Ryder descendit de l’autobus, écouteurs sur les oreilles, sac sur le dos et mains dans les poches. Le garçon n’avait pas la chance d’avoir une voiture comme la moitié de sa classe. Son père n’avait jamais accepté de lui en payer une. Par contre, lorsque Connor lui en avait parlé, le paternel n’avait pas hésité une seule seconde. C’était juste. Connor était sportif et Ryder, musicien. Cela faisait longtemps qu’il ne se souciait plus de cela. Et puis le bus, ce n’était pas si mal.

Il marcha 2 coins de rue et ouvrit la porte du Starbucks coffee, avant d’y entrer il laissa passer une vieille dame qui voulait sortir de l’établissement. À l’intérieur, il jeta un coup d’œil rapide. Assuré que celle qu’il devait rencontrer n’était pas déjà là, il alla s’installer au fond du café. Par chance, l’une des banquettes venait de se libérer. Il ouvrit son sac à dos et sortie son ordinateur portable qu’il posa sur la table et appuya sur la touche démarrer. Il fouilla ensuite dans son sac afin de trouver les feuilles qui expliquaient le travail à faire mais ne les trouva pas. Il se rappela ensuite, qu’il les avait oubliées dans son cartable qui se trouvait dans son casier. En espérant que sa coéquipière les avait bien apportés.

Parlant de sa partenaire, quelle ne fût pas sa surprise d’entendre le professeur de français dire son nom à la suite de celui de Camélia Figgins, mais sûrement pas autant que la jeune fille qui ne devait probablement pas savoir qui était Ryder. Oh, mais il ne fallait pas lui en vouloir. La pompom avait sûrement d’autres choses à s’occuper que d’un pauvre musicien solitaire, comme sa coiffure, sa prochaine fête ou le prochain mec qu’elle allait draguer. Ryder n’était pas le genre à juger les gens, mais une fois qu’on avait vu une cheerleader, on les avait toutes vues. Elles étaient toutes faites dans le même moule. Quoique certaines étaient plus évoluées et il semblait y avoir un peu de changement dans les rangs des princesses du lycée. Quoi qu’il en soit, le musicien n’avait pas le choix et à ce qu’il avait vu de la jeune fille, elle semblait souriante et sûr d’elle et puis, elle était très jolie. Leur devoir consistait à faire une recherche sur un auteur français au choix, lire l’une de ses œuvres, en faire l’analyse avant d’en faire un exposé. Bref, un devoir qu’il aurait bien pu se passer.

Ryder regarda sa montre. 11 heures. Elle ne devrait pas tarder. Il ouvrit une page Internet et navigua sur un site de musique en attendant Camélia.

Les écouteurs toujours sur les oreilles et concentré sur son écran d’ordinateur, Ryder ne vit pas Camelia arrivée, même s’il s’était placé de façon à l’a voir arriver pour ne pas la manquer. Il sursauta légèrement lorsqu’elle s’assit à côté de lui telle une rafale de vent.
D’un coup sec, il tira sur le fil de ses écouteurs qui les fit tomber et se retourna vers la jeune fille.

"Hen? Oh salut! "

Il sourit à la cheerio. Subtilement, il regarda l’heure à la droite de son écran. Celui-ci indiquait 11 :06 AM. Pas mal. Il s’était attendu à ce que la brunette arrive 1 heure en retard ou même qu’elle le contacte au dernier moment pour lui dire qu’elle ne pourrait pas être là pour le rendez-vous. Ou bien, qu’elle serait super fatiguée parce qu’elle avait fait la fête toute la nuit. Il ne semblait pas que ce soit le cas. C’était tant mieux. Ils allaient pouvoir se débarrasser de la première partie du devoir aujourd’hui, si tout allait bien. En plus, Camelia semblait de bonne humeur et prête à travailler.

"C’est pas un site de téléchargement. C’est un forum de discussion de musique. "

Le dit forum, Ryder pouvait y passer des heures. C’était principalement sur ce site qu’il découvrait de nouveaux groupes et nouvelles chansons. Il tourna son portable pour que Cam puisse voir le nom du site : Music4life. Peut-être qu’elle le connaissait. Sait-on jamais. On le considérait tout de même comme l’un des sites de référence le plus connu dans le monde musical.

"Ton portable plante parce que c’est pas bien de télécharger des chansons! C’est le karma. "

Il haussa les épaules en pinçant les lèvres comme pour dire qu’il n’y pouvait rien et qu’il était faussement désolé. Il n’était pas vraiment sérieux. Il n’allait quand même pas sauter au cou de la cheerleader parce qu’elle piratait la musique. Télécharger gratuitement de la musique ou des films était chose commune pour leur génération. C’était ancré en eux. Lui en tant que fou de musique, il achetait des Cds et parfois des vinyles mais il ne condamnait pas tous ceux qui préféraient télécharger. Il ne serait pas sorti du bois si ça avait été le cas.

"Désolé, je peux pas t’aider. J’ai pas ce type de site, mais d’après-moi ils sont tous pareils et bourrés de virus."

Bien sûr, lorsqu’il était plus jeune et ne pouvait pas payer lui-même ses albums parce qu’il ne travaillait pas et donc n’avait pas d’argent, il avait aussi eu recours aux sites de téléchargements et les virus avaient causé un tas de soucis à l’ordinateur familial.

La réponse de la jeune fille ne surpris pas Ryder. Oui, le forum était connu dans le milieu de la musique mais il traitait beaucoup plus des styles alternatif et « underground ». Il n’y avait qu’une petite section dédiée à la musique commerciale. Ce n’était pas la plus achalandée mais Ryd’ aimait bien aller la consulter une fois de temps en temps. Les pop stars ne faisaient pas que des torchons, certains étaient talentueux et originaux. Le problème était que les chansons passaient à toutes les heures dans les radios, c’est plus ce côté de la pop qui irritait le garçon.

Pendant que Camelia navigua sur le forum, il ne pu s’empêcher de la regarder plus attentivement. Il ne pouvait pas se cacher qu’être aux côtés d’une fille aussi sexy le rendait mal à l’aise mais il ressentait aussi un peu de fierté. Lui, le gars plutôt ordinaire en compagnie d’une beauté universelle avec ses longs cheveux bruns, sa bouche pulpeuse et surtout ses yeux bleus pétillant. Il suffisait de jeter un petit coup d’œil dans la place pour s’apercevoir qu’un minimum de trois paires d’yeux regardaient dans leur direction, dont l’un des mecs semblaient avoir un peu de bave sur le bord de la bouche, à moins que ce ne soit que la mousse de son latté. Ryder reporta son attention sur la belle.

"C’est pas grave. On peut pas tous être parfaits! "

En lui répondant, il lui avait sourit pour lui faire comprendre qu’il blaguait et qu’il ne se prenait pas au sérieux. Ne connaissant pas la jeune fille, il ne savait pas comment elle prenait les taquineries. Par expérience, il savait que certaines filles pouvaient être très susceptibles. Le musicien trouva tout de même la Cheerio très mignonne de faire semblant de s’intéresser à son site. Il sourit intérieurement. Son cou élancé avancé vers l’écran, ses yeux plissés qui tentaient de décoder les pseudonymes et les groupes peu connus. À moins qu’elle aille besoin de lunettes?...

Il éclata de rire lorsqu’elle fit une mimique plus ou moins flatteuse comme si elle cherchait quelque chose comme son karma. Au moins, elle n’avait pas peur du ridicule!

"Si tu veux avoir un bon karma, tu sais qu’il existe des sites de téléchargements payants? C’est un dollar la chanson…mais bon, je dis ça comme ça! "

Mais pourquoi est-ce qu’il continuait avec cette histoire de karma alors qu’il n’y connaissait rien et surtout qu’il n’y croyait pas? La réponse était tout de même évidente mais il doutait que cela impressionne la brunette. Bon, celle-ci semblait prête à se mettre au travail et sortit son portable. Il ferma la page Internet de son forum et en ouvrit une nouvelle pour leur travail. Il rougit légèrement en attendant le qualificatif « beau bonhomme ». Il n’aimait pas les compliments et ne trouvait pas que cela le concernait. Il avait certes une bonne stature mais il ne prenait pas réellement soin de son apparence. Il ne peignait pas ses cheveux, enfilait des vêtements simples, il était nonchalant et il se rasait aux trois jours. Bref, il était ordinaire.

"En fait…non. Je l’ai oublié dans ma case. "

Embarrassé, il passa une main dans ses cheveux. Bon, Camelia n’avait pas la feuille, elle aussi. Ils étaient mal barrés. Le garçon se rappelait du devoir principal mais aucunement des points importants à traiter. Même si la présence de la cheerleader était loin d’être déplaisante, il voulait se débarrasser de ce travail au plus vite. Il avait prévu de jammer avec Zack, ce soir et il ne voulait pas trop s’attarder.
"Alooors, on fait quoi? On peut trouver notre sujet puis…on improvise ou, t’as le numéro de quelqu’un dans la classe? "

À chaque cours, il l’a voyait discuter avec tout le monde, elle devait avoir un ou deux numéros de téléphone.

On pouvait dire que ces deux-là faisaient une belle paire. Tous les deux avaient oublié la feuille des consignes pour leur travail. Camelia avait oublié son cellulaire et Ryder était trop paumé pour avoir le numéro de téléphone d’un des élèves de son cours. Il n’avait pas de réels amis dans le cours de français. Il parlait à deux ou trois personnes et s’entendait bien avec eux, mais pas de là à avoir leur numéro de téléphone. Il n’était pas du genre à demander le numéro de téléphone à toutes les personnes qu’il rencontrait afin de frimer sur le nombre de numéros de téléphone qui étaient enregistrés dans son répertoire et faire semblant d’être populaire et d’avoir pleins d’amis. Seules les personnes de confiance figuraient dans sa liste de contacts. Enfin bref, les deux partenaires n’étaient pas bien avancés.

Donc, c’était tout? Chacun allait remballer ses choses et partir de son côté? Toute une rencontre d’équipe. Elle aurait durée un gros dix minutes. Ryder n’avait pas envie de rentrer chez lui. De un, il n’avait rien d’autre à faire à part de jouer à sa console video. De deux, son père était à la maison, donc impossible de gratter la guitare et de trois, la pompom girl semblait gentille et d’agréable compagnie. S’ils étaient pour être partenaires pour une longue période, ils devaient bien apprendre à se connaître et c’était toujours intéressant de rencontrer de nouvelles personnes, cela faisait changement. Ryder parlait et voyait régulièrement les trois mêmes personnes, soient Leah, Zack et Robbie. Un peu de différence ne ferait pas de mal dans sa petite vie!

Le problème était de trouver une bonne raison de convaincre la brunette de passer une petite partie de la journée à discuter avec lui. La jeune fille avait sans doute mieux à faire que de rester là avec un garçon avec qui elle ne semblait avoir aucun point en commun sauf le travail de français. Il était si absorbé dans ses pensées qu’il ne remarqua pas que Camelia n’avait fait aucun mouvement pour ramasser ses effets et se préparer à quitter le Starbucks. Elle semblait réfléchir. Puis, elle fit part de son idée. La première réaction du musicien fût de pouffer de rire. Non, mais elle blaguait? Non. Elle ne blaguait pas. Elle semblait même très sérieuse. Ryder fronça les sourcils.

"Mais qu’est-ce que tu fiches avec l…Oh!"

Cela lui prit quelques secondes mais il comprit. Camelia Figgins comme dans le principal Figgins. Ouais, Ryder était perspicace. Mais la question restait la même. Qu’est-ce qu’elle fichait avec les clés de l’école? Ryder se doutait que le directeur du Lycée ait gentiment donné à sa nièce un trousseau en lui faisant promettre d’en faire bon usage et de s’en servir qu’en cas d’urgence, comme l’oubli d’une feuille de consigne par exemple, avec une petite tape amicale sur l’épaule. Non, la belle avait du en faire des doublons.

"Eeeh, c’est pas si urgent tu sais. On peut se donner un autre rendez-vous à la place. Tu veux pas un café à la place? Aller, je te l’offre!"

Il se fichait bien que Camelia le prenne pour une poule mouillée. Il n’avait pas envie d’avoir des ennuis. Pendant les ?? années que duraient le lycée, il avait réussi à ne pas trop se faire remarquer et il souhaitait que cela reste ainsi. Ryder n’était pas nécessairement à cheval sur les règlements mais il essayait tout de même d’éviter de les enfreindre, sauf pour son cours d’économie ou il ne se gênait pas pour arriver en retard. La jeune fille semblait déterminée et pas du tout préoccupée par le fait qu’ils pourraient se faire prendre. Peut-que le fait d’être la nièce du directeur et d’habiter avec ce dernier lui certifiait une certaine protection mais lui il n’avait rien ou personne pour le défendre.