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 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]

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MessageSujet: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyJeu 2 Jan - 23:59

Son ventre hurlait à la famine et Kurt grimaça en se redressant de la chevrolet qu’il était en train de vérifier. Rien de bien compliqué en soi ; il lui suffirait de faire la vidange et Mr Smith retrouverait sa voiture en parfait état de marche. La matinée était passée trop lentement, Kurt avait la désagréable impression d’être figé dans le temps… son regard se leva une énième fois sur l’horloge du garage qui indiquait seulement 11h50.

Trois minutes.

Elle n’avait avancé que de trois ridicules minutes depuis la dernière fois qu’il y avait jeté un œil. Sérieusement ? Le jeune homme retint un soupir et secoua la tête en tentant de se concentrer à nouveau sur ses vidanges à faire. Jamais il n’avait eu autant de difficulté à se mettre au travail, mais la fatigue de la veille jouait beaucoup dans son actuel manque d’assiduité. Hier soir le cabaret avait lancé son tout nouveau numéro et Kurt était rentré bien –trop- tard. Où bien trop tôt, cela dépendait du point de vu. Sa tête tambourinait encore du tam-tam lancinant de la musique, et ses yeux brûlaient encore des lumières vives et aveuglantes qui l’avaient éclairés et éblouis sur cette scène, le coupant du monde et…

L’éveillant à ses sens qu’il croyait disparus.

Il pouvait encore entendre les applaudissements et les sifflements et les…

« Pause déj ! Hurla une voix dans le fond, coupant Kurt dans ses pensées. »

Fronçant les sourcils, il jeta par réflexe une œillade à l’horloge qui affichait bien 12h cette fois. Son regard s’attarda une seconde sur le filtre qu’il tenait en main, se faisant la réflexion qu’il pourrait s’avancer un peu avant de déjeuner mais son estomac le rappela bien rapidement à l’ordre : il avait faim. Il était inutile d’insister, il sentait bien que cette journée allait être longue et éprouvante, donc autant satisfaire l’un de ses besoins primaires. Abandonnant le filtre sur la desserte en métal, il s’empara d’un vieux chiffon avec lequel il s’essuya ses mains sales de cambouis avant de les passés sous le lavabo. La graisse disparue mais il avait beau frotté, les ongles demeuraient encore sales… Il soupira avec lassitude, sachant déjà qu’il passerait sa soirée à retrouver une peau et des ongles propres.

Les éclats de voix lui parvinrent de la sale de pause dans laquelle il s’engouffra au moment où Franck, son contremaître, distribuait les cheeseburgers, frites et autres boissons gazeuses qu’il était allé chercher au Rock’n’Diner,  qui était un peu le restaurant rapide de Lima. Kurt piocha une bouteille d’eau fraiche dans le frigo et s’installa à côté de Franck qui ne tarda pas à croquer dans son hamburger, alias cholestérol triple pontage.

« Tu ne devrais pas manger ça, lança t-il sans pouvoir s’en empêcher. »

C’était juste plus fort que lui. Franck lui rappelait parfois son père avec sa casquette de baseball sur la tête et son air bourru, et il mangeait exactement ce qui lui avait causé une attaque cardiaque. Son cœur se serra douloureusement à se souvenir. Un « rhaaa ça va » collectif s’éleva des mécanos qui l’entouraient et l’un d’eux tapa –joueur- dans son épaule.

« Relax, c’est qu’un hamburger, renchérit Franck. T’inquiète pas, je t’ai pris ton truc que tu aimes bien là. On dirait de la bouffe pour lapin ! »

Kurt, qui était en train d’ouvrir le couvercle en plastique de sa salade, esquissa un sourire amusé et très faussement vexé.

« Hey, déjà, déclara t-il en le pointant avec sa fourchette. C’est de la salade césar, et c’est délicieux !
- Si tu le dis,
grogna le mécano. Pas étonnant que tu sois tout maigrichon.
- Tout le monde parait maigrichon face à toi, King Kong,
renchérit Kurt, en piochant un morceau de poulet qu’il mangea avec appétit. »

Même si Kurt était adepte de la nourriture bio, et qu’il montrait fièrement au travail, il n’était pas rare qu’il aille –secrètement, évidemment- s’acheter de temps à autre un cheeseburger avec supplément fromage. Mais jamais il ne leur avouerait, et ce même sous la torture. Ça faisait toujours rire Finn et Artie mais Kurt avait la détermination –ridicule certes- de montrer le bon exemple à ses employés… bien que la majorité de ceux-ci avaient deux fois son âge et pesait le double de son poids. Il lança une œillade à la nourriture qui dégageait une odeur ô combien alléchante –ne nous mentons pas- et son estomac se manifesta une nouvelle fois.

Non. Non, non. Il ne pouvait pas se permettre d’excès en ce moment. Il venait de reprendre la danse, et s’il avait gagné en force et en maintient, il avait beaucoup perdu en souplesse et en équilibre.

Finalement Franck haussa les épaules et ils retournèrent à leurs repas quand un bruit résonna dans le garage.

« Un client, déclara un des mécanos. Qui y va ?
Un brouhaha résonna soudainement.
- Ah non, pas maintenant ! Je mange.
- Moi aussi… Peux pas, je suis en pause déjeuner.
- Si je mange pas je m’évanouis, je peux pas ! »


Kurt leva les yeux au ciel et secoua la tête. Ses mécaniciens étaient de véritables gamins quand ils s’y mettaient.

« J’ai compris, souffla t-il en se levant. Je m’en occupe. »

Ils le saluèrent et l’applaudirent pour son courage et sa dévotion sans norme… Courage et dévotion, mon œil oui ! Bravo Hummel, quel patron tu fais ! Soupirant et se levant instinctivement une nouvelle fois les mains, Kurt sortit de la salle de pause pour se diriger vers la silhouette qui attendait près de l’entrée. Il s’agissait d’un jeune homme, son âge certainement, ou peut-être un peu plus jeune.

« Bonjour, lança t-il, ses lèvres dessinant un sourire amical et professionnel. Que… »

A ce moment là, Rock you like a hurricane de Scorpions retentit à la radio et une vive huée résonna lourdement derrière lui.

« Here I aaaaam, rock you liiiike a hurricaaaane ! Chantèrent t-ils, faux mais avec enthousiasme. »

Kurt écarquilla les yeux et se sentit stupidement rougir.

« Je… Hum. Juste ne faîtes pas attention à eux, déclara t-il avec un léger rire, gêné. Que puis je faire pour vous ? »


Dernière édition par Kurt Hummel le Lun 20 Jan - 21:17, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyVen 3 Jan - 15:00


Don’t you try to tell me someone’s waiting.
They’re not waiting for you.
Oh and don’t you try to tell me that you’re wanted.
That you’re needed.
Cause it’s not true.
I know why you’re lonely.
It’s time you knew it too.
No one will ever love you, no one will ever love you.
No one will ever love you like I do.


Dans la cabine surchauffée de la dépanneuse, Andrew fredonnait la chanson qui passait sur le vieux poste radio. Il fallait bien combler le silence pesant qui s'était installé depuis le début du trajet. Coincé entre les accoudoirs d'un siège en cuir trop profond pour lui et un dépanneur peu prolixe, aussi peu aimable, et à la figure résolument fermé, le jeune homme saisissait n'importe quelle excuse pour combler le vide intersidérale de la cabine aux vitres givrées. Des chaussures que son acolyte du jour portait et qu'Andrew avait complimenté, récompensé par un grognement étrange, entre le troll de caverne et le dernier râle d'un cerf, à cette chanson qui passait à la radio. Pourtant, Andrew n'était pas un des premiers fans de la musique country. Trop texane, trop de relents patriotes malsains, et puis les bottes ne lui allaient pas, mais vraiment pas. Ni le gilet mi-jean mi-cuir et le chapeau que seul Chuck Norris osait encore porter. Il préférait de loin les classiques pop-rock et les comédies musicales, histoire de faire dans le stéréotype et de verser dans l'imaginaire gay plein de poneys et de paillettes lâchées par une horde de licornes endiablées. Tapant le rythme de la musique du bout de ses doigts sur sa cuisse, au grand désespoir du chauffeur sans doute excédé. La guitare sèche résonnait encore quand la dépanneuse s'arrêta sur le parking d'un garage dont Andrew ignorait encore l'existence, prouvant une fois de plus que finalement il restait un petit nouveau à Lima. Il claqua la portière, après avoir remercié le dépanneur qui se contenta d'un grognement, véritable langage plus gutturale que la langue de Goethe pourtant bien âpre, achevant d'éteindre les dernières notes de No one will ever love you. Au revoir country, bonjour garage.

Garage Hummel. Inconnu au bataillon ce monsieur là. Mais Andrew savait déjà ce qu'il allait y trouver. Des armoires à glaces le dépassant d'une tête, voire deux, habillées dans de sublimes bleus de travail informes. Ils lui serreraient la main, sale et enduite de cambouis la main, en lui demandant ce qu'avait sa voiture. Si je viens, c'est que j'en sais rien, éh, banane. La voiture bleue nuit, presque noire, mais l'assurance avait décidé qu'elle était bleue, gisait maintenant, froide, sur le parking, délaissée par la dépanneuse qui s'en allait fumante à la poursuite d'une autre carcasse à enlever. Andrew ouvrit sa portière, s'étalant de tout son long sur les sièges afin d'accéder à sa boîte-à-gants qui contenait les papiers du véhicule. Il devait donner un beau spectacle vu de l'extérieur, deux jambes vêtues d'un jean qui se débattaient dans le vide , un long manteau noir d'hiver et une écharpe rouge vif qui s'enroulait tantôt autour d'un bras, tantôt vers le siège. Muni de la carte grise, de son permis de conduire et de son courage, Andrew pénétra dans le garage, le masque souriant et hypocrite, révélateur de son métier de vendeur, fendu sur son visage.

Et le spectacle tant attendu se livrait à lui. Portes immenses à battants métalliques, voitures suspendues, radio qui grésillait quelque part un tube inaudible, odeur d'essence, de graisse et d'acier, fils et câbles au sol, dessertes argentées et roulantes sur lesquelles étaient abandonnés outils et chiffon enduit du noir du cambouis. Rien d'exceptionnel dans ce garage, même pas les néons électriques qui grésillaient au plafond, sauf peut être ce lutin bleu qui s'avançait vers lui d'une démarche chaloupée et gracieuse, pour ne pas dire gracile. Il ne pouvait être client ici, il portait l'irréductible bleu de travail si seyant. L'employeur devait trouver à sa taille moyenne et à la finesse de son corps des avantages qui échappaient complètement à Andrew. Le jeune homme en face de lui, mi-elfe mi-princesse enfermée dans un garage par une belle-mère vraiment très méchante et particulièrement sadique, l’accueilli avec une voix raffinée, achevant de convaincre le jeune vendeur que le garagiste en face de lui était retenu ici de force. Et dire que l'esclavage était censé être aboli, oh pays des libertés humaines. Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, déjà d'autres de ses congénères bleus braillaient, invisibles mais tout à fait audibles, un bon vieux tubes rock qu'ils arrivaient, eux, à entendre. Plus de doute, Andrew était bien dans un garage.

"Que puis je faire pour vous ?" Pourquoi rougissait-il ? Avait-il honte des trolls qui mugissaient dans son dos ? Ou peut être était-il gêné d'en faire parti, finalement. En tout cas, ce rosissement était bienvenu sur ce visage pâle qui pourrait faire des envieuses au pays des poupées de porcelaine. Andrew stoppa net ses sarcasmes pour se concentrer sur la tâche de la journée : sauver sa voiture d'une mort certaine. Enfin, si on lui laissait entre ses mains novices. Et puis, le garçon, peut être un peu plus vieux que lui, n'était pas désagréable. Et plutôt gentil même, quand on considérait la remarque dépitée qu'il venait de lancer. Andrew avait pris une résolution, changer d'opinion sur les garages, et s'enlever de la tête les stéréotypes qui l'avaient lui trop longtemps suivis. Après tout, lui était gay sans être une de ces folles à plumes que l'on pouvait voir dans certains talk à succès. Pourquoi ne pouvait- on pas rencontrer de garagiste épanoui qui avait plus le physique d'un chroniqueur mode que d'un mécano émérite ? Le jeune homme décida alors de répondre à l'humour du garagiste. Après tout, c'était aussi de sa faute, il arrivait comme un cheveux sur la soupe en pleine de pause méridienne sans crier gare. Toujours aussi bien organisé l'Andrew.

"Pas de souci pour vos collègues, ils ont de bons goûts." Andrew laissa échapper même un rire léger, preuve que finalement, il s'y sentait bien, dans ce garage qu'il ne connaissait pas. "Ma voiture refuse de démarrer depuis quelques jours, et j'avoue que je n'y connais vraiment rien en mécanique."

Andrew secoua la tête, dépité. Ça faisait parti de ces compétences qu'il aurait bien voulu acquérir plus jeune. Réparer une voiture en piteux état avec son père, apprendre par la même occasion à jouer de clé à molette et à réparer l'épave qui, une fois remise à neuf, serait sienne, surprise du paternel. Mais il avait fuit bien trop tôt le domicile familial pour avoir connu ça. Et se retrouvait donc démuni face aux toussotements de son véhicule et à son arrêt total. Au moins la radio fonctionnait encore, ce qui lui avait permis de chanter son désespoir en braillant un "All my myself, anymore" bien senti à l'encontre du moteur qui refroidissait à vu d'oeil.

"Normalement, l'assurance devait vous appeler pour prendre rendez-vous et vous prévenir de mon arrivée. Au nom de Lokart. Monsieur Andrew Lockart. La voiture est sur le parking si vous voulez la voir."

Quelle question, bien sûr qu'il veut la voir. Tu as d'autres questions bêtes 'Drew ? C'était au tour d'Andrew de rougir, devant l'inutilité des précisions qui se sentait obligé de donner. Mais enfermé dans une situation inconnue, il se sentait le devoir de parler, encore et toujours. Ou de se taire, se murant dans un silence rassurant. Mais le garagiste avait eu le malheur de faire de l'humour, lançant une perche aux bavardages du jeune homme. Et un amer et sadique doute vint envahir Andrew. Si le garagiste arrivait à réparer sa voiture, à la redémarrer, il relancerait par voie de conséquence le CD qui tournait dans le lecteur. Le garage allait avoir droit à la compilation complète de la comédie musicale Wicked, baffles à fond et aiguës au top. Rien que l'idée tétanisait Andrew et lui donnait envie de prendre ses jambes à son cou. Heureusement que le mécano en face de lui était loin d'une de ces armoires à glace auxquelles le vendeur s'attendait, il aurait peut être plus de chance de garder la face. Mais rien était moins sûr.
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyVen 3 Jan - 21:58

Son sourire se crispa légèrement en apercevant cette lueur qui lui était familière dans le regard d’Andrew. Kurt avait bien conscience qu’il dénotait dans le paysage viril et masculin du garage, et il était déjà arrivé que certains clients viennent à douter de ses compétences. Parfois certains refusaient même à ce qu’il s’occupe de leur voiture, obligeant Kurt à faire appel à l’un de ses collègues pour prendre la relève. Dans ces instants là, il s’efforçait de sourire, parfaite façade de circonstance, tout en tentant d’ignorer la colère et la tristesse amère qui venaient le transpercer de leurs lances acérées.

Et cela le surprenait toujours autant.

Que ça faisait mal. Il avait beau le savoir, il avait beau y être habitué, ça continuait toujours de lui couper le souffle, lui donnant la sensation de s’être pris un coup en plein visage. Par instinct, le jeune mécanicien regarda par-dessus son épaule en direction de la salle de pause, se demandant brièvement s’il n’allait pas faire appel à Franck… La soirée avait été parfaite, une véritable délivrance pour Kurt malgré la fatigue et les muscles endolories, et il souhaitait demeurer encore un peu plus longtemps dans sa bulle d’illusion et de fantasme. Il n’aurait pas la force, ni l’envie, de faire face à un énième inconnu qui passerait son temps à le juger, perché sur son piédestal, le dévisageant avec mépris –au mieux. Non. Pas aujourd’hui. Pas quand il était épuisé et à fleur de peau.

Il retint un soupir –ce ne serait pas professionnel- tout en reportant son attention sur le client. Kurt devait se faire une raison : Lima resterait toujours Lima, rien ne changerait jamais. Et surtout pas pour les personnes comme lui.

Discrètement il dévisagea rapidement l’inconnu, approuvant intérieurement la tenue qu’il portait et dissimulait sous son épais manteau noir. Son regard s’attarda malgré lui un peu plus longtemps que nécessaire sur les larges épaules du jeune homme, admirant les muscles qui se devinaient sous les vêtements. Des épaules qui donnaient juste envie qu’on s’y accroche fermement. Mais Kurt se reprit vivement, du moins avant que son « matage » ne soit trop flagrant et se détourna en direction du comptoir afin de se donner une légère contenance.

Kurt n’avait eu qu’un seul véritable petit ami dans sa vie, mais ça ne l’avait pas empêché de ramener des hommes chez lui pour réchauffer son lit les nuits trop froides. Des one night stand qui ne signifiaient rien, mais qui avaient le mérite de lui rappeler qu’il était humain. Et dans ces moments là, son physique « féminin » et sa voix trop aigüe n’avaient jamais été un problème.

Andrew lui expliqua qu’il ne s’y connaissait pas en mécanique et Kurt le scruta une seconde. Il semblait sympathique avec ses grands yeux marron –ou vert ?- et ses boucles rebelles. Un véritable prince Disney, pensa t-il, amusé. Peut-être qu’il n’aurait pas besoin de chercher Franck après tout.

« Aucun problème, répondit-il par automatisme en hochant la tête. C’est pour ça que nous sommes là, n’est ce pas ? »

Sa réponse pouvait paraître un peu froide, même sarcastique mais Kurt ne pouvait s’en empêcher. Il avait toujours été un peu sarcastique du temps du lycée, et même s’il faisait plutôt profil bas ces dernières années, il n’était pas rare que ce côté de son « ancien lui » ressorte de temps à autre. Prenant conscience de son comportement un peu sur la défensive, le jeune homme essaya de se détendre et lui offrit un sourire un peu plus sincère.

« Ah ? Il me semble pas avoir eu de coup de téléphone d’une assurance… Juste un instant. »

Il s’était occupé de l’administration ce matin, juste avant que Mr Smith ne débarque avec sa voiture, délogeant Kurt de ses factures et autres paperasses. Pinçant les lèvres, il farfouilla dans l’agenda qui trainait près du vieux téléphone : Franck avait peut-être pris le coup de fil ? Rien. Du moins rien au nom de Monsieur Andrew Lockart. Il lança une recherche sur l’ordi qui ne donna rien non plus.

« Non, désolé, nous n’avons rien reçu. Mais – il agrippa une feuille de renseignement basique, un support en bois ainsi qu’un stylo – on va s’arranger autrement. Tenez, j’ai juste besoin que vous remplissez ces informations… »

"La voiture est sur le parking si vous voulez la voir."

Kurt esquissa un sourire et eut un léger rire. Oui, définitivement, il n’avait pas besoin de faire appel à Franck. Ce monsieur Lockart ne semblait pas être homophobe au moins… Car oui, il avait toujours l’impression que son orientation sexuelle était écrite en grand et en gras sur son front. Même s’il savait qu’il ne trompait personne.

« Oui j’aimerais bien la voir, ça pourrait être utile, lança t-il, rentrant pleinement dans son jeu. Vous m’accompagnez ? »

La voiture était d’un bleu profond, presque noire. Kurt aurait penché pour un bleu marine, mais peu importait. Il faisait froid, le vent d’hiver transperçait ses vêtements et il eut du mal à refréner un frisson.

« Alors ma belle,
déclara t-il en ouvrant finalement le capot pour se pencher sur le moteur. Qu’est ce qui t’arrive ? »

Il savait que c’était ridicule de parlé à une voiture, mais il avait prit cette habitude des autres mécaniciens… Au lycée, Kurt avait tenu à son Navigateur comme à la prunelle de ses yeux, et il ne voulait pas repenser à la fois où Mercedes l’avait détruite à coup de brique dans le pare-brise. Après quelques minutes il délaissa le capot pour se pencher et regarder sous la voiture.

« Je vois, dit-il finalement avec un sourire. Juste la batterie qui est déchargée, ça peut arriver quand il fait froid. Si la batterie se décharge en une nuit, ça veut dire qu’elle est HS. Je vais vérifier avec l'allumage électronique, il devrait y avoir une bobine sur laquelle sont reliés tous les fils des bougies. Ça devrait faire fonctionner votre démarreur. Il faudra nettoyer les contacts à l'intérieur et au besoin changer les vis platinées et le petit condensateur. »

Kurt prenait toujours le temps d’expliquer les problèmes à ses clients, il souhaitait les mettre en confiance, les rassurés. Il n’était aucunement question d’arnaque au garage, il refusait d’en entendre parler.

« Je reviens. »


Quelques minutes plus tard, Kurt était de retour avec une batterie reliés à des pinces qu’il plaça méthodiquement à celle de la voiture. Il s’installa finalement à la place du conducteur et passa la tête à travers la portière entrouverte.

« A mon signal vous pouvez tourner le bouton sur la batterie, s’il vous plait ? »

Un pied sur l’accélérateur, un autre bien à plat sur le bitume du parking, la clé sur le contact, prête à être activée.

« Allez-y ! Lança t-il »

La voiture toussota puis s’arrêta fermement, Kurt se mordit la lèvre inférieure et insista à plusieurs reprises. Cette fois ci le tableau de bord s’alluma et alors qu’il s’apprêtait à sauter de l’habitacle pour rejoindre le capot, Kurt se figea au même moment que les notes puissantes de Defying Gravity s’élevèrent des baffles. Ses yeux bleus s’écarquillèrent, alors qu’il fixait le poste de radio et l’espace d’un instant il se revoyait dans cette salle du Glee Club à McKinley.

« Oh mon dieu… chuchota t-il, incrédule. »

C’était sur cette chanson qu’il avait réussi à atteindre la note F… Il se revoyait face à Rachel Berry, et il se revoyait perdre délibérément pour son père. Il déglutit péniblement alors qu’il s’extirpa de la voiture, tel un diable sortant de sa boite.

« Oh mon dieu ! S’exclama t-il cette fois ci en se tournant vers Andrew. Me dîtes pas que c’est l’album de la version live ! La version limitée de Wicked, je me suis battu pendant des heures avec trois autres acheteurs sur eBay pour l’avoir avant qu’un idiot sorti de nulle part me le vole sous mon nez ! »

Oui, on lui avait volé, tout à fait !

« Oh mon dieu, on ne trouve cette version nulle part maintenant,
répéta t-il, excité à présent alors que les premières notes de « Ding Dong The witch is dead » commençaient. Vous ne le vendez pas, par hasard ? »

Mais la musique s’éteignit brusquement, en même temps que la voiture. Fronçant les sourcils, Kurt vérifia une nouvelle fois la batterie.

« Hum… Votre démarreur est mort, dit-il en se penchant un peu plus par-dessus le moteur. Malheureusement il faudra le changer… »

Un silence. Où Kurt le dévisagea un instant.

« Avez-vous le temps que je le fasse ? Où peut-être voulez vous repasser demain, le temps de la pose d’un nouveau démarreur ? Vous ne m’avez pas répondu pour l’album ? Votre prix sera le mien. »

Oui, Kurt était un passionné. Et oui, Kurt avait ses priorités.
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptySam 4 Jan - 11:29

Andrew hésitait. Devait-il se sentir flatté ? Gêné ? Les regards, furtifs, qu'il avait senti sur lui étaient étrangement inconnus, ou peut être le jeune homme en avait-il tout simplement perdu l'habitude. Ses doutes se clarifièrent quant à l'orientation sexuelle du garagiste. Bien sûr, il était fin, trop peut être au regard de l'image stéréotypée qu'il avait des garagistes. Et sa voix plutôt haut perchée quand on la comparait à celles, caverneuses, de ses collègues. Mais tous ces détails n'étaient en aucun cas significatifs. Andrew avait eu un collègue au Levis Store, beaucoup plus maniéré que lui et pourtant un sacré coureur de jupons. Mais le regard appréciateur du mécano ne pouvait le tromper. Le jeune serveur avait toujours été désespéré de constater qu'il était incapable de se rendre compte qu'il pouvait plaire à un garçon, ou dans le cas présent, être en présence d'un garçon qui aimait, semblait-il, les autres garçons. Toujours prendre des pincettes, ne jamais prononcer le mot. On ne l'avait jamais prononcé devant lui finalement, chez lui, chez ses parents. A mi-mots, on lui faisait comprendre qu'il n'était pas comme son frère, qu'il fallait le cacher. Que ce n'était ni bien, ni normal. Pour vivre heureux, vivons cachés. Et une fois autonome, Andrew s'était appliqué à vivre caché, n'ayant jamais de relations sérieuses, se contentant de quelques soirées passées avec quelqu'un, sans le revoir le lendemain. Ses petits jobs s’enchaînaient assez pour qu'il puisse oublier, la journée, et le soir quand il avait des extras au bar-karaoké, pour qu'il n'y pense pas. Pas trop. Mais la solitude de son appartement quand il rentrait tard le soir, ou tôt le matin quelques fois, ne le trompait pas. Andrew n'était pas à la recherche désespérée de quelqu'un avec qui partager ses journée. Il les remplissait bien assez, et puis s'intégrer à la ville de Lima était déjà bien assez compliqué comme ça.

Sans un mot, rosissant, il pourrait toujours faire passer cette coloration pour une réaction au froid hivernal qui régnait dehors, Andrew suivit le mécanicien dehors, en direction du parking sur lequel l'attendait sa voiture, immobile et résolument froide. Encore sous le coup de la surprise qu'avaient engendré les regards que lui avait porté le garagiste, il ne releva pas le fait que celui-ci parlait à sa voiture. Finalement, lui parlait bien aux piles de jeans et de pulls branlantes sur les étagères en contreplaqué du Levis Store. "Tiens toi droite" ou encore "Aujourd'hui c'est les soldes, j'espère que vous aurez du succès". C'était peut être ici un preuve du sérieux du jeune homme penché au dessus du moteur de sa voiture. On se rassurait comme on pouvait. Andrew avait toujours eu des doutes vis à vis de l'honnêteté ds garages. Ne pouvaient-ils pas détacher un fil sans grande conséquence immédiate, ou encore dévisser quelque chose sans qu'il le sache, pour le faire revenir dans quelques semaines, un mois peut être, et fidéliser sa clientèle à coup de sourire sympathique et de regards admirateurs ? Il balaya cette idée en tête, soucieux pour une fois de vouloir faire preuve de bonne volonté et de confiance. Pas du tout superstitieux, il croyait pourtant que certaines personnes pouvait lire sur son visage les doutes qu'il pouvait avoir et justement confirmer ces doutes, par pure contrariété ou vexation.

Mais le pire arriva. Il le savait, et se l'était promis : toujours baisser le son quand il se garait. On ne savait jamais qui pouvait monter dans sa voiture au démarrage. Ou dans le cas présent, qui pouvait se trouver dans l'habitacle de l'automobile, à supporter ses goûts douteux en matière de comédie musicale. Andrew avait cette mauvaise habitude d'augmenter le son du poste radio quand il appréciait particulièrement une chanson, sans doute histoire de couvrir les braillements que lui même effectuait au volant sur ses chansons préférées. Son angoisse redoubla quand il entendit le mécanicien lâcher un "Oh mon dieu" bien audible. Bravo Andrew, te voici fiché, catalogué. Au moins l'homme en bleu de travail avait eu la décence de lui faire assez confiance pour lui faire actionner la machine -un bouton restait toujours dangereux quand on avait les compétences mécaniques d'Andrew- pendant que lui s'occupait à faire redémarrer le moteur. Il lui avait même laissé le bénéfice du doute en se lançant dans une explication complexe à laquelle il ne comprit pas grand chose. Avait-il perçu les doutes du jeune serveur ? Était-ce un moyen pour lui de prouver qu'il méritait son titre de mécanicien ? Il assomma non sans mal Andrew à coup de bobine, de bougies, de démarreur ou encore de contacts, de vis platinées et du petit condensateur qui avait l'air mignon comme ça, mais strictement inconnu pour Andrew. Il s'était contenté d'hocher la tête, ne faisant sans doute pas illusions.

Et ça recommençait. Un autre "Oh mon dieu". Mais celui-ci était étrange. Étrangement joyeux, presque excité. Avait-il trouvé la panne ? La curiosité fit se lever le sourcil droit d'Andrew dans une moue étonnée. Mais la surprise fut de taille quand le garagiste détailla non sans détails et lumière dans les yeux la qualité et la rareté de l'album qui tournait toujours, à grand renfort de son que crachaient les baffles ridicules de l'habitacle. La moue étonnée d'Andrew se mua en un visage carrément ébahi qu'il ne tentait pas du tout à dissimuler. Beaucoup de choses s'imbriquaient : le corps filiforme de l'homme, ses regards insistants sur Andrew, sa connaissance presque encyclopédique et précise en matière de discographie des comédies musicales. Et il semblait apprécier ce qu'il entendait. Andrew était tombé sur, sans doute, le seul mécanicien gay de Lima. Il se voyait déjà dans un film. Le tonnerre gronderait quelque part, lâchant des litres de pluie qui s’abattraient sur eux-deux, les contraignant à s'enfermer dans la voiture. La musique se ferait douce, suave, tandis que les corps se réchaufferaient et que les deux jeunes hommes riraient de cette déconvenue, de cette situation étrange, et chanterait de concert les titres qu'ils connaissaient bien entendu par cœur. Cette scène digne des plus grandes comédies romantiques que les chaînes nationales passaient en boucle à la période de Noel s'effaça de son esprit. Andrew devait répondre au garçon, s'il ne voulait pas risquer de paraître lent ou complètement abruti à regarder dans le vide.

"Oui. Oui j'ai le temps. J'ai pris ma journée, je pensais bien que ça ne serait pas réglé dans la minute qui suivait."

Sourire. Mi-affable, mi-timide. C'était bien la première fois qu'Andrew se trouvait dans une telle situation. Et il ne savait pas trop quelle attitude avoir, adopté.

"Et l'album n'est pas à vendre, je suis vraiment désolé."

Il avait assez bataillé pour l'avoir. Il ne pouvait pas laisser filer toutes ses chansons qu'il avait interprété tant de fois depuis qu'il était petit. Mais il ne voulait pas non plus laisser filer une occasion de ne plus revoir, son moteur, ou démarreur ou il ne savait quelle douille ou boulon réparés, le garagiste mélomane.

"Mais si le cœur vous en dit, et si vous avez le temps bien sûr, vous pouvez venir chez moi l'écouter autour d'un chocolat chaud."

Il s'était lancé, à mi-mots. Comme s'il n'assumait pas ses paroles. Ou n'en revenait pas d'avoir lâché pareils mots. Mais déjà ses joues rougissaient, et il tenta de le cacher en se retournant de trois quart, le visage tourné vers l'entrée du garage derrière eux.

"Vous pourrez en tout cas féliciter monsieur .... Hummel d'avoir des employés mélomanes."

Parce que trouver un garagiste qui écoutait des comédies musicales et savait d'un coup d’œil ce qui clochait dans une voiture, c'était presque aussi rare que de trouver un bon chocolat chaud dans un distributeur automatique.
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyMar 7 Jan - 22:32

Frustration.

Kurt jura silencieusement tout en faisant mine de trifouiller –toujours aussi expertement bien sûr- le moteur de la voiture. L’album n’était pas à vendre. Évidemment. Une pointe de déception se logea néanmoins au creux de son estomac, le prenant presque par surprise. Il serait ridicule de se mettre dans tous ses états pour un simple CD de musique –même s’il était introuvable- et il existait toujours le moyen de se le procurer illégalement à travers le téléchargement. Une grimace se peignit sur son visage à cette pensée. En tant qu’artiste, Kurt s’était toujours refusé d’employer de telles méthodes, même s’il lui arrivait d’accepter certains albums que Finn lui procurait par ce biais là. Mais Wicked tenait une place particulière dans son cœur : les paroles des chansons, la comédie musicale inspirée du Magicien d’Oz qui n’était autre que son conte préféré. Depuis la mort de sa mère, qui lui lisait les aventures de Dorothée, à celle de son père qui avait pris sa relève malgré son attendrissante maladresse.

Oz et ses paysages enchanteurs. Oz et sa magie. Le pays d’Oz qui avait, pendant longtemps, abrité tous ses espoirs enfantins les plus fous. Malheureusement tout était éphémère et l’enfance ne durait jamais éternellement. Kurt détestait parfois être un adulte. La vie qu’elle amenait, balayant dans son passage tous les rêves d’enfants qu’on pensait réalisable. La fantaisie faisant place à la réalité. Et qu’elle pouvait être cruelle cette réalité. Kurt était bien placé pour le savoir.

Devenir adulte c’est effacer l’innocence pour mieux étouffer d’ignorance, avait-il un jour dit à son psychologue.

Toujours penché dans les entrailles du moteur, Kurt ferma les paupières, et inspira profondément, tentant de dissimuler les tremblements qui commençaient à secouer ses membres. Il n’avait pas besoin de faire une crise d’angoisse. Pas ici, et surtout pas maintenant. Tous les souvenirs qui remontaient à la surface l’oppressaient, il avait besoin de se reprendre. Les épaules voutées, Kurt s’efforçait de respirer calmement, ses doigts tapant la mesure d’une mélodie bien connue contre le couvercle de la batterie comme pour le rassurés.

« There’s no place like home, chuchota t-il telle une litanie. There’s no place like home. There’s no place like home. There’s… »

Ce n’était qu’un chuchotement, un murmure à peine perceptible mais qui possédait le mérite de le calmer. Ses crises n’étaient pas violentes, la grande majorité du temps personne ne s’en apercevait. Finalement il se retourna vers Andrew et esquissa un sourire un peu hésitant mais qui se voulait confiant, mais son client ne le regardait même pas. Lui tournant presque le dos, le visage tourné vers le garage qui se tenait derrière eux. Et Kurt se mordit instinctivement la lèvre inférieure, tandis que son regard se plissait légèrement.

Est-ce que… monsieur Lockart venait de l’inviter à prendre un verre chez lui ? Interdit, le mécanicien cligna des paupières à plusieurs reprises sans savoir quoi dire. C’était bien la première fois qu’un client lui faisait une invitation aussi ouvertement. Kurt devait l’avouer : Andrew venait de complètement le prendre au dépourvu. Ils ne connaissaient pas, Andrew pourrait être un serial killer de ce que Kurt en savait… Le jeune homme n’était pas en confiance, il ne se sentait pas prêt à accepter ce genre d’invitation. Ses rares one night stand se déroulaient toujours chez lui, dans un environnement qu’il connaissait, et dans lequel il se sentait en sécurité. Il détestait ne pas être en contrôle de la situation, cela l’angoissait…

Sa respiration s’accéléra légèrement, signe d’une prochaine crise avec laquelle il essaya de lutter. Depuis le décès de Burt, et sa lente descente en dépression, Kurt ne sortait plus ; si ce n’était pour faire quelques courses, se rendre au garage où pour satisfaire ses besoins primaires lors de nuits trop froides. Les sorties entre amis, et autres séances de shopping –desquelles pourtant il raffolait- n’étaient plus d’actualité. Avec le temps Finn, Artie et Quinn ne prenaient même plus la peine de lui demander de se joindre à eux pour s’amuser au karaoké, ou tout simplement aller voir un film.

Peu à peu Kurt s’était désociabilisé, et étrangement ça lui convenait parfaitement. Du moins jusqu’à présent. Son nouveau travail au cabaret lui avait fait prendre conscience de sa solitude, et de son repli sur soi même. Kurt –avec l’aide son psy- avait récemment décidé de reprendre contact avec d’anciennes connaissances histoire de sortir et s’amuser… mais avec toutes ses années d’inerties sociales, le jeune homme était maladroit et commençait à reporter au lendemain ses projets de sorties.

Rien ne pressait, n’est ce pas ?

Jusqu’à présent. Qu’on ne se méprenait pas, Andrew était adorable à première vu, avec ses boucles rebelles, son grand regard mordoré et ses joues rougissantes. Absolument adorable, et il possédait un physique plus qu’agréable – il n’y avait aucun mal à mater, pas vrai ? Les lèvres entrouvertes, ne sachant pas quoi répondre, il rebondit sur la dernière remarque du jeune homme.

Un léger rire –ou était-ce un ricanement ?- lui échappa tandis qu’il hochait la tête.

« Monsieur Hummel aimerait tellement avoir des employés mélomanes, répondit-il en s’emparant d’une clé plate dans sa ceinture à outil accroché à la taille. Croyez-moi. Des employés qui seraient un peu moins fans de vieux rock. »

Un silence. Durant lequel Kurt offrit un sourire amusé à Andrew. Il aimait ménager ses effets, on ne se refaisait pas entièrement.

« Je suis monsieur Hummel, déclara t-il finalement. Kurt Hummel, je ne me suis pas présenté plus tôt. »

Il lui tendit une main avant de se rétracter en constatant le bout de ses doigts sales de graisse de moteur.

« Oh, désolé, j’ai tendance à oublié. »

Kurt se détourna finalement vers le capot et se mit à travailler.

« Ça ne devrait pas prendre plus d’une vingtaine de minute… Si vous voulez vous pouvez attendre à l’intérieur le temps que je finisse, il y fait plus chaud. »

Il commença à dévisser les visses platinées du démarreur avant de jeter un regard par-dessus son épaule.

« Où vous pouvez rester ici et me dire ce que vous aimez dans les comédies musicales ? Laquelle vous préférez entre Wicked et Rent ? Attention, selon votre réponse vous aurez droit à une ristourne, lança Kurt, presque taquin. Je pensais être le seul mec de moins de trente ans a aimé Broadway dans cette ville. Rien n’est perdu. »

Kurt ignorait ce qu’il faisait, ni où il allait, mais une chose était certaine ; il y fonçait tête la première. Après quelques minutes, Kurt inspira profondément comme pour se donner du courage.

« Pour… hum… Si tu remplaces le chocolat chaud par une part de cheesecake, je… Je veux dire, j’aimerais bien venir écouter l’album. »

Sans se rendre compte il était passé du vouvoiement au tutoiement, mais ça le rassurait d’avoir un tant soit peu de familiarité avec Andrew. Son psy serait certainement fier de lui !
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyMer 8 Jan - 16:02

Bien sûr que c'est lui. Il n'y a que le patron qui peut travailler le midi. Cette certitude ébranla Andrew. Quelques secondes. Parfois, son manque de logique ou de présence d'esprit le sidérait. Comment pouvait-il être aussi stupide ? Il était passé de premières impressions en stéréotypes acides teintés de jugements de valeurs. Pourtant, le garagiste, monsieur Hummel maintenant qu'il connaissait son prénom, semblait compétant aux yeux d'un novice comme Andrew. Et puis, était-il bon de croire qu'il devait exister des physiques prédéfinis pour un métier, une sorte de fatalisme auquel chacun devait obéir ? Finalement, cette petite poupée en porcelaine habillée dans un bleu de travail était en train de faire changer les aprioris d'Andrew, et le garçon s'en rendait compte. Un sourire s'était dessiné, irrépressible, sur ses lèvres. Il était heureux de changer, de changer en bien. Il s'était toujours senti enfermé dans les normes et les valeurs que ses parents lui avaient inculqués depuis la tendre enfance. Aujourd'hui, il se sentait changer, et cette évolution était de son fait. Et il en était heureux. Une chose de moins qu'il devrait à son père, sans doute.

Andrew se rendait compte qu'il s'était enfermé dans une bulle étroite. Un sol en béton brossé, par le temps, l'eau qui avait servi à le nettoyer, ou le passage des clients du garages, une voiture froide et redevenue silencieuse, lui et monsieur Hummel. Kurt. Puisqu'il lui avait offert son prénom. Un gage de confiance dont beaucoup ignorait aujourd'hui l'importance et la profondeur. Mais Andrew savait qu'il n'était pas aisé de donner son prénom. C'était faire entrer quelqu'un dans sa sphère intime. Le faire pénétrer dans son monde. Et parfois, cela pouvait s'avérer dangereux. Comme serrer une main, bien vite reprise avec un sourire contrit et amicale, pleine de cambouis. Le geste fit sourire un peu plus Andrew, les joues rosés par le froid ou le bonheur qu'il éprouvait à cet instant. Mais il avait un dilemme. Un choix, à faire, à assumer. Que ne s'était jamais retrouvé en face d'une décision déchirante ? Rester avec lui, quitte à souffrir, ou le voir partir ? Nutella ou garder sa ligne ? Marcher dans le froid ou prendre le bus bondé ? Bretelles ou nœud papillon ? Rent ou Wicked ?

"Non, vous n'êtes...tu n'es pas le seul mec de moins de trente ans a aimé Broadway. Et puis cette ville regorge de glee clubs, je suis sûr qu'il doit bien en avoir d'autre."

Le tutoiement avait été facile. Trop peut être, ce qui étonna Andrew qui avait le vouvoiement facile. Confidence qui était plus une réflexion dite à voix haute qu'une certitude. Et puis il devait gagner du temps. Il n'était pas encore sûr de sa réponse. Le jeune homme ne parvenait à trancher. Mais devait-il faire un choix ? Ne pas en prendre pourrait le faire passer pour quelqu'un qui n'assumait pas ses décisions, ses goûts. Ou peut être tout simplement faire prendre conscience à monsieur Hummel que le CD était en possession d'une personne qui le méritait moins que lui. Mais le jeune homme n'avait pas l'habitude de douter. Surtout pas de lui. Alors il se décida, accoudé à la voiture.

"Quel choix ! J'aime beaucoup Rent. Certaines chansons sont vraiment géniales, et je trouve ce musical moderne. Il dépoussière un peu le genre, loin de Broadway et des costumes clinquants. Mais je suis un adepte du genre, dans toutes ses nuances, et mon cœur penche vraiment pour Wicked. Son histoire, son esthétique me touchent. For Good est excellente, et tu sais maintenant que j'adore Defying Gravity."

Le souvenir de l'incident, de ses baffles hurlants le cd qui tournait dans son autoradio, raviva le feu de ses joues. Pourquoi était-il aussi gêné ? Un garçon qui portait volontiers des pantalons flashy et des tenues old school devait en avoir vu d'autres.

"J'espère ne pas trop te décevoir..." souffla-t-il. Sans trop savoir pourquoi. Peut être était-ce parce que Kurt était la première personne qui assumait entièrement devant lui des goût qu'ils avaient en commun. Il était devenu une sorte de repère, une exception à laquelle il pouvait se rattacher, se dire que d'autres que lui aimait chanter des comédies musicales en parlait ouvertement. "De toute façon j'adore Idina Menzel." Mais il garda cette pensée pour lui, de peur de passer pour une groupie, ou de confirmer les doutes qui devaient déjà trotter dans la tête du mécanicien. Mais ils ne semblaient pas lui déplaire, puisqu'il avait accepté son invitation. Et Andrew se sentit bien loin de la scène, quelque part entre le feu d'artifice qui se jouait dans son ventre, les battements accélérés de son cœur et son regard qui devait pétiller comme ces glaces que l'on offrait parfois aux gamins et qui crépitaient sous la langue.

Mais déjà, il avait une chanson qui lui tournait dans la tête, virevoltait dans son esprit. il devait se contenir. Sceller ses lèvres. Ou les occuper à autre chose, comme une réponse pour le chef du garage qui farfouillait encore dans le capot de sa voiture.

"Va pour le cheesecake...nature ? Tu trouveras mon numéro de téléphone et mon adresse sur le devis que tu vas me faire."

Mais il ne semblait pas vraiment nécessaire de le rappeler, Kurt devait déjà savoir tout ça. C'était lui le professionnel après tout. Surement pas Andrew, quelque peu étonné de son aplomb. Il devait couver quelque chose. Mais il ne pouvait plus se retenir. Il y avait pris goût depuis son audition, et lui avoir parlé de Rent était une perche que beaucoup n'osaient plus tendre. Alors ses lèvres s'entrouvrirent, timidement, entonnant les premières notes d'une chanson qui lui donnait envie de danser.

Every single day,
I walk down the street
I hear people say 'baby so sweet'
Ever since puberty
Everybody stares at me
Boys girls i can't help it baby
So be kind and don't lose your mind
Just remember that i'm your baby

Take me for what i am
Who i was meant to be
And if you give a damn
Take me baby
Or leave me


Toujours accoudé contre la portière arrière de sa voiture, Andrew fredonnait Take me or leave me, l'esprit ailleurs, loin du garage. Il était sur le tapis de sa chambre, chez ses parents, et il ne devait pas avoir bien plus que treize ou quatorze ans. La radio tournait en boucle, et son pied tapait la mesure, comme il le faisait en ce moment sur le sol du parking du garage. Mais il redoutait le moment où il en viendrait à finir cette chanson, finir cette journée et ce moment, et à dire : "Guess i'm leaving i'm gone!"
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyJeu 9 Jan - 3:29

Débranchant la batterie et le moteur, Kurt continua de dévisser les boulons qui maintenaient le démarreur tout en écoutant d’une oreille Andrew qui fit une remarque sur les –trop- nombreux glee clubs de Lima. Légèrement las, le jeune homme eut néanmoins un petit rire mi figue, mi raisin.

« J’en ai entendu parler, oui, répondit-il en réussissant finalement à ôter le démarreur défectueux, le déposant par terre, à ses pieds. Tout comme leur rivalité qui semble diviser la ville… ? »

Pour Kurt la question ne se posait pas. Il était et serait toujours un fervent supporter des Urban Hymns. Non seulement Finn en était le directeur, mais il réunissait également la grande majorité de ses anciens camarades du lycée, du temps où les New Directions avait encore pour directeur William Schuester. Et malgré les épreuves qu’il avait traversé, les échecs encaissés et autres déceptions sentimentales, Kurt gardait de bons souvenirs des instants passés avec ses anciens amis avec lesquels il avait gardé peu de contact si ce n’était avec Artie et Quinn. Et Brittany qu’il avait brièvement revue de temps à autre depuis son retour de New-York. Sans oublier Finn. Mais Finn ne comptait pas. Finn était son frère. Kurt pouvait être beaucoup de choses, mais l’une de ses principales qualités demeurait sa loyauté extrême envers les personnes qu’il aimait.

Finalement il releva les yeux vers Andrew et se frotta le nez à l’aide de son coude afin de ne pas se salir le visage. Pourtant, et en dépit de toutes ses précautions, une petite tâche noire s’était quand même installée. Les risques du métier.

« Hum, pas faux,
approuva le mécanicien avec un sourire un peu amer. Mais il y a aimé et aimé. Je n’aime pas seulement Broadway personnellement, je le rêve et je le vis… Enfin comme je peux au moins. Désolé, je sais que je peux être un peu extrême dans ma vision des choses. »

Il se repencha sur le capot, nettoyant un filtre et l’emplacement du démarreur avant d’aller chercher rapidement un nouveau dans la réserve. La pause déjeuner touchait bientôt à sa fin, et il passa en courant devant Franck qui n’eut pas le temps de lui demander s’il avait besoin d’aide. Mais de toute façon, il n’en avait pas besoin. La conversation se faisait facilement avec Andrew, certainement parce que le jeune homme semblait être quelqu’un de facile et sans prise de tête. Son cœur rata un battement en constatant que, toutes ses appréhensions mises de côtés, il commençait à réellement apprécier le moment qu’il passait avec son client.

Peut-être qu’Andrew n’était pas un serial killer qui tenterait de sauvagement l’assassiner entre deux coins de portes. Il ne put s’empêcher de ricaner de son ridicule. En revenant, il s’arrêta quelques secondes et écarquilla les paupières, hochant la tête d’un mouvement approbateur.

« Quelle réponse avisée, monsieur Lockart !
Rit-il tout en reportant son attention sur son travail. J’approuve. J’aime beaucoup Rent aussi… Without you et Your Eyes… Disons que je ne suis plus très reconnaissable quand la chanson se termine. »

Il du forcer un peu pour enclencher le nouveau démarreur et esquissa un sourire en coin quand le petit « clic » se fit entendre. Il n’aurait désormais plus qu’à revisser les boulons, rebrancher le moteur et la batterie, et Andrew pourrait rentrer tranquillement chez lui avec une voiture en état de fonctionner. Il sentit son cœur s’accélérer imperceptiblement dans son torse, Kurt pouvait presque entendre les battements se répercutés dans ses côtes. La sensation en était déroutante. Et tout cela il le devait à la réponse d’Andrew.

« Non, dit-il dans un faible sourire. Ta réponse est parfaite. Et je te dois donc une ristourne. Bien joué. »

Evidemment. Pour quelqu’un qui écoutait l’album –en édition live et limité- dans sa voiture, il n’aurait pas du être surpris. Mais il n’arrivait pas à réprimer son sourire qui s’agrandissait.

« Je suis un grand fan de Wicked. Si jamais ma tentative désespérée de t’acheter ton album ne t’avait pas mis sur la voie. Quand j’étais au lycée je rêvais de pouvoir jouer Galinda, même si je voue un culte à Idina Menzel, dans une version un peu moderne et revisité bien sûr. Sur les planches de Broadway… »

Il s’interrompit, ses pensées s’évadant loin, dans une autre période qu’avait été sa vie. Mais il revint vite sur terre, dans une réalité où il était garagiste et non comédien sur les scènes New Yorkaises. Dieu, qu’il enviait –et jalousait- Rachel Berry d’avoir réussi là où il avait lâchement abandonné. Il arrive que les rêves ne soient que des illusions de toute façon ! Heureusement son amertume se volatilisa grâce à Andrew qui enchaina avec leur « rendez-vous ». Kurt arqua un sourcil et lui dédia un regard faussement offensé.

« Nature ? Répéta t-il. Si je peux choisir, je préférerais un cheesecake pistache citron, c’est juste une tuerie ! »

Une tuerie ? Sérieusement? Que quelqu’un l’achève. Il remercia silencieusement Finn et son vocabulaire qui commençait dangereusement à déteindre sur lui. Il était vraiment temps qu’il se fasse des amis un peu plus… civilisés ? Et Andrew semblait plus que civiliser. Ils partageaient au moins le même goût en matière de comédie musicale, ce qui était un énorme point aux yeux de Kurt.

« Faisons comme ça. Il suffira que tu me donnes le jour et l'heure qui t'arrange. »

Ça lui donnait au moins l’impression de contrôler un peu la situation. Tout à ses dernières vérifications, Kurt fronça les sourcils en reconnaissant Take me or leave me de Rent. Il demeura interdit, il se redressa pour jeter un coup d’œil de l’autre côté de la voiture où Andrew entonnait les prochaines paroles de la chanson. Il avait une belle voix. Entrainante, jovial et pleine d’enthousiasme, l’une de ces voix qui vous donnait envie de danser et qui mettait de bonne humeur dès le réveil. Incrédule, il secoua la tête tout en terminant ses trifouillages mécaniques. Andrew, en plus de ses gouts avertis, savait chanter… Cet homme n’était presque pas humain. Kurt rebrancha batterie et moteur, sans se rendre compte qu’il venait de rejoindre son client dans ses fredonnements.

Take me for what I am
Who I was meant to be
And if you give a damn
Take me baby or leave me

No way, can I be what I’m not
But hey, don’t you want your girl hot?
Don’t fight, don’t lose your head
‘Cause every night, who’s in your bed?

Il referma mécaniquement le capot une fois fini et se tourna vers Andrew à qui il adressa un grand sourire amusé.

« Guess you’re leaving, I’m done with your car… So if you want to follow me in my office ? »

Demanda t-il en chantant les paroles toujours sur la mélodie de Take me or leave me et en faisant un geste en direction de son bureau dans le garage.
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyVen 10 Jan - 22:23

Comment pouvait-il sérieusement prétendre être humain ? A moins qu'il soit en train de lui tendre un piège et qu'une caméra était là, quelque part, avec la foule peu nombreuse de sa famille et de ses amis, prête à venir rire de sa prestation nationale. Kurt se retournerait, enlevant son bleu de travail, armé d'un costume trois pièces, d'un micro sorti d'on ne savait où, et déjà il l'interviewerai, lui demandant d'exprimer ses premières actions. Bien sûr, Andrew rirait. Jaune, mais on lui avait toujours dit de garder la face. Non bien entendu, Kurt ne pouvait décidément pas être réel. Ilne pouvait pas réparer sa voiture, connaître la valeur d'un album de comédie musicale, aimer le cheesecake -même à la pistache- et connaître les paroles d'une de ses chansons préférées. On lui faisait forcément une blague. Une de celles amères, enrobées d'acides, qui restaient en travers de la gorge et des larmes au bout des lèvres. Mais le regard d'Andrew changeait déjà quand il regardait Kurt. Étonné, sceptique, il était appréciateur. Finalement, le décalage qui existait entre le métier de garagiste et celui qui l'exerçait à présent, les mains dans le moteur de sa voiture, les mains sales et pourtant irrémédiablement fines, l'avait empêché de dépasser ses préjugés pour se concentrer sur le garçon qui se cachait derrière.

Le regard neuf, Andrew détaillait le jeune garagiste. Monsieur Hummel. Kurt. Lui. Fin, il avait le visage pâle, la constitution fragile. Ses traits étaient dignes de ces grands comédiens des affiches de drames en noir et blanc. Il avait le regard lointain, parfois fuyant, comme s'il refusait d'assumer, de s'assumer, d'affronter le regard d'un autre. Il ne rentrait pas vraiment dans les critères des anciennes conquêtes d'Andrew. Plus grands que le jeune vendeur, souvent plus carrés, en tout cas jamais aussi fins pour ne pas dire efféminés. Mais ils n'étaient jamais restés longtemps. Andrew était un prince au palais des courants d'air. Mais jamais il ne les retenait. Finalement, peut être Kurt était-ce ce type de garçons auquel Andrew n'avait jamais songé, jamais succombé, qui lui correspondait le mieux. Ils avaient tellement de choses en commun. Mais le jeune homme ne pouvait envisager une relation. Pas maintenant. C'était le meilleur moyen pour perdre quelqu'un qu'il commençait à apprécier, une partie de lui qu'il cherchait, égoïstement, narcissiquement, dans Lima. Un autre que lui, pourtant si proche de lui. Finalement, on ne cherche dans une relation qu'un reflet de soi. Différent, mais pourtant si peu éloigné. Et puis, comment pouvait-il penser à ça ? Maintenant ? Après seulement quinze minutes de discussion ? Keep calm and take a cookie, Drew'.

Pensif, Andrew se contenta de suivre le mécanicien dans son bureau. L'atelier était étrangement calme. Pourtant, la fin de la pause n'allait sans doute pas tarder. Les employés du garage Hummel finissaient de manger, la radio crépitait dans son coin, et les voitures, pour certaines suspendues, gisaient, dans l'attente dans de ces médecins automobiles en train de se sustenter. Le bureau n'avait rien d'extraordinaire. Andrew se l'avouait, il s'attendait à voir des affiches de comédie de Broadway, un bureau élégant, peut être une plante dans un coin, et des sièges en faux cuir. Mais il était dans un garage, et Mr Hummel ne devait pas se laisser aller à ses passions musicales dans son atelier. Il n'avait déjà pas le physique de l'emplois, si en plus il avait des goûts peu en accord avec la profession, le jeune serveur ne donnait pas très cher de sa peau avec les gaillards qu'il avait en face comme employés. Assis sur la chaise en plastique, les mains sur les genoux -il ne savait jamais trop quoi faire de ses mains, et les laisser pendre des deux côtés de son corps était carrément disgracieux- , il décida de prendre la parole. Sorte de dernière tentative d'éterniser cette entrevue qui, de toute façon aurait une fin. Inévitablement.

"Merci. D'avoir pris en charge si rapidement ma voiture. Je sais que je tombe plutôt mal, avec la pause déjeuné..."

Bien, tu n'aurais pas pu trouvé plus bateau. Ne manquait plus que de parler du temps qu'il faisait et il était sûr de le faire fuir. Surtout, se rattraper, et vite. Voix plus grave, comme sur le ton de la confidence.

"Sinon, tu es libre quand ? Je veux dire, si tu es dispo un moment dans la semaine..."

Passer l'audition n'avait pas été aussi difficile. Il respira. Fort. Une fois. Et se lança. Essayant de ne pas déraper dans un monologue où les syllabes s’entrechoqueraient à une vitesse folle. Garder le contrôle.

"Je suis libre demain soir. Ou après-mi bien sûr, si tu as autre chose à faire de tes soirées. Enfin c'est comme tu veux. Après demain, ou après."

Regard braqué sur les genoux. Il était déjà dans un monologue. Il fallait abréger. Et puis, finalement, Andrew ne le connaissait pas. Et Kurt ne le connaissait pas. Pourquoi s'emballait-il comme ça ? Son manque de vie sociale stable était flagrant. Il allait encore passer pour un geek asociale ou un sociopathe en manque. Sortant un papier de sa poche, ancien reçu de caisse qu'un client lui avait laissé, il nota, de son écriture fine, souple et penchée, son numéro de téléphone et son adresse.

"Bref, au moins tu sauras où me joindre. Enfin si tu as envie."

Le papier glissa. Du rebord du bureau en contreplaqué sur lequel Andrew avait écrit, jusque à la main droite de Kurt, s'arrêtant à cinq centimètres de celle-ci. Andrew avait une idée précise de sa bulle intime, de cet espace qu'il imaginait entre lui et le monde. Il détestait qu'on y pénétrât sans son consentement, et se disciplinait à en faire pareil avec les autres. Alors le geste s'arrêta, et le regard hésitant entre le vert et le noisette quitta le stylo qu'il tenait encore pour aller rencontrer celui de Kurt.
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyMer 15 Jan - 22:56

« Demain. »

La réponse lui avait échappé sans qu’il ne le veuille vraiment. Brusquement. Vivement. Surpris par sa propre témérité, Kurt détourna le regard, ses yeux s’attardant plus longtemps que nécessaire sur la paperasse administrative qui s’amoncelait dangereusement dans un coin de son bureau. Après quelques secondes –où il eut la décence de paraître embarrassé- le jeune homme reporta son attention sur Andrew qui le fixait à présent avec toute la patience du monde. C'en était adorable. Le bout de papier où était inscrit ses coordonnées attendait toujours et Kurt hésita un instant, juste un bref instant, avant de s’en saisir avec un léger sourire.

De quoi avait-il peur ? Ce n’était qu’un morceau de feuille, ça n’allait pas lui sauter au visage pour l’égorger.

« Heu… Je veux dire, demain je suis libre. Je serais de fermeture… Mais vers 20h, ce sera bon pour toi ? »

Il pourrait toujours demander à Franck,  ou à l’un de ses mécaniciens, d’exceptionnellement fermer pour lui… mais Kurt aurait besoin d’au moins quelques heures pour rassembler son courage et se rendre jusqu’à chez Andrew. Chez un homme qu’il ne connaissait pas, où du moins seulement depuis une vingtaine de minutes.

« Après demain ce sera difficile, je travaille le soir, expliqua t-il avec une grimace désolée. Sinon on peut reporter… Je suis libre en soirée, sauf les vendredis et samedis. Non pas que je… »

Et voilà qu’il recommençait à partir dans un monologue qui n’intéressait personne. C’était ce qui arrivait quand il était sujet à du stress, et Andrew avait apparemment ce don étrange de le déstabiliser. Finalement, il s’interrompit et secoua la tête en éclatant de rire.

« Oh mon dieu, je suis tellement nul pour ce genre de chose, déclara t-il en s’adossant davantage contre son fauteuil. Désolé… Je vais arrêter de me ridiculiser maintenant, et m’occuper de ton devis plutôt . »

Il s’empara des informations que l’adorable client aux boucles rebelles avait dû remplir et Kurt arqua un sourcil en voyant sa date de naissance. Oh, lui qui le pensait plus jeune… Andrew était en réalité plus vieux d’un an.

« Avec la remise que tu as amplement mérité ça te fera 150 dollars, mais si tu es assuré je peux prendre directement contact avec ton assurance, déclara Kurt en penchant légèrement la tête sur le côté pour le dévisager. Ce sera plus rapide comme ça. Ça te convient ? »

Il fit glisser le devis pour qu’Andrew puisse en prendre connaissance et y apposer sa signature.

« Si tu veux un avis éclairé, je te conseille quand même de faire régulièrement réviser ta voiture. Ne serait ce que pour la vidange et le nettoyage des philtres, ça t’évitera de mauvaises surprises. »

Il plia méthodiquement la feuille qu’Andrew lui avait donné et la glissa dans la poche avant de son bleu de travail.

« Enfin, se reprit-il brusquement. Je ne dis pas ça pour que tu reviennes ici, hein. Il y a de très bons garages aux alentours bien sûr. Enfin… Je veux dire que tu peux revenir si tu veux, je me ferais un plaisir de jeter un œil sous le capot… Enfin, je veux dire… »

Oh mon dieu ! Que quelqu’un l’arrête ! Ses joues habituellement pâles se teintèrent d’un rouge écrevisse, alors qu’il continuait –maladroitement certes- de s’expliquer. Son regard croisa alors la photo qui trônait fièrement sur le bureau, et qui le représentait Burt et lui. Son père avait un bras autour de ses épaules et souriait joyeusement à l’objectif. Elle avait été prise quelques semaines avant son attaque cardiaque... Il la fixa quelques secondes, se remémorant leurs longues discussions à sens uniques au sujet des « garçons ».

Ouais, je suis sûr que tu te serais moqué de moi, papa !

Kurt prit le temps de se calmer. Il inspira profondément, puis plongea ses yeux dans ceux d’Andrew.

« D’ailleurs ce n’est pas comme si on ne se voyait pas demain… N’est ce pas ? »

Y avait-il un soupçon d’espoir dans le son de sa voix ? Dieu, il allait finir par s'exiler quelque part en Antarctique. Il paraîtrait que les ours polaires étaient adorables... quand ils n'essayaient pas de sauvagement vous tuer.
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyJeu 16 Jan - 17:33


« Demain. »

Un mot. Un seul. Pas besoin de bien plus, à vrai dire. Quelques syllabes qui résonnèrent dans la tête d'Andrew qui restait interloqué. Songeur, le visage interdit, il amena par réflexe, ou par habitude, l'index et le majeur de sa main droite sur ses lèvres. Il n'avait jamais vraiment su pourquoi il adoptait cette attitude. Peut être de peur de répondre trop vite. Bloquer les mots qui seraient sortis, trop vite, trop tôt, de la barrière de ses lèvres. Deux doigts qui semblaient arrêter la foule des mots oubliés, abandonnés à leur sort. Deux doigts qui abandonnèrent bien vite leur lutte. Cette fois-ci, la raison n'avait su remporter la victoire. Et Andrew avait décidé de se laisser aller. Se laisser aller à ses passions aurait du son prof de philosophie, la mine sévère, le stylo tournoyant entre des doigts qui sentaient la vieillesse. Ecouter son cœur aurait dit sa mère, les yeux pétillants de joie, le sourire franc et chaud. Mais Andrew savait pertinemment qu'ils auraient eu tord. Il ne faisait qu'écouter son instinct.

Son travail de serveur, et de vendeur au Levis Store, lui avait permis d'acquérir certaines habitudes, pour ne pas les appeler aptitudes. Juger les gens qu'il rencontrait, rapidement. Savoir d'un coup d’œil quels vêtements irait avec la morphologie étonnante de ce monsieur. Et ne pas perdre espoir. Parce qu'après dix clients malpolis, arrogants, ou condescendants, il y avait toujours cette personne. La personne. Celle qui arrivait avec le sourire, parlait doucement, amenant joie et bonheur dans le timbre agréable de sa voix. Ne pas perdre espoir, il y avait toujours quelqu'un qui éclairerait sa journée. Et lui ferait oublier toutes les autres personnes qui lui avaient fait grincer des dents et rougir de colère.

« Demain. »

Andrew avait espéré cette réponse, il le savait. Il l'avait attendu pendant ces si longues minutes passées avec Kurt, ces si courts moments qui allaient bientôt trouver une fin. Il l'avait espéré, sans vraiment l'envisager. Comme jamais il n'aurait envisagé d'inviter le mécanicien chez lui. Rapidement, les yeux dans le vague, il se remémora l'état de son appartement. Une ou deux paires de jeans devaient être échouées sur la table basse, entre le canapé gris et ses coussins jamais vraiment rangés, et la télévision. La cuisine ne devait pas être beaucoup mieux, et de tout façon, il devrait se mettre à la cuisine. Pistache citron avait-il dit ? Ça attendrait. La chambre devait être la seule rangée, le lit un peu défait, toujours du même côté droit du lit. Les oreillers gisaient, eux, épais et nombreux, sur le côté gauche. Mais finalement, Kurt n'était pas venu visiter sa chambre, et ne la verrait sans doute pas. Quoique.

Non, ne surtout pas y penser. Il se voyait déjà rosir, rougir. De plaisir bien sûr. Mais aussi de honte, ou peut être était-ce de peur. Que ça arrive. Andrew devait garder la tête froide, il le savait. Il en avait assez des désillusions, des déconvenues, et puis, il se faisait sans doute un film, romantique comme il était. Kurt viendrait. Ils mangeraient un cheesecake inédit, boiraient ou non de l'alcool, riraient, sans aucun doute, Wicked tournant en boucle sur le vieux lecteur radio qu'Andrew affectionnait particulièrement. On ne pouvait que l'aimer, rouge et rétro à souhait.

"Ok. Demain. 20h."

Andrew adressa un sourire franc à Kurt, creusant deux fossettes sur ses joues. Sa réponse était concise, courte, lapidaire, et il ne voulait pas que le garçon en face la considère comme sèche et peu enthousiasme. Mais il devait garder la tête froide, et s'était promis de ne pas s'emballer. Il en faisait sans doute trop, mais il avait peur, et tout allait vite, trop vite. Si "tout" désignait bien quelque chose. Andrew se morigéna intérieurement. Il s'était encore laissait aller. Pense cheesecake bon sang. Et ne regard surtout pas son regard azur. Ou sa peau si pâle. Ni la forme de ses lèvres, ou la taille fine que laissait mal entrevoir le bleu de travail trop ample. Mais à mesure qu'il listait les points dangereux, son regard avait suivit, docile, répondant au désir inavoué d'Andrew. Et rebelle, refusant les ordres pourtant sages que lui intimait la raison.

Le désir, ça ne pouvait être que ça. Andrew ne s'était pas laissé aller dans les bras d'un homme depuis trop longtemps. Le contact chaud, doux, d'une autre peau sur la sienne lui manquait. Les regards, que l'on comprenait instinctivement, le souffle messager tout aussi efficace, et l'odeur suave d'une peau amie lui manquaient. Kurt était le réceptacle de toute cette frustration contenue dans son travail, dans les nuits, longues, passées à servir au karaoké. Ça ne pouvait être que ça. Pourtant ...

"Il y a sans doute d'autres bons garages dans le coin, mais je connais mal Lima, et je me risquerai pas à me perdre en en cherchant un autre. Et puis, je suis vraiment content d'avoir trouvé celui-ci."

Rire. Et de nouveau le regard noisette qui frôlait le regard clair de Kurt pour esquiver, monopolisé par le devis qu'il tenait devant lui. Bon sang, même les mains du garagiste étaient fines et élancées. Malgré la crasse qui restait, ici ou là, dans un relief de la paume, ou l'interstice d'un ongle, on ne pouvait que deviner l'élégance de ses mains. Et maintenant, il rougissait. Mais Andrew ne fit pas semblant de ne pas le remarquer. Au contraire, il fixa les joues, quelques secondes, assez pour graver l'image dans son esprit, trop peu pour qu'il réussisse à s'en détacher sans peine, mais il ne voulait pas que Kurt en soit gêné. Il tenta un sourire, un de ceux qui se faisait en coin, esquissés quand on était gêné, ou heureux, sans pourtant vouloir l'afficher ostensiblement.

Inspiration. Expiration. Andrew se lança.

"Bien sûr qu'on se voit demain. Veux que je vienne te chercher ? Non, peut être pas, avec tes employés ..."

Pourquoi avoir rajouter cette question ? Il ne le savait pas vraiment. Peut être voulait il passer plus de temps avec Kurt, le lendemain. Et ça impliquait de le ramener. Un aller, et un retour, autant de minutes qu'il aurait pu égrainer avec le jeune homme.

"Non bien sûr, tu ne préfères pas. Je suis stupide. Pardon."

Bon il aurait pu sortir l'excuse bateau, banale, dire que sa voiture fonctionnait, qu'il allait en profiter pour l'utiliser. Que c'était rassurant d'avoir un mécanicien à bord. Au cas où. Mais ça sonnait affreusement comme le coup de la panne. Et Andrew devait garder la tête froide, quitte à dormir la fenêtre ouverte et passer une quinzaine de minute la tête dans le frigo avant que Kurt n'arrive chez lui. Rebondir. Sur quelque chose de banale. Qui ne risque rien.

"Tu as besoin de moi pour l'assurance ? Tu préfères que je reste ?"

Bravo, tu viens définitivement de recevoir le prix du boulet de l'année. Tes impressions Andrew ? Andrew avait un don, pour ne pas appeler ça une aptitude. Un don que son métier de serveur, et de vendeur au Levis Store, avait révélé : il savait se mettre dans des pétrins pas possibles. D'autant plus quand une paire d'yeux si terriblement attirants le regardait.


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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyJeu 16 Jan - 22:44

Qu’était-il en train de faire ?

L’espace d’une seconde, d’une futile seconde, Kurt hésita et ses doigts se crispèrent sur le vieux bois de son bureau. Toute l’euphorie et l’enthousiasme qu’il avait ressenti venait de… disparaitre ? Non. De s’atténuer. Terrible signe d’un dépressif, ce changement constant d’humeur qui lui donnait l’impression d’être prisonnier dans la nacelle d’une montagne russe. Ballotter de droite à gauche, sans rien à quoi se rattacher… Il se laissait simplement guider. Comme une marionnette.

Un pantin de bois dépossédé de volonté. D’âme. De vie. Quand il était petit Kurt avait toujours voulu être Dorothée… Évidemment. Elle possédait de belles boucles blondes et de jolis souliers rouges vernis. Sa mère en riait, certainement amusée par l’ingénuité de son fils de six ans. Elle avait l’habitude de l’embrasser sur le front tout en lui murmurant : Tu peux être qui tu veux, mon chéri. Et l’espoir d’une vérité indéniable – car elle était la parole d’une mère- transcendait Kurt et ses rêves d’avenir. En grandissant, cependant, Kurt comprit rapidement qu’il n’avait rien d’une Dorothée au pays d’Oz. Non,  il était le  bucheron en fer blanc qui avait perdu son cœur quelque part en cours de route.

Levant les yeux, inspirant profondément, il croisa le regard d’Andrew et s’y accrocha fermement. Juste une fois. Parce qu’il pouvait le faire, même si ce n’était que pour quelques secondes. Kurt avait peur lui aussi. Il redoutait une rencontre qui pourtant venait si simplement de se faire. Il redoutait les conséquences. Les conséquences d’une rencontre qui finirait par l’aider à complètement aller de l’avant. Et il pouvait encore entendre distinctement les paroles de son psychologue lors d’une de leurs nombreuses séances.

***

Le silence régnait dans le cabinet depuis une dizaine de minute, et ni le docteur O’Connor, ni Kurt n’avaient l’intention de prendre la parole. Le premier se contentait de prendre des notes sur son habituel carnet noir, tandis que le jeune homme fixait un point invisible sur le bureau en chêne massif.

« Vous n’avez rien à me dire ?
Demanda finalement le docteur le sourire en coin. »

Kurt haussa les épaules et secoua la tête dans une moue faussement innocente.

« Non, tout va bien. Les antidépresseurs que vous m’avez prescrits font leur effet… Je peux retourner travailler sans avoir de crise d’angoisse.
- C’est bon à entendre,
approuva t-il.
- Je vais bien, coupa Kurt d’une voix ferme, sentant bien que son médecin voulait l’emmener sur un sujet qui ne lui plairait pas. »

Un nouveau silence.

« Ça va faire un an… Et vous n’avez toujours pas fait votre deuil.
- Si,
affirma Kurt, tranchant. Bien sûr que si. Je suis passé au –il s’interrompit afin de calmer les tremblements qui secouaient ses mains- Je suis passé au dessus de tout ça.
- Vraiment ?
S’étonna t-il. Quand était-ce la dernière fois que vous êtes sorti vous amusez ? »

Kurt grinça et leva les yeux au ciel.

« Je suis fatigué, je n’ai pas le temps…
- Vous faire des amis ? Continua le psy, imperturbable. Vous vous renfermez sur vous-même.
- J’ai des amis !
Contra Kurt, quelque peu vexé.
- Qui s’inquiètent pour vous. Finn m’a dit que vous rester enfermer chez vous, si ce n’est pour travailler ou faire quelques courses.
- Finn vous a dit… quoi ?!
- Sortez, voyez du monde, et pourquoi pas faites vous de nouvelles connaissances.
- Je vais bien, je n’ai pas besoin de ça. C’est ridicule ! »


Kurt croisa les bras et se renfrogna sur son fauteuil. Un énième silence s’installa, celui bien plus lourd.

« Votre père est mort. »

La phrase était dite si naturellement. Une simple constatation qui étreignit férocement le cœur Kurt. Il ferma brièvement les paupières mais ne répondit pas. Il ne pouvait pas.

« Et vous êtes encore là, bien vivant. S’isoler et rejeter tout lien avec les autres ne le fera pas revenir.
- Je sais.
- Alors qu'est ce qui vous bloque ? »

Il renifla et chassa du bout des doigts les larmes qui glissèrent le long de ses joues.

« Parce que j’ai peur. J’ai peur de me lié à quelqu’un et qu’il finisse par me… me quitter, comme mon… mon père ou Alex. Je préfère être encore seul, je ne veux plus jamais revivre quelque chose comme ça. J’ai peur… de passer à autre chose et de l’oublier, parce que son souvenir est la seule chose qui me permet d’avancer au jour d’aujourd’hui. Je n’ai pas la force de faire ça, de laisser quelqu’un voir qui je suis devenu… Je ne peux plus. »

Le docteur O’Connor le fixa un instant, puis soupira.

«  Un jour vous y arriverez à nouveau. Je vous le promets. »

***

Il cligna des paupières, comme pour sortir d’un mauvais rêve. Son regard s’attarda une nouvelle fois sur le cadre photo. Etait ce le moment ? Ce moment où il devait à nouveau s’ouvrir et s’offrir à un inconnu. L’amitié était tout aussi intime qu’une relation amoureuse. Faire un pas en avant et accepter de ressentir à nouveau, de redevenir humain et faire son retour parmi les vivants. Andrew le regardait et Kurt ne pouvait qu’être surpris de la facilité avec laquelle ils avaient « sympathisé ». Car ils avaient bien sympathisé, n’est ce pas ? Andrew avec ses cheveux, et son regard adorable et ses épaules qui lui donnaient envie de s’y accrocher.

« Tu n’es pas stupide, contra t-il dans un léger sourire. Plutôt adorable, je dirais. Mais comme je partirais d’ici, j’aurais ma propre voiture. C’est gentil d’avoir proposé. »

Il se racla la gorge et reprit le devis qu’il signa à son tour. Kurt se mordit la lèvre et le dévisagea une seconde...

« Oh non, ça ira. Ça ne prend même pas cinq minutes ce genre de chose. »

Il se figea brusquement. A moins qu’il s’agissait d’un moyen pour Andrew de rester un peu plus longtemps ? Kurt écarquilla les yeux et essaya de se rattraper. Au dehors du bureau on entendait le garage reprendre vie, la pause déjeuner était officiellement terminée, les mécaniciens retournaient au travail.

« A moins que tu ne veuilles… rester ? Je dois ramener quelque chose demain ? Si tu te demandes si j'ai toujours l'air aussi ridicule. La réponse est oui ! »

Son estomac se noua, mais Kurt lui dédia un sourire reconnaissant.

« Merci d'être tombé en panne. »

Andrew ne comprendrait certainement pas, mais qu'importe, Kurt se sentait un peu plus léger.
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MessageSujet: Re: 03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé]   03. Here I am, rock you like a hurricane [terminé] EmptyJeu 16 Jan - 23:52

Vibration. Dans la poche du jean. Réflexe. Andrew porta la main à la poche de son jean. Mais ses manières l'emportèrent sur sa curiosité. D'ordinaire, il aurait sorti son portable de la poche, ouvrant le message qui afficherait sans doute une misa à jour d'une application culinaire, ou un message de son collègue qui lui demanderait de rappliquer pour l'aider suite à l'invasion d'un bus de mamies excitées en cette sortie mensuelle de la maison de repos. No way. Seconde vibration. Mais Andrew replaça sa main sur sa cuisse. Un message. Un trait, un lien, entre lui et la réalité. Parce qu'ici, dans ce bureau, clos par la porte dans son dos, il n'est plus vraiment dans le monde réel. Une bulle, un aquarium dans lequel il nageait. Mais il ne savait pas encore si la mer était calme ou si les eaux étaient troubles. Mais capitaine impétueux, ou tout simplement curieux de savoir où mènerait cette conversation, Andrew avait décidé de continuer ce périple qui lui était inconnu.

Il était adorable. Quelques mots qui réussirent à le sortir de sa torpeur. Et à le faire rosir de plaisir, encore une fois. Finalement, ça devenait une habitude avec le jeune homme. Comment, avec de simples paroles et deux yeux clairs, arrivait-il à le désarçonner ? Il était pourtant rompu à l'exercice, peu habitué à ne pas mener la conversation, à ne pas emmener la personne là où il le voulait. Mais peut être aimait-il ce nouveau rôle. Perdu, il ne put répondre qu'un sourire timide, les yeux brillants, la main timide passée dans la masse de cheveux rebelles et gominés. Histoire de se donner contenance. Et d'occuper l'espace. Il faut toujours occuper l'espace et marquer sa présence. Il prit un moment de réflexion. Que lui répondre ? Non, ta simple présence suffira. Non. Jamais. Jamais il n'oserait. Pourtant ce n'était que la stricte vérité. Et Andrew n'avait pas l'habitude de mentir. Garder la tête froide. Imagine Kurt comme un ami. Oui c'est ça, imaginer que Kurt est hétéro. C'était bête sans doute, mais ça fonctionnait. Kurt perdait cet attrait, cette nuance romantique, attirante, adorable. Il devenait un ami potentiel. Sans sous-entendu, ni tension et désir. Finalement, un exercice simple afin d'avoir une relation saine avec Kurt. Mais le pourra-t-il ? Ignorer l'identité intrinsèque que les réunissait, ces points communs, ces goûts qu'ils partageaient ?

"Non, je pense tout avoir à la maison. Et puis, que faut-il de plus ? Un cheesecake citron-pistache, Wicked."

Et toi. Et moi. Mais ça n'était plus si important. Mais déjà Andrew devait résumer ce qu'il lui restait à faire. Quitter le garage, direction le centre commercial. Et donc accessoirement ne pas se tromper de chemin, de route. Ça serait bête de retomber en panne. Quoique s'il existait des Kurt dans tous les garages de Lima ... Faire les courses, la recette du cheesecake affichée sur son smartphone, les yeux rivés sur l'écran, évitant sans doute les passants par miracle. Citron, pistache, quelle idée. Mais pourquoi pas. Kurt aurait au moins le mérite de lui avoir fait découvrir ça. Rentrer donc ensuite, faire le ménage, ranger, donner figure humain à son appartement en quelque sorte. Et ne pas avoir l'air d'être un célibataire endurci encrassé dans sa solitude. Pourquoi pas acheter quelques bougies, de celles qui s'allumaient avec plein de couleurs et qui sentaient la vanille. Ce n'était pas une idée stupide.

"Non tu es loin d'être ridicule."

Ce qui est ridicule c'est de faire sa liste de course quand un garçon adorable te parle.

"Je te trouve au contraire vraiment gentil."

Puis plus bas. Voix de basse. Presque suave. Frôlant le chuchotement.

"Et toi aussi, tu es adorable. Vraiment."

Vraiment trop. Courses. Ménage. Rangement. Bougies. Qu'avait-il pu oublier ? Il improviserait. Le panier en plastique rouge du supermarché sous le bras, une liste dans la main, le téléphone dans l'autre. Il en était certain, ses pensées n'iront certainement pas vers les rayons conserves ou croquettes pour chat. Mais vers un garagiste qu'il venait de rencontrer et avec qui il partageait bien plus de points commun qu'il ne l'aurait pensé. Se levant de la chaise en plastique, et après avoir serré la main de Kurt et l'avoir remercié, il sorti, un dernier sourire en direction du jeune homme. Après tout, ils se voyaient demain, non ?
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