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 05. Where have you been ?

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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
Not everybody just gets to blurt out how they fuckin’ feel every minute
Age : 20 ans
Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
Humeur : Déstabilisée
Statut : En couple avec Jamie Ainsworth
Etoiles : 5836

Piece of Me
Chanson préférée du moment : BEYONCE – XO
Glee club favori : Je me fiche totalement des chorales
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MessageSujet: 05. Where have you been ?   05. Where have you been ? EmptyJeu 1 Mai - 16:39

La pendule de l’entrée indiquait déjà 5h25 du matin. Tandis que le bruit mat du balancier trouait le silence de cathédrale tombé sur la maison des Pritchard, Harper était attablée dans la cuisine et se battait avec des lamelles de papier crépon qu’elle avait soigneusement prédécoupées. L’exposé de science de son petit-frère avait bien avancé. Elle avait décidé de lui donner un coup de pouce en secret juste après voir terminé les exercices de maths d’un élève de son lycée qui l’avait contacté à la fin de la journée précédente. Harper n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Ses muscles souffraient de ses grands gestes désordonnés pour assembler ce qui ressemblait nettement à un volcan. Peints par endroits, l’orange, couleur de lave, et le gris terreux, couleur de cendre, formaient des ombres étranges sur son visage. Une grosse dispute avait éclaté la veille à la maison et malgré de nombreux efforts pour s’occuper l’esprit depuis, la jeune fille ne réussissait pas à se retirer de la tête l’écho de la voix de Julian. Les mots égoïste, puérile et orgueilleuse avaient été prononcés. Ça l’avait blessé – comment pouvait-il en être autrement ? Pourtant, elle n’avait pas flanché. Harper était restée aussi digne que teigneuse, plus Pritchard que Hopkins, et s’était finalement contrainte à battre en retraite, distinguant pour la première fois une étincelle semblable à de la déception dans les grands yeux de son frère. Encore plus que ses propos offensants, c’était les traits de son visage durcis par la colère qui la hantait désormais. Elle s’était reconnue dans l’attitude de son cadet qui n’avait pas lésiné sur le sarcasme et sur les jurons. Ça l’avait heurté, profondément heurté. Harper ne voulait pas que ses frères ressentent les sentiments négatifs qu’elle-même éprouvait pour autrui. Eux, ils étaient ouverts, joviaux et incapables de détester quelqu’un comme elle donnait l’impression de détester le monde entier. Et en l’occurrence, l'individu que Julian détestait à présent, c’était elle. Rien qu’à cette pensée, son cœur se scinda en deux, pendant que le bruit du papier qu’on déchire lentement résonna dans la pièce, comme le bruitage parfait pour illustrer le mal évident qui la rongeait.

Violet était, bien sûr, la cause de leur altercation. Harper ne savait plus exactement depuis combien de temps elle était en ville. Mais plus le temps passait, plus ça lui semblait être une éternité. Même si la jeune femme ne vivait pas sous le toit des Pritchard, elle était constamment présente, devenant une ombre planant au-dessus de sa tête. Harper ne se sentait même plus à sa place au sein de cette fratrie autrefois si soudée. Elle restait en retrait, observait les moindres faits et gestes de sa famille, se forçant à ne pas s’emporter devant sa mère qui paraissait tellement heureuse quand sa sœur venait leur rendre visite. C’était difficile, Harper était fatiguée. La pression accumulée devenait insupportable, mais elle ne réussissait pas à relativiser. C’était de sa faute, elle prenait ses responsabilités et supportait les reproches qu’on lui faisait, même si ceux de la veille avaient bien du mal à passer.
Avait-elle raison ou avait-elle tort de se montrer aussi réfractaire à l’arrivée de cette femme ? Chacun avait sa façon de voir les choses. Harper ne cherchait en aucun cas à ce qu’on prenne son parti. Elle se débrouillait toute seule. Il était toutefois certain qu’elle souffrait du peu de crédit qu’on accordait à ses arguments. Ses frères pensaient que son attitude reflétait simplement la fierté qu’ils lui connaissaient sauf qu’ils se racontaient des histoires pour mieux faire passer le fait qu’ils se laissaient endormir par le charisme d’une femme se fichant éperdument de ce qui pourrait leur arriver dans un futur proche. Si c’était le contraire, elle n’aurait jamais mis autant de temps à se montrer.
Malgré son opinion tranchée sur la question, Harper savait qu’elle devait faire des efforts. Elle aimait ses frères. Elle aimait leur complicité et la complémentarité qui les unissait dans chacun des moments difficiles qu’ils avaient eus à traverser ces dernières années. Son intuition avait beau lui souffler de ne pas laisser Violet entrer définitivement dans leur vie, Harper ne pouvait plus vivre avec l’impression d’être seule contre le reste de sa famille qui lui manquait éperdument. Si quelque chose de mal se passait, elle ferait face car c’était ce qu’elle faisait le mieux. Elle le regretterait mais elle n’avait plus le choix. Lilibeth compta soudain jusqu’à trois.

Reposant ses mains sur la table, Harper soupira. Elle jeta un regard morose au cadran lumineux du micro-ondes qui lui indiquait qu’à peine dix minutes étaient passées depuis la dernière fois qu’elle avait regardé l’heure. Ne prenant pas la peine de vérifier le maintien des lamelles de papiers qu’elle avait disposées sur le flanc du volcan, elle se leva de sa chaise qui racla le sol, empoignant son vieux téléphone portable dont elle consulta la messagerie par mauvaise habitude. Elle s’apprêtait à taper une réponse éclair au dernier SMS de Jamie quand elle releva la tête, interpellée par la silhouette massive de Julian qui obscurcissait par intermittence l’éclairage agressif à l’entrée de la cuisine. Ils se regardèrent un très long moment, le silence s’installant naturellement entre eux. Communiquant par simple contact visuel, ils se demandèrent pardon et un sourire instantané vint éclairer le visage poupin du jeune homme qui croisa les bras sur sa poitrine tout en regardant sa sœur par-dessous. Le cœur de Harper ne se ressouda pas pour autant mais elle s’approcha de lui pour lui déposer un baiser sur son biceps pendant qu’elle passait à côté de lui. La matière duveteuse de son sweat crissa sur ses dents de devant, et après une dernière étreinte un peu maladroite, la tête posée sur son muscle et les yeux fermés très fort, elle alla prendre son manteau et les clefs de la Jeep. Julian ne lui demanda pas où elle se rendait de si bonne heure, il avait compris. C’est donc avec résignation que Harper se dirigea vers la porte d’entrée.

***

L’hôtel dans lequel séjournait Violet se trouvait à exactement sept minutes en voiture de la maison des Pritchard. Il était presque 6h maintenant. La ville, comme le volcan qu’elle avait laissé sur la table de la cuisine, était encore endormie pour ce premier jour de fin de semaine. Les doigts crispés autour du volant, elle déboucha sur le parking de l’hôtel en tachant de faire le vide dans son esprit. Si elle s’élançait sur le champ de bataille avec la tête pleine de rancœur, il y aurait fort à parier qu’elle ferait manger à Violet ses châles malodorants et pas par la voie traditionnelle. Arrêtant le moteur, Harper se pencha sur le volant pour regarder l’hôtel qui s’érigeait haut dans le ciel. Et elle attendit.
Avant de prendre la route, elle avait envoyé un texto à la rousse en lui demandant, avec plus ou moins de bienséance, de la retrouver sur le parking de l'endroit où elle logeait depuis son arrivée à Lima. Harper ne voulait pas se retrouver dans l’univers de cette femme, elle préférait le confort de la Jeep qui lui donnait l’impression rassurante d’avoir son père à ses côtés. D'ailleurs, après avoir arrêté son regard sur la plaque d’identification militaire de ce dernier, toujours accrochée au rétroviseur, elle prit une grande inspiration et gonfla ses joues. Pendant qu’elle s’adossait à son siège, la portière côté passager s’ouvrit doucement. Harper relâcha l’air qu’elle avait emprisonné dans ses poumons et sans lui accorder le moindre regard, elle lui dit d’emblée :

« Pourquoi t’es venue à Lima ? » Elle tourna la tête vers elle tout en roulant des yeux « Épargne-moi le chapitre sur ton poltron de mari, OK ? On a pigé que t’avais fait une connerie en l’épousant, c’est pas ce qui m’intéresse. » Son sourcil gauche s’arqua de lui-même pendant qu'elle la fixait sans ciller « Alors, pourquoi t’es là ? »
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MessageSujet: Re: 05. Where have you been ?   05. Where have you been ? EmptyVen 2 Mai - 17:23

Violet était terriblement fatiguée. Autant physiquement que mentalement. Elle avait mal au crâne à force de voir ces pathétiques habitants de Lima courir jusqu'à elle afin de lui exposer leur pathétique vie et leurs pathétiques problèmes. Certains pouvaient penser qu'il était facile de faire la voyante, mais Violet avait adopté une technique bien précise et assez compliquée. Elle faisait en sorte de soutirer des informations sur eux, devoir ensuite prédire des choses qui pouvaient éventuellement se passer dans leur vie. Au fil du temps, elle était bien calée à ce sujet et avait eu à faire face à des centaines d'histoires toutes plus tordues les unes que les autres. Alors à force, ce n'était plus si compliqué pour elle de devoir imaginer la suite. Mais la jeune femme aimait beaucoup trop ça. Non pas qu'elle aimait arnaquer des gens et se moquer d'eux, mais toute cette supercherie était son gagne-pain et tout cela rajoutait un peu de piquant à sa vie qui aurait été ennuyeuse. Et sans avoir eu cette idée de génie, la rousse serait encore en Alaska avec un mari inutile et dans l'incapacité de pouvoir se payer ne serait-ce qu'une séance shopping, comme dans sa vie d'avant. Elle lui paraissait lointaine, alors qu'elle s'était installée à Lima il y a à peine quelques semaines. Évidemment elle ne regrettait rien, se sentiment de pouvoir et de contrôle la remplissait de joie. De contrôle oui, car jusqu'ici elle avait ce qu'elle veut. Une clientèle qui ne cessait de s'agrandir, de l'argent qui ne cessait d'augmenter dans son compte en banque et elle avait retrouvé sa sœur.

Ses journées étaient de plus en plus chargées. Elle avait même du ouvrir un local car elle ne pouvait pas faire attendre ses prochains rendez-vous dans le couloir de cet hôtel assez spacieux. Oui, Violet logeait dans un hôtel pour le moment car sa chère nièce Harper ne voulait pas d'elle. A vrai dire la rousse ne voyait pas en quoi cela changeait qu'elle dorme chez les Pritchard car dès qu'elle avait dix minutes de libre, elle ne se gênait pas pour s'incruster. Ce n'était un secret pour personne dans cette famille, la Harpie, comme sa tante aimait bien la surnommer, n'appréciait pas du tout celle-ci. Hors Violet était appréciée par la majorité de la famille et à vrai dire, par tout le monde sauf cette sauvage. Elle savait que si elle voulait trouver un appartement à Lima, elle n'aurait pas de mal à le faire mais elle savait aussi que l'ambiance entre les frères d'Harper et cette dernière était tendues du fait qu'elle refuse que Violet vive chez eux et qu'elle n'allait pas tarder à craquer et devoir se soumettre à l'envie de ses frères et de sa mère.

Il devait être cinq heures quarante du matin quand Violet entendit des vibrements qui la réveillaient d'un seul coup. Satané sms qui venait de la réveiller, se disait-elle alors qu'elle rêvait de sa future vie de riche à Lima, parmi tous ces loosers. Par curiosité, elle regardait qui cela pouvait être. À cette heure-ci, la rousse trouvait ça honteux qu'on la dérange en plein sommeil. Encore un de ses clients complètement perturbé après une révélation choquante ? Si c'était le cas, elle était bien décidée à lui interdire l'accès à ses services.. Ou a augmenter les frais de consultation. Car pour Violet, le sommeil était sacré et son portable avait failli passer par la fenêtre pour avoir fait un tel boucan. Évidemment ça n'était pas de sa faute, qui avait bien pu mettre le volume à fond ? Mais il ne s'agissait pas d'un client fou mais bien de sa nièce Harper. Et lorsqu'elle vit son prénom affiché, elle crût rêver. Mais c'était bien elle, qui lui donnait rendez-vous dans cinq minutes sur le parking de l'hôtel. Complètement folle cette gamine ! pensa-t-elle directement. Quel genre de personne donnait rendez-vous à une autre à presque six heures du matin et cinq minutes avant, en plus de cela ? Mais soit, Violet était très intriguée et voulait savoir ce que sa nièce lui voulait. Elle se leva alors et enfila un simple legging et tee-shirt, à vrai dire, elle tira de son armoire tout ce qu'elle pouvait bien trouver qui ne faisait pas pyjama.

Après s'être lavé le visage, elle ne tarda pas à sortir jusqu'à marcher au parking, lieu de rendez-vous. À ce moment-là elle vit une jeep déjà stationnée et savait qu'à l'intérieur Harper s'y trouvait. En rentrant, sa nièce ne prit même pas la peine de la saluer ou de lui lancer un regard et l'assaillit directement de questions. "Attends. Me dis pas que tu me fais venir pour ça? Je croyais qu'il y avait un mort moi !" s'exclama-t-elle, outrée. Bon à vrai dire, elle n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'allait bien pouvoir dire la lycéenne, bien trop occupée à se préparer pour un pseudo rendez-vous dans une voiture à l'abri de tout regard - qui allait bien pouvoir les observer à cette heure-ci de toute façon - qu'à se questionner quant à la raison de la venue de sa nièce. "Et ça te prend souvent de venir comme ça ? Tu dors pas la nuit ? Ça explique bien ton comportement très désagréable alors." L'arnaqueuse faisait évidemment référence au comportement que sa nièce avait envers elle dès qu'elle franchissait le pas de la porte. À force elle n'y prêtait plus attention, bien trop occupée avec les autres enfants Pritchard et sa soeur Mariella. Elle était peut-être provocante dans ses paroles et dans son comportement, mais le fait de se faire déranger en plein sommeil par une gamine pour des futilités lui donnait des envies de meurtre. Il lui était inconcevable d'avoir des cernes, elle qui avait une peau si parfaite. Mais autant rester jusqu'au bout puisqu'elle n'était pas prête de se rendormir maintenant et répondre aux questions qui trottaient tant dans la tête de la blonde. Mais puisque tu veux tout savoir.. Mon mari est alcoolique, tu le sais déjà mais il est violent aussi.. Si je demande le divorce, on me retrouvera sûrement à l'hôpital ou même à la morgue.. Alors j'ai décidé de fuir. Et j'ai fait la plus grosse erreur de ma vie en partant. Ta mère me manquait beaucoup trop, après tout elle est ma soeur chérie alors j'ai décidé de venir à Lima pour fuir Clay, mon mari, mais aussi pour rattraper le temps perdu. Un tissu de mensonge très bien préparé à l'avance, évidemment. Et elle jouait la victime à la perfection, sans trop en faire car sa nièce saurait qu'elle en fait des tonnes. Je cherche pas à venir comme ça dans vos vies et faire n'importe quoi. Je veux vraiment t'aider et puisque je le peux financièrement, je le ferai. T'es jeune, t'as besoin de t'amuser.. C'est pas à toi de t'occuper de toute une famille. Par contre, elle était sincère cette fois-ci. La première fois qu'elle avait mis le pied chez les Pritchard, elle a rapidement su qu'Harper était le chef de famille. Inutile de préciser que Violet en avait été choquée.

# Oeuf n°9
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Harper E. Pritchard
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MessageSujet: Re: 05. Where have you been ?   05. Where have you been ? EmptyMer 7 Mai - 15:31

Personne au monde ne pouvait comprendre l’effort considérable que Harper était sur le point de réaliser. Elle s’apprêtait à brider son impulsivité, le monstre qui restait éveillé en permanence dans le creux de son ventre et qui la poussait à agir pour mieux regretter ensuite d’être aussi sanguine. Déjà, les jointures de ses doigts blanchirent sous la force avec laquelle elle enserrait le volant de la jeep. Les fourmillements désagréables qu’elle ressentait quand elle essayait de se tempérer se propagèrent dans son corps à la vitesse de la lumière. Dans la clarté de l’aube qui jaillit à travers le pare-brise sale de la voiture, elle chercha du regard la plaque d’identification militaire de son père. Retranchée dans un monde de voix lui ordonnant de sauter sur sa tante pour lui claquer la tête contre le tableau de bord, elle se souvint avec plus ou moins de bonne volonté des mots de réconfort que lui soufflait sa mère lorsqu’elle faisait des cauchemars durant son enfance. Elle se les répéta dans l’espoir que la chaleur qu’elle ressentait dès qu’elle la serrait dans ses bras l’enveloppe de toute part mais rien ne se passa. Harper restait prisonnière des ressentiments qu’elle éprouvait pour Violet.
Son corps était tendu, ses tympans vibraient au son des encouragements plein de véhémence de son esprit, et les yeux rivés sur le métal blanc de la plaque, Harper s’ordonna tout simplement de respirer. Très doucement donc, tenant à garder le moindre signe indiquant son état de défaillance pour elle, elle expira un peu d’air de ses poumons qui restèrent aussi douloureux, à l’image du moment où elle avait été contrainte de garder la tête sous l’eau lors de sa virée à l’OSU avec Jamie. L’impression soudaine d’être prise au piège dans une prison ensevelie sous l’eau la força à se redresser et très vite, elle actionna la manivelle de la portière sur sa gauche pour ouvrir grand la vitre. L’air frais du petit matin la soulagea d’un trait.

Des excuses, Harper ne s’en était jamais cherchée. Même si son tempérament fougueux restait une cicatrice à vif qu’elle aurait souhaité voir se refermer, consciente quelque part que la vie qu’elle menait n’était pas saine, elle assumait entièrement la part d’elle-même la moins glorieuse, alors qu’elle refoulait sans mal les ressources de bienveillance qu’elle avait en sa possession. C’était plus supportable de prétendre ne rien ressentir que d’admettre la difficulté. La colère qui bouillonnait en elle était le sel qui empêchait à ses blessures de guérir. Au fil des années, Harper avait appris à vivre avec sans jamais se plaindre. Elle avait fait de son caractère exécrable une arme, mais qui était à double tranchant. Insupportable et belliqueuse, elle préférait attaquer plutôt que de considérer la situation à tête reposée alors qu’elle était la plus à même de trouver des solutions intelligentes. Les reproches, elle les laissait de côté, se fichant éperdument de l’image qu’elle projetait, sauf quand ils venaient des membres de son entourage proche, de sa famille qui avait une importance capitale à ses yeux. Et jusqu’à présent, ils ne s’étaient jamais plaints. Mais voilà que pour la première fois, elle était contrainte d’admettre qu’elle avait poussé le bouchon, simplement parce que Julian avait pointé du doigt son comportement à la limite de l’irrespect. Si elle ne l’aimait pas autant, Harper n’aurait pas rechigné à s’en prendre physiquement à lui, mais il était son frère. Saleté de lien du sang.

Harper était venue pour s’enquérir des raisons de l’apparition de Violet dans la vie des Pritchard. Elle ne supportait pas la déception qu’elle avait lue dans les yeux de son cadet, elle devait se faire pardonner. Toutefois, elle n’était pas certaine de ce qu’elle s’apprêtait à faire, mais avant de considérer la situation avec plus de profondeur, Harper devait être certaine des bonnes intentions de la jeune femme. Aussi, le ton qu’employait la rousse installée à ses côtés sonnait aussi faux que les chœurs de la chorale de son lycée et c’est plus que dubitative que la blonde fronça les sourcils. Sa fierté venait d’être piétinée, pour autant elle refusait d’être la gentille Lilibeth que Violet avait cru retrouver lors de son arrivée. Elle se hâta alors de rétorquer à cette dernière, une fois qu’elle eut terminé la réponse à sa question :

« Je suis censée être désolée pour toi ? » Harper arbora une moue faussement triste, les commissures de sa bouche s’affaissèrent lentement pour parfaire son jeu « Avoir pitié ou un truc de ce genre ? Tu veux pleurer, t’as mal ? Où exactement, à ton cœur ? » Indiquer avec subtilité à sa soi-disant tante que si elle pensait trouver une épaule sur laquelle pleurer, elle pouvait tout aussi bien aller se jeter sous le premier train, parce qu’elle ne serait jamais cette personne-là, ne faisait pas partie des plans immédiats de Harper. Elle émit d’ailleurs un rire fugace quand elle l’entendit lui dire qu’elle avait besoin de vivre sa jeunesse « J’ai pas de conseil à recevoir de quelqu’un comme toi. » Elle se recala en bondissant dans son siège et ses mains retrouvèrent le volant qu’elle fit jouer entre ses doigts « Et pour ton information, le temps perdu, comme c’est indiqué, est perdu. Personne n’a encore trouvé le moyen de revenir en arrière que je sache » A l’exception du Doc et de Marty McFly, songea-t-elle avec un sourire. Le moment était mal choisi pour qu’elle étale sa toute nouvelle culture cinématographique ; elle tourna son visage vers Violet, reprenant ses esprits de justesse « Toute cette histoire de mari violent, c’est qu’un moyen pour toi de te dédouaner tranquille de tout ce que t’as manqué ces dix dernières années. C’est pas ça le fond du problème, Violet. T’es assez forte pour te barrer quand ton mec t’en colle une, fais pas semblant. » Malgré la haine évidente qu’elle éprouvait pour la jeune femme, Harper sentait cependant qu’il y avait une certaine force de caractère chez elle. Elle continua « Si maman te manquait véritablement, t’aurais pas attendu aussi longtemps pour venir la voir. Tu dis que tu veux pas revenir dans nos vies et faire n’importe quoi... Sauf que c’est exactement ce pour quoi t’es là. Et sérieusement, arrête aussi ta comédie de la charmante petite sœur dévouée, ça me donne envie de gerber. » Harper renifla avec dédain, retournant derechef son attention vers les rayons du soleil qui perçaient les nuages déjà haut dans le ciel. Secouant la tête de droite à gauche, elle poursuivit une octave plus bas « Tu veux t’imposer, alors assume. Mais sous le prétexte que t’es friquée, tu crois que je vais te sauter dans les bras et devenir pote avec toi ? Tu vis dans quel monde, putain ? »

De biais, ses yeux se plantèrent dans ceux de la jeune femme. Harper serra les mâchoires, raffermissant les traits durs de son visage. Elle pourrait pardonner à ses frères de l’obliger à prendre sur elle comme elle était en train de le faire – c’était déjà oublié, à vrai dire. Mais il lui faudrait beaucoup plus de temps pour accepter qu’elle n’ait plus le choix et qu’elle devait abdiquer pour le bien de tous. Harper pensa aux factures placardées sur la porte du frigo, au renouvellement des médicaments de sa mère – jamais elle n’aurait cru qu’un marché pour assurer le confort de sa famille soit aussi difficile à passer. Cependant, elle se donnait encore du temps pour déposer les armes, elle en avait besoin, et sur un air de défi, elle se retourna avec lenteur pour soutenir résolument le regard de Violet.
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MessageSujet: Re: 05. Where have you been ?   05. Where have you been ? EmptyMar 27 Mai - 22:35

Violet savait très bien ce qu’Harper pensait d’elle. Non pas qu’elle s’en fichait, mais elle se devait de faire comme si cela ne l’inquiétait pas devant sa nièce, afin de ne pas éveiller les soupçons. Elle ne connaissait pas vraiment la lycéenne. Mais ce qui était sûr, c’est qu’elle avait un gros caractère. A voir si elle était capable de faire sa propre enquête pour savoir la vérité sur son mari ou sur sa vie en Alaska. Enfin, elle n’avait pas les moyens pour, alors il était peu probable. Mais la rousse pensait tout de même à pas mal de choses. Il n’empêche qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de mentir et dire que son mari ne se comportait pas correctement était la meilleure chose qu’elle avait trouvée sur le coup. De toute manière il n’y avait que sa nièce pour douter de sa parole. Quant à sa sœur et ses neveux, ils avaient gobé sans problème ses mensonges et Harper n’avait pas l’air de mettre toute sa supercherie en danger. Depuis le début, elle se comportait très bien devant la famille et aussi bien en privé, seulement elle laissait tout de même échapper quelques commentaires qui énervaient d’autant plus la blonde.

Après avoir lâché toute sa comédie bien préparée à l’avance, elle voyait que sa nièce ne la croyait pas une seule seconde. Elle savait très bien qu’elle n’allait pas la croire, mais au moins, elle donnait la même version à tout le monde. La jeune femme avait tort mais aussi raison. Tort car contrairement à ce qu’elle pouvait penser, la fausse voyante s’intéressait vraiment à sa sœur. Elle avait profité de quitter l’Alaska pour enfin reprendre contact avec sa sœur et au fond, elle craignait que son aînée ne la rejette comme son père avait pu le faire. En mettant ses mains dans les poches de sa veste, elle sentait une espèce de boite. En retirant ses mains dont l’une qui tenait cette espèce de boîte, elle vit que c’était en vérité un paquet de cigarette et un briquet se trouvait à l’intérieur. Parfait, elle allait pouvoir fumer sa cigarette du matin, même si prématurément puisque d’habitude elle ne se levait pas aussi tôt. Tant pis si la fumée gênait sa nièce, elle n’avait pas qu’à lui donner rendez-vous dans une voiture. Elle baissait la vitre et l’écoutait faire son discours rempli de haine pendant qu’elle allumait sa cigarette.

Harper pouvait être vraiment paranoïaque lorsqu’elle s’y mettait. Ou du moins c’est ce que Violet pensait. Après tout elle n’avait jamais pensé à mettre la zizanie dans cette famille. Ce qu’elle voulait, c’était se cacher à Lima pour ne pas être retrouvée par son mari. Et accessoirement retrouver sa sœur aussi qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Harper lui répondait premièrement avec ironie, ce qui força la rousse à lever les yeux au ciel, déjà exaspérée. "Je te pensais vraiment mature mais il t’arrive de te comporter comme une vraie gamine.. Comme quoi tu ressembles moins à une vieille." Lorsqu’elle disait « vieille » ça ne faisait évidemment pas référence à son physique car la lycéenne était plus que jolie, mais depuis son arrivée à Lima, Violet l’avait toujours vu coincée et de mauvaise humeur. De toute manière, elle ne s’était jamais comportée autrement. A chacune de leur rencontre, Harper tirait une tête à en faire fuir plus d’un. "Alors si tu es aussi intelligente que ça, dis-moi pourquoi je suis venue si ce n’est pas pour ta mère et avec des preuves, s’il te plait. Tu me détestes depuis la première minute où tu m’as vue et tu n’as jamais cherché à parler avec moi alors pourquoi inventer des choses dont tu n’es pas sûre ? Je serai prête à t’écouter lorsque tu auras des arguments valables !" Violet commençait sérieusement à être agacée. Elle n’aimait pas que des personnes se croient tout permis et s’il ne s’agissait pas de sa nièce, elle ne se serait sûrement pas gênée pour laisser partir sa main, lycéenne ou pas. "Je ne l’ai pas vu depuis très longtemps, alors tu es d’accord pour confirmer que je ne savais même pas le nombre d’enfant qu’elle avait ! Sérieusement Harper, tu sais que j’ai vingt-huit ans ? Je ne pense pas, ne me confonds pas avec les gamines de ton âge." La rousse commençait déjà à bailler, exténuée. Elle détestait se faire réveiller aussi tôt pour des choses aussi inutiles de ce genre car très franchement, ce début de conversation ne servait à rien pour l’instant. Elles n’arrivaient pas à se comprendre et avec le caractère très compliqué d’Harper, les choses n’allaient pas en s’arrangeant. "Où est-ce que tu as vu que je m’attendais à devenir super pote avec toi, qu’on allait se faire des soirées pyjamas et des sorties dans des bars ? Sérieusement Harper faut que tu te calmes. Je commence vraiment à croire que t’es jalouse. Jalouse que ta mère soit redevenue heureuse quand toi tu n’y arrivais pas, jalouse du fait que j’ai de l’argent et que tes frères m’apprécient." outch, ça faisait mal. Violet prenait conscience qu’elle commençait à aller loin dans ses paroles, mais il était hors de question pour elle de se laisser faire face à une gamine. Famille ou pas, elle avait laissé assez longtemps sa nièce la traiter comme une moins que rien.

Mais Violet était loin d’être idiote. Elle avait été la veille en contact avec l’un de ses neveux qui lui avait parlé de l’ambiance très tendue chez les Pritchard. Tout le monde était pour que leur tante vive chez eux quelques temps, sauf que leur chef de famille était totalement contre, ce qui avait apparemment causé des disputes. Alors forcément si les choses se passaient mal entre les deux femmes, Harper était encore moins favorable à la demande du reste de sa famille et de ce fait, il y avait encore plus de problèmes. Même si Harper était le trois quart du temps très désagréable en présence de Violet, elle avait pu voir à quel point elle aimait ses frères et qu’elle ne pouvait pas se permettre d’être en mauvais termes avec ses frères.


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MessageSujet: Re: 05. Where have you been ?   05. Where have you been ? EmptyMer 28 Mai - 15:33

C’était si facile de déceler les incohérences dans les propos de Violet que Lilibeth ne se donna pas la peine de lui répondre, se cherchant une excuse pour ne pas lui avouer de vive voix qu’elle n’avait en effet aucune preuve, aucun fait tangible témoignant de ses mauvaises intentions à l’égard de sa famille. À l’exception de son silence radio et des histoires qu’elle racontait aux garçons, Harper ne connaissait rien de sa tante. Elle savait juste qu’elle ne lui faisait pas confiance, mais que Mariella retrouvait un semblant de lucidité lorsqu’elle se tenait près d’elle, revenant à une époque où leur complicité était à son apogée, à des années-lumière de cette vie et des difficultés qui la jonchaient. Ça aurait dû lui suffire. Malheureusement, Harper ne réussissait pas à se faire à l’idée que quelqu’un puisse entrer dans leur vie après autant de temps à les ignorer, ça lui donnait mal au ventre. Même si elle comprenait que Violet avait eu besoin d’indépendance, ressentant elle-même l’envie de s’enfuir parfois, elle aurait aimé qu’elle se montre plus tôt. À un moment où les Pritchard en avaient réellement besoin et pas quand l'aînée avait la sensation que tout rentrait enfin dans l’ordre, qu’elle réussissait à dépasser tous les obstacles, seule sprinteuse d’une course qu’elle avait cru jamais pouvoir terminer.
Personne n’avait continué de prendre des nouvelles d’eux après les funérailles de son père, personne n’avait consenti à s’occuper d’eux quand sa mère avait démissionné de son rôle, pas même leurs grands-parents. C’était exactement à ce moment que Violet aurait dû venir poser ses valises à Lima, était-il vraiment nécessaire que Harper s’échine à lui dire ? Elle était épuisée d’argumenter, épuisée de mener une bataille qui s’achevait après autant d’années à improviser un plan d’attaque pour remporter la victoire. Lasse, elle posa l’arrière de son crâne contre l’appui-tête en cuir, un soupir s’échappa de ses lèvres charnues et la brise légère provenant du dehors lui caressa la figure. La discrète buée qui s'éleva de sa bouche à cause de la fraîcheur matinale happant brusquement toute son attention, elle ferma doucement les yeux. Elle songea à quoi leur vie aurait ressemblé s’ils avaient été pris en charge à cette époque et sa gorge se serra, c’était insoutenable. Tandis qu’elle pressait ses lèvres l’une contre l’autre en se redressant, souffrant d’un pénible manque de salive, elle tourna la tête pour verrouiller son regard embué à celui de sa tante. Elle ne devait pas être si pire, mais elle n’y arrivait pas. Harper la regarda tirer sur sa cigarette. Cette forte odeur qui l’incommodait avant la rassurait désormais et bien que l’envie de lui ôter le bâton de nicotine des mains fut si forte, elle contra ses pulsions en reposant ses mains sur le volant pour le serrer à en faire pâlir ses jointures.

Pensant en avoir fini, la suite du discours de sa passagère lui asséna un coup si violent, si inattendu, que Harper fit pivoter son visage avec autant de force, son cou endurant la brutalité avec laquelle elle fit volte-face. La clarté sommaire dans l’habitacle et la fumée opaque qui dessinait des arabesques entre elles lui offraient une protection confortable, car ce qui faisait briller ses yeux maintenant, ce n’était pas la fureur ou la rancœur. C’était la souffrance qu’elle ressentit en s’apercevant que Violet ne savait absolument pas où elle s’apprêtait à mettre les pieds. Harper ne sourit pas, elle ne parla pas non plus. La voix de Violet se répercutait sur les vitres arrière du véhicule, la chair de poule parsema la peau de la blonde qui resta stoïque néanmoins. Jusqu’au moment où une vicieuse bourrasque s’infiltrant par la vitre baissée déplaça sa frange et qu’elle la fixa derrière son oreille par habitude, oubliant un temps qu’elle avait les cheveux si courts que ça ne tiendrait pas. C’est suite aux derniers mots de la jeune femme qu’elle remontra signe de vie, respirant de nouveau en assimilant que trop bien les conclusions illusoires de la rousse.

« Tu penses que je suis jalouse ? » Ce n’était qu’une question rhétorique. Harper ne voulait pas qu’elle la gratifie de nouveau de sa théorie, elle en avait eu assez. Elle eut un sourire ; pas sardonique comme il l’avait été une poignée de minutes plus tôt, mais ostensiblement douloureux, au point que cette expression belliqueuse qu’elle portait sans arrêt sur son visage se changea en quelque chose qui ne transparaissait pas chez elle : de la tristesse. Harper ne prit pas le temps de s’attarder sur les accusations de sa tante concernant la possibilité que sa nièce soit jalouse de son argent et de l’affection que ses frères lui portaient, ce n’était pas important, car son attention était toute dirigée vers la naïveté de Violet – une naïveté qui faisait tellement de mal à Harper. La gorge définitivement nouée, elle reprit « Elle est loin d’être heureuse, Violet. Elle est partie en même temps que papa. En fait non, elle est restée bloquée dix ans en arrière, c’est pour ça qu’elle est si heureuse de te voir, parce qu’elle croit que Bush est encore président, qu’elle va bientôt accoucher d’un petit garçon et que papa va revenir sain et sauf pour fêter leur anniversaire. Mais il est plus là et elle non plus. » Cette fois, elle affronta directement les pupilles de sa tante, essayant de la distinguer à travers les volutes de fumée qui disparaissaient par la fenêtre de la voiture, dansant avec l’aube qui de plus en plus laissait place à un ciel éclairé, dépourvu d’étoiles. De nouveau, Harper pressa ses lèvres et pendant qu’un sentiment indescriptible, une pression intenable s’attaquait à sa poitrine, elle voulut faire un peu d’ironie pour dédramatiser, très mal à l’aise. Mais tout ce qu’elle réussit à faire ce fut ouvrir la bouche pour éclater en sanglots.

Elle supportait trop de choses, elle n’en pouvait plus. Ce n’était pas seulement les responsabilités qu’elle avait endossées très tôt, c’était un amoncellement de choses qu’elle ne réussissait plus à garder pour elle ; l’ambiance à la maison, les secrets qui l’entouraient et tout le reste. Harper avait des défauts à la pelle, mais l’une de ses qualités était qu’elle ne pleurait pas. La dernière fois qu’elle l’avait fait, c’était la honte qui l’avait forcé à verser quelques larmes mais cette fois, c’était différent. Le chagrin qui la consumait n’était pas l’expression d’une quelconque culpabilité, c’était un trop-plein, un ras-le-bol général et les sanglots qu’elle étouffait sous ses lèvres étroitement serrées, les yeux fermés et les traits plissés, étaient bien réels. Si réels qu’ils lui faisaient mal, arrivant en masse au raz de ses cils qu’elle décolla en frottant fort ses yeux, les lèvres tremblantes. Il fallait que ça cesse vite, ça allait être difficile et finalement, elle n’essaya pas de se calmer. Harper continua à pleurer en gardant à l’esprit que c’était pour le mieux, même si ça l’ennuyait de se montrer aussi fragile face à Violet.
Elle avait soif. Rouvrant les paupières, Harper secoua la tête et fit claquer sa langue sur son palais, le visage parcheminé de plaques réactives dues à ses larmes qu’elle sécha d’un revers de manche. La vision troublée par les perles salées au coin de ses yeux l’empêcherait sûrement de voir convenablement sa tante, c’était tant mieux dans un sens. Et elle retourna la tête vers elle encore une fois en lui disant, la voix brisée « T’as raison, je suis peut-être jalouse. Pas parce qu’elle est heureuse, mais parce qu’elle ne se rend plus compte de rien. » Un petit sourire triste fendit son visage humide. Reniflant pour se donner du courage, Harper referma sa vitre en soufflant de toutes ses forces, retira les clefs du contact puis elle ouvrit sa portière pour sortir de la jeep. Le froid lui donna un frisson qu’elle contra en relevant sa capuche sur sa tête, son visage picotant plus fort sous le masque de larmes qu’elle n’avait pas réussi à chasser complètement. Avant de fermer la portière, elle lança à travers l’ouverture, désignant Violet d'un coup de menton dans le vide « Dépêche-toi maintenant, on va chercher tes affaires. »


Dernière édition par Harper E. Pritchard le Mer 28 Mai - 17:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 05. Where have you been ?   05. Where have you been ? EmptyMer 28 Mai - 17:23

Après son petit discours entièrement fait pour la provoquer, Violet fumait, totalement détendue. Elle tendait tout de même l’œil, s’apprêtant à l’écouter cracher sa haine comme elle le faisait depuis le début. C’est bien ce qu’elle faisait, tout en faisant passer sa mère pour une folle qui avait besoin de se faire soigner. "Non mais tu t’entends ? C’est ignoble ce que tu dis, tu prends ta mère pour une tarée ou je suis en train de rêver ?" Les deux jeunes femmes s’affrontaient – presque – dans un duel de regards. Cependant, quelque chose lui fit ouvrir grand les yeux. Harper. Sa nièce pleurait. Et véritablement, c’était loin d’être silencieux. S’il y avait bien une chose à laquelle elle ne s’attendait pas, c’était de voir sa nièce pleurer. Cependant elle ne savait pas si elle pleurait à cause de ces mots ou si c’était tout ce qu’elle endurait, le rôle qu’elle devait jouer. Le plus bizarre dans tout cela, la rousse ne savait en aucun cas ce qu’elle ressentait à ce moment précis. Si elle se sentait honteuse d’avoir fait pleuré un propre membre de sa famille, ou si au contraire elle se délectait de ce moment, de s’être affirmée et d’avoir montré qui elle était vraiment et que ce n’était surtout pas une gamine, avec un fort caractère ou non, qui allait faire la loi. A vrai dire elle s’attendait plus à ce que la lycéenne lui ordonne de sortir de sa Jeep, ou l’insulte, voir même la gifler même si il fallait être fou pour faire ça. Pas d’éclater en sanglots en tout cas. Depuis le début entre les deux femmes, une petite guerre s’était installée. Plus dans la tête d’Harper en tout cas que de sa tante, mais tout de même. Pritchard n’avait jamais été déstabilisée par Violet, car cette dernière ne lui avait jamais vraiment dit le fond de sa pensée. Et maintenant que c’était fait, elle était assise, inconfortablement de sachant pas quoi faire devant l’état de la jeune femme. "Harper, qu’est-ce qu’il se passe ? Okay, tu te confieras jamais à moi mais me dis pas que c’est moi qui te mets dans cet état-là ?" demanda-t-elle, en appuyant bien sur le là. Evidemment, en y réfléchissant, Harpie comme Violet aimait soigneusement l’appeler, allait sûrement dire que ses larmes n’avaient pas été versées à cause de sa tante, que ce soit vrai ou non.

Les quelques secondes qui suivaient après sa question et avant la réponse de sa nièce servaient à l’arnaqueuse pour comprendre que cette « rivalité » était bien plus qu’un jeu. Car en vérité, depuis le début, cette mini guerre inutile était un moyen de distraction pour cette mythomane, un jeu. Mais il s’avérait que sa petite nièce était en vérité très sérieuse et ce, depuis le début. Le pire était qu’elle ne comprenait pas pourquoi dès son arrivée, la jeune femme l’avait agressée. Certes, elle sortait de nulle part, dix ans après et il était compréhensible que la blonde se méfie au début, mais après tout elle était de la famille et au lieu d’être heureuse pour sa mère et surtout heureuse d’avoir un peu d’aide, elle se braquait totalement.

Après avoir séché ses larmes, Harper en profita pour continuer de parler de sa mère, tout en confirmant cette jalousie que son interlocutrice pensait avoir découverte. Sauf que cette dernière roulait des yeux, puisqu’elle confirmait les propos de sa tante tout en les tournant à son avantage. Si la blonde voulait jouer à ça, il n’y avait aucun problème. La rousse était très joueuse et aussi très douée pour blesser les gens là où ça faisait bien mal. Pour arnaquer de nombreuses personnes, il fallait d’abord les cerner et c’est ce que la fausse voyante faisait avec perfection. Justement, la faiblesse d’Harper était ses frères. Elle les aimait tant, alors s’il fallait ça pour que la Harpie sache à qui elle avait à faire, il n’y avait aucun problème.

Elle crut rêver lorsque la lycéenne lui disait de sortir de la voiture afin d’aller ramasser ses affaires. Mais c’était bien réel, elle avait obtenu ce qu’elle voulait. Elle pensait pourtant que cela allait être plus difficile, mais apparemment non. Harper en avait sûrement assez de se battre, et bien tant mieux pour elle car sa tante ne comptait pas lâcher l’affaire si ce qu’elle voulait était une guerre entre tatie-nièce. Sortant donc de la voiture, elle marchait quelques pas afin d’arriver à la porte d’entrée de l’hôtel et pendant ce temps-là, sa cigarette se voyait rapidement consommée puisqu’elles n’avaient pas le droit d’être fumées à l’intérieur du hall. Violet passait rapidement devant, afin de guider sa nièce jusqu’à sa chambre qui se trouvait à l’étage. Une fois rentrées, elle attrapa sa valise et pris son temps pour plier soigneusement ses amis et les ranger petit à petit. "Sérieusement Harper, je sais que je n’aurai jamais dû ne pas prendre de nouvelles, j’ai laissé toute ma famille de côté et d’accord je suis consciente que je vivais ma petite vie en Alaska tranquillement alors que vous étiez ici en train de galérer, mais tu peux pas être comme tes frères et ta mère et être simplement contente ? Si tu peux pas te forcer, fais au moins semblant de rien, ça évitera des disputes avec tes frères.." lui dit-elle d’un air innocent accompagné d’un clin d’œil. Elle voyait déjà venir sa nièce, à lui demander qu’est-ce qu’elle savait à propos de ça. Heureusement qu’elle discutait souvent avec ses neveux.

D’ailleurs, elle avait été sacrément contente lorsqu’un des frères d’Harper lui avait dit qu’il trouvait ça honteux que leur chef de famille se comporte ainsi, qu’elle se croyait tout permis et qu’elle était simplement égoïste. "Mais je suis contente de savoir tout de même que tes frères me soutiennent, ainsi que ta mère. J’aurai adoré que l’on s’entendre tous bien, c’est dommage que tu te mettes à l’écart comme ça et forcément de par ton comportement, ils peuvent te mettre aussi à l’écart. Toi qui est leur chef de famille, c’est presque de l’ingratitude." Elle pouvait se lâcher lorsqu’elles étaient seules. Puis de toute manière, tout le monde dans cette famille savait à quel point Harper n’aimait pas Violet. Si jamais elle essayait de la vendre, la rousse n’avait qu’à faire les yeux doux et le tour était joué, tout cela allait se retourner contre sa nièce. Très franchement, en arrivant à Lima, elle ne souhaitait pas jouer dans la manipulation avec sa famille. Mais personne ne pouvait se mettre en travers de son chemin et personne n’allait le faire tant que Vi’ était là pour monter garde. Famille ou non, personne n’avait intérêt à la chercher. Dès son plus jeune âge, elle avait su être une parfaite menteuse et manipulatrice, ce n’était pas une gamine, qui, aussi intelligente soit-elle, allait tout gâcher.
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
Not everybody just gets to blurt out how they fuckin’ feel every minute
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Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
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MessageSujet: Re: 05. Where have you been ?   05. Where have you been ? EmptyVen 30 Mai - 20:43

L’ignorance de Violet par rapport à l’état de santé de sa sœur ne forçait pas Harper à calmer ses sanglots. Elle ne savait pas quelle heure il pouvait bien être maintenant, le cadran du tableau de bord se révélant à peine sous la cascade d’eau salée qui lui dégringolait des yeux, mouillant son visage tordu par la peine. Mais le ciel étant complètement éclairé, elle considéra à juste titre qu’il était temps de mettre fin au suspens. Prenant lentement fait de la totale incompétence de sa tante à s’apercevoir que Mariella était malade, diagnostiquée avec des troubles bipolaires sévères et péniblement traitée pour les symptômes que Harper venait de lui lister, exagérant un peu pour la tirer de son monde parfait, elle secoua la tête, dépitée. Ne s’abaissant pas à lui expliquer la raison de sa crise de larmes, puisque de toute façon elle semblait bien décidée à la faire passer pour l’ignoble aînée qui désavouait sa génitrice, Lilibeth se somma de se calmer définitivement.
Violet tomberait de haut. Harper aurait pu s’en satisfaire, mais à la place, elle en avait pitié, car elle savait de quoi il en retournait. Lorsque Mariella était en crise, cloîtrée dans sa chambre des jours entiers sans que personne ne puisse la tirer de l’état léthargique dans lequel elle s’enfermait, c’était très difficile à gérer. Pour l’instant, la chance était du côté de Violet. L’état de sa sœur restait stable, Harper ne loupant pas une prise des médicaments qu’elle réussissait à se procurer par diverses magouilles avec le voisinage. Seulement, il arrivait que ses précieuses pilules n’effacent les troubles de sa mère. Comment Violet se sortirait de ses épisodes, des cris qu’elle poussait à trois heures du matin, des histoires qu’elle inventait, retirée dans un univers qui lui appartenait ? Sans le savoir, elle donnait à Harper une raison de plus de ne pas lui accorder de crédit. Et même si sa décision concernant son emménagement chez les Pritchard était prise, elle se jura de redoubler de vigilance quand Violet s’installerait. À cause des œillères que sa tante se mettait, ils couraient tout droit vers le danger.

Claquant la portière de la voiture après en être sortie, enjoignant à sa tante de se bouger les fesses pour aller récupérer ses affaires dans sa chambre d’hôtel, Harper tenta de mettre son cerveau en veille pour ne pas penser à l’erreur monumentale qu’elle était en train de commettre. Il ne s’agissait pas de boire ou de se droguer lors d’une fête improvisée. Ce n’était pas une expérience ou un jeu qu’elle mettait en place pour tester ses limites, mais une espèce de décret qui signifiait que dans une heure à peine, il y aurait un nouvel habitant chez les Pritchard. Et tout ça pour quoi ? Harper aimait ses frères plus qu’elle ne s’aimait elle-même, ça la poussait à revoir ses consignes pour retrouver leur complicité et l’harmonie singulière qu’ils appréciaient et à laquelle elle tenait. En revanche, elle n’aimait pas l’éventualité que Violet vienne fourrer son nez dans les affaires de la maisonnée, qu’elle ait son mot à dire sur la façon dont Harper avait toujours fait tourner le foyer. En suivant la rousse dans la fraîcheur matinale, Harper se demanda si elle ne ferait pas mieux d’arrêter le massacre pendant qu’il en était encore le temps. Ses yeux se bordèrent de nouveau de larmes quand elle revit le regard intransigeant de Julian avec qui elle s’était disputé la veille. De fait, apaisant sa rage à coup de grandes rasades d’air dans ses poumons, Harper rongea son frein, s’avançant dans le hall de l’hôtel, la tête baissée.
Violet lui ouvrit la porte de sa chambre. Harper ne tenait pas à y entrer, alors elle resta plantée à l’encadrement. Laissant son regard vadrouiller un peu partout sans l’arrêter spécifiquement sur ce qu’elle distinguait, trop préoccupée par ce qui était en train de se passer, elle baissa sa capuche sur ses épaules, indisposée par le parfum âpre qui émanait dans l’air. Elle voulait en finir au plus vite, retourner à la maison et s’attaquer aux devoirs qu’elle devait rendre avant d’aller à la gare pour son service du week-end. Elle ne profiterait probablement pas des réjouissances qui se joueraient lorsque les garçons se réveilleront et qu’ils découvriront la chambre d’amis remplie des effets personnels de leur tante ; elle ne le regrettait pas. Peut-être qu’elle aurait le droit à quelques étreintes en rentrant à midi, cette perspective adoucissait la difficulté de l’effort qu’elle réalisait. Un effort qui lui demandait une énergie folle et tellement de bonne volonté qu’elle ne se sentait plus capable de dissimuler la désolation que cette situation lui inspirait.
Le goût des larmes persistait dans sa bouche. Elle glissa une main dans sa poche pour prendre une plaquette de chewing-gum à la fraise qu’elle déposa sur sa langue après l’avoir réduit en un petit accordéon rose pâle, quand sa tante s’adressa à elle. Graduellement, Harper releva les yeux et le visage sans expression, elle lui répondit :

« T’inquiètes pas pour moi, je sais très bien faire semblant. » Faux. Harper ne savait pas faire semblant, c’était en ça que tout deviendrait vite invivable pour elle. Elle préférait ne pas y penser toutefois, pas tout de suite. Elle poursuivit donc avec les yeux légèrement agrandis par l’empressement « Magne-toi le train. Je bosse dans une heure et demie et j’ai des trucs à faire avant de partir. On n’a pas tous la chance de pouvoir faire la grasse matinée le week-end. » Roulant ses yeux encore humides, elle les détourna tout en posant le côté de sa tête sur le cadre de la porte. Soupirant d’impatience en attendant qu’elle ait terminé, Harper mâchouilla son chewing-gum, songeuse et épuisée. Personne ne l’avait jamais vu aussi calme et silencieuse, il y avait de quoi s’inquiéter. En réalité, elle pensait aux recommandations qu’elle lui ferait une fois qu’elle serait officiellement installée.

De temps à autre, un employé de l’hôtel brisait la monotonie du sursis qu’elle accordait à Violet pour ranger ses affaires et passait derrière elle avec le petit-déjeuner commandé par les autres clients. La paix fut de courte durée. Visiblement, Violet ne comprenait pas qu’elle était pressée de rentrer, car elle recommença à parler. Harper en eut assez cette fois et elle se réveilla, fronçant les sourcils en se redressant.
« Brrrr, je suis tellement ingrate, c’est vrai. Tu vas me punir ? J’ai hâte de voir ça, tante Violet. » Elle haussa les sourcils en jouant la surprise, posant soudainement la main sur sa poitrine « C’est bien comme ça que je dois t’appeler, nan ? Tante Violet ? » Plus sérieusement, sa voix souffrant de ce manque d’énergie peu coutumier qui s’abattait sur elle, elle reprit et son visage retrouva aussitôt son expression coutumière « Écoute, tu viens vivre à la maison, ça veut pas dire que toi et moi on doit se parler et que t’as besoin de me rappeler que je suis la vilaine dans cette histoire. » Elle se tapota sur la main comme on clique un enfant venant de faire une bêtise « Vilaine Harper qui refuse de succomber à ton petit numéro de charme ! Tu fais ta vie, je fais la mienne. Point. » Plantant brusquement son regard dans celui de Violet, Harper savait qu’elle n’avait pas du tout le même panache que d’ordinaire mais bien décidée à lui faire passer un dernier message, elle conclut aussi durement que possible « T’es qu’une pièce rapportée, que ce soit bien clair. Tu veux faire partie de leur vie, je l’empêcherai pas. Mais crois pas qu'à cause de ton emménagement, tu remportes le droit d’avoir un quelconque pouvoir sur eux. Je joue pas, moi. J’ai pas que ça à foutre. » Une, deux, trois secondes, Harper soutint les pupilles de Violet avec détermination et son rythme cardiaque repartit en cavalcade ; du calme, se répéta-t-elle. Et battant brusquement en retraite, elle pivota sur ses pieds pour aller l’attendre à l’angle du couloir.
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