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 04. The clone club

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Cassandra Hamilton
Cassandra Hamilton
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MessageSujet: 04. The clone club   04. The clone club EmptyJeu 24 Sep - 23:47

Cassandra était affreusement en retard. Dans la précipitation, elle avait oublié qu'en fin d'après-midi les places de parking devenaient un luxe particulièrement prisé dans le vieux quartier de Lima. Et d'autant plus depuis que le seul hôtel de la ville s'était transformé en refuge pour les choristes du pays tout entier. Pour une fois que la folie des grandeurs de Sue Sylvester aurait pu soulager le stress de ses électeurs, cette dernière était en convalescence. D'après les rumeurs, elle s'était réveillée avec la conviction d'être Anne Franck, mais Cassandra était trop occupée à prier pour son salut pour s'enquérir des nouvelles extravagantes relayées par la Gazette. Depuis son arrivée sur Twitter, Cassie avait l'impression de découvrir un nouveau monde. Un monde plus rapide. Plus connecté. Et beaucoup plus invraisemblable. Difficile de démêler le vrai du faux tant les usurpateurs faisaient preuve d'autant de rigueur - si ce n'était plus - que les journalistes eux-mêmes. Quoiqu'il en soit, l'ère du numérique avait au moins l'avantage de permettre aux personnes autrefois ponctuelles de se décharger de leurs retards. A mesure que l'horloge tournait, Cassandra tenait simultanément Charlie et Grace au courant de sa trépidante aventure dans les rues encombrées de la ville. Les détails étaient d'une telle précision qu'elles auraient très bien pu se trouver sur le siège passager tandis que Cassie soupirait une énième fois. Résignée, elle abandonna son véhicule quelques pâtés de maisons plus loin, à quelques dizaines de mètres de l'école primaire. Sortie des classes oblige, des rangées de SUV grignotaient les trottoirs, alors que les enfants se massaient devant le portail de l'école, guettant sur la pointe des pieds l'arrivée de leurs parents. Les écoles du vieux quartier de Lima étaient particulièrement prisées des familles bourgeoises de la ville qui, paradoxalement, adoraient s'agglutiner dans les résidences paisibles de la banlieue. C'étaient ces mêmes familles qui refusaient catégoriquement que leurs enfants côtoient la classe moyenne dans le bus scolaire, sous prétexte qu'ils ne voulaient pas confier la vie de leurs enfants à une tierce personne. Ce qui était très ironique lorsque l'on constatait que 80% d'entre eux étaient éduqués par des gouvernantes.

Cassandra était donc plus qu'affreusement en retard. Louvoyant entre les têtes blondes, elle manqua plusieurs fois de se prendre un coup de cartable dans la poitrine. Les enfants de cette génération étaient de véritables géants. Et, à en juger par les gadgets qui semblaient greffés dans leurs mains, ils étaient bien plus à l'aise qu'elle avec les nouvelles technologies. Malgré la hâte, elle ne put s'empêcher d'apercevoir une fillette échanger un CD contre une poignée de dragibus. Sur la pochette, Megan Morgan transpirait la satisfaction, entourée de ses choristes adorés. Même si le malaise de certains d'entre eux était discernable, Cassie devait reconnaître à sa rivale un coup de génie. "Qu'est-ce que c'est que ça ?" demanda-t-elle sur un ton plus sec qu'elle ne l'avait voulu. "C'est le CD des Awesome Voices. Je l'ai gravé pour toute ma classe." Sale garce perfide, aurait pu penser Cassandra si elle ne savait pas faire preuve de retenue. La mégère se servait délibérément de la progéniture de ses choristes pour faire sa pub dans les cours de récréation. Avant de reprendre sa route, Cassie négocia son lot contre quelques pièces oubliées dans les poches de son jean, se jurant de divulguer la nouvelle au reste des Second Chances seulement si la musique de leurs concurrents était mauvaise. Arrivée au niveau de la place de l'église, elle croisa la tante de Maya qui, avec une fierté assumée, lui annonça que sa nièce avait été acceptée à Juilliard. Si elle décelait dans la voix de son interlocutrice une pointe de reproche, Cassandra afficha quant à elle une joie sincère, avant de s'excuser de devoir prendre congé. Cassie devait reconnaître avoir beaucoup douté des capacités de la jeune femme, mais de toute évidence Joanna avait le flair pour détecter le talent à l'état brut. Cassie, quant à elle, n'était bonne que pour le polir.

Gravissant deux à deux les marches du parvis, Cassandra envoya un ultime message à Grace pour la prévenir de son arrivée imminente. Elle espérait que le reste de la troupe était déjà prêt à brûler les planches de l'annexe. Ni une ni deux, elle poussait la porte du quartier général. Depuis la tempête de Noël et la condamnation temporaire des lieux, les mains bricoleuses de la paroisse avaient œuvré à la rénovation de ce petit local caché derrière l'église. Le résultat était stupéfiant. Les bancs austères avaient été troqués contre des fauteuils et des canapés chaleureux. Les murs et les poutres avaient été repeints en blanc et des plafonniers chromés avaient été suspendus. Le vieux parquet avait été ciré pour ne pas gâcher l'authenticité des lieux. Quelques croix et autres effigies de Jésus ornaient toujours les murs, et devant l'estrade se situait une immense table en bois entourée de chaises noires modernes sur lesquelles étaient assises certaines des filles. D'autres vérifiaient une dernière fois les réglages du jukebox acheté pour l'occasion. Il n'avait fallu que l'hystérie inspirée de Grace et les biceps entretenus d'Aaron pour propulser la pièce maîtresse de leur numéro au centre de l'estrade. Des portants multicolores décoraient un coin de la pièce, et de l'autre une vitrine où étaient exposées toutes leurs photos n'attendait que d'être agrémentée d'un trophée. Avec un entrain des plus amicaux, Cassie tapa des mains pour ordonner aux choristes de se mettre en place. "Allez, allez, on se met en place. Grace, Caitlin et Lexie vous commencez. J'espère que vous êtes échauffées parce que dans l'idéal il faudrait enchaîner les trois prestations. On y est. Les Nationals." avisa-t-elle en se dirigeant d'un pas accéléré vers le portant. Elle se faufila derrière le paravent vintage blanc qui leur servait de loge de fortune, tandis que le cliquetis du jukebox annonça le début de la répétition.
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Grace Hamilton
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MessageSujet: Re: 04. The clone club   04. The clone club EmptyVen 25 Sep - 22:38

-I'm late, I'm late for
A very important date.
No time to say hello, good-bye,
I'm late, I'm late, I'm late


Chantonnant entre ses dents la chanson Disney, Grace finit de tapoter sa réponse au quarante-deuxième sms qui lui relatait les déboires automobiles de sa sœur. Pas moins de trois points d’exclamation avaient été employés pour exprimer le degré d’affolement dans lequel Hamilton Senior devait se trouver. Connaissant la ponctuation patibulaire de son aînée, une répétition avec pareille insistance démontrait particulièrement bien à quel point la frustration du parking devait l’avoir envahie. Si la pianiste accordait bien évidemment à sa sœur un très large traitement de faveur pour son manquement au principe immuable de ponctualité, elle ne pouvait retenir une légère pointe d’agacement. Derrière les bien trop nombreux emojis transis qu’elle alignait derrière son message de soutien, des sourcils microscopiquement froncés laissaient filtrer sa contrariété. Les Second Chances avaient toujours été une de ses principales priorités, avec Jesus et les techniques de décoration sur pâte à sucre. Les heures de répétition, les réunions créatives, les pauffinage d’arrangements, tout-cela entrait toujours en ligne de compte dans ses plannings, et Dieu savait qu’ils étaient nombreux. La chorale était d’un poids qui faisait toujours pencher de son côté la balance de ses décisions. Dans la position de leader de Cassandra, c’était censé l’être encore plus. Si elle avait prié un peu plus fort, peut-être que les voitures ne se seraient pas agglutinées, peut-être qu’une place se serait subitement libérée par véritable miracle, peut-être que le Seigneur aurait tourné les feux un peu plus en sa faveur… De toute évidence, la Foi de Cassandra n’était plus capable de déplacer les montagnes d’autrefois, elle ne savait visiblement plus faire la part des choses, et la plus jeune des deux blondes parvenait de moins en moins à trouver d’excuses à ce genre de faux-pas.

Bien évidemment, toute cette réflexion outragée était absolument fondée et impartiale, et absolument pas influencée par la récente défaite (ou devrait-on dire nouvelle ?) de Grace dans une course aux solos. Bien évidemment.

Rangeant le téléphone dans la poche de sa large jupe pastel, elle soupira doucement et retourna à son activité favorite : prétendre remettre droit le moindre symbole chrétien pourtant déjà parfaitement symétrique accroché au mur en observant du coin de l’œil ses camarades s’agiter sans se savoir observées.

Elle serra des dents, la cours de solo revenant, oh surprise, hanter son lobe frontal. Elle qui pensait pouvoir allier talent et népotisme pour arracher la victoire s’était retrouvée écrasée sous un vote démocratique des plus malvenus. Depuis quand laissait-on n’importe qui décider ? Ces filles savaient à peine ce qu’était le Miserere et elles voulaient faire des choix artistiques cruciaux ? Pire, on leur en laissait l’opportunité ? C’était mortifiant. Quand elle pensait aux heures de travail acharné qu’elle avait mis à répéter sa performance jusqu’à la perfection, ça lui crevait le cœur de penser à ce qui allait clôturer leur performance.

Un coup d’œil sur une chevelure brune malheureusement bien connue provoqua la contraction immédiate de ses abdominaux. Avant d’attraper définitivement la nausée, elle ramena son regard vers les crucifix qu’elle réajustait toujours inutilement. Elle croisa le regard figé de son Sauveur et sentit bien que ses paupières tombantes partageaient toute l’ampleur de sa douleur. Desserrant les poings, elle rejeta à deux mains ses cheveux derrière ses épaules, délaissant les décorations religieuses pour admirer l’espace rénové qui l’entourait.

Elle inspira à fond  et parvint à sourire en expirant.

Si certaines présences faisaient tache parmi l’élégante salle, elle ne pouvait s’empêcher de sentir une petite bouffée de fierté la prendre quand elle la contemplait. C’était simple, accueillant, décoré avec goût et Foi. En somme, tout ce qui pouvait lui apporter un peu de réconfort face à l’impiété à laquelle elle se frottait chaque jour. Les tons étaient neutres, apaisants. Et c’était peut-être la caractéristique la plus appréciable que le changement de l’annexe de l’église avait pu apporter. La paix. La douceur. Moins imposant, moins exigeant, un cadre si agréable parviendrait peut-être à court-circuiter l’atmosphère orageuse qui planait sur le groupe. Si Grace n’était pas exactement sûre de la source de ce climat pesant qui infectait parfois les répétitions, elle avait quelques doutes.

Et par doute, elle entendait bien entendu Charlie Watson-Brown.

Faisant claquer ses talons contre le sol, les bras croisés, elle sortit une nouvelle fois son téléphone pour consulter l’heure.

Déjà vingt minutes d’attente.

Comment les autres pouvaient-elles paraîtres si… passives, presque sereines ?

Elle avait presque envie de gifler le faciès placide d’une certaine brune pour lui ramener à la raison et lui faire réaliser la gravité de la situation. L’impact que cette perte de temps aurait sur leur cycle minuté de répétition serait inévitable. Leur métabolisme serait troublé, leur psyché aussi. Petit à petit les engrenages soigneusement calibrés de leur organisme se gripperaient, l’un après l’autre, jusqu’à complètement détraquer leur machine huilée pendant de long mois. Le programme avait été prévu pour les conditionner à donner le meilleur d’elles-mêmes à un instant T, celui de leur passage. Par simple effet logique de causes et de conséquences, elles seraient donc parfaitement prêtes vingt-minutes après leur heure de passage pour les Nationales. Vingt minutes de retard, vingt-une maintenant !, c’était le début de la fin.

Oh un nouveau sms.

Cassandra était là.

Levant les yeux, elle réalisa que Charlie regardait précisément son téléphone au même moment qu’elle.

Ses sourcils se soulevèrent très lentement.

Oh no.

Il était parfaitement exclu qu’elle les renseigne avant elle.

Elle avait déjà perdu suffisamment perdu de course dans cette chorale.

Sur le rythme délicat d’une alarme incendie stridente, elle se mit à hurler en boucler « Cassie arrive Cassie arrive Cassie arrive » en agitant frénétiquement ses bras vers le ciel, comme si sa vie en dépendant. Trépignant vers le centre de la salle, elle abandonna ses accessoires inutiles et accueillit avec un sourire radieux la silhouette de sa sœur qui ouvrait à la volée les portes de l’annexe.

Entrouvrant déjà les lèvres pour assurer à Cassandra que son retard était parfaitement compréhensible et qu’elle n’avait pas besoin de s’excuser publiquement, celle-ci ne lui en laissa pas exactement l’occasion.

-Allez, allez, on se met en place. Grace, Caitlin et Lexie vous commencez. J'espère que vous êtes échauffées parce que dans l'idéal il faudrait enchaîner les trois prestations. On y est. Les Nationals.

Bouche close, Grace hocha la tête, son regard pourtant un peu dubitatif.

Au moins, elles ne perdraient pas plus de temps.

Elle se dirigea, poussant vivement de l’épaule CWB au passage, vers les portants posés dans un coin où étaient regroupés les costumes utilisés pour la répétition et attrapa les trois peignoirs défraîchis qui leur servaient de trench-coat de fortune, en attendant que les dernières retouches des originaux vintages soient finalisées. Elle en envoya un droit vers le visage de Lexie, tendit l’autre avec plus de complaisance à Caitlin, qu’elle gratifia d’un regard froid et enfila son propre accessoire. Elle noua fermement la taille et s’avança d’un pas décidé vers les trois micros à pied qu’Aaron venaient de rapprocher. Elle lui accorda un sourire de remerciement, ajusta la hauteur en faisant jouer la barre métallique et se concentra.

Sous ses paupières baissées, elle imaginait les rangées de sièges, les têtes alignés, la chaleur des spots roses sur elle. Le maquillage, la posture, la tonalité. Tout était réglé, prêt, défini. Et alors que les premières notes raisonnaient, son déhanché étudié ne s’agitait plus que pour la victoire.

La voix d’Aaron sembla jaillir du jukebox pour un emblématique Tarzan and Jane were swingin' on a vine, auquel les trois filles répondirent, main sur la hanche, un double Candyman.  Sippin' from a bottle of vodka double wine suivit, et Grace, Caitlin et Lexie chuchotèrent, se retournant, l’une après l’autre Sweet, Sugar et le fameux Candyman dévolu à la flamboyante Preston. Et la chanson démarra vraiment.

Grace se plaça entre la brune et la rousse, rangée impeccable de chevelures nuancées aux mouvements coordonnés, sa voix dominant pour le premier couplet.

I met him out for dinner on a Friday night
He really had me working up an appetite
He had tattoos up and down his arm
There's nothing more dangerous than a boy with charm


Caitlin et Lexie reprirent sur le même ton.

He's a one stop shop, makes the panties drop
He's a sweet-talkin', sugar coated candy man

Tentant de ne pas trop s’attardé sur les panties dropés, le vibrato de Grace les rejoint en chœur.

A sweet-talkin', sugar coated candyman

Un Oh Yeah fusa depuis le fond de ses poumons alors qu’elles se réalignaient, laissant Caitlin au centre pour la suite de la chanson alors que leurs doigts claquaient vivement.
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MessageSujet: Re: 04. The clone club   04. The clone club EmptyMar 6 Oct - 20:04

La honte avait un goût. Un goût âcre, très proche de celui des résidus de dégueulis qui viennent se déposer sur le bout de la langue après une intoxication alimentaire, ou plus précisément, après un rituel de purge suivant le repas du midi. Depuis plusieurs jours, ce goût qu’elle connaissait par cœur indisposait Caitlin, si bien qu’elle s’était demandé comment elle avait pu supporter de vivre avec si longtemps à un moment de sa vie. Cependant, ce goût persistant n’était pas le résultat d’une rechute dans ses habitudes alimentaires, c’était simplement qu’elle avait honte, et pour cause. Au début du mois de juin, Caitlin était passée en commission disciplinaire, exactement comme un élève rebelle qu’on tente de remettre sur le droit chemin.
La sanction qu’on lui avait réservée était tombée comme un couperet. Six mois de mise à pied pour avoir enfreint les règles instaurées par un principal à l’implication discutable, c’était sévère. D’autant plus que ce que la jeune femme avait fait n’avait, en aucune manière, heurté la sensibilité des élèves qui avaient assistés au spectacle qu’elle, Aaron, Lexie et leurs anciennes coéquipières cheerleaders leur avait concocté à la veille des examens de fin d’année. Ils avaient eu du succès, un succès phénoménal – il y avait fort à parier que Sue Sylvester, si sa mémoire ne lui avait pas fait défaut, aurait été fière de ses illustres ex-recrues. La campagne de promotion qu’ils avaient imaginé tous les trois avait alors toutes les chances de faire son petit effet, et c’était une excellente nouvelle pour le futur des Second Chances qui, déjà à cette époque, se préparaient pour le grand final de la compétition des chorales. C’était peut-être ce qui avait dérangé le principal Figgins, d’ailleurs. Il n’avait pas lésiné sur les sobriquets pour qualifier l’impertinence exceptionnelle dont Caitlin avait fait preuve en conspirant dans le dos de son patron. Lui qui espérait depuis plus de deux ans que son employée la plus dévouée fasse une erreur pour pouvoir supprimer ses cours des options du lycée McKinley, s’était précipité sur l’occasion, et l’avait traînée devant un jury composé de ses plus fervents supporters – ceux de Figgins, évidemment, pas ceux de Caitlin. Et leur décision, en plus d’être concrète, était très dure à avaler ; ce qui expliquait la présence de cette saveur dégoûtante dans la bouche de la professeure d’Arts plastiques.

On aurait pu s’attendre à ce que la jeune femme ne devienne que l’ombre d’elle-même, sauf que l’apitoiement n’était pas dans ses habitudes. Même si elle souffrait du droit d’enseigner qu’on lui avait temporairement retiré, Caitlin continuait de sourire. Parfois, les commissures de ses lèvres tremblaient lorsqu’on lui demandait si elle tenait le coup, mais elle réussissait à reprendre sur elle, et à expliquer qu’elle sortirait grandie de la chasse aux sorcières dont elle était victime. Dieu l’en garde, CJ n’était pas rancunière, et elle finirait par trouver des circonstances atténuantes aux membres de la commission qui l’avait sanctionnée. Toutefois, elle savait que contrairement à d’habitude, ça lui prendrait plus de temps avant de tourner la page. Pour ça, il fallait qu’elle s’occupe l’esprit, et les répétitions générales pour les Nationals lui étaient apparues comme le meilleur remède à tous ses maux. Si elle n’espérait pas recevoir du soutien de la part de certaine de ses coéquipières, elle savait néanmoins que Lexie assurerait ses arrières, et cette idée l’avait incitée à démontrer plus d’intérêt pour la compétition qui faisait rage aux quatre coins de la ville.

« Je crois qu’elle est très contrariée. » chuchota-t-elle en se penchant par-dessus l’épaule de Lexie, tandis qu’elle regardait Grace repositionner toutes les idoles dans la salle de répétitions des Second Chances. Casssandra était en retard, et ce n’était visiblement pas du goût de sa petite-sœur qui donnait l’impression d’être très nerveuse. C’était contagieux, et sans e vouloir vraiment, Caitlin fit craquer les jointures de ses doigts pour libérer la tension qui s’installait progressivement dans ses articulations. Anticipant le sourire singulier que Lexie lui attribua, c’est tel un Diable sorti de sa boîte que la jeune femme sauta sur ses pieds pour se lever de sa chaise. Répondant à la douce brise qui accompagna l’arrivée pressée de Cassandra, Caitlin se dirigea vers les portants au fond de la pièce, là où les costumes pour les répétitions étaient installés. Se risquant à démontrer son mécontentement à travers un froncement de sourcils, elle désapprouva ouvertement l’attitude d’Hamilton Jr à l’encontre de Preston Jr, puis sans s’attarder sur leur mésentente évidente, elle attrapa enfin le peignoir défraîchi qu’elle lui tendit. Elle l’enfila avant d’aller se positionner à la place qu’on lui avait attribuée au cours des précédentes répétitions.

Chanter et danser seraient les seules formes d’Arts que Caitlin serait autorisé à exercer au cours de ces prochains mois. Même si cette idée la réconfortait, elle s’apercevait que la motivation qui l’avait fait comploter avec Aaron et Lexie avait totalement disparue – elle n’était certes, pas l’ombre d’elle-même, mais elle se rendait compte que ce que son corps faisait, c’était répondre à des habitudes qu’elle avait prises depuis qu’elle faisait partie des Second Chances. Elle connaissait les paroles et les pas par cœur, et n’avait pas besoin d’y mettre du cœur pour que ce soit bon, se sachant quand même douée, sinon elle ne serait pas là ; le problème était là, ce qui nourrissait les passions de Caitlin, c’était le cœur qu’elle y mettait pour la répandre, et ici, elle se sentait vide, épuisée. Non, elle n’avait pas le cœur à se déhancher, encore moins à jouer les ingénues.
Prenant sens de l’état d’abattement dans lequel elle se trouvait en vérité, elle coula un bref regard à Cassandra, et comme si elle s’excusait par avance, elle soutint son regard en tachant de lui faire comprendre qu’elle ferait de son mieux pour respecter la mise en scène qu’elle avait créée pour ses choristes, mais qu’il ne fallait pas trop lui en demander. La voix d’Aaron s’échappa de l’élément central du décor des Second Chances, et Caitlin se retourna du mauvais côté, perdue dans ses échanges mentaux avec Cassandra. Tachant de corriger son erreur en souriant de plus belle, elle se calqua sur le rythme de Lexie, et se référa aux mouvements de ses lèvres pour murmurer les paroles qui faisaient échos à celles que Grace était en train de chanter. Lorsque cette dernière lui laissa le champ libre pour reprendre à sa suite.

« He took me to the Spider Club at Hollywood and Vine, we drank champagne and we danced all night. » Sa voix était loin d’être franche. Ce qui la sauvait, c’était le grand sourire qu’elle s’obstinait à garder pour masquer ses lacunes apparentes. Caitlin tenta d’accentuer les mouvements de ses hanches, se disloquant très légèrement pour donner un côté sensuel, mais élégant, au numéro qu’elle présentait avec Grace et Lexie, mais le mauvais départ qu’elle avait pris se répercuta sur la qualité de ses mouvements qui, malheureusement, n’étaient pas très assurés eux non plus, et ce  malgré tous les cours de danse qu’elle avait suivis quand elle était enfant, et les entraînements intensifs de cheerleading. Cependant, elle continua comme si de rien n’était « We shook the paparazzi for a big surprise, the gossip tonight will be tomorrow's headline. » Se préparant à laisser la place à Lexie, Caitlin se redressa avant toute chose, histoire de se donner plus d’ampleur au niveau des épaules, et intensifia de fait le claquement de ses doigts. Son menton suivit cette variation apportée à sa posture, et son port de tête devint plus beau. Mais quand elle chanta son dernier couple, elle savait qu’elle avait échoué « He's a one stop shop, makes my cherry pop, he's a sweet-talkin', sugar coated candy man, a sweet-talkin', sugar coated candyman. »
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Lexie A. Preston
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MessageSujet: Re: 04. The clone club   04. The clone club EmptyLun 12 Oct - 17:47

Lexie Antonia Jane Preston n'était pas une femme anxieuse. De type un peu nerveux et agité, peut-être. Mais plus dans le sens chiot surexcité face à son premier parcours d'obstacles que dans le sens ado mal dans sa peau risquant une crise d'angoisse à chaque prise de parole publique. C'était l'un des indéniables avantages que d'être née riche, jolie, mince, blanche et dotée d'un tempérament sociable et avenant. La vie lui avait sourit et elle n'avait aucune raison de craindre le pire. Certes, elle avait connu des périodes difficiles et des remises en question, mais cela faisait partie du processus pour devenir adulte. D'après ce qu'on lui avait dit en tout cas. Non, la flamboyante rouquine n'était pas quelqu'un qui se laissait facilement dominer par le trac ou l'angoisse. Et quand cela arrivait, elle le gérait de la façon la plus Preston qui soit : en niant. Non, ses mains ne tremblaient pas. Non, elle n'avait pas oublié l'intégralité des paroles et de la chorégraphie de son trio en se levant ce matin. Non, elle n'avait pas bu trois cafés - dont un irlandais - et deux thés pour se donner du courage. Et elle n'avait pas non plus rêvé qu'une ombre menaçante étranglait Grace dans son sommeil à la veille de la compétition. Absolument pas. Elle allait parfaitement bien et était d'un calme olympien avant cette répétition générale. La jeune galeriste avait même terminé le travail plus tôt, sous l'oeil mi amusé, mi courroucé de Joachim pour s'assurer d'être, non seulement à l'heure, mais en avance. Et parce que l'univers n'aime pas être déstabilisé - ou parce que c'est un plaisantin - c'était leur irréprochable directrice qui était en retard. Le monde était tombé sur la tête. Ceci était clairement un mauvais présage, la marque imminente d'un désastre, un signe de l'Apocalypse. Mais Lexie se força à rester calme, s'adonnant à quelques exercices de respiration ventrale pour cacher son trouble. Et observer une Hamilton Jr arranger les divers bibelots avec une frénésie assez obsessionnelle la rassurait également. Il y aurait toujours quelqu'un de plus illuminé qu'elle dans cette chorale. Et à plus forte raison, dans cette ville démente.

Une voix douce et rassurante émana à ses côtés et la rousse se fendit de son premier vrai sourire depuis qu'elle était entrée dans la salle de répétitions. Elle opina lentement du chef et répondit sur le même ton, avec un sourire taquin « Plus que d'habitude tu crois? » Question purement rhétorique et ayant pour seul but de détendre un peu l'atmosphère. Elle n'était pas certaine que ça ai marché et n'avait de toute façon pas le temps de s'en enquérir, puisque Cassandra fit enfin son apparition. Et en leader digne de ce nom, ne perdit pas une minute pour les diriger à la baguette. Pour une aussi forte personnalité, Lexie savait faire preuve d'une étonnante docilité quand il s'agissait de travailler pour une équipe. Là où Sue l'avait domptée par son autorité militaire et sa folie furieuse, Cassie avait réussi à l'apprivoiser par sa douceur et ce charisme inquiétant qu'elle dégageait.

Alors, elle ne broncha pas quand elle reçut un peignoir dans la figure et fut sommée de se mettre en place. Elles n'avaient pas le temps pour les prises de bec. De toute manière, la britannique avait depuis longtemps abandonné l'espoir de parvenir à communiquer avec Grace de façon saine. Ou même, normale. Mais aucun de ces différends ne nuiraient sa performance. Elle avait un certain sens du professionnalisme, que diable. Ce fut donc avec un enthousiasme débordant, un déhanché entraînant et un sourire séduisant que la jeune femme exécuta le numéro. Ce trio était capillairement parfait et elles avaient réussi à faire quelques bonnes séances, mais il était indéniable que ce n'était pas une alliance naturelle et cela se ressentait par moment. Et l'agitation de Grace, la confusion qui agitait soudain Caitlin et la théâtralité de Lexie ne faisaient pas franchement un bon mélange aujourd'hui. Leurs harmonies n'étaient pas si mauvaises toutefois et la londonienne se lança dans son couplet avec détermination, tâchant d'être sexy sans trop en faire et surtout, d'être juste dans son premier « Woaaah yeah » ce qui fut un succès relatif. « Well by now, I'm getting all bothered and hot. When he kissed my mouth he really hit the spot. He had lips like sugar cane. Good things come to boys who wait ! » Croisant le regard de son amie, elle tâcha de lui adresser un sourire encourageant, alors qu'elle terminait le numéro avec force de claquements de doigts et de pas savamment orchestrés. Tandis que ses camarades chuchotaient suavement derrière elle, l'entreprenante rouquine avait pour tâche d'énoncer les phrases les moins chrétiennes du morceau. « He's a one stop, got me hot, making my uh pop... » La dernière note retentit finalement et les trois filles s'éclipsèrent de la scène, tandis que le jukebox changeait de couleur.

« Ugh, c'était pas trop trop ça hein. Mais bon, vous savez ce qu'on dit, quand on se foire en générale, ça veut dire que le vrai show sera super ! » Baby Preston ne perdait rien de son enthousiasme, alors qu'elle débriefait en chuchotant avec ses camarades. Et d'expérience, elle savait qu'il y avait du vrai dans cet adage. Elle s'inquiétait toutefois de son manque de connexion avec Grace et sentait bien que le coeur de Caitlin n'y était pas. Et elle ne pouvait la blâmer. Son coeur se serra largement en repensant aux conséquences drastiques qu'avait subi la jeune professeur. Lexie lui avait pourtant dit qu'elle était prête à marcher dans le bureau de Figgins et dire que tout ça était son idée, qu'elle avait forcé l'exemplaire Miss Rosenberg à participer à son opération, qu'elle l'avait même fait chanter s'il le fallait ! Mais la brunette était bien sûr trop noble et gentille pour s'abaisser à ça et avait accepté sa mise à pied avec une dignité dont elle seule était capable. La galeriste éprouvait une certaine culpabilité mais, ne sachant que faire pour aider son amie, se contentait d'être à ses côtés. Et nul doute qu'elles auraient toute besoin de soutien si la répétition continuait sur cette pente descendante.


Dernière édition par Lexie A. Preston le Lun 2 Nov - 23:40, édité 1 fois
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Charlie Pillsbury
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GANGSTA CHARLIE ► Whatever happens tomorrow, we had today.
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MessageSujet: Re: 04. The clone club   04. The clone club EmptyMer 14 Oct - 18:50

Les textos de Cassandra ne trahissaient pas seulement son anxiété à l’idée d’arriver en retard à la répétition générale des Second Chances ; la ponctualité étant l’une des nombreuses qualités de la directrice de chorale, on pouvait bien lui autoriser ce rare manquement. C’était la nervosité grandissante de l’ensemble de la chorale à l’approche de la compétition nationale qui imprégnait les phrases qu’elle avait rédigées. Cassandra, à l’image de toutes ses choristes, se laissait peu à peu gagner par l’agitation et l’esprit de compétition qui régnaient en maître sur Lima depuis l’annonce des chorales sélectionnées pour les Nationales. Charlie le comprenait mieux que quiconque car la fièvre ne l’avait pas non plus épargnée. L’année avait été particulièrement chargée pour la jeune journaliste, partagée entre les préparatifs interminables de son mariage, son travail de plus en plus prenant au Journal de Lima et les répétitions quasi quotidiennes de la chorale. Son investissement au sein des Second Chances avait été tel qu’elle avait parfois été obligée de revoir l’ordre de ses priorités, quitte à faire passer la chorale avant le reste, au détriment d’un mariage dont l’aboutissement lui semblait de plus en plus utopique. Force était de constater que Charlie était incapable de tout mener de front, les retards qu’elle avait accumulés dans plusieurs domaines en témoignaient. Néanmoins, la jeune femme refusait de se laisser abattre et lorsqu’elle avait appris la nomination des Second Chances aux Nationales, elle avait redoublé d’efforts pour permettre à sa chorale de se dépasser. Mise en scène, costumes (les séances shopping en compagnie de Grace avaient été de loin les plus éprouvantes), course au solo, révision des instruments… Cassie et Charlie n’avaient rien laissé au hasard et elles s’étaient assurées avec l’ensemble des choristes qu’elles seraient toutes prêtes pour le grand jour ; et ce n’était pas le retard de la première à la répétition générale qui viendrait troubler leur organisation – Charlie était catégorique.

La brunette, assise en tailleur sur un fauteuil dans le fond de la pièce, jeta un énième coup d’œil à son portable. Le planning était serré et elle avait songé à plusieurs reprises à lancer les festivités mais la présence de Cassie était impérative et Charlie ne pouvait se permettre de s’en passer. Alors pour tromper l’ennui et prétendre être utile en dépit des apparences, la choriste se leva et glissa son téléphone dans la poche arrière de son jean avant de se saisir de sa guitare. Ignorant les regards que lui lançait Grace, elle fredonna l’air de la chanson qu’elle interpréterait d’ici quelques minutes – si le Dieu des embouteillages le lui permettait – tout en grattant les cordes de son instrument. La musique avait vocation à apaiser ses nerfs, et le résultat était assez satisfaisant – Charlie parvint même à en oublier les œillades agaçantes de Grace et la majorité de ses appréhensions.

Quelques minutes plus tard, Cassie fit son entrée en trombe dans les locaux des Second Chances et Charlie reposa délicatement sa guitare avant d’aller rejoindre la directrice de leur chorale. Il n’y avait pas une minute de plus à perdre, et les propos de Cassie, bien qu’empreints d’une douceur qui leur était à tous familière, étaient néanmoins pressants. Charlie lui adressa un sourire furtif avant de rejoindre à son tour les loges de fortune – non sans être violemment bousculée par Grace au passage. La choriste se déshabilla rapidement et enfila la tenue de la collégiale, constituée d’un top court et d’une jupe midi, le tout étant coloré à souhait. Elle ajusta le bandana bleu clair autour de ses mèches brunes – les autres filles avaient prévu de faire une queue de cheval mais de toute évidence la nouvelle coupe de cheveux de Charlie ne lui permettait pas d’imiter ses camarades – avant de quitter les loges pour pouvoir admirer le premier volet de la répétition, celui du trio formé par Caitlin, Grace et Charlie. La cadette Hamilton se plaça entre ses deux camarades et se lança la première, avec cette aisance qui donnait envie à Charlie de rouler des yeux toutes les dix secondes environ. La journaliste remarqua que Caitlin s’était retournée du mauvais côté et rédigea une note mentale afin de corriger l’erreur avant le jour J. Les filles étaient souriantes et le numéro se déroula presque sans accroc, avec toute la sensualité qu’elles accordaient au numéro – du moins pour Caitlin et Lexie car Grace donnait toujours l’impression d’avoir un balai coincé entre les fesses.  Rassurée quant au bon déroulement des choses – plusieurs notes mentales avaient rejoint la première mais dans l’ensemble la performance demeurait très satisfaisante – Charlie repartit en direction des coulisses afin de se préparer. Parce qu’elle avait gagné la course au solo, la choriste ne participait qu’à la première partie de la collégiale, le temps pour elle de se changer ensuite avant son numéro.

Sur le devant de la scène le jukebox changea soudain de couleur, passant du rose au jaune. Cassandra, les mains posées sur ses hanches, se chargea d’entonner la chanson : « Dear future husband, here's a few things you'll need to know if you wanna be my one and only all my life ». Les choristes positionnées derrière elle en arc de cercle claquèrent des doigts en rythme alors que le premier couplet était interprété par Caitlin. Charlie lui lança un clin d’œil avant se lancer à son tour. « You got that 9 to 5 but, baby, so do I so don't be thinking I'll be home and baking apple pies, I never learned to cook but I can write a hook. Sing along with me, sing-sing along with me (hey) ». Une main posée sur la hanche, Charlie se déhancha au même rythme que tout le monde tout en affichant un sourire hypocrite. Le choix de la chanson avait été assez ironique quand on connaissait le passe-temps favori de Charlie ces derniers temps : la préparation de son propre mariage. Cependant quand la chorale avait voté en majorité pour le titre, Charlie n’avait protesté ; quelques semaines plus tôt elle avait dû couvrir la rubrique « mariages » du Journal, elle n’en était donc plus à une ironie près. Souriant de plus belle, la choriste entonna le refrain. « Dear future husband, here's a few things you'll need to know if you wanna be my one and only all my life. Dear future husband, if you wanna get that special lovin' tell me I'm beautiful each and every night ». A la fin du refrain, les choristes se rapprochèrent et Charlie, au dernier rang de la formation et la plus proche des coulisses, s’éclipsa discrètement alors que Lexie interprétait le couplet le plus osé de la chanson (« After every fight just apologize and maybe then I'll let you try and rock my body right. Even if I was wrong… you know I'm never wrong, why disagree? Why, why disagree? ») – du moins, en théorie, car la discrétion ne faisait pas vraiment partie des qualités de la brunette, qui se prit les pieds dans les rideaux et se rattrapa in-extremis sur ses deux mains. Nouvelle note mentale : regarder où elle mettrait les pieds le jour J.

Charlie se changea une deuxième fois dans les coulisses, cette fois plus rapidement, tout en prêtant une oreille attentive à la collégiale qui se poursuivait. Grace reprit le dernier couplet et après avoir chanté une dernière fois le refrain avec l’ensemble de ses choristes, Cassandra prononça la dernière phrase : « Future husband, better love me right ». Ce qui signifiait que Charlie était sur le point de retrouver la scène… sans tomber une deuxième fois, si possible.

Le jukebox s’assombrit sur l’estrade et Charlie prit place derrière le micro sur pied que Lexie avait rapidement traîné sur la scène entre les deux numéros ; la brunette portait à présent une petite robe noire et des escarpins un peu trop hauts à son goût. Son regard était plus sombre que jamais, plusieurs traits noirs soulignaient ses yeux clairs et ses cheveux noirs, légèrement ébouriffés, n’étaient plus tenus pas le bandana coloré – cette mise en scène tranchait singulièrement avec la précédente. Charlie posa une main sur le micro et lorsque les premières notes s’échappèrent du jukebox, elle se lança. « I see a red door and I want it painted black, no colors anymore, I want them to turn black ». Elle releva légèrement le menton et sa voix prit davantage d’assurance.  « I see the girls walk by dressed in their summer clothes, I have to turn my head until my darkness goes. I see a line of cars and they are painted black, with flowers and my love both never to come back. I see people turn their heads and quickly look away, like a new born baby it just happens every day! ». L’interprétation de Charlie oscillait entre douceur et puissance, l’intensité grandissant au fur et à mesure des paroles. « I look inside myself and see my heart is black, I see my red door and it's heading into black. Maybe then I'll fade away and not have to face the facts, it's not easy facing up when your whole world is black ». A défaut de pouvoir s’y confronter réellement ce jour-là, la choriste visualisait à la perfection le jeu de lumière qui s’opérerait le jour J. Sans doute que la mise en scène donnerait encore plus de puissance au solo, mais Charlie savait qu’elle la rendrait aussi plus nerveuse. Gagner le solo des Nationales était une chose, et elle en avait d’ailleurs tiré énormément de fierté, mais assurer sur le devant de la scène devant des centaines de personnes venues assister à la compétition en était définitivement une autre. Sans sa guitare, elle avait le sentiment d’être nue sur scène ; alors dans les locaux des SC, où elle avait répété des dizaines de fois le morceau ce n’était pas handicapant mais qu’en serait-il sur une scène inconnue, devant un public inconnu ? L’enjeu était de taille et elle n’avait pas le droit d’échouer ; cette répétition générale avait beau être un test, le pas à franchir le jour J serait bien plus impressionnant.

Lâchant le micro de ses deux mains, la jeune femme serra les poings et reprit avec plus de force : « I wanna see it painted, painted black, oh, black as night, black as coal I wanna see the sun blotted out from the sky, painted, painted, painted black oh baby, painted painted, painted black… ». Les dernières notes s’échappaient du jukebox quand Charlie attrapa soudain le micro et poussa le pied de son autre main.  S’avançant vers le jukebox, la choriste voulut simuler le coup de pied qu’elle était censée lui donner pour en arrêter la musique mais prise dans son élan, elle ne parvint pas à s’arrêter à temps et son pied atterrit maladroitement sur l’objet qui se renversa immédiatement sur le côté sous la puissance du coup. « Oups… Les filles ! Je crois que je l’ai vraiment abîmé… ».
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Cassandra Hamilton
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MessageSujet: Re: 04. The clone club   04. The clone club EmptyLun 2 Nov - 23:34

A l'abri derrière le paravent, Cassandra se fustigea mentalement pour le manque de courtoisie flagrant dont elle avait fait preuve. Nul doute qu'un esprit dissident au sein de la chorale aurait sauté sur l'occasion pour répandre dans le groupe des idées subversives et souligner à quel point le statut de certaines les propulsait au-dessus des lois de la bienséance. Candace s'en mordrait les doigts, elle qui dissimulait sous des airs imperturbables la fierté d'avoir élevé des filles respectueuses, aimables et, quoiqu'on en dise, ponctuelles. Gênée par ses excuses négligées, Cassie se rassura néanmoins de savoir que les filles étaient au moins assez galvanisées par l'enjeu pour se formaliser de ses ordres expéditifs. Elle se promit cependant de les remercier avec un verre quelconque au bar du coin pour leur patience éprouvée et leur considération. Elle adressa un sourire reconnaissant à Charlie lorsqu'elle vint mettre à l'épreuve une pudeur entamée par des mois de conditionnement auprès de Joanna. Depuis leur petit numéro dévêtu sur le gazon gelé du stade de McKinley, les filles n'avaient plus rien à se cacher. Et si cela relevait de la formalité pour certaines, d'autres avaient profité de leur été enfermées dans une roulotte pour assener le coup de grâce à leur retenue parfois excessive. Même si Cassie avait toujours du mal à exhiber sa poitrine devant les autres, elle pouvait se consoler de savoir qu'il lui suffisait d'un bras pour la dissimuler des regards indiscrets. Les autres ne pouvaient pas en dire autant. Après avoir assemblé à l'aveuglette ses cheveux en une queue de cheval approximative, Cassandra grimpa sur ses échasses - Lexie avait ri lorsqu'elle avait sondé le groupe pour déterminer le seuil à partir duquel des talons étaient considérés "hauts", à savoir 5 cm pour Cassandra, compensés bien entendu - et se dirigea avec concentration vers l'arrière de la scène. Le point positif, c'était que sous ses airs frivoles Lexie possédait un véritable don pour la pédagogie. D'aucuns appelleraient cela de la condescendance, mais pour Cassandra c'était bien plus encourageant que les vociférations excédées de Joanna. Nul doute qu'elles les auraient fait courir sur des graviers, rictus satisfait au coin du visage.

Cassandra se félicita tout de même de l'évidence avec laquelle ce premier numéro avait été mis sur pied. Pour une fois, la présence de la rousse avait semblé répondre à un quelconque signe du destin. La diversité capillaire des Second Chances d'aujourd'hui n'avait rien à envier à la richesse culturelle des Second Chances d'autrefois. Le trio évoluait plus ou moins facilement sur la scène, entre une Grace au sommet de son implication émotionnelle, une Caitlin au bord de l'implosion et une Lexie à l'humeur versatile. De son piédestal, Cassandra lisait sans mal l'animosité qui convergeait vers sa soeur. Grace lui en voulait sans doute d'avoir invoqué la démocratie à une période où la tyrannie de Joanna l'aurait bien arrangée, et pas même la confession qu'elle avait voté pour elle ne semblait éponger sa déception. La connaissant, Grace avait déjà échafaudé des dizaines de théories du complot, chacune fomentées par Charlie, et pour une fois Cassandra ne pouvait lui reprocher d'être si paranoïaque. Clairement son comportement agaçait l'assemblée, et ce sentiment d'être tiraillée entre l'avis général et l'amour inconditionnel qu'elle vouait à sa sœur commençait sérieusement à contrarier la directrice de la chorale. Elle n'eut pas le temps de soupirer que déjà le jukebox annonçait la suite du programme. Cassandra se donna un malin plaisir à entonner les paroles de cette chanson. Elle se voyait déjà sur la scène des Nationals pour partager à l'audience son annonce déguisée. Elle esquissa un sourire amusé en constatant que Lexie se sacrifiait toujours pour chanter les paroles dont personne ne voulait, se promettant cette fois de la remercier personnellement d'avoir des moeurs plus légères que le reste de la chorale. Avec une subtilité qui lui était propre, bien évidemment.

La musique se coupa et, dans une pénombre imaginaire, Charlie se faufila sur la scène pour son solo. Descendues de l'estrade, les filles s'étaient réunies autour de la table de bois massive pour profiter du spectacle. Dans sa petite robe noire, Charlie était ravissante, même si certains haussements de sourcils trahissaient son malaise. Inconsciemment, Cassie tourna la tête vers Grace qui, sans surprise, ruminait sa défaite. Faisant fi de l'injustice, Cassandra se jura de lui confier le prochain solo. La journée était décidément lourde en promesses. Tel l'éclair qui précède le tonnerre, Cassie aperçut d'abord la miné outrée de Grace avant d'entendre le vacarme qui accompagna le jukebox dans sa chute. Les filles sursautèrent sous le coup de la surprise, tandis que Charlie se confondait en excuses. Un rire démoniaque fusa depuis l'autre bout de la pièce, au moment même où les lumières s'éteignirent pour de bon. Un fredonnement mystérieux quoiqu'harmonieux suivit, résonnant dans la pièce comme un pied de nez macabre. Le noir n'était pas complet, mais un nuage particulièrement dense avait choisi ce moment précis pour éclipser le soleil, si bien qu'on ne dissimulait devant la porte qu'une armée de silhouettes qui se mouvaient dans les ténèbres. Le son régulier d'une guitare électrique perça le silence qui s'était soudainement abattu dans l'annexe, malgré la confusion qui agitait nerveusement les filles. Machinalement, Cassie mima un signe de croix, persuadée que Dieu lui réclamait justice.

I see a red door... and I want it painted black
No colors anymore... I want them to turn black


Chaque parole était prononcée langoureusement, comme si elle devait être pesée. Même l'inspiration était chantante. La voix, définitivement féminine, était empreinte d'une gravité hypnotique.

I see the girls walk by dressed in their summer clothes
I have to turn my head until my darkness goes

I see a line of cars and they are painted black
With flowers and my love both never to come back
I see people turn their heads and quickly look away
Like a new born baby it just happens every daaaaay


La silhouette s'extirpa de l'ombre. Une main d'abord, gracieuse et habillée d'une bague resplendissante d'ostentation. Sa propriétaire était une blonde aux courbes généreuses dont l'aura d'assurance aurait pu faire pâlir Joanna. Son armée ne tarda pas à lui emboîter le pas, à la seconde près où le soleil perça de nouveau à travers les nuages. Cassandra en resta bouche bée, interloquée par le brouillard qui recouvrait le sol.

If I look hard enough into the setting sun
My love will laugh with me before the morning coooomes


La robe voluptueuse de la blonde était portée par une brise inexistante digne d'un clip de Beyoncé. Ses gestes d'une théâtralité excessive était exécutés avec une telle grâce que son jeu semblait naturel. Elle avait sincèrement l'air en proie à des maux imaginaires. Derrière elle, les autres filles - parce qu'il s'agissait bien de filles et non de squelettes envoyés par Satan - chantaient d'un air martial en avançant comme un orchestre communiste. Leurs voix étaient si bien synchronisées qu'elles ne faisaient qu'une.

I want to see your face painted black
Black as night, black as coal
I want to see the sun blotted out from the sky


Le dernier refrain fut entonné en canon. Les voix tonnaient de partout comme des obus, si bien que Cassie ne savait plus où donner de la tête.

I've seen your red door, I want it painted black
(I want to see it painted, painted, painted black. Black as night, black as coal)
No colours any more, I want them to turn black
(I want to see the sun, blotted out from the sky)
I see the girls walk by dressed in their summer clothes
(I want to see it painted, painted, painted black. Black as night, black as coal)
I have to turn my head until my darkness goooooes

La dernière note sembla flotter indéfiniment dans l'air de l'annexe. Puis soudain le silence. Même les lois physiques obéissaient à cette mystérieuse inconnue. Le vent et le brouillard se levaient pour elle. Le soleil brillait et s'éteignait pour elle. Le son se décuplait et se désintégrait presque aussi vite pour elle. "Oui, je crois bien que c'est comme ça qu'il faut faire. Vous en pensez quoi les filles ?" demanda-t-elle à l'intention de ses minions. Ces derniers opinèrent du chef en parfaite synchronisation, face à l'incompréhension totale des Second Chances. "Où sont mes bonnes manières ? Nous comme les First Class Pitch, tout droit venues de Chicago. Je suis Jordan et voici Faith, Annie, Scott et enfin Marylin. Celle avec les gros seins." Cette dernière remarque laissa Cassandra perplexe. Elles auraient dû voir avec Lexie le seuil à partir duquel des seins pouvaient être considérés "gros", parce qu'en ce qui la concernait elles étaient toutes gâtées par la nature. Encore abasourdie par les événements, Cassie n'avait pas prononcé le moindre mot. Elle ignorait ce que les First Class Pitch faisaient là mais en ce qui les concernaient, leurs rivales semblaient très au fait et prêtes à en découdre.
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Grace Hamilton
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MessageSujet: Re: 04. The clone club   04. The clone club EmptyDim 8 Nov - 23:09

Les yeux de Grace avaient été mis à rude épreuve.

Elle avait des cheveux roux coincés dans les cils, résultat désastreux de l’agitation excessive de Lexie crinière-d’enfer Preston. Elle s’était prise un coup de coude dans l’arcade sourcilière droite pendant la performance de Dear Futur Husband sans parvenir à déterminer laquelle de ses camarades était responsable de l’hématome qui s’annonçait pour le lendemain. Sa cornée avait été malmenée par les changements épileptiques de couleurs du jukebox. Ses rétines crépitaient encore des mouvements maladroits et désordonnés que Charlie osait nommer une chorégraphie. En après tous ces déboires oculaire, il fallait en plus que cette délicieuse Watson-Brown, décidément toujours elle, la force à rouler des yeux dans ses orbites à une vitesse alarmante alors qu’elle concluait son massacre, communément appelé « solo », par une destruction éhontée du matériel que Grace avait passé deux heures à négocier à prix attractif avec son revendeur.

Epargnant à l’assemblée un « Ciel mon jukebox » strident (plus que probablement suivi d’un rageur « Quelle empotée ! Qu’on lui coupe la tête ! ») qui aurait probablement mis hors-circuit la moitié des tympans présents, une note soudaine et prolongée referma lentement la bouche ouverte de Grace. Un mouvement de recul instinctif, elle fixa un regard déboussolé sur l’entrée de l’église.

-Jesus H. Christ.

Is this a Taylor Swift's music video ?

De la hanche qui roulait, des cheveux qui volaient, des décolletés qui plongeaient, voilà le tableau somptueux qui se dressait devant les SC. C’était inattendu. C’était provoquant. Et bien meilleur que tout ce qu’elles avaient pu produire aux cours des quatre derniers mois. Les paroles fusaient, enchaînant les harmonies et les accords, les silhouettes étaient ordonnées et menaçantes, une véritable machine de guerre musicale qui tirait à boulets rouges sur des choristes proprement choquées. Grace bloquait. Elle ne comprenait pas. Pourquoi ? Comment ? Qui ? Obnubilée par la performance, elle restait figée, presque fascinée. C’était beau après tout. Beau et très effrayant. La dernière note vint. Grace cru que les vitraux n’y survivraient pas. Elle réalisa à ce moment que son cœur battait particulièrement vite, que ses joues étaient brûlantes et ses yeux mouillés.

Une seconde.

Était-elle jalouse ?

C’était absurde. Rejetant ses cheveux en arrière, Grace se mordit violemment l’intérieur des joues, espérant ramener son cerveau engourdit à la raison.

Des paillettes et des bouts de peau n’allait certainement pas l’impressionner. Pas plus que le charisme presque animal qui émanait de celle qui prit la parole à la suite du numéro. Méfiante, baby Hamilton observa le groupe se délier en une rangée bien ordonnée de mannequins aux regards assurés. Elle leva une narine à la louange des « gros seins » que la Jordan clama sans complexe. Elle était d’une vulgarité, Grace avait envie de la gifler. Pourtant, son attention fut bien vite détournée. Elle nota que, presque inconsciemment, les Second Chances s’étaient rapprochées, s’alignant elles aussi, chacune fasse à une de ces « First Class Pitch ».

Posant ses yeux bleus sur ceux qui leurs faisaient face, Hamilton junior pinça les lèvres.

Faith, hein.

Elancée, blonde, bronzée. Indubitablement jolie. Elle avait l’air jeune. Probablement la benjamine du groupe. Son visage était détendu, parfaitement lisse, son regard semblait curieux quoiqu’un poil condescendant. Sa posture était stable, et bien vite, Grace se rendit compte qu’elle était complètement immobile. Statique. Statuesque, presque. Alors que la Second Chance s’agitait frénétiquement plus ou moins discrètement, passant d’un pied à l’autre, passant main dans ses cheveux, lissant les plis de sa jupe, clignant furieusement des paupières, la créature charnue plantée devant elle dégageait une impression de force et d’inertie absolue. Hamilton nota que ses doigts étaient entrelacés dans ceux de sa voisine. Levant les sourcils, elle jeta un regard presque surpris à Charlie qui était, Grand Dieu, postée à ses côtés et détourna bien vite les yeux, comme prise de nausées.

Elles étaient là. Stoïques. Parfaites. Immuables, presque.

Grace avait l’impression particulièrement oppressante d’être en plein cauchemar.

Elle secoua la tête, fronçant les sourcils. Si elle ne comprenait pas exactement ce qui venait juste de se passer, elle comptait bien y mettre un terme définitif. L’église était à bien des titres sa maison. Sa maison, ses règles. Ses performances. Cassandra semblait tétanisée par cette apparition et elle ne comptait certainement pas laisser Charlie s’illustrer dans cette situation. S’éclaircissant la gorge, Grace s’avança d’un pas, dégainant son accent courtois le plus pompeux et avançant subtilement sa poitrine vers l’avant.

-Si vous venez pour la messe chantée, c’est raté. Les horaires sont sur la porte.

Un doigt impérieux pointa les battants de bois massif derrière la petite troupe.

-De plus, cette annexe est privée. Vous n’avez rien à faire ici. Je vous encourage vivement à partir. Et à ne plus revenir. Jamais. Peu importe vos noms.

Un regard méprisant scanna ce qui ressemblait à un poster Victoria’s Secret grandeur nature, s’arrêtant sur la plantureuse Jordan.

- Au revoir.

Kiss kiss.

Ladite Faith sembla croire que le moment était opportun pour s’exprimer et laissa éclater un rire bref. Cette attitude rappela quelqu’un à Grace sans qu’elle ne puisse vraiment mettre le doigt dessus.

-Comme elle est drôle. Tes chakras m’ont l’air bien hermétique, ma chérie. Respire à fond et détends-toi un peu, tes bad vibes vont me donner la migraine…

Le ton apaisant et taquin de la blonde eut pour effet de renforcer les pulsions meurtrières qui crispaient déjà la mâchoire de Grace. Ses poils se dressèrent alors qu’elle percevait un accent languissant de la côte Ouest des plus agaçants. Qui avait laissé une hippie extrémiste pénétrer son église ?

-La porte. Maintenant.

Sourire plus agressif.

-Nous avons du travail devant nous et…

-On avait cru remarquer.

Comme au ralenti, toutes les têtes se tournèrent d’un même mouvement vers le fond de la salle où une silhouette longiligne venait de siffler des mots aussi désagréables que familiers. Grace échangea un regard rapide avec sa sœur, espérant presque qu’elle trouve à cette visite impromptue trouve une explication logique. Cassandra semblait aussi perdue qu’elle. Et ça n’annonçait rien de bon.

Un regard moqueur glissa sur les kitten heels des choristes.

-C’est… mignon.

Il n’y avait qu’une personne au monde pour faire sonner cet adjectif comme une gifle violente. Et malheureusement pour tout Lima, cette personne était de retour en ville. Grace, peinant à paraître sereine, le bras toujours dressé en direction de la sortie, baissa lentement le poing et opta pour le timbre de voix « ménagère des années cinquante qui accueille une voisine, un martini à la main » le plus perfectionné dont elle disposait :

-Joanna.

Pause destinée à calmer les tremblements de sa voix.

-Herself.

-Tu as changé de coupe de cheveux…

Haussement de sourcils.

-Comme quoi, tout le monde fait des erreurs. Dieu nous pardonne.

Elle esquissa un signe de croix sans ciller une seconde, les yeux plantés dans les prunelles visiblement amusées de l’ex directrice adjointe des Second Chances.

-Ouh. Je vois que quelqu’un est dans sa mauvaise semaine…

Si elle faisait référence à sa récente apparition, oui, sa semaine virait carrément à un niveau catastrophique. Le talon de ses escarpins claquaient sèchement contre le sol de pierre de l’église alors que, tranquille, elle se dirigeait droit sur ses anciennes coéquipières.

-Qu’est-ce que tu…

Regard troublé vers la placide blonde plantée devant elle.

-…vous… faîtes-là ?

-J’enseigne.

Continuant à avancer, les minions s’écartèrent d’un même mouvement pour laisser passer ce qui avait plus l’air d’un gourou que d’une leader avant de reprendre instantanément leur position.

-Bonjour Cassie. Jupes et talons, on fait des folies.

Un rire à peu près aussi déplaisant que le reste de la scène s’échappa de sa bouche bordeaux. Pas besoin d’être télépathe pour saisir les considérations que portait la très féministe ex-presque-star sur leur look Housewives Vintage.

- J’espère que vous avez profité du spectacle. N’hésitez pas à prendre des notes, ça pourra vous servir.

Le regard revint vers la plus jeune des Hamilton, soudainement très mal à l’aise.

-Tu connais ma passion pour l’éducation. Je viens vous en faire une nouvelle fois gracieusement profiter… Tu vois, Grace, perdre avec les Second Chances m’a poussée à me remettre en question… J’ai réfléchi à chaque aspect de cette défaite. Mon degré de responsabilité, mes méthodes, mes rapports avec vous, nos concurrents, nos répétitions, la direction artistique… Tout. Et toujours les mêmes questions sans réponse. Pourquoi ? Pourquoi un groupe de jeunes femmes a priori normalement constituées, dirigées avec une fermeté affectueuse…

Grace nota que le laser qui servait de regard à la coach féroce s’était détourné d’elle pour vriller une Caitlin un peu plus loin sur sa gauche.

-…, pourvues de tout le matériel nécessaire, d’heures et d’heures de travail consacrées, et de conseils professionnels avisés… Oui, pourquoi une troupe aussi bien préparée échoue-t-elle quoi qu’il advienne ? Qu’est-ce qui peut pousser ces filles à être des perdantes, encore et toujours ? Je te connais, je vous connais toutes, vous aller surement me parler de châtiment divin, d’épreuve nécessaire, de dérèglements hormonaux, de « l’important c’est de participer »…

-Bullshit., ponctua sur un même vibrato la petite armée derrière elle.

Joanna hocha la tête.

-Bullshit.

La pianiste déglutit.

-La réponse est pourtant beaucoup plus simple. Elle m’est apparue. Comme-ça.

Elle fit claquer ses doigts devant les yeux de Grace qui louchèrent sur sa manucure acérée.

-Vous n’avez pas ce qu’il faut.

Ricanement sournois.

- Ce n’est pas de « travail » dont vous avez besoin. Mais d’un miracle. D’une révolution complète. Vous pouvez arrêter de vous entraîner dès maintenant. Ca ne suffira pas. Retenez bien ce que je vais dire…

Elle parla beaucoup plus lentement, détachant chaque syllabe avec délectation comme un juge prononce une sentence particulièrement lourde.

-…vous allez perdre. Encore. C’est comme ça. Et tu veux savoir le meilleur, Grace ? Vous le savez. Vous savez que vous allez perdre. Vous n’avez ni l’ambition, ni la détermination et j’ai presque envie de dire, ni le talent.

Nouveau regard vers la gauche.

-Tu imagines bien qu’après cette révélation, j’ai vite compris que je ne pouvais pas me blâmer. Que je ne pouvais pas me fustiger plus longtemps pour vos erreurs. Alors je me suis lancée dans un petit projet.

Dramatique au possible, elle écarta ses bras et retourna vers les poupées de cires toujours parfaitement alignées.

-Pour confirmer ma théorie. J’ai traversé le pays et j’ai tout repris depuis le début. Le ménage par le vide. J’ai pris le potentiel des Second Chances… Et je l’ai multiplié par cent.

-Il fallait bien ça., fit remarquer Jordan avec le plus grand naturel du monde.

Comme un sergent passe ses troupes en revenue, elle avançait le menton bien haut, longeant la ligne parfaite que composaient ses choristes.

-Regardez. Apprenez. L’équilibre parfait entre la discipline et la rage de vaincre, les convictions et l’acharnement. L’esprit d’équipe et l’estime de soi. Ne jamais abandonner, comprendre les critiques, se corriger. Sans chouiner. Et surtout, surtout, aucunes inhibitions. Avoir des atouts, c’est bien… Savoir s’en servir, c’est encore mieux… J’ai déniché des diamants bruts dans de médiocre Glee Club et je leur ai fait une proposition qu’on ne refuse pas : devenir la meilleure chorale. Ever. Tout simplement.

Elle haussa les épaules, arrivée en fin de rangée. Croisant les bras, elle jaugea ses recrues d’un regard visiblement satisfait. Un regard que Grace ne lui avait jamais connu parmi les choristes de la paroisse.

-Et vous voulez savoir quoi ? On y est arrivé. Un petit bootcamp avec quelques règles simples, un programme alimentaire régulé et aucun homme à vingt kilomètres à la ronde, et on frôlait déjà la perfection. En moins de trois jours, elles étaient toutes calées sur mon cycle menstruel. L’harmonie parfaite. Même le père de Beyoncé n’a pas fait mieux.

Venait-t-elle réellement de s’applaudir ou était-ce le manque d’oxygène qui faisait halluciner Grace ?

-Des femmes fortes. C’est tout ce qu’il me fallait pour faire des championnes.

Silence dramatique. Elle reprit, doucereuse :

-Je comptais passer vous souhaiter bonne chance… Voir comment vous aviez évolués…

Elle se planta devant la silhouette frêle de la Rosenberg.

-Mais visiblement, rien ne changera jamais par ici.
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