C'était une de ses journées où Warren se disait qu'il aurait certainement mieux fait de rester dans son lit.

Oui, le mois d'avril venait tout juste de débuter mais Warren aurait bien voulu qu'on lui donne un grand coup sur la tête et qu'on le réveille en Mai. Ou alors en Juillet. Ou alors peut être ne pas le réveiller et le laisser hiberner... Tout l'été. Et non, contrairement à ce qu'avait beau lui dire sa grande soeur, Améiia, il n'était pas mélodramatique. Non absolument pas du tout. La journée avait très mal commencé, il n'avait pas entendu son réveil et lui qui était toujours prêt à aller faire un jogging avant de se diriger dans la salle de bain, avait continué à dormir, enfonçant sa tête dans l'oreiller, histoire de replonger dans les bras de Morphée. Très honnêtement il ne se rappelait pas de son rêve mais cela ne pouvait que être bien vu qu'il n'avait pas envie de se réveiller pas vrai? (Donc le rêve devait forcément impliqué Glenn et peut être un uniforme d'écolière... Mais chut, ne choquons pas plus les lecteurs). Cependant, là encore, il s'agissait d'une déduction plus qu'hasardeuse de la part du plus mauvais shérif du monde. (C'était certain). Et si d'ordinaire Warren se levait dès que son premier réveil sonnait et que les cinq autres (oui cinq), qui étaient uniquement là pour lui rappeler qu'il devait se dépêcher, ce matin-là, quand il avait entendu la dernière sonnerie il avait enfin ouvert les yeux, sa main cherchant le téléphone dans le but de l'éteindre. Et peut être qu'il avait été un petit peu trop généreux dans son geste et qu'il avait cassé l'écran de son téléphone.

But I just wanted to press the button, pensa aussitôt Warren en entendant le bruit.
Incident numéro un de la journée.

Ensuite, le grand blond s'était levé pour se diriger dans la salle de bain et quand sa main s'était posée sur la poignée de porte et qu'il avait tiré... La fameuse poignée était bien évidemment resté dans sa main.
"Mais je..." Il avait eu un air dépité sur le visage, ce genre d'incident était fréquent à dire vrai, quand on faisait sa taille et avec le poids qu'il fallait, il était souvent difficile de mesurer sa force... Surtout quand on s'appelait Warren Delacroix et qu'on avait été militaire et que donc forcément, on avait reçu la bonne formation. Et qu'en plus on était pas réveillé. Il avait donc une poignée de porte à changer ce week end et un téléphone à remplacer. Incident numéro deux s'il vous plaît. Génial. Warren fit de son mieux pour ne pas rouler des yeux et continuer sa journée, tout était encore possible pas vrai? C'était ce qu'il se disait encore alors qu'il rentrait enfin dans sa cuisine, vêtu de son uniforme. Ses cheveux avaient refusé de coopérer aujourd'hui et l'élastique qu'il utilisait d'ordinaire pour nouer les mèches blondes s'était tout simplement rompu et il avait dépité de constater que c'était son dernier. On pouvait considérer cela comme l'incident numéro trois, enfin, c'était ce que Warren se disait avant de se diriger comme tous les matins vers sa machine café, sa précieuse machine à café, appuyant sur le bouton on pour la mettre en route. Sauf qu'évidemment, en ajoutant ce si petit appareil à l'alimentation de sa maison, il avait provoqué un court circuit et il se retrouva soudainement dans le noir.
...
...
"Oh for the love of f..." s'était alors écrié Warren.

La meilleure chose à faire aurait très certainement été d'appeler un électricien mais avec quel téléphone, hmm? Non, il avait préféré attraper les clés de sa voiture et se dire qu'il règlerait ça au bureau de police, là où il avait accès à un téléphone et là où sa chaise très confortable l'attendait. Sans compter la machine à café. Oui. C'était tout simplement parfait. Le shérif se trouvait donc à un feu rouge à présent, à seulement quelques rues de son lieu de travail, en train de siffloter une de ses chansons préférés. Seul Bob Dylan était capable de le calmer dans un moment pareil et puis à bien y réfléchir, Warren se disait qu'il gérait bien la situation, il ne s'était pas encore énervé et ça, c'était déjà un exploit en soit. Le feu passant au verre et sans y penser plus que cela, Warren redémarra sa voiture. Enfin, il tenta de redémarrer la dite voiture, c'était avant que sa mustang, Sally comme Glenn aimait bien l'appeler, émette un bruit des plus alarmants, le véhicule remuant légèrement. Enfin légèrement, tout était une question de point de vue. Un air de panique était complète avait pris sa place sur le visage d'ordinaire calme de Warren et il observa, ses yeux bleus aussi gros que des soucoupes, le cabot de la voiture d'où s'échappait à présent de la fumée. Noire.
Mesdames et messieurs, incident numéro quatre de la journée.
...
...
Non mais vraiment... Vraiment?
De tous les jours de la semaine il fallait que...
Warren poussa un soupir et laissa retomber sa tête sur le volant de la voiture, appuyant sur le klaxon au passage.
...

Pourquoi est-ce qu'il était sorti de son lit déjà?
Ah oui... Pas le choix.

Habituellement, c’était toujours trop tôt lorsque le réveil de Ryder sonnait le matin. Il grognait et remettait une alarme une dizaine de minutes plus tard, plusieurs fois. Ce qui faisait en sorte qu’il était très souvent à la course pour se préparer. Pas ce matin-là. Il se leva d’un bond, bien reposé. Cela faisait une éternité qu’il ne s’était pas réveillé en ayant l’impression d’avoir eu une bonne nuit de sommeil. Il se sentait bien et de bonne humeur. Il avait hâte d’attaquer cette nouvelle journée. Elle s’annonçait bien! Ce sentiment était devenu rare pour le jeune adulte qui était toujours fatigué et exténué. Valait mieux en profiter. Ryder enfila son bas de pyjama et se dirigea vers la cuisine. Pour une fois qu’il n’était pas à la presse, il allait prendre le temps de bien déjeuner. Robbie était déjà debout et donnait à manger à Livia. Son colocataire semblait étonné de le voir réveillé aussi tôt. Le brun lui sourit. "Bon matin au meilleur pote de l’univers." Rob releva un sourcil. "Bon matin aussi. T’es saoul?" Ryd leva les yeux au plafond et fit mine d’être offusqué. Il était vrai qu’il était rare que le guitariste soit de bonne humeur et aussi « frais » le matin, mais ce n’était quand même pas si surprenant! Il passa devant la petite et lui ébouriffa les cheveux. Il remplit la cafetière d’eau et la mis en marche. Puis, il inséra deux tranches de pains dans le grille-pain. Robbie lui demanda de surveiller Livia pendant qu’il allait prendre sa douche. Ryder alluma la radio et se retourna vers la fillette en s’accotant sur le comptoir de la cuisine les bras croisés et lui tira la langue. Ce qui fit rire la petite. Si ça pouvait toujours être comme ça! Avoir des enfants pourrait être très amusant. Il prépara son café,  étala de la confiture de fraise sur son pain et s’empara d’un bol, des céréales et du carton de lait. Il s’installa à côté de Livia qui commençait à s’exciter dans son siège de bébé. Elle jouait avec sa nourriture et lorsque par hasard les aliments revolaient, elle rigolait. À force de s’animer et de faire aller ses bras un peu partout, Livia accrocha son verre de lait qui se renversa sur le garçon qui se leva d’un coup sec  et renversa à son tour la boîte de céréales dont le contenu entier se déversa sur le plancher. Il retint un juron. Bien sûr, la fillette rigola en voyant le visage ennuyé de son tonton. "Et tu trouves ça drôle toi!" Ryder n’était pas fâcher. C’était l’une de ces journées où rien ne pourrait l’atteindre. Comment pourrait-il être en colère contre Livia qui était tellement belle quand elle souriait et quand Bohemian Rhapsody venait de commencer à la radio? C’était la chanson préférée du musicien et elle avait le don de le mettre de bonne humeur. Il monta le volume et prit une serviette qu’il passa à l’eau chaude avec du savon et nettoya la table de Livia. Puis, il alla chercher le balai dans la penderie. C’était inévitable, en ramassant le dégât, il ne pu s’empêcher de danser et faire comme si le bout du manche était un micro. Le début étant lent, il se laissait aller et se balançait de droite à gauche tout en tournant sur lui-même prenant le balai comme partenaire. Il faisait comme s’il se trouvait sur une scène, mimant certains gestes des paroles, émotions comprises. Lorsque le solo de guitare arriva, il fit comme si le manche était l’instrument. Livia ne le quittait pas des yeux et se permis même quelques tapements de mains pour accompagner Ryder. La partie des voix arriva et le brun ne se gêna pas pour prendre différentes voix aigues et loufoques. À nouveau, le solo et Ryder se laissa aller la tête, imaginant qu’il possédait une longue tignasse grasse des rockers des années 80 et termina la chanson en y mettant tout son cœur pour sa spectatrice qui en redemandait en applaudissant. Ryder lui sourit en reprenant son souffle. "Ramenez mon coloc!" Le gérant se retourna, se demandant depuis combien de temps que Robbie l’observait. Ha.Ha. Très drôle. Bon! Je dois aller me préparer. Livy a débordé je crois, ça pu. Puis, il se dirigea vers sa chambre en chantonnant.

***

Ryder se trouvait dans sa Jetta en direction du boulot, la vitre baissée. Il faisait soleil et il n’y avait presque pas de nuages dans le ciel. Ça sentait l’arrivée du beau temps et ça faisait du bien au moral. En espérant que ce bon début de journée puisse continuer à la boutique. Jusqu’à présent, aucun des employés n’avait téléphoné pour dire qu’il ne rentrerait pas. Le gérant avait fait la plupart de la paperasse de la semaine et il pourrait donc relaxer un peu et s’occuper de son groupe et de la chorale. Il avait des chansons et des pas de danses à apprendre en vu des Sectionnals. Il pourrait faire tout cela dans le confort de son bureau et à l’abri des regards. Ses employés penseraient alors que leur patron travaille fort!

La voiture tourna un coin de rue et son conducteur aperçu une Mustang arrêtée à la lumière verte. Ryd plissa les yeux. Il reconnaissait le véhicule. C’était celle du petit-ami de Glenn et shérif de la ville.  Ryder ne savait pas s’il devait s’arrêter. Warren n’était pas sortit et les lumières de sécurité n’étaient pas enclenchées. Peut-être était-il simplement au téléphone pour une urgence et n’avait pas pensé se mettre sur le côté. Il décida de s’avancer lentement à côté de la Mustang juste pour vérifier. Le grand blond était couché sur son volant, l’air découragé. Il ne remarqua même pas la présence de Ryder. D’accord, ça n’allait pas. Ryd se gara sur le côté devant la voiture du shérif et mis les quatre clignotants. Il se dirigea vers la voiture arrêtée et l’observa. Une fumée noire inquiétant se dégageait du capot. Le brun serra les lèvres de désolation. Il cogna deux petits coups à la fenêtre de Warren et le salua de la main lorsque ce dernier se retourna vers lui.  Il y en avait pour qui ce n'était pas une aussi belle journée.

Peut être que tout ceci n'était pas en train d'arriver.

Peut être que Warren avait fini par s'endormir devant son poste de télévision, après un énième épisode de the Walking dead... Hmm quoi que, le blond doutait légèrement sur ce dernier point, généralement quand il s'endormait en regardant des zombies, il rêvait de zombies. Oui, le Delacroix était un fervent croyant de la possible apocalypse zombie, les maya avaient bien eu leur heure de gloire alors pourquoi pas les fans de comic hein? Dans tous les cas, et comme Warren l'avait répété maintes et maintes fois à Glenn, il était prêt, il pouvait toujours mettre des boites de converses dans un sac, attraper tout le stock d'armes de Warren et grimper dans sa Mustang et partir très loin, en tirant sur tout ce qui était mort-vivant au passage. Enfin, si la Mustang voulait bien obéir ce jour-là. Warren poussa un profond soupir, se frappant encore une fois le front contre le volant. Ouch, mauvaise idée, très mauvaise idée. Peut être que garder cette voiture était une mauvaise idée, Sally comme Warren il commençait à se faire vieux. Mais il ne pouvait décemment pas se débarrasser de cette voiture, où allait-il donc retrouver une Mustang de 1967... Où? En plus, et fait non négligeable, c'était son père qui lui avait acheté cette voiture, alors qu'il n'avait eu que dix sept ans. Certes, les Delacroix l'avaient eue à un très bon prix et l'épave qu'ils avaient acquis à l'époque n'était pas en état de rouler mais tout de même... Elle avait tenu. Et est-ce que dans cette analogie la voiture était une métaphore pour parler de lui? ... Nan. Il n'était si vieux que cela. Et non, vingt neuf ans ce n'était pas vieux, il se ferait du soucis l'année prochaine, pas maintenant.

Warren en était là de ses réflexions (voilà, ce qui arrivait quand il n'avait pas assez de caféine dans le sang) quand il entendit un bruit, quelqu'un devait probablement être en train de taper à sa fenêtre, après tout, il bloquait légèrement la circulation. Légèrement."Go away." murmura le blond avant de relever la tête, il rencontre une autre paire de prunelles couleur azur. Ryder. Warren lui fit un maigre de la main avant de couper le moteur de sa voiture et d'ouvrir la portière. "Hey, je te demanderai bien comment tu vas tout ça mais..."Comment est-ce qu'il arrivait encore à tenir debout? Ah oui, parce qu'il avait des jambes longues, plus que jamais, Warren avait envie de s'asseoir sur le sol, juste à côté de sa voiture et dire au reste du monde d'aller voir ailleurs s'il n'y était pas. Non, il était bien et bien debout dans son uniforme, faisant de son mieux pour afficher un air pas trop désespéré. "Mais je passe un peu une sale matinée." termina Warren en haussant les épaules, peut être qu'il aurait dû se taire. Il ne savait pas vraiment s'il pouvait ranger Ryder dans la catégorie "amis", après tout, il avait légèrement agressé ce dernier quand il avait cru que c'était le fameux Wyatt qui avait brisé le coeur de Charlie. Okay, sauter au conclusion, c'était mal, très mal même mais il avait croisé Ryder dans une mauvaise période. Entre lui qui se remettait de sa rupture avec Glenn et les 3L de glace à la vanille qu'il avait eu dans son frigo à l'époque. Bref Ryder, est-ce qu'il s'y connaissait en voiture? Si oui, il pouvait très vite gagner des points auprès de Warren et très vite entrer dans la catégorie ami.

"Comme tu peux le voir j'ai un léger problème et..."Warren ne put terminer sa phrase, un coup de klaxon venait de se faire entendre, pas le sien cette fois-ci, mais celui du conducteur qui avait sa voiture derrière celle de Warren. Et qui de toute évidence, était légèrement ennuyé par toute cette situation. "Excuse me just for a second please." lança le shérif avec un sourire aux lèvres. Un sourire qui aurait dû inquiéter toutes les personnes qui se trouvaient dans un rayon de dix kilomètres environ. Se dirigeant vers l'automobiliste en question, Warren lui lança un regard qui aurait très certainement pu servir de source d'alimentation à plusieurs centrales nucléaires au moins, avant d'ouvrir le cabot de la voiture de ce cher habitant de Lima. Ayant grandi à la Nouvelle Orléans et surtout avec un passé comme le sien, Warren avait pour habitude de trafiquer les voitures sur les parking avec son grand frère Louis, c'était leur activité du week end quand Warren était seulement âgé de quinze ans. Quoi qu'il en soit, le blond savait exactement sur quel fils tirer pour désactiver le bruit d'un klaxon et c'est exactement ce qu'il fit. "Vous avez un problème contre le fait que ma voiture bloque la circulation? Eh bah devinez quoi? C'est la voiture du shérif de la ville, alors circulez avant que je décide d'être vraiment désagréable."dit-il tout simplement face à la mine plus que choquée de l'automobiliste. Warren lui fit un geste plus significatif de la main avant de revenir à la hauteur de Ryder.

"Qu'est-ce ce que je disais déjà? Ah oui, bonne journée, et toi ça va? Ta boutique, les amours? Au fait tu t'y connais un peu en voiture ou pas? Je crois j'aurais bien besoin d'un coup de main."

Warren avait vraiment une sale tête et il ne semblait pas de bonne humeur. . Ryder se sentait presque mal de se sentir aussi bien et léger.  Peut-être valait-il mieux ne pas le déranger. Ryd était naturellement costaud, mais ce n’était rien à comparé la stature imposante et impressionnante du shérif. Un simple coup de poing pour qu’on le laisse tranquille et le musicien se retrouverait au tapis. Néanmoins, il semblait en difficulté et le jeune adulte ne se sentirait pas très bien s’il laissait Warren s’arranger avec ses problèmes. Ce dernier le détesterait sans doute pour la vie.

Par expérience, Ryder savait qu’il ne fallait pas rigoler avec le grand blond. Il avait l’air bien gentil avec son beau sourire, ses cheveux soyeux dignes d’une publicité d’Herbal Essence et sa gueule d’ange, mais il n’était le shérif de la ville pour rien. Il savait se montrer rude et se faire respecté. Lorsqu’il était en colère valait mieux ne pas être dans son chemin. Le gérant du Gramophone avait eu la malheureuse chance de voir cette facette du blond lors de leur première rencontre officielle. En effet, Warren était entré en trombe dans la boutique et sans avoir le temps de réaliser qu’il se dirigeait droit sur lui, Ryder s’en prit plein la tronche. Warren avait crié et avait traité Ryder de tous les noms possibles et inimaginables. Le brun était resté de marbre, trop surpris. Il n’avait pas osé répliquer de peur d’envenimer la colère du policier déjà bien enclenchée.  Il lui avait ensuite dit qu’il avait perdu une bonne fille et qu’il allait regretter de l’avoir laissée aller. À ce moment-là, Ryder avait été complètement perdu et avait froncé les sourcils. Il s’était demandé de qui Warren pouvait bien parler. Sa dernière copine était partie à Los Angeles depuis un an déjà, c’était elle qui l’avait plaquée et elle ne connaissait probablement pas le shérif Delacroix. Quant à Ruby, il n’y avait que lui et Charlie qui était au courant. Charlie. Voilà de qui il parlait. Le gérant avait éclaté de rire en s’apercevant de l’énorme quiproquo. Warren l’avait pris pour Wyatt. Tout était maintenant clair et Ryd ne fit qu’affirmer que le gynécologue ne méritait pas sa meilleure amie. Le blond avait souvent aperçu les deux amis trainés ensembles et avoir une belle complicité, il avait donc supposé que Ryder était le petit-ami de la brunette. C’était quand même assez rigolo quand on y pensait bien. C’était vrai que son amie avait absolument tout pour lui plaire. Elle était bien sûr très jolie, elle était drôle et intelligente et partageait sa passion de la musique, mais elle était comme sa petite sœur à présent et il était hors de question de gâcher toute cette belle amitié. Après ses explications, Warren s’était excusé de son comportement odieux et Ryd avait tout simplement rit de la drôle de situation. Depuis, un respect mutuel s’était installé entre eux. On ne pouvait donc pas dire que les deux hommes étaient amis. Pour le plus jeune, le plus était encore « le petit-ami de Glenn », mais c’était toujours un réel plaisir de le croiser. Du moins, à condition que le chef de la police soit dans une bonne journée.

Ce qui n’était visiblement pas le cas ce matin-là. Ryder affichait un visage désolé et compatissant. Il se mettait à la place du grand blond et savait très bien qu’un problème de voiture était très frustrant. Un klaxon retentit derrière eux et il se retourna vivement. Bien sûr, ils se retrouvaient sur un gros boulevard passant et ils n’étaient pas les seuls. Ryd avait pu stationner sa Jetta sur le côté, mais Warren n’avait pas eu le temps. En voyant ce dernier s’approcher du klaxon fautif, Ryder le suivit au cas où le shérif s’emporterait. Il sentait qu’un petit rien pourrait le faire sortir de ses gonds. Mais c’était trop tard. Warren hurlait déjà sur le pauvre automobiliste qui rentra sa tête dans ses épaules et circula. Le blond frustré s’arrangeait pour avoir une plainte contre lui s’il était aussi désagréable avec les conducteurs impatients. Une autre voiture ralentit près de lui et la tête blanche d’une petite madame sortie de la fenêtre. "Est-ce que c’est bien le shérif que je viens de voir hurler sur un autre automobiliste?" Elle avait l’air suspicieuse et c’était justement le genre de dame à faire une plainte à la ville. Elle était à la retraite, était fouineuse et n’avait que cela à faire. Ryder se passa une main dans les cheveux et se pencha vers elle avec un sourire bienveillant. "Non, bien sûr que non madame…C’est…c’est son frère jumeau voilà. Rien à voir avec notre shérif adoré." La dame plissa les yeux lui rajoutant plusieurs étages de rides sur le front. En espérant qu’elle n’ait pas entendue Warren signalé très clairement qu’il était le shérif de la ville à la voiture précédent."Vous devriez continuer, c’est vous qui empêchez la circulation maintenant." La vieille dame jeta un dernier un coup d’œil vers le blond et avança finalement. Ryder soupira. Warren s’attirait des ennuis. Cette dame n’allait pas démordre! Il retourna vers Warren. "Euhm moui, tout va bien. Je ne te retournerai pas la question…j’ai un doute sur la réponse." Il jeta à nouveau un regard à la belle Mustang, mains dans les poche. La fumée noire était un peu moins épaisse. Ehm…je sais changer un pneu! Dit-il à la blague pour détendre un peu le blondinet. D'un ton plus sérieux, il ajouta: "Mais,  on devrait pousser ta voiture sur le côté pour empêcher de créer encore plus traffic." Et te mettre plus en colère, pensa-t-il.

Au final, se disait le blond, c’était une très bonne chose que Ryder soit là. Il se serait très certainement mis à découper des gens à la petite cuillère dans le cas contraire ou même tout simplement continuer d’insulter qui il voulait juste parce qu’il pouvait agiter son badge et ce, sans se soucier des conséquences. En général, quand on faisait la taille du Delacroix, on se souciait rarement des conséquences. Et non Ryder, pas besoin de lui poser la question, tout n’allait pas bien, il détestait vraiment ce genre de matin, il avait juste envie de retourner dans son lit et de dire au reste du monde de l’oublier. Il n’avait même pas de dose de caféine dans le sang, une chose qu’il n’avait vécu depuis…. Quoi ses treize ans? Et oui, son addiction pour le café remontait à bien longtemps, il avait commence très tôt, en fait, à force de voir son père et ses grands frères se diriger vers la machine à café comme si cette dernière était sacrée… C’était un peu le cas pour Warren à présent. Il jeta un regard à sa voiture, roula des yeux face à la fumée qui s’échappait toujours du capot et eut un rire intérieur se disant que sa journée serait vraiment parfaite si la voiture explosait dans une belle et grande imitation de n’importe quel film Hollywoodien. Cela était d’autant plus faisable que Warren portait déjà son uniforme de policier et qu’il ne manquait plus que la caméra, un réalisateur surpayé pour crier des ordres que personne n’allait écouter dans le fond et bien entendu un ventilateur pour donner un effet coiffé/décoiffé aux cheveux de Warren. Et Ryder dans tout ça? Il pourrait sans doute être le meilleur ami du héro, sans peur et sans reproche, toujours là pour rassurer tout le monde et pour tuer les spectatrices avec chacun de ses sourires.

« Si ce n’était que le pneu je pense que ça irait… » finit par répondre le grand blond avec un sourire aux lèvres. Il avait toujours sa roue de secours dans le coffre, au milieu de toutes ses armes qu’il ne pouvait décemment plus stocker chez lui à cause d’un certain Glenn. Warren avait beau lui expliquer de laisser le cran de sécurité enclenché ou tout simplement arrêter de fouiller à longueur de temps dans ses affaires ou même dans l’ensemble de sa maison… L’autre blond n’en faisait qu’à sa tête, le policier avait donc du prendre des mesures drastiques et s’assurer que tout son petit arsenal militaire était soit bien rangé dans son garage ou alors tout simplement dans le coffre de sa voiture qui était fermé, pour éviter le moindre incident. Bref, quoi qu’il en soit, Warren s’égarait encore et il hocha la tête face à la proposition de Ryder.  « Et oui si ça ne te dérange de m’aider à pousser ma voiture, je crois que tu as le bon gabarit pour ça. » Et dans la tête de Warren, c’était un compliment. Il se réinstalla momentanément au volant de Sally, histoire de faire tourner une nouvelle fois le moteur et de faire en sorte que les deux hommes puisse bouger la voiture. « Voilà, je crois qu’on est bon, merci encore de m’aider. » Marmonna le shérif, se disant que sa voiture arrivait déjà en fin de vie. Faisant un signe de tête à Ryder pour se diriger vers l’arrière de la voiture, Warren posa ses deux mains à plats sur le coffre de la voiture et il se mit à pousser, il ignora au passage le klaxon des autres automobilistes qui dans le fond étaient bien content qu’il ne bloque plus toute la circulation avec son immense voiture. Il se retint de se retourner pour les menacer avec son arme de service, chose qui aurait été très amusante soit dit en passant et il roula intérieurement des yeux, toujours en poussant sa Mustang.  « Je ne vais même pas me risquer à appeler un garagiste, personne n’arrive à faire fonctionner cette voiture avant moi, je pense que je vais juste appeler une dépanneuse, pour arrêter de bloquer la circulation… Au moins. » Il prononçait plus ces mots là pour lui-même que pour Ryder en fait. Sortant de ses pensées, en fait, le blond se disait surtout que tout ceci allait encore lui coûter une petite fortune en réparation et en achat de pièces détachées (chose qui ne l’enchantait guère dans le fond), se tournant vers l’autre blond.

« Et au fait ne crois pas que je n’ai pas remarqué que tu n’avais pas répondu à la deuxième partie de ma question… Je sais déjà que tu ne sors pas avec Charlie. » Il eut un maigre rire, de triste souvenir, leur rencontre aurait pu se passer dans de meilleurs conditions, d’autant plus que Ryder possédait quand même un magasin avec une collection de CD assez impressionnante et que rien que pour cette raison, dans l’esprit de Warren, Ryder ne pouvait qu’être un type bien. Mais bon, son aptitude à sauter sur des conclusions mis à part, il se disait que quelqu’un comme Ryder devait forcément être en couple, ou au moins recevoir des tas de propositions assez régulièrement. Et si c’était l’inverse qui se produisait, Warren remettait sérieusement en cause les goûts de la population féminine de Lima. Il poussa un soupir et son regard bleuté se posa sur un établissement ouvert en ce moment même. Ils étaient tout de même dans le centre ville de Lima, sa voiture n’allait de toute évidence nul part et son estomac gargouillait à présent et son corps réclamait de la caféine.  « … Hmm… tu sais quoi peut être que je devrais t’offrir le petit déjeuner, première règle: on ne parle pas des femmes l’estomac vide. »  Et est-ce que Warren venait d’inventer cette règle? Bien sûr que oui.

Ryder aurait vraiment voulu être un pro de la mécanique automobile pour pouvoir aider Warren. C’était plus fort que lui, il aimait aider les autres. Il aimait faire en sorte que ses proches ou les gens qu’il rencontrait soient heureux. C’était un réel plaisir lorsqu’il réussissait à leur enlever un poids lourd des épaules. À ce moment-là, il regrettait donc de ne pas s’être intéressé à ce qu’il y avait sous le capot de la belle Mustang de son paternel. Ce dernier aurait aimé donner des leçons de réparation de voiture au mouton noir de la famille et sans doute que cela aurait rapproché le père et le fils, mais cela n’avait jamais captivé le jeune musicien. Tout ce qui lui important dans son véhicule, c’était que celle-ci l’emmène du point A au point B. Il ne connaissait absolument rien. Apprenant rapidement, il pourrait peut-être visionner des vidéos sur Internet ou lire un manuel sur la mécanique, mais il se doutait que Warren n’avait pas beaucoup de temps.  Ryder se sentait donc inutile face au problème du shérif.  De toute façon, même s’il avait eu quelques connaissances en la matière, le problème semblait important et il n’avait d’outils.  

Au moins, sa présence semblait tout de même avoir fait son effet. Le grand blond était un peu plus calme, même s’il était sans doute toujours autant énervé. Au moins, il ne le faisait pas savoir à la terre entière et réfléchissait un peu plus. Il accepta volontiers l’aide du plus jeune pour pousser sa voiture sur le bord de la route et ainsi désengorger la rue. À leur stature imposante, cela n’allait certainement pas être un problème. Ryder releva les manches de sa chemise, posa ses mains sur le coffre de la voiture et planta ses pieds au sol pour avoir une bonne stabilité. Au signal du policier, le musicien poussa la Ford de toutes ses forces. Ils la dirigèrent un peu plus loin de façon à ce qu’elle ne bloque plus la circulation.  Il expira un bon coup. Ryd était loin d’être le garçon le plus en forme. Il n’avait pas autant forcé depuis des mois. "Pas de problème." Répondit-il en s’essuyant le front du revers de la main. Il devait vraiment s’inscrire à la salle de gym. Ce n’était pas normal qu’à la suite d’un simple et petit effort physique, il soit à la recherche de son souffle comme ça! Il se sentait légèrement ridicule, surtout qu’il se trouvait aux côtés d’un homme en santé et découpé au couteau. Mais ce n’était pas le moment de se comparer et d’être décourager. Une personne découragée c’était bien assez. Il pinça les lèvres, désolé, aux questionnements à haute voix du blond. En effet, valait mieux appeler une dépanneuse pour que celle-ci  amène la voiture à un garage au lieu qu’une garagiste vienne sur place. Il n’aurait sûrement pas tout l’équipement et les outils nécessaires. Cela épargnait un déplacement.

Cela allait certainement coûter une petite fortune en réparation au blond. Ryder n’y connaissait rien, mais une fumée noire, dense et puante n’était jamais de bon augure. C’était fâchant, mais ce ne devait pas être surprenant. Bien qu’il s’agissait d’une superbe voiture antique, elle était justement cela, antique. Vieille. C’était normal qu’elle brise. Mais, cela, Ryder se garda bien de le dire pour ne pas énerver Warren à nouveau. Pour avoir entendu Glenn parler du bijou de son compagnon, Ryd savait que le shérif était attaché à sa voiture et ce ne devait pas être facile de décider de s’en débarrasser. C’était comme s’il devait jeter sa vieille et précieuse Betty, il en serait tout simplement incapable. Dans ce sens, Ryder pouvait comprendre Warren. "Tu veux que j’appelle?" Sans attendre de réponse, il ouvrit son téléphone, chercha le numéro du garage le plus proche. Au moins, il pouvait être un peu utile! Il composa le numéro. Il expliqua à son interlocutrice la situation ainsi que leur position. La secrétaire lui signala que quelqu’un serait là dans l’heure, puisque toutes leurs voitures étaient occupées et qu’on aviserait cinq minutes à l’avance quand la dépanneuse serait dans les environs. Ryd roula des yeux, agacé. Bien sûr, il fallait que tout le monde tombe en panne le même matin. Il remercia la commis et raccrocha. "Une heure max." Dit-il à l’intention du plus vieux.

Ce dernier revint à la charge sur les éventuelles amourettes du musicien. Ryd fronça légèrement les sourcils. Selon lui, il y avait des choses beaucoup plus importantes que sa vie amoureuse quasi-inexistante, mais si cela pouvait lui changer les idées, pourquoi pas? Le jeune homme esquissa lui aussi un sourire à la mention de Charlie. "Non…en effet, je ne suis pas avec Charlie." Il passa une main dans ses cheveux en repensant à cette histoire. Cela allait certainement souvent revenir sur le tapis lorsque les deux hommes se rencontreraient. C’était tout de même très amusant comme histoire. "Je ne dis pas non à ta proposition. Mon café doit être froid à présent. Il y a un petit resto à deux coins de rue. Le garagiste va nous appeler quand il va être près. On est bon!" Il invita Warren à prendre place dans sa Jetta. Le restaurant n’était pas bien loin, mais inutile de laisser une autre voiture sur le bord du chemin pour attirer les regards curieux. Avant de partir, Ryd envoya un texto à Robbie pour lui dire qu’il serait un peu en retard.

Ils pénétrèrent dans le dinner, Ryder laissa passer le shérif devant lui et ils allèrent s’assoir sur une banquette près de la fenêtre. La serveuse leur offrit un large sourire remplit de sous-entendus et leur tendit les menus. Ayant déjà pris son petit-déjeuner, le musicien demanda simplement un grand café noir. "Alors pour en revenir à ta question, les amours sont….plutôt compliquées." Il laissa la serveuse déposer leurs cafés  devant eux, la remercia et prit une grande gorgée de sa tasse. "Et c’est pas si intéressant en fait." Dit-il en pouffant légèrement tout en déposant sa tasse sur la table.

Warren fut bien content que Ryder accepte sa proposition. Pas de doute, si le policier passait encore quelque secondes de plus sur la route il allait commencer à dire des choses très, très désagréables au passant et peut être même à Ryder en personne. Le blond pouvait être susceptible dans ses mauvais jours et encore plus lorsque sa voiture était celle qui subissait les mauvais traitements. Quelqu'un aurait dû lui faire remarquer qu'il tenait du miracle que la dite voiture est tenue aussi longtemps mais il s'en fichait royalement, il fallait que Sally continue d'avancer et il se savait bien capable d'acheter un autre véhicule. Personne ne gardait sa première voiture pas vrai? Warren voulait le faire, il pouvait le faire et oui, c'était uniquement parce que le tas de ferrailles était un cadeau de son père, le dernier, la voiture avait d'ailleurs semblé à l'époque comme une bonne marque d'affection entre les deux hommes. Il se rappelait encore, du haut de ses dix sept ans à quel point il avait été mortifié lorsque son père lui avait dit de grimper dans le véhicule, la voix menaçante, ils avaient roulé pendant plus d'une heure avant d'arriver à ce qui avait jadis était un garage et qui n'était plus rien qu'un cimetière de voitures à présent. Celle-là avait dit Warren en regardant son père un sourire aux lèvres, il voulait uniquement celle-là. Alors son paternel n'avait pas hésité et il lui avait acheté la voiture de ses rêves, c'était vraiment une bonne anecdote et au delà de cela, c'était l'un des seuls souvenirs que Warren avait où il n'était pas en train de se prendre la tête avec son père.

La voix de Ryder le tira dans ses pensées, oui, le garagiste était en chemin, inutile de rester là et de cogiter pas vrai, c'était lui qui avait suggéré le restaurant aussi il suivit Ryder, non sans se sentir obligé de jeter un coup d'oeil à sa Mustang de temps à autre. Peut être que quelqu'un aurait dû dire à Warren qu'elle n'allait pas disparaître en fumée mais là, le blond n'était pas certain de pouvoir répondre à ce genre d'humour. Il laissa passa donc devant Ryder et constata avec joie que le restaurant était pratiquement vide, ce n'était pas l'heure et les gens qui étaient venus boire leur café avait déserté l'établissement pour se rendre au travail. Warren avait délibérément choisi cette place près de la vitre, histoire de surveiller sa voiture et même avec le menu sous les yeux, ses yeux bleus ne pouvaient s'empêcher de faire des allers-retours entre le contenu du breakfast special et sa voiture. Il commanda du café lui aussi et il se concentra un peu plus sur Ryder alors qu'il prenait la parole. Il vida sa tasse de café d'un trait, Warren avait vraiment besoin là tout de suite, s'empressant aussitôt d'en commander une deuxième. "Si, les problèmes de coeur sont toujours intéressant, je veux dire sinon on s'ennuierait un peu beaucoup, pas vrai?" Il ponctua sa phrase par un sourire, se disant à quel point cette phrase était vrai dans son cas. De toute façon, le shériff n'avait connu que deux véritables relation dans sa vie, Jolene et Glenn. Et d'un côté, il n'avait pas été en mesure d'échapper à toute la drama du quotidien et de l'autre, il essayait de voir les choses de manière un peu plus détendue mais cela demandait du recul. Les relations amoureuses ce n'était jamais facile et ce en dépit de ce que de gens pouvaient en dire, croire ou même penser, ça demandait beaucoup de travail et une attention constante, ça Warren s'en était rendu compte avec le temps.

"Mais on est pas obligé de parler de ça, dans tous les cas je sais que tu n'es pas avec Charlie et que ce n'est pas toi le fameux Wyatt." Il ponctua sa phrase par un vrai rire cette fois-ci, sa manière à lui de s'excuser encore une fois pour ce gros malentendu, il avait souvent tendance à foncer tête baissée, chose qu'on lui avait reproché à plusieurs reprises, il essayait vraiment de travailler sur ce trait de sa personnalité mais parfois c'était difficile. Mais au moins, le blond était toujours le premier à reconnaître ses torts, un point très positif selon sa grande soeur Amelia. "Ce n'est pas plus mal tu sais Ryder parce que je ne crois pas vraiment que j'ai des conseils à te donner dans ce domaine et ce malgré le fait que je sois plus âgé que toi." Un haussement d'épaules à l'évocation de son âge et non 29 ans ce n'était pas si vieux que cela tout de même. "Ou juste de si, de faire confiance à ton instinct, je veux dire, c'est bien le seul domaine où tu peux te permettre de foncer pour avoir qui tu veux, le reste, c'est juste optionnel."