Depuis quelques temps, Ecaterina se sentait trop observée et de cette effusion de regards embarrassants, de sourires niais et de clins d'œils affriolants en ressortait une maladresse qui l’agaçait ; elle n’était même plus capable d’aligner trois mots sans bafouiller et alors qu’elle avait réussit à surmonter cette crainte du lycée qui l’envahissait depuis le début de la rentrée, elle commençait à regretter le temps où elle se terrait dans le silence et où ses seuls hochements de têtes suffisaient à faire comprendre à quiconque qu’elle n’était pas d’humeur à s’attarder et à bavasser. Aujourd’hui, c’était un peu plus compliqué. Elle avait fait la connaissance de quelques personnes, avait échangé bien plus qu’un sourire avec eux et bien qu’elle essayait de se convaincre du contraire, elle s’était même attaché à certain d’entre eux. Seulement, cette attention soudaine la troublait réellement. La cause ? Ce revirement de situation entre les chorales et ce club recomposé, ou elle ne savait trop quoi. Elle ne parvenait pas à comprendre la subtilité du projet et, en réalité, elle ne cherchait pas réellement à le comprendre. Tout ce qu’elle avait remarqué, c’est que la campagne sauvage de recrutement des membres des deux chorales anciennement rivales incluait d’embrigader de pauvres lycéens comme elle qui n’avaient pas d’autres ambitions que de réussir à avoir une place décente à la cafeteria et d’avoir de bonnes notes pour ne pas passer par la case cours de rattrapages. De son point de vue, Ecaterina avait toujours trouvé les chorales assez funs et elle s’était toujours jurée de soutenir celle qui le méritait le plus - à son humble avis, les New Directions méritaient plus de se faire connaître que les Awesome Voices mais, elle n’avait jamais eu l’occasion de les entendre chanter. Peut-être que Finn avait réussit son coup, en fin de compte : il lui avait souvent parlé du glee-club en vantant les mérites de la cohésion de leur groupe et du travail d’équipe extraordinaire qu’ils fournissaient. Cat voulait bien le croire mais, elle ne lui avait jamais dit qu’elle pensait qu’il enjolivait un peu les choses pour l’impressionner et lui faire croire qu’il était le véritable leader du club. Elle l’aimait bien, Finn. Et au fond, il était peut-être l’unique raison pour laquelle elle soutiendrait son groupe… peut-être.

Après l’heure du déjeuner, Ecaterina se rendit comme à son habitude vers son casier avec la ferme intention de débarrasser un peu toute cette paperasses qui s’y était accumulée. Elle avouait ne pas aimer le désordre et pourtant, à chaque fois qu’elle ouvrait la porte de son vestiaire, une ribambelle de billets signés de la main de Calvin Collins dégringolaient en nombre sur le sol nickel du couloir. Calvin était un ami, enfin… un ami particulier parce qu’elle lui avait révélé des choses sur elle, lui sur lui… en dehors de l’amphithéâtre, ils ne se parlaient jamais cependant, dès qu’ils en ressentaient le besoin, ils se glissaient des mots dans leurs casiers respectifs et se donnaient rendez-vous pour une séance de petites confidences entre amis. C’était plaisant, d’avoir quelqu’un à qui parler sans être obligé de copiner et la blondinette avouait que cela lui faisait beaucoup de bien de pouvoir se confier un peu, sans craindre qu’on ne la juge et que l’on se moque d’elle. Marchant d’un pas déterminé dans l’allée où se trouvait son casier, la jeune fille s’arrêta devant et ouvrit la porte sans ménagements ; comme elle s’y attendait, les petits papiers dégringolèrent en petite pluie de l’habitacle et presque amusée par cette prédiction stupide, elle se baissa pour les ramasser quand soudain elle remarqua que parmi les anciens petits mots, il y en avait un nouveau. Calvin avait besoin d’elle. Se relevant en ne lâchant pas le bout de papier des yeux, elle déposa les autres négligemment et attrapa son sac du bout des doigts puis referma la porte tout en glissant la hanse de son sac sur son épaule et enfin reprit le chemin en petite foulée dans le sens inverse pour se rendre au lieu de son rendez-vous improvisé : elle espérait sincèrement que rien de grave ne lui était arrivé.

Montant les escaliers avec grâce tout en soufflant régulièrement pour ne pas être prise par un point de côté, Ecaterina évita de justesse un membre de l’équipe de football qui la siffla avec ostentation avant de s’engouffrer dans l’angle d’un couloir en riant aux éclats. Cette bande d’abrutis de première catégorie. L’adolescente ferma brièvement les yeux, par dépit… elle ne les supportaient pas, tout comme leurs petites copines cheerleaders. Mais, elle était bien trop pressée pour s’affoler du quotient intellectuel de ces énergumènes et parvenant enfin à la dernière marche de l’escalier, elle tourna dans le couloir et ralentie le pas en arrivant devant la porte fermée de l’amphithéâtre. Cat aimait ce lieu. Parce qu’elle s’y sentait en sécurité principalement mais, aussi parce qu’elle espérait secrètement pouvoir s’y produire ne serait-ce qu’une fois. Intérieurement, elle savait que c’était tout bonnement impossible - et cela même si elle avait un peu de talent. Elle n’était tout simplement pas courageuse. Poussant la porte avec la paume de sa main, la jeune fille regarda à droite et à gauche du couloir avant de s’engouffrer dans la salle. Elle n’avait même pas franchit le seuil de la porte qu’elle cru déjà percevoir des brides de musique : Calvin faisait aussi partie du glee-club et il n’était pas rare qu’il s’exerce un peu avant qu’elle n’arrive et qu’elle l’interrompe. Elle détestait ça. L’interrompre. Parce qu’il était doué et qu’elle aimait l’écouter chanter mais, aussi parce qu’elle trouvait ça irrespectueux alors quand elle s’avança de quelques pas pour foulée la moquette des escaliers qui la mènerait jusqu’au premier rang, elle fut surprise de constater en entendant les paroles du dernier titre de Katy Perry qu’il n’était pas interprété par Calvin mais par… Rachel Berry. Se baissant légèrement pour ne pas qu’elle la voit, elle descendit comme elle put les marches qui lui restait et se faufilant avec habilité dans une rangée de sièges, elle s’installa. Rachel était la petite amie de Finn. Et il ne cessait de parler d’elle. En bien, comme en mal d’ailleurs mais, il l’aimait et même si au fond cela faisait du mal de l’avouer, elle était heureuse qu’il soit avec une fille qui semblait ressentir la même que lui. Oui, Cat était sans doute un peu jalouse mais jamais elle ne tenterai quoi que se soit avec le quarterback, elle respectait bien trop Rachel pour ça. Même si elle ne la connaissait pas. Ce n’était pas dans ses principes de voler les petits amis des autres filles et Finn ne serait pas l’exception à la règle. Assise sur l’un des sièges confortables de l’amphithéâtre, Ecaterina regardait Rachel. De nombreuses fois Finn lui avait dit qu’elle était douée, elle le savait, tout le monde disait qu’elle était douée mais, elle ne pensait pas qu’elle l’était autant : comment une voix aussi puissante pouvait sortir du corps d’une aussi petite personne ? Esquissant un sourire à cette pensée, l’adolescente pencha la tête quand elle attaqua le refrain, avec conviction. Avec ça, s’ils n’étaient pas sûrs d’être la meilleure des chorales, elle n’y comprenait plus rien. Attendant encore quelques secondes, la jeune fille décida qu’il fallait qu’elle parte. Tant pis si Calvin n’était pas là, elle repasserait plus tard et ne voulant pas gêner Rachel, elle se leva discrètement sans craindre cette fois qu’elle ne la remarque et sortie de l’allée pour remonter l’escalier quand la musique s’arrêta sur une note particulièrement difficile à tenir mais, Rachel y parvint sans efforts. Opinant du chef, impressionnée par le coffre de la brunette, Ecaterina continua pourtant son chemin jusqu’à ce que la voix de Rachel résonne une nouvelle fois mais, pas pour chanter cette fois. Se retournant, Cat serra son sac contre son ventre et répondit à sa question :

« Oui ! » lança-t-elle et tout en fermant les yeux, elle se mordilla la lèvre, intimidée. Elle ne s’était jamais demandé comment elle réagirait face à Rachel parce qu’elle n’avait jamais pensé devoir l’affronter. Finn lui avait expliqué que sa petite amie était du genre ambitieuse, Ecaterina comprenait ça. Seulement, il lui avait aussi dit qu’elle était un peu… névrosée. Encore un point commun. Hésitante, la jeune fille descendit les marches qu’elle avait remontées plus tôt et s’approcha de la scène avec un petit sourire en coin et apparaissant enfin dans la lumière, elle s’arrêta à mi-chemin « Tu es très douée. » Elle élargit son sourire et continua sa descente avec élégance avant d’arriver devant la scène ou la lumière des spots l’éblouit « Finn m’avait dit que tu étais talentueuse mais, je n’ai pas voulu le croire. » Elle disait la vérité et plissant les yeux à cause de la lumière, elle haussa les épaules dans une expression confuse « Ça m’apprendra à mettre sa parole en doute. » termina-t-elle en étouffant un rire et regardant Rachel dans les yeux, elle s’avança encore une fois d’un pas ou deux et pencha la tête sur le côté, une mine de profonde gentillesse s’affichant sur son charmant visage, elle reprit « Ecaterina. Mais, tout le monde m’appelle Cat. On est ensemble, en cours de Biologie. »

La jeune fille opina du chef. Elle n’avait aucune animosité envers Rachel. Si ce n’est qu’elle n’arrivait pas à saisir son désir d’être autant adulée et populaire. Finn lui avait lui aussi fait des confidences et il avait admit avoir du mal à gérer l’égocentrisme de sa copine. Cela ne la regardait pas et faisait abstraction de ce détail, elle resta silencieuse en jetant un coup au décor derrière la jeune fille sur scène. En revanche, elle ne pouvait pas ignorer ce silence glacial qui s’installa et préférant ne pas s’attarder, elle lui fit un signe de tête poli et envisagea de rebrousser chemin.

Dans sa course pour remonter jusqu’à l’escalier qui lui permettrait de sortir de cet endroit qu’elle trouvait étrangement hostile tout d’un coup, Ecaterina entendit les paroles de Rachel qui daigna enfin lui adresser quelques mots. Sa rencontre avec Finn avait été la plus désastreuse de tout sa vie. La plus étrange, également. Mais, ils étaient tout les deux fautifs et elle ne rejetait pas la faute sur le jeune homme, en aucun cas. Jamais, elle ne se serait imaginé pouvoir l’apprécier et ressentir des sentiments d’amitiés - ou autre, elle préférait ignorer les éventuels petits papillons et étoiles scintillantes qui lui retournaient l‘estomac en sa présence - envers lui et pourtant, il était tellement évident que quelque chose se passait entre eux, aussi étrange que cela puisse paraître : elle l’aimait vraiment beaucoup ; elle le trouvait courageux d‘assumer toute ces quolibets dont il était victime, cela le rendait attachant. Certes, il était un peu idiot mais, au fond elle le savait bien plus intelligent qu’il ne le laissait entendre, elle en était persuadé en réalité et la façon dont il prenait son destin en main sans réellement se préoccuper de ce que pouvait penser les autres en était une véritable preuve, elle l’admirait. Même si elle aurait pu ignorer la façon dont Finn la percevait, elle avait au moins conscience qu’il aimait passer du temps avec elle pour la bonne et simple raison qu‘il le lui avait avoué, entre deux interclasses la semaine dernière. Parfois, il lui arrivait de le remarquer en train de la reluquer d’une façon pas très discrète. Mais, elle passait outres ce petit défaut et cela même si le fait qu‘il transpire abondamment quand elle passait le voir sur le terrain de football et que ses yeux libidineux s‘arrêtaient sur ses jambes bien bronzées la rendait mal à l‘aise… ce n’était pas comme si il avait tenté quoi que se soit, bien au contraire. Il se montrait toujours avenant, protecteur. C’était agréable d’avoir un camarade de classe sur qui l’on pouvait compter sans qu’il n’attende rien en retour, elle lui faisait confiance. Haussant les sourcils quand Rachel lui avoua qu’elle savait qui elle était, l’adolescente se retourna lentement et esquissa un sourire, flattée par l’attention que le quaterback pouvait lui apporter. Elle remarqua assez rapidement que cela n’avait pas l’air de plaire à sa petite amie. Et, même si dans le domaine des amourettes, Ecaterina n’était pas une experte, elle parvenait à la comprendre et soudainement, elle se sentie coupable.

Finn lui parlait beaucoup de Rachel. Pas toujours en des termes élogieux. Il lui disait qu’elle était effrayante quand il s’agissait de sa carrière et de son rôle au sein de la chorale. Elle était ambitieuse et surtout, déterminée à devenir une star. A cette pensée, la blondinette émit un rire discret s’avança une nouvelle fois vers la scène de sa démarche naturellement élégante, les boucles de ses longs cheveux remuant avec grâce sous le rythme soutenu de ses petits pas de souris. L’ambition était une chose qu’Ecaterina comprenait parfaitement. Il n’y avait rien de mal à aspirer devenir quelqu’un d’important. Ce qu’elle ne parvenait pas à saisir, c’était l’envie de Rachel de se faire aimer des gens qui lui menaient la vie dure. Parce que même si Cat n’était pas du genre à se mêler à la foule, elle avait remarqué qu’à McKinley, la jeune brunette était loin d’être une star. Alors, pourquoi voulait-elle les impressionner, prouver qu’elle était bien plus qu’une petite juive agaçante et autoritaire ? Dégageant son visage souriant de quelques mèches rebelles, l’adolescente s’apprêta à lui répondre mais, elle ravala ses paroles quand le ton de son interlocutrice se fit plus agressif, augmentant considérablement ce sentiment bizarre qui lui noua la gorge et lui picota les yeux. Petite, Rachel n’en était pas moins impressionnante et la façon dont elle avait exposé la façon dont Finn parlait d’elle la dérangea beaucoup. Encore plus que le compliment détourné que lui avait fait sa camarade et qui la fit rougir puis baisser la tête.

« Tu es jolie, aussi. » murmura-t-elle sur l’instant, ses yeux clignant étrangement et sa bouche se pinçant avec force. Elle ne voulait pas que Rachel pense qu’elle tentait de s’approprier son petit. Premièrement, ce n’était pas ce qu’elle souhaitait faire et deuxièmement, elle avait l’intime conviction que Finn ne ferait jamais une chose pareille. Rachel était paranoïaque. Finn l’appréciait, c’était évident et c’était réciproque, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Debout sur les cinq dernières marches face à la scène, Ecaterina releva le visage quand les recommandations de la jeune fille la frappèrent en plein visage. Il était inutile qu’elle s’évertue à lui faire des recommandations, elle connaissait les limites à ne pas franchir et ce n’était pas dans son intention de jouer avec le feu, en aucun cas. Sentant une pointe de colère raviver sa flamme intérieure, Ecaterina releva le menton et se redressa de toute sa petitesse, fixant Rachel qui lui était de dos « Il t’aime, tu sais. » dit-elle doucement, ses paupières battant frénétiquement et faisant pivoter son visage, elle glissa avec l’aide de ses deux mains sa chevelure soyeuse derrière ses oreilles, souriant timidement « Il t’adore. Il ne le dit pas mais, je le vois. » La jeune fille opina du chef, son sourire timide se transformant en une expression de tendresse, sincère et spontanée. Elle se mordilla la lèvre descendant les marches qui lui restait puis elle s’arrêta sur la dernière et regarda le sol éclairé par les spots « La façon dont il parle de toi et de ton talent, il t’admire. Et même si tu te montres trop autoritaire et que tu l’obliges à apprendre par cœur la biographie de Barbra Streisand, il ne te laissera jamais tomber. Il t’aime trop pour ça et ce n’est pas moi qui y changera quelque chose. Il tient à toi, Rachel. » Elle n’avait pas à chercher ses mots, tout venait facilement parce qu’elle le pensait sincèrement. Finn était bien trop fière pour lui faire savoir qu’il était réellement amoureux de Rachel mais, les filles ressentaient ce genre de chose. Et Cat avait su dès la première fois où Finn lui avait parlé de Rachel qu’il était fou d’elle, c’était comme ça. Relevant ses yeux clairs sur la jeune fille, Cat esquissa un dernier sourire et étouffa un léger rire en posant une main sur sa joue gauche - chaude mais douce et se sentant obligée de la rassurer davantage, elle attendit quelques instants avant d’avouer « Si, j'avais un petit ami, j’aimerais qu’il parle de moi de la même façon dont lui - Finn, parle de toi. Et même s'il n’est pas doué pour exprimer ses sentiments, ses yeux le trahissent : ils parlent pour lui. » Haussant les sourcils, Ecaterina s’avança vers le devant de la scène tout en tendant le cou au maximum, pour continuer à voir Rachel. Non, Cat n’avait jamais eu de petit ami. Rachel en avait un, elle et elle devait s’en estimer heureuse. Non pas que la blondinette souhaitait à tout prix être en couple, quelle horreur elle était bien seule et elle avait un bagage émotionnel bien trop important et des soucis à régler avant de se lancer dans une relation. C’était ce qu’elle voulait faire comprendre à Rachel. Sans trop en dévoiler, cependant et posant les mains sur le plancher devant elle, ses doigts se crispant au rebord, elle continua « Tu as de la chance, Rachel. Alors, ne gâche pas tout à cause de l‘attention qu‘il m‘accorde. On est amis, c‘est vrai. Mais, Finn n‘est pas le genre de garçons qui m‘intéresse et même si, comme tu l‘a dit il a un faible pour les jolies blondes, ce n‘est pas avec une jolie blonde qu‘il est en ce moment mais, avec toi. Et, à mon avis… » Elle retint sa respiration, plissant les yeux sur le côté et prenant un petit air malicieux, elle termina « C’est beaucoup… mais alors, beaucoup mieux. »

Souriant avec sincérité, découvrant des dents parfaitement alignées et illuminant son visage instantanément, Ecaterina espérait avoir convaincue Rachel de sa bonne foi et machinalement, elle passa une main dans ses cheveux bouclés. Jouer les briseuses de ménages, trop peu pour elle. Elle s’était entêtée à éviter Finn durant de nombreuses semaines à cause de la gêne qu’elle ressentait face au fait qu’il l’avait reconnu mais, jamais elle ne s’était imaginée que leur rapprochement pouvait nuire à sa relation avec sa petite amie. Elle s’en voulait d’ailleurs d’avoir été assez idiote pour penser que la jeune fille verrait cette amitié soudaine d'un bon œil. Mais, après tout, elle n’y pouvait rien non plus si Rachel était du genre jalouse. Tapotant le bout de ses petits doigts sur le plancher de la scène, Ecaterina lança un dernier regard plein de sympathie à Rachel et se retourna avec grâce : il ne fallait pas que Rachel s’inquiète.

« Absolument pas. Il ne s’est pas plaint. » répondit la jeune fille d’une voix douce quand la chanteuse lui posa la question. C’était vrai. Finn ne se plaignait pas de Rachel. Pas directement, en tout cas. Il en parlait juste beaucoup et il n’avait jamais eu de mots malheureux pour la qualifier… du moins, pas volontairement. Le quarterback lui avait avoué qu’elle n’était pas une personne très facile à gérer, certes. Mais, il s’entêtait à dire que toute cette détermination rajoutait un petit plus à son charme. D’ailleurs, Cat appuyait cette dernière affirmation : Rachel était une fille charmante, physiquement parlant tout au moins. Son caractère devait être un fardeau. Ecaterina n’était pas une jeune fille hypocrite et prétendre le contraire serait un gros mensonge qu’elle n’était pas prête à assumer. Mais, tant pis si ça ne plaisait pas aux autres. Rachel ne devait pas vouloir changer pour rentrer dans une case. Ecaterina percevait bien que Rachel avait comme un problème avec ses petits défauts, cela la mettait en colère et se retournant vers Rachel, une expression plus grave laissant place à son sourire rayonnant, elle la regarda en secouant la tête de droite à gauche puis, croisa les bras sur sa poitrine avant de les décroiser aussi vite, visiblement contrariée par les paroles de sa camarade « Tu te trompes, Rachel. Finn sait très bien avec qui il est. Il n’a aucun faible pour moi. Il m’aime bien, c‘est tout. » ajouta-t-elle et elle s’avança vers les escaliers qui menaient jusqu’à la scène. A l’intérieur, elle sentait son cœur doubler de volume à un point tel qu’elle eut une soudaine inquiétude quant au fait qu’il pouvait exploser d’un moment à un autre. Que Rachel puisse penser que Finn ait un faible pour elle était difficile à accepter et pour cause. Ecaterina savait qu’entre eux, il se passait quelque chose. De son point de vue, elle savait ce qu’elle ressentait, elle se connaissait bien et elle avait réussit à accepter que cela ne deviendrait jamais la réalité : oui, elle était peut-être amoureuse de Finn et après ? Finn était amoureux de Rachel et il ne la laisserait pas tomber, fin de l’histoire. C’était une situation délicate pour elle, particulièrement mais, elle s’en sortait et vivait avec alors il était inutile que Rachel donne de faux espoirs à la blondinette parce que s’il s’avérait que Finn ait des sentiments pour elle, cela changerait la donne. Le sang battant à ses tempes, l’adolescente monta les quelques marches et arriva sur la scène. Elle s’approcha de Rachel, lentement et sans aucune animosité puis, elle s’arrêta à proximité de la brunette, les mains tendues et les sourcils haussés « On est amis. » répéta-t-elle pour la seconde fois et détournant le regard, elle soupira. Rachel ne devait pas avoir une mauvaise image d’elle. Elle devait au contraire la comprendre, elle était certaine que cela lui était déjà arrivée - de tomber amoureuse de quelqu’un avec qui elle n’aurait jamais la chance de construire quelque chose. Cela aurait été plus simple d’avouer à Rachel ce qu’elle ressentait réellement mais, elle avait trop peur de sa réaction et coinçant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle la fixa sans ciller « Si tu ne lui fait pas confiance à cause de votre passé, c’est ton problème. Mais, essaie au moins de me faire confiance : je n’essaierais jamais de te le prendre, c’est ton petit ami. » Son regard bleu clair sonda ceux de la jeune fille et se mordillant la lèvre nerveusement, elle passa une main dans ses cheveux, maintenant la mèche quelques secondes sur le haut de sa tête, elle posa une main sur sa hanche en penchant la tête alors que sa chevelure soyeuse se replaça parfaitement sans qu’elle n’ait à faire d’effort « Il est la seule personnage avec laquelle je m’entende bien, à McKinley. Il me comprend et il m’a aidé, c’est quelqu’un de bien. J’ai du mal à saisir pourquoi tu lui fait si peu confiance… »

Ecaterina ne la quitta pas des yeux puis, les fermant brièvement, elle se souvint. On disait que Finn avait été le petit ami de Quinn Fabray. Ils étaient le couple parfait, les futurs roi et reine du bal de promo d’après une grande majorité des élèves du lycée. La jeune fille ne savait pas réellement pourquoi leur histoire s’était terminée, il y avait bien trop de rumeurs qui courraient à leur sujets pour qu’elle sache laquelle était vraiment la bonne et elle préférait ignorer tout ça. Maintenant, Quinn était avec Puck et Finn avec Rachel. Baissant les yeux sur le sol de la scène les paroles de la jeune fille prirent forme dans son esprit et Cat se sentit perdue. Toute ces histoires étaient tellement compliquées. Elle s’estimait heureuse de n’avoir jamais eu de petits amis et d’être seule et heureuse, à l’heure actuelle. Attendant quelques instants avant de reprendre la parole, laissant tout de même finir la lycéenne debout devant elle, Ecaterina releva les yeux et toisa la brunette : elles étaient toutes les deux très petites et menues. Rachel paraissait plus grande à cause de la semelle de ses mocassins hideux et Ecaterina ressentit cela comme une menace. De ce fait, elle se redressa alors qu’un silence s’installa. Chose qui ne dura pas longtemps puisque Ecaterina le rompit presque instantanément.

« Il n’a aucune raison de rompre avec toi aujourd’hui, Rachel. » affirma-t-elle et regardant autour d’elle, elle crispa les poings et commença à hausser le ton « Je ne suis pas Quinn Fabray, d’accord ? » Sa respiration s’accéléra. Il était tellement rare qu’elle s’énerve et qu’elle perde son sang-froid. Toutefois, Rachel était en train de l’accuser d’une chose qui ne lui avait même pas effleuré l’esprit malgré les quelques sentiments biscornus qu’elle ressentait pour Finn. Elle se sentait blessée, presque humiliée et détournant les yeux, elle tenta de réguler sa respiration, soufflant doucement et posant une main sur son estomac noué. Si, Rachel la détestait par principe. Soit, elle l’acceptait et le comprenait même. Toutefois, elle ne devait pas l’accuser de la sorte, elle estimait cela comme étant purement malhonnête. Pinçant les lèvres et croisant les bras, la jeune fille reprit du poil de la bête et haussa les épaules furtivement regardant Rachel avec une tristesse qu’elle tacha de dissimuler sous de la fausse arrogance « Vas-y. Je suppose que tu as des recommandations à me faire, alors ne te gênes pas. » ajouta-t-elle ironiquement avant de reprendre « Je ne dois plus lui parler, ni l’approcher… » Comptant sur ses doigts, Ecaterina regarda en l’air avec impudence et pencha davantage la tête, en faisant mine de réfléchir. Elle trouvait la situation clairement stupide. Rachel était paranoïaque et opinant du chef pour lui faire comprendre qu’elle trouvait tout ce cirque ridicule, la blondinette planta son regard dans le sien avec une pointe de défi dans la voix « Comment te prouver que je suis de bonne foi, Rachel ? » Elle ne la quitta pas des yeux pendant longtemps et souriant machinalement, elle éclata de rire avant de se retourner et de reprendre son chemin pour quitter la scène « De toute façon, ça ne sert à rien que je me fatigue. Tu me détestes déjà, je me trompe ? »

N’attendant pas la réponse de sa camarade - qu’elle était sûre de déjà la connaître, Ecaterina descendit de la scène. Elle aurait tellement voulu que les choses se passent différemment. De plus, elle était certaine qu’elles deux se seraient très bien entendue. Mais, Rachel avait décidé que cela devait se passer ainsi. Tant pis. Ecaterina de la pousserait pas à l’apprécier. En revanche, il était hors de question qu’elle la laisse salir ses principes sous le seul prétexte qu’elle était jalouse et paranoïaque : elle ne laisserait pas passer ça.

« Alors pourquoi tu t’en prends à moi, comme ça ? Si vraiment tu étais convaincue par ma parole, Rachel, tu n’aurais jamais essayé de me déstabiliser d’entrée de jeu. » Ecaterina se retourna avant de descendre de scène. Ses cheveux suivirent le mouvement, restant élégamment étendue sur le côté de son épaule droite. Sa déception lui donnait une expression mignonne qui n‘était pas du tout préméditée, quand bien même ça ne changeait absolument rien : elle était belle et encore plus sous la lumière des spots qui illuminait le théâtre. Une petite poignée de personnes parvenaient aisément à comprendre pourquoi des filles comme la jeune chanteuse s‘entêtaient à vouloir envier Ecaterina. Oui, elle était jolie, ce n’était pas la nouvelle du siècle, c‘était une évidence. Seulement, pour la principale intéressée ce n’était pas aussi facile que ça. La blondinette n’était pas du genre à flatter son ego, loin de là et elle n’était pas aussi sûre d’elle que ce que les autres semblaient penser : elle n’avait absolument rien de plus que les autres et cette confiance factice qu’elle dégageait était une carapace bien trop lourde à porter pour ses frêles épaules. Non pas qu’elle se détestait mais, elle n’était pas remplie d’un amour aveugle pour son petit être ; trop petite et menue, elle se trouvait une banalité affligeante et ne se regardait que très rarement, dans le miroir. Évidemment, elle ne se vantait pas d‘être aussi peu en phase avec elle-même, elle était bien trop pudique pour ça. Rachel avait tout pour elle, Cat le pensait sincèrement et la regardant un court instant en riant par dépit, elle posa une main sur son front, opinant du chef. La jeune fille avait réussi à la piquer dans son orgueil « Tu ne me connais même pas. Tu as juste fondé ton opinion sur ce que tu as cru percevoir dans le regard de ton petit ami. Je ne trouve pas ça honnête, et j‘aimerais comprendre. » ajouta-t-elle, profondément blessée. Ecaterina n’avait même pas besoin que Rachel lui donne une réponse - aussi intéressante qu’elle fut, cependant. Elle lui avait déjà bien fait comprendre qu’elle la craignait comme la peste à cause de sa beauté. Et quand elle lui avoua le fait qu’elle n’aimait pas que son petit ami regarde d’autre filles, cela la conforta dans son idée. Tout était là : les raisons pour lesquelles elle préférait rester dans son coin, seule et contre tous venaient de lui exploser en pleine face, comme un pétard surprise particulièrement garnit le jour de la nouvelle année - tout le monde était tellement persuadé de se connaître les uns et les autres à cause d’une apparence ou d’une rumeur stupide… que même la personne la plus honnête du monde ne parviendrait jamais à réussir à avoir gain de cause, cela la mettait hors d’elle et l’affectait beaucoup. En fait, Rachel n‘était peut-être pas tellement différente de ceux qui la chahutait dans les couloirs. Non, peut-être pas. Glissant les mains dans les poches arrières de son jean, Ecaterina regarda le sol plutôt que son interlocutrice, sentant la colère prendre le pas sur sa déception grandissante, elle s‘humecta les lèvres en les pinçant et releva le menton « Tu sais, je ne connais pas Quinn Fabray. On raconte des choses sur elle ici mais, je ne sais pas ce qu’il c’est passé entre elle et Finn. Ça ne sont pas mes affaires et je m’en fiche. » dit-elle sans pour autant hausser le ton. Cat était une jeune fille douce, on le lui avait déjà reproché ; elle parvenait toujours à garder un contrôle parfait de sa voix parce que pour elle, c’était l’élément le plus amène de trahir le réel ressenti d’une personne - qu’elle soit contrariée, heureuse ou malheureuse et dans cette catégorie, elle était très douée. C’est pourquoi sa voix se faisait toujours calme, sereine : personne ne devait réussir à la percer à jour, ça non… elle ne le supporterait pas. L’amphithéâtre était silencieux, seule le débit rapide des paroles de sa camarade brisait la quiétude de l’endroit. Aussi, Ecaterina en avait assez d’être immobile et avançant à nouveau vers Rachel, elle esquissa un sourire quant à ses paroles et haussant les épaules, elle concentra son attention sur un spot au loin « Et même si j’étais au courant de toute cette histoire, ça ne changerait pas les sentiments que j’éprouve pour lui. » ajouta-t-elle mais, elle se rendit compte de son erreur et évidemment, elle ne voulait pas que Rachel saute sur l’occasion pour la lui reprocher. De ce fait, elle retira les mains de ses poches et en tendit une devant elle « Les sentiments amicaux, bien entendu. » Elle esquissa un sourire furtif, et s’approcha davantage « Ce que j’essaie de te faire comprendre, c’est que tu devrais arrêter de penser que tout le monde est contre toi et convoite toute les choses qui t’appartiennent. » Tant pis si elle se montrait un peu brutale dans sa manière de s’exprimer mais, Ecaterina avait l’impression que Rachel adorait se faire passer pour la jeune fille en détresse de l’histoire et même si elle tachait de ne pas se l’avouer, cela l'agaçait. Elle laissa alors sa phrase en suspend, sachant pourtant pertinemment ce qu’elle allait lui dire et regardant en l’air, en haussant les épaules, elle termina « Tu n’es pas le centre du monde, Rachel.  »

Elle aurait put en tirer une satisfaction quelconque mais, décidément, Cat n’était vraiment pas faite pour le conflit. Ses mains étaient tellement moites qu’elles laissèrent une trace de sueur sur son avant-bras : elle fallait qu’elle parvienne à rester calme. Enfin, tout ça, ce n’était pas nouveau. Durant des années entières, elle n‘avait jamais réussi à tenir tête à sa propre mère alors, se disputer avec une parfaite inconnue, c‘était totalement au dessus de ses forces et de toute façon - malgré les quelques défauts dont elle était détentrice, elle n‘était pas du genre à prendre en grippe la première personne qui se mettait sur son chemin ; elle ne voulait pas détester sa camarade, elle voulait la soutenir et l’aider, même plutôt que d’essayer de la convaincre qu’elle n’était pas une voleuse de petit ami mais, elle se sentait obligée de se justifier et c’était parfaitement normal. Du moins, c’est comme ça qu’elle voyait les choses. Bientôt, elle décida qu’il était temps de la laisser cogiter face à son attitude qu’elle jugeait agressive et se redressa pour refaire le chemin jusqu’aux escaliers pour la seconde fois. Seulement, Rachel l’interpella à nouveau et se ravisant, la jolie jeune fille pencha la tête sur le côté et la fixa.

Dans un sens, elle comprenait Rachel. Mais, pas dans l’autre. Si elle aimait Finn, elle devait avoir une confiance aveugle en lui. Elle ne les connaissait pas assez pour savoir si oui ou non leur relation perdurerait dans le futur. Toujours est-il que si Rachel persistait à douter ainsi de la fiabilité de son amoureux, cela ne durerait pas longtemps. Cat n’avait jamais eu de petit copain. Elle avait aimé des garçons en secret, comme toute les filles de son âge mais, jamais rien de bien concret. Si elle le regrettait ? Un peu, parfois mais, elle était une solitaire et puis, son heure viendrait sans aucun doute. Toutefois, elle n’avait pas d’idéal. Elle voulait juste attendre de ressentir assez de sentiment pour quelqu’un pour sauter le pas et s’engager. L’amour, c’est avant tout de l’amitié. De l’amitié pure, inconditionnelle et de ça, devait en découler une certaine complicité… mélangée à de l’altruisme, tout ça donnait de l’amour. Du moins, c’était son point de vue. Rachel aimait Finn. Oui, mais pas assez pour lui faire confiance et cela désola, la jeune fille qui la regarda avec une tristesse mal dissimulée. Et si Finn apprenait qu’elle le soupçonnait d’autant de malhonnêteté ? Écoutant les dires de Rachel d’une oreille distraite, l’adolescente passa furtivement sa langue sur ses dents, ce qui trahissait un agacement qui commençait tout doucement à s’emparer d’elle. Rachel était égocentrique, Finn le lui avait dit. Et c’était un défaut, elle n’aimait pas ça pourtant, elle tenta de se calmer et joignit les mains sur le devant de son buste, observant les moindres faits et gestes de la chanteuse qui avait des manières bien trop théâtrales à son goût. Puis, elle lui avoua qu’elle n’avait pas confiance en elle et qu’il était soi-disant difficile d’être elle. Ecaterina fronça les sourcils. Elle avait déjà comprit que Rachel n’était pas du genre à s’aimer - du moins, physiquement et le fait qu’elle remette ceci sur le tapis à chaque fin de phrase la fit longuement soupirer. Bon Dieu, le physique ce n’était pas important ! Et même si c'était le cas, Rachel était mignonne ! Regardant derrière la jeune fille avec un rictus dédaigneux, Ecaterina arrêta son regard bleu azur sur un miroir faisant partie du décor. Une idée germa dans son esprit et assimilant les paroles de la jeune fille qui lui disait qu’elle ne la détestait pas, elle attendit quelque instant quand sa dernière bride de phrase l’agaça tellement qu’elle lui attrapa la main avec virulence et l’emmena de force jusqu’au miroir.

« On va faire une expérience, tu veux bien ? » Durant leur petite course, Ecaterina ne la regarda pas, elle se contenta de pincer les lèvres et de la faire avancer, sans la brusquer toutefois. Il fallait que Rachel comprenne qu’elle n’était pas si hideuse qu’elle semblait le croire. Il fallait qu’elle arrête de faire toute une histoire de ses petits défauts physique et c’est pourquoi, elle était prête à se faire violence - tant pis si cela l’amènait à faire des mois et des mois de thérapie. Arrivant devant l’accessoire de torture, Ecaterina plaça Rachel en face du miroir et lui serra les épaules avant de se positionner à côté d’elle, les bras le long du corps : elles étaient tellement différentes, du tout au tout ! Et cela la fit sourire. Évitant à tout prix de fixer son propre reflet, la jolie blondinette se concentra sur celui de Rachel et désigna toute la longueur de la jeune fille d’une main « Dis-moi ce que tu vois dans ce miroir. » Essayant de sonder le regard de sa camarade à travers le miroir, Cat roula des yeux quand elle la vit hésiter et pivotant sur ses pieds, elle se tourna vers elle puis elle dégagea son visage de quelques mèches blondes, son meilleur profil se reflétant dans la glace « Fais-moi confiance, d’accord ? » murmura-t-elle, et posant une main amicale sur son épaule, elle pivota une seconde fois sur elle-même et tomba nez à nez avec son propre reflet. Pendant un moment, elle se fixa mais, assez rapidement, elle se remit à cligner des yeux et sortant de ce trouble passager, elle n’oublia pas pour autant la mission impromptue qu’elle s’était fixée « Allez, tout restera entre nous. Je te le promet. » dit-elle pour rassurer la star en herbe et glissant ses pouces dans les poches avant de son pantalon, elle patienta avec une certaine excitation. Faisant quelques mouvements de têtes encourageants pour que Rachel se lance enfin.

« Woah. » lâcha silencieusement la blondinette quand sa camarade commença à énumérer sans vergogne la liste de ses défauts physique. D’ailleurs, Ecaterina ne put d’empêcher de secouer la tête lentement, soupirant discrètement et regrettant que Rachel ait une aussi piètre image d’elle. Au départ, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle s’était lancée dans cette expérience improvisée. Inconsciemment, elle avait peut-être eu le désir de détourner la conversation sur autre chose - c’est-ce elle faisait tout le temps quand elle estimait que son interlocuteur s’intéressait un peu trop à elle. Toutefois, maintenant, elle avait envie que Rachel ouvre les yeux, elle voulait l’aider à se sentir mieux, à être en accord avec son corps et ce physique qu’elle garderait à tout jamais. C’était un comble pour une adolescente qui ne s’appréciait pas tellement. Enfin, Rachel avait réussie à la toucher, cette fois : elle parvenait à imaginer ce que devait être son caractère quand elle se laissait un peu aller, quand elle n’essayait pas de tout contrôler et cela lui plu - beaucoup plus que sa scène de jalousie stupide de tout à l’heure. Face au miroir, Ecaterina ignora avec un dédain qui n’était pas feint son propre reflet et croisa le regard de sa camarade qui lui demandait à quoi mènerait cette expérience. Aussi, elle avoua entre deux brides de phrases qu’elle allait voir un thérapeute et esquissant un sourire malicieux, Ecaterina pencha la tête - les thérapeutes, tous des escrocs, pensa t-elle - et considérant les questions de sa camarade, elle arqua un sourcil mais, n’y répondit pas pour autant.

« A mon tour, maintenant. » Son cœur se mit à battre à la chamade dans sa poitrine et la sensation étrange qu’il allait s’expulser de lui-même lui donna le tournis. Si elle mettait Rachel face à sa propre image, elle devait aussi jouer le jeu. Retournant le regard vers la glace, elle se toisa pendant un moment et élargit son sourire jusqu’à ce que l’on distingue une rangée de dents droites et brillantes, parfaitement alignées qui illumina son visage « Je n’aime pas mon sourire. Quand je souris trop, on voit mes gencives. Je ne trouve pas ça esthétique puis, j’ai des fossettes, ici… » Et touchant du bout des doigts les fossettes qui s’étaient dessinées près de sa bouche, elle les creusa doucement avec son ongle et haussa les épaules « Elles sont hideuses. Ma mère avait les mêmes. » Son regard se détourna sur le reflet de Rachel et elle cessa de sourire, se concentrant à nouveau sur le sujet - c’est-à-dire elle-même « Mes sourcils sont mal dessinés, on ne les voient presque pas parce que je suis blonde. Je déteste ça. Je me suis déjà teint les cheveux, il y a longtemps. Je me trouvais plus mignonne, plus mystérieuse : j’aurais adoré avoir ta couleur de cheveux. » Elle s’humecta les lèvres discrètement, sa langue roulant sur ses lèvres retroussées et se redressant peu à peu, elle laissa ses mains frôler ses cuisses « Ma peau est trop blanche. J’ai une poitrine trop petite, comme toi. On doit faire à peu près la même taille. Enfin, pas là… tes semelles sont épaisses. » Faisant glisser ses yeux sur les chaussures de Rachel, elle ne prit pas la peine de se regarder une nouvelle fois mais, continua son discours « J’ai été grosse, à un moment donné. Pas obèse ou ce genre de chose mais, j’avais de bonnes cuisses et des joues de hamsters - c'est comme ça que dit mon frère. Aujourd’hui, je suis normale : ni trop grosse, ni trop mince. Normale. »

Ecaterina insista grossièrement sur le dernier mot, serrant les dents avec force puis, elle regarda le sol pendant encore un long moment. Se confesser de la sorte était quelque chose qu’elle n’avait jamais fait, auparavant. Consciente de la tournure que prenait les choses, elle n’était pas en train d’essayer de se décharger d’un poids trop lourd à porter ; son seul but était de venir en aide à son amie et s’il fallait qu’elle dévoile un peu de sa personne pour la convaincre que toute les idées qu’elle se mettait en tête étaient stupides, elle était prête à le faire - et sans y réfléchir plus longtemps. Son physique avait été le centre des conversations durant un trop grand nombre d’années pour qu’il ne prenne pas une place primordiale dans sa vie. Elle s’était faite au fait qu’elle était un peu différente des autres. Cela dit, ce n’était pas pour autant qu’elle l’appréciait et qu’elle était d’accord avec cela, bien au contraire. Elle avait dû s’y faire, oui. Son désir d’aider Rachel était poussée par le fait qu’elle avait vécue la même sensation désagréable à quelques années d’intervalles à la différence que ce physique courtisé avait été son métier. Aujourd’hui, il lui arrivait de prendre soin d’elle. Les seules choses qu’elle regrettait de l’époque passée à se faire dorloter était les vêtements sublimes qu’on lui offrait - elle en avait fait, des économies. Maintenant même sans tout ça, elle tachait de bien s’habiller et elle accordait une importance particulière à son style vestimentaire. Sans en faire trop, cependant. Elles devaient vivre avec leurs images. C’était compliqué, fichtrement difficile et parfois, ils leurs arrivaient de se sentir mal à cause de ça mais, tout s’arrangerait - tout finissait toujours par s’arranger. A ce moment précis, c’était en partie ce que la jeune fille voulait faire comprendre à Rachel. Un peu troublée, elle reprit conscience de l’endroit où elle était et chassant tout ces souvenirs de son esprit, elle reprit une légère inspiration en levant la tête et haussa les sourcils en même temps. Ensuite, elle reporta son attention sur le miroir et sourit à Rachel.

« Je ne m’aime pas beaucoup, tu sais. » Elle opina du chef, comme pour appuyer ses dires et elle glissa les mains dans les poches de son jean « Les autres ne se moquent pas de moi parce que je ne leur en donne pas l’occasion. Je suis arrogante et cynique. » dit-elle et elle laissa s’enfuir un petit rire puis, elle baissa la tête, la longue mèche de cheveux coincée derrière son oreille s’échappant de sa prison forcée et frôla son visage, délicatement. Gênée, elle tapa la pointe de son pied sur le sol, son rire s’amenuisant « Je ne suis pas comme ça, d'habitude. Je suis différente, en dehors du lycée parce que tout est beaucoup plus facile pour moi... » reprit-elle, d'un ton monotone « Si tout le monde ici se rendait compte que je suis effrayée par tout ça, tu sais comment cela se passerait. Je deviendrais leur cible privilégiée. Et je ne suis pas quelqu'un de très courageux, je me laisserais couler contrairement à toi. » Elle esquissa un sourire en coin. L'ironie était perceptible sur son visage, elle l'avait fait exprès. Aussi, elle reprit une courte inspiration en clignant « C’est la dure loi de la jungle, Rachel. J'apprends vite et j'ai compris dès mon arrivée comment cela fonctionnait, ici. » Ecaterina regarda en l’air, la pointe de sa ballerine balayant le sol au rythme des petits coups réguliers qu’elle y donnait. Elle se mordit la lèvre évitant de regarder sa camarade et se cambra soudainement, affrontant son profil, elle écarta doucement les bras, les épaules relevées « Alors oui, je suis arrogante. Je rase les murs, je me fais toute petite - ce n’est pas bien difficile, regarde-moi. »

Elle se mit à rire - un rire amer, presque triste et écartant les bras davantage, elle fit un tour sur elle-même pour que Rachel constate à quel point elle était effectivement, petite. Tout ce qu’elle disait était vrai. Elle n’avait jamais vraiment voulu être aussi discrète. Si elle avait pu avoir le contact facile, dieu sait qu’elle aurait tenté d’être un peu plus sociable. Mais, elle avait tellement peur… des tas de choses l’effrayaient si bien qu’elle ne pouvait même pas les énumérer sans craindre d’éclater en sanglot. C’était une jeune fille fragile. Personne ne semblait le remarquer et c’était tant mieux. Retrouvant son équilibre après son petit tour, elle s’arrêta nette et patienta quelques instants avant de se retourner à nouveau vers Rachel, la lèvre frémissante, le regard fuyant et soudain, elle s’approcha d’elle.

« Prend confiance en toi, Rachel. » Elle se plaça devant elle, lui attrapa les épaules et plongea son regard dans le sien « Tu as déjà confiance en ton talent et tu as raison, tu es la personne la plus douée que je connaisse. Je suis sûre que tu vas devenir quelqu’un. » Un furtif sourire se dessina sur son visage mais, rapidement il disparut et déglutissant avec difficulté, elle serra dans une étreinte amicale un peu plus ses mains autour des épaules de la jeune fille et sérieusement, elle continua « Mais, il faut que tu t’endurcisses. Que tu sois fière de toi - au sens large du terme - assume-toi, forge-toi une carapace et avance !  » Elle opina du chef, son visage retrouvant cette expression de douceur qui la définissait si bien et lâchant les épaules de la brunette, elle fit pivoter son visage vers le sol et le releva aussitôt « Crois-en mon expérience. Le monde que tu convoites et bien plus cruel que le lycée. »

Ecaterina la regarde une derrière fois, ses lèvres se retroussèrent et elle les pinça brièvement, tournant les talons ; elle en avait déjà bien trop dit, il ne fallait pas qu’elle s’attarde sur d’autre détails qui la trahirait, c’est pourquoi elle préférait fuir et la laisser réfléchir un peu. De cette manière, elle passa une main dans ses longs cheveux en avançant de son pas gracieux vers les escaliers, elle posa le pied sur la première marche et s’apprêta à les descendre mais, elle se ravisa et tourna le visage vers la jeune fille, au milieu de la scène

« Penses-y, d‘accord ? » Puis, elle descendit les marches rapidement, tenant d’une main tremblante la rampe qui lui permettait de garder son équilibre. Dans son for intérieur, prenant conscience de toute les choses qu’elle venait de dire, elle sentit le malaise s’installer petit à petit dans sa tête et sa respiration se bloqua, lui donnant l’impression de suffoquer. Elle ne voulait plus qu’une chose : partir… loin.

Silencieusement, Ecaterina priait pour que Rachel ne l’alpague pas en retour. Elle aussi se connaissait par cœur et ce sentiment étrange qu’elle ressentait ne présageait rien de bon : elle était en train de perdre pied et pas qu’un peu, son esprit s’embrouillait et il était préférable qu’elle quitte l’amphithéâtre avant de craquer et de ne laisser entrevoir une partie d’elle qu’elle faisait tout pour dissimuler. Descendant les marches avec une hâte mal dissimulée, elle sauta sur ses pieds une fois arrivée en bas et traversa la première allée de sièges magistralement, la tête haute et le cœur battant - encore plus que quelques rangées et elle pourrait enfin respirer.

D’un certain côté, cette discussion avec la jeune fille était bénéfique : la glace avait été rompue et elles savaient maintenant - à peu près - ce que chacune pensait de l’autre. Pour sa part, Ecaterina appréciait Rachel et elle était sincèrement blessée par ses accusations, bien plus que ce qu’elle lui avait montré : elle ne s’aimait pas des masses, certes mais, elle savait qu’elle était une bonne personne, une fille raisonnable et sincère - bien qu’un peu bornée et mystérieuse mais, personne n’est parfait. Rachel était tellement sûre de connaître son petit ami qu’elle en oubliait de prendre en considération les principes de sa camarade. Ecaterina était vexée. Profondément vexée et sans doute qu’elle n’oublierait jamais cet affront mais, ce n’était pas bien grave, elle s’en remettrait… comme toujours : elle n’était pas à une déception près.

Marchant à pas soutenus vers la sortie, l’espoir qu’elle avait nourrit que Rachel la laisse partir sans s’adresser à elle de nouveau explosa en éclat quand la brunette ouvrit la bouche avec aplomb. Dans une rangée éloignée de la scène, elle se stoppa nette regardant d’abord devant elle, elle inspira profondément ; la porte n’était plus qu’à quelque pas. Ecaterina pouvait faire mine de ne pas l’avoir entendue et s’enfuir en courant. Secouant la tête, la jolie jeune fille se mordit la lèvre, furtivement. Non, ce n’était plus comme ça qu’elle voyait les choses maintenant et s’enfuir ne résoudrait rien alors, fermant les yeux, elle l’écouta et ce qu’elle redoutait le plus arriva :

« Rachel… » murmura-t-elle dans un souffle rauque tout en se retournant vers la jeune fille. Pour la seconde fois, elle la trouva impressionnante ainsi juchée sur la scène, éclairée par les spots et tout les défauts qu’elle avait énuméré plus tôt lui revinrent en tête : elle n’avait vraiment pas de quoi complexer. Sa théâtralité lui donnait un charme certain qui éclipsait toutes ses petites imperfections. Ecaterina n’était pas certaine d’apprécier ce côté dramaturge mais, le sujet n’était pas là et se raidissant, le regard dur et les sourcils froncés, elle opina du chef quand la jeune fille lui demanda de rester loin de Finn. Penaude, la blondinette baissa la tête et cligna des yeux - elle aurait facilement put se mettre à pleurer, elle se sentait tellement fautive. Toutefois, elle ne voulait pas donner cette satisfaction à sa camarade et relevant la tête, les sourcils toujours froncés à l’extrême, elle répondit « Si c’est-ce que tu veux, très bien : je prendrai mes distances.»

Se contenta-t-elle de dire et elle la regarda avec intensité pour la dernière fois, la toisant avec un dédain feint puis, étouffant un mi-rire éraillé, elle se retourna. Sa gorge était tellement serrée et douloureuse qu’elle ne parvenait plus à déglutir convenablement : elle avait soif. Se redressant de toute sa petitesse, ses cheveux frôlant délicatement son dos, elle reprit son chemin sans attendre davantage - c’était une évidence maintenant, elle ne souhaitait plus parler à la jeune fille. Oui, c’était puéril mais, comment agir différemment ? Rachel voulait qu’elle garde ses distances. Soit, elle le ferait. Cela ne sera pas facile et elle devrait se faire violence mais, elle n’avait qu’une parole et la respecterait - quitte à souffrir et se renfermer.

Avançant lentement jusqu’à la porte, Ecaterina la regarda s’approcher au fur et à mesure. L’ascension lui parut longue, interminable et prenant conscience que plus rien ne sera jamais comme avant pour elle, elle pinça les lèvres nerveusement : Finn était son seul ami, à McKinley High. Rachel ne devait pas s’en rendre compte mais, elle était isolée du reste des lycéens… c’était un choix, certes mais, lui demander de couper les ponts - en quelque sorte - avec son seul lien avec ce monde qu’elle ne connaissait pas était vraiment cruel. Parvenant enfin jusqu’à l’entrée, Ecaterina sentit les larmes lui monter aux yeux. Reniflant machinalement, elle posant sa petite main sur la surface lisse de la porte, hésitant un instant avant de la pousser ; elle tourna la tête vers Rachel, les yeux remplis de larmes et la bouche entrouverte.

Ecaterina aurait voulu ajouter quelque chose ou lui en faire comprendre davantage : elles se ressemblaient bien plus que ce qu'elle imaginait. Toutefois, c’était inutile, elle perdrait son temps à vouloir faire de Rachel une alliée - une amie, pourquoi pas. Croisant son regard une dernière fois, Cat détourna les yeux et se résigna : poussant légèrement sur la porte, elle percevait déjà les bruits extérieurs à l'amphithéâtre. Baissant les yeux avec tristesse, la porte s’ouvrit sous son coup de main puis, dans un sourire maussade, elle quitta enfin l’endroit.

- TOPIC TERMINÉ -