Le Studio Duo Dance était une fourmilière d’activité depuis plusieurs semaines maintenant. Les rénovations, l’ameublement puis la décoration avaient pris un peu moins de deux mois. Et depuis une semaine, ils se préparaient sans relâche dans l’optique de ce soir S : ce vendredi soir d’octobre durant lequel leur projet prendrait officiellement son envol. Brittany était intenable depuis que tout avait été décidé et cette journée n’y faisait pas exception. Elle allait et venait à coup de pas chassés et de pirouettes. Elle s’agrippa à Aaron comme un véritable koala lorsqu’il lui assura pour la troisième fois de la journée que le traiteur était dans les temps et leurs prestataires pour la soirée présents au poste. Même les chaînes hi-fi avaient été vérifié quatre fois chacune (mieux valait repasser derrière Brittany sur ce point).

Peu avant l’heure d’ouverture, Brittany s’était enfin calmée, ayant réussi à s’accorder un quart d’heure pour un peu de yoga et de méditation. Elle avait enfin l’air d’une professeure de danse respectable et non plus d’un ouistiti surexcité. Tenue et coiffure aidaient bien entendu, mais tous ceux qui la connaissaient pouvait facilement remarquer sa fébrilité. Elle ne s’était jamais sentie aussi… surexcitée, enchantée, fière et anxieuse à la fois. Créer sa propre école de danse, c’était quelque chose de grand : ses rêves se concrétisaient, elle pourrait partager sa passion avec autrui… C’était tellement beau qu’elle craignait plus que jamais que quelque chose aille de travers. Un coup d’œil sur Aaron la rassura. Elle n’aurait pu rêver meilleur partenaire pour cette entreprise. Ce qu’elle pouvait rater, sans nul doute, Aaron le rectifierait… et vice versa. Elle lui laissa volontiers la gestion des derniers détails techniques (oouuh, mon Dieu, ne la laissez plus s’approcher du système audio, pour le bien de tous !).

Ils se connaissaient assez pour s’être partagé les tâches dans la mesure de leurs compétences. A Brittany revenait donc l’honneur d’accueillir les invités et, un peu plus tard dans la soirée, d’ouvrir les pré-inscriptions pour leurs cours.  Quelques profondes inspirations et un verre de punch (eh, elle avait bien besoin d’un peu de courage liquide !) plus tard, elle contemplait son studio de danse avec un sourire béat. Le hall d’entrée faisait cinq mètres par dix et le buffet, disposé contre un mur, courrait sur la majorité de sa longueur, les tables couvertes de nappes jaune et orange.  Les murs étaient décorés des superbes photographies de Madeleine Wild. Les invités pourraient facilement y socialiser, tandis que les deux salles parquetées de part et d’autre, de seize mètres par dix, accueilleraient ceux prêts à danser ou observer.  

Un coup d’œil à l’horloge murale lui indiqua qu’il était l’heure d’ouvrir. Elle inspira, esquissa une pirouette sur elle-même, et se propulsa vers l’entrée, sourire bien en place. Brittany déverrouilla l’entrée et accueillit ses premiers invités : « Bienvenue à Duo Dance ! Les premières démonstrations débuteront dans un quart d’heure, d’ici là n’hésitez pas à visiter les lieux et profitez du buffet ! »  Et c’est sur ce modèle qu’elle passa les dix minutes suivantes.

Lorsque Madeleine arriva, elle l’enserra dans une étreinte enthousiaste. « Merci encore pour tout ce que tu as fais, je suis tellement contente de la décoration ! » lui souffla-t-elle, extatique.
Quand ce fut Sue Sylvester dans toute sa gloire de mairesse, elle se redressa et retint tout juste un salut militaire. « Coach, » (Les vilaines habitudes ont vraiment la vie dure.) « Merci d’être venue ! »
A Andie, Brittany offrit un sourire XXL et un clin d’œil. « Jette un coup d’œil aux démonstrations de hip-hop, je suis sûre que tu aimeras ! »
Elle s’arrêta assez longtemps dans ses babillages pour enfouir son visage dans le cou de Santana lorsque celle-ci s’avança. « Je suis tellement contente que tu sois venue, » lui souffla-t-elle, les larmes aux yeux et le cœur en joie. « Je voulais absolument pouvoir partager ce moment avec toi. » Elle se força à relâcher son étreinte et murmura en reculant : « Aaron est avec les danseurs. » C’était une simple information, pour que Santana avise en fonction de ses objectifs, si elle souhaitait l’éviter ou pas… La tension entre ses deux amis attristait Brittany, mais elle les ménagerait tous deux autant qu’il le faut.

Sur un dernier sourire, elle se tourna vers l’invité suivant et continua son accueil chaleureux.    

"Glenn... on va être en retard." répéta Warren pour la énième fois, croisant les bras sur sa poitrine, regardant le styliste faire des allers-retours dans son appartement, à la recherche de sa deuxième chaussure. Le policier poussa un soupir et roula des yeux avant de consulter sa montre, ce n'était vraiment pas le genre du blond d'être ponctuel ou pointilleux, mais pour cette soirée en particulier, il voulait arriver à l'heure et avoir le temps de féliciter Brittany avant qu'elle ne soit trop occupée.  "J'arrive juste... j'arrive." lança Glenn avant d'aller s'enfermer dans la salle de bain. Le policier laissa échapper un juron et se laissa retomber dans l'un des fauteuils. Au final, il avait bien fait d'arriver en avance chez son petit ami. Je serais à l'heure, tu verras, c'était ce que l'autre homme lui avait promis alors que Warren lui avait montré l'invitation à la soirée qui était parvenue dans sa boite aux lettres quelques semaines plus tôt. La dernière fois que le shérif avait vu Brittany remontait à quelques temps déjà, la jeune femme venait de subir une agression et son véhicule lui avait été volé. Warren avait été plus que content d'être le premier à arriver sur la scène et il avait pu rassurer la jeune femme et il l'avait même hébergée pendant quelques jours, mais tout cet incident appartenait au passé et la jeune femme avait su rebondir et elle méritait bien un des célèbres câlin de Warren, du genre qui empêchait les gens de respirer pendant quelques secondes... Mais ça ce n'était qu'un détail, Warren avait les meilleures intentions du monde.

Glenn finit par sortir de la salle de bain et Warren se releva rapidement et roula les yeux alors que le styliste lui faisait remarquer que leurs tenues étaient assorties. Le pire c'est qu'il avait raison, Warren avait opté pour un pantalon et une chemise noire, le tout rehaussé par un gilet bleu sombre, la chemise de Glenn était également bleu, plus clair et il portait également un pantalon noir, avec ses boots. So I guess I'm that gay now, se dit Warren tandis que Glenn fermait son appartement à clé avant de lui adresser un sourire. Le trajet jusqu'à l'adresse indiquée fut plus que rapide, Warren conduisit sans véritablement se soucier de la limitation de vitesse. Et non Glenn, je ne deviens pas comme toi, je suis shérif c'est tout, avait-il répondu au jeune homme qui lui avait fait remarqué avec un certain sarcasme dans son ton qu'il ne respectait pas les règles en vigueur. "Tu vois, nous ne sommes pas en retard, ça vient tout juste de commencer." lui fit remarquer Glenn en sortant de sa voiture. Warren lui jeta un regard qui signifiait clairement que non, il n'était pas du tout drôle, avant d'attraper la main de ce dernier et d'entrer dans le studio de danse. Bien entendu, le regard de Warren se porta sur le buffet, mais on ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, c'était normal qu'un homme de sa taille pense régulièrement à se nourrir. (Okay, tout le temps, mais là encore... détail.)

Glenn lui donna un léger coup de coude pour lui montrer les photographies qui recouvraient les murs, des oeuvres de Madeleine selon l'autre homme. Warren roula intérieurement des yeux et se dit qu'il ferait tout pour éviter Wild ce soir. Finalement, après avoir jeté un regard sur Sue (il ne s'attendait pas à la voir ici) il repéra la blonde et entraînant Glenn avec lui, et ils se dirigèrent vers Brittany. "Bonsoir! Je ne pensais vraiment pas que tout aurait l'air aussi formelle et aussi génial. Elle est bien loin la blonde qui mangeait de la glace à la vanille dans ma cuisine." offrit Warren en guise de bonsoir avant d'enlacer la jeune femme. "Warren, je crois que tu l'étouffes." dit alors Glenn et il la relâcha, Glenn l'enlaçant à son tour.

Plop. Andrew avait l'habitude de ce son, discret, qui rythmait ses journées passées sur l'ordinateur. Quand il ne conseillait pas quelques clients sur un taille basse ou un slim au Levis Store. Ou évitait les duos étranges tard le soir, ou tôt le matin, au bar-karaoké. Plop. Encore un. Il réduisit la page du jeu auquel il jouait, de toute façon, il allait perdre contre ce roi des rats géants qui hantaient les égouts de Forteville la Belle, cité des elfes blancs. Plop, une nouvelle interaction sur Twitter. Décidément, il fallait qu'il parte dans une ville plus petite pour être aussi connecté aux réseaux sociaux. Il avait choisi, par souci de sociabilisation, de mettre en avant sur sa page internet les annonces concernant Lima et ses environs. Que ne fallait-il pas faire pour rencontrer du monde et surtout oser prendre l'air. Plop, un tweet de Sue Sylvester.

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  Range ses ballerines dans mon sac et hop ! Sue Sylvester entre dans la danse ! Espère juste qu'il y aura tapis rouge & paparazzis. #Duodance
  18h52, le 27 octobre 2017
  
  

Duodance. Bien sûr, Andrew en avait entendu parlé. A la boulangerie, quand il était allé cherché son pain, une baguette pas trop cuite s'il vous plait. Ou quand il était passé devant les locaux de la future école de danse en rentrant des courses. Le jeune homme n'avait jamais su bien danser. Il était loin du niveau de ces adolescents que l'on poussait sur la piste de danse, désespérés, lançant des regards haineux à leurs amis qui n'allaient pas le rester longtemps. Il avait conscience de son corps, et savait l'utiliser pour en fait un outil presque agréable à regarder. Heureusement pour lui, les occasions de s'exercer en danse s'étaient faites rares depuis son récent emménagement à Lima. La mairesse avait donc posté ce message, comptant sans doute s'y rendre pour y faire une apparition remarquée. Il avait entendu beaucoup de chose sur cette Sue Sylvester. Des choses invraisemblables, d'autres carrément flippantes, mais Andrew n'en retenait qu'une liste d'exploits incroyables et un palmarès à en faire rougir plus d'un. Il n'était pas étonnant que ce génie en cheerleading (merci wikipédia et la page de Sue Sylvester) apparaisse à l'inauguration d'une nouvelle école de danse, en plus de ses obligations mondaines de politique.

Andrew avisa l'horloge ronde qui tickait et tackait au dessus de son bureau. 18h57. Comme d'habitude, il manquait d'organisation, ou alors le tweet apparaissait bien tard sur sa Time Line. Il soupira, devant son écran résolument fixe, presque désolé pour le jeune homme qui allait encore devoir se dépêcher pour faire bonne figure. Il jeta, toujours de sa chaise, un coup d’œil vers sa penderie ouverte. Il allait falloir être rapide, précis, et s'habiller prestement, avec goût et élégance. Après une douche qui laissa ses cheveux indomptables, il enfila une chemise blanche, un ensemble noir, et un nœud papillon violet. Osez l'accessoire unique, c'était savoir rester discret tout en attirant quelques regards qui prouveront que vous étiez là. Place to be. Il se faufila vers la salle de bain, entre deux pantalons qui pendaient sur un cintre, une chemise qui gisait sur le coin de la porte, et des bretelles qui finalement n'allaient pas être portées. Le miroir lui renvoyait une image plutôt agréable, si l'on omettait l'horrible tignasse qui se gondolait au dessus de sa tête, sans doute pour se moquer de lui et de sa poisse capillaire. Merci maman et ses cheveux ondulés. Il s'empara, impérieux, du pot de gel qui gisait sur l'étagère en dessous, d'un peigne, et se coiffa avec la vigueur de désespoir. 19h27. Ses cheveux avaient gagné, il allait être en retard. La loose. Un coup de parfum, un coup d’œil à son téléphone, et Andrew passait l'encadrement de la porte de son appartement, heureux de s'accorder enfin une soirée, les clés gisant au fond d'une de ses poches intérieur de veston.

Le trajet fut court. Il avait abandonné l'idée d'y aller en vélo ou en scooter, bien moins pratiques que la voiture pour essayer de garder une allure et une coupe de cheveux à peu prêt appréciables. Andrew faisait là son entrée en société, il lui fallait faire bonne une bonne image bon sang ! Même s'il se doutait bien que l'arrivée d'un vendeur de jean n'allait pas être l'attraction du siècle. Un dernier coup d’œil à sa tenue, dans le rétroviseur intérieur, histoire de savoir si une mèche ne lui résistait pas, ou si finalement, sa chemise n'était pas si bien repassée que ça. Il passa l'entrée du studio, rasséréné, et confiant, armé de son plus beau sourire et de ce regard conquérant et charmeur qui avait conclu plus d'une vente au Levis Store. Andrew aima l'air chaud qui souffla sur son visage, et l'odeur de peinture encore fraîche et de neuf qui s'en dégageait. Tiens, un buffet, lui rappela son estomac trop vide à son goût. En plus il y avait déjà du monde. Le jeune homme déglutit, et franchit l'entrée de la nouvelle école de danse. Angoissé, mais excité à l'idée de toutes les personnes qu'il pourrait croiser.

Au programme de la soirée et pour décompresser d’une semaine assez folle en évènements divers plus ou moins importants, Seana avait décidé de passer sa soirée en pyjama, devant sa télé avec une tisane à la main et un repas léger. Elle était à peine rentrée du travail qu’elle avait déjà revêtu sa tenue la plus douillette, et s’apprêtait à aller faire chauffer l’eau pour son breuvage. Elle releva ses cheveux en un chignon négligé et vraiment, le tout ne devait pas être très joli à voir. Heureusement, elle était chez elle, seule et personne n’aurait à être témoin de cette scène, à part son chien en train de dormir dans son panier. Avant d’aller s’assoir sur son canapé pour commencer enfin son moment de détente, elle se dirigea vers sa cuisine pour aller mettre la bouilloire en marche. Une fois cela fait, elle chercha une tasse et son sachet d’infusion favori avant de se retourner, de s’appuyer contre son évier et de voir quelque chose sur son frigidaire. Elle plissa les yeux essayant d’avoir une image plus nette des caractères imprimés sur le bout de papier, mais voyant que c’était en vain elle se résigna à avancer, en laissant la tasse à côté de l’évier. Elle s’empara de la feuille, et y lu : Duo Dance Opening, inauguration de l’Ecole de Danse. Vendredi 27 Octobre 2017 – 19h.

Elle entendit la bouilloire souffler derrière elle, fit volteface pour l’éteindre avant de reporter son attention sur le papier qu’elle avait encore en main. Elle se souvenait maintenant. Elle avait trouvé ce prospectus près de la librairie. Elle retourna rapidement dans son salon pour vérifier la date du jour, et voyant la concordance, elle décida qu’un peu de sociabilité ne pourrait pas la tuer. En plus, pour elle qui avait décidé de renouer avec la danse, c'était l'occasion rêvée. Ayant fini à six heures et habitant très près de la librairie, elle devait avoir une bonne demi-heure pour se préparer et avoir l’air présentable. Lorsqu’elle était à Boston, elle avait été habituée à aller à ce genre d’évènement grâce aux relations de ses parents. Elle savait qu’il fallait une certaine tenue pour ne pas faire tâche dans le décor. Elle décida de se rendre dans sa chambre, en quête de la meilleure tenue possible, sans pour autant en faire trop. Toute sa garde-robe était là, mais Seana ne savait pas vraiment ce qu’était les habitudes vestimentaires des gens d’ici. Elle en avait eu un aperçu dans sa vie de tous les jours, mais jamais dans un tel contexte.

D’humeur à porter du jaune dernièrement, elle décida de se vêtir d'une robe de cette couleur avec de la dentelle assortie, mais une fois qu’elle sortit la robe de son armoire, elle se souvint à quel point sa couleur était vive et en contraste avec cette période de l’année. Elle changea donc d’avis, un peu déçue malgré tout. Elle s’assit sur le lit face à l’armoire et regarda l’ensemble de ses vêtements. Les pantalons n’étaient évidemment pas envisageables ce qui lui laissait donc le choix des jupes et des robes. Elle regarda de loin les robes qui étaient dans la penderie, et trouva son bonheur. Si elle voulait du jaune, elle en aurait. Elle en choisit donc une, un peu plus pale que la précédente mais toute aussi jolie. Elle s’empressa de l’enfiler, et se dirigea dans la salle de bain pour essayer de faire quelque chose de ses cheveux avec le peu de temps qu’elle avait devant elle. Malheureusement, rien n’était satisfaisant, et elle se résigna donc à les laisser naturellement lâchés et constatant qu’elle n’avait plus vraiment le temps de rien, elle garda le même maquillage que celui qu’elle avait porté toute la journée, apportant juste une touche ou deux pour lui redonner un peu de fraicheur. Elle sortit de la salle de bain en trombe, mis une paire de ballerines plates à ses pieds pour conduire, et attrapa une autre paire qui faisait plus « habillée » pour l’inauguration, une pochette contenant tout ce qui était indispensable, ses clefs et elle se mit en route.

De base, les places de parking dans le centre-ville étaient rares, mais aujourd’hui ce constat était pire. Le studio semblait avoir attiré pas mal de monde et Seana fut donc obligé de se garer à plusieurs rue du lieu de rendez-vous. Elle changea de paire de chaussures gagnant ainsi une quinzaine de centimètre d’un coup et commença sa marche. Avec des tels talons, le pas était la seule cadence que Seana pouvait se permettre de suivre et ce, même si elle détestait être en retard. En soit, personne ne l’attendait, mais arriver après tout le monde et voir les regards vous dévisager n’était pas une situation que Seana voulait expérimenter ce soir. Elle jeta un coup d’œil à la montre de son téléphone lorsqu’elle vit le studio au loin et se rendit compte qu’elle avait juste quelque secondes de retard. Elle s’autorisa le droit de ralentir un peu ne voulant pas se fouler la cheville avant d’aller à une inauguration de salle de danse. Ce serait un comble. Elle entra timidement dans le studio, et entendit la fin du discours d’une jolie blonde à la silhouette élancée. La première chose que Seana remarqua fut sa robe, elle aussi jaune.

Elle regarda celle qui avait fait le discours de bienvenue se diriger d’invité en invité et Seana ne savait pas vraiment quoi faire. Attendre qu’elle arrive et lui dire qu’elle était venue sur un coup de tête, ou se fondre dans la foule pour se rendre invisible ? Cette jeune femme était inévitablement la responsable des lieux, et attendant son tour pour être accueillie, elle décida de regarder autour pour voir s’il n’y avait pas un visage connu qu’elle pourrait aller saluer. Malheureusement pour elle, son intégration dans la ville n’était pas encore tout à fait au point et elle se dirigea donc pour aller chercher un verre de cocktail afin d'avoir quelque chose en main, et ne pas se tenir la comme une cruche prenant racine. Elle essaya de retrouver la jeune femme parmi les invités et vit qu'elle était désormais en train de parler avec la mairesse, et wow, Seana se rendit compte du coté officiel que prenait la soirée avec une telle invitée. Elle se demanda même si elle avait sa place ici, parmi tout ces gens plus élégants les uns que les autres.

Où était cette damnée chaussure ? Glenn en était presqu’au point de s’arracher les cheveux (bad, bad idea) alors qu’il retournait son appartement de fond en comble sous les yeux de Warren, déjà fin prêt pour la soirée d’inauguration et, si le styliste était vraiment sincère, absolument parfait dans sa tenue bleue et noire. Il avait d’ailleurs du mal à se concentrer sur sa quête et devait souvent se secouer pour empêcher  ses pensées de s’égarer vers des contrées … particulières. C’était difficile mais il tenait bon parce que ce soir, il voulait vraiment aller à cette soirée, ne serait-ce que pour  féliciter Brittany qui avait finalement pu accomplir son rêve. Ou une partie de son rêve. Si c’était ça son rêve. Bref, pour la féliciter. Ce n’était cependant pas la seule raison, oh non. En vérité, il adorait danser et il avait hâte de participer aux initiations. Et surtout, il avait hâte de forcer Warren à y participer aussi. Sans compter toutes les personnes qu’ils allaient retrouver. Il savait déjà que Madeleine, Santana, Lexy et Sue Sylvester s’y rendraient ce qui, de son humble avis, promettait déjà une soirée haute en couleurs. Il fallait juste qu’il fasse en sorte que Warren et Madeleine ne se croisent jamais, histoire d’éviter la Troisième Guerre Mondiale. Après tout, ce serait vraiment triste pour Brittany s’il y avait des morts à sa soirée, et puis le sang était si difficile à nettoyer …

Finalement, après des jours et des jours de recherches (ok, il exagérait un peu beaucoup), il trouva enfin sa boot et s’enferma de nouveau dans la salle de bain après avoir rassurer le shérif. Vraiment, cet homme s’inquiétait vraiment pour rien.  Même s’ils arrivaient après 19h, ils ne seraient pas en retard pour la simple raison qu’il n’était précisé qu’ils devaient être là à 19h pile donc, il n’y avait pas vraiment d’heures en fait. Ce raisonnement était d’une logique limpide pour Glenn mais le jeune homme n’avait jamais prétendu adhérer aux règles de la logique telle que la concevait le commun des mortels. Oh non ! Mais le blond préférait de loin la sienne parce qu’elle tournait toujours à son avantage, bizarrement. Bref, un dernier coup d’œil histoire de s’assurer que ses cheveux étaient toujours parfaitement en place et que sa chemise bleue pâle tombait parfaitement sur son pantalon ardoise (et non Warren, ardoise n’était pas un autre nom pour désigner le noir) et il était fin prêt à partir. Il rejoignit rapidement son petit-ami qui patientait avant de le suivre jusqu’à  sa voiture. Le trajet ne dura pas très longtemps et ils arrivèrent avec seulement quelques minutes de retard, au grand contentement de Glenn qui ne put s’empêcher d’envoyer un sourire satisfait à Warren. Encore une fois, il avait eu raison. Sans plus attendre, ils pénétrèrent dans le bâtiment, magnifiquement apprêté pour l’occasion. Le blond ne savait pas qui avait décoré cet endroit mais il le félicitait intérieurement. Il sentit l’intérêt de Warren pour le buffet et se chargea de le faire revenir  à la réalité en lui envoyant un coup de coude dans les côtes. Ce qui n’eut absolument aucun effet sur le shérif, évidemment. Enfin, il parvint tout de même à détourner suffisamment son attention et ils se dirigèrent vers Brittany, éblouissante dans une robe jaune (qui était apparemment une sorte de dress code mais le jaune était une couleur qui n’allait pas du tout à Glenn et il préférait s’arracher les cheveux plutôt que de porter cette couleur) qui allait à ravir avec son teint et ses cheveux. Elle avait l’air rayonnante et elle accepta avec grâce l’embrassade de Warren même s’il avait entrepris de l’étouffer. Au bout d’un moment, Glenn intervint et étreignit à son tour Brittany.

-Mon dieu Brit ! C’est dingue ce que tu as fais de cet endroit ! Ça promet d’être grandiose. Félicitation ma belle !

Et il était complètement sincère. Brittany était une de ses rares personnes à être complètement dénuée de méchanceté et elle méritait vraiment tout ça. Glenn promena son regard sur l’assistance, s’attardant un instant sur Sue qui évoluait comme si elle possédait la pièce et chacun de ses meubles et habitants. Ce qui était peut être le cas, il n’en s’avait rien. Quoiqu’il en soit, elle était parfaite dans sa robe, une tenue qu’il avait lui-même choisit avec soin afin de la mettre en valeur. Ce n’était pas une mince affaire que d’habiller Sue Sylvester, qui avait longtemps cru que le must de la mode constituait en une tenue de jogging en polyester, mais Glenn devait avouer qu’il était fier de son travail. Même s’il ne dirait jamais ça devant la mairesse, qui était  surement la seule personne à lui faire peur tout en forçant son respect (bon, il était terrifié par Woody Allen mais c’était une autre histoire). En plus de la mairesse, d’autres personnes étaient arrivées. Certains qu’il connaissait et d’autres dont il ignorait l’existence. Il aperçut Santana et se dirigea vers elle, un sourire aux lèvres alors qu’il s’adressait à elle comme d’habitude.

-Santana ! Tu as finalement décidé de nous honorer de ta présence ô déesse du mal ? Quoi de neuf ?

Comment s'était-il laissé entraîner là-dedans ? C'était la question récurrente en ce début de soirée, alors qu'il observait sceptiquement la tenue sélectionnée par les bons soins d'Angie. La jeune femme s'était déplacée depuis New York pour assister à l'ouverture du projet en souvenir du bon vieux temps où leurs pistes de danse se limitaient au bitume défoncé du Bronx. Aaron inclina légèrement la tête sur le côté, face au miroir fixé dans les vestiaires récemment mis à neuf. Ce pantalon était définitivement rose ! « Ce n'est pas rose, c'est corail ! Et ça te met en valeur alors tais-toi et soit beau ». Et il s'était tu, malgré une voix intérieure qui peinait à discerner une différence entre les deux nuances. De toute manière, il n'avait aucune autre tenue de soirée à revêtir et le shopping n'entrait pas dans ses activités favorites. Il poussa un soupir avant de se défaire de la veste qui accompagnait le costume. Au moins était-il parvenu à échapper à l'ignoble cravate qu'Angie avait promis de lui offrir.
Un studio de danse. Il avait beau glisser un regard attentif sur les locaux décorés avec un goût indéniable, éprouver une étreinte de satisfaction sans commune mesure : il peinait encore à concevoir la réalité des choses. L'homme particulièrement terre-à-terre agrémenté d'une solide couche de défaitisme qu'il était, attendait d'apercevoir l'incident qui viendrait mettre un terme à leur entreprise. Un incident qui n'arrivait pas. Il avait vérifié le matériel électronique, les éclairages ainsi que les buffets un nombre incalculable de fois. Il avait lui-même passé la since dans leurs salles –autant pour s'occuper l'esprit, que pour s'assurer de leur propreté irréprochable. Ils étaient prêts.

Aaron s'était attardé auprès des danseurs qu'ils avaient invités à les accompagner lors des démonstrations que Brittany et lui offriraient à leurs convives. Plusieurs anciennes connaissances s'accumulaient dans la pièce, ce qui avait soufflé une brise de tranquillité sur ses préoccupations. Finalement, l'une d'entre elles l'avait incité à se détendre d'une accolade amicale avant de le pousser sans ménagement vers la salle commune où Brittany accueillait les premiers venus. S'il était à l'origine des traitements comptables et administratifs qui faisaient tourner l'endroit depuis qu'elle l'avait acheté quelques semaines plus tôt, Aaron ne se leurrait pas : il n'aurait rien pu faire sans l'incroyable capital social que la rentière avait bâti au fil des ans. Il avait même entendu dire que Sue Sylvester elle-même se déplacerait pour l'occasion. Un coup de publicité non négligeable, il pouvait en consentir. Depuis qu'il avait emménagé à Lima, il n'avait cessé d'entendre parler de la mairesse sous divers témoignages tantôt flatteurs, tantôt caustiques. Qu'importe, en définitive.
Il se tint légèrement en retrait, les bras croisés sur sa chemise blanche. Ses pupilles sondèrent les quelques visages qui se présentaient à lui, à la recherche d'Ashandra. Naturellement, il lui avait demandé de l'accompagner, dédaignant la présence potentielle de Santana. Il ignorait si elle s'était décidée à assister à la représentation et avait renoncé à interroger Brittany à ce propos, craignant que sa curiosité passe pour un intérêt qu'il n'était pas enclin à dévoiler.

Quelques minutes passèrent durant lesquelles il se contenta d'observer les individus qui entraient dans l'établissement. Il réalisa bientôt qu'aucun d'entre eux n'appartenait à son cercle d'amis –et pour cause, celui-ci s'était toujours révélé tristement restreint. Il jeta un coup d’œil à Brittany et un sourire étira ses lèvres : elle dégageait tellement d'aisance ! C'était plaisant à voir. Après quelques instants, il quitta son coin de salle pour serrer quelques mains et se glisser jusqu'à Madeleine à laquelle il adressa un mince sourire : « Je ne suis pas sûr que les paravents dans le vestiaire des filles soient si nécessaires, mais c'est de l'excellent travail » Indiqua-t-il sobrement. Il se pencha un peu plus en avant : « Tu n'aurais pas vu Ashandra par hasard ? Elle est prof d'anglais à McKinley ». Crut-il bon de préciser.

Plus tard, lorsqu'il eût terminé de se présenter au même titre que Brittany, il se glissa vers le buffet. Il avait besoin d'un verre : « Tu es intéressée par un cours, ou tu assistes seulement à l'ouverture ? » Lança-t-il à l'adresse d'une adolescente blonde aux pupilles pétillantes (Andie), en se servant un verre de punch. « Aaron. Je travaille avec Brittany » Ajouta-t-il en désignant sa partenaire d'un signe de tête, avant de lui tendre une poigne polie.

«Attention, convoi spéciaaaal. En retard, en retard, en retaaaaard.» chanta Madeleine en grillant la priorité à Lexie devant la salle-de-bain dont elle verrouilla la porte derrière elle malgré les grognements audibles par-dessus l’eau qu’elle fit immédiatement couler dans la douche. La rouquine assistait également à l’inauguration du studio de danse, mais elle maîtrisait à merveille l’art d’être fashionably late et saurait composer. Contrairement à ses habitudes, la photographe devait être présente le plus tôt possible au nouveau studio pour épier les réactions des convives à ses photos qui tapissaient littéralement les murs. Son plus gros projet. Non. Son premier vrai projet après l’université. Une commande directe, payée une somme invraisemblable qui allait l’envoyer tout droit au Japon pour des vacances d’exploratrice où elle comptait reprendre sa série sur les enfants. C’était vraisemblablement le projet le plus important de toute sa carrière, et le gratin de Lima allait être là pour le regarder. S’ils levaient le nez des petits-fours et des démonstrations de danse, s’entend. Lorsque Brittany l’avait recontactée plusieurs mois après avoir acheté l’une de ses photos à la galerie, Madeleine était littéralement tombée du canapé dans lequel elle s’était effondrée avec son ordinateur pour faire des montages vidéos. Elle avait déjà eu du mal à croire que l’héritière la plus riche de la ville s’intéresse à l’un de ses clichés, et pas à l’art plus raffiné et épuré d’Anna, alors quand elle avait évoqué la possibilité de lui commander toute la décoration de son école de danse, il avait fallu demander à JJ de la pincer pour y croire. Mais la voilà. Après des semaines à courir après tous les danseurs qu’elle pouvait trouver pour capturer leurs moindres mouvements, à ajuster des lumières, recadrer des clichés anciens pour les faire imprimer sur de grandes surfaces, de longues heures passées à filmer des répétitions de danse et des représentations improvisées, dans la rue, dans le studio, pour faire une vidéo de présentation à la hauteur des attentes de Brittany et Aaron, elle allait enfin avoir la réaction du public. L’angoisse la saisit à la gorge alors que ses vêtements volaient dans la pièce et qu’elle se précipitait sous l’eau brûlante, espérant qu’une bonne douche chaude la décontracterait un peu. Genre.

La blonde ressortit presque aussitôt de la cabine pour entamer ses préparations en quatrième vitesse. Un coup de sèche-cheveux approximatif qui laisserait ses cheveux coupés au carré onduler, une fine couche de mascara et un peu d’ombre à paupière sombre pour faire ressortir ses yeux gris, pas de rouge à lèvres, pas de fond de teint, pas le temps. Glenn la tuerait si elle était moins que parfaite avec la robe qu’il lui avait fait déposer la veille, qu’importe, elle était de toute façon trop anxieuse pour prendre le temps de faire mieux. Elle se glissa dans la petite robe noire à volants, enfila ses chaussures qu’elle avait réussi à ne pas oublier et jeta un coup d’œil dans le miroir en pied pour y découvrir une image satisfaisante. Merveilleux, avec ça, même si tout le monde détestait sa déco, elle avait de quoi sortir de là la tête haute avant de s’enterrer sous sa couette et de pleurer pendant quinze jour. Tu peux le faire. lui souffla James à l’oreille en entourant ses épaules de ses grandes mains imaginaires. La jeune femme ferma les yeux et prit une profonde inspiration en secouant la tête, sentant ses mains trembler le long de son corps. Elle aurait dû trouver du réconfort dans la présence de son fidèle ami imaginaire, mais pour la première fois sans doute, elle aurait préféré se sentir normale et n’avoir besoin que de l’approbation de ses colocataires et amis. «Inspire, expire. Inspire, expire.» Sans prendre la peine de ramasser le bazar qu’elle avait mis dans la pièce, elle ouvrit la porte avec tellement de détermination qu’elle l’envoya claquer contre le mur, mais elle ignora ce fait pour filer droit vers sa chambre récupérer son nouvel appareil photo pour mitrailler la soirée et la pochette de satin noir aux contours brodés de perles parfaitement assortie à ses petits escarpins. On pouvait toujours compter sur Glenn McAllistair pour vous fournir l’armure la plus sexy pour affronter ce monde cruel.

Filant à une vitesse défiant les lois de la physique sur son scooter rose, sans casque pour parfaire son look décoiffé, Madeleine se gara sur le trottoir le long du mur et sauta de selle pour monter les marches quatre à quatre. En voyant la salle encore majoritairement vide, la réalisatrice sentit un poids ôté de sa poitrine, et après quelques pas hasardeux faits en scrutant les visages des invités déjà présents, elle se sentit engloutie dans un câlin surprise. «Brittany.» dit-elle dans un souffle alors que la propriétaire des lieux lui communiquait avec enthousiasme sa satisfaction. Son ventre se noua sous le coup de l’émotion, et si elle n’avait pas été si pompée à bloc par l’adrénaline, elle aurait sans doute fondu en larmes comme une fillette. «Merci à toi.» répondit-elle d’une voix étranglée avant de s’éclaircir la gorge. «Je vois que les invités commencent à affluer, ça va être un succès !» Elle leva ses deux poings en les agitant comme des pompons en signe d’encouragement avant de laisser filer l’hôtesse plus radieuse que jamais. De nouveau seule face aux murs couverts de ses photos qu’elle n’osait toujours pas regarder, elle se laissa errer jusqu’au buffet pour y trouver une coupe de champagne qu’elle porta immédiatement à ses lèvres. Elle n’avait pas eu le temps de la vider tout à fait quand Aaron, le co-gérant à qui elle n’avait eu affaire que rarement, apparut dans son champs de vision périphérique. Elle lui rendit son sourire tendu et arqua un sourcil en guise de réponse à son commentaire sur la décoration. Elle avait eu un budget généreux. Quand elle avait eu fini d’imprimer toutes les photos de danse et qu’il lui était resté quelques deniers, elle avait craqué pour une série de paravents sur lesquels elle avait épinglé des visages souriants où l’on voyait perler la sueur, ou des gros plans sur des pieds montés sur pointes, des grosses baskets de hip-hop, des cambrures latines perchées sur escarpins. Elle les trouvait parfaits. Et toutes les filles rêvaient de se changer derrière un paravent comme des princesses. De toute évidence, Aaron n’était pas une princesse. À sa question suivante, en revanche, Madeleine avait une réponse qu’elle ne manqua pas de partager avec son désormais ex-co-employeur. «Est-ce que j’ai l’air d’être le bureau des renseignements ?» demanda-t-elle comme si sa question était un affront avant de s’éloigner avec sa coupe pour se planter devant un mur. Elle ne reconnaissait pas toujours les profs du lycée au lycée, alors imaginer qu’elle allait connaître leurs noms et savoir ce qu’ils faisaient de leur soirée au moment le plus important de sa vie, c’était pure démence.

Elle sentait son cœur battre à toute allure dans sa poitrine. Les yeux fixés sur le sol alors qu’elle se tenait à deux pas d’un cliché représentant une rangée de danseuses indiennes dans leur saris colorés, la bouche ouverte alors qu’elle chantait à tue-tête avec la musique, elle resta immobile. Elle savait exactement où se trouvait chacune de ses photos, à quelle hauteur elle était accrochée, quel serait l’effet de la lumière sur le glaçage, mais elle n’avait pas le cran de regarder le résultat dans une salle qui n’était plus vide. Cependant, elle fut tirée de sa lutte interne pour oser regarder son travail en face par la voix familière de Glenn et la jeune femme fit alors demi-tour sur place, espérant trouver chez son ami le soutien dont elle avait tant besoin. Erreur dramatique, car à ses côtés se trouvait le géant blond qui servait de force de l’ordre à la ville et de petit-ami au créateur. Le sang de Madeleine ne fit qu’un tour en découvrant la présence de son meilleur ennemi dans la même pièce qu’elle. Elle ne pouvait pas se permettre de faire une scène à l’inauguration du studio. Une seule solution : le mode furtif. Ses yeux balayèrent l’espace pour trouver Santana, mais elle constata avec effroi que le couple se dirigeait déjà vers sa colocataire et changea immédiatement de cible. Lexie qui avait finalement fait son arrivée était la meilleure chose qui puisse lui arriver. Elle fondit sur elle comme un rapace sur sa proie et agrippa fermement la rousse par les épaules. «Duo de blonds à euh... six heures, euh, midi, euh... bref, derrière moi avec Santana. J’ai besoin de toi pour éviter l’asperge OGM gonflée aux stéroïdes, question de vie ou de mort. Tu es avec moi ?»

Une fois n'est pas coutume, Lexie n'était pas en retard. Il lui restait plus d'une heure pour se laver les cheveux et se préparer tout à fait tranquillement et elle était persuadée de pouvoir arriver à l'heure. Evidemment, c'était sans compter sur les éléments perturbateurs qui ne manquaient jamais de subvenir dans son existence. La routine n'existe pas à la Pension Preston, ce qui peut avoir de bons côtés, comme les soirées karaoké improvisées au sous sol et les crêpes party à trois heures du matin. Mais la plomberie vétuste qui fuit ou une Madeleine sauvage surgissant tel le lapin blanc pour vous devancer à la salle de bains sont des événements moins amusants. La rouquine lâcha un chapelet d'injures fort imagées d'une voix tonitruante, mais le bruit de l'eau lui fit comprendre que sa chère colocataire comptait bel et bien monopoliser la salle de bain. La londonienne soupira et céda finalement, se voyant mal défoncer la porter pour forcer la blonde à lui accorder son tour de douche.

Elle retourna donc s'installer dans sa chambre et pour tuer le temps, se lança dans l'opération délicate qu'était l'épilation de ses sourcils. Son matériel de guerre étalé devant elle - tube de cire haute précision hors de prix et pince à épiler toute neuve - elle prit une profonde inspiration et se concentra devant le miroir. De fil en aiguille, elle en vint à traquer les poils résistants sur ces jambes et Madeleine avait fini depuis un moment quand Lexie se décida à vider son placard pour trouver la bonne tenue. Quelque chose d'un peu fun lui semblait de rigueur, après tout un studio de danse est un endroit où l'on vient pratiquer un art divertissant et Brittany était elle même pleine de vie, de fraîcheur et de couleur. Pour rendre hommage à ce que Lex avait établi comme une manifestation de joie de vivre, elle choisit une robe d'un jaune immanquable, resplendissant quoiqu'un peu courte. Mais ça ne manquerait pas de plaire à son hôtesse, ça, elle en était certaine.

Finalement, la jeune Preston pavint à dompter sa tignasse rousse, qui comportait actuellement une épaisse frange difficile à maîtriser. Mais une fois satisfaite du résultat, elle appliqua rapidement un peu de maquillage et dévala les escaliers, juchée sur ses éternels talons de douze. Elle s'empara d'un sac allant plus ou moins avec le reste de sa tenue et alla tambouriner joyeusement contre la porte de JJ. Il n'avait pas fait le tiers des efforts de présentation de Lexie, mais lui allait simplement boire quelques bières avec ses potes, donc était excusable. La rouquine ne se priva pas de lui faire remarquer qu'il avait l'air d'un sdf sexy, mais bien sûr, le jeune homme n'entendit que la partie positive de ce faux compliment. Après quelques chamailleries et deux ou trois allers-retours supplémentaires de la part de la galeriste, ils finirent par se mettre en route.

Lexie fit donc son entrée avec vingt petites minutes de retard, ce qui n'avait pas grande importance et était un délai plutôt respectable quand on connaissait l'énergumène. Qui avait d'ailleurs oublier de se sustenter avant de venir. Elle fondit donc droit sur le buffet, avec tant d'enthousiasme qu'elle bouscula légèrement une jolie blonde à l'air rêveur (Grace) en tentant d'esquiver le serveur encombré de coupes de champagne qui avait surgi sur sa route. « Désolée ! » s'écria-t-elle en s'emparant d'un des verres qui s'éloignaient. Après tout, elle ne perdait pas le nord. En constatant la nourriture dépecée et la mine songeuse de son interlocutrice, elle ajouta avec un sourire en coin « A mon avis c'est comestible, Brittany a les moyens de s'offrir un traiteur décent et elle est bien trop gentille pour vouloir empoisonner ses invités. » Après tout, l'héritière avait été la première à acheter une oeuvre à la galerie et la petite Preston n'était pas prête d'oublier ce geste. C'était en partie pour ça qu'elle venait soutenir son ancienne camarade Cheerio d'ailleurs. Joignant finalement le geste à la parole, elle prit quelques uns des canapés et avala une part de ce qui ressemblait fort à de la tarte aux poireaux de luxe.

Son début de conversation avec l'étrange blondinette fut toutefois vite interrompue par la voix d'une autre blonde, qui n'était autre que Madeline Wild. Elle fit volte face et servit une grimace fort exagérée à sa colocataire avant de répliquer « Je dois aller saluer notre hôte parce qu'à cause d'une certaine personne de notre connaissance, je suis en retard. Et je t'interdis de dire que j'aurais été en retard de toute façon. » Elle prit finalement le bras de son amie et ajouta en s'éloignant vers la désormais directrice de Duo Dance « Tu crois qu'elle m'en voudra de porter la même couleur qu'elle? C'est pas comme les mariages si, elle a pas le monopole du jaune pour la soirée? Ah et on va devoir parler à Glenn hein. Petit ami surfeur croisé viking ou non. » Après un instant de réflexion, elle ajouta d'un air perplexe « Je ne vois d'ailleurs toujours pas quel est ton problème avec ce jeune homme Maddie. Mais tu m'expliqueras après... » Elle était désormais face à Brittany et Lexie lui fit un sourire rayonnant et l'enlaça rapidement « Félicitations Britt ! Le local est génial, je suis presque jalouse dis donc. J'espère qu'il y aura une petite démonstration, j'ai hâte de te revoir à l'oeuvre. En tout cas, tu as assuré ! » La rouquine échangea un regard avec Madeleine, un sourire ultra bright aux lèvres. Elle était quand même une amie formidable et très compréhensive. En toute modestie.

« Maman, tu exagères ! », s’exclama Lauriane, en levant les yeux au ciel.

Ça ne faisait que cinq minutes que Lauriane parlait avec sa mère au téléphone mais c’était suffisant pour qu’elle se rende compte que c’était finalement une mauvaise idée de l’avoir appelé. A chaque fois qu’elle recevait sa fille au téléphone, sa mère prenait toujours le soin de souligner les choses qui n’allait pas dans sa vie et le tout avec le moins de subtilité possible. Cette fois-ci,  il ne s’agissait plus du fait qu’elle était encore célibataire, ou encore du fait qu’elle n’arrivait toujours pas à faire des pancakes mais le problème, cette fois, venait surtout du fait qu’elle n’était, selon sa mère, pas assez sociable, qu’elle n’avait pas assez d’amis en gros. Il fallait dire que c’était, tout de même,  à moitié vrai. Non pas qu’elle était timide, Lauriane était d’ailleurs très ouverte et toutes les personnes qui la connaissaient pouvaient en témoigner mais parfois, la jeune blonde était juste un peu trop mystérieuse. C’était simple : elle ne parlait jamais de sa vie aux gens qui ne le lui demandaient pas. Par principe. Ou peut-être parce qu’elle était atteinte de paranoïa aigue et qu’elle avait peur qu’on se mette à fouiner dans son passé lugubre comme dans un mauvais film d’action où l’héroïne s’en sort mais fini derrière les barreaux. En tout cas, même si la dernière option était probablement la plus proche de la vérité, il fallait avouer que la blondinette n’avait pas beaucoup fait gonfler son répertoire depuis qu’elle s’était installée dans cette ville. Et même si ça ne lui posait pas de problème de vivre comme une vieille de 80 ans, ça en posait un pour sa mère qui, même à plus de 500 kilomètres de Lima, s’y prenait toujours par tous les moyens possible et inimaginables pour arranger la vie de sa fille à son goût. Pas cool, certes, d’avoir une mère si obsédé par la vie de sa fille mais Lauriane pouvait en dire ce qu’elle voulait, c’était en grande partie grâce à sa mère que sa vie ne ressemblait pas à un champ de ruine. Une vision de ce qu’elle serait devenue sans les conseils de sa génitrice lui apparut soudainement dans un coin enfouie de sa tête : elle, fossilisée dans un fauteuil aux ressorts piteux, zappant devant Amour, Gloire et Beauté, un plateau-télé sur les genoux et les cheveux gras. Une image horrifiante qu’elle s’empressa d’oublier, secouant sa tête de droite à gauche, pour mieux se reconcentrer sur les paroles bienveillantes de sa mère.

« Ma vie n’est pas autant à plaindre ! Elle est très mouvementée même ! Tiens…euh, d’ailleurs, j’ai lu une revue sur ces cours de cuisine en groupe. Je me suis inscrite à la séance de… », Commença Lauriane, interrompue par sa mère qui, à priori, s’en fichait complètement.

« Ne change pas de sujet ! Tu vas aller à cette soirée, ma fille, si tu ne veux pas finir vieille et seule ! »

Une nouvelle vision d’horreur d’elle vieille, seule et déprimée attendant désespérément que quelque chose se passe dans sa vie, refit surface dans sa tête. N’importe quoi, se dit-elle en poursuivant sur son avis.

« Ecoute, y a pas moyen. Non seulement, je ne connais personne qui y va mais j’ai aussi rien à me mettre, ce qui est, entre nous, encore pire. Donc, je compte me faire des pâtes et regarder Keeping Up with the Kardashian sans que personne ne vienne obscurcir mes plans.», s’enchérit Lauriane, insistant sur ses derniers mots.

Son téléphone vacillait entre son oreille et son épaule tandis qu’elle essayait d’atteindre une casserole au fond d’un des placards de la cuisine. Casserole qui, finalement, fit un boucan encore plus assourdissant qu’une explosion volcanique au Vanuatu. Merde. Pas bon. Pas bon du tout. Le temps de réparer ses bêtises, Lauriane déposa le téléphone sur le plan de travail de la cuisine, écoutant ainsi sa mère parler dans le vide le plus absolu. Dieu, qu’est-ce qu’elle pouvait causer !

« Bon écoute, maman, je dois raccrocher ! Bisous ! », Conclut-elle le plus rapidement possible avant de d’appuyer sur la touche raccrocher, jugeant qu’elle avait eu sa dose de conseils maternels pour la soirée.

Quelques secondes après s’être quasi-remise de la conversation qu’elle venait d’avoir avec sa mère, Lauriane replaça une mèche blonde derrière ses oreilles et essaya de peser le pour et le contre.

Bravo maman, tu as réussis à semer le doute dans mon esprit, qui était pourtant il y a dix minutes de cela totalement convaincu à l’idée que j’allais passer ma soirée en pyjama à mater Kim Kardashian faire du shopping.  

C’est vrai que tout se passait plutôt bien avant que la mère de Lauriane appelle et ne vienne embrouiller l’esprit de sa fille et remettre sa vie entière en question. Face au dilemme « finir vieille et seule ou avoir enfin une vie sociale », elle ne put s’empêcher de repenser aux paroles de sa mère puis prit très vite sa décision. Quelle idiote ! Bien sûr que j’ai quelque chose à mettre !

Sans l’ombre d’une hésitation, la jeune blonde se précipita vers son armoire et en sortit une robe bustier mi-longue bordeaux impeccablement conservée. Un sourire béat se dessina sur son visage instantanément face à son nouveau bébé. Une Dolce&Gabbana toute droit venue d’Italie. La blonde s’était offerte cette robe après une promotion bien méritée mais n’avait jamais eu l’occasion de la porter. Cette soirée était décidément un signe de Dieu.

Se décidant donc enfin à se préparer pour cette soirée, Lauriane sauta dans sa salle de bain et passa par les cases maquillage, coiffure, habillage. Ce ne sera qu’une bonne quinzaine de minutes plus tard qu’elle sortit de la salle de bain dans une tenue éblouissante, prête à sauter dans un taxi direction le studio de danse.

*****

Ce n’était pas de son habitude d’avoir une telle chance, mais cette fois elle avait eu la chance d’être arrivée à une heure convenable. Lorsque Lauriane entra dans le studio de danse assez bien remplie pour l’occasion, la première chose qui la frappa n’était pas le succès de cette soirée à peine entamée, ni  même la taille du buffet (ce qui était probablement très surprenant), mais les impressionnantes photographies qui y étaient présentées. Et qu’elle ne manqua pas de faire remarquer à la première personne qui se présentait. « Exceptionnelles ces œuvres. », commença Lauriane, en se servant un verre de champagne. Elle se tourna vers la jeune femme blonde en question (Madeleine) qui lui disait vaguement quelque chose. Sourire Amical. « N’est-ce pas ? ».

« Arrête de grogner, tu n'es pas beau quand tu boudes ! ». Regard noir. « Je suis tout le temps beau. ». Haussement de sourcil. Sourire narquois. La styliste du photographe aimait beaucoup le taquiner, et vis-versa.  La jeune femme le menaça à l'aide de la petite aiguille qu'elle tenait entre ses mains de couturière. Jordan leva les yeux au ciel et soupira bruyamment. Cette soirée n'était pas prévue, et cela venait contrecarrer ses plans. Oui, manger de la pizza devant la nouvelle saison d'Esprits Criminels c'était un plan. A la place de quoi, son patron l'avait sommé de couvrir l'ouverture de la nouvelle école de danse de Lima. Jordan était incroyablement beau et il avait des tas de qualités, mais si il y avait bien une chose qu'il ne savait pas faire, c'était dansé. Le peu de gens qui avait pu le voir à l'oeuvre devaient s'en souvenir puisque c'est une expérience peu commune et comique. Le rédacteur en chef aurait très bien pu demander à quelqu'un de d'autre de faire cet article, quelqu'un qui ne l'aurait pas menacer de manger ses donuts. Chacun ses techniques.
La jeune couturière termina les derniers ajustements puis Jordan était fin prêt à partir, vêtu d'un parfait costume trois pièces sur mesure. Il s'y serait bien rendu en short adidas, tee-shirt troué et chaussettes remontées jusqu'au genoux – telle devait être sa tenue initiale pour la soirée – mais ça aurait fait mauvais genre. Puisqu'il était obligé de s'y rendre, autant y aller en grandes pompes.

♦ ♦ ♦

Il regarda sa montre. Dix-neuf heures tapantes. Parfaitement à l'heure. Assit derrière le volant de sa voiture, il regarda passer plusieurs personnes dont l'identité lui échapper totalement. Il crût reconnaître la mairesse, bien que cela lui était égale, ainsi que Lexie Preston. Il se décida finalement à descendre, une fois la masse passé, afin de faire une entrée remarquable. Il plaça les clés de son land-rover dans l'une de ses poches de son pantalon, ainsi que son portable et son calepin. Le brun attrapa son appareil photo sur le siège passager, et passa la bandoulière autour de son cou. Un coup d’œil dans le rétroviseur intérieur. Un geste rapide afin de placer parfaitement ses cheveux avant de descendre de l'habitacle. Il tira légèrement sur le col de sa veste d'un geste assuré, puis il se dirigea vers l'entrée. Son air professionnel et son sourire charmeur en place, il fît enfin son entrée. La première personne qu'il rencontra fût bien entendu la fondatrice de l'école elle-même, placée à l'entrée pour accueillir ses invités. « Bonjour Mademoiselle Pierce-Holcomb. » il tendit une main assurée avant de décliner son identité « Jordan Avery. Je tenais dans un premier temps à vous féliciter. Je viens au nom de la gazette de Lima, je suis chargée d'écrire l'article qui concernera votre école. ». Bravo Avery, pour une fois, tu n'es pas passé pour un abrutit de première. « J'aurais d'ailleurs besoin d'une photo de vous et de votre collaborateur. » dont il avait complètement oublié le nom. Tant pis. Il salua la jeune femme avant de s'avancer dans le grand hall. C'était joli. Décoré avec goût, bien que Jordan n'était pas fan de la couleur jaune, mais ce n'était que son avis. De longs buffets laissaient apparaître différent mets qui mirent déjà Jordan en appétit. Une fois de plus, c'était son estomac qui parlait. Il s'approcha du dit buffet, se frayant tant bien que mal un chemin à travers la foule. Il attrapa un petit four qui lui criait de l'adopter, et l'avala d'une bouchée. Mine de rien, il leva les yeux vers la décoration murale. Des photographies. Il les observa avec minutie. Ce n'était pas les siennes, mais c'était pas trop mal. Vu le style, ces clichés était l'oeuvre d'une seule et même personne. Mais qui ? Il était là pour écrire un article, mais voilà qu'il avait trouvé plus intéressant. La danse, ça ne l’intéressait que dans les télé-crochets tels que Danse avec les stars, et encore, seulement si il n'y avait pas mieux.

Il lui fallait un plan pour démasquer l'auteur de ces photographies. Non en fait, un plan, c'était le meilleur moyen de ne pas suivre le plan. Il se retourna et observa la salle. Malheureusement, personne n'arborait de post-it « Photographe » en plein milieu du front, ce qui lui compliquait la tâche. Soudain, il aperçut une blonde qui était loin de lui être inconnue : Grace Hamilton. Il se retourna d'un mouvement vif vers le buffet, faisant de nouveau face au mur. L'avantage, c'était qu'elle ne pourrait le tuer ce soir. Il y avait bien trop de monde pour commettre un meurtre. Emma devait lui avoir remit ses muffins, mais il n'avait pas eu de nouvelles depuis. Il se servit alors une coupe de champagne histoire de ne pas avoir l'air trop louche. Il se risqua à jeter un coup d’œil sur sa droite, et il pu l'observer en train de parler avec un bouclé de première. Il soupira soulagé – pour le moment – et bu une gorgé de sa boisson. Il avait un métier risqué, même à Lima, c'était pire qu'être en plein milieu de la jungle d'Amazonie, le danger était partout.