacs de pomme de terre suspendus je ne sais comment et qui bougeaient... Ça c'était marrant... » confia Warren tandis qu'ils rentraient dans le complexe sportif. Ashandra le suivait et ils n'eurent pas besoin de remplir de remplir de paperasse supplémentaire, encore un avantage d'être avec le shérif adjoint. Plus ils se rapprochaient et plus Warren se disait que ce n'était pas une si bonne idée que cela au final... Après tout, il avait juste suggéré ça comme une simple blague. Comme quoi, le blond devait véritablement apprendre à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Il n'y avait personne à part eux et heureusement, cela aurait été un peu difficile d'expliquer quoi que ce soit à la jeune femme avec le bruit des coups de feu environnant. Warren posa le sac sur un banc, de la manière la plus nonchalante du monde, beaucoup trop habitué à tout ceci pour véritablement y faire attention. Par où commencer ? Excellente question. Il n'y avait pas vraiment de bonne méthode, lui-même avait été un peu nerveux la première fois qu'il avait du tirer sur quelque chose, excité certes, mais aussi méfiant car il savait très bien que ses grands frères se moqueraient de lui s'il ne réussissait pas son coup. Il songea un instant à aller chercher un casque insonorisant et des lunettes de protection pour la jeune femme mais il changea d'avis à la dernière seconde. Pas de masque ni même de protection dans la vie de tous les jours et souvent quand il fallait tirer sur quelqu'un pour défendre, il ne fallait pas réfléchir. Ce n'était pas comme dans les séries télés où on visait toujours juste et où finissait toujours bien. Non. Warren s'était déjà ouvert la main une fois parce qu'il avait été trop négligeant, parce qu'il avait voulu se précipiter, une expérience qu'il ne retenterait pas de si tôt.

Le blond poussa un soupir avant de se défaire de sa chemise, se retrouvant ainsi en t-shirt. Il s'empara de son arme, vérifia que cette dernière était chargée avant de faire un signe de tête à la jeune femme pour qu'elle se rapproche. « Bref on va commencer par les bases... L'objectif c'est que tu sois capable de faire... disons, ça... » Warren prit une profonde inspiration avant de lever son arme vers la cible. Depuis l'épisode de la bijouterie, le shérif adjoint était comme qui dirait un peu rouillé, il lui semblait même que cela faisait des siècles qu'il n'avait pas tiré sur quelque chose. Mais il ne voulait surtout pas se ridiculiser devant Ashandra, non surtout pas quand c'était lui qui était censé être le professeur. Warren se retint de légèrement rigoler, il n'avait rien d'un professeur, son jean troué en était certainement la preuve la plus flagrante. Le blond finit par tirer, trois coups pour exact, et dieu merci, il ne manqua pas le centre de la cible. Et il ne fit pas tournoyer son arme comme dans les films, histoire de ne pas en rajouter une couche, il se contenta de se tourner vers Ashandra, un léger sourire aux lèvres. Déjà, il lui fallait une arme. Et même si Warren appréciait beaucoup la jeune femme, il n'allait tout de même pas lui prêter la sienne. Il revint vers le sac d'armes d'une démarche assurée et chercha l'arme la plus adéquate. Ce n'était pas comme si'l pouvait mettre un fusil à pompe entre les mains d'Ashandra et regarder ce qu'il se passerait quoi que...Cela pourrait être marrant. Pour lui mais certainement pas pour Ashandra... Warren revint à ses côtés un 9 mm dans une main.
« On va commencer par un semi-automatique, ça veut dire que tu as juste besoin de presser la détente pour tirer okay ? C'est un Berreta donc si tu veux enlever la sécurité tu fais glisser cette partie là. » Warren lui montra le geste à effectuer avant d'ajouter. « Pas besoin d'appuyer trop fort sinon tu risque de te faire mal et on ne veut pas que ça arrive, n'est-ce pas ? » Il eut un maigre sourire avant de poursuivre son speech. « C'est une bonne arme pour commencer... Les munitions sont... Ici. » Warren démonta une partie de l'arme dans un geste quasi-automatique. « Pour recharger il suffit juste d'appuyer un coup sec, ou alors tu peux faire comme moi. » déclara Warren, posant le chargeur de munitions sur son coude, avant d'y apposer son arme rapidement. Il tendit ensuite l'arme à Ashandra. « Tiens... Voyons déjà si tu arrives à viser... Et je ne dis pas juste ça pour rigoler, c'est beaucoup plus difficile que ça n'y paraît. »
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyDim 3 Fév - 13:52

Ashandra aurait pu fondre comme neige au soleil face aux sourires tendres que l’officier lui adressait, mais elle se contentait de timidement lui rendre la pareille. Plissant les yeux lorsqu’il accepta sa proposition de restaurant, il lui fallu tout ce qu’elle avait de conviction pour se souvenir que tout ceci était uniquement amical, dans le meilleur des cas, et charitable dans le pire. Il ne s’agissait pas d’un rendez-vous. Non. Il lui apprenait à tirer avec une arme pour lui changer les idées, parce qu’elle était cette pauvre fille qui venait d’être plantée par son délinquant de frère. Et s’il l’avait invité chez elle, ce n’était que parce qu’elle avait la peau sur les os à force de sauter des repas à cause de son anxiété ou de ses rapports à rendre. En temps ordinaire, elle n’avait déjà pas l’impression de pouvoir plaire à qui que ce soit, mais dans l’état actuel des choses, cela aurait purement et simplement relevé de la folie. À force de se répéter sans cesse la même chose, elle avait l’impression que son cerveau était une sorte de disque géant incapable de passer à la piste suivante. Balayant ses idées négatives d’un revers de la main, la choriste voulait se concentrer sur tout le bien qu’elle pourrait tirer de cette journée : elle venait de découvrir un nouvel endroit idéal pour courir quand elle aurait besoin de laisser sortir la fumée sans avoir le temps d’aller à la salle de boxe, allait apprendre de nouvelles choses en compagnie d’un professeur des plus charmants, le temps était délicieux, et elle n’aurait pas à endurer les réprimandes de sa mère sous couvert d’un compte-rendu de l’office de son nouveau mari. Tout était parfait !

Marcher aux côtés de Warren avait quelque chose de profondément rassurant. Malgré le fait qu’il promène un sac noir rempli d’armes comme dans les films de maffieux, son visage était parfaitement détendu, rieur même. Sans s’en rendre compte, elle le dévorait des yeux sous ses cils, avec une admiration non voilée qu’il ne semblait pas voir, pour son plus grand plaisir. Elle n’aurait pas eu le courage d’affronter son regard aussi directement, mais tant qu’il lui était permis de jeter des œillades discrètes (ou pas) dans sa direction, elle saurait s’en contenter. Il devait être un peu plus vieux que son frère aîné, mais elle n’aurait pas su lui donner d’âge exact. Au début elle s’était imaginé qu’il pourrait remplacer d’une manière ou d’une autre cette figure fraternelle absente dont elle avait tant besoin, pour l’aider à faire le deuil d’un retour volontaire de Damon chez eux. Mais son cœur n’aurait jamais tambouriné aussi fort dans sa poitrine pour un frère. Il aurait pu être un inconnu de plus au commissariat, et pourtant elle mourrait d’envie d’en apprendre plus à son sujet, de lui montrer un meilleur côté d’elle-même. Dire qu’elle avait enfilé une aussi jolie robe, révélant ce que les hommes semblaient aimer en elle, simplement pour ne pas lui faire honte s’ils rencontraient des amis ou collègues, c’était un mentir entre ses dents. Elle voulait lui plaire. Elle voulait qu’il éprouve plus que de la pitié à son encontre. Consciente de la différence qu’elle faisait entre lui et les autres hommes de sa connaissance, son cœur se serra à la pensée d’un échec annoncé. Un aussi bel homme, avec un caractère si doux, le pas de sa porte devait être piétiné par nombre de femmes, et elle ne voulait pas faire partie d’un groupe anonyme d’admiratrices concupiscentes. Prises dans ces fantasmes de créatures féminines se jetant à son coup, sa voix grave la tira de son train de pensée et ses yeux s’arrondirent à la mention de l’armée. Avait-il simplement servi ou avait-il été déployé ? Fallait-il ajouter héros de guerre à la liste de ses qualités ? La famille Moon avait toujours été assez pacifiste, refusant d’approuver les redéploiements incessant de la jeunesse du pays dans des bourbiers qui deviendraient leurs tombes. Les informations télévisées relatant la mort de civils, la destructions de villes entières, elle avait du mal à s’imaginer Warren faisant partie de ce grand système destructeur. Mais l’évocation de ces souvenirs sur le ton de la confidence avait quelque chose de touchant. Gardant le silence un instant, elle pressa ses lèvres de manière embarrassée ne sachant pas quoi répondre. «L’armée, hein...» souffla-t-elle finalement, plus pour elle-même que pour poursuivre la conversation. Ses grandes foulées étaient difficiles à suivre et le peu de chemin qui les séparait du stand avait suffi à la faire haleter doucement.

Droite comme un I à côté de lui, son corps tout entier se tendit alors qu’il ôta sa chemise et qu’il la jeta négligemment à côté du sac. Sa poitrine aurait pu exploser tant elle était excitée par toute cette mise en scène. Ils étaient seuls dans le stand désert, pas un bruit, juste la chaleur étouffante de l’été qui les entourait. L’intensité de son regard perçant avait encore augmenté d’un cran, mais cette fois-ci, il était tout entier concentré sur la poigne du policier qui venait de s’élever vers l’une des cibles, sans même s’approcher de la tablette. Le son net de trois coups de feu retentit, la faisant sursauter, ses doigts entremêlés de plus en plus crispés alors que son tour arrivait bientôt. Il n’y avait pas de casque ou de lunettes comme dans les films, juste le bruit cru de la détonation qui bourdonnait encore dans ses oreilles et l’impression de nudité de l’homme qui s’était retourné souriant vers elle. Même sans casque pour l’isoler de l’extérieur, les palpitations dans sa poitrine était si forte qu’elle résonnait dans tout son corps. Les lèvres entrouvertes, elle aurait voulu lui adresser quelques mots de félicitations, mais ses cordes vocales étaient nouées dans le fond de sa gorge la laissant impuissante et légèrement tremblante. Le choc avait été plus fort qu’attendu. Malgré l’air mystérieusement amusé de Warren, Ashandra sentit ses mains devenir moites alors qu’il se rapprochait d’elle avec l’une des armes. Totalement noire, il lui présenta brièvement les caractéristiques qu’elle était en mesure de comprendre et lui donna son nom. La mention de douleurs suffit à la faire frissonner, et elle réalisa que la peur avait remplacé l’excitation. Secouant la tête en guise de réponse, les gestes rapides et précis du jeune homme ne faisaient qu’augmenter son angoisse. Il maîtrisait parfaitement son sujet, mais elle avait sans doute eu les yeux plus gros que le ventre en s’imaginant pouvoir faire pareil. Elle voulait vraiment lui montrer le meilleur d’elle-même, être forte et se défaire de cette image de jeune fille lisse et malheureuse. Le Beretta tendu devant elle, elle n’osait plus bouger, ne parvenait pas à démêler ses mains qui avaient agrippé le tissu de sa robe, et elle releva son regard vers son instructeur du jour. «Je ne sais pas si je peux...» murmura-t-elle avec l’impression étouffante d’être une rabat-joie. Mais l’arme chargée sous son nez avait l’air de plus en plus menaçante. Si elle ne réagissait pas très vite elle allait vouloir s’enfuir en courant. Dénouant ses doigts, elle frotta doucement ses mains sur le tissu qui recouvrait son ventre puis les tendit vers la poignée de l’arme.

Le métal était tiède après être passé quelques secondes par les mains de Warren lorsqu’il lui avait expliqué comment ôter la sécurité. Silencieuse, elle observa les courbes dures de l’objet, s’assura que la sécurité était toujours enclenchée comme il le lui avait montré, et prit une profonde inspiration. Se rapprochant des cabines, elle s’avança jusqu’à ce que son bassin soit calé contre le bois de la tablette qui marquait la limite avec le champs de tir. Elle souffla trois fois, doucement, vidant ses poumons de tout l’air qu’ils contenaient, puis leva doucement ses mains, les bras trop tendus comparés à la position qu’avait adoptée Warren. Les yeux grands ouverts, elle fixa le papier à quelques mètres d’elle et qu’elle n’atteindrait certainement jamais. Le canon flou devant elle lui fit fermer un œil pour ajuster sa ligne de visée. Faisant glisser son pouce sur le côté, elle déverrouilla prudemment le cran de sécurité, tremblant de plus belle en sentant le cliquetis céder sous la pression. Elle aurait voulu tout abandonner, mais l’envie de se prouver à elle-même qu’elle était capable de le faire primait sur tout autre sentiment à cet instant. L’index posé contre la gâchette, elle attendit de retrouver un peu de stabilité puis pressa tout en douceur, gardant en tête les conseils qui lui avaient été donnés. Tout s’enchaîna trop vite. Le bruit sourd, le recul qui fit s’élever ses mains contre sa volonté, la balle qui disparaissait dans un coin supérieur de la cible, son petit cri de surprise. Reposant immédiatement le pistolet en état de choc, elle se retourna vivement vers Warren pour s’accrocher d’une main à son t-shirt, pointant la cible de l’autre. «Je l’ai fait !» cria-t-elle «J’ai réussi ! La... La balle est partie !» Ses yeux brillant d’émerveillement et de panique, elle cherchait désespérément un mot de réconfort après avoir commis l’impensable. Toute entière plongée dans le regard azur du jeune homme et plus près de lui qu’elle ne l’avait jamais été, elle resserra son étreinte sur le tissu du t-shirt, incapable de faire marche arrière, le souffle court.


Dernière édition par Ashandra Moon le Ven 8 Fév - 22:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyVen 8 Fév - 12:08

En voyant la tête que faisant Ashandra quand il lui tendit l'arme, Warren se dit que c'était peut être trop pour une première fois. (Wait... What ? Never mind that.) Il était tout de même en train de passer pour individu louche et suspect qui tendait un Berreta à une pauvre jeune fille innocente. « Allez vas y Ashandra, juste une toute petite balle, ça ne fera de mal à personne, promis. » Warren se retint de prononcer ces mots, car même s'ils étaient seuls il y avait des choses qui ne se faisaient pas. Oui, même Warren Delacroix avait ses limites. En fait non... Mais hors de question qu'Ashandra tombe dans les pommes ou quelque dans ce goût-là. « Je lui ai tendu une arme, elle s'est effondrée, je ne comprends pas pourquoi, je veux dire, ce n'est pas comme si j'avais enlevé mon t-shirt ou quelque chose comme ça. » Warren serait tout à fait capable de dire ces mots précisément à l'hôpital, devant une infirmière. De toute façon, personne ne l'aimait véritablement dans cet établissement et Warren le leur rendait bien en étant un patient plus qu'exécrable à chacune de ses visites. Pour en revenir à Ashandra, peut être que Warren avait été beaucoup trop optimiste, qu'il avait visé trop haut, trop tôt mais d'un autre côté... Il n'avait pas forcé la jeune femme à venir ici. Okay, c'était partiellement sa faute parce qu'il avait pris l'habitude de dire absolument tout ce qui lui passait par la tête. Mais en règle générale, personne ne l'écoutait. Et quand il disait personne, c'était bien personne. Même ses frères et sœurs avaient pris l'habitude d'hausser les épaules quand il suggérait une idée farfelue dont lui seul avait le secret. C'était devenu une sorte de règle à la station de police, ne pas écouter Warren avant qu'il ait eu son café. Même après. Ne pas écouter Warren pour tout ce qui concernait pas une affaire. Le reste du temps, le shérif adjoint arrivait à rester professionnel. Enfin, il essayait du mieux qu'il pouvait mais c'était difficile pour quelqu'un comme Warren qui pensait que tout le monde avait besoin de connaître son opinion. Dans ce genre de situations, sa taille aidait bien car personne n'osait contredire le géant d'un 1m93 avec l'arme.

Sauf qu'à présent la question était : est-ce que Warren était allé trop loin et avait-il ou non, pousser Ashandra dans ses retranchements ? Il ne distingua pas ce que la jeune femme lui dit et il se disait que ce ne serait pas une bonne idée de se pencher vers elle pour... Non. Pas une bonne idée du tout. Pas besoin de passer encore plus pour quelqu'un avec des idées mal placées. Et si Ashandra ne prenait pas l'arme, comment réagirait-il ? Il ne se mettrait pas en colère, c'était certain, tout ceci, l'arme, tirer, était tellement ancré dans l'univers du blond que pour lui c'était normal de s'entraîner au tir un dimanche après midi. Complètement normal. Ashandra ne faisait pas partie du monde de Warren et elle aurait pu tomber sur un autre policier le jour où Damon avait disparu. Sauf que Warren savait bien que son instinct ne le trompait jamais. Et en ce qui concernait la jeune femme en face de lui, il savait qu'elle était tout à fait capable de prendre l'arme des mains de Warren et s'en servir. Comme il l'avait dit plus tôt hier soir à son aîné, Ashandra lui rappelait sa propre grande sœur, Amelia. Pendant des années, les gens avaient pensé à tort qu'elle était dû genre passive et qu'elle se laissait tout le temps faire et que n'importe qui pouvait abuser de sa gentillesse. En réalité Amelia était tout à fait capable de se défendre et une fois qu'elle était lancée, plus rien ni personne ne pouvait l'arrêter. À présent, Amelia Delacroix, toujours avec des talons aiguilles pour compenser sa petite taille, car chez les Delacroix faire 1m80 c'était petit, ne passait plus jamais inaperçue. Certes, Ashandra n'en était pas encore à ce stade mais c'était là que Warren entrait en scène. Il ne put donc empêcher le sourire qui apparu sur ses lèvres quand Ashandra fit le premier pas, prenant le Beretta entre ses mains. C'était déjà quelque chose de fait. Okay, l'arme ne lui convenait pas du tout et jurait affreusement avec sa robe mais c'était juste un simple détail. Warren ne dit rien, oui, pour une fois il garda pour lui tout commentaire stupide, la laissant se familiariser avec l'objet et il la regarda s'avancer vers la cible. Il grimaça intérieurement, et peut être un peu extérieurement, car elle tenait l'arme un peu trop fortement, crispée autour du métal, alors qu'elle aurait dû être plus détendue.

Mais Warren la corrigerait, pour l'instant, il fallait qu'elle tire. Warren attendit donc, ne se rendant pas compte qu'il était en train de retenir son souffle et fut plus que content quand la détonation se fit entendre. Certes, elle avait manqué le centre mais bon déjà, elle avait touché la cible et Warren préférait se concentrer sur les aspects positifs. Comme l'air enjoué d'Ashandra qui semblait être très fière d'elle. Elle reposa l'arme comme si c'était un objet démoniaque ou un truc du genre et Warren fut plus que surpris quand elle attrapa son t-shirt, des cris d'enthousiasme lui échappant. «Oui félicitations, c'était très bien pour une première fois. » C'était partiellement un mensonge mais bon, Warren n'allait tout de même pas briser le peu de confiance qu'elle semblait avoir, sans compter l'air avec lequel elle était en train de le regarder et... Ashandra était trop proche pour que cela soit normal et il se dit, bien naïvement, qu'elle ne l'avait pas fait exprès. Elle était juste très excitée... par sa leçon de tir. C'était ça et c'est tout. Warren s'éclaircit la gorge après un silence plutôt gênant. « Mais laisse moi te donner quelques conseils okay ? » Il dit cela en attrapant les mains d'Ashandra, réalisant une seconde trop tard que leur doigts étaient noués ensemble et il toussouta de nouveau avant de saisir l'arme. Concentre toi idiot, se dit-il. « Il ne faut pas que tu tiennes ton arme comme ça. Et... évite de tourner le canon vers ta cible. Je sais que ça peut paraître stupide mais la plupart des armes ont tendance à dévier, c'est toujours mieux à savoir. » Warren repartait en terrain connu et il se sentait tout de suite beaucoup plus à l'aise et ce fut donc sans vraiment y penser qu'il se plaça derrière Ashandra, se penchant pour pouvoir parler directement dans l'oreille de la jeune femme. « Essaye plutôt comme ça. » Warren ne réfléchit pas vraiment au reste de ses mouvements, se disant juste que c'était la meilleure solution, il attrapa la main droite d'Ashandra, y insérant l'arme, sa propre main se refermant sur celle de la jeune femme avant de tendre les bras vers la cible. Certes, ce n'était pas la meilleure pose du monde, mais c'était tout ce qui l'avait trouvé de mieux et le fait qu'Ashandra soit si petite n'arrangeait absolument rien. « Non tu vois, tu es un peu trop tendue. » murmura Warren avant de bouger les doigts de et de montrer le bon mouvement à la jeune femme, ses doigts au dessus d'Ashandra. « Essaye de tirer maintenant pour voir ? » lui demanda Warren certain qu'elle ne pouvait pas manquer la cible cette fois-ci. Et s'il se trompait, Warren était plus que prêt à manger son insigne...
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptySam 9 Fév - 0:34

C’était comme si la détonation avait emporté avec elle toute la nervosité qui avait fait se crisper ses doigts sur le métal quelques secondes auparavant, et une bonne partie de sa pudeur naturelle. Elle était euphorique sans même savoir pourquoi, incapable de réaliser qu’elle s’était presque jetée au cou du policier. Elle avait réussi. Elle avait pressé la détente. Elle avait envoyé ce bout de métal à l’autre bout du champs. Elle n’avait certes pas touché le mille, sa position avait dû faire grincer les dents de son professeur, mais elle s’était prouvé à elle-même qu’elle n’était pas un petit animal effrayé pris entre les phares d’une voiture. La décharge d’adrénaline qui s’était déversée dans ses veines la tenait en haleine et elle en avait presque la chair de poule. Incapable de bouger, immobilisée par l’intensité de cette libération, elle était tétanisée. Elle n’avait ressenti ce genre de plaisir qu’une seule autre fois dans sa vie : sur le ring du gymnase de l’Ohio State University, quand elle avait décroché son premier uppercut lors d’un entraînement. Elle se souvenait encore avec exactitude des muscles bandés de son bras et de la contraction douloureuse le long de sa colonne vertébrale alors qu’elle frappait de toutes ses forces le menton protégé d’une armature rembourrée de sa partenaire. On lui avait demandé d’exécuter ce mouvement. Il avait été répété à blanc des dizaines de fois auparavant. Tout était calculé, rien n’était laissé au hasard. Pas de place pour les émotions, rien que du contrôle et de la force brute. L’espace d’une seconde sa tête s’était vidée de toute colère, de toute peine. Elle n’était plus jalouse, elle ne vivait plus dans la crainte d’être oubliée, perdue dans l’ombre d’une autre, elle était elle. Tout simplement elle. Et personne ne pouvait ignorer ce petit être d’ordinaire si chétif qui venait d’envoyer l’autre étudiante au tapis. Plus que de la toute puissance, elle s’était sentie vivante. Shandy voulait vivre pour des instants pareils. Des instants de grâce où le temps était suspendu pour lui laisser apprécier pleinement le goût de la vie. Au cours de l’un de ses cours d’éducation perverse censés éveiller les lycéens aux dangers de la sexualité, Rose Kitteridge avait décrit ce genre de sensation avec une précision déconcertante. Ashandra — alors assistante contrainte et forcée du cours — avait perdu toutes ses couleurs lorsque l’outrageuse professeur avait prononcé le mot d’orgasme. Elle ne connaissait rien au plaisir de la chair. Sa seule expérience au lycée avait été plus douloureuse qu’autre chose. Elle refusait de croire que cet acte qui troublait l’âme et l’avait tant fait souffrir pouvait procurer autant de bonheur que ce qu’elle venait d’accomplir. Ses yeux papillonnaient à toute allure et les quelques mots d’encouragement de Warren la firent sourire de toutes ses dents blanches. La bouche entrouverte par son sourire et sa respiration qui ne semblait pas vouloir se calmer, elle restait là, figée à côté de lui et muette, le regard perdu dans les lacs translucides de ses iris bleutés. Est-ce qu’il ressentait la même chose ? Est-ce qu’il avait eu la même décharge qu’elle la première fois ? Les questions lui brûlaient les lèvres et elle ne parvenait pas à relâcher son emprise inconsciente sur le vêtement, sa main touchant presque le ventre sculpté du jeune homme.

Elle ne respirait plus, sans le quitter des yeux, rabaissant le bras qui pointait jusqu’alors la cible percée, elle se perdait dans son odeur suave et avait envie de se laisser dériver tout contre sa poitrine pour s’en imprégner. Mais sa toux feinte la tira immédiatement de sa rêverie pour la ramener avec violence à la réalité. Qu’était-elle en train de faire au juste ? Ses lèvres s’ouvrant davantage sous le coup de la surprise, elle lâcha précipitamment l’étoffe légère et ses mains se retrouvèrent de nouveau pressées contre sa robe, entrelacées avec force pour rester à leur place. Elle avait outrepassé ses droits. Elle n’aurait jamais dû faire ça. Tout se déroulait à merveille et il avait fallu qu’elle gâche tout en le mettant mal à l’aise. Quelle mouche avait bien pu la piquer pour la pousser à avoir ce genre de comportement. Cela ne lui ressemblait pas. Ce désir d’être plus proche de lui, de son corps, cette sensation inconnue lui faisait peur. Quand bien même il n’était pas un garçon comme les autres, plus attentionné, plus généreux, plus protecteur, elle devait apprendre à rester à sa place. Rougissant en fixant la main qui avait franchi la barrière de son espace personnel, Ashandra n’osait plus le regarder en face. Il fallait qu’elle s’excuse et qu’elle trouve le moyen de s’éclipser. Peut-être qu’elle devrait retourner à l’église pour parler au pasteur. Elle ne savait plus vers qui se tourner alors que son corps semblait se détacher de son esprit, ou bien voulait-il communier avec lui ? Les pensées confuses jaillissaient dans les méandres de sa culpabilité, et une fois de plus Warren la sortit de son abîme en prenant ses mains et les arrachant avec tendresse à la ceinture de sa robe. Relevant son regard perdu vers le grand blond, ses phalanges entourèrent les siennes avec une étrange familiarité avant qu’il ne les retire. Hochant la tête pour acquiescer à une proposition qu’elle n’avait pas vraiment comprise, son corps tout entier se tendit alors qu’il se glissait derrière elle et lui murmurait des instructions à l’oreille. Son cœur battait si fort qu’il devait l’entendre à une si faible distance. Il aurait pu sortir par sa bouche tant elle était nerveuse, et pourtant elle ne cillait pas, comme une poupée de chiffon avec laquelle il aurait tout loisir de jouer. Lorsqu’il glissa à nouveau le Beretta entre ses doigts, sa peur n’était plus concentrée sur l’arme à feu, mais sur la chaleur des grandes mains qui emprisonnaient les siennes. Il fallait qu’elle tire encore, il le lui avait ordonné, mais ne savait plus si elle avait suffisamment de force dans les doigts pour presser la gâchette. S’agissait-il même encore de ses mains à elle ? Elle sentait ce corps chaud dans son dos, qui l’enveloppait toute entière sans le moindre effort, sans la toucher tout à fait à l’exception de ses doigts et de son souffle sur sa peau. Le chatouillis de ses mots dans le creux de son oreille lui fit tourner la tête pour tenter d’y échapper, de lui dire de reculer un peu, mais le résultat fut encore plus terrifiant. Leurs nez se frôlaient presque et elle était plus prisonnière que jamais de ses yeux dans lesquels se reflétait sa propre image apeurée. Ses lèvres n’étaient plus qu’à quelques centimètres. Pleines, lisses, rassurantes. Dans un élan d’abandon elle aurait voulu y goûter, juste une seconde, céder à la tentation, mais elle ne pouvait pas. Elle ne devait pas. Retenant son souffle pour ravaler cette sensation d’ivresse qui lui faisait perdre la tête, elle détourna le regard pour le figer sur la cible, suivant l’axe indiqué par les bras de Warren. Dans un soupir de soulagement elle pressa à nouveau la détente. Une fois, deux fois, trois fois. Mécaniquement elle avait suivi le geste de recul étranglé par l’emprise ferme du jeune homme et s’était laissée aller à cette tentation dans l’espoir qu’elle lui ferait oublier cette sensation insoutenable de proximité.

Pas de cri de joie cette fois, rien que le silence vibrant qui succédait aux coups. Elle n’avait toujours pas dit un mot, restant immobile alors que son dos reposait à présent contre la poitrine de Warren. Ses forces subsistantes venaient de l’abandonner dans le contrecoup et elle avait peine à se soutenir, dépassée par toutes les sensations qui la prenaient d’assaut. Elle l’avait eu son pic d’adrénaline, mais cette fois elle aurait voulu se laisser glisser jusqu’au sol pour reprendre ses esprits loin de lui. «J’ai réussi... pour de vrai.» murmura-t-elle dans un soupir langoureux alors qu’elle essayait de faire glisser ses mains hors de celles du policier pour retrouver de la contenance. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire maladroit et elle tourna la tête doucement vers le visage satisfait du géant. «Merci.» ajouta-t-elle timidement alors que son corps ne répondait plus aux commandes et qu’elle réalisait que son désir de plaire était bien plus profondément ancré qu’elle ne l’aurait cru. Ashandra renversa la tête en arrière contre son épaule une seconde pour s’abandonner à la douceur de sa présence, puis puisa au plus profond d’elle la force de s’arracher à lui. Forçant le passage hors de ses bras, elle retourna s’appuyer contre la tablette plaçant l’une de ses mains en visière pour admirer le résultat. «Dans le mille.» Elle sentit son cœur plonger dans sa poitrine alors qu’elle prononçait ces mots. Elle n’aurait jamais dû accepter son invitation. Elle devait prendre ses distances avant de se brûler les ailes, ou d’être abattue en plein vol. S'il se rendait compte de ce qu'elle pensait, elle ne pourrait plus le revoir.«Je crois que je dois rentrer.»
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyVen 15 Fév - 2:17

Aussi près d'Ashandra, tenant autant la main de la jeune femme que la crosse de l'arme, Warren réalisait que c'était la première fois qu'il apprenait à tirer à une femme. Après tout, ses sœurs savaient déjà tirer, elles avaient appris bien avant lui et les deux Delacroix étaient connues dans tout leur quartier et dans toute la paroisse pour être d'excellentes tireuses. Même sa mère se débrouillait bien, Peter avait eu le malheur de la taquiner un jour à table, ni une ni deux, elle avait attrapé le fusil à pompe favori de leur père et l'avait entraîné dehors pour lui faire une démonstration. Autant dire qu'ils ne risquaient pas de se faire voler... À l'armée, Warren avait vite grimpé les échelons et il était juste chargé de l'entraînement de base des jeunes recrues et bien entendu de leur corvée et de leur punition. Et il fallait avouer que dans son genre, le major Warren Delacroix savait être créatif, personne n'avait eu l'idée avant de lui de faire faire aux soldats leur entraînement sous la pluie sans leur chaussure. Autant dire que ceux qui réussissaient à passer cette épreuve étaient ensuite considérés comme l'élite de la base militaire et avait tout le respect de Warren. Son ex-femme, Jolene, venait du Texas et comme Warren s'amusait souvent à le dire, elle était quasiment née avec une armé à la bouche. Un soir quelqu'un s'était introduit par effraction dans leur maison, Warren n'avait pas dénié quitter les couvertures, la blonde se chargeant d'appréhender l'homme égaré et de le mettre dehors, avec son arme contre la tempe s'il vous plaît... Non, c'était la première fois que le blond était obligé d'expliquer tous ces petits détails à quelqu'un, et dans un sens, c'était rafraîchissant. D'ailleurs quand il réfléchissait, c'était bien la première fois qu'il avait affaire à quelqu'un comme Ashandra, quelqu'un d'aussi timide et innocent. Ce n'était pas pareil avec Brittany car même si elle n'en menait pas large, l'autre blonde avait déjà bien vécu, Ashandra avait toujours cet air un peu effrayé, comme si elle avait peur de s'ouvrir au reste du monde. Warren n'était pas là pour la juger et c'était quelque chose qu'il pouvait comprendre, mais il avait aussi envie de lui montrer qu'elle pouvait lâcher prise de temps en temps en faisant quelque chose d'aussi stupide que de tirer dans une cible en papier...

Le silence était pesant et il pouvait sentir toute la tension qui émanait de la jeune femme. Elle était également nerveuse, Warren devait aussi ajouter cela à la liste. Le shérif adjoint ne comprenait pas pourquoi, ce n'était pas comme si elle était vraiment en train de blesser quelqu'un pas vrai? Oui, Warren avait appris, à ses dépends d'ailleurs, que tirer sur une cible vierge, avec juste un cercle tracé dessus était beaucoup plus facile que dans le feu de l'action, la gorge sèche, sa propre vie en jeu... C'était le genre d'expérience qu'il ne souhaitait à personne. Ashandra se laissa guider et il n'appuya que très légèrement sur la détente, lui laissant faire tout le reste. Et elle ne manqua pas le centre cette fois-ci et Warren eut un maigre sourire en voyant le résultat. Pas de doute, il était un bon professeur. Peut être que lorsque la police ne voudrait plus de lui, il se reconvertirait dans la revente d'armes et ouvrirait son propre centre de tir. Hello good idea... Note à moi-même, appeler Amelia pour lui en parler. Ashandra resta silencieuse pendant un moment et le blond se dit juste qu'elle était en train de savourer sa victoire, il y avait de quoi. Encore deux ou trois séances comme ça et elle n'aurait même plus besoin de Warren pour la guider. Peut être même qu'elle pourrait se procurer sa propre arme, auquel cas, Warren pouvait lui prodiguer d'autres conseils. Il regarda Ashandra s'écarter de lui en s'étirant, les pans de son t-shirt se soulevant légèrement au passage, un ridicule détail qu'il ne remarqua pas, trop occupé à fixer Ashandra. Elle avait l'air complètement épuisée, moralement et physiquement, pourtant, ils n'étaient là que depuis une vingtaine de minutes, tout au plus. «Tu devrais être fière de toi. » dit-il rapidement en guise d'encouragement. Cependant, Warren doutait que ses paroles eurent l'effet escompté et quasi-automatiquement, sans vraiment y réfléchir à deux fois, il se rapprocha d'Ashandra, cette dernière toujours accoudée contre la barrière qui faisait la séparation entre cibles et amateur sde tir. Warren posa une main sur le dos d'Ashandra, se penchant vers la jeune femme, le geste se voulant rassurant.

« Hey. Est-ce que ça va ?» demanda le shérif adjoint d'une voix douce. « C'était une idée stupide, je veux dire... On peut faire autre chose. Je me disais juste... je pensais que cela pourrait être une bonne activité pour te changer du quotidien... Après tout ce qui s'est passé avec Damon... » Dès que le prénom eut quitté ses lèvres, Warren le regretta aussitôt. Il avait promis à Ashandra de retrouver son frère, pourtant il avait gardé ses doutes, Warren était dû genre à écouter son instinct et sur cette affaire, il savait très bien qu'Ashandra n'entendrait plus parler de son frère avant un bout de temps. Peut être que dans quelques années, ce dernier la recontacterait pour lui donner de ses nouvelles mais même cela, Warren n'en était pas certain. Tout ceci, il s'était bien gardé de le dire à Ashandra, s'estimant déjà heureux quand il pouvait mettre un sourire sur le visage de la brune. Cependant, ce n'était pas de la pitié, Warren n'était pas dû genre à ramener du boulot à la maison, certes il aimait son boulot, mais pas à ce point là, il ne faisait pas la charité à Ashandra, loin de là, il l'appréciait vraiment. Warren replaça une des mèches d'Ashandra derrière son oreille, le plus délicatement possible avant d'ajouter. « Après si tu veux partir, je comprendrais, je ne te retiens pas, je peux même te raccompagner chez toi, ça m’ennuierais vraiment si tu rentrais toute seule. » Protecteur jusqu'au bout, ça c'était bien une qualité qu'on ne pouvait pas enlever à Warren. « Et puis sinon... Il y a toujours le steak que tu m'as promis. » ajouta-t-il en espérant détendre l'atmosphère. Il avait encore dû faire quelque chose qui ne fallait pas, mais là tout de suite, Warren en voyait pas. Ashandra avait eu l'air emballé par ce dimanche après midi quand ils en avaient parlé il y a quelques jours de cela, peut être qu'elle s'attendait à autre chose... Quoi ? Warren ne savait pas vraiment, il aurait dû lui conseiller de venir avec une autre amie pour qu'elle se sente plus en confiance. Quoi que Warren voyait mal un autre paroissien avec une arme à la main. Peut être Glenn ? Lui aurait su détendre l'ambiance en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire avec une remarque plus qu'inappropriée pour Warren (sûrement des tas) et des sourires pour Ashandra... Non la véritable question c'était : comment pouvait-il penser à Glenn dans un moment comme celui-ci ? Peut être que sa grande sœur avait raison et qu'il avait le béguin pour l'autre homme. « S'il te plaît dis quelque chose... » finit par ajouter le blond face au silence d'Ashandra. Warren savait qu'il n'avait jamais été doué pour rassurer les gens ou même pour les excuses, mais là, c'était plutôt gênant...
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyVen 15 Fév - 20:34

Les rayons du soleil qui dansaient en une caresse chaleureuse sur ses avant-bras la confortaient un peu, et Ashandra reprenait petit à petit de la contenance maintenant qu’elle avait réussi à s’éloigner de Warren. Le poids qui empêchait sa poitrine de se soulever correctement s’était allégé au moment où elle s’était débarrassé de la présence troublante de ses doigts mêlés aux siens et avait trouvé la force d’articuler son désir de partir. Feignant d’observer sa victoire sur le champ de bataille en attendant sa réponse, elle garda le silence tout en se concentrant ailleurs. Elle devait se changer les idées au plus vite avant de se laisser prendre au jeu de l’illusion. N’importe quoi ferait l’affaire. Ce que dirait Cassandra. Ce que dirait sa mère, son beau-père. Ce que les paroissiens feraient de son rendez-vous à la sortie de l’église. Elle rabâchait cette culpabilité comme pour s’empêcher de ressentir quoi que ce soit, écrasée sous le joug de la société qui lui dictait la plupart du temps sa conduite. Elle avait d’ailleurs presque réussi à oublier la boule de chaleur dans le creux de son ventre lorsqu’elle sentit à nouveau une grande main se poser doucement sur son dos. Sous le tissu de sa robe, sa peau frémit et ses muscles se froissèrent subrepticement en un frisson. Sa gorge se noua et son souffle s’éteignit dans un soupir. Sans que leur peau ne se touche elle était brûlée par cette caresse amicale. Il était évident qu’il ne ressentait pas les mêmes choses qu’elle. Tout cela était banal et naturel, il n’avait pas même besoin d’y réfléchir. Il avait plus d’expérience, et n’était sans doute jamais passé par un étau familial aussi sévère que le sien. Pour lui ce geste n’avait aucun sens. Il aurait tout aussi bien pu lui ébouriffer les cheveux comme une petite fille. De l’affection purement désintéressée. Pleinement consciente de sa solitude et de la non réciprocité de ses sentiments à cet instant précis, la sensation était désagréable pour la jeune femme qui déglutit de manière discrète en essayant malgré tout de se courber pour échapper à son toucher. Elle s’apprêtait à lui mentir fièrement qu’elle avait oublié un rendez-vous avec une amie ou un devoir à rendre de toute urgence pour l’université, rien que pour lui éviter de se sentir coupable. Après tout, ce n’était pas vraiment de sa faute si elle était restée au même stade qu’une collégienne dans sa vie amoureuse et qu’un peu d’attention lui faisait tourner la tête. Sa voix douce faisait presque vaciller sa détermination à se tirer de ce guêpier avant que les choses ne tournent mal pour elle, lorsque le nom de Damon passa ses lèvres.

Ashandra se glaça à cette mention avant de tourner un regard noir vers son instructeur. Elle savait qu’il ne lui avait pas proposé cette petite virée parce qu’elle lui plaisait ou qu’il la considérait comme une femme. Il n’avait rien fait pour l’aider à le comprendre, mais en dépit tous les signes qu’elle recevait sans qu’il ne s’en doute, elle était suffisamment intelligente ou désillusionnée pour sortir de ses fantaisies et garder les pieds sur terre. Elle se doutait que ses bonnes intentions à son égard avaient quelque chose à voir avec le fait qu’elle avait toujours l’air misérable au commissariat. Shandy s’était évertuée à s’en convaincre en le répétant inlassablement dans un coin de sa tête. Ceux qui ne la jugeaient pas la plaignaient, et rares étaient ceux qui la voyaient comme elle avait vraiment envie de se montrer. Seulement c’était sans doute la première fois qu’on avait la cruauté de lui cracher sa pitié au visage. Se tournant face à lui sans le quitter des yeux, ses pupilles oscillaient de droite à gauche empreintes de déception et de colère. La première vague de dégoût d’elle-même laissa place à une bouffée de chagrin brut qui fit se serrer sa poitrine au point qu’elle dut porter sa main à sa gorge comme si l’air ne pouvait plus y passer. Son frère avait disparu et la seule chose qu’elle trouvait à faire c’était de se demander s’il était possible qu’un homme aussi brillant que Warren puisse s’intéresser à elle et jouer les apprentis snipers. Son petit frère était peut-être dans une ville voisine, peut-être blessé, peut-être malade, seul, en danger, et elle s’était permis de l’oublier. Il était peut-être caché à attendre qu’elle se manifeste et qu’elle fasse enfin ce qu’il attendait d’elle, et elle avait l’indécence de se découvrir du désir pour un homme. Elle détesta Warren d’avoir laissé échapper ce nom, mais ce n’était rien comparé à la haine qu’elle se vouait à elle-même. Elle ne méritait pas sa pitié. Elle ne méritait pas son attention. À cet instant, elle méritait surtout cette claque de réalité qu’il venait de lui donner. Et tous ses efforts pour reprendre une vie normale post-départ venaient d’être balayés.

La choriste ne détacha pas son regard de celui de Warren mais la colère avait laissé place au désespoir et un voile humide menaçait de se fondre en larmes mais elle résistait de toutes ses forces à cette faiblesse. Elle frissonna au geste tendre et inattendu qu’il eut pour remettre l’une de ses mèches rebelles derrière son oreille qui lui arracha un gémissement presque inaudible. Un instant plus tôt elle aurait été repoussée à l’idée qu’on la touche encore et maintenant il la regardait comme quelque chose de précieux qu’il avait peur de casser. Incapable de dire s’il faisait cela parce qu’il s’en voulait d’avoir largué la bombe de son frère sur sa tête ou pour n’importe quelle autre raison qui aurait fait moins mal à son ego blessé, sa mention du steak lui arracha un éclat de rire désabusé. Ce bon souvenir qu’elle avait partagé avec son frère à l’époque du lycée et auquel elle avait décidé de se raccrocher maintenant qu’il avait quitté la maison était une illusion de plus. Elle se mentait à elle-même pour oublier qu’elle l’avait abandonné aux deux moments les plus importants de sa vie. Qu’elle n’avait pas été là lorsqu’il s’était blessé, qu’il avait dû abandonner ses rêves de carrière, qu’il avait fini par abandonner la fac. Et elle l’avait abandonné une fois de plus en arrêtant de le poursuivre aux quatre coins de la ville, en le laissant passer la nuit en cellule plutôt que de sortir de son lit, en lui accordant la soi-disant paix qu’il réclamait. Elle ne saurait peut-être plus s’il attendait vraiment d’elle qu’elle le suive jusqu’au bout dans sa chute et sa décadence ou s’il avait pensé les mots de rejet durs qu’il lui avait adressés.

La voix hésitante et gênée de Warren la ramena au présent et elle lui offrit un sourire qui tenait plus de la grimace en battant des cils pour ravaler ses larmes. Elle passa ses mains sur ses joues brûlantes de honte et glissa ses doigts dans ses cheveux pour les remettre en place derrière ses oreilles comme le blond venait de le faire. Juste un instant de plus, elle voulait se permettre d’entretenir le mensonge. Rien qu’une minute supplémentaire. Baissant la tête, elle s’avança d’un pas vers le jeune homme en silence et vint se coller tout contre lui, en entourant sa taille de ses bras hésitants pour le serrer contre elle. Calant son oreille contre la large poitrine musclée qui s’offrait à elle, Ashandra s’accorda une seconde pour écouter son cœur battre avant de retrouver des distances plus respectueuses, relâchant à contre-cœur son étreinte sur le corps rassurant du policier. «C’est gentil...» susurra-t-elle sans plus oser relever les yeux après son geste. «Je crois que je vais passer sur le steak.» répondit-elle sans être parfaitement honnête sur les raisons de ce refus. Son ventre était si contracté par la pointe d’angoisse qui venait de lui traverser le corps qu’un gargouillis mal venu s’en échappa. Rougissant de plus belle en fixant les pans de sa robe qui retombaient sur ses cuisses fuselées, elle se racla doucement la gorge. «Mais n’importe quoi d’autre fera l’affaire. Tout cet exercice m’a creusé l’appétit...» ironisa-t-elle. Elle retourna vers son sac en contournant Warren d’un pas décidé et s’agenouilla pour en sortir les sandwichs. Elle ne pourrait sûrement rien goûter dans son état, mais elle pouvait tout de même avaler quelques bouchées de pain blanc. Toujours au sol, elle ouvrit avec délicatesse la boîte renfermant les petits triangles et en saisit un entre ses doigts avec la ferme intention de n’en faire qu’une bouchée qu’elle engloutirait sans y penser. Mais avant de le porter à ses lèvres, dans un élan d’impuissance, elle le tendit en direction du shérif adjoint. «Tu veux en goûter un ?» demanda-t-elle d’une voix assurée malgré le tremblement léger de son bras et son regard fuyant.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptySam 23 Fév - 12:41

En voyant la palette d'émotions que lui offrait désormais le visage d'Ashandra, Warren regrettait vraiment d'avoir ouvert sa grande bouche. Il aurait dû se taire vraiment, car il n'était pas complètement stupide, il pouvait voir la colère et la déception sur son visage et bien entendu les larmes qu'elle avait au bord des yeux. Était-ce simplement la mention de son frère ou autre chose? Le shérif adjoint n'en avait pas la moindre idée, il était en terrain inconnu là et il aurait voulu qu'elle lui donne plus d'indices mais en même temps, il ne voulait pas le pousser dans ses derniers retranchements. La dernière chose qu'il voulait, c'était qu'Ashandra se braque, décide qu'elle ne voulait plus l'écouter lui et ses conseils foireux et qu'elle s'en aille. Certes, une partie de Warren doutait sincèrement que la jeune femme soit capable de faire une telle chose, mais... Il y avait toujours ce mais. Car il avait beau se leurrer et se dire qu'il était en train d'aider Ashandra, la vérité, c'est qu'il ne savait absolument rien de la femme en face de lui. Elle et son frère auraient pu rester de simples noms sur des dossiers, Warren n'était pas obligé de s'impliquer autant qu'il le faisait, il pouvait mener son petit bout de chemin au bureau et tout simplement oublier tous les visages qu'il avait croisé sans la journée quand il rentrait chez lui. Cependant ça, ce n'était pas Warren. Et quitte à être maladroit et à légèrement blesser Ashandra, il préférait essayer plutôt que d'être froid et distant et juste faire son job. S'il faisait juste son job, il ne serait probablement pas là ce dimanche après midi, non, il serait probablement chez lui à s'occuper de son jardin comme il avait pris l'habitude de le faire et Ashandra? Warren la voyait bien rester quelques heures supplémentaire à l'église pour écouter les paroissiens. Un concept plus qu'étrange pour Warren qui n'avait jamais cru en Dieu. Il avait essayé quand il était plus jeune, histoire de faire plaisir à sa mère. Cette dernière avait voulu convertir son jeune fils à tout prix, à un point tel que Warren avait tendance à lancer une exclamation de dédain à chaque fois qu'il voyait un livre saint ou qu'il apercevait quelqu'un prier. Warren ne comprenait tout simplement pas, n'avait jamais compris et n'avait aucune envie de faire un effort et être ouvert d'esprit. Le monde de tous les jours était suffisamment moche comme ça alors pourquoi se préoccuper de choses qu'on ne pouvait pas voir? Ou même de la vie après la mort?

Non, la vie de tous les jours, la réalité à laquelle Warren était confronté était remplie de désaxés et des gens qui commettaient des erreurs et des gens comme Ashandra se retrouvaient à payer le prix. Donc oui, s'il devait prier eh bien il prierait sûrement pour que Damon rentre chez lui, sain et sauf, sans aucune égratignure, qu'il retrouve sa soeur et fasse le bonheur de cette dernière. Et, juste au moment où Warren songeait à cela, à l'eventuel sourire d'Ashandra si jamais elle revoyait Damon, cette dernière se blottit tout contre lui et instinctivement, Warren retourna l'étreinte, ses bras s'enroulant autour d'Ashandra. Elle avait l'air si fragile et forte à la fois, il avait autant envie de la protéger qu'il voulait l'encourager. Et surtout il avait envie de lui mentir et de lui dire que tout irait bien. Cela aurait été bien cruel pas vrai? Car elle n'avait pas besoin de le dire, Warren savait qu'on avait déjà dû mentir à Ashandra et qu'on avait sûrement dû profiter d'elle et pour de mauvaises raisons. Qui était Warren pour en rajouter ça? Il n'était qu'un inconnu qui débarquait dans sa vie et ce, pas de la manière la plus subtile du monde. Quand Ashandra s'écarta de lui, Warren avait l'impression qu'elle lui disait au revoir et dans un sens, c'était triste mais il pensait comprendre. Comprendre qu'elle avait besoin de son indépendance et qu'elle avait besoin d'avancer et de faire son propre bout de chemin. Si elle passait son temps à se cacher, elle n'allait jamais vraiment avancer, pas vrai? Il la suivit du regard et tandis qu'elle fouillait dans son sac, il récupéra l'arme dont il enleva les munitions, juste au cas où, Warren gardant son sérieux et son professionalisme dans une situation pareille. Il se retourna et la vit au sol, lui proposant un sandwich. Un maigre sourire se forma sur ses lèvres et il se demanda vraiment si elle espérait qu'il refuse pareille proposition. Oh que non... Ni une ni deux, il s'installa à côté d'elle, s'asseyant en tailleur d'un simple mouvement de jambes ayant tellement pris l'habitude de cette position dans sa propre maison.

Warren attrapa le sandwich et avant de mordre dedans il déclara simplement. "Mais tu me dois toujours mon steak, crois moi je n'oublierai pas..." Le sandwich disparut rapidement, les bouchées de Warren étant deux fois plus grande que... Eh bien les gens normaux voilà tout. Il ne se gêna pas pour prendre un autre sandwich, son regard se portant sur le stand de tir vide. "Si on jour on m'avait dit que je mangerai des sandwichs ici même, j'aurais bien rigolé mais bon... La prochaine fois que tu tireras sur quelque chose ou sur quelqu'un tu penseras à moi? Plutôt quelque chose... J'espère vraiment que tu n'auras jamais à tirer sur quelqu'un." Ce n'était pas vraiment ainsi qu'il voyait Ashandra et peut être que Warren n'était pas objectif mais tant pis, il appréciait vraiment la jeune femme en face d'elle et la dernière chose qu'il voulait c'était recevoir un appel au poste la concernant. Là il serait vraiment inquiet. Déjà que le fait que Brittany se fasse voler sa voiture l'avait tenu éveillé pendant plus d'une nuit, si c'était Ashandra, certain qu'il ne fermerait pas l'oeil et ce pendant des jours. "Et tu avais tort, c'est très bon... Ça doit faire des années d'ailleurs que je n'ai pas mangé de sandwich. J'ai une grande cuisine." Expliqua Warren. "Alors je me sens obligé de l'utiliser à chaque fois que je peux. Et sans me vanter je suis plutôt doué. Okay, je me vante un tout petit peu, mais c'est la vérité." Le shérif adjoint n'était pas dû genre à parler si ouvertement de ses talents culinaires, non, déjà que les trois quart des agents de police savaient qu'il aimait les hommes et les femmes pas besoin d'en rajouter pas vrai. Warren, even for you that's a whole new level gay. Avait dit Amelia la seule fois où elle était venue à Lima, trouvant son frère dans la cuisine, un tablier noué autour de la taille, un rouleau dans une main et avec de la farine sur le visage et dans les cheveux. Mais d'où venait les tartes à la pommes Amy? D'où? Il fallait bien que quelqu'un se dévoue et passe derrière les fourneaux pas vrai? Et encore heureux que Warren sache cuisiner, dans le cas contraire, un homme vivant seul et étant célibataire avait peu de chance de trouver de la nourriture. Quoi que Warren avait une arme et une insigne, cela pouvait toujours jouer en sa faveur. "Tu pourras toujours passer à la maison un de ces jours..." dit distraitement Warren en faisant disparaître un autre sandwich. Son invitation était sincère et il se disait que cela pourrait toujours être marrant d'avoir Ashandra chez lui, ils mangeraient et iraient probablement regarder un film ou alors que Warren la ferai tirer sur des cannettes de bière vide dans son jardin, histoire de véritablement terrifier ses voisins. Quoi qu'entre les tendances exhibionnistes de Warren et son habitude à toujours chasser le chat de ses voisins dès qu'il osait franchir son domaine... Peut être qu'ils avaient compris le message depuis longtemps, auquel cas Warren se ferait une joie de leur rappeler.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyDim 24 Fév - 22:22

Ses yeux s’arrondirent comme des soucoupes lorsque Warren s’installa en tailleur à côté d’elle, et sa bouche s’entrouvrit sous le coup de la surprise alors qu’il engloutissait en deux bouchées ce qu’elle aurait mis dix minutes à terminer avec la boule qu’elle avait dans la gorge. Le naturel désarmant du grand blond la troublait tellement qu’elle ne savait plus quoi répondre à sa remarque sur le steak qu’elle venait de décliner. Il comptait la revoir ? En dehors du commissariat ? Pour de vrai ? Est-ce qu’elle n’avait pas complètement gâché cette petite leçon censée lui changer les idées avec une surcharge de pensées négatives et un comportement anormal ? Il venait pourtant de lui faire comprendre qu’il n’avait fait ça que par pitié. Alors pourquoi se donner la peine de se forcer à la revoir une seconde fois ? De son propre avis, Ashandra n’avait pas grand chose pour plaire. Sa conversation aurait pu être intéressante sur quelques sujets si elle avait réussi à ne pas bafouiller toutes les deux phrases. Elle n’était pas particulièrement drôle. Sa vie ne méritait pas mention, et encore moins ces derniers temps, il lui était donc difficile d’échanger autre chose que des questions dans une conversation entre deux personnes qui apprenaient à se connaître. Le jeune homme avait vraiment un sens du devoir particulièrement développé pour vouloir s’embarrasser de sa compagnie, et elle était presque rassurée de sentir son cœur tambouriner à nouveau contre ses côtes alors qu’elle n’était plus dans ses bras. Depuis qu’elle avait convenu de ce rendez-vous dominical des plus originaux, elle n’avait cessé de faire des aller-retour au purgatoire à cause de Warren. Au moins, ce n’était pas que du désir charnel songea-t-elle honteuse. De là à dire que ce n’était pas une pulsion dont elle aurait dû se garder, c’était une autre question. Tous les sentiments qu’elle ressentait en sa présence étaient mal venus, à sens unique, ils seraient douloureux quand elle serait frappée par la réalité d’une petite amie, grande blonde mince et surtout du même monde que lui. En attendant, le voir se servir une seconde fois dans le sac devant lequel elle était toujours accroupie l’apaisait. Faisant battre ses cils sagement rehaussés de mascara noir, elle ne put s’empêcher de sourire comme s’il avait suffit qu’il prononce cette phrase pour que toutes les choses qu’elle avait ressenties auparavant s’envolent. Dans sa bouche tout semblait si facile. Tirer avec un pistolet, manger un steak en ville, attendre son frère... Ashandra était un peu envieuse de ce monde dans lequel il vivait, où tout semblait surmontable avec une bonne nuit de sommeil et un gros repas chaud. Elle éclata franchement de rire à sa remarque sur l’éventualité qu’elle tire sur quelqu’un, et plaqua sa main devant sa bouche pour en étouffer le son en se balançant sur ses talons. «Je ne pense pas que j’en ai jamais l’occasion. Je n’aurai jamais d’arme, et si tu n’es pas là pour m’aider j’aurais du mal à toucher quoi que ce soit.» dit-elle en écrasant une larme au coin de ses yeux. Sa vie était bien trop ennuyeuse pour se retrouver dans une telle situation. Et si jamais elle devait faire face à un cambrioleur en mal de voler son écran de télévision dans la petite maison de banlieue de sa mère, ses nouvelles connaissances en boxe lui seraient sûrement plus utiles pour se défendre qu’un fusil de chasse.

Le goût avec lequel Warren semblait avaler ses sandwichs lui redonna presque l’appétit, et elle se pencha à nouveau sur la boîte qui ne contenait plus que quatre triangles garnis de manière différente. Frôlant du bout des doigts l’un d'eux qu’elle avait tartiné de beurre de cacahuète et de confiture à la fraise, elle le tira précautionneusement de sa cachette pour le porter à ses lèvres et en croquer un petit morceau. Le goût délicatement sucré de la fraise sur sa langue apaisa un peu ses tracas alors qu’elle rosissait au compliment du policier. Elle prenait tout bien trop à cœur songea-t-elle, ce n’était qu’une remarque sur des sandwichs pour l’amour du ciel. La jeune femme se serait bien donné une paire de gifles vigoureuses, mais elle ne tenait pas à passer pour plus folle qu’elle ne l’était déjà auprès du blond et elle se contenta de détourner le regard pour porter une nouvelle fois le pain de mie à ses lèvres. Elle aurait été curieuse de voir à quoi ressemblait cette cuisine. Des hommes bons cuisiniers elle n’en avait pas connu beaucoup. Bon, elle n’avait pas vraiment connu d’autres hommes que ceux de sa famille, et n’avait jamais osé être assez proche de son beau tuteur mexicain d’un été pour goûter à sa cuisine. Mais quand elle était jeune, elle se souvenait encore des pancakes qu’elle préparait le dimanche matin avec son père. Ils étaient délicieux bien sûr, mais ce ne fut qu’en grandissant qu’elle réalisa que leurs exploits culinaires engendraient un véritable champs de bataille dans la cuisine que sa mère se trouvait ensuite contrainte de nettoyer. Warren avait-il le même travers ? Elle l’imaginait sans mal à ses fourneaux avec ce grand sourire éclatant et fier, en train de concocter un dessert quelconque, laissant derrière lui traînées de farine, tâches d’huile et épluchures en tous sens. Radoucie par le changement de conversation, elle laissa son esprit dériver comme pour s’introduire secrètement dans la vie de Warren dont elle sortirait une fois qu’il l’aurait ramenée en centre-ville. Autant profiter de cette escapade jusqu’au bout puisqu’elle ne se renouvellerait probablement pas. Cette histoire de steak n’était qu’un effet de sa politesse, elle le savait au fond d’elle-même. Le tout était à présent de s’en convaincre et de digérer l’information. «Je te crois sur parole.» murmura-t-elle avec un sourire tendre en coulant un regard dans sa direction. Ses yeux bleus trouvèrent les siens une seconde et elle se sentit à nouveau submergée par cette vague de chaleur inexplicable. Rompant immédiatement le contact, elle reprit une profonde inspiration comme si sa vue lui avait coupé le souffle, la proximité était vraiment à bannir si elle voulait garder la tête sur les épaules. Dans l’intention de prendre des distances que l’officier s’entêtait à réduire à chaque fois, elle tâcha de se redresser, mais sa proposition de venir chez lui fit perdre son équilibre à Ashandra, sa cheville vrilla sous son poids mal équilibré et elle tomba sur les fesses, incapable de se rattraper mais lâchant tout de même son sandwich sur sa robe dans la précipitation.

«Oh» fut tout ce qu’elle réussit à articuler sous le coup de la surprise. Les mains appuyées derrière elle pour empêcher son dos de céder à l’appel de l’attraction terrestre, elle ne réalisa qu’une seconde plus tard que non seulement la jolie robe de Charlie était tachée de confiture, mais qu’en plus elle avait glissé jusqu’à son ventre le long de ses genoux remontés maladroitement, exposant à la vue la peau chocolatée de ses cuisses. Après une seconde supplémentaire passée à paniquer complètement tétanisée, elle plaqua ses jambes au sol, les talons au niveau de ses fesses, et réajusta le jupon sur sa peau mettant au passage les doigts dans la confiture. Gémissant à cette sensation collante et désagréable qui s’ajoutait à l’horrible sentiment de honte qui avait fait virer son visage à l’écarlate malgré son teint hâlé, elle n’osait plus du tout regarder Warren dans les yeux. Vite. Il fallait qu’elle trouve quelque chose à dire pour dissiper l’envie de creuser sa propre tombe et de s’y enterrer vivante ou de s’offrir en cible réelle au prochain tireur. «Je doute que tu veuilles de quelqu’un d’aussi maladroit chez toi...» finit-elle par articuler en fixant le sol devant elle en forçant un petit rire qui n’avait rien de naturel. Relevant le regard vers le sac à main, elle étendit le bras pour attraper une serviette en papier et essuyer les dégâts sur la robe. Tout ça pour des paroles qui n’avaient sans doute pas d’autre valeur que celle d’un peu de réconfort vain et qu'elle avait déjà entendues dans sa voiture... Après un instant de silence pesant, elle ajouta timidement : «Tu sais... Tu n’as pas à te sentir obligé... De me dire tout ça. C’est très gentil de m’avoir amenée ici. Je me suis amusée... Enfin c’était intéressant. Mais je ne veux pas t’imposer tout ça.» Retrouvant le regard bleu de Warren, elle esquissa un sourire sincère et désabusé avant de reposer des yeux embués sur sa robe.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyLun 25 Fév - 23:31

Warren faisait tout pour détendre l'atmosphère et il avait juste l'impression d'échouer. En même temps, ce n'était pas comme s'il pouvait juste enlever son t-shirt, se mettre à danser et ce, juste pour espérer obtenir une réaction positive de la part de la jeune femme. Le shérif adjoint savait qu'il avait un sens de l'humour particulièrement douteux et on le lui avait déjà fait remarquer à maintes occasions et il s'était vite rendu compte que ce qui faisait sourire sa grande soeur eh bien... Ce n'était pas la même chose pour ce qu'Amelia appellait les gens normaux, comprenez tous ceux qui n'étaient pas des Delacroix. (Et non, il n'y avait rien qui clochait chez eux... Merci bien). Bref, il comprenait tout à fait qu'Ashandra n'ait pas envie de s'en prendre à une cible en papier une nouvelle fois et Warren... Warren ne manquait pas de pratique ce n'était pas le cas de le dire. Quoi que depuis son "accident" (insérez ici un Warren qui roule les yeux) il était censé se reposer et un peu moins forcer. Si au moins son supérieur l'avait renvoyé chez lui avec la promesse qu'une jolie infirimière viendrait s'occuper de lui. Non corrigez ça, un infimier charmant et sexy et... est-ce que son esprit dérivait encore vers Glenn? Oui. Il fallait vraiment qu'il arrête de faire ça. Pour sa défense, il doutait vraiment que l'autre homme soit contre cette idée, après tout, Warren avait déjà vu Glenn en jupe, enfin il avait osé appeler ça une jupe, le peu de tissu du vêtement était vraiment déroutant. Et n'y avait-il pas un dicton qui disait qu'entre la mini-jupe et la tenue d'infirmière il n'y avait qu'un pas? ... Non, ça c'était le début d'un film pour adultes. Il devait vraiment avoir honte de penser à des choses pareilles avec Ashandra à proximité, Warren ne croyait pas au paradis et autre mais s'il y avait un dieu, aucun doute qu'il enverrait ce Delacroix en Enfer et ce sans aucune hésitation. Warren termina les sandwichs avec un sourire aux lèvres et il allait se tourner vers Ashandra pour s'excuser... d'avoir un vortex à la place de l'estomac quand cette dernière tomba. Littéralement et plutôt bruyamment, atterissant d'une manière plutôt douloureuse semblait-il, des traces de confiture sur le visage, sa robe ne cachant plus vraiment ses jambes et...

Warren, qu'est-ce que tu regardes? Lève les yeux, abruti! Ce que Warren fit aussitôt mais son regard bleuté atterit tout simplement sur la poitrine d'Ashandra et il se dit que ce n'était pas mieux... Non, pas mieux du tout. Il se maudit intérieurement avant de carrément tourner la tête dans la direction opposée, ravalant du même coup la remarque idiote qui menaçait de quitter ses lèvres à tout moment. Cependant, il ne voulait pas passer pour quelqu'un de complètement insensible, elle était tout de même tombée de haut et pouvait éventuellement s'être blessée. "Est-ce que ça va? Tu ne t'es pas fait mal au moins?" demanda Warren, ses yeux scrutant le visage d'Ashandra et absolument rien d'autre. Et des gens aussi maladroit qu'elle, Warren en avait connu des tas, Amelia pour commencer. Elle avait tout de même réussi à faire en sorte qu'un serveur perde le contrôle de lui-même renverse le contenu de son plateau sur plusieurs clients et atterisse dans l'aquarium du restaurant. Et selon Warren, absolument rien ne pouvait battre cela. Ils avaient dû s'excuser, enfin surtout Amelia, pendant plus d'une heure avant de déguerpir le plus vite possible, Warren se plaignant sur le chemin du retour, essayant de convaincre sa soeur qu'ils auraient au moins pu rester pour manger. Même Warren sans son café n'était pas mieux, combien de matin avait-il trébuché alors qu'il se rendait simplement dans sa salle de bain, c'est-à-dire à quatre pas de son lit? Il avait déjà connu des jours entiers sans caféine et ... Le résultat n'avait pas été brillant à un point tel que son patron l'avait renvoyé chez lui, certain qu'il se mettrait à tirer sur des employés juste parce qu'il avait confondu son arme de service avec son crayon. Donc Warren était très mal placé pour se permettre de dire qui était maladroit et qui ne l'était pas... Un nouveau silence s'installa entre eux deux, seulement rompu par Ashandra qui lui disait qu'il n'avait pas à faire ça. Le shérif adjoint ne put s'empêcher de laisser échapper un soupir plus qu'agacé à ces mots. Il savait qu'il avait fait une erreur en parlant de son frère, mais Warren ne lui avait pas proposé cette sortie parce que la jeune femme lui faisait pitié bien au contraire. "Arrête de dire ça Ashandra..." Warren se redressa, essuyant ses mains sur son jean, les sourcils froncés, se demandant pourquoi toute cette histoire l'agaçait. "Je ne te fais pas la charité crois moi... Ce n'est pas mon style."

Voilà c'était certainement pour ça, parce que s'il ne connaissait pas Ashandra, la jeune femme devait aussi admettre qu'elle ne le connaissait pas non plus Warren. Il n'était pas dû genre à aider la veuve et l'orphelin, non, il avait tué des gens, beaucoup et il avait été payé pour ça et avait eu des médailles, donc ça en disait long sur Warren pas vrai? Sûrement pas. Il tourna le dos à Ashandra, récupérant l'arme qui trainait encore sur le rebord du stand. Il prit une profonde inspiration avant de se tourner de nouveau vers elle, Warren voulait qu'elle comprenne qu'il l'appréciait vraiment et espérait qu'ils pourraient devenir amis sur le long terme. "Tu vas sûrement rencontrer des abrutis dans ta vie qui seront sympa juste pour parvenir à leur fin mais ce n'est pas ce qui est en train de se passer là." Il fit quelques pas vers la jeune femme, se penchant vers Ashandra, se rapprochant assez pour pouvoir presser son index contre le nez de cette dernière, un léger sourire aux lèvres."Certaines personnes seront vraiment sympa avec toi et juste parce qu'elles ont envie de l'être." Comme moi, se retint d'ajouter Warren, but it's because I'm fucking awesome. Cela aurait vraiment été déplacé de la part de Warren qui n'était pas certain qu'Ashandra apprécie son humour. Il lui tendit une main pour l'aider à se redresser et en fait il décida que non, il n'avait pas envie d'attendre son avis et saisit de lui même la jeune femme pour la remetre sur ses deux pieds, étant un peu trop brusque comme à son habitude, cette dernière se retrouvant de nouveau pressée contre Warren, à croire que ce dernier le faisait exprès. Non, là Warren était trop occupé à passer son pouce sur la joue d'Ashandra, de la confiture s'y trouvant toujours, il porta ensuite son doigt à sa bouche, tout naturellement, effaçant ainsi toute trace de confiture. "En plus, crois moi, tu ne feras pas pire que Glenn, il a quand même réussi à ruiner son t-shirt avec de la limonade la dernière fois qu'il est passé à la maison." Warren eut un léger rire au souvenir, s'éloignant d'Ashandra pour aller ranger l'arme dans son sac. Non pas que cela avait dérangé Warren de lui prêter son t-shirt, pas certain qu'Ashandra est la même réaction que l'autre blond face à un Delacroix torse nu. Ce qui en d'autres termes voulaient dire l'état naturel de Warren. "M'enfin tu me diras, il embrasse bien, donc je suppose que ça compense pour la maladresse..."
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyDim 3 Mar - 2:18

Si les enfers avaient pu s’ouvrir sous ses pieds à cet instant, elle n’aurait pas hésité une seconde à plonger la tête première pour ne plus jamais avoir à revoir Warren ou qui que ce soit d’ailleurs. Les joues rougies par la honte, elle n’osait plus bouger de peur de provoquer une nouvelle catastrophe. Elle était tombée au milieu de nulle part, avait exposé des parties de son corps dont elle était affreusement consciente partout ailleurs que sur un ring perdue dans l’adrénaline et le danger imminent. Elle s’était littéralement couverte de confiture et de beurre de cacahuète, et maintenant elle ressemblait à une potiche fêlée appuyée contre le sol, ses poignets amortissant le poids de son buste. Pour couronner le tout, même dans la panique, elle n’avait pas manqué le regard du policier sur elle avant qu’il ne tourne violemment la tête dans la direction opposée. Sa réaction ne fit qu’aggraver son désir de disparaître et elle resserra ses jambes de toutes ses forces comme si ça avait pu l’aider à récupérer son amour propre. Pourquoi fallait-il que ce soit à lui qu’elle montre tout ce qu’il y avait de pire en elle ? Étrangement elle n’avait pas ressenti cette révulsion à l’idée qu’il détaille ses courbes, ce qui d’ordinaire tournait son estomac venant d’autres hommes. Mais elle était bien trop mortifiée par ce qui venait de se passer pour penser à quoi que ce soit qui aille dans ce sens. Il était différent des autres, mais à elle aurait donné n’importe quoi pour se retrouver en compagnie de n’importe quel inconnu plutôt que de devoir affronter son regard bleu. Bafouillant à grand peine un «Non. Ça va...», elle secoua la tête et les boucles brunes léchées de soleil qu’il avait remises derrière son oreille retombèrent devant ses yeux, quelques unes d’elle s’alourdissant de fruits rouges. Sa position était des plus inconfortables, et elle tira sur ses abdominaux pour se redresser, cherchant à libérer ses mains de son poids pour y enfouir son visage et dissimuler les larmes qu’elle sentait monter de manière irrépressible. Ses paupières battaient pour ravaler ses sanglots alors qu’elle baissait la tête pour se dérober à son regard inquisiteur. Elle ne pouvait pas craquer, et surtout pas maintenant. La maladresse, la nervosité, tout cela ajouté à son bagage initial de pauvre malheureuse abonné au commissariat après vingt-trois heures, on aurait pu croire qu’elle se rendait pathétique pour obtenir de l’attention. Et que cela marchait. Ses pommettes devinrent livides alors que l’idée qu’il ait pu tomber dans ce genre de piège tendu malgré elle s’installait dans son esprit. Est-ce qu’elle le cherchait ? Est-ce qu’inconsciemment elle avait voulu jouer sur la corde sensible ? Non... Ce n’était pas possible. Elle refusait la pitié des autres, elle était trop orgueilleuse pour ça. Si elle voulait l’attention de Warren c’était parce que... Parce qu’il... Il... Ses lèvres se pincèrent alors que sa voix grave retentissait à nouveau à côté d’elle. Son ton était plus ferme qu’auparavant, comme s’il avait voulu la gronder, et elle trouva le courage de le regarder sous ses cils pour croiser un regard froid et un air désapprobateur. Blessé peut-être ?

Son cœur s’emballa alors qu’elle restait toujours agenouillée aux pieds de Warren qui ne lui avait jamais paru aussi imposant. Ses yeux noirs incapables de se détacher des siens, ses pensées lui restaient invariablement inaccessibles. Il avait toujours été doux avec elle, il l’avait traitée avec ménagement et patience, mais elle semblait finalement avoir épuisé son calme. Sans s’emporter néanmoins, il était juste un peu plus dur avec elle, comme il l’aurait été avec une inconnue peut-être. Juste assez pour la faire frémir, ignorant ce qui l’attendait. Lorsqu’il lui tourna finalement le dos pour retourner à son arme sans un autre regard pour elle, sa poitrine se serra et un gémissement plaintif s’échappa de ses dents contre sa volonté. Elle réussit enfin à fournir l’effort nécessaire pour se redresser tout à fait, et son esprit maintenant libéré de ses acrobaties, elle essuya d’un revers de main une larme qui menaçait de rouler aux coins de ses yeux avant de frotter ses doigts sur le tissu propre en respirant profondément. Elle n’était pas si loin de chez elle, elle pourrait rentrer à pied. Courir, même dans des chaussures dont ce n’était pas la vocation, lui ferait du bien. Elle pouvait se soustraire à sa compagnie, et lui éviter cette comédie, mettre fin à son tourment. Elle s’aérerait, chasserait ses pensées étranges. Elle ne connaissait pas Warren. Ils ne s’étaient rencontrés que quelques semaines plus tôt, n’avaient jamais eu de véritable discussion. Cette chaleur étouffante qu’elle ressentait en sa présence n’était qu’une tentative lamentable de trouver un point d’ancrage alors que tout lui échappait. Ses bras fort autour d’elle, le soutien qu’il lui avait apporté, l’odeur masculine de son corps qui l’enivrait, elle n’y était sensible que parce qu’elle n’avait plus fait confiance à un homme depuis des années et qu’il avait été parfait. S’imaginer chez lui, partager son temps, rire avec lui, ce n’était pas — ça ne pouvait pas être... Ce ne fut que lorsqu’il se retourna qu’Ashandra réalisa qu’elle était restée à fixer son dos et sa respiration fut coupée. Il se rapprochait. Il lui parlait. Il la mettait en garde. Mais contre qui ? Contre les autres ? Il était si près. Son visage était plus près du sien. Lorsqu’il approcha sa main d’elle, ses grands yeux se fermèrent violemment comme si elle s’attendait à avoir mal. Au contraire, le contact du bout de son doigt sur son nez la surprit et il était redevenu tendre. Son sourire la faisait fondre et en une seconde il l’avait transportée ailleurs, là où elle n’était pas assise sur le sol couverte de sucre. Est-ce qu’il avait envie d’être avec elle ? Est-ce qu’elle ne voulait pas qu’il ait une fin ? Est-ce qu’il aurait envie d’avoir une fin avec elle ? Le cœur au bord des lèvres, elle n’eut pas le temps de placer sa main au creux de celle du policier qu’il la saisit par la taille pour la soulever de terre et l’attirer contre lui. Alors que sa poitrine était pressée sur son ventre, ses poumons se vidèrent de tout leur air, mais elle tenait debout comme par miracle.

Toujours soutenue par son avant-bras qui restait accolé à la chute de ses reins, il brossa son pouce contre sa joue et les lèvres de la choriste s’entrouvrirent comme pour expirer l’air qui avait déjà fui son corps. Ses pupilles dilatées par la surprise et l’embarras ne perdirent pas une miette de la confiture qu’il venait d’essuyer pour la porter à sa bouche. Elle eut l’impression que son cœur allait éclater alors qu’il achevait ce geste dans la plus grande décontraction. Ce qu’il lui faisait... Mais il reprit en riant une anecdote, quelque chose comme de la limonade sur un t-shirt. Shandy ne suivait plus qu’avec des difficultés immenses le fil des événements. Un instant plus tôt elle était au sol à s’apitoyer sur son sort et maintenant elle était debout contre lui, elle sentait son cœur battre, les vibrations de sa voix contre sa poitrine, son rire sonore qui ronronnait dans sa gorge en écho. Ses mains, restées inertes quand il l’avait ramassée sans lui demander son avis, s’élevèrent doucement vers le jeune homme jusqu’à se poser délicatement sur ses épaules. Elle traça distraitement un petit cercle sur le tissu de son t-shirt cherchant timidement à engager un contact dont elle n’avait jamais été maîtresse mais qui lui faisait visiblement envie. Petit à petit elle réalisait que la proximité avec Warren était plus douce encore si elle cessait de lutter et qu’elle acceptait cette invasion de son espace personnel. Puis elle se figea avec un air triste. Sa petite amie était maladroite. Elle le savait. Elle ne pensait qu’à elle depuis tout à l’heure. Elle savait qu’elle existait, qu’elle l’attendait chez lui, qu’elle lui correspondait. Et il embrassait bien. Il embrassait bien. «Il em...» laissa-t-elle échapper avec une expression d’incompréhension mêlée d’horreur. Sa voix resta coincée dans sa gorge alors qu’elle était saisie de stupeur. Est-ce qu’elle avait mal compris ? Est-ce qu’il riait de sa plaisanterie ? Ses yeux ne riaient pas. Il était sérieux. Il lui avait proposé ce rendez-vous, lui avait proposé de venir déjeuner chez lui, l’avait prise dans ses bras, plusieurs fois, l’avait traitée comme si elle était précieuse, fragile, comme si elle avait de la valeur à ses yeux. Il avait démenti la prendre en pitié, il avait dit qu’il avait envie d’être avec elle, d’être “sympa” avec elle. Il avait quasiment léché la confiture sur sa joue. Il avait ramené son cœur craintif d’entre les morts pour y éveiller des sentiments auxquels elle avait renoncé depuis qu’on avait abusé de sa confiance au lycée. Et à peine l’avait-elle déposé cérémonieusement au creux de ses mains qu’il l’écrasait de toutes ses forces. Aux images de la grande blonde jolie et mince se superposèrent des visages masculins, et elle eut l’impression que ce rire si chaleureux était à présent dirigé contre elle, qu’il se moquait d’elle. Les images s’enchaînaient comme des flash à toute allure dans son esprit et finalement, elle sentit ses pieds se dérober sous elle, une douleur vive et puis plus rien. Et elle glissait dans l’obscurité la plus totale, loin de tout ce qu’elle ne pouvait plus supporter et aussi loin de Warren qu’elle pouvait l’être en restant sans connaissance dans ses bras.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptySam 9 Mar - 13:51

Avec le recul, Warren se disait qu'il aurait pu et aurait dû anticiper la réaction d'Ashandra. Si lui était complètement confortable avec sa bisexualité ou même son attirance pour Glenn, les choses n'étaient pas pareilles pour tout le monde et en particulier pour la jeune femme qui se tenait encore trop près de lui. Sérieusement, comment pouvait-elle être encore aussi prêt? C'était comme si elle le faisait exprès et qu'il n'avait absolument aucune notion d'espace vital. C'était sûrement ça, ce n'était pas comme si la jeune femme se rapprochait délibérément de Warren... Pas vrai? Bref, le blond aurait dû avoir un peu plus de jugeote et se dire que s'il allait chercher une femme à la sortie d'une église... Eh bien peut être qu'elle avait un problème avec le concept de deux hommes, ensemble, dans une chambre... Et non, ce n'était sûrement pas pour monter des meubles. Après tout, c'était contraire aux lois divines, enfin d'après ce que Warren avait pu comprendre, il n'avait jamais été un grand fan des sermons du pasteur de leur ville et à l'âge de treize ans, il avait tout simplement arrêté de suivre sa famille tous les dimanches pour s'asseoir sur les bancs de l'église. Il ne voyait pas l'intérêt d'enfiler un costume et de se retrouver coincé entre ses frères et sœurs pendant des heures, la chaleur environnante rendant les choses impossibles et tout ça pour qu'on lui prêche la bonne parole. Non. Il se souvenait très bien du jour où il avait refusé de les accompagner et de l'air surpris, choqué mais surtout déçu de sa mère. C'était elle la croyante dans cette petite fratrie, elle qui priait pour leur âme à tous et elle qui proclamait que le seigneur pouvait tous les sauver. Au fil des années, elle et Warren s'étaient disputés plus d'une fois sur le sujet jusqu'à ce qu'il comprenne que cela ne servait à rien d'argumenter, sa mère croyait et pas lui, les choses s'arrêtaient là tout simplement, pas besoin de chercher plus loin. Cependant, quand elle l'avait surpris dans les bras d'un autre homme... Il n'avait que seize ans à l'époque et il n'était pas vraiment prudent, il n'avait pas réfléchi, il ne s'était pas dit que sa mère rentrerait aussitôt de sa réunion avec les autres paroissiennes et qu'elle ouvrirait la porte de sa chambre. Une porte qu'elle avait aussitôt refermée puis elle avait ignoré Warren pendant environ deux semaines. Ils ne s'étaient pas parlés pendant cette période, la mère évitait le fils et vice-versa et Warren ne s'était pas posé plus de questions que cela. Et il n'avait même pas remarqué le sourire sur le visage de sa mère le jour où il s'était marié à Jolene, une femme, peut être qu'elle s'était dit qu'il revenait enfin dans le droit chemin. Warren n'avait jamais su et à présent, il regrettait beaucoup de ne pas avoir poussé sa mère un peu plus dans ses retranchements pour avoir une véritable discussion. Mais maintenant, c'était beaucoup trop tard.

Quoi qu'il en soit, Warren n'était pas préparé pour la réaction d'Ashandra. Fort heureusement, il avait de bon réflexes, d'excellents réflexes même car s'il ne l'avait pas rattrapé au temps, elle aurait heurté le sol et plutôt violemment cette fois-ci. « Wow... Ashandra... ça va ? » Il avait enroulé ses deux bras autour de la taille de la jeune femme par réflexe et il passa une main sur son front, histoire de prendre sa température, certes ce n'était pas la meilleure méthode mais qu'est-ce que Warren pouvait faire d'autre hmmm ? Il avait une jeune femme dans les bras, un sac rempli d'armes à proximité et... oh mon dieu, se dit-il, heureusement que je suis le shérif adjoint de cette ville. Les apparences ne jouaient pas vraiment en sa faveur et il remerciait le ciel que le stand de tir soit vide en ce dimanche après midi. Que fallait-il faire quand quelqu'un était dans un tel état déjà ? Warren réfléchit à toute vitesse, essayant de se rappeler vainement des quelques notions de premiers secours qu'il avait reçu. Déjà... Il fallait qu'Ashandra puisse respirer, et ce n'était pas en étant collée à lui que cela allait marcher. « Okay, okay, je vais t'allonger sur le sol, okay ? » Elle ne pouvait clairement pas lui répondre Warren le savait mais c'était plus histoire de se rassurer lui même et de se dire qu'il faisait les bons gestes. L'opération fut plus que difficile car il ne fallait pas que la tête d'Ashandra entre en contact avec le sol trop durement mais en même temps... Warren poussa un soupir, suivi de près par un juron quand Ashandra fut enfin sur le sol. Il se pencha vers elle et lui tapota légèrement le visage. « Allez... Ashandra réveille toi. Je sais que je vais sûrement brûler en enfer mais pas la peine de se mettre dans des états pareils, si ? Allez ! » C'est la dernière fois que j'emmène quelqu'un au stand de tir, se dit aussitôt Warren. La dernière fois. Et lui qui voulait inviter Ashandra chez lui, si c'était pour qu'elle ait ce genre de réactions... Non merci. Sans mauvaise plaisanterie, Warren commençait légèrement à s'inquiéter, okay, cela faisait au moins deux ou trois minutes que la jeune femme ne répondait pas, encore une de plus et il sera dans l'obligation d'appeler les urgences. Et pour leur dire quoi exactement ?

Elle s'est effondrée quand je lui ai dit que j'étais du genre à taper dans les deux bords... oh et elle a également tenu une arme pour la première fois de sa vie aujourd'hui... vous croyez que ça fait beaucoup ? Baby step Warren, baby step, il aurait dû commencer par un truc plus simple et lui proposer quelque chose de normal... Okay, Warren n'avait aucune idée de ce que les gens normaux faisaient le dimanche après midi mais il aurait dû se renseigner. Il pouvait déjà entendre sa sœur rire à l'autre bout du fil quand il lui raconterait toute cette histoire, comment il avait gâché son rendez vous avec Ashandra. Non. Ce n'était pas un rendez vous. Il jeta un regard alarmé sur le visage de la jeune femme, lui pinçant légèrement la joue. Ashandra savait bien que tout ça n'était pas un rendez vous et que Warren n'était pas intéressé ?... Pas vrai ? « De toute façon, je suis certain que je ne suis pas son type. » murmura Warren en se redressant légèrement. Il venait de se souvenir d'un truc, la logique voudrait qu'il relève les jambes d'Ashandra, afin que le sang afflut de nouveau vers son cerveau et... que tout ça puisse repartir. Sauf qu'elle portait une robe. Évidemment. « Franchement Ashandra, tu ne me rends pas du tout les choses facile, donc je m'excuse par avance pour ce qui va suivre. » Warren poussa un soupir avant de se remettre sur ses deux pieds. Bon, surtout, ne pas regarder, la dernière chose qu'il voulait, c'était passer pour un pervers. Il enleva les chaussures d'Ashandra se disant que de toute façon, elle n'en aurait pas vraiment besoin, avant de surélever ses jambes. Bien évidemment, le tissus de la robe glissa de quelques centimètres, comment ça quelques? N'importe quoi... et Warren tourna la tête, regardant ailleurs. Non, ce dimanche après-midi n'était pas du tout bizarre. Absolument pas.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyLun 11 Mar - 21:59

Le vent qui soufflait sur son visage était frais, et ses boucles brunes clairsemées de rayons de miel volaient doucement devant ses yeux. Elle portait toujours la même robe, seulement elle n’était plus couverte de tâches de beurre de cacahuète et de confiture, et elle soupira de soulagement en voyant qu’elle ne devrait pas payer le teinturier avant de la rendre à Charlie. Elle avait assez à faire avec les charges de ses études pour ajouter à son fardeau. Si elle voulait décoller un jour du nid familial qui tenait maintenant plus du nid de guêpe que d’autre chose, elle devait apprendre à arrondir ses fins de mois sans lésiner sur les petites économies. Les pans rouges immaculés flottaient librement autour de ses cuisses ambrées, mais elle ne ressentait aucune honte à ce que sa peau soit visible. Tournant la tête pour observer les environs, elle fronça les sourcils en ne reconnaissant pas le stand de tir. Où était-elle allée ? Où était Warren ? Elle essaya de faire un pas en avant pour partir à sa recherche, mais ses chevilles refusaient de se mouvoir, et ses pieds lourds restaient ancrés au sol, la contraignant à l’immobilité la plus totale. Tirant de toutes ses forces sur ses jambes, la panique commença à la submerger alors qu’elle réalisait qu’elle était paralysée.

Ses yeux sondèrent les environs et tout ce qu’elle voyait c’était une immense étendue herbeuse déserte. Était-elle allée dans le stade ? Pourquoi n’y avait-il pas de gradin ? Elle voulut appeler Warren, sa bouche s’ouvrit mais aucun son n’en sortit. Ses cordes vocales refusaient obstinément de faire vibrer sa voix chaude dans cet espace vide. Comprenant qu’elle n’aurait pas le dessus comme pour ses jambes, elle cessa la lutte sans l’avoir engagée. L’impuissance écrasante de sa position inexplicable avait fait s’embuer son regard perdu alors qu’elle guettait la moindre trace de mouvement autour d’elle, sans résultat. Comment était-elle arrivée là ? Elle ne se souvenait plus de la dernière chose qu’elle avait faite. Elle était allée à l’office. Elle était tellement excitée à la perspective de cette petite escapade qu’elle n’en avait pas retenu un mot. Elle était montée dans la voiture de Warren. Il y avait un sac d’armes. Il lui avait montré comment faire. Elle avait essayé, puis il l’avait aidée la deuxième fois. Son cœur battait de plus en plus fort dans sa poitrine alors que les images lui revenaient en flash. Qu’avait-elle fait après ? Qu’avait-elle dit ?

Sa gorge ronronnait d’un grognement de frustration alors qu’elle était toujours contrainte au silence. Puis soudain un bruissement d’herbes troubla le silence étouffant dans lequel elle était plongée, et elle vit Kurt apparaître. Que venait-il faire là ? Elle ne l’avait pas revu depuis... Elle ne l’avait pas revu depuis qu’elle était allée voir au garage si son frère avait laissé une note, un message, un mot à ses collègues. Ils ne s’étaient croisés que très brièvement, le jeune homme n’avait jamais été d’une nature très bavarde avec elle, lui en voulant sûrement de lui avoir collé un cas comme celui de son frère dans les pattes. Le garagiste n’avait pas voulu être insultant, sa détresse se lisait sur ses traits et avait sans doute éveillé quelques scrupules chez l’employeur de Damon qui avait à n’en pas douter plus d’un grief à lui adresser. Ils s'étaient séparés en bons termes. Il ne la laisserait pas dans cet état, il pourrait peut-être appeler au secours pour elle, il fallait qu’elle attire son attention. La choriste voulut lui faire signe, mais ses bras aussi semblaient ankylosés au point de ne plus répondre, et elle se contenta de le dévisager dans l’espoir qu’il sente son regard sur lui. Mais rien ne se passa, il traversa simplement le champ devant elle d’un pas décidé. Le jeune homme s’arrêta finalement, mais il ne tourna pas son regard vers elle, au contraire, il souriait. Il rayonnait de bonheur même. Et ce ne fut que lorsqu’elle vit deux bras virils l’enserrer qu’elle comprit qu’il avait trouvé celui qu’il cherchait.

Le souffle coupé devant le spectacle des deux amants qui à présent semblaient échanger un baiser passionné sans se soucier de leur public, Ashandra redoubla d’efforts pour tenter de crier et les forcer à regarder dans sa direction. Mais rien n’y faisait. Elle ne réussissait même pas à pleurer de frustration. Elle leur en voulait tellement d’avoir trouvé le bonheur sans elle, sans se soucier d’elle, sans même un regard pour elle. Elle les détestait, elle les jalousait, mais elle ne pouvait rien y faire. Elle n’arrivait même pas à détacher son regard de leur étreinte naturelle. Rien à voir avec la nervosité qu’elle avait ressenti dans les bras de Warren. La scène était parfaitement naturelle, détendue, on pouvait y lire l’amour et la tendresse qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Comment deux hommes pouvaient-ils avoir l’air aussi parfaits ensemble alors qu’elle était maladroite et mal à l’aise ? Dernier flash, et elle se souvenait enfin. Les derniers mots de Warren, tous ses malentendus, et la facilité de la fuite. Son esprit avait choisi d’abandonner son corps plutôt que de devoir affronter l’humiliation et la douleur d’un cœur brisé. Alors pourquoi lui infliger ce genre de douleur jusque dans l’inconscience ? Elle voulait sortir de ce rêve. Elle voulait rentrer chez elle. Ne plus entendre parler de Warren avant d’avoir pansé seule les plaies idiotes qu’il lui avait causées.

Elle ferma les paupières de toutes ses forces pour se soustraire au couple imaginaire. Elle avait entendu dire que Kurt était gay. Tout le monde le savait au lycée, ce n’était pas un secret en ville, il s’était même trouvé des paroissiens pour persifler lors de l’enterrement de son père. Mais elle ne lui connaissait pas de petit ami, et elle ne reconnaissait pas plus l’image que lui en avaient donné ses fantaisies. L’obscurité réconfortante l’apaisa. Ses jambes lourdes semblèrent tout à coup s’alléger, elle put lever les pieds, mais elle en perdit l’équilibre et lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était allongée sur le ciment du stand de tir. Immédiatement, elle poussa sur ses bras dans lesquels le sang affluaient à nouveau et qui répondirent à ses ordres pour son plus grand bonheur, se retrouvant étrangement pliée en V, le jupon de sa robe remonté jusqu’à ses sous-vêtements. «Warren !» cria-t-elle en réalisant un instant plus tard que c’était l’officier qui lui avait surélevé les jambes tout en lui tournant le dos pour ne pas la regarder. La jeune femme arracha ses mollets à son étreinte pour les ramener à elle et s’éloigner de lui en poussant sur ses talons nus jusqu’à buter contre le mur.

Le dos appuyé contre la paroi, sa tête tournait après autant d’efforts vifs suivant un moment d’inconscience qu’elle n’aurait pas su évaluer. Il lui fallut quelques secondes pour retrouver tout à fait ses esprits, puis elle fixa à nouveau son regard sur le jeune homme toujours à quelques pas d’elle. Elle devait lui dire quelque chose, ne serait-ce que pour l’empêcher de parler. Elle ne se sentait pas la force de l’affronter, mais elle ne savait pas encore comment se défiler. «Pardon.» murmura-t-elle faute de mieux en plongeant dans ses yeux translucides. Elle ne savait pas quoi dire d’autre. Tout était de sa faute. Il n’avait jamais rien sous-entendu, qu’il s’agisse d’un rendez-vous ou d’autre chose. Il aimait les hommes, il ne pouvait pas l’aimer elle. Pas comme elle voulait l’aimer lui. Sa poitrine à nouveau écrasée par une vague douloureuse, elle serra ses paupières légèrement maquillées en portant sa main à sa tête comme pour chasser une migraine. «Je... Je n’ai pas assez mangé ce matin, quelle idiote.» reprit-elle plus assurée dans son mensonge, forçant un rire faux hors de sa gorge. «Je vais rentrer.» conclut-elle en essayant de se relever. Elle était encore instable sur ses pieds, mais la fraîcheur du béton sous ses pieds nus l’aidait à se concentrer pour garder l’équilibre et le mur n’était pas loin.

Ses yeux cherchaient ses chaussures qu’elle trouva finalement aux pieds du policier. Après une hésitation, elle tendit un bras vers lui, maintenant cette distance de sécurité qui ne dissipait pas le malaise. Ses lèvres se tordirent en un sourire qui ressemblait plus à une grimace, et elle se contraint à ne pas avoir l’air de le supplier. «Je peux avoir mes chaussures ? S’il te plaît...» Elle aurait voulu s’enfuir en courant, mais elle devait encore tenir un peu plus longtemps, rassembler ses affaires, et le convaincre de la laisser rentrer seule. Ce ne serait pas aussi dur maintenant qu’il avait compris ce à quoi il se risquait en voulant l’aider. Ses lèvres tremblaient presque imperceptiblement, faisant vaciller son sourire plaqué, et elle détourna la tête pour échapper à la vue de Warren. Elle se pencha pour récupérer son sac qu’elle pendit à son épaule avant de finalement récupérer ses ballerines et s’y glisser. «Je vais marcher. Je n’habite pas loin ! J’ai sûrement besoin d’un peu d’air. Merci de m’avoir amenée ici.» Ses yeux évitèrent les siens, ses mots semblaient mécaniques, mais elle marchait déjà vers la sortie, passant la porte elle s’immobilisa un instant. «Je suis désolée... Hum, pour le déjeuner. Je suis sûre que ton... Je suis sûre que si tu appelles euh... Ton... ton petit ami, il viendra manger... un steak.» Sans se retourner, elle pressa le pas sur le chemin de terre, ignorant les coureurs, sans savoir dans quelle direction aller. Elle voulait juste disparaître.
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MessageSujet: Re: 06. Shoot to thrill   06. Shoot to thrill EmptyMar 19 Mar - 20:28

Un ange passa. Puis un autre. Et Warren était en train de contempler le plafond, se disant que ce devait probablement être un grand moment pour lui. Du genre légèrement embarrassant. En même, il y en avait tellement eu dans la vie du shérif adjoint que cela commençait un peu long de devoir faire le compte. Très récemment, lui et sa sœur Amelia s'étaient retrouvés à faire du stop en sous vêtements sur une autoroute, se disputant pour savoir lequel des deux pourraient trouver une voiture plus vite. (Have you seen my legs ? Lui avait répété Amy pendant une bonne dizaine de minutes.) Au final, c'était un groupe de femmes du troisième âge qui les avaient ramené à leur hôtel, Warren plus que gêné entre deux d'entre elles sur la banquette arrière. C'était aussi cette nuit là qu'il avait décrété que sa grande sœur était nulle au poker et que c'était la dernière fois qu'ils se rendaient à Kansas City. Et ça, ce n'était qu'un petit incident parmi tant d'autres et en fait, maintenant qu'il y pensait, la plupart de ces « incidents » impliquaient sa grande sœur Amelia. À croire que les deux Delacroix n'étaient tout simplement pas fait pour passer une soirée normale et sans le moindre soucis. Non, ça n'était jamais au programme pour eux. Quoi qu'il en soit, la vie du shérif adjoint était ponctuée de ce genre de petits détails improbables et tellement rare dans la vie de personnes beaucoup plus rangées comme Ashandra. Il était certain que la plupart de ces anecdotes auraient pu faire rougir la jeune femme et dans un certain sens ça l'amusait. Et puis il se disait qu'Ashandra était sûrement le genre de femmes que sa mère aurait voulu qu'il épouse: mignonne, plutôt discrète et bien entendu attachée à la religion. Pas de doute qu'Ashandra aurait plu à sa mère et Warren pouvait tout à fait s'imaginer la ramener chez lui, un bras autour de sa taille alors qu'il... Wow. Non. C'était fou comment son esprit pouvait monter des scénarios à partir de rien, surtout vu la position dans laquelle ils étaient à présent. Mais que personne ne s'y trompe, Warren avait toujours son pantalon sur lui donc pas de quiproquo possible.

Il fut tiré de ses pensées quand Ashandra lâcha son prénom d'une voix plus que paniquée, au moins se dit le blond tandis qu'elle s'éloignait de lui comme s'il était la peste en personne, ça avait fonctionné. « Hey... Doucement, pas la peine de... Je veux dire tu es resté inconsciente pendant un bon moment donc tu devrais y aller doucement okay ? » Warren tenait toujours les chaussures d'Ashandra et il amorça un mouvement vers la jeune femme mais se ravisa au dernière moment. Elle avait l'air tellement terrorisée que Warren ne pouvait se résoudre à en ajouter plus. Il l'observa pendant quelques secondes, cherchant quelque chose de rassurant à dire. Si elle craignait qu'il ait vu ses sous vêtements, ce n'était pas le cas, cependant, Warren ne pouvait pas se résoudre à dire ça à voix haute, ne pas lui donner de raison de fuir se disait-il, surtout pas. Il avait l'impression de tenter d'apprivoiser un animal sauvage, allez vas y rapproche toi, je ne suis pas méchant, je ne mords pas... Certes la dernière affirmation était fausse mais ça, Ashandra n'avait pas véritablement besoin de le savoir. Warren eut un soupir résigné avant qu'Ashandra ne murmure des excuses. Euh... Pardon ? Le blond dressa un sourcil, se demandant pourquoi est-ce qu'elle s'excusait ? Elle n'avait absolument aucune raison de le faire, ce genre d'incident pouvait arriver à n'importe qui. « Je... » Warren voulut l'aider à se redresser, faire quelque chose, n'importe quoi plutôt que de se tenir là et ne servir à rien, un sentiment que Warren détestait véritablement. Il se résolut à lui rendre ses chaussures, ne la quittant pas du regard. Si elle pensait qu'il allait la laisser partir aussi facilement, Ashandra se trompait lourdement et tandis qu'elle s'éloignait avec son sac sur les épaules, Warren cherchait toujours quelque chose à dire. N'importe qui aurait trouvé quelque chose à dire dans cette situation, un mot gentil, au revoir, à la prochaine, la racine carré de pi, n'importe quoi aurait fait l'affaire du moment que quelque chose franchissait ses lèvres. Dire que Warren n'était pas doué en matière de relationnel était un doux euphémisme et il attrapa son propre sac, le refermant violemment histoire de n'attirer l'attention de personne cette fois-ci et il sortit du stand de tir à la suite d'Ashandra.

Cela ne lui prit que quelques foulées pour rattraper la jeune femme qui en somme n'était pas allée très loin. « Tu sais, c'est une mauvaise idée d'essayer de distancer quelque de beaucoup plus grand que toi et persistant dans mon genre. C'est généralement une très mauvaise idée. » lâcha Warren quand il fut arrivé à la hauteur d'Ashandra. Il ré-ajusta son propre sac sur son épaule avant d'ajouter. « Et juste que les choses soient claires, fuir n'est pas non plus une très bonne solution. Je le répète, je suis du genre persistant. » Warren appuya son propos en passant un de ses bras autour de la taille d'Ashandra, et sans crier gare et honnêtement sans le moindre effort, il la souleva de terre, la portant désormais, sans sourciller et de la bonne manière. Non, il ne l'avait pas juste mise sur son épaule, chose qu'il aurait pu faire tout aussi aisément. Le blond attrapa le sac d'Ashandra avant qu'il ne tombe sur le sol, un sourire plutôt satisfait sur les lèvres. « Donc que disais tu ? Tu n'habites pas loin ? C'est dans quelle direction ? » Le message était plutôt clair, je te raccompagne chez toi que tu le veuilles ou non, ma chérie. La nature trop protectrice de Warren lui disait qu'il ne pouvait pas et ne devait pas la laisser rentrer chez elle ainsi, sans compter le fait qu'il voulait savoir le fin mot de cette histoire et savoir s'il devait ranger Ashandra dans la catégorie homophobe ou pas. Cela aurait été vraiment dommage, surtout que Warren l'appréciait vraiment. Il avait vraiment besoin de savoir et la chose la plus évidente à faire était de demander. « Et si tu veux tout savoir ce n'est pas vraiment mon petit ami... Ce n'est encore rien du tout pour l'instant. » révéla t-il en marchant en direction de sa voiture. Mon dieu, est-ce que je vais vraiment parler de mes problèmes de cœur avec elle ? Peut être, elle pourra sûrement me donner de bien meilleurs conseils qu'Amelia (ce qui soit dit en passant n'est pas vraiment une chose difficile à faire.) Habilement, il trouva ses clés dans la poche arrière de son jean, ouvrit une portière, balança son sac à l'intérieur et referma sa voiture, toujours en tenant Ashandra. Il était désormais plus que près à la raccompagner chez elle sans effrayer quelqu'un.
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