02. F*cking computers ! | Liam

Silver & Liam

« Rise and shine ! Il est six heures et le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ! » scanda une voix enjouée lorsque le radio-réveil se déclencha. Silver ouvrit un oeil, puis deux et se mit un oreiller sur la tête. Comme tous les matins, elle avait besoin de quelques minutes pour émerger de son sommeil. Une vieille chanson de rock comme elle les aimait débuta alors et un sourire vint se greffer sur le visage de la blondinette. Il ne lui fallait pas grand-chose pour la mettre de bonne humeur ! Elle s'accorda le temps de l'écouter tranquillement avant de se mettre en position assise, balançant d'un même mouvement le pauvre oreiller. Un grognement émergea du sol et Sil se pencha en avant, grimace coupable à l'appui quand elle réalisa ce qui se passait.

« Oups. Pardon, Levi. » Le chien regardait sa maîtresse d'un air aussi perdu que choqué, ce qui ne manqua pas de la faire rire. « Allez, double ration pour toi ce matin. Comme ça tu ne passeras pas le restant de la journée à me faire la tête. On va déjeuner ? » La jeune femme se mit debout et étira ses muscles en poussant un bâillement qui aurait pu lui décrocher la mâchoire. La veille, Silver était sortie avec des collègues et ils étaient rentrés assez tard. Pour eux, qui n'émergeaient pas avant sept heures - voire sept heures trente - ça ne posait aucun problème. Seulement Sil ne manquait jamais son rendez-vous matinal : le jogging. Ainsi, quitte à s'endormir sur son bureau plus tard pour ne pas avoir eu assez de repos, elle se levait toujours à six heures, quoi qu'elle ait fait la soirée précédente.

Levi trottina jusqu'à la cuisine, suivi de sa maîtresse, et attendit patiemment qu'elle mette son propre bol à chauffer avant de lui donner sa nourriture. Comme promis, Silver versa plus de croquettes que d'habitude dans sa gamelle et lui changea son eau. Après une caresse, elle le laissa manger et s'occupa de son propre petit-déjeuner.
Quinze minutes plus tard, vêtue de son ensemble de sport et chaussée de baskets, Sil enfonçait les écouteurs de son iPod dans ses oreilles et entamait sa course. Elle croisa de nombreux voisins qui sortaient au même moment de chez eux afin de rejoindre leur lieu de travail respectif. Elle fit un signe à la petite mamie sur Elm Street, qui semblait l'attendre - car dès que Silver était passée, elle retournait à l'intérieur de la maison - et salua le boulanger du coin de sa rue vers la fin de son parcours. Celui-ci avait duré une heure et maintenant, l'agent de police devait prendre une bonne douche et se préparer pour aller au poste.

Son uniforme passé, Silver y accrocha son insigne et boucla sa ceinture. Elle fit son lit, et récupéra son revolver qui dormait habituellement juste à côté, sous l'oreiller qu'elle ne s'amusait pas à balancer par terre. Puis, après un dernier câlin à Levi, elle referma la porte, prête à attaquer une nouvelle journée. Comme d'habitude, son véhicule professionnel l'attendait sur le parking du commissariat. Elle laissa sa propre voiture de côté et récupéra les clefs de l'autre dans son casier. Ses collègues l'invitèrent - comme à chaque fois - à boire un café avec eux, et elle accepta avant de débuter sa patrouille.

Il était presque midi quand Sil passa une énième fois sur la place Bellefontaine, et elle avait terriblement faim. Elle choisit de s'arrêter là et de se rendre dans le snack au rez-de-chaussée du centre commercial. Elle se gara et s'installa sur la terrasse, le temps se prêtant encore bien à un repas à l'extérieur sans risquer de prendre froid. Les nuages étaient presque inexistants, il ne risquait pas non plus de pleuvoir. Une serveuse vint prendre sa commande et Silver eut tôt fait de choisir son plat - elle venait ici assez souvent, on la connaissait bien et plusieurs clients la saluèrent d'un signe de tête ou de la main. Elle sortit son ordinateur portable qu'elle avait emmené avec elle, et l'alluma pour se connecter au wi-fi de l'établissement. Mais alors qu'elle cliquait sur le premier mail non lu apparaissant dans sa boîte, la page internet se ferma, la ramenant sur le bureau. Interloquée, elle recommença mais rien ne changea. Cette fois, cette histoire commençait à lui prendre la tête. Sérieusement. Elle aurait pu tout simplement renoncer, mais cet email provenait de sa soeur ! Pourquoi ne pouvait-elle pas l'ouvrir à la fin !?

« Et merde ! » jura-t-elle - ce qui sonnait étrange de la part d'une si jolie jeune femme, et elle referma le clapet de son ordinateur avec violence, se résignant à ne pas l'utiliser pour l'instant. Et alors qu'elle réfléchissait déjà à quand elle pourrait l'emmener en réparation, une voix masuline s'éleva juste à côté d'elle.

« Liam je vais bosser, oublie pas de fermer derrière-toi ! » déclara une voix féminine, depuis le vestibule. Un grognement sourd s'échappa de la gorge de l'intéressé, en provenance de la chambre à coucher, et quelques instants plus tard, la porte d'entrée claquait, instaurant soudainement un silence imperturbable dans la maisonnée. La masse de draps difforme s'anima avec lenteur, et soudainement, la figure ensommeillée du jeune adulte émergea des couvertures, un léger filet de salive s'échappant du coin de ses lèvres tandis qu'une respiration lente faisait se soulever sa poitrine. Et ... paf ! Un OVNI - ou plutôt le journal - vînt percuter comme à son habitude la fenêtre de la chambre, et Liam, fidèle à lui-même, sursauta si violemment, qu'il finit face contre sol, marmonnant quelque chose de vague qui ressemblait à "Je hais les quotidiens". Le nez plongé dans la moquette, les jambes restées sur le matelas, il mit quelques instants à se défaire de ses couettes, et pu enfin se mettre sur ses jambes. Tel un automate, il se dirigea vers sa fenêtre, fit coulisser le battant vers le haut, se baissa, se cogna le front, avant de pouvoir récupérer le bulletin d'actualités. Le jeune homme quitta sa pièce, la main plaquée contre le crâne. Hum ... cette journée débutait bien, sentez l'ironie. Liam délaissa les nouvelles sur la table, avant de filer sous la douche afin de chasser les derniers vestiges de sa nuit.

Liam quitta la salle de bain plus rapidement que prévu, lorsqu'il constata que le chauffe eau n'était pas allumé. Les boucles humides, vêtu d'une chemise blanche coutumière, d'une cravate claire d'un jean sombre et bien entendu sans oublier ses fidèles converses, le jeune professeur s'empressa de passer son sac bandoulière sur ses épaules, prêt à quitter l'appartement. Il jeta un regard de chien battu à la cafetière, et se réconforta en se promettant un déjeuner digne de ce nom. Le génie quitta l'habitation, oubliant de verrouiller la porte derrière lui. Sa journée se passerait relativement bien. Il commençait tôt certes, mais il aurait une pause déjeuner particulièrement large, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Ainsi, il n'aurait pas à se contenter des ignobles repas de la cantine. Parfois, il se demandait comment il réussissait à ingurgiter ces ... choses sans tomber malade. Il devait avoir un système immunitaire particulièrement développé. Ou un estomac bien accroché. Ou... m'enfin on s'en fou. Sa matinée se passa relativement bien. Les élèves passèrent leurs heures de cours sur les ordinateurs fournis par le lycée. Quelques uns fonctionnaient mieux que d'autres c'est vrai, mais Liam se voyait mal entrer dans le bureau du directeur Figgins, et réclamer un budget pour remettre à neuf la salle informatique. Il était quasiment certain que si de telles circonstances venaient à se produire, il payerait chaque moniteur de sa poche, et ça s'était comment dire, impossible. Déjà qu'il peinait à régler ses derniers crédits ...

« La carte mère est l'un des élé... » À cet instant, la sonnerie annonçant la fin des cours retentit à travers le lycée, lui coupant la parole. Tels des automates, chacun de ses élèves se leva, ne lui prêtant plus aucune attention, et Liam laissa retomber ses bras le long de ses hanches, presque blasé. C'était toujours ainsi. Le jeune professeur retourna derrière son bureau, tout en soupirant, tandis que la salle se vidait des étudiants. Bientôt, il se retrouva seul. Liam rangea dans son sac les copies de devoirs qu'il avait ramassé à l'heure précédente, et les rangea dans son sac, avant de pousser ce dernier sous le meuble à l'aide de son pied. Se saisissant de ses clés, le jeune professeur sortit dans le couloir et verrouilla la salle derrière lui. Il mourrait de faim ! À l'instar de ses élèves, il accéléra le pas, d'un pied léger, et se dirigea vers la sortie du lycée. Le place Bellefontaine n'était pas bien loin, et Liam était décidé à manger dans l'un de ces délicieux snaks situés au rez-de-chaussé du centre commercial. À peine eut-il mit un pied dans ce dernier qu'il commença à imaginer ce qui pourrait bien caler son estomac. Un sandwich rosette ? Hum ... Quelque chose de plus consistant peut-êrte ? Perdu dans ses pensées gustatives, les pieds du jeune homme l'entraînèrent dans le premier établissement qu'il croisa, et il choisit une place en terrasse. Presque aussitôt, on lui apporta une carte des commandes. Une mine d'extrême concentration se peignit sur les traits du professeur, tandis que ses yeux parcouraient la liste des choix. Hum... « Mettez moi cette assiette de frites avec le steack » décréta t'il avec un sourire. La jeune femme en pris note, et s'éloigna pour transmettre au cuisinier. Liam s'étira alors sur sa chaise, avant de jeter un regard circulaire à l'endroit. C'était plutôt charmant dans le coin. Un couple de personnes âgées, sirotaient tranquillement des boissons chaudes, plus loin un adolescent mangeait en compagnie de sa bande et ... d'un chihuahua devant lequel, quelques demoiselles s'extasiaient par des "Ho" et des "Ha qu'il est mignon". Enfin, le regard de l'informaticien se posa sur une jeune femme blonde, dont l'ordinateur portable semblait lui mener la vie dure. Il l'a vit cliquer furieusement à l'aide de la tablette tactile. La jeune femme finit par fermer le clapet de son PC par un juron audible et Liam se résolu à lui venir en aide. Il se leva de table et l'approcha rapidement : « Excusez-moi, je vous ai vu avoir des soucis avec votre ordinateur, je peux peut-être vous aidez ? Ces machines et moi ne formons qu'un ». Ces machines et moi ne formons qu'un ? Liam s'assena une claque mentale. Il était pitoyable avec ses vieilles tentatives d'humour spéciales geek. Afin de garder contenance, le jeune homme offrit à la jeune femme un sourire pleins de dents, et il s'assit en face d'elle. « Quel est le problème ? » l'interrogea t'il