Journée toujours plus éprouvante que la veille. Voilà à quoi ressemblant la semaine de Mercedes lorsqu'elle était au boulot, et non entrain de réviser ses examens. En gros, elle n'avait aucun repos, que ce soit chez elle, avec la chorale ou bien au boulot. Vendre des vêtements à des personnes qui ne savaient pas vraiment les porter était bien déprimant. Elle aurait été un peu plus riche, elle aurait relevé le bon goût vestimentaire du magasin en se refaisant sa garde robe. Mais la grande taille, ici, n'avait que guère d'importance. Aux cabines d'essayage, la jeune femme désespérait. Cette magnifique robe, là, sur la bimbo blonde était à couper le souffle. D'ailleurs, elle en était bouche bée. Qu'est-ce qu'elle aurait tué pour pouvoir rentrer dedans ! Evidemment, comme la vie était bien souvent cruelle, il fallait que la bimbo fasse la fière et demande à la jeune afro-américaine si elle lui allait comme un gant. Dépitée, Mercedes ne pouvait qu’acquiescer. « Elle vous va parfaitement bien » avoua-t-elle avec un petit sourire. Pas très commerciale mais arrivée à un certain point, elle ne pouvait plus faire semblant. « J'espère bien, car sinan, je ne vois pas qui pourrait la porter ». Bim, prends toi ça dans les dents Mercedes ! C'est avec un air renfrogné que la jeune femme rangea les autres vêtements non choisies par la bimbo, consultant sa montre de temps à autre afin de guetter l'heure de délivrance. L'heure du repas surtout, puisqu'avec son ami de longue date, Kurt, ils avaient convenu de manger ensemble au Breadsticks, histoire de rattraper le temps. Nostalgique du temps du lycée, du Glee Club et autres, ils avaient vraiment besoin de se rapprocher, comme avant. Puis il avait un copain, un petit rayon de soleil qui viendra illuminer la soirée de la jeune femme, qui elle, demeurait célibataire. Ainsi était faite la vie, nan ?

L'aiguille vint à peine se poser sur le chiffre tant attendu que Mercedes quitta le magasin en trombe. Il fallait qu'elle se fasse jolie, après l'affront terrible que lui avait fait la bimbo. Qui sait, elle pourrait aussi charmer un serveur du Breadsticks pour avoir une double portion de pommes de terre sautée ? Dans sa voiture, la jeune femme chantonna à tue-tête la musique black du moment. Même si, sur le trajet, elle arrivait à remettre un peu d'Aretha Franklin dans son concert cérébral. Chez elle, elle enfila une robe de soirée assez casual, noire, ce qui ferait assez bien ressortir et son visage et sa coupe de cheveux. Elle s'était faite un chignon, n'ayant le temps de laver ses cheveux et d'y incorporer ses rajouts. Sur le chemin du Breadsticks, accompagnée de son châle qu'elle réservait pour les grandes occasions et de ses belles chaussures à talons,  elle en revenait encore à penser au lycée. Cet endroit avait toujours suscité les plus vives jalousies car réputé assez cher pour les jeunes. Maintenant, ils pouvaient s'y retrouver sans problèmes ! Ouais, maintenant qu'ils étaient grands .. Le visage respirait la bonne humeur, elle entra dans la salle de restauration et on l'attabla sur le côté, vers la vitre, où elle et Kurt pourraient observer la gent féminine et attribuer quelques notes à leur accoutrement. Avant tout cela, elle s'immergea dans la carte, en attendant l'arrivé de son plus fidèle ami.

Kurt détestait être en retard. Et ce d’autant plus quand il était attendu à un rendez vous avec l’une de ses meilleures amies. Car oui, même si Mercedes et lui s’étaient quelque peu perdus de vus, elle garderait toujours une place bien particulière dans la vie et le cœur du désormais mécanicien. Il ne pouvait décemment pas effacer leurs moments mémorables au lycée. Il ne pouvait pas oublier la présence et le soutien indéfectible de la jeune femme dans les moments sombres, tout comme leur complicité et leurs innombrables fous rires incontrôlables. Tout cela lui semblait tellement loin et tellement près à la fois. La mort de Burt avait l’éloigné de beaucoup de ses amis d’au temps.

Il lui arrivait d’être nostalgique de ce temps ou l’insouciance était encore permise. Mais ils étaient désormais adultes, avec des responsabilités, et des rêves perdus ou oubliés pour certains. Mercedes était l’une des personnes les plus douées que Kurt connaisse, et il ne comprenait pas pourquoi la jeune femme n’était pas déjà une étoile montante de la pop américaine. Elle possédait le charisme, le talent, et la voix –mon dieu, que Kurt lui enviait ce timbre de voix- et surtout cette ingénuité propre aux vrais artistes. Bien entendu, tout le monde ne pouvait avoir l’ascension fulgurante d’une Rachel Berry pleine d’ambition. Mais Mercedes méritait bien plus qu’un emploi dans un vulgaire magasin de vêtements.

Kurt pouvait sembler hypocrite. Il était le premier a avoir renoncé à ses rêves, et à ses ambitions. Mais il commençait tout juste à se reconstruire, avec l’aide de sa famille, d’Andrew et des amis avec qui il avait reprit contact. Il s’était d’ailleurs remis à faire des croquis de dessins, esquissant des modèles de robes, de costumes trois pièces, de pulls et autres « bizarreries Hummelienne » comme l’appelait Finn. C’était d’ailleurs avec une pochette de dessin sous le bras, que Kurt pénétra au Breadsticks. Son regard fit rapidement le tour du restaurant avant qu’il ne reconnaisse la jeune femme, assise à leur place de prédilection. Un grand sourire s’esquissa sur ses lèvres tandis qu’il se dirigeait vers elle.

« Hello to you, baby girl, salua t-il en la serrant dans ses bras. You’re gorgeous ! »

Et c’était vrai. Mercedes ne s’en rendait certainement pas compte, mais elle était magnifique avec ses grands yeux, sa peau d’ébène et ses courbes à faire pâlir n’importe qui. Poussant un soupir, Kurt prit place en face de son amie tout en ouvrant à son tour le menu : il était affamé.

« Désolé du retard, je n’ai pas vu le temps passé et… on s’en fiche. Comment tu vas ? »

Le serveur vint prendre leur commande, et Kurt attendit qu’il reparte pour pencher un peu la tête sur le côté afin de mieux admirer la jeune femme.

« J’adore cette robe, elle te va bien, dit-il avec un clin d’œil. Oh, d’ailleurs, as-tu vu la nouvelle collection de Ralph Lauren ? »

Kurt ne voulait pas tout de suite lui dire qu’il était tombé sur un concours organisé par Ralph Lauren, qui proposait aux apprentis stylistes d’envoyer leur croquis. Le gagnant aurait l’occasion de présenté certains de ses créations lors du prochain défilé automne/hivers. Kurt pensait sérieusement à s’y inscrire, mais doutait encore fortement de son potentiel.