Choriste du mois


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 02. Broken trust and broken hearts.

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Charlie Pillsbury
Charlie Pillsbury
GANGSTA CHARLIE ► Whatever happens tomorrow, we had today.
Age : 25 ans.
Occupation : Assistante de Cassie chez les SC & Rédactrice.
Humeur : Angoissée.
Statut : Épouse de Wyatt Pillsbury.
Etoiles : 1621

Piece of Me
Chanson préférée du moment : Coldplay ─ Charlie Brown
Glee club favori : Second Chances
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MessageSujet: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyJeu 3 Oct - 17:40


02. Broken trust and broken hearts.
Spin-off du scénario "Blood is on the dance floor"

Tell them I was happy
And my heart is broken
All my scars are open

L’alcool lui avait comme anesthésié l’esprit, si bien que les seules images qui s’en réchappaient semblaient troubles, confuses et inconstantes. Le passé se mêlait au présent, le présent au futur ; les souvenirs s’emmêlaient, se confondaient, l’entrainaient dans une spirale contrastée entre la réalité et l’imaginaire. S’était-elle réellement déhanchée sur la scène du piano-bar en chantant du Donna Summer ? Avait-elle dansé de manière lascive devant ses amis et camarades de chorale ? Ou l’avait-elle seulement imaginé, accoudée à ce bar, perdue dans la contemplation des couleurs vives qui se superposaient devant ses rétines ? Elle n’aurait probablement pas dû entamer son sixième mojito quelques secondes plus tôt, celui-ci semblait lui avoir porté le coup fatal. Elle n’arrivait plus à distinguer clairement ce qui se déroulait autour d’elle ; la seule chose qu’elle savait était qu’elle devait arrêter l’alcool et passer à quelque chose de plus soft… un conseil qu’elle ne suivait pourtant pas ; Charlie continuait à augmenter les doses sans se soucier des répercussions de son ivresse.

Boire pour oublier, voilà ce qu’elle faisait. Pour oublier ses échecs, son amertume, sa peine. Oublier qu’elle n’avait plus nulle part où aller, plus nulle part où trouver refuge. La soirée n’aurait pu trouver meilleure conclusion que cette image, à la fois prévisible et inquiétante. Celle d’une jeune femme penchée au-dessus du bar dont les épaules s’affaissent sous le poids de ses erreurs, et qui ne cesse de ramener le verre à ses lèvres dans un geste devenu si machinal qu’elle ne semblait même plus le contrôler. Sa gorge était désormais immunisée contre la brûlure de l’alcool ; ses mains, habituées à la courbe du verre qu’elle ne lâchait plus. Quant au barman, il se contentait de préparer les cocktails et de prendre la monnaie qu’elle lui tendait avec une lassitude sans pareille, bien trop heureux d’avoir une cliente aussi demandeuse pour la chasser de son bar.

Il fallait qu’elle se ressaisisse, mais ses muscles étaient amorphes et toute énergie semblait l’avoir quittée. Elle voulait appuyer son front contre le bar devant elle et s’endormir, oublier le désastre de la soirée et espérer que lorsqu’elle se réveillerait enfin, elle se rendrait compte que tout ceci n’avait été qu’un vilain cauchemar engagé par son imagination. Que la soirée disco ne s’était pas encore déroulée, que Wyatt ne l’avait jamais humiliée, qu’elle n’avait jamais chanté du Donna Summer, et qu’elle n’avait jamais entendu Ryder lui confier qu’il était tombé sous le charme de Ruby Caldwell, grâce à une petite annonce qu’il avait trouvée dans le journal et à laquelle il avait décidé de répondre. Une petite annonce rédigée non pas par les soins de la principale intéressée, mais bien par Charlie elle-même, dans une ultime tentative d’éloigner l’Awesome Voice de son petit-ami. Tout ceci avait été un échec cuisant : non seulement Ruby continuait de fréquenter Wyatt comme si rien ne s’était jamais passé mais elle avait également réussi à attirer l’attention de son meilleur ami, qui ne méritait certainement pas de tomber sur une fille comme elle. Ryder avait besoin d’une fille honnête ; pas d’une fille qui s’entiche du premier venu et qui se contrefiche de savoir s’il est déjà en couple.

Le regard sombre et hagard, Charlie poussa un long soupir. Ce vide qu’elle ressentait en elle était épuisant. Elle aurait voulu se remettre en action, quitter cet endroit synonyme de malheur et retrouver le monde extérieur, un monde qui ne serait pas peuplé d’échecs ; un monde imaginaire, certes, mais dans lequel elle ne pourrait trouver que de la satisfaction. Seulement elle n’y parvenait pas. Son esprit restait bloqué, ses doigts crispés autour de son verre, et son fessier vissé au tabouret. C’était comme si son corps l’avait à son tour abandonnée, comme si toute forme de volonté avait définitivement disparu. Comme ça, en un clin d’œil, sans même prévenir. Les secondes se succédaient, les minutes s’égrainaient, et peu à peu Charlie s’enfonçait dans son malaise. Elle qui avait envie d’hurler tant ce qu’elle vivait était injuste ne parvenait à esquisser le moindre geste en dehors de celui qui l’enivrait de manière inéluctable. Elle suffoquait dans cette salle enfumée. Ses yeux ne supportaient plus la vue de ce carnaval de couleurs, ses oreilles ne voulaient plus être victimes de ces airs disco qui n’en finissaient plus.

Elle avait besoin d’air. Besoin de quitter cet endroit lugubre. Aussi, dans un éclair de lucidité et de courage, la Second Chances leva doucement le menton et posa son regard sur ses mains qui tenaient encore le verre. Une ride se creusa entre ses sourcils sous l’effet de la concentration et, plissant davantage les yeux encore, elle parvint à décoller sa peau de l’objet et ainsi éloigner ses mains de la tentation ultime. Satisfaite, elle se redressa lentement -réveillant au passage ses muscles endormis- et posa une main fébrile sur son front avant de concéder à quitter son siège face au bar. Se tournant vers la piste de danse où s’amusaient encore bon nombre d’invités, elle secoua légèrement la tête en apercevant au loin Cassandra Hamilton, qu’elle avait croisée un peu plus tôt dans la soirée –et autant dire que la confrontation qui avait eu lieu n’avait guère amélioré son humeur. Quelle idée, aussi, de se plaindre ouvertement de Garce Hamilton à son ainée ! Charlie n’en revenait pas d’avoir été aussi idiote pour agir de la sorte, et ne pouvait qu’assumer les conséquences de ses actes à présent. A l’heure qu’il était, Cassandra devait probablement la détester, et c’était entièrement de sa faute.

Se frayant difficilement un chemin parmi la foule et écrasant quelques pieds au passage, la jeune femme avait l’impression d’être retenue prisonnière par cette horde de danseurs qui ne semblaient pas vouloir s’écarter pour la laisser passer. Les poings serrés, elle dut à plusieurs reprises se retenir à une épaule ou à un bras pour ne pas vaciller dans le vide, victime de son taux d’alcoolémie élevé. Lorsqu’elle parvint enfin de l’autre côté de la salle, elle fut subitement prise d’un haut-le-cœur et elle plaqua immédiatement une main contre sa bouche pour éviter une humiliation supplémentaire. Elle était livide. Son regard était sombre, sa peau translucide, et son teint trahissait clairement ses petits problèmes avec la boisson. Se tenant une minute supplémentaire contre le mur qui se dressait à sa gauche et lui permettait de rester à peu près droite, elle se ressaisit et une fois qu’elle fut certaine de ne pas succomber à ses nausées, elle inspira une longue bouffée d’air et se dirigea vers la porte de sortie qui représentait à ses yeux la sortie de secours de l’Enfer.

L’ombre d’un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle était sur le point d’accéder à la libération. Elle ne savait pas encore très bien ce qu’elle allait faire une fois sortie de ces lieux, mais une chose était certaine : elle n’avait pas l’intention de retourner dans l’appartement du centre-ville, celui qu’elle partageait depuis un peu plus d’un mois avec Wyatt. Elle avait besoin d’être seule pour évacuer toute cette tension qui l’accablait, et avec un peu de chance, elle trouverait un taxi près du piano-bar qui pourrait la ramener jusque chez Lexie, ou jusque chez Ryder –en espérant qu’il ne soit pas occupé dans les bras d’une autre. Elle s’enfermerait ensuite dans une chambre vide et pourrait enfin laisser libre cours à ses émotions. A cette pensée, la jeune femme accéléra le pas et lorsqu’elle parvint à hauteur de la porte, elle tendit la main vers la poignée, prête à ressentir les bienfaits de l’air frais d’une minute à l’autre. Seulement, le destin semblait en avoir décidé autrement, et alors que ses doigts se refermaient autour de l’objet, une main se plaqua contre son bras et l’attira en arrière. Déséquilibrée, Charlie tituba piètrement et se raccrocha contre son gré au bras dont elle était pourtant prisonnière. Ce ne fut que lorsqu’elle posa son regard sur le bras dont il était question et qu’elle aperçut derrière son regard légèrement embué les taches de rousseur familières qui parsemaient sa peau qu’elle retrouva un semblant d’énergie et eut un mouvement de recul. Elle se débattit de toutes ses maigres forces pour se dégager de cette emprise, et lorsqu’elle prit finalement conscience que ses efforts étaient  vains, elle se retourna suffisamment pour pouvoir fusiller du regard son agresseur. « Lâche-moi, Wyatt ! Laisse-moi tranquille ! Lâche-moi, j’te dis ! ».
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MessageSujet: Re: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyVen 11 Oct - 16:59

Toutes les représentations étaient achevées à présent, et les apprentis enfiévrés du samedi soir se déhanchaient maintenant sur des airs connus des années quatre-vingt joués si forts que les vitres en tremblaient presque. Les visages étaient pour la plupart rieurs et enthousiastes, certains commençaient à se tordre de douleur après une soirée passée sur des chaussures à plateformes trop hautes ou des pantalons indécemment moulants, mais la salle ne désemplissait pas. L’ambiance était électrique et joyeuse, le retour des chorales dissoutes par la mairesse était une réussite, tous avaient reçu des ovations plus longues les unes que les autres et il ne faisait aucun doute que le débit de boissons au bar encouragerait le Piano-Bar à rouvrir sa scène aux Second Chances et Awesome Voices à la première occasion. Megan devait être aux anges et tirerait sans nul doute la couverture à elle lorsqu’ils débrieferaient leurs résultats. Tous les choristes devaient savourer cette victoire avec leurs amis venus pour les encourager. Et puis il y avait Wyatt. La soirée du gynécologue avait, à son sens, très bien débuté. La collégiale avait été réglée comme du papier à musique, son trio avec Grace et Ruby avait été très... divertissant. La seule ombre au tableau avait été l’absence de réponse de Charlie à son message avant de monter sur scène. S’il avait su ce qui l’attendait, il aurait sans nul doute davantage profité de ses moments sur scène pour oublier le reste de ses ennuis. S’il avait pu deviner les confessions invraisemblables de Ruby, le comportement de sa petite amie, et surtout la rage qui l’animait depuis, il aurait plié bagage après être redescendu de sa planète disco pour continuer à se laisser bercer par le déni. Mais ça n’avait malheureusement pas été le cas, et il traversait à présent la salle pour retourner au bar en quête de Charlie. Tous ses traits trahissaient sa fureur irrépressible. Son visage fermé, ses épaules tendues heurtant sans ménagement les danseurs qui ne se poussaient pas sur son passage tandis qu’il se frayait un chemin jusqu’au comptoir, ses poings serrés à en faire blanchir ses phalanges, son corps tout entier rayonnait de colère.

Dévisageant l’un des sosies de Travolta avant de prendre sa place, il se planta devant le serveur qui s’apprêtait à prendre une commande de plus. «Vous avez vu une petite brune dans une longue robe moulante rouge ?» demanda-t-il fermement. Devant l’expression consternée de l’employé qui avait dû croiser plusieurs dizaines de filles correspondant à la description de Charlie, le gynécologue pinça les ailes de son nez pour retenir un soupir exaspéré avant de préciser sa demande. «Charlie. Elle a dû venir ici avec une afro-américaine. Elles ont chanté ensemble ce soir.» Contractant sa mâchoire à la simple évocation du petit numéro de la jeune femme, il finit par lâcher entre ses dents «Hot Stuff ?» Enfin un air de reconnaissance passa sur le visage du jeune homme qui semblait lui aussi perdre patience alors qu’on l’appelait à l’autre bout du comptoir pour faire son job et sa réaction ne fit qu’aggraver l’irritation du chanteur. «Ah, Miss Mojitos. Elle vient de partir, mais elle a déjà réglé sa note.» l’employé se pencha alors au-dessus du zinc pour ajouter d’un air entendu «Assez salée, si tu vois ce que je veux dire.» Les doigts du médecin se refermèrent sur le rebord du comptoir et c’était tout ce qu’il pouvait faire pour se retenir d’ôter de force le sourire carnassier de la face de son interlocuteur. Déglutissant pour ravaler la bile qu’il pouvait sentir dans sa bouche, Wyatt se redressa pour remettre de la distance entre lui et son nouvel informateur. «Elle est partie par où ?» Déjà affairé à prendre la commande d’une jeune femme aux cheveux crêpés jusqu’à une hauteur inquiétante, le serveur pointa du doigt la sortie d’un air distrait en lui jetant par dessus son épaule : «Dehors ? J’en sais rien mec, elle a peut-être eu son compte pour ce soir. Elle avait pas l’air fraîche à son dernier verre, et je lui en aurais pas resservi un autre.» Ce coup de grâce le fit grincer des dents mais il réussit finalement à s’arracher au bar pour laisser la place à ceux qui comptaient sur l’alcool pour effacer leurs quotidiens monotones. Le gynécologue était, lui, sobre. Même après avoir été rabroué sans cérémonie par sa petite amie lorsqu’il était venu lui demander des explications concernant son petit jeu sur scène avec Donna Summer, il n’avait pas été trouver de réconfort dans le fond d’un verre de whisky. Il avait bien trop besoin de toutes ses capacités pour tirer au clair ce qui se passait dans son dos depuis des semaines, et si Charlie avait choisi de ne pas suivre son exemple, ce serait son problème. Il semblait qu’ils avaient repoussé bien trop longtemps une discussion sérieuse à propos de leur couple qui ne pourrait plus attendre.

Wyatt tourna les talons et crut apercevoir une tête rousse familière dans le public, toutefois rien ne pouvait plus le détourner de son objectif, et il n’aurait plus de répit qu’une fois qu’il aurait mis la main sur Charlie pour exiger des explications. Jouant des coudes pour atteindre la sortie, son regard se posa presque instinctivement sur la silhouette de l’apprentie journaliste qui s’apprêtait à quitter le bar sans son manteau. Son esprit se vida instantanément, et en trois foulées il avait rattrapé la choriste et se saisit de son bras pour l’arracher à la poignée de la porte. Pour ne pas renouveler l’échec de sa première tentative où Charlie avait réussi à lui filer entre les doigts pour se fondre dans la foule, sa prise se fit plus dure et son sang ne fit qu’un tour en constatant que la jeune femme tenait à peine sur ses pieds. Son combat risible contre son emprise ne fit qu’intensifier la colère lisible dans ses yeux verts et il resta de marbre devant le regard réprobateur qu’elle lui lança lorsqu’elle daigna enfin lui faire face. «Je ne crois pas.» siffla-t-il d’un ton amer avant d’ouvrir lui-même la porte pour sortir de l’enchevêtrement de corps et du brouhaha assourdissant du bar. Tirant Charlie à sa suite, il claqua la porte au nez d’une jeune femme qui voulait de toute évidence profiter de leur sortie et fit quelques pas sur le trottoir pour sortir du passage. Il fit demi-tour sur lui-même pour plaquer Charlie contre le mur sans lâcher son bras et la toisa de toute sa hauteur. «Tu peux me dire ce qui se passe exactement ?» aboya-t-il sans prendre le temps d’essayer d’apaiser sa fureur.  «Tu allais rentrer sans moi ?» Un sourire dur tira ses lèvres sans atteindre ses yeux et Wyatt peinait déjà à respirer alors qu’il avait la sensation déchirante qu’ils n’avaient jamais été aussi éloignés l’un de l’autre alors qu’elle était juste devant lui. «Je ne suis pas assez sauvage pour que tu me ramènes chez toi ? Mmh ? Ton petit numéro n’était pas pour moi peut-être ?» Le médecin fit un pas de plus pour amoindrir l’espace qui le séparait encore de sa petite amie, se baissant pour la regarder droit dans les yeux pour essayer de retrouver cette connexion unique qui les liait depuis leur première rencontre et qu’il ne parvenait pas à retrouver. «Et tu comptais ramener qui chez nous dans cet état ?» dit-il en laissant traîner sa voix sur chaque syllabe comme pour se torturer en se repassant encore et encore la manière dont Charlie avait pris un malin plaisir à allumer chaque homme présent dans la salle sous son nez. Derrière toute sa rage, l’incompréhension pointait dans son regard perdu et blessé, mais le gynécologue était bien trop aveuglé par la colère pour essayer de contrôler ses émotions brutes et brutales qui menaçaient de l’étouffer s’il ne crevait pas l’abcès au plus vite. Il ne reconnaissait pas la jeune femme qui s’était donnée en spectacle ce soir. Il ne reconnaissait pas la jeune femme qui avait préféré s’enfuir avec l’une de ses amies plutôt que de lui parler. Et surtout il ne reconnaissait pas la jeune femme que lui avait décrite Ruby...
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Charlie Pillsbury
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MessageSujet: Re: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyLun 14 Oct - 13:52

La haine qui l’animait était probablement la seule chose qui lui permettait encore de tenir debout. L’alcool l’avait dévastée ; son esprit peinait à fonctionner correctement et son regard trahissait de manière évidente tous ces cocktails qu’elle avait vidés sans jamais se soucier des conséquences de tout cet alcool ingurgité en un laps de temps aussi réduit. Pourtant, elle était toujours là, debout, agrippée à ce bras qu’elle percevait à présent comme l’ennemi, aussi droite que possible en dépit de tous ces regrets qui pesaient lourdement sur ses frêles épaules. Elle ne s’était jamais véritablement préparée à un affront de cette envergure, persuadée qu’elle parviendrait à échapper au pouvoir magnétique de Wyatt Pillsbury le temps d’une soirée, et qu’elle réussirait même à quitter celle-ci avant qu’il ne lui mette à nouveau la main dessus et lui exige des explications. Force était de constater qu’elle s’était une nouvelle fois trompée et que son imprudence lui vaudrait plus d’ennuis qu’elle ne saurait en imaginer. Néanmoins, si elle ne pouvait plus compter sur la dextérité de ses gestes et encore moins sur la maitrise de ses pensées, il lui restait toute cette hargne, toute cette rage dirigée vers celui qu’elle aimait pour la guider dans cette épreuve qui se profilait d’ores et déjà à l’horizon. Elle était consciente des erreurs qu’elle avait commises : elle avait eu tort de s’emporter de la sorte, de foncer tête baissée vers les ennuis en noyant son désespoir sous un litre de mojitos ou en prenant sa revanche sur scène, aux côtés d’Ashandra. Pourtant si elle avait agi de la sorte, c’était bien parce qu’elle se sentait perdue face à cette situation. Elle avait perdu tous ses repères en un claquement de doigts. Elle avait vu toutes ses illusions s’effondrer en chœur. Elle s’était retrouvée spectatrice de son propre désarroi, témoin d’une nouvelle désillusion au cœur d’un déchirement sans pareil. Soudain, toutes ses cicatrices s’étaient ouvertes et le sang coulait à flot, filant entre ses doigts impuissants. Elle avait si mal que le seul fait de retenir ses larmes était un effort quasi insupportable. Et pourtant, elle demeurait impassible, totalement neutre devant les traits du gynécologue qu’elle avait l’impression de redécouvrir sous un nouvel angle. Elle n’était plus aveuglée par l’amour ; c’était la haine qui avait pris le dessus, rongeant le moindre de ses nerfs et la consumant toute entière.

La poignée de la porte était désormais hors de sa portée, à l’image même de l’apaisement qu’elle avait recherché et auquel elle ne pourrait plus jamais avoir accès. Après de multiples efforts pour se dégager de l’étreinte du gynécologue, elle finit par comprendre que ceux-ci étaient vains et qu’elle ne ferait que rougir davantage sa peau en continuant à se débattre de la sorte. Abattue par cette conclusion houleuse, elle planta son regard dans celui du rouquin, prête à le défier en dépit de ses maigres forces. Elle n’avait pas peur de se confronter à lui ; l’alcool avait beau troubler ses pensées elle n’oubliait en rien toutes les déceptions qu’elle avait connues au cours de cette soirée. Elle le voyait encore soulever Ruby Caldwell lors de la collégiale des Awesome Voices, indifférent aux reproches qu’elle lui avait déjà faits à ce sujet. Elle gardait à l’esprit ce trio noir auquel elle avait assisté et qui l’avait achevée pour de bon. Wyatt, en compagnie de Ruby et Grace. Grace Hamilton. Ce nom seul suffisait à embraser son courroux. Elle l’avait pourtant mis en garde contre la fille du pasteur, lui avait confié sa mésaventure à l’église. De toute évidence, il avait vite fait d’oublier l’agitation dans son regard lorsqu’elle lui avait parlé de cet incident. Il s’était laissé endormir par la réputation de la blonde, et avait préféré taire leur rencontre. Qui sait ce qui avait pu se passer entre eux ? Charlie n’osait plus écarter la moindre hypothèse maintenant qu’elle savait ce dont il était capable. Elle n’avait plus la moindre difficulté à imaginer Grace s’abandonner dans les bras de celui qu’elle avait longtemps considéré comme l’homme de sa vie, ses lèvres s’étirant en un sourire de satisfaction alors qu’elle obtenait enfin ce qu’elle désirait. Celle qui clamait son innocence à la moindre occasion n’aurait aucun mal à oublier ses convictions religieuses avec Wyatt Pillsbury. Et cette pensée lui donnait la nausée.

Se mordillant avec force la lèvre inférieure pour éloigner les images perturbatrices, Charlie assista à la colère de Wyatt dans un état second. Malgré ses premières protestations, elle n’avait su trouver la force de se dégager de son emprise et sans qu’elle n’ait seulement le temps de réagir, elle se retrouva plaquée contre un mur, à l’extérieur du piano-bar. Tenue prisonnière entre ce mur et le corps de Wyatt, elle n’avait plus le moindre moyen de s’échapper. Elle n’avait d’autre choix que de l’observer et de ravaler tout le dégoût que lui inspirait cette situation. Comment osait-il aboyer de la sorte après tout ce qu’il lui avait fait ? Se comporter ainsi alors qu’il avait été le premier à trahir l’autre ? Charlie ne pouvait croire ce qu’elle entendait. Il la traitait comme si elle était la dernière des trainées, faisant référence à la chanson qu’elle avait interprétée avec Ashandra comme s’il s’agissait de la pire des trahisons. Mais qu’avait-il à dire pour sa défense, lui ? Qu’il n’était pas au courant des sentiments de Ruby à son égard ? Qu’il ne savait pas que la jeune Hamilton lui courait après ? Pis, qu’elle était bien décidée à ce qu’ils rompent pour pouvoir enfin envisager une vie à ses côtés ? Tels avaient été les mots qu’elle avait employés en sa présence. A croire que son plan fonctionnait à la perfection : Wyatt et Charlie n’avaient jamais été aussi éloignés l’un de l’autre. C’était comme si tout ce qu’ils avaient partagé ne comptait plus, comme si Wyatt parvenait à effacer ces souvenirs sans trop de difficultés. Et ça lui faisait tellement mal. Elle avait l’impression qu’il avait enfoncé son bras dans sa poitrine et prenait un malin plaisir à torturer son cœur. Comme s’il avait le droit de lui causer autant de souffrances, parce qu’elle avait osé le défier sur scène et n’avait pas voulu se complaire dans un rôle de victime. Comme si lui-même était un saint.

Les dernières paroles du gynécologue firent mouche et Charlie dévisagea Wyatt, les traits déformés par la fureur que lui inspirait le discours du rouquin. Son poing libre se serra instantanément et elle dut se retenir pour ne pas le cogner contre la poitrine du gynécologue, de rage. « Chez nous ? » Répéta-t-elle avec la soudaine envie d’éclater de rire tant cette idée était ridicule. Sa propre haleine lui brûlait la gorge, mais elle ne s’en souciait guère. « Chez toi, pas chez nous » Rectifia-t-elle précipitamment. Posant son crâne contre le mur, elle leva le menton pour mieux percer le regard de Wyatt du sien. Les muscles de son visage se crispèrent dans une moue de dégoût, et à nouveau elle ressentit le besoin de se débattre contre cet homme qui la tenait prisonnière. Libérant soudain son poing serré, elle plaqua sa main à plat contre le torse du gynécologue et poussa de toutes ses forces, pour l’éloigner d’elle. « Tu veux vraiment que je te dise ce qui se passe ? » Fit-elle en haussant le ton de sa voix, son regard lançant des éclairs. « Ce qui se passe, c’est que tu es un connard ! » Cria-t-elle tout en battant des cils pour retenir les larmes de rage qui, déjà, embuaient son regard. « Comment as-tu pu oser ? T’afficher avec Caldwell n’était pas suffisant, hein ? Il fallait en plus que tu joues les tombeurs avec cette cinglée d’Hamilton ? Parce qu’une fille, toi, ça ne te suffit pas ! Il te faut tout un harem pour te rassurer ! Et le pire, c’est que je t’ai cru. Quand tu m’as dit que tu m’aimais, je t’ai cru. Quelle idiote » Lança-t-elle sur un ton désespéré, avant de dégager son bras de l’emprise de Wyatt. « Quelle. Putain. D’idiote ! » Hurla-t-elle dans un mélange de colère et d’amertume. Posant sa deuxième main sur le torse de Wyatt, elle appuya encore plus fort pour qu’il s’écarte, certaine que même alcoolisée elle pourrait l’éloigner d’elle. Grave erreur. Elle ne fit que gâcher l’énergie qui lui restait, et lorsqu’enfin elle s’en rendit compte, elle fut plus furieuse que jamais. « Je n’ai personne à ramener chez moi, tout simplement parce que je n’ai plus de chez moi ! Et que, contrairement à toi, je n’ai jamais été voir ailleurs ! Maintenant, laisse-moi passer Wyatt. Ou je te jure que tu le regretteras ». Laissant ses bras retomber le long de se corps, elle le dévisagea, le regard brillant des larmes qu’elle n’avait pas laissées s’échapper. « Dégage, Pillsbury ! ».
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MessageSujet: Re: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyLun 14 Oct - 23:49

Quelques passants curieux leur jetaient des regards intrigués, mais aucun d’entre eux ne s’attardait pour jouer les badauds. Sans doute l’instinct de préservation qui leur soufflait de ne pas rester à portée de main du gynécologue qui aurait tout donné pour passer ses nerfs sur quelqu’un par l’intermédiaire de ses poings. Au fond de lui, le médecin aurait voulu relâcher sa prise sur le bras de Charlie, mais il était trop furieux pour songer aux marques que ses doigts auraient pu laisser sur sa peau diaphane. Il l’avait toujours traitée comme la créature la plus précieuse qui soit en s’assurant qu’elle n’avait jamais froid, qu’elle ne manquait de rien, qu’elle se sentait en sécurité à ses côtés ou qu’elle ne marchait pas le long de la route sur les trottoirs. Des milliers de détails stupides et insipides qui relevaient d’une galanterie parfois poussive dont il ne se serait jamais cru capable mais qui étaient devenus autant de symboles de l’importance que Charlie Watson-Brown avait pour lui. S’il avait été dans son état normal il aurait depuis longtemps ôté sa veste pailletée pour en envelopper la jeune femme dont la peau rougissait au contact du froid. Il ne l’aurait pas plaquée contre le mur pour la soumettre à son autorité mais pour éveiller du désir en elle, comme il l’avait fait des dizaines de fois. Il ne l’aurait pas regardée de haut dans l’espoir de voir naître de la culpabilité sur son visage, mais pour se moquer gentiment de son ivresse dans l’espoir qu’elle se hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser dans son cou, comme elle l’avait fait, des centaines de fois, depuis cette soirée gravée dans sa mémoire où il l’avait ramenée pour la première fois de la Pension Preston. Mais il n’était pas dans son état normal. Il était furieux. Il était blessé. Il était à vif. Et ce regard de dégoût qu’elle avait en le dévisageant. C’était comme un poignard en plein cœur qui s’enfonçait un peu plus à chaque seconde qui passait et qu’il préférait ignorer pour se concentrer tout entier sur sa colère. Elle ne l’avait jamais regardé comme ça. Pas une seule fois. Même quand elle n’était encore qu’une patiente inconnue qui agitait désespérément sa jambe sur l’un des fauteuils de son cabinet. Elle avait été méfiante, intriguée, séduite, envoûtée, admirative, en colère, triste, passionnée, amoureuse, distante, mais jamais, jamais elle n’avait été dégoûtée. Et jamais il n’aurait pu deviner le résultat dévastateur que ça aurait sur lui.

Sa respiration laborieuse était trahie par ce petit nuage de fumée blanche qui s’échappait de ses lèvres entrouvertes mais lorsque Charlie répondit à sa question par une autre question de cette voix hideuse, dégoulinante d’écœurement, celle-ci s’interrompit. La colère disparut de son regard et sa garde tomba alors qu’il encaissait ses paroles qui firent plus d’effet que si elle l’avait effectivement giflé de toutes ses forces. Il ne put retenir le bruit étranglé de son souffle qui voulait se frayer un chemin autour du nœud dans sa gorge et son corps se figea sur place, ne sentant même plus la pression de sa main contre son torse. L’espace d’un instant, il ne sentit plus rien, comme s’il venait de tomber dans un trou noir dont il espérait sortir pour se réveiller des semaines plus tôt, avant que le docteur Ryan ne s’enfuie avec la caisse, avant de découvrir que Grace Hamilton avait fait de lui le père dans sa grossesse nerveuse, avant que la vie parfaite dont il avait toujours rêvé ne s’enraye. Malheureusement, il n’existait pas de couloir temporel lui permettant de réécrire l’histoire, et lorsque ses sensations revinrent en un rush de picotements sur sa peau et dans son cœur, il était toujours sur le trottoir du Piano-Bar, et sa poitrine lui faisait si mal qu’il aurait presque souhaité revenir des mois en arrière, avant de rencontrer Charlie pour la première fois. Wyatt tenta de se reprendre, de recomposer son masque de furie, ou même rien qu’un masque d’indifférence, n’importe quoi pour cacher l’expression profondément peinée de son visage. Wyatt Pillsbury n’était pas faible. Il était froid, distant, maîtrisé, cynique, manipulateur, séducteur. Il ne laissait personne s’approcher de son cœur, ne partageait pas ses secrets, s’assurait de toujours avoir le plein contrôle de la situation, quelle qu’elle soit. Avant Charlie. Pour elle il avait fait tomber ses barrières, il l’avait invitée là où personne n’avait été. Il lui avait exposé ses peurs, ses doutes, ses hontes inavouées. Il avait été le premier à lui dire qu’il l’aimait. Il lui avait demandé d’emménager chez lui, prêt à quitter son appartement du centre pour habiter sa vieille bâtisse. Il n’avait fait que foncer tête baissée dans cette relation, persuadé qu’elle était sa seule et unique, qu’il serait son premier et dernier. Pour elle il avait appris à être plus fort, et à ne pas se réfugier dans les bras d’une femme à la moindre contrariété pour ne pas la charger de tout son fardeau quotidien. Il lui avait caché des choses par lâcheté sans doute, mais aussi par crainte qu’elle ne soit pas assez forte pour les porter avec lui. Tout ça pour qu’elle le lui jette au visage.

Les larmes qui menaçaient de rouler sur ses joues ne lui firent aucun effet. Il se sentait comme anesthésié alors qu’elle l’insultait à pleins poumons. Si c’était possible, ses muscles durs comme la pierre se raidirent un peu plus à ses accusations concernant Ruby puis Grace, mais il ne chercha pas à l’interrompre. Ses doigts glissèrent finalement impuissants sur son bras lorsqu’elle nia le fait même qu’il l’aime et il savait à présent que ces picotements incessants n’étaient en fait que le signe de quelque chose qui se brisait doucement en lui pour tomber en ruines. Sa main libérée se posa à côté de la tête de la jeune femme pour soutenir son poids qui vacillait vers l’avant, ses forces l’abandonnant, alors qu’elle le repoussait de toutes ses maigres forces. Sa mâchoire était restée béante, ses lèvres pleines bleuies par le froid tremblantes de rage, ou d’autre chose, et il se força à serrer les dents pour dissimuler au moins cette réaction physique flagrante. Il aurait voulu croire qu’à présent ses mots glissaient sur lui et ne le touchaient pas. Qu’après tout ce qu’elle lui avait déjà dit, il ne tenait plus à elle, il ne l'aimait plus. Que maintenant sa confiance trahie, il pourrait retourner se cacher derrière les murailles de son arrogance. Mais chacune de ses foutues paroles transperçaient sa poitrine avec une violence inouïe et n’étaient qu’un rappel de plus de l’amour infini qu’il avait pour cette fille qu’il ne connaissait finalement pas. Qui, elle, ne s’était jamais dévoilée tout à fait. Qui lui avait fait des promesses, lui avait demandé d’attendre, pour finalement se jouer des sentiments que lui n’avait pas feints. Il aurait fait n’importe quoi pour elle. Il aurait cru n’importe quoi pourvu que ça sorte de sa bouche. Et ça n’était pas suffisant.

«C’est vraiment ce que tu penses ?» dit-il d’une voix aussi grave que basse. Il n’avait nullement l’intention d’entrer dans ce petit jeu pour voir qui crierait le plus fort. Il ne souhaitait pas attirer davantage d’attention, mais surtout, il n’en avait pas la force. «Vraiment ?» répéta-t-il de manière un peu plus ferme comme pour l’encourager à retirer ce qu’elle venait de dire. «Tu crois que je t’ai trompée ?» souffla-t-il incrédule, son ton morne et si éloigné de sa verve habituelle et de la colère qui l’avait animé jusqu’alors que ça en aurait été comique. «Avec Ruby ?» Le gynécologue aurait pu vouloir pouffer de rire de manière acerbe, mais une fois de plus, il ne s’en sentit pas la force. «C’est pour ça que tu as posé cette annonce dans le journal, mmh ? Parce que tu crois que je couche avec ma partenaire de chant ? Et avec Grace Hamilton ? Ma patiente ? Tu crois que je t’ai demandé de venir vivre avec moi parce que j’avais besoin de te contrôler, pour me rassurer ? Que j’ai besoin d’un... harem ?» Wyatt secoua doucement la tête en sentant la colère revenir tardivement pour camoufler sa détresse. «Tu crois que je t’ai demandé de venir vivre avec moi sur un coup de tête ? Que ça ne voulait rien dire ? Que ça ne voulait pas dire que j’avais envie de construire un avenir pour nous ?» Sa main gauche se détacha doucement du mur, tremblante, pour venir frôler la joue de Charlie, et il suivit du regard le tracé de ses doigts le long de la mâchoire de la jeune femme qu’il connaissait par cœur après l’avoir explorée encore et encore avec ses lèvres, et ses mains, sans jamais la toucher cette fois. «Tu as sûrement raison, Watson-Brown. Il fallait vraiment être con pour croire qu’un jour tu m’aurais fait confiance, et que tu m’aurais dit tous ces petits secrets que tu gardes précieusement pour toi.» Ses phalanges glissèrent finalement dans ses cheveux bruns en bataille qu’elles agrippèrent pour l’empêcher de détourner le regard. «Je ne te connais pas Charlie, et j’ai mis touuut ce temps pour m’en rendre compte. Alors dis-moi, qu’est-ce que je vais pouvoir regretter de plus ?»
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Charlie Pillsbury
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GANGSTA CHARLIE ► Whatever happens tomorrow, we had today.
Age : 25 ans.
Occupation : Assistante de Cassie chez les SC & Rédactrice.
Humeur : Angoissée.
Statut : Épouse de Wyatt Pillsbury.
Etoiles : 1621

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Chanson préférée du moment : Coldplay ─ Charlie Brown
Glee club favori : Second Chances
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MessageSujet: Re: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyMar 15 Oct - 13:20

Comment avaient-ils pu en arriver là ? Comment les choses avaient-elles pu virer à la catastrophe aussi rapidement ? Deux mois plus tôt, ils filaient encore le parfait amour, se promenant main dans la main dans la capitale française qu’ils découvraient ensemble pour la première fois, donnant l’image d’un couple américain stable, solide. Un couple heureux. Un couple amoureux. Un couple à l’avenir déjà tout tracé. Dans quelques années, ils auraient investi dans une maison familiale en banlieue, puis auraient organisé une grande fête pour leur mariage. De petits rouquins auraient même vu le jour un peu plus tard, pour le plus grand bonheur de Wyatt. C’était une suite logique. Terriblement prévisible, certes, mais qui n’en demeurait pas moins confortable. C’était ce dont ils avaient rêvé. Ce dont elle avait rêvé, du moins. L’homme de sa vie, c’était lui. Si le coup de foudre devait exister, alors Charlie l’avait vécu. Ce premier jour, dans le cabinet de gynécologie, elle avait compris dès le premier regard qu’il serait différent des autres. Elle avait essayé de s’en dissuader à plusieurs reprises, tenté de croire qu’elle n’était pas vraiment obsédée par ce gynécologue si charismatique. C’était juste un fantasme. Celui d’une femme de vingt-et-un ans, encore vierge, charmée par le professionnalisme de ce grand rouquin sexy. Ils ne pouvaient pas être fait l’un pour l’autre, il était bien trop expérimenté pour elle, bien trop… sûr de lui, alors qu’elle n’avait jamais connu qu’une seule histoire d’amour. Comment deux êtres diamétralement opposés pouvaient-ils tomber amoureux ? Cela relevait presque de la fiction.

Et pourtant, c’était arrivé. Elle n’avait jamais vraiment su comment expliquer ce phénomène, mais l’attirance qu’elle éprouvait pour Wyatt s’était avérée réciproque. Au début, elle n’avait pas voulu y croire, persuadée qu’il devait s’agir d’une erreur, que cette impression n’était que le pur fruit de son imagination. Des femmes, il en avait connu des tonnes. Des brunes, des blondes, des rousses… surtout des rousses. Alors pourquoi elle ? Peut-être avait-il été attiré par son inexpérience, mais là encore, comment justifier qu’il n’ait pas rompu tout contact avec elle après leur première nuit ensemble ? Et puis, petit à petit, Charlie avait voulu croire en son bonheur. Elle avait voulu croire en son propre conte de fée. Si Wyatt affirmait l’aimer, pourquoi devrait-elle douter de sa parole ? Lui qui semblait si sincère, si attentif à ses besoins. Lui qui n’hésitait jamais à se plier en quatre pour la rendre heureuse, allant jusqu’à organiser un voyage romantique à Paris pour la combler de bonheur, puis lui proposant d’emménager avec lui. Il disait n’avoir jamais été aussi loin dans une relation, n’avoir jamais ressenti pareil amour. Il avait partagé avec elle ses souvenirs d’enfance, ses craintes mais également ses désirs, ses projets d’avenir. Et lorsqu’il imaginait le futur, elle n’avait aucune difficulté à se projeter à ses côtés. Elle l’aimait, et c’était la raison pour laquelle elle lui avait fait confiance… Jusqu’à ce que sa nature ne revienne au galop et que les doutes resurgissent brutalement. Il y avait eu cette rencontre avec Grace, puis la plus douloureuse, celle qui l’avait confrontée à Ruby. Dès lors, elle s’était éloignée de son petit-ami, perdue entre ce qu’il lui affirmait et ce que ses doutes lui soufflaient. Elle avait si peur d’être à nouveau déçue, si peur d’avoir une nouvelle fois le cœur en miettes qu’elle avait voulu se préparer et n’avait fait qu’empirer les choses. Aujourd’hui, elle avait le sentiment qu’elle ne pourrait jamais plus faire marche arrière, comme si quelque chose s’était définitivement brisé en elle. Elle serait incapable de se reconstruire.

Les mâchoires serrées, la jeune femme affrontait le regard de celui qu’elle aimait et haïssait à la fois. Celui qui l’avait rendue heureuse, puis malheureuse. Celui qui ce soir-là, semblait avoir rompu toutes ses promesses. Elle avait envie de pleurer, d’hurler, de le traiter de tous les noms. Elle voulait lui dire qu’il l’avait brisée, qu’elle ne pourrait plus jamais aimer parce qu’elle l’aimait lui et qu’elle se haïssait pour cette raison. Et malgré ça, elle continuait de réprimer les larmes qui soulignaient son regard clair, faisait de son mieux pour ne pas faiblir. Elle ne voulait pas fuir la situation comme à son habitude. Elle avait presque envie qu’il l’achève pour de bon, là, tout de suite, qu’il lui dise que ces mois passés ensemble n’avaient été qu’une vaste supercherie, qu’il s’était foutu d’elle du début à la fin et que, lorsqu’elle imaginait déjà les plans de table pour leur futur mariage, lui était occupé à sauter la moitié de la ville. Non pas parce qu’elle souhaitait qu’il la blesse, mais parce qu’elle saurait qu’elle pourrait définitivement faire une croix sur l’amour. Elle saurait que l’espoir ne serait plus jamais permis, qu’il était inutile de rêver parce que rien ne fonctionnait jamais avec elle et qu’elle était vouée à rester seule toute sa vie. Et dans un sens, peut-être que ça la rassurerait, car c’était ce qu’elle avait toujours pensé.

Desserrant les mâchoires, elle s’appuya davantage contre le mur derrière elle comme pour fuir un peu plus Wyatt. Trop concentrée sur ses propres états d’âme, elle ne vit pas le changement qui s’opéra soudain dans le regard du gynécologue. Ce ne fut que lorsqu’il lui répondit qu’elle remarqua une différence de ton. En apparence parfaitement calme, il lui demandait de lui confirmer ses propos, comme si elle pouvait toujours se rétracter et faire marche arrière. Son cœur se serra, mais elle ne flancha pas. « Oui » Affirma-t-elle d’une voix sèche lorsqu’il répéta sa question. « C’est ce que je pense ». Elle n’avait pas peur de lui. Elle savait qu’il ne lèverait jamais la main sur elle, car si elle doutait à présent de tout ce qu’il lui avait dit, c’était encore la seule chose dont elle était certaine. Son regard vert émeraude le défiait d’aller plus loin, de lui cracher à la figure toutes ces vérités qu’il lui avait cachées. Immobile contre le mur, elle patientait. Si l’alcool bloquait encore certaines de ses capacités et l’empêchait d’anticiper les réactions du rouquin, il la rendait aussi plus impulsive qu’à l’accoutumée et davantage sur l’offensive. Pourtant, Wyatt ne confirma pas l’avoir trompée. Au contraire, il répéta la question, comme s’il avait cru mal entendre. Puis il prononça son prénom. Charlie fronça les sourcils, serrant les dents jusqu’à ce que ses mâchoires soient douloureuses ; elle ne supportait plus la seule mention de ce prénom. Mais le rouquin n’en avait pas encore fini avec elle et lorsqu’il évoqua l’annonce qu’elle avait postée dans le journal de la ville, les poumons de la brunette se vidèrent instantanément. Comment pouvait-il être au courant ? Personne ne savait. Elle avait agi seule, dans le dos de ses collègues et n’en avait même jamais parlé à Ecaterina parce qu’elle savait qu’elle aurait droit à une leçon de morale. Pourtant, lui semblait savoir.

« Je ne le crois pas, j’en suis sûre » Aboya-t-elle enfin, sortant de sa léthargie après plusieurs secondes d’hésitation. Elle entrouvrit ses lèvres afin de poursuivre mais fut interrompue par son geste. De sa main gauche, il redessina les contours de sa mâchoire sans la toucher et Charlie ne put réprimer un frisson malgré toute la haine qu’elle pouvait ressentir. Retrouvant néanmoins rapidement le contrôle de ses membres, elle écarta d’un geste vif la main de Wyatt, de peur qu’il ne la touche et la fasse à nouveau douter. Elle n’avait pas besoin de ça. En dépit de la quantité d’alcool qu’elle avait bue, elle avait l’impression d’être enfin lucide et n’avait aucune envie d’oublier cette sensation. Sans se soucier de son geste, le rouquin se rattrapa à temps et lui maintint le visage pour l’empêcher de regarder ailleurs tout en lui demandant ce qu’il pouvait regretter de plus puisqu’il ne la connaissait même pas. Charlie grimaça, se sentant trahie par ce creux dans son estomac qui se formait, preuve que les mots qu’il prononçait la touchaient plus qu’elle ne voulait bien l’admettre. « Tu veux connaitre mes secrets, c’est ça ? » Fit-elle en se ressaisissant finalement. « Il n’y a donc vraiment que ça qui t’intéresse chez moi ? Tu veux savoir ce qui a pu m’arriver pour que je devienne aussi exécrable ? Aussi détestable ? Tu veux savoir quel drame m’a marqué ? Pour que je sois encore plus fragile à tes yeux ? Pour que tu puisses faire semblant de me soigner ? Tu ne peux pas me soigner, Wyatt ! Tu ne peux pas ! ». Dans un excès de rage, elle retira brutalement ses mains de son visage puis le repoussa en arrière. Evoquer ce qui lui était arrivé était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Repenser à toute cette peine, toutes ses craintes qui en découlaient était trop pour elle. N’ayant plus aucun contrôle sur son corps, elle laissa les larmes rouler devant ses yeux et lui souiller le visage. Elle était impuissante, spectatrice de son propre désarroi. « Je te faisais confiance, d’accord ? » Cria-t-elle à nouveau derrière ses larmes. « Je te faisais confiance. Et puis, je l’ai rencontrée. Caldwell. Et elle me l’a dit. Je ne suis pas folle, elle était là devant moi, elle m’a tout raconté ! Tu ne lui as jamais parlé de moi ! Pas une seule fois tu n’as jugé bon de lui dire que tu avais quelqu’un dans ta vie ! Tu l’as laissée espérer tout comme tu m’as fait espérer moi ! Cette fille est raide dingue de toi et ça n’a pas l’air de te gêner ! Alors peut-être, je dis bien peut-être, que tu n’as jamais couché avec elle, mais à mes yeux c’est tout comme ». Plongeant ses doigts dans ses mèches brunes, elle tira sur quelques mèches jusqu’à en avoir mal et braqua son regard sur lui. « Tu m’as trahie ».
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MessageSujet: Re: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyVen 18 Oct - 1:38

Ils avaient déjà eu cette conversation. Ou plutôt, une version moindre de cette conversation. Quelques mois plus tôt, il était rentré tard chez lui après avoir passé la soirée avec son ancien collègue et sa future maîtresse et complice pour y trouver Charlie endormie en petite tenue sur son canapé. La jeune femme lui en avait voulu d’avoir gâché sa petite surprise et s’était jetée sur l’odeur du parfum lourd de sa secrétaire comme prétexte pour l’accuser de la tromper. Le gynécologue avait bien sûr récusé ces griefs infondés, où Ruby et Grace avaient déjà fait leur apparition si sa mémoire le servait, et avait fini par réussir à transformer ce qui avait commencé comme une brouille en sa première déclaration à cœur ouvert. Seulement cette fois rien ne pourrait arranger les choses. Cette fois Charlie n’entendrait pas raison, pas parce que ce qu’elle disait était plus vrai qu’avant, mais parce qu’elle voulait le croire. Et peut-être qu’au fond elle n’avait jamais entendu raison, et avait simplement fait semblant de lui faire confiance, pendant des mois. Des mois. Des mois de mensonges et d’omissions où elle n’avait rien dit de ses soupçons, où elle ne lui avait pas laissé la moindre chance de lui prouver à quel point elle avait tort, où elle s’était mis en tête que leur relation ne pouvait qu’être un échec. Et quel meilleur coupable que ce cher docteur au passé sulfureux, réputé pour son amour des jolies femmes et ses talents de séducteur ? Si leur relation faillissait ça ne pouvait qu’être de sa faute, pas vrai ?

Les paupières closes, Wyatt prit une profonde inspiration pour chasser ses pensées mais son esprit trop certain d’être lucide refusait de prendre du recul et s’enfonçait doucement dans l’amertume. L’idée même qu’elle puisse imaginer qu’il la trompe après tout ce qu’il lui avait raconté au sujet de sa sœur et de Schuester le révulsait. Pour elle, il ne valait de toute évidence pas mieux que tous ces pauvres types dont elle s’était méfiée toute sa vie, et cette pensée hantait son regard grisé de trahison lorsqu’il la regarda à nouveau droit dans les yeux pour y lire son rejet. Combien de fois avait-elle cru qu’il voyait quelqu’un d’autre lorsqu’il rentrait tard d’une garde interminable à l’hôpital ? Combien de fois avait-elle serré les dents pour ne pas l’interroger sur ses répétitions avec Ruby parce qu’elle était persuadée que leurs rapports étaient tout sauf amicaux et professionnels ? Il avait été naïf de penser qu’elle ne parlait pas de leurs répétitions mutuelles les rares fois où ils avaient un peu de temps à passer ensemble pour se réserver la surprise le grand soir. Pour cela il aurait fallu qu’il leur reste de la complicité, qu’ils soient capables de regarder ensemble dans la même direction. Et Paris ? Est-ce que ce voyage n’avait été qu’une scène de plus dans cette mascarade qu’elle avait orchestrée pour trouver le moment idéal pour le larguer en lui faisant endosser toute la culpabilité ? Ce voyage avait été pour lui le début d’une nouvelle phase de leur relation, plus sérieuse, plus intime. La catastrophe de la clinique aurait pu n’être qu’une épreuve de plus à surmonter ensemble, mais Charlie n’en finissait pas de démontrer que leurs horizons étaient tout à fait différents, et qu’il avait été le seul idiot à croire en eux.

Lorsque la choriste ne nia pas les soupçons dont Ruby lui avait fait part concernant cette histoire d’annonce ridicule, le médecin lâcha une fois de plus immédiatement prise sur ce maigre espoir avant de s’y brûler. Il refusait d’admettre qu’il avait pu se tromper à se point sur sa petite amie, son caractère, ses envies, ses besoins, et pourtant tout portait à le croire dans son discours. Il s’était persuadé que malgré son manque de temps la jeune femme savait qu’elle resterait toujours sa priorité et qu’au moindre signe de sa part il aurait tout fait pour être à ses côtés. Après plus de neuf mois passés ensemble, il s’était laissé bercer par un sentiment de sécurité et d’évidence que la jeune femme n’avait sans doute jamais partagé. Il savait que lui aussi n’avait pas été tout à fait honnête ces derniers temps. En premier lieu à cause de la clinique, et de la honte qu’il ressentait alors qu’il devait se battre pour la maintenir à flot en acceptant de vendre des ordonnances et de répondre à tous les appels de Ste Rita. Puis il y avait eu sa rencontre avec Grace, et la découverte que derrière la manipulatrice au sang froid que Charlie lui avait décrit se cachait surtout une jeune femme en détresse. Wyatt s’était réfugié derrière le secret professionnel en décrétant que son statut de patiente lui conférait l’anonymat et un droit inviolable au secret médical, mais il était conscient qu’il aurait sans doute dû faire part à sa petite amie de ses rencontres et discussions régulières avec la cadette du pasteur. Mais maintenant qu’elle lui en faisait reproche, il doutait même que ça eût pu changer quelque chose entre eux. Sans doute s’en serait-elle servi pour rompre plus vite avec lui. Lorsque la jolie brune chassa sa main de son visage, Wyatt répliqua immédiatement en enroulant ses mèches désordonnées autour de ses doigts. La sensation satinée qu’il aimait tant lui donna cette fois l’impression ironique que quoi qu’il fasse, elle lui glisserait entre les doigts et que sa prise était toute relative. Et il était temps de lâcher prise, se dit-il. Il fallait se rendre à l’évidence que leur relation ne fonctionnait plus, parce qu’elle le croyait capable de ce qu’il honnissait le plus au monde, et qu’il ne la pensait pas assez forte pour l’épauler dans tous ses problèmes.

Doucement, il relâcha sa tête à contre-cœur, mais son regard resta planté dans le sien tandis que la jeune femme s’acharnait à salir ce qu’il avait toujours envisagé comme leur avenir. Wyatt s’était figuré le jour où elle lui raconterait son enfance de dizaines de manières différentes. Un murmure dans ses bras, au milieu de la nuit après s’être repus l’un de l’autre. De manière presque anecdotique, autour de la table du petit déjeuner, un dimanche matin avant l’office qu’elle ne manquait jamais. Lors d’une soirée spéciale pour elle, ou pour lui, ou pour eux... Quelle qu’ait été la mise en scène choisie, il savait que ce serait parfait, et qu’une fois fait gardien de son passé, il ne pourrait plus jamais se séparer d’elle. Ce qu’il n’imaginait pas en revanche, c’était de faire de son histoire un moyen de la dénigrer comme elle le laissait entendre à présent. Elle n’était pas l’une de ces demoiselles en détresses pour lesquelles il avait un faible, comme Grace, ou même Ruby dans une certaine mesure. Il n’avait pas pitié de Charlie. N’avait jamais eu pitié d’elle. Et n’aurait très certainement plus jamais pitié d’elle. Il n’avait jamais voulu qu’elle soit quelqu’un de meilleur pour un autre. Il ne voulait pas la soigner. Il voulait la garder. Il voulait tout connaître d’elle pour embrasser tout ce qu’elle était, et tout ce qu’elle serait. Il avait cru l’aimer pour ses défauts autant que pour ses qualités. Il avait pensé que sa patience et sa sincérité finiraient par payer, et qu’elle verrait que les bribes de son enfance qu’il lui avait confiées n’avait jamais été pour personne d’autre. Qu’elle était spéciale. Et qu’il ne désirait rien de plus que d’être aussi spécial pour elle.

Les coins de sa bouche se durcirent en voyant les premières larmes déborder de ses yeux fous tandis qu’elle osait encore prétendre lui avoir fait confiance. Il avait horreur de la voir comme ça. Son visage déformé par la haine, le dégoût et la tristesse, ses paroles criées à s’en casser la voix, elle se donnait en spectacle, mais pour qui ? Et pourquoi continuer à lui mentir ? Pourquoi impliquer Ruby ? Incapable de comprendre ce qu’elle essayait de lui dire à propos de sa camarade de chant, Wyatt resta à la fixer, immobile, l’air abattu. Il ne parvenait pas à saisir d’où lui venait cette obsession pour sa partenaire. Il était tout simplement impossible que Charlie ait raison. Ils jouaient un jeu sur scène, rien de plus. Leur premier rendez-vous sur un malentendu était l’une des nombreuses preuves qu’il n’y aurait jamais rien que de l’amitié entre eux. Une amitié dont il n’avait d’ailleurs pas toujours pris suffisamment soin. Et peut-être qu’il n’avait pas mentionné le nom de Charlie dans toutes ses conversations, mais il n’était pas stupide au point de bavasser sur sa relation avec sa petite amie alors qu’il s’efforçait d’améliorer l’alchimie de couple qui existait avec la voluptueuse brunette. La Second Chances semblait arriver au bout de son argumentaire insensé, l’accusant de l’avoir trompée sans jamais avoir couché avec personne, de l’avoir trahie en osant avoir de bonnes relations avec une membre de sa chorale, et Wyatt savait que l’alcool était en grande partie de ses discours décousus, mais il n’oublierait pas un mot qu’elle venait de lui cracher au visage.

Prenant garde de continuer à parler sur le même ton suave et bas, le gynécologue laissa ses bras ballants le long de son corps sans pour autant se résigner à reculer malgré les demandes pressantes de la jeune femme. «Oh c’est moi qui t’ai trahie ?» demanda-t-il narquoisement en plissant ses yeux. «En ne couchant pas avec une amie ? Ou bien était-ce en espérant que mes sentiments soient réciproques ?» Croisant les bras sur sa poitrine, il porta une main à sa bouche et tapota ses lèvres avec son index en faisant mine de réfléchir. «Ah oui c’est vrai, tu n’y as jamais cru. Tu préfères penser que j’avais un an de ma putain de vie à perdre en jouant à te faire croire que je t’aime pour essayer de réparer Dieu sait quoi chez toi. Sans oublier de me constituer un harem à côté, pour faire bonne mesure.» Ses bras se déplièrent à nouveau pour retomber, verticaux, ses épaules droites et tendues, son regard brûlant de haine braqué sur la jeune femme. «Et tu étais tellement sûre que ça ne marcherait pas entre nous que tu n’as jamais écouté une seule des choses que je t’ai dites. Des choses que je n’ai dites qu’à toi, parce que je pensais que tu tenais à moi, ou que tu me comprenais. Mais tu vois, je n’ai même pas à regretter d’avoir partagé ça avec toi puisque tu n’en as rien retenu.» Sa voix glaciale et tranchante à peine plus forte qu’un murmure résonnait pourtant de manière incisive à ses oreilles. «Alors quoi d’autre ?» exhorta-t-il Charlie en arquant un sourcil. «Qu’est-ce qu’il y a d’autre à regretter ?» Replaçant ses mains sur la paroi du mur des deux côtés de la tête de Charlie, Wyatt se pencha à nouveau vers elle. «Tu ne voudrais pas me larguer sans me laisser quelques regrets pas vrai ?»
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MessageSujet: Re: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyMer 30 Oct - 17:34

Les larmes affluaient devant ses yeux, barbouillant son visage de mascara, déposant sur ses lèvres un goût salé. Elle parvenait à peine à discerner le visage de Wyatt tant elle était aveuglée par ce torrent ininterrompu qu’elle ne parvenait pas à contrôler. Elle avait l’impression qu’elle ne pourrait jamais s’arrêter de pleurer, que ses épaules seraient à jamais secouées de sanglots, que le poids qui pesait sur sa poitrine ne la quitterait plus. Comment pouvait-elle encore prétendre être entière alors qu’elle avait l’impression d’être brisée de toutes parts ? Elle n’avait plus la moindre force en elle ; le seul fait de respirer lui était difficile. Son cœur était réduit en miettes, son cerveau était troublé par l’alcool, son corps tout entier l’abandonnait peu à peu. Et cette question, qui flottait toujours dans son esprit assombri, ce simple mot, qui résumait sa situation. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que l’histoire se répète à nouveau ? Pourquoi ne pouvait-elle tout simplement pas être heureuse, comme la plupart de ses amies ? Pourquoi les choses devaient-elles toujours se compliquer pour elle alors que tout ce qu’elle avait toujours recherché était un peu de bonheur ? Un bonheur qui lui filait entre les doigts à chaque fois et qui avait une fâcheuse tendance à la narguer, l’attirant à travers ses filets pour mieux l’en éjecter par la suite. Qu’avait-elle fait pour mériter tout ceci ? D’accord, elle avait un caractère difficile et tout un tas de défauts, mais qui pouvait se vanter d’être parfait ? Personne ne l’était. Même son père, qu’elle avait toujours considéré comme son héros, ne l’avait pas été. S’il avait été parfait, alors jamais il ne les aurait abandonnés. Jamais il ne serait reparti à la guerre, en laissant derrière lui une épouse, une fillette et un garçon qui n’avait même jamais eu la chance de le connaitre.

Car quoi qu’il arrive, tout finissait toujours par revenir à Charlie Watson dans la vie de la jeune femme. C’était le point de départ de toutes ses souffrances, celui qui avait déterminé son tempérament et qui avait forgé ses craintes. Parfois, il lui arrivait d’être si en colère vis-à-vis de son père, de se demander comment il avait pu se montrer aussi égoïste envers sa propre famille. Car risquer sa vie à la guerre était à la fois une marque d’héroïsme et de profonde lâcheté. Il était parti tout en sachant qu’il pouvait mourir du jour au lendemain, qu’il pouvait laisser derrière lui deux orphelins qui n’auraient plus que leur mère pour les élever. Deux orphelins qui seraient à tout jamais marqués par cette disparition soudaine. Seize ans plus tard, Charlie ne s’était toujours pas remise de la mort de son père et c’était sans doute pour cette raison qu’elle avait tant de difficultés à se confier à Wyatt, à lui raconter son histoire. Elle lui avait pourtant accordé sa confiance : en dépit de tout ce qu’il pouvait bien penser, avant que cette histoire avec Ruby ne vienne la déstabiliser, elle avait eu confiance en lui. Et néanmoins, elle n’avait jamais réussi à trouver le courage de se mettre à nu et de lui dévoiler tous ses secrets. Au fil des mois, ces secrets avaient érigé une barrière invisible entre eux et elle ne pouvait que s’en prendre à elle-même si tout volait en éclats à présent. Elle était responsable de ce gâchis, de tout cet amour perdu. Car si lui avait trahi sa confiance en s’affichant un peu trop avec sa camarade de chorale, elle avait trahi la sienne en se renfermant progressivement sur elle-même, incapable de se dévoiler comme lui l’avait fait et préférant se taire plutôt que de laisser paraitre ses faiblesses et ses doutes. Et au fond, c'était sans doute le poids de sa propre culpabilité qui était le plus difficile à supporter.

Incapable de supporter plus longtemps la vue du gynécologue, qu'elle entrapercevait pourtant à peine derrière le rideau de larmes qui lui voilait le regard, elle riva les yeux au sol. Cette situation l'épuisait -tout l'épuisait. Elle était lasse de se disputer, d'hurler à s'en casser la voix. Tout semblait désormais perdu, alors à quoi bon se battre ? A quoi bon, alors que c'était déjà terminé. Elle l'avait vu dans son regard. Ce cocktail de rage, de déception, de tristesse. Elle avait bien vu à quel point elle lui inspirait l'horreur ; il ne l'avait jamais regardée ainsi. Malgré les gestes qu'il avait eus envers elle, elle était persuadée qu'il n'attendait plus qu'une seule chose : qu'elle scelle leur destin, qu'elle mette un terme à leur relation. Et pourtant, en dépit de tous ces sentiments contradictoires qu'elle ressentait, elle ne voulait pas faire une croix définitive sur eux. C'était une responsabilité qu'elle ne pouvait pas assumer. Non pas parce qu'elle l'aimait toujours, non pas parce qu'elle pensait pouvoir trouver une autre alternative, mais parce qu'elle était lâche.

Relevant graduellement son regard pour fixer un point invisible derrière le rouquin, elle entendit plus qu'elle n'écouta les paroles qu'il lui crachait en plein visage. Mais sa détermination à demeurer totalement impassible ne dura pas plus d'une minute à peine, les soupçons de Wyatt à propos de ses sentiments réveillant la flamme dans son regard. Se frottant les yeux du revers de sa main droite, elle planta son regard sombre dans le sien et ses sanglots s'arrêtèrent aussitôt. « J'y croyais, et c'est bien ça le problème ! » Gronda-t-elle. « Tu peux me reprocher tout ce que tu veux, mais pas ça. Je t'ai écouté, et même là, avec un litre d'alcool dans le sang, je me souviens de tout. De tout ! ». Le souffle court, Charlie s'interrompit et inspira une grande bouffée d'air. Elle sentait son cœur rebondir sous sa poitrine, le sentait vibrer sous sa peau. Son rythme cardiaque s'envolait à l'image de ses pensées, qu'elle ne parvenait plus à organiser. Tout n'était plus que chaos. Le silence qui les entourait contrastait avec les bruits sourds qui s'échappaient du bâtiment contre lequel elle était appuyée. La chaleur de son corps tranchait avec la température étonnamment basse de cette fin d'octobre. Plus rien n'avait véritablement de sens, sinon le trouble qui la guettait depuis le début de cette soirée et qui avait fini par la dévorer toute entière.

Secouant la tête avec un peu trop d'enthousiasme -comme si un tel geste lui permettrait d'effacer l'obscurité dans laquelle était plongé depuis trop longtemps son esprit- elle ne réussit qu'à en avoir le vertige et dut se rattraper au mur derrière elle pour ne pas vaciller dans le vide. La silhouette de Wyatt se fit floue et elle cligna des yeux à plusieurs reprises. Lorsqu'enfin le nuage se dissipa devant ses yeux, elle vit qu'il avait posé ses deux mains sur le mur, de chaque côté de son visage, et soupira. Elle s'apprêta à répliquer, lorsqu'il prononça le mot "larguer" qui la fit stopper net. Cela devenait réel. Trop réel. Se mordillant la langue suffisamment fort pour réveiller tous ses sens, elle plongea son regard dans celui de Wyatt, un regard empli d'appréhension et d'horreur. Et puis tout aussi soudainement, elle ferma les yeux et ses traits se durcirent. « N'essaye pas de changer de sujet » Fit-elle à voix basse. Rouvrant les yeux, elle fronça les sourcils en constatant à quel point le visage de Wyatt était proche du sien. Ses grands yeux verts teintés d'amertume et de colère la scrutaient et elle se figea une seconde devant ce regard, qui lui rappelait tant de souvenirs.

Oubliant soudainement comment respirer, elle posa son regard sur son nez droit, puis sa bouche, son menton, pour ensuite revenir à ses lèvres. Elle se souvenait à quel point il lui était difficile au début de se concentrer lorsqu'il s'adressait à elle tant elle était obnubilée par ces lèvres pleines qui l'hypnotisaient. Elle se rappelait toutes ces fois où elle l'avait coupé au beau milieu d'un discours pour s'emparer de sa bouche. Ses lèvres qui couraient le long de sa nuque, qui embrassaient la moindre parcelle de sa peau, qui la faisaient frissonner de plaisir... Elle cligna des yeux et soudain, ses mains étaient posées sur les joues du gynécologue. Ses sourcils se soulevèrent un instant et emportée par son élan, elle approcha son visage du sien, portée par tous les souvenirs qui refaisaient surface et qui l'empêchaient d'y voir clair. Et puis, l'illusion se brouilla et sa respiration reprit, soulevant sa poitrine au même moment où elle écartait son visage. Ses bras retombèrent le long de son corps et son regard quitta sa bouche pour se planter dans le sien. « N'essaye pas de changer de sujet » Répéta-t-elle, avec plus de conviction cette fois. « Pourquoi tu ne lui as rien dit ? Pourquoi tu l’as laissée croire qu’elle pouvait t’avoir ? » Demanda-t-elle d'une voix calme, presque implorante. « Et Grace ? Je t'avais pourtant mis en garde. Je t'avais dit ce qui s'était passé à l'église, et tu l'as quand même laissée venir vers toi. Alors pourquoi ? ». Ses larmes menaçaient à nouveau de couler, mais elle tint bon. « Dis-moi pourquoi, et ensuite je te laisserai tranquille. Tu seras libre de les rejoindre si tu veux. Qu'importe. Je te laisserai tranquille ».
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MessageSujet: Re: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyMar 19 Nov - 13:11

Jamais il n’avait ressenti un tel déchirement. C’était comme si chaque parole, chaque geste, chaque bouffée d’air qu’elle inspirait lui comprimait la poitrine à en faire exploser ses poumons. Mais ce qui lui faisait le plus mal, c’était de constater qu’il était trop tard pour faire demi-tour, et que malgré ses apparences placides, le simple fait de voir Charlie dans cet état, titubant sous l’effet de l’alcool, son beau visage baigné de larmes, suffisait pour le défaire complètement. Il essayait de se convaincre qu’il n’avait plus à se soucier d’elle, qu’elle ne voulait pas de lui, et encore moins de son aide, qu’il était livide de rage après avoir entendu ses remarques, mais c’était plus fort que lui. Il aurait voulu essuyer les coulées de son maquillage, sécher ses larmes et l’engouffrer dans ses bras pour la protéger des regards inquisiteurs des passants. Seulement il avait perdu ce droit, et elle ce privilège. Elle avait beau tenter de le faire passer pour un monstre qui avait joué avec ses sentiments et ceux de la moitié de la ville, il connaissait mieux que quiconque sa vraie valeur. Il était Wyatt Pillsbury. Il croyait fermement en une fidélité stricte au sein d’un couple. Il était un ami dévoué, un médecin compétent, et il n’avait de comptes à rendre à personne. Peut-être que sa morale professionnelle pêchait ces derniers temps, et qu’il n’aurait jamais imaginé revendre des ordonnances d’opiacés, mais il le faisait pour sauver sa clinique. Il n’avait pas voulu la soigner de ses démons. Il ne jouait pas à Dieu. Il avait tenté de la protéger du monde extérieur, de partager sa charge tout en prévenant de nouveaux coups durs, mais de toute évidence, il s’y était mal pris. Pire encore, il en avait oublié de se protéger lui-même et payait à présent ses erreurs au prix fort, et c’était son cœur qui était sur la ligne de tir.

Malgré sa colère dévastatrice, nourrie par cette douleur insupportable dont elle était la cause, une toute petite partie de lui-même voulait encore croire au malentendu, et il ne pouvait qu’essayer de le dissimuler derrière toujours plus de froideur. Comment pouvait-il vraiment regretter d’avoir tout partagé avec la jeune femme qui avait partagé sa vie tout ce temps alors qu’elle n’avait jamais trahi le moindre signe de jugement ? Jamais elle ne s’était moquée de son enfance, de ses croyances, de ses tracas. Ou rien qu’une fois, quand elle l’avait accusé de tromperie la première fois. Mais c’était la jalousie qui parlait. Et pour être jalouse à ce point, elle devait bien tenir à lui, non ? Il voulait la croire lorsqu’elle jurait se rappeler de tout ce qu’il lui avait confié. Il voulait tellement la croire. Pour lui, il n’y avait rien à regretter dans leur relation. Elle avait été parfaite dans toute son imperfection. Leur première rencontre au cabinet, où il apprenait qu’elle était encore vierge avant qu’elle ne s’enfuie en courant, littéralement. Le quiproquo au réveillon où il l’avait prise pour Lexie. Leurs différences d’âge, d’intérêts, de fréquentations. Il s’était délecté de leur complémentarité, s’était laissé aller à croire que le destin y était peut-être pour quelque chose dans leur histoire. Quelle ramassis de conneries. Tout ce qu’il y avait vraiment à voir c’était que Charlie n’était pas prête à passer à la vitesse supérieure avec lui, et qu’elle préférait tout détruire plutôt que de l’admettre. Elle avait pris peur en constatant que la réalité divergeait de l’idée qu’elle s’en était faite, et qu’au moment même où il était sorti de son rôle de chevalier servant pour s’occuper de ses propres soucis elle avait fait volte-face. Il n’avait plus la force de se battre seul. Si elle n’avait pas envie de sauver leur couple, eh bien tant pis. N’était-ce pas précisément ce qu’elle voulait lui faire comprendre ? Il n’y avait rien à sauver. Elle n’avait plus envie de lui, et il n’existait pas de remède miracle pour cela.

Se rapprochant d’un pas, ses coudes plièrent pour ne plus laisser que quelques centimètres entre eux, et dans le silence il prit le temps d’observer une dernière fois son visage pour ancrer dans son esprit ses traits tels qu’ils seraient au moment où tout serait fini. Il n’avait jamais vécu de rupture douloureuse. Ou de véritable rupture, d’ailleurs. Ses quelques vraies relations s’étaient toujours terminées d’un commun accord, autour d’un bon dîner, ils se quittaient bons amis et promettaient de se revoir si l’occasion se présentait. Mais s’imaginer que ces simulacres de relations qu’il avait eues avant Charlie avaient eu quoi que ce soit de vrai était illusoire. Il n’avait jamais vraiment aimé avec de la rencontrer. Il n’avait jamais osé se donner à une autre avant. Il était impossible que quelque chose d’aussi fort puisse se terminer platement avec un sourire contrit et une poignée de main. Il n’y avait pas de bonne manière de se séparer de la femme de sa vie, mais de tous les scénarios possibles, ils avaient choisi le pire. Celui qui entachait ce qu’ils avaient partagé, qui remettait tout en cause. Le plus violent et le plus hideux, à la vue de tous. Celui auquel il ne pourrait pas échapper une fois qu’il tournerait les talons. Or il ne voulait pas être hanté par son visage souriant, par tous les bons souvenirs qu’ils avaient partagés, son odeur sucrée, le son de son rire, de sa guitare, de sa voix. Il devait faire de son mieux pour mémoriser Charlie à cet instant précis, dévisagée par la colère et la rancœur, l’haleine chargée en rhum, déterminée à lui faire croire que tout était de sa faute pour masquer sa propre lâcheté. Mais même au plus bas, elle était toujours sa Charlie, et il était persuadé de deviner la vérité au fond de ses yeux tristes.

Le gynécologue sursauta presque lorsqu’il sentit les mains de la choriste se poser sur son visage, comme s’il s’était attendu à une gifle, ou à des griffures, n’importe quoi mais pas ça. Tout ce qu’il ressentait c’était la chaleur de ses paumes sur ses joues contre lesquelles il avait envie de se blottir, et il ferma les yeux, incapable de résister à la tendresse de ce geste sans doute inconscient que la jeune femme réprima aussitôt. Ses yeux verts retrouvèrent les siens et cette fois il ne parvenait plus à masquer la peine qui y brillait en l’écoutant répéter sans cesse les mêmes non-sens. Il prit une profonde inspiration par le nez, secoua doucement la tête et se redressa, retirant ses mains du mur. «Je ne change pas de sujet Charlie.» répondit-il presque résigné. Il ne cherchait plus à lui faire mal, ou à se montrer froid, tout ça n’avait plus d’importance. «C’est toujours le même sujet. Encore et toujours. Tu vas m’accuser de t’avoir trompée, et je vais te dire qu’il n’y a jamais eu que toi, et tu ne me croiras pas, alors à quoi bon ?» Doucement, il leva sa main vers le visage de la jeune femme et cette fois ne résista pas à l’envie d’essuyer une larme qui se frayait encore un chemin sur sa joue avec la pulpe de son pouce. «C’est fini.» déclara-t-il de manière implacable, son poing gauche se contractant malgré lui le long de son corps. Son regard planté dans le sien, il caressa une dernière fois ses traits du bout des doigts, fit glisser ses phalanges dans ses mèches brunes pour les réarranger derrière son épaule, et laissa retomber sa main morte. «C’est ce que tu voulais, non ? Tu as déjà toutes les réponses que tu voulais entendre, tu ne t’intéresses pas vraiment à ce que j’ai à dire. Reste persuadée que c’est moi qui t’ai trahie si ça te fait du bien. Tu es libre ! Tu as gagné, tout est de ma faute. C’est moi qui le dirai en premier.» Ses épaules se soulevèrent d’un faux éclat de rire et il tourna un instant la tête pour ajouter pour lui-même. «C’est toujours moi qui dis les choses en premier on dirait...» Passant la main sur sa bouche, il se redressa pour toiser la choriste en reculant d’un pas. «C’est fini Charlie.»


Dernière édition par Wyatt Pillsbury le Dim 1 Déc - 0:11, édité 1 fois
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Charlie Pillsbury
Charlie Pillsbury
GANGSTA CHARLIE ► Whatever happens tomorrow, we had today.
Age : 25 ans.
Occupation : Assistante de Cassie chez les SC & Rédactrice.
Humeur : Angoissée.
Statut : Épouse de Wyatt Pillsbury.
Etoiles : 1621

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Chanson préférée du moment : Coldplay ─ Charlie Brown
Glee club favori : Second Chances
Vos relations:
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MessageSujet: Re: 02. Broken trust and broken hearts.   02. Broken trust and broken hearts. EmptyMer 20 Nov - 10:58

C'était fini. Terminé. Il avait dit son dernier mot. Il ne voulait plus d'elle. Un poids s'enfonça dans son ventre et brisa tout ce qui se trouvait à proximité. Elle eut le sentiment que la tempête qui faisait rage sous sa peau avait atteint son point culminant, que son corps l'abandonnait pour de bon. Son cœur se déchira, ses muscles se relâchèrent et soudain, elle n'était plus qu'une vulgaire poupée inanimée. Sans cœur. Sans âme. Sans rien. C'était tout juste si elle parvenait encore à respirer après ces mots qui lui avaient fait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Figée, le regard plongé dans le sien, aussi dur que de la pierre, elle sut que cette fois c'était vraiment terminé. Qu'importent les mots qu'il avait prononcés avant cette déclaration, car cette dernière était tout ce qu'elle était capable de retenir. « C'est fini Charlie ». Fini. Comme si tout ce qu'ils avaient partagé au cours de ces derniers mois ne voulait rien dire, comme s'il était facile de les balayer d'un revers de la main, comme ça, en trois mois, en cinq syllabes. Comme si ces mois ne comptaient pas, que leur amour n'avait été qu'une illusion. Son illusion, ou leur illusion ? Au fond, Charlie voulait toujours croire à la réciprocité de leur amour, à des sentiments forts et partagés. Seulement, comment s'en convaincre après tout ce qui s'était passé ce soir-là ? Comment pouvait-elle encore espérer après ce qu'elle avait vu, sur la scène du piano-bar. Il n'y avait pourtant pas la moindre ambigüité possible et ce en dépit de tout ce que le rouquin s'était évertué à lui dire ces dernières minutes. Elle l'avait vu de ses propres yeux. Vu s'amuser avec Ruby Caldwell, jouer les tombeurs avec Grace Hamilton. Jamais il n'avait fait mention de ce trio pour la préparer à cette déception. Il ne lui avait même jamais raconté comment il avait fait la rencontre de la fille du pasteur ; la dernière fois que son nom avait été prononcé dans une conversation remontait à plusieurs mois, quand la jalousie de Charlie avait explosé dans le salon de l'appartement et qu'elle lui avait confié ce qui s'était passé à l'église un dimanche matin. Elle s'était laissée bêtement aveugler par l'amour. Elle avait cru que lorsqu'il n'était pas à l'appartement, il s'affairait à la clinique ou dans son cabinet de gynécologie. Quelle naïveté. De toute évidence, s'il avait eu très peu de temps à lui accorder depuis la rentrée, il en avait eu suffisamment pour rencontrer Grace et organiser ce trio maléfique avec les deux grandes ennemies de Charlie. Et il savait. Il savait à quel point elle les détestait, à quel point elle se sentait menacée par ces deux belles femmes. Il savait forcément qu'elle exploserait après les avoir vu sur scène, et pourtant il n'avait rien fait pour la prévenir, pour rendre sa déception moins amère. Il s'était contenté d'agir, sans se figurer que les conséquences seraient désastreuses. Peut-être même qu'au fond, tout ceci avait été planifié. Elle ne savait plus. N'y comprenait plus rien.

C'était fini. Et il était désormais trop tard pour faire marche arrière, pour rembobiner la cassette et revenir au début de leur histoire, de leurs premières découvertes. C'était fini. Il s'éloignait déjà d'elle : elle le voyait à son regard qui la toisait, à la distance qu'il mettait entre eux. Elle demeurait muette, et pourtant elle aurait voulu lui crier que ça ne pouvait pas être fini, qu'il n'avait pas le droit de mettre un terme à leur relation en prononçant trois pauvres mots qui ne faisaient pas sens pour elle. Ca ne pouvait pas être fini. Comment ça aurait pu l'être, alors qu'elle l'aimait autant ? Alors qu'elle ne pouvait pas concevoir une vie sans lui ? Tout son être hurlait au désespoir. Elle voulait le prendre par les épaules et le secouer, le frapper pour lui faire ressentir le mal qu'elle-même ressentait, lui hurler qu'il était un monstre, un monstre dénué de sentiments, un monstre qu'elle aurait dû détester mais qu'elle ne pouvait s'empêcher d'aimer. Elle voulait prendre ses jambes à son cou et le laisser là, afin de ne plus jamais croiser son regard et ne plus jamais être confrontée au désir et à l'amour qu'elle lui portait. Mais pour aller où ? Elle n'avait nulle part où aller. Elle avait vendu sa maison, ne voulait pas aller pleurer dans les jupons de sa mère et Ecaterina habitait trop loin. Elle s'était disputée avec son meilleur ami, était en froid avec Cassandra. Elle avait tout raté. Absolument tout.

Et c'était fini. La seule chose qui aurait pu encore la sauver était celle qui la tuait. Figée, elle n'esquissa pas le moindre geste de peur de s'effondrer. Lorsqu'il recula d'un pas, elle ne le retint pas. Que pouvait-elle dire pour sa défense ? Il ne changerait pas d'avis, alors à quoi bon se battre et épuiser le peu d'énergie qu'elle possédait encore ? Ce serait inutile. Son regard accrochant toujours le sien, elle le scruta une dernière fois, imprégnant cette image dans son esprit trouble. C'était la dernière fois. La pire des dernières fois.


Et puis, le chaos.

Les sirènes des voitures de police brisèrent l'intimité du moment, et Wyatt se détourna d'elle. Le vacarme remplaça le silence et Charlie se laissa glisser le long du mur, impuissante. Entourant ses genoux de ses bras fébriles, elle les ramena contre son front et se balança d'avant en arrière.
Quelques minutes plus tard, elle prit son portable et envoya un message de détresse à Ecaterina. « Aide-moi, Cat »



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