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 03. We've got a bumpy ride ahead of us.

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MessageSujet: 03. We've got a bumpy ride ahead of us.   03. We've got a bumpy ride ahead of us. EmptyDim 24 Nov - 15:44



Noël approchait à grands pas. C'était probablement la période de l'année que Emma préférait. Toutes ces lumières, ces décorations, cet esprit de don et de partage qui imprégnaient la ville de Lima semblaient avoir cette capacité étrange de lui rendre son âme d'enfant. À la seule écoute des chants de noël de chorales improvisées sur le pas des maisons, des musiques apaisantes et typiques qui s'échappaient des haut-parleurs des magasins et radios diverses, Emma se sentait d'humeur rêveuse... La seule chose qui la contrariait était la cohue certaine dans les boutiques, le flux ininterrompu de personnes toutes plus pressées les unes que les autres qui se bousculaient à l'entrée du centre commercial dans l'espoir de trouver en stock LE jouet que leurs enfants réclamaient avec tant d'insistance. D'ailleurs, Emma ne s'était pas encore occupée des cadeaux de Emily... ce qui voulait dire qu'elle allait devoir affronter la foule. Plus elle attendrait, plus le flot serait dense. Seulement, elle repoussait l'échéance au prétexte d'un manque de temps certain -ce qui n'était pas totalement faux- ou en espérant qu'un jour miraculeux le centre commercial serait quasiment désert. Pour ça, déjà, il faudrait qu'elle s'y prenne un jour de semaine, de préférence en soirée, en évitant les lundis et vendredis. C'était tout un plan stratégique à mettre en place. Il faudrait qu'elle range la liste par ordre des boutiques pour aller et venir le plus efficacement possible dans les magasins. Heureusement qu'en période hivernale le centre commercial restait ouvert un peu plus longtemps: la plupart des personnes rechignait à faire des achats jusqu'à 21 heures, ce qui lui laisserait un peu de marge, un soir où elle parviendrait à sortir de la LPA un peu plus tôt.

Ce fameux soir, il n'était pas pour tout de suite. En effet, qui disait décembre disait grand froid, fêtes de famille, et donc solitude pour ceux qui n'avaient pas la chance d'avoir un toit où trouver chaleur humaine ou chaleur tout court. De fait, l'association était loin de chômer. Les demandes se succédaient, de plus en plus de personnes faisaient appelle aux bénévoles pour les aider. Emma devrait donc s'organiser plus efficacement que jamais pour trouver le temps de tout faire... D'autant qu'en plus des courses de noël, elle avait d'autres projets. Enfin, ça, c'était une autre histoire.

Au volant de sa voiture, la rouquine pensait que sa soirée serait ordinaire. Elle ressemblerait à n'importe quelle soirée de décembre. Elle finirait de conduire, laissant la radio allumée en guise de léger bruit de fond, rentrerait chez elle, ravie de retrouver la chaleur d'un foyer, qui contrastait nettement avec le givre du dehors, irait souhaiter une bonne nuit à sa fille même si elle serait sûrement déjà endormie à cette heure, et boirait une tasse de thé pour se réchauffer. Ses plans changèrent rapidement. En effet, à peine arrivait-elle du côté du centre ville qu'elle reconnut l'introduction de Welcome Christmas à la radio. Cette dernière, abandonnant son rôle de bruit d'ambiance, prit plus d'ampleur dans l'habitacle alors que Emma tournait le bouton du volume vers la droite. Sourire aux lèvres, miss Pillsbury commença à légèrement bouger la tête de droite à gauche en rythme, et ne put bientôt s'empêcher de chantonner distraitement. Elle ne connaissait que vaguement les paroles, et entreprit sans réellement s'en rendre compte de fredonner l'air plutôt que de suivre la musique de manière très académique. L'important était surtout de rester concentrée sur la route, malgré le léger son qui émanait de ses lèvres fines.

D'ailleurs, après un ou deux kilomètres roulés, la rouquine aperçut une silhouette sur le bas côté. Elle était située sur le trottoir qui longeait le bar karaoké, et tenait devant elle son bras tendu qui se terminait en un pouce levé. Du stop. Il commençait à faire sincèrement froid, et à cette heure-ci, il était possible que la personne en question ne trouve plus grand monde pour la raccompagner. Aussi Emma envisagea de se porter volontaire, puisqu'elle avait beaucoup de place. Restait à vérifier un léger détail; à la lueur de ses phares, la conductrice put noter que c'était bien une femme, quoi qu'il lui semblait alors ne pas la connaître. Un peu craintive, elle hésita un tantinet avant de ne mettre son clignotant. La fille en question n'avait pas l'air bien méchante, quoi qu'on ne pouvait pas juger un livre à sa couverture, et finalement la conseillère d'orientation se décida à éteindre la radio pour s'arrêter près du trottoir. Elle laissa la jeune fille entrer, étant donné que, où qu'elle aille, elle pourrait au moins l'avancer sur les quelques kilomètres de ligne droite qui les séparaient de la prochaine intersection.

La portière avant droite claqua, le froid s'engouffra quelques secondes dans l'habitacle, et ce fut le choc. Le visage tourné vers l'auto-stoppeuse, Emma ouvrit de grands yeux totalement paniqués. Non, non, non, ce n'était pas prévu! Charlie Watson-Brown. Décidément, elle devait avoir la "poisse", un karma minable, une dette envers le Seigneur, ou quelque chose comme ça. Grace n'avait pas dû allumer assez de cierges pour sa personne depuis qu'elle lui avait dit qu'elle ne cautionnait pas sa fausse union avec son petit frère. Ce devait être ça. « Charlie? » Depuis la séparation de Wyatt et la jeune femme, Emma s'était appliquée à l'éviter du mieux qu'elle pouvait. De ce que lui avait raconter son petit frère, la rouquine avait l'impression que miss Watson-Brown avait joué avec les sentiments de son petit ami -parce que, évidemment, elle n'avait qu'un son de cloche, que elle-même avait amplifié de par sa bienveillance à l'égard de Wyatt. Ainsi, un "je ne comprends pas pourquoi on s'est séparé" s'était transformé en "je n'ai rien fait de mal", et donc, dans l'esprit d'Emma, c'était plus ou moins de la faute de Charlie. Elle ne voulait surtout pas s'en mêler, ce n'était pas ses affaires. Elle serait là pour consoler son frère, répondrait toujours présente, mais même si elle était si affectée par sa détresse sentimentale qu'elle voulait absolument croire que Charlie en était responsable -c'était plus commode-, elle n'avait aucune intention de se confronter à la jeune femme. Peut-être qu'au fond elle savait qu'en lui parlant elle réaliserait que tout n'était pas si simple, qu'elle n'était pas totalement responsable de leur rupture, ce qui serait plus compliqué à gérer. Mieux valait donc ne pas le savoir. Ne pas s'en mêler. Elle était déçue que Charlie ne puisse plus être sa "belle-sœur", mais elle n'avait pas été assez proche d'elle pour se permettre d'intervenir. Mieux valait donc la tenir pour responsable secrètement que de devoir se confronter à elle. « Je ne t'avais pas reconnue... » Sinon je t'aurais laissée mourir de froid en faisant du stop? Peut-être pas, quand même. Non définitivement, même si elle l'avait reconnue, elle se serait arrêtée. Elle se serait juste un peu plus préparée à la gêne certaine qui la touchait désormais. « Tu... hum... tu vas où? »
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Charlie Pillsbury
Charlie Pillsbury
GANGSTA CHARLIE ► Whatever happens tomorrow, we had today.
Age : 25 ans.
Occupation : Assistante de Cassie chez les SC & Rédactrice.
Humeur : Angoissée.
Statut : Épouse de Wyatt Pillsbury.
Etoiles : 1621

Piece of Me
Chanson préférée du moment : Coldplay ─ Charlie Brown
Glee club favori : Second Chances
Vos relations:
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MessageSujet: Re: 03. We've got a bumpy ride ahead of us.   03. We've got a bumpy ride ahead of us. EmptyLun 25 Nov - 18:14

Eblouie par la lumière des projecteurs dirigés vers elle, Charlie plissa légèrement les yeux, mal à l'aise. La plupart des regards étaient rivés sur elle et elle eut l'impression désagréable de monter sur scène pour la toute première fois. Le trac se propageait en elle comme un poison, accélérant son rythme cardiaque, faisant trembloter ses doigts contre les cordes, lui arrachant plusieurs grimaces. Elle n'avait aucune envie d'être là, en face de tout ce monde, mais il était désormais trop tard pour faire marche arrière ; elle avait accepté d'interpréter une chanson sur scène pour promouvoir sa chorale et tentait malgré tout d'y mettre du sien même si le cœur n'y était pas. Les Second Chances était à présent tout ce qui lui restait et si elle voulait mener sa chorale à la victoire et permettre à ses camarades de prendre leur revanche sur l'année précédente, elle devait redoubler d'efforts et convaincre les habitants de Lima de les rejoindre. Et quoi de mieux que de le faire en chanson ? C'était du moins la meilleure alternative qu'elle avait su trouver. S'éclaircissant doucement la voix, elle jeta un coup d'œil à un technicien installé derrière la scène et lorsqu'il tendit son pouce dans sa direction pour lui  dire qu'ils étaient prêts, ses doigts retrouvèrent instinctivement les cordes de la guitare. Les premières notes retentirent dans le bar et peu à peu, les murmures s'effacèrent.

« It's coming on Christmas, they're cutting down trees, they're putting up reindeer, singing songs of joy and peace. Oh, I wish I had a river I could skate away on ». La jeune femme fixa un point au loin, absorbée par les paroles de la chanson. Elle avait dû en choisir une en rapport avec la période, et si la perspective des fêtes de fin d'année lui donnait la nausée, elle était néanmoins parvenue à trouver une chanson qui fasse écho à ses propres sentiments. « But it don't snow here, it stays pretty green, I'm going to make a lot of money and then I'm gonna quit this crazy scene. Oh, I wish I had a river I could skate away on... I wish I had a river so long. I would teach my feet to fly... Oh, I wish I had a river I could skate away on, I made my baby cry... ». La salle était à présent parfaitement calme, seule la voix de la jeune femme perçant doucement le silence ambiant. Pourtant, si elle pouvait toujours sentir le poids des regards sur elle, elle parvenait désormais à faire fi du public et à oublier l'endroit dans lequel elle se trouvait.

«He tried hard to help me, you know, he put me at ease and he loved me so naughty, made me weak in the knees. Oh, I wish I had a river I could skate away on... ». Sentant les larmes se former sous son regard clair, elle cligna légèrement des yeux, veillant à bien respirer pour ne pas laisser les émotions reprendre le dessus. Elle avait choisi cette chanson pour le message qu'il véhiculait : un message empreint de mélancolie et de nostalgie, des sentiments qui lui étaient familiers depuis quelques temps. Elle aussi voulait tout abandonner, plonger dans cette rivière et la laisser l'emmener le plus loin possible. Seulement c'était impossible. Elle avait un travail ici, une chorale et des amis. Même sa famille l'avait rejointe au début de l'année scolaire. Alors comment justifier un départ ? Sa vie se trouvait ici, à Lima, Ohio, qu'elle le veuille ou non. « I'm so hard to handle, I'm selfish and I'm sad, now I've gone and lost the best baby  I ever had. Oh, I wish I had a river I could skate away on... Oh, I wish I had a river so long. I would teach my feet to fly... Oh, I wish I had a river I could skate away on... I made my baby say goodbye... ». Son regard abandonnant le point qu'elle s'était fixé, elle ferma les yeux, l'émotion nouant sa gorge. Sa voix fébrile peinait à poursuivre. Elle avait mal, si mal, tout le temps, chaque fois qu'elle ouvrait les yeux, que sa solitude lui revenait, que les souvenirs ressurgissaient dans sa mémoire. C'était insupportable. Intenable. Elle l'avait laissé lui dire au revoir, l'avait laissé l'abandonner. C'était fini. « It's coming on Christmas, they're cutting down trees, they're putting up reindeer, singing songs of joy and peace. Oh, I wish I had a river I could skate away on… ». Sa voix se brisa à la fin du vers et elle rouvrit les yeux, emplis de larmes. Ses doigts jouèrent les derniers accords et ce fut avec un grand soulagement qu'elle accueillit les applaudissements et put enfin se retirer de la scène.

Déposant la guitare dans sa housse derrière l'estrade, elle remercia le musicien de la lui avoir prêtée puis quitta le bar karaoké par la porte de derrière. Du revers de sa manche, elle essuya les dernières larmes au coin de ses yeux et chercha un taxi du regard. Elle n'avait pas voulu prendre sa voiture de peur d'être dans l'incapacité de conduire en rentrant à la Pension ; une malheureuse erreur puisqu'elle ne s'était en réalité contentée que d'une seule bière ce soir-là. Rabattant la capuche de son sweat sur sa tête et plongeant ses mains dans ses poches, elle frissonna légèrement en se dirigeant vers la route mal éclairée. Il n'y avait pas un seul taxi en vue, et elle s'imaginait déjà attendre des heures avant d'en trouver un. Elle aurait pu appeler Lexie pour que celle-ci vienne la chercher mais elle ne voulait pas qu'elle connaisse l'endroit où elle se rendait presque tous les soirs depuis plusieurs semaines -ce qui ne lui laissait qu'une dernière option : lever le pouce et espérer qu'une âme charitable la recueille.

En temps normal, Charlie aurait sûrement été plus prudente ; il était tard et elle n'avait aucune idée du genre d'individu qui serait enclin à la conduire à la Pension. Seulement voilà, la période était loin d'être « normale » et au fil des semaines qui s'écoulaient et la rapprochaient de Noël, elle se montrait de plus en plus insouciante, ne portant que très peu d'intérêt à ce qui pouvait bien se passer autour d'elle. Elle n'allait pas bien. Depuis sa rupture avec Wyatt et cette soirée d'Halloween en particulier, tout allait de travers. Au Journal, elle était passive et avait perdu toute notion d'ambition ou de projets, et depuis qu'elle était rentrée de Columbus où elle avait passé quelques semaines chez Ecaterina, elle se montrait de plus en plus indifférente -c'était à peine si elle ne s'enfermait pas directement dans la chambre de Lexie lorsqu'elle rentrait à la Pension le soir. Le seul moment où elle extériorisait véritablement ce qu'elle ressentait était lors des répétitions des Second Chances -du moins lorsqu'elle parvenait à détacher son regard de la silhouette de Grace Hamilton. Elle allait mal et ne parvenait pas à retrouver la détermination qui l'avait toujours animée jusque-là. Ni la détermination, ni l'envie de quoi que ce soit d'ailleurs. Elle se contentait de laisser le courant l'emporter, passivement.

Après une dizaine de minutes, le pouce levé de la choriste finit par alerter un automobiliste et elle poussa un petit soupir de soulagement en voyant le véhicule s'arrêter à sa hauteur. Se dirigeant vers celui-ci avec une lenteur exagérée, elle ouvrit la porte de la voiture et s'engouffra dans cette dernière sans même réfléchir. Ce ne fut que lorsqu'elle tourna la tête vers le visage de son sauveur pour le remercier qu'elle découvrit l'identité de ce dernier -ou plutôt de cette dernière, puisque son sauveur se trouvait être Emma Pillsbury-Schuester. Son cœur fit un bond dans sa poitrine et la choriste eut aussitôt un mouvement de recul. C'était à croire que le destin s'amusait de sa situation, qu'il s'évertuait à lui mettre des bâtons dans les roues et à l'ennuyer. De tous les habitants de Lima, il avait fallu qu'elle tombe sur la sœur ainée de Wyatt. Et si elle n'avait jamais jugé cette dernière -au contraire, de tous les membres de la famille de son ex petit-ami, Emma était sans conteste celle qu'elle appréciait le plus- elle n'était pas sûre que sa position actuelle joue en sa faveur. Au contraire, Charlie était à peu près certaine qu'elle lui en voulait depuis sa rupture avec Wyatt, et cette impression se renforça en lisant sur le visage de la rouquine sa déception.

Lorsque cette dernière prononça son prénom, elle acquiesça néanmoins d'un signe du menton ; après tout, que pouvait-elle faire d'autre ? Elle n'allait tout de même pas faire demi-tour et s'enfuir en courant ! Elle n'avait rien à se reprocher. « Bonjour Emma » Répondit-elle poliment. Fuyant le regard inquisiteur de la conseillère d'orientation de WMHS, elle fixa ses mains sans trop savoir quoi ajouter. Emma, quant à elle, crut bon de préciser qu'elle ne l'avait pas reconnue, ce qui la mit d'autant plus mal à l'aise. « Oh... je vois. Merci de m'avoir prise en tout cas, c'est très... aimable de votre part ». Elle jeta un coup d'œil furtif à la rouquine qui lui demanda sa destination et força un sourire. « Je vais dans la Banlieue. Chez une amie » Fit-elle en évitant soigneusement de prononcer le nom de Lexie ; elle ne voulait pas qu'il sache où elle avait élu domicile, or si Emma connaissait l'information il y avait fort à parier qu'il ne tarderait pas à l'obtenir à son tour. Et ça, c'était impensable. Au plus elle se tiendrait loin de lui, au mieux elle se porterait. « Mais vous... vous n'êtes pas obligée de m'y conduire si vous n'en avez pas envie. Je comprendrais. Après tout ce qui s'est passé avec... je comprendrais ». Baissant les yeux, elle posa sa main sur la poignée de la portière, s'attendant presque à ce qu'Emma la fasse sortir sur-le-champ.
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MessageSujet: Re: 03. We've got a bumpy ride ahead of us.   03. We've got a bumpy ride ahead of us. EmptyLun 9 Déc - 17:42

Le trajet allait s'avérer bien plus mouvementé qu'Emma n'aurait pu le croire. Elle le sut à l'instant même où elle vit le mouvement de recul de Charlie -ou plus exactement Charlie elle-même. Elle n'avait aucune envie de la laisser sur le bord de la route, mais ne se sentait pas vraiment la force de survivre à cette situation gênante au possible... Pourtant ce fut elle qui la rendit plus gênante encore en avouant qu'elle n'avait pas reconnue la brunette, comme si cela changeait quelque chose, comme si elle ne se serait pas arrêtée si ça avait été le cas. Elle avait simplement voulu une introduction, un bonjour qu'elle n'était apparemment pas capable de prononcer de manière convenable étant donné qu'elle était encore trop surprise par le visage qu'elle venait de reconnaître. Miss Watson-Brown n'était pas plus à l'aise qu'elle, au contraire même, maintenant que la conseillère d'orientation s'était malgré elle appliquée à lui faire savoir qu'elle n'était pas vraiment la personne qu'elle aurait préféré transporter.

Ça n'avait rien de personnel... ou plutôt si, justement. Si Emma aurait préféré croiser à peu près n'importe qui d'autre (à part Sue, probablement Holly, la liste n'était pas exhaustive), c'était probablement aussi parce qu'elle estimait Charlie. En théorie, la voir rompre avec son frère et voir ce dernier malheureux et déprimé aurait dû la convaincre définitivement que Charlie n'était pas pour lui, qu'il serait mieux sans elle, qu'elle ne le méritait pas et lui avait brisé le cœur. En un sens, Emma y croyait, au moins en partie. Lorsque Wyatt était venu la voir en larmes en lui expliquant qu'il ne comprenait pas pourquoi ils avaient rompu, elle en avait automatiquement conclu que lui n'avait rien fait de mal et que miss Watson-Brown était à l'origine de leur séparation. Cependant, elle n'arrivait pas vraiment ni à se convaincre de la totale responsabilité de la brunette, ni à lui en vouloir si toutefois elle avait réellement choisi elle-même de mettre fin à leur relation -pour peu qu'elle ait une bonne raison, ce qui devait être le cas. Charlie n'avait pas l'air d'être lunatique et capricieuse au point de quitter son petit ami sur un coup de tête; elle ne lui apparaissait pas non plus comme une fille égoïste et sans cœur qui se jouait de lui. Bien au contraire. Si ça avait été le cas, il aurait été facile pour Emma de crever l'abcès, de la conduire ou au contraire de lâchement bouder et refuser de l'amener (pour ensuite culpabiliser comme il se doit), d'être terriblement immature. Parce que oui, si elle l'avait sincèrement détestée, elle aurait certainement réagi comme une enfant: elle se serait livrée à une vile vengeance en la laissant dans le froid ou à des gamineries de cour de récréation en la boudant tout le trajet ou en lui délivrant un discours moralisateur et qui se voudrait blessant.

Pour l'instant, Emma pensait plutôt que la jeune femme souffrait aussi de la situation. Peut-être qu'elle était en partie responsable du malheur de Wyatt, mais ce n'était pas pour autant que la réciproque était fausse. Il avait été plus facile de lui en vouloir secrètement en consolant son frère que de la blâmer de tous ses maux maintenant qu'elle était face à elle. D'ailleurs, lorsqu'elle fit mine de sortir, Emma tendit machinalement la main vers elle pour la retenir. « Non! Non, reste. Je suis désolée, ce n'est pas ce que je voulais dire... » C'était sincère puisque, après tout, même si elle l'avait reconnue, elle se serait arrêtée. Elle l'aurait simplement fait le cœur un peu moins léger. « La banlieue. Chez une amie. C'est comme si on y était. » Répéta consciencieusement Emma en s'assurant que Charlie n'avait pas ouvert la portière avant de ne démarrer.

Deux options s'offraient alors à elle. Rester irrémédiablement silencieuse pendant tout le trajet ou se risquer à faire la conversation. Dans les deux cas, elle serait terriblement mal à l'aise. Pourtant l'idée du silence lui semblait plus pesante que celle d'un choix de mots et de sujets de conversation relativement hasardeux. Elle finirait certainement par lui parler de Wyatt... forcément. Elles n'avaient pas vraiment eu le temps de se trouver d'autres points communs -pourtant elles en avaient certainement des tas. « Tu étais au bar karaoké? » Etant donné qu'elle l'avait récupérée à quelques mètres de ce dernier, il semblait logique que la jeune chanteuse s'y soit rendue. Seulement il ne fallut à Emma qu'une demi-seconde pour réaliser que sa phrase pouvait paraître intrusive. « Tu n'es pas obligée de répondre... c'est juste... pour parler. » Et si finalement le silence n'était pas si affreux à supporter? Parce qu'au final, tiraillée entre sa raison qui lui criait que Charlie n'était pas une mauvaise personne et ses sentiments qui au contraire lui récitait ce théorème irréfutable « quiconque fait pleurer Wyatt Pillsbury est un être vil et cruel », Emma ne savait plus trop sur quel pied danser... « Enfin, sauf que tu y étais peut-être avec des amis... » Et alors? ô, feu discernement. « Ou un ami, certainement! Enfin, non, il t'aurait probablement raccompagnée. Ou alors vous ne voulez pas que ça se sache parce que vous avez tout de même la décence de vous rendre compte que c'est un peu trop tôt pour vous afficher en tant que couple alors que Wyatt a encore certaines de tes affaires chez lui. Peut-être même que ça fait un moment que vous êtes ensemble, hm? avant même ta rupture avec Wyatt! ça expliquerait pas mal de choses, n'est-ce pas? notamment le fait que vous vous soyez soudain séparés, ou plutôt que tu l'aies soudain quitté, sans réelles explications. Enfin d'après ce que j'ai compris. Parce que lui-même n'a pas compris... »
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MessageSujet: Re: 03. We've got a bumpy ride ahead of us.   03. We've got a bumpy ride ahead of us. EmptyMar 31 Déc - 13:14

Recroquevillée à l’intérieur de l’habitacle, le plus loin possible d’Emma, Charlie évitait soigneusement le regard de la rouquine. Elle voulait sortir. Elle voulait quitter cette voiture et ce futur trajet dont la seule perspective suffisait à accélérer son rythme cardiaque. L’air était trop lourd à l’intérieur de cette voiture et elle pouvait sentir le poids du regard de la conseillère d’orientation peser sur elle, ces grandes billes brunes parfaitement rondes teintées des reproches qu’elle n’osait peut-être pas encore lui faire mais qui ne tarderaient sans doute pas à tomber. Car elle le méritait, n’est-ce pas ? Aux yeux des proches de Wyatt, ce devait être elle le vilain canard de l’histoire, celui qui avait osé défier le beau, le grand, le charismatique Wyatt Pillsbury et réduire son cœur en miettes. Il était si facile de prendre la défense d’un ami sans même connaitre la teneur de leur histoire, si confortable de se ranger derrière l’une des deux parties et couvrir l’autre de toutes les critiques possibles et imaginables. La vérité était que le monde n’en avait rien à faire de la véracité des faits, se contrefichait de savoir ce qui s’était réellement passé pourvu qu’ils aient leurs propres opinions et croient en ces dernières. Ce n’était pas la première fois que Charlie prenait conscience de l’hypocrisie de la nature humaine ; elle en avait déjà fait l’expérience par le passé. Lorsqu’elle était encore au lycée et que son petit-ami populaire avait mis fin à leur relation du jour au lendemain, personne n’avait accouru vers elle pour la soutenir et croire en elle. Non, bien sûr que non. Qui était-elle après tout, comparée à lui ? Personne. Elle était juste une fille banale, sans grand intérêt, une fille que l’on ne pouvait pas véritablement ranger dans ces catégories bien définies qui étaient celles de la hiérarchie adolescente américaine. Elle n’était pas la reine du lycée, n’était même pas dans l’équipe des cheerleaders. Elle n’était pas une geek non plus, ni une grande sportive, et ne passait pas tout son temps libre à la bibliothèque en dépit de sa passion pour la littérature. Elle ne faisait partie d’aucun club ; autrement dit, elle demeurait un mystère entier pour ses camarades de classe et c’était précisément ce qui les effrayait et les poussait à se tenir loin d’elle. Aussi, lorsque la nouvelle de la rupture des deux jeunes adolescents avait fait le tour du lycée, personne ne lui avait adressé le moindre mot de réconfort ou d’encouragement. Elle avait beau avoir le cœur brisé et ne pas être responsable de leur rupture, personne n’en avait tenu compte, et c’était là la triste réalité des choses : même les personnes plus altruistes que la moyenne pouvaient se montrer égoïstes.

Pourtant, en dépit de tous ses regrets qui semblaient s’accumuler au fil des jours et la plongeaient en permanence dans un état dépressif, Charlie savait qu’elle n’était pas blanche comme neige et que contrairement à la première rupture qu’elle avait vécue alors qu’elle était encore adolescente, cette fois-ci elle avait eu son rôle à jouer et celui-ci avait probablement été déterminant dans la fin de sa relation avec Wyatt Pillsbury. Son innocence n’était plus aussi avérée qu’autrefois. Sa sempiternelle méfiance avait eu raison de ses doutes ; en voyant Wyatt aux côtés de Grace Hamilton et Ruby Caldwell ce soir-là, son sang n’avait fait qu’un tour et elle avait immédiatement pensé qu’il se moquait d’elle. Alors certes, peut-être avait-elle été excessive dans sa manière d’agir, mais qui se serait réjoui devant pareille situation ? Personne ne pouvait véritablement comprendre ce qu’elle traversait à présent, personne ne pouvait comprendre son désarroi ni sa souffrance pour la simple et bonne raison que personne ne savait ce qui s’était passé, hormis Wyatt et elle. Les détails de leur histoire leur appartenaient et quiconque souhaitait se mêler de leurs affaires était doté de mauvaises intentions.

Ses doigts crispés sur la poignée de la portière, Charlie ferma subrepticement les yeux lorsqu’Emma l’encouragea à rester. Son subconscient avait beau la mettre en garde contre le trajet à venir, elle n’avait d’autre choix que d’accepter l’aide d’Emma. Elle ne pouvait décemment pas partir comme une fugitive, ce serait la preuve irréfutable qu’elle avait quelque chose à se reprocher, or ce n’était pas le cas. Inspirant une grande bouffée d’air, Charlie rouvrit les yeux et acquiesça doucement d’un signe du menton. « D’accord » Répondit-elle calmement, le regard rivé sur ses mains moites. Emma démarra la voiture et la Second Chances se cala contre le dossier de son siège, priant pour que la conseillère d’orientation reste silencieuse. Toute tentative de conversation serait de toute façon malvenue et vouée à l’échec. Que pouvaient-elles bien se raconter ? Leurs dernières vacances ? Leurs petites routines respectives ? Charlie n’avait pas l’intention de dévoiler quoi que ce soit, et encore moins de parler de Wyatt. Elle ne voulait rien savoir. Ni ce qu’il vivait, ni comment il avait réagi au lendemain de leur rupture, ni s’il s’était jeté dans les bras de Ruby à peine la soirée Halloween terminée, voire dans ceux de Grace. Son estomac avait beau se tordre à l’idée qu’il ait pu déjà passer à autre chose, comme si ce qu’ils avaient vécu n’avait pas la moindre importance, elle s’évertuait à rester silencieuse et à ne surtout pas poser de questions à son sujet. Cela ne ferait qu’accentuer son mal-être.

Les rues sombres défilaient derrière la vitre, seule la lumière des réverbères aux alentours lui permettant de les reconnaitre. Les contours du centre-ville s’effacèrent progressivement et la voiture se rapprocha des abords des vieux quartiers, derrière lesquels se dissimulait la banlieue de la ville. Plongée dans ses pensées, Charlie ne vit même pas venir les questions d’Emma, alors quand cette dernière lui demanda si elle avait été au bar-karaoké, elle en oublia aussitôt sa résolution de garder son regard à l’écart de l’ainée Pillsbury et lui jeta un coup d’œil, désarçonnée face à cette question venue de nulle part. Les lèvres pincées de la conseillère d’orientation la troublèrent davantage encore et elle haussa les sourcils lorsqu’elle lui précisa qu’elle n’était pas obligée de répondre. « Oui, j’étais au… » Commença-t-elle quand elle fut brusquement interrompue par Emma, qui émit l’hypothèse qu’elle n’était peut-être pas seule là-bas. Ne voyant pas où la directrice de la LPA voulait en venir, Charlie continuait de l’observer, cherchant dans l’attitude de la rouquine des indices qui auraient pu la mettre sur la bonne voie. Néanmoins, les soupçons d’Emma ne tardèrent pas à percer le son de sa voix et la brunette entrouvrit légèrement les lèvres, sous le choc.

Comment pouvait-elle s’imaginer une chose pareille ? Comment pouvait-elle croire qu’elle sortait déjà avec quelqu’un alors qu’elle était complètement détruite et incapable de tourner la page ? Cela faisait plus d’un mois qu’elle souffrait en permanence. Ses nuits étaient peuplées de cauchemars, lui faisant revivre cette scène qui lui avait brisé le cœur ; elle se réveillait sans cesse les yeux humides et lorsqu’elle parvenait enfin à sortir de son lit le matin, elle n’avait qu’une seule envie : se recoucher et passer la journée au lit pour ne pas devoir affronter les nouveaux obstacles que celle-ci mettrait en travers de  son chemin. Elle n’avait pas la moindre envie de voir qui que ce soit d’autre, et de toute façon elle en était incapable. Les deux seuls hommes dont elle avait supporté la compagnie ces derniers temps étaient Ryder Crawford, son meilleur ami, et Andrew, ce serveur gay travaillant au bar-karaoké qui était l’un des seuls à pouvoir faire apparaitre l’ombre d’un sourire sur ses lèvres ces derniers temps. Non seulement elle n’avait pas le temps pour une nouvelle relation, mais elle n’en avait surtout aucune envie.

Serrant ses poings contre ses cuisses, les traits de son visage se durcirent alors qu’elle dévisageait toujours Emma, une lueur d’antipathie dans le regard. « Vous ne savez pas de quoi vous parlez » Répliqua-t-elle sèchement entre ses dents, les mâchoires crispées. Elle n’avait pas envie de poursuivre et de répondre à ces accusations dénuées de sens, mais elle n’avait pas le choix : si elle choisissait de se taire, Emma interprèterait sans doute son silence comme un aveu et elle avait malgré tout encore assez d’amour-propre pour se défendre. « Premièrement, je n’ai quitté personne. Si vous étiez suffisamment renseignée, vous sauriez que ce n’est pas moi qui ai mis un terme à notre relation. Deuxièmement, qu’est-ce qui vous fait penser que j’ai quelqu’un ? » Lui demanda-t-elle, la voix tremblotante. « Vous pensez que c’est de ma faute, n’est-ce pas ? Vous vous imaginez que je suis la vilaine, vilaine sorcière qui a brisé le cœur de Wyatt par pur sadisme ? Vous êtes persuadée que je n’en avais rien à faire de lui ? Que toute notre relation était basée sur une plaisanterie ? Laissez-moi vous dire que vous êtes complètement à côté de la plaque et que je m’attendais à davantage de génie de la part d’une conseillère d’orientation qui ose se dire psychologue à ses heures perdues. Car de toute évidence, vous n’avez pas la moindre once de psychologie pour avancer des choses aussi insensées ! ». Elle s’interrompit, le souffle court. Elle savait qu’elle était peut-être allé trop loin mais qu’importe. Elle ne regrettait pas un seul mot.
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MessageSujet: Re: 03. We've got a bumpy ride ahead of us.   03. We've got a bumpy ride ahead of us. EmptyJeu 16 Jan - 20:40

Emma était raisonnable, Emma était sage, Emma réfléchissait avant d'agir. C'était bien connu. Tout le monde le savait, elle-même était au courant. C'était ce qu'elle était, et plus encore c'était ce qu'elle devait être. Vous ne la verriez jamais s'énerver sans raison, voire s'énerver tout court, et lorsqu'elle le ferait ce serait de manière réfléchie avec des arguments percutants et longuement étudiés. Des arguments si forts et si rationnels qu'ils vous prouveraient combien sa position était justifiée, qui vous convaincraient qu'elle avait raison, encore, toujours, parce que c'était une dame qui ne se laissait pas aveuglément guider par des sentiments impulsifs. Jamais. Emma ne se plaignait généralement pas de ce statut, d'abord parce qu'elle le faisait naturellement mais aussi parce qu'elle pensait que c'était la bonne chose à faire. Elle appréciait d'ailleurs qu'on le lui dise, parfois, qu'on lui fasse savoir qu'on appréciait son sang froid, chose qui ne manquait pas de faire sourire la rouquine à chaque fois. Seulement se posaient à elle deux problèmes: force était de constater premièrement que certaines personnes obtenaient ce qu'elles voulaient parfois simplement parce qu'elles parlaient plus fort que d'autres. La raison ne menait pas toujours à la solution malheureusement dans un monde relativement corrompu. Un autre de ses soucis était que les attentes à son égard étaient parfois trop grandes. En effet, parce qu'elle avait habitué son entourage à être sage, si elle faisait le moindre pas de travers, la moindre erreur, elle était mise au pilori, parce qu'on en attendait plus, parce qu'on en attendait trop, parce qu'on avait une idée très précise de la manière dont elle se devait de réagir. C'était une bataille assez rude à mener, réfléchir aux conséquences, tout le temps, sur tous les tableaux. Épuisant. Contrôler ses émotions pour toujours prendre les bonnes décisions.

Ce soir, elle n'y parvint pas efficacement. À peine Charlie avait-elle décidé de rester que Emma se laissait définitivement et irrémédiablement submerger par ce qu'elle ressentait, par la compassion qu'elle éprouvait pour son frère en ce moment. Alors quoi? Elle n'avait pas le droit, elle? Parce qu'elle n'y avait pas habitué ceux qui la connaissaient? Pourquoi le dernier des imbéciles serait-il autorisé à le faire plus qu'elle? Elle était désespéré de voir que la méchanceté et l'hypocrisie pouvaient triompher des convictions et de la réflexion dans la société actuelle, et aujourd'hui encore elle se demandait si, finalement, il ne valait mieux pas refuser d'emprunter la voie de la sagesse pour précisément avoir le droit de se tromper, d'être à côté de la plaque, de réagir autrement que comme il le faudrait, de faire quelque chose de mal, de méchant peut-être. C'était injuste. Toujours tout bien faire. Satisfaire tout le monde; ne satisfaire personne, au fond. Pourquoi fallait-il qu'Emma se préoccupe de ce que l'on pensait d'elle? Elle aurait voulu faire partie de ces gens qui laissaient couler les insultes et le mépris comme la plus naturelle des choses, décrétant qu'ils n'avaient pas besoin de reconnaissance. Elle était faible, elle était fragile, elle n'y pouvait rien: de la reconnaissance, elle, elle en avait besoin. De la part de tout le monde. Mais ce n'était pas possible, moins possible encore si elle se permettait de réagir sans réfléchir. Drôle de combat schizophrénique que de chercher à plaire à tout le monde, à n'importe qui. Pourtant elle devait un minimum pratiquer ces pirouettes maladroites, parce qu'elle avait beau dire, elle était toujours profondément blessée lorsqu'on l'attaquait sur quelque chose qui lui tenait à cœur.

Elle se voulait presque irresponsable, à cet instant. Elle avait droit de l'être, elle aussi, de prendre partie sans aucun motif valable, de suivre ses sentiments irrationnellement plutôt que d'être la voix de la sagesse entre deux camps d'une guerre sans solution. Puisqu'elle ne pouvait pas faire bien, elle voulait faire très mal. Quitte à pécher, péchons. Bien entendu, sa morale bienséante lui dicta de culpabiliser à peine son accusation prononcée, mais il était trop tard. D'ailleurs, Charlie répliqua, comme il était normal qu'elle le fasse, comme Emma attendait qu'elle le fasse... avec cette différence qu'elle alla plus loin que ne le pensait la rouquine. Si cette dernière se contenta de soupirer en entendant son interlocutrice dire qu'elle la prenait pour la vilaine de l'histoire, elle fut plus affectée lorsqu'elle remit en question ses compétences de psychologue. Ses yeux s'arrondirent puis ses sourcils se froncèrent, laissant ses lèvres pincées de colère et d'une tristesse certaines qu'elle refusait d'admettre. Elle aurait pu pleurer -faisant ainsi étalage de son incompétence viscérale, de son manque de crédibilité de psychologue psychanalysée, de conseillère désorientée. « Tu n'as pas le droit de dire ça! » Les sourcils toujours froncés, la voix tremblante, Emma sentait sa gorge se serrer et son cœur s'emballer. « Et toi, tu penses quoi, alors? Que je suis une incapable qui se contente de juger au premier abord parce que c'est plus facile? Que je suis tellement loin d'être un "génie de la psychologie" que je pense que qui que ce soit est capable d'être un monstre parfait ou un saint absolu? » Elle non plus, elle n'était pas une sainte.

Elle aussi, elle pouvait s'emporter. « Alors non, je ne sais peut-être pas tout. Tout ce que je sais, c'est ce que Wyatt a pu me dire, à savoir que tu as dansé ou chanté de manière, hum... suggestive avec quelqu'un d'autre. Je ne sais pas tout, non, je ne suis pas omnisciente ou quelque chose comme ça, tout ce que je vois c'est que mon frère est malheureux, voilà, qu'il est malheureux depuis que vous vous êtes séparés. » Les mains crispées sur le volant, Emma tenta de reprendre sa respiration en se mordant la lèvre de l'intérieur, incapable de penser clairement, désormais. Elle voulait retirer tout ce qu'elle venait de dire, et pourtant dans le même temps une sorte de fierté jusqu'alors bien enfouie refusait de la laisser s'excuser. D'ailleurs lorsqu'elle repensait au visage meurtri de Wyatt, elle se disait qu'elle n'aurait pu se taire plus longtemps. Contradiction qui encore une fois la caractérisait... et la blessait, en l'occurrence, indirectement. « ça ne veut pas dire que je pense que tu es une sorte de monstre incapable de ressentir quoi que ce soit, ça ne veut pas dire que je pense que tu ne souffres pas aussi de la situation. » Replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, Emma laissa à nouveau son front se plisser en des traits inquiets. « Je ne comprends simplement pas. Je crois qu'au fond je vous voyais rester ensemble plus ou moins pour toujours, totalement pour toujours, je vous voyais continuer de vivre ensemble, je me voyais déjà à votre mariage, puis expliquer à Emily qu'elle avait un petit cousin... » Elle recommençait, elle parlait trop. « Pardon. Je suis juste déçue mais ce n'est pas une raison pour te parler comme ça. Je ne saisis pas pourquoi tout a soudainement basculé et il me semblait que ça valait la peine de se battre. Je suppose que ça ne me regarde pas plus que ça, à cela près que c'est bien mon frère qui est malheureux... mais je n'y peux rien après tout. C'est comme ça, hm? » Le regard fuyant Emma soupira lourdement en songeant qu'elle aurait dû se taire. Si Charlie était effectivement avec quelqu'un d'autre, ce n'était pas miss Pillsbury qui allait la faire revenir à la raison. D'ailleurs, même le fait que Emma lui fasse savoir qu'elle lui en voulait d'avoir "trompé" son frère ne changerait rien. Elle avait probablement juste eu besoin de dire ce qu'elle pensait, étant donné qu'elle était triste de voir que son frère l'était: et ça, ce n'était pas une décision rationnelle.
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Charlie Pillsbury
Charlie Pillsbury
GANGSTA CHARLIE ► Whatever happens tomorrow, we had today.
Age : 25 ans.
Occupation : Assistante de Cassie chez les SC & Rédactrice.
Humeur : Angoissée.
Statut : Épouse de Wyatt Pillsbury.
Etoiles : 1621

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Chanson préférée du moment : Coldplay ─ Charlie Brown
Glee club favori : Second Chances
Vos relations:
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MessageSujet: Re: 03. We've got a bumpy ride ahead of us.   03. We've got a bumpy ride ahead of us. EmptyLun 20 Jan - 13:17

Alors que l’esprit de Charlie semblait être anesthésié en permanence ces derniers temps, les soupçons d’Emma à son égard avaient soudain mis un terme à cette paralysie et réveillé toute la rancœur que pouvait ressentir la jeune Watson-Brown. Elle n’avait pas mâché ses mots, elle en avait conscience et pourtant elle ne regrettait aucune de ses paroles. Comment la conseillère d’orientation de McKinley pouvait-elle une seule seconde s’imaginer qu’elle sortait déjà avec un autre ou pis, qu’elle avait trompé Wyatt depuis le début ? Comment pouvait-elle croire que sa rupture avec Wyatt ne l’affectait pas alors qu’elle portait sa peine comme un fardeau depuis près de deux mois ? Son chagrin était imprimé sur ses traits, malgré tous ses efforts pour l’en effacer. Elle ne mangeait plus. Dormait à peine. Et buvait plus qu’elle ne pouvait le supporter. Elle avait dû perdre cinq kilos depuis Halloween, des cernes noirs redessinaient les contours de son regard et de toute évidence son sourire s’était définitivement volatilisé. Et malgré toutes ces preuves qui attestaient de la violence de son affliction, Emma pensait qu’elle se réjouissait de sa situation, qu’elle avait déjà retrouvé chaussure à son pied alors qu’il était évident que sa pointure n’existait même plus. Comment pouvait-elle ignorer à ce point tous les indices qui trahissaient le mal-être de la brunette ? Comment pouvait-elle se convaincre qu’elle ne l’aimait pas ? Qu’elle n’aimait pas Wyatt. Le seul homme capable de la rendre heureuse, de lui faire croire que les contes de fée n’étaient pas que des récits destinés à faire rêver les fillettes. Le seul homme capable de lui redonner confiance, mais aussi le seul à pouvoir lui briser le cœur en mille morceaux. Ce soir-là, elle avait eu le sentiment qu’il le lui avait arraché de la poitrine et l’avait piétiné sans une once de considération pour l’organe censé lui insuffler la vie. La douleur qui l’avait alors traversée avait été fulgurante, d’une intensité qu’elle n’avait jamais expérimentée par le passé, ou peut-être que si, lorsqu’on lui avait appris la mort de son père alors qu’elle n’était âgée que d’une demi-douzaine d’années. Elle revivait cette souffrance au quotidien, à chaque minute, chaque seconde qui s’égrainait et l’entrainait dans une spirale de tourment insupportable. Et ça faisait si mal, tellement mal. Elle ne savait pas combien de temps elle parviendrait encore à supporter cette douleur lancinante et brûlante. Car la seule chose qui parvenait encore à la calmer était également la seule capable de pouvoir la blesser davantage : la boisson. Enfermée dans ce cercle vicieux qui lui échappait, elle était perdue entre le désir de se battre et celui de baisser les bras. Cela en valait-il seulement la peine ?

Se recroquevillant davantage à l’intérieur de l’habitacle, Charlie ferma les yeux et serra étroitement les paupières, retrouvant petit à petit son calme. Les paroles de la conseillère d’orientation résonnaient toujours à ses oreilles mais elle faisait de son mieux pour les ignorer. Elle voulait rentrer chez elle. Rentrer chez Lexie et se cacher sous les draps afin de pouvoir laisser libre cours à son chagrin. Non, mieux, elle voulait retrouver Ecaterina à Columbus et quitter une bonne fois pour toutes cette ville qui ne lui apportait que de la peine depuis deux mois. Sa meilleure amie lui manquait tellement… Elle aurait tout donné pour avoir le courage de tout plaquer et de repartir vivre avec elle. Inspirant de grandes goulées d’air, Charlie rouvrit progressivement les yeux alors que son rythme cardiaque semblait s’être calmé. Posant le crâne contre le dossier de son siège, elle évita soigneusement le regard d’Emma mais ne put en revanche étouffer ses paroles. De toute évidence, Charlie n’était pas la seule à ne pas savoir canaliser ses humeurs : à ses côtés, Emma était sur le point de s’embraser. La Second Chances soupira d’un air résigné, levant les yeux au ciel alors que la conseillère d’orientation débitait à vitesse grand V. Comment pouvait-elle prétendre la comprendre, de toute façon ? Emma menait une vie parfaite : elle avait un mari talentueux, une petite fille adorable, un travail qui d’après Wyatt la passionnait et s’occupait même d’une association caritative. Elle ne pouvait pas savoir ce que c’était d’avoir le cœur brisé. Et en y réfléchissant davantage, Emma était également l’amie de Grace, ce qui signifiait qu’elle devait sans doute se réjouir de leur rupture : cela signifiait que cette cinglée d’Hamilton avait enfin le champ libre pour devenir la future belle-sœur de son amie. Quel portrait de famille détestable.

Se mordillant l’intérieur de la joue, Charlie ne répondit pas tout de suite aux accusations d’Emma et fut d’autant plus surprise lorsque le ton de cette dernière changea et qu’elle finit par s’excuser. Fronçant les sourcils, elle osa enfin jeter un coup d’œil furtif à la rouquine et la haine qu’elle avait ressentie pour elle quelques secondes plus tôt se dissipa un peu. « D’accord, vous avez raison je n’avais pas le droit de dire ça et je m’en excuse » Admit-elle au bout d’une minute. Tournant son visage vers la rouquine, elle posa son regard sur sa silhouette et soupira longuement. « Le problème quand on s’implique dans une telle histoire est que l’on n’a qu’une seule version des faits » Fit-elle calmement. « Je ne peux pas vous en vouloir de prendre le parti de… son parti. Si mon petit frère rompait avec sa petite amie –bien qu’il ne m’en ait jamais présenté une seule- sans doute que je rejetterais toute la faute sur elle et non sur lui, qu’importe la nature de leur rupture, qui a fait quoi, qui est responsable de quoi ». S’interrompant une seconde, Charlie desserra ses poings et posa la paume de ses mains sur ses cuisses. « Comprenez bien que je n’ai aucune raison de me justifier auprès de vous. Je n’ai pas de comptes à vous rendre. Mais par respect pour vous, je suis néanmoins prête à vous donner ma version des faits ». Elle détourna le regard et observa la rue défiler derrière la vitre à sa droite. « Je pense que vous avez raison quand vous dites que je suis fautive. Et je ne parle pas de « danse suggestive », ça n’a rien à voir. J’ai tendance à me méfier de tout, en permanence, et je suis probablement plus jalouse que je ne devrais l’être ». Elle parlait doucement, choisissant avec soin ses mots.

« Être avec une personne comme Wyatt n’est pas si facile que l’on pourrait le croire, surtout quand on doute toujours de tout, tout le temps. Vous n’imaginez même pas le nombre de filles qui lui couraient après, et je suis désolée si cela vous offense mais votre amie Grace est loin d’être innocente dans cette histoire ». Ses mâchoires se crispèrent l’espace d’un instant, et elle secoua la tête d’un air désapprobateur. « Bref. Je voulais juste vous dire que oui, je suis fautive et que oui, j’ai bien ma part de responsabilité dans cette histoire. Seulement, si vous vous imaginez que je n’aimais pas votre frère… que je ne l’aime pas, alors là vous faites complètement fausse route » Ses mots se brisèrent légèrement, sa voix tremblotant sous l’effet de la sincérité. « Je n’ai jamais eu l’intention d’aller voir qui que ce soit d’autre. De coucher avec qui que ce soit d’autre, puisque c’est ce à quoi vous faisiez référence. Et je ne l’ai d’ailleurs jamais fait ». A nouveau, son regard dévia en direction d’Emma. Se livrer à elle de la sorte était à la fois douloureux et apaisant, et si ce n’était ni le moment ni l’endroit pour se confier, elle se rendit compte à quel point elle en avait eu besoin. « Après, libre à vous de me croire ou non. Mais au moins j’aurais été honnête avec vous ».
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MessageSujet: Re: 03. We've got a bumpy ride ahead of us.   03. We've got a bumpy ride ahead of us. EmptyDim 23 Fév - 15:27

Si elle avait pu être objective, il ne faisait aucun doute que Emma aurait vu le mal dont Charlie était accablée. Elle l'aurait aperçu sans trop de difficultés, d'abord parce qu'elle était physiquement fatiguée, ensuite parce que ses sourires étaient moins francs, plus rares, plus ternes. Seulement à être honnête, quand bien même elle aurait accepté de reconnaître qu'elle voyait ces signes, elle ne les aurait attribués qu'à une éventuelle rupture avec un de ses amants, à des difficultés professionnelles, peut-être à une dispute familiale, mais jamais à ses soucis avec Wyatt. Parce que voilà, Wyatt était une victime. Emma était partie de ce principe et envisager ne serait-ce que de le nuancer lui paraissait être une trahison des plus ignobles envers son petit frère, comme si elle lui avait promis de prendre sa défense quoi qu'il advienne, comme si Charlie devait payer pour ce qu'elle lui avait fait, comme si c'était à Emma de le lui faire payer, comme si c'était elle la méchante, parce que c'était plus facile. Evidemment, la conseillère d'orientation n'avait eu qu'un son de cloche; elle n'aurait seulement pas pu -et pas voulu- en obtenir un second. Elle n'avait de toute façon pas le droit de choisir la version des faits qui lui semblait la plus vraisemblable, n'avait pas le droit non plus de nuancer celle de son petit frère de par précisément son statut d’aînée. Alors à quoi bon se distraire en tentant de chercher une vérité qu'elle devrait à nouveau fausser par la suite pour agir comme on attendait d'elle qu'elle le fasse? De plus, si elle appréciait tout à fait Charlie du temps où elle était avec son frère, elle n'avait pas eu le loisir d'assez la connaître pour pouvoir soudainement prétendre vouloir la consoler de son chagrin ou seulement lui demander ce qu'il s'était passé. Quelque part, la rouquine était persuadée qu'il y avait eu une sorte d'accord tout à fait tacite entre elles au moment où Wyatt et elle s'étaient séparés: nous ne pouvons plus nous apprécier. Alors nécessairement, se retrouver dans un espace si confiné avec elle faisait perdre à Emma tous ses moyens. Ce que jusqu'à lors elle pouvait lâchement penser avec peu de conviction -à savoir que Charlie ne méritait de toute façon pas Wyatt après ce qu'elle avait fait-, Emma devait maintenant l'assumer dans un sens ou dans l'autre. Elle n'avait pas envisagé de rester silencieuse de manière trop gênante pendant tout le trajet, et de fait elle n'avait pas pu maintenir l'équilibre précaire dans lequel elle se trouvait jusqu'à présent, entre respect et mépris pour la petite Watson-Brown. Elle pouvait se féliciter, elle avait penché pour la mauvaise option et s'était emportée. Cela n'empêchait pas qu'elle soit terriblement blessée des propos de la jeune femme, même si, si elle était parfaitement honnête, elle les trouvait relativement fondés.

Quelque part, il aurait fallu une solution miracle: que soudainement Emma comprenne que ce n'était qu'un terrible mal entendu qui plongeait deux amoureux dans une détresse sans fin sans ce que ça n'en vaille réellement la peine. Il fallait simplement qu'elle en sache plus... sauf que précisément, elle refusait d'en savoir plus, peut-être aussi parce qu'il ne lui était pas possible de demander directement à Charlie ce qu'il en était. Elle finirait peut-être d'ailleurs peu subtilement par le lui demander, au point où elle en était... Il y avait peut-être une once d'espoir pour que son frère -et Charlie par la même occasion- aillent mieux et soient à nouveau heureux, heureux ensemble, et de toute façon Emma avait déjà visiblement laissé son honneur et sa raison dans le coffre de la voiture; elle pouvait peut-être laisser la discorde entrer un peu plus dans l'habitacle, pour la bonne cause cette fois. Si elle avait su... si elle avait su que tout était simplement dû à des soupçons infondés, à une Grace qu'elle-même n'avait pas su raisonner, à de la provocation mal perçue et qui n'avait pas eu lieu d'être. Peut-être alors aurait-elle tout mis en oeuvre pour permettre aux deux jeunes gens de se retrouver. En soi, ça ne la regardait pas; son rôle devait être de consoler son frère, de mépriser Charlie et de ne pas réfléchir davantage. C'était ce qu'elle avait fait jusque là, mais s'il s'avérait qu'ils s'étaient séparés pour de mauvaises raison, la rouquine n'aurait pu s'empêcher de soudainement laisser l'empathie s'emparer d'elle pour réaliser combien ils devaient être détruits. Elle avait déjà eu cette impression que tout la trahissait, qu'elle perdait tout ce qu'elle avait parce qu'elle perdait la personne qu'elle aimait. Elle savait combien il était douloureux de devoir soutenir des souvenirs toujours plus brûlants, douloureux de se sentir nostalgique d'une époque qu'on pensait alors révolue à tout jamais, douloureux de voir combien c'était parfait, combien ça ne le serait plus. Elle le savait et pour cette raison elle refuserait que son frère ou la femme qu'il chérissait ne le ressentent sans raison.

Pour l'instant, si elle était encore loin de pouvoir entrevoir la possibilité que tout s'arrange subitement, Emma devait admettre qu'elle était soulagée que les esprits se calment. Les deux jeunes femmes reconnaissaient leurs torts et d'ailleurs, encore un peu vexée, Emma releva le menton en regardant la route, pinçant légèrement ses lèvres d'un air triste qui suggérait qu'elle essayait de se montrer fière d'avoir eu raison alors même qu'elle était trop peu sûre d'elle pour être certaine qu'il y avait de quoi s'en vanter. Charlie souligna alors un point pertinent, que Emma avait bien saisi: elle ne savait pas ce qu'elle en pensait, elle, de cette rupture; comment elle la percevait, pourquoi elle pensait qu'elle était arrivée. Elle n'avait qu'une version des faits. « J'en suis consciente, même si j'ai du mal à l'admettre, je t'assure. » Elle n'osait pas vraiment la regarder, parce qu'à nouveau elle se sentait perdue entre la volonté de ne pas trahir son frère et celle d'être parfaitement objective. « J'ai beau être triste pour Wyatt, au fond... très au fond, je veux dire... enfin, bref, je ne te considère pas comme responsable de toute cette histoire. Ce sont des choses qui arrivent et même si c'est tragique, c'est rarement la faute d'une seule des deux personnes.  » De son côté, la jeune Watson-Brown avouait comprendre que Emma soit plutôt encline à prendre la défense de son cadet; étrangement, elle en était rassurée. Elle avait beau dire, elle s'était attachée à Charlie, si peu l'avait-elle côtoyée, et de fait son opinion lui importait un minimum même si elle aurait aimé à prétendre le contraire. Savoir qu'elles comprenaient l'une et l'autre qu'elles jugeaient la situation plus que les personnes qui en étaient acteurs la soulageait terriblement.
À sa plus grande surprise, Emma n'eut pas à jouer les fouines peu discrètes pour pouvoir savoir ce que Charlie en pensait, elle. Elle allait pouvoir secrètement -par rapport à Wyatt- se faire sa propre opinion et ensuite éventuellement soumettre son point de vue à son frère si elle jugeait que c'était utile, si elle jugeait que ça en valait la peine. Peut-être sortirait elle de la voiture convaincue que Charlie était une peste sans nom qu'elle n'avait pas su cerner au premier abord et avait surestimée, mais peut-être passerait-elle la fin de sa soirée persuadée que son petit frère et elle avaient encore du chemin à faire ensemble. Dans tous les cas, elle pourrait penser de manière plus raisonnable et être plus efficace par la suite.

Le récit commença, Emma écouta avec une attention toute particulière, ne détournant pas son regard de la route, d'abord parce que c'était nécessaire pour les mener à bon port saines et sauves, ensuite parce qu'elle doutait que regarder Charlie l'aiderait à se confier. Avec une considération presque psychologue, Emma s'attardait à chaque mot que son interlocutrice prononçait. Elle arqua d'ailleurs un sourcil en entendant que les danses n'étaient aucunement responsables de la rupture selon elle, mais qu'il s'agissait plutôt de jalousie. Jalouse de quoi? Dans sa version des faits, Emma n'avait définitivement rien noté que Wyatt ait pu faire et qui ait pu rendre Charlie jalouse -c'était logique, n'est-ce pas? Elle-même relativement possessive, la rouquine comprenait tout à fait que, si tant est que des filles cherchent à flirter avec Wyatt, Charlie s'en sentirait blessée. Miss P. n'avait qu'à penser à Holly Holliday pour lever les yeux au ciel en râlant, maudissant la blondinette d'avoir le culot d'être... tout ce qu'elle était. Voilà. Absolument tout. Et surtout tout ce qu'elle était en compagnie de Will. En y pensant seulement Emma sentait un désagréable frisson remonter le long de sa colonne vertébrale alors que ses poings se fermaient sur le volant. Définitivement, elle comprenait que la jalousie pouvait être handicapante. Elle trouvait en revanche peut-être peu pertinent qu'elle soit un motif de rupture -mais encore une fois, c'était probablement parce qu'elle savait que Wyatt n'aurait jamais intentionnellement fait de mal à Charlie. Il n'y avait qu'à voir comment il parlait d'elle; Emma le connaissait bien, il n'était pas du genre à jouer les cœurs sensibles mais définitivement, Watson-Brown avait su le toucher plus intensément que personne.
Le prénom de Grace ramena Emma à elle en un éclair. Certes, Grace avait légèrement déraillé ces derniers temps -Emma en était même tout à fait inquiète pour être honnête- mais elle ne comprenait pas pourquoi Charlie prenait ça au sérieux. Peut-être Charlie ne savait-elle pas ce qu'il en était vraiment; peut-être avait-elle juste entendu la blondinette lui délivrer des élucubrations rocambolesques selon lesquelles elle serait déjà mariée à Wyatt, voire mère de huit de ses enfants et prête à accoucher du neuvième... Madame Schuester doutait que ce soit si simple ou si fou que ça.  Cela dit, à la réflexion... à la manière dont Grace lui avait parlé, Emma elle-même avait cru que Wyatt avait une liaison avec elle. C'était donc juste ça? Charlie aussi l'avait cru? ça n'avait pas dû être difficile, si elle ne connaissait pas Grace, pas plus que sa capacité à se convaincre de choses totalement fausses parce qu'une voyante le lui avait dit. Tout ça allait beaucoup trop loin... « Attends, Grace? hm. Pardonne-moi si je suis indiscrète, mais tu étais jalouse d'elle? » Tenta de clarifier Emma. « Charlie, je... enfin, je connais bien Grace, elle a tendance à s'emporter. Wyatt n'était pas "intéressé" par ses propositions, tu peux en être sûre, elle s'était juste mis en tête qu'il lui était destinée parce que... » ...madame Irma le lui avait dit? Non, Emma ne pouvait décemment pas discréditer son amie à ce point; ça ne l'aiderait en rien, or elle avait visiblement vraiment besoin d'aide. « ...enfin, au fond, elle croit aux âmes sœurs, quelque chose comme ça. Elle pensait que Wyatt était la sienne mais c'était juste une erreur de casting. Une fâcheuse erreur. Enfin, elle avait décidé qu'il était fait pour elle sans même réellement le connaître... précisément parce qu'il était censé être pour elle mais... Enfin c'est un peu compliqué. Retiens juste que Wyatt n'a jamais fait quoi que ce soit qui pouvait lui laisser penser qu'il ressentait quelque chose pour elle. Ou qu'il voulait euh, comment dire... avoir une aventure avec elle. » Emma avait l'impression d'en dire trop, et en même temps pas assez: elle aurait voulu lui expliquer en long en large et en travers qu'elle se faisait des idées et que Wyatt n'avait rien fait de mal, seulement dans le même temps elle tenait à préserver l'intégrité de son amie et refusait catégoriquement de confier qu'elle était un peu exubérante et intéressant sujet pour la psychanalyse. C'était hors de question... il était également hors de question qu'elle laisse son frère malheureux et détruit parce que précisément Grace n'aurait pas perdu son temps en demandant de l'aide à quelqu'un de compétent dans le domaine de la psychologie.

Un petit sourire, un peu timide, étira les lèvres d'Emma lorsqu'elle entendit Charlie dire qu'elle aimait toujours Wyatt. Finalement, c'était tout ce qui importait, non? C'était tout ce qu'ils avaient besoin de savoir, l'un et l'autre. Pourtant elle ne voulait pas confier à l'ex de son frère que lui aussi était encore fou d'elle; il le lui avait dit parce qu'il savait qu'elle ne le répéterait pas, ce n'était certainement pas à Charlie qu'elle devait le dire. « Pour ce que ça vaut, je suis certaine que vous auriez encore des tas de choses à vivre ensemble. » Confia Emma doucement. Elle grimaça légèrement quand Charlie formula à haute voix sa pensée, mais adoucit à nouveau ses traits en entendant la conclusion de la jeune femme: elle ne tromperait jamais son frère. « Je te crois, Charlie. » Assura Emma en acquiesçant, tournant brièvement la tête en sa direction. Elle fronça alors légèrement les sourcils, entrevoyant la possibilité sinistre mais quelque part rassurante qu'effectivement tout puisse s'arranger. « Donc, si je résume. Je veux dire... Non pas que ça me regarde, c'est juste, comme ça. Ne le prends pas mal, je ne veux pas paraître intrusive... » Ils semblaient juste tous les deux au bord de la crise de nerfs, s'ils n'avaient pas encore durablement plongés dans la dépression, et de fait il paraissait vital qu'un tiers daigne leur expliquer que tout cela était absurde. « Tu as pensé qu'il était amoureux d'une fille qui en fait se faisait des idées; lui croyait que de fait tu t'éloignais de lui et te rapprochais d'autres garçons... Mais il n'en est rien. » D'un ton presque professoral, Emma essayait d'être concise et claire pour en fait d'elle-même mieux comprendre la situation. Regardant alors Charlie -parce qu'elle était à un feu rouge, qu'elle ne craigne pas pour sa vie- d'un air protecteur, un sourire presque maternel aux lèvres, Emma adoucit encore un peu le ton de sa voix alors qu'elle ne savait retenir la lueur d'évidence qui pétillait dans ses yeux. « Donc... il serait peut-être temps que vous ayez une conversation, tu ne penses pas? »
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Charlie Pillsbury
Charlie Pillsbury
GANGSTA CHARLIE ► Whatever happens tomorrow, we had today.
Age : 25 ans.
Occupation : Assistante de Cassie chez les SC & Rédactrice.
Humeur : Angoissée.
Statut : Épouse de Wyatt Pillsbury.
Etoiles : 1621

Piece of Me
Chanson préférée du moment : Coldplay ─ Charlie Brown
Glee club favori : Second Chances
Vos relations:
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MessageSujet: Re: 03. We've got a bumpy ride ahead of us.   03. We've got a bumpy ride ahead of us. EmptyLun 10 Mar - 17:05

Mettre des mots sur les sentiments que l’on éprouve n’est pas toujours une chose facile, Charlie le savait mieux que quiconque. Pendant des semaines, elle s’était efforcée de penser qu’elle parviendrait à s’en sortir sans l’aide de personne. Après tout, n’avait-elle pas déjà prouvé qu’elle était capable de se débrouiller seule, par le passé ? A dix-huit ans, elle avait pris la décision de quitter le domicile familial pour s’inscrire dans plusieurs universités toutes situées à des centaines de kilomètres de San Diego. Les trois années suivantes, elle s’était acclimatée à l’Ohio et en particulier à l’Ohio State University sans jamais prendre peur ni regretter sa décision, son indépendance se révélant et se renforçant au fil des mois. Elle avait toujours préféré gérer les choses à sa manière, toujours voulu montrer qu’elle était suffisamment grande pour prendre ses propres décisions et en assumer les conséquences. Son orgueil n’était probablement pas étranger à cette manie agaçante, et pourtant c’était sans aucun doute sa sensibilité qui était principalement la cause de ce rejet permanent d’autrui : de peur de faire confiance, elle se refermait systématiquement comme une huitre. Ce refus de s’exposer et de dévoiler ses faiblesses avaient été en grande partie responsables de sa rupture avec Wyatt. Lui qui avait tout partagé avec elle, ses souvenirs d’enfance comme ses plus grands regrets s’était naturellement attendu à ce qu’elle en fasse de même, ce qui s’était révélé plus difficile que prévu pour la principale intéressée. Comment lui dire qu’elle était détruite de l’intérieur sans qu’il ne prenne peur et décide de jeter l’éponge ? Comment lui faire comprendre que si elle était méfiante à ce point c’était parce qu’elle avait peur de le perdre ? Parce qu’elle avait peur d’en donner trop et d’être déçue à nouveau ? A chaque fois qu’elle aimait, cet amour se retournait contre elle. Elle avait aimé son père, il était mort à la guerre. Elle avait éprouvé des sentiments à l’égard de son amour du lycée, il lui avait révélé son homosexualité. Une claque, deux claques… était-elle suffisamment forte pour en recevoir une troisième ? A croire que non au vu de l’état dans lequel elle se trouvait à présent. Elle était anéantie. Elle avait perdu tout ce qui était sacré à ses yeux, l’amour de sa vie comme ses projets d’avenir, le bonheur comme le sentiment de réconfort et de sécurité qui la submergeait lorsqu’elle se blottissait dans les bras de son gynécologue. Et tout ça pour quoi ? Pour une méfiance qu’elle n’arrivait pas à gommer, des craintes qui refaisaient toujours surface à un moment ou à un autre, et une pudeur qui la rendait incapable de se dévoiler.

Pourtant, si elle avait toujours voulu régir sa vie à sa manière et craint de délivrer à voix haute la nature de ses sentiments, partager ces derniers avec Emma s’était révélé étonnamment simple. Sans s’en rendre véritablement compte, elle lui avait tout dit : la raison pour laquelle elle se sentait coupable, ses regrets à l’égard de ce qui était désormais perdu, sa promesse de n’avoir jamais flirté avec qui que ce soit d’autre. Mais aussi, et surtout, son amour pour Wyatt. Alors qu’elle-même ne voulait pas l’admettre, parce qu’il s’agissait d’une vérité qu’elle ne pouvait ni ne savait comment supporter, elle s’était confiée à Emma, lui révélant que l’amour qu’elle avait toujours porté à son frère n’avait jamais disparu. Peut-être parce qu’elle était trop fatiguée de se battre contre la vérité, ou peut-être parce qu’elle en avait assez de se mentir à elle-même, mais seule la conséquence de cet aveu importait réellement et Charlie savait que revenir sur ces paroles serait terrible, autant pour elle que vis-à-vis d’Emma. Alors elle ne le fit pas et se contenta de fixer ses mains, consciente qu’elle venait de jeter un pavé dans la mare.

La voix de la conseillère d’orientation de McKinley High la ramena néanmoins bien vite à la réalité, et en l’entendant mentionner à son tour la fille chérie de l’Eglise, Grace Hamilton, Charlie se crispa légèrement avant de poser son regard sur la silhouette de la jeune femme. Emma lui assura connaitre parfaitement Grace et sa tendance à « s’emporter », et selon elle Wyatt n’avait jamais été intéressée par la cadette Hamilton. Charlie renifla tristement en entendant ces paroles pleines de sagesse. Grace, d’accord, mais la Second Chances n’était pas certaine que le gynécologue soit entièrement insensible à Ruby, et il le lui avait prouvé à de nombreuses reprises : sur scène, tout d’abord, puis en refusant d’avouer à l’Awesome Voice qu’il était en couple.  Charlie avait vécu cela comme une vraie trahison, et ses doutes n’avaient pas tardé à la hanter après sa rencontre avec Ruby au Breadsticks. Se mordillant légèrement la lèvre inférieure, elle reporta son attention sur ses mains. Demeurant résolument muette l’espace de quelques secondes, son mutisme prit néanmoins fin lorsqu’Emma tira des conclusions un peu trop optimistes pour elle. « Ce n’est pas tout à fait ça » Fit-elle en fermant furtivement les yeux.  « Disons que certaines inconnues de l’équation continuent de m’échapper. J’aimerais que ce soit aussi facile, mais ça ne l’est pas » Trancha-t-elle, la peine qu’elle ressentait perçant le ton de sa voix. « Et puis votre frère ne veut plus entendre parler de moi, Emma. En un sens, je peux le comprendre ».

La brunette rouvrit les yeux et soupira longuement. Jetant un coup d’œil aux environs, elle reconnut les rues de la banlieue, ce qui signifiait qu’elles n’étaient plus très loin de chez Lexie ; au bout de cette grande avenue, les maisons disparaitraient pour laisser place à une longue route déserte qui menait à la très isolée Pension Preston. Charlie hésita, se demandant s’il était préférable de demander à Emma de s’arrêter là pour s’assurer qu’elle ne sache pas où elle se rendait, ou lui indiquer de poursuivre jusque chez les Preston, même si cela signifiait que Wyatt puisse connaitre l’endroit où elle logeait depuis plusieurs jours. Baissant les yeux, elle réfléchit à toute vitesse puis en vint à la conclusion qu’avec Lexie le secret ne serait jamais véritablement sauf et que par conséquent, il était probablement inutile de se montrer plus prudent que de raison. Sans compter qu’elle pensait pouvoir faire confiance à Emma là-dessus. Aussi prit-elle une longue inspiration, avant de se lancer. « Vous pouvez continuer, si ça ne vous dérange pas. Je dors chez mon amie Lexie ce soir, sa maison est tout au bout de la route. Vous avez sûrement déjà entendu parler de la fameuse Pension Preston » Ajouta-t-elle, un sourire aux lèvres. Le dernier kilomètre jusqu’à la Pension se fit dans le silence, et Charlie remercia intérieurement Emma de ne pas la pousser à se confier davantage. Lorsqu’enfin la rouquine se gara devant la Pension, la Second Chances se tourna vers elle afin de lui faire face. « Merci de m’avoir raccompagnée Emma, c’était vraiment très aimable de votre part ». Elle lui adressa un petit signe de la tête puis ouvrit la portière de son côté. Une fois à l’extérieur du véhicule, elle se pencha en avant et planta son regard dans celui de l’ainée Pillsbury devenue Schuester. « Est-ce que je peux vous demander une dernière chose ? Ne dites pas à votre frère que je suis ici et… » Elle hésita. « J’aimerais que ce qui a été dit dans la voiture reste confidentiel, aussi. S’il-vous-plait ». Elle lui adressa un dernier signe de la tête puis referma la portière avant de se diriger vers la Pension. Elle ne savait pas vraiment ce qui adviendrait de sa relation avec Emma Pillsbury-Schuester, mais une chose était certaine : elle s’était défendue de la meilleure façon ce soir-là, sans jamais lui mentir. Enfin, sauf quand elle lui avait dit être une mauvaise psychologue, peut-être…
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