|  Sujet: 03. Only the Very Best  Dim 5 Déc - 22:57 | |
|   Jamini-Cricket & La Mouche James rentrait du supermarché où il avait croisé Désirée Cravy. Leur rencontre ne s'était pas bien passée. Avant, il ressortait avec le sourire lorsqu'il lui parlait, songeant avec amusement à leurs arguments respectifs. Mais depuis qu'il avait rendu sa démission sous la torture, elle était carrément devenue hautaine et méchante. Lui qui était déjà très proche du gouffre, c'était la goute d'eau qui faisait déborder le vase. Il revenait donc chez lui les mains vides. Lorsque les femmes déprimaient, elles achetaient toute sorte de choses dont elle n'avaient pas besoin, et surtout de la nourriture particulièrement grasse et sucrée. Ou de la glace. Histoire de compenser. Les hommes eux avaient tendance à ne plus s'alimenter et perdaient du poids. D'où l'expression de "bon vivant", sûrement (alors qu'une femme très ronde était un "cachalot", nous ne reviendrons pas sur le sexisme de l'opinion publique...). Finalement, le mathématicien ne reviendrait pas avec le but de sa sortie : un gâteau au chocolat. Il y avait des jours comme aujourd'hui où l'on faisait mieux de rester chez soi.
C'était sans musique que James avait conduit. Il repensait aux derniers évènements. Halloween et la représentation de Thriller ne lui avait pas permis de se rapprocher de Sue autant qu'il l'aurait voulu, principalement à cause de Bryan. Mais aussi, il fallait le reconnaître, car la coach ne semblait toujours pas séduite. L'anglais ne savait plus quoi faire. Les roses ? Il avait essayé ! Les lettres, il avait essayé ! Les petites attentions style café à la pause, il pratiquait régulièrement ! D'accord, il n'avait pas organisé un spectacle aérien sur le stade au cours d'une répétition, mais comment aurait-il pu ? Hmm... peut être qu'il devrait décrocher littéralement la lune. Sur cette conclusion, il arriva chez lui. Après s'être garé, il monta les marches jusqu'à son appartement les mains dans les poches. Il faisait froid dehors... De la condensation s'échappait de son nez au rythme de sa respiration. Il fit tourner la clé dans la serrure et poussa la porte.
Qu'il détestait cet appartement ! Il ne s'y sentait pas chez lui. Les murs aux tapisseries délavés trahissaient l'état des lieux. Alors James avait mis quelques cadres, placés de beaux rideaux, installé des plantes... mais il n'avait pas les moyens de tout refaire, d'autant plus qu'il était en location. Il faudrait l'accord du propriétaire. Sauf que ses goûts d'américain basique ne correspondraient certainement pas avec ceux du raffiné, élégant et doté d'un certain sens artistique James Sheffield.
Le professeur s'assit dans son fauteuil pour faire le point. Qu'allait-il faire désormais ? Sur son bureau, un tas de copies l'attendaient. Encore des mauvaises notes, surement. Soyons honnêtes, peu étaient intéressés par les mathématiques. Il se prendrait encore une claque dans la tête en pensant être un mauvais professeur s'il se mettait à les corriger tout de suite. Or dans son état c'était peu indiqué. Il n'avait plus la motivation. Alors il alla se chercher un verre. Le genre avec un gros diamètre et sans pied. Il le remplit avec un liquide ambré. Du whiskey. Cela le changerait du thé. Alors qu'il portait le verre à ses lèvres une larme roula sur sa joue.
« Pourquoi je vis ? Pourquoi je meurs ?
Pourquoi je ris ? Pourquoi je pleure ?
Voici le S.O.S. d'un terrien en détresse »
S'il faisait le bilan, à qui manquerait-il ? Son frère et lui s'entendaient, mais ne se parlaient pas... Ses parents étaient loin... Sa nièce et son neveu étaient déjà grands et indépendants... Ils avaient vécus sans lui, et ils le continueraient. Quant aux élèves, si ce n'était pas lui, ils auraient un autre professeur. Ses collègues auraient un nouvel ami à se faire... Sue serait enfin débarrassée. Le seul qui pourrait le regrettait serait Maxime. Peut-être...
« J'ai jamais eu les pieds sur terre
J'aim'rais mieux être un oiseau
J'suis mal dans ma peau
J'voudrais voir le monde à l'envers
Si jamais c'était plus beau
Plus beau vu d'en haut... d'en haaaaaaut »
Oui, il avait atteint la note la plus aiguë de la chanson. Sobre, il n'y serait jamais parvenu. Jamais James n'avait chanté aussi juste. Il se découvrait des talents cachés.
« J'ai toujours confondu la vie
Avec les bandes dessinées »
Oh, s'il pouvait vivre dans ce monde où les héros étaient tant récompensés ! Ah, mais il n'était pas un héros. Quoi que puisse en dire Chris. Il était même loin d'en avoir l'étoffe. Pourquoi ne l'avait-on pas créé pour porter une combinaison moulante et son slip par-dessus son pantalon ?
« J'ai comme des envies de métamorphose... »
Quel bonheur ce serait, un monde dans lequel il triompherait enfin. Où il ne serait pas cette pauvre personne qu'il était, un looser. Un monde aussi où il serait moins dépendant. Car il était enchainé corps et âme à Sue. Il n'arrivait pas à se défaire de cet amour destructeur plus qu'autre chose.
« I gave her my soul
And I gave, and I gave, and I gave
Her my soul
A nouveau cette note aiguë. C'était le soir des performances, dites moi. T'aurais dû t'enregistrer, James.
Au grand loto de l'univers
J'ai pas tiré le bon numéro
J'suis mal dans ma peau
Now I feel a cold decay
Crawling over me
No-one can have more than their due
I wanted life
Non, ce n'était pas une vie qu'il voulait. Qu'en faire s'il la passait sans elle ?... James attrapa la photo dédicacée de Sue qu'il possédait.
I wanted you
Only the very best
No other interest
Terminant son verre, il en finit également avec la chanson.
This is the way you should remain
Never feeling any pain
Never growing old
Sleep little one, your night is here
Mine is growing very near
Oh, it's getting cold
Pourtant, l'alcool était sensé réchauffer. Mais dans cet appartement miteux, l'isolation était très mauvaise, et si James avait les moyens de faire tourner ses radiateurs à fond en permanence, il aurait plutôt utilisé son argent pour trouver un autre endroit où habiter.
Anéanti, il s'affala sur son canapé, restant là à regarder le mur comme une loque. Mash-up de Only The Very Best (Peter Kinsgburry, adaptation de Tim Rice, Tycoon) et SOS d'un Terrien en Détresse (Daniel Balavoine, paroles de Luc Plamondon, Starmania), musique de Michel Berger. |
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