La rentrée au lycée McKinley était comme toutes les précédentes. Une dense marée d'élèves qui se précipitent doucement vers les portes, s'installent et discute avec enthousiasme de leurs vacances d'été. Tout le monde avait quelque chose à raconter. Certains étaient allés faire du ski dans les alpes. D'autres avaient profités des plages de Floride. D'autre encore avaient simplement décidés de faire des petits boulots par-ci par là. Et c'est avec ferveur que tout le monde s'en vantait. Saphira elle, n'était pas sûr de vouloir raconter les deux mois de vacances qui s'étaient écoulés. Peut-être parce qu'elle aurait eu l'impression de faire tâche dans le décors ... Après tout, la seule chose qu'elle aurait pu raconter c'était que sa mère était décédée et qu'une demi-soeur sortie de nulle part était venue s'installer à la maison. Bonnes vacances en perspective, n'est-ce pas ? Assise sur un siège du bus scolaire, près de la vitre, Saphira secoua la tête en soupirant. Il fallait toujours qu'elle remue le couteau dans la plaie en se montrant aussi cynique, se n'était pourtant pas son genre. La jeune femme monta le son de son mp3 pour couvrir le son des conversations que les étudiants entretenaient derrière elle. N'étant plus plongée dans ses pensées, elle relevait distinctement le fait que le jeune homme se trouvant derrière elle avait réussi sa technique de drague sur une fille et blablabla, le genre de discussion qui pouvait facilement lui taper sur le système, surtout lorsque cela était débité par une personne aussi peu lumineuse d'esprit que Cormac Millbooks. Elle resta concentrée tandis que Gwen Stefani s'époumonait dans ses oreilles, la chanson Rich Girl.

Lorsque le bus s'arrêta sur le parking du lycée, Saphira prit son sac et le laissa pendre le long de sa hanche en descendant la marche plutôt traîtresse du véhicule. C'est vrai qu'une personne maladroite pouvait se prendre facilement les pieds et tomber à la sortie du bus, heureusement ce n'était pas son cas, dans l'éventualité où cela aurait été problématique, faisant partie des cheerios. Seule et ne prêtant pas attention à grand monde, Saphira traversa le parking et pénétra dans l'enceinte de l'établissement. Elle chercha un instant quelqu'un de sa connaissance, mais personne ne semblait être là. Pas même Madison Sullivan, une jeune blonde peu sympathique qui l'avait dans le collimateur depuis quelques temps déjà. Elle s'estima heureuse de ne pas l'avoir dans le coin, n'étant pas d'humeur à supporter son regard transperçant. Elle se dirigea donc seule vers son premier cour de la journée, sachant déjà que celle-ci serait longue... Smile Saphira.

C'était la dernière chose qu'elle avait à faire dans la journée, la chorale. Saphira fut franchement étonnée. Elle ne s'attendait pas à ce que cela soit si relaxant et le moins qu'on puisse dire c'est que cette heure consacrée aux "Awesomes Voices " avait remplit à la perfection sa fonction principale ; lui vider la tête de toutes pensées négatives. C'est pour cela qu'elle fut complètement détendue dans le couloir. C'est pour ça aussi que ce n'est qu'une fois bien avancée vers la sortie du lycée qu'elle se rendit compte qu'elle avait oublié quelque chose. Ou plutôt quelqu'un et d'une manière assez brutale, elle percuta la paume de sa main contre son front en s'apercevant qu'elle avait complètement négligé Duncan Baxter qui devait l'attendre depuis une petite vingtaine de minutes à la bibliothèque. Elle pivota rapidement sur ses talons, rejetant ses longs cheveux bruns en arrière. Comment cela avait-il pu lui sortir de l'esprit ? On lui avait pourtant rappelé dans l'après-midi que c'était bel et bien ce soir qu'elle devait donner son premier rattrapage au jeune Baxter... La jeune Harper ne mit pas plus de cinq minutes à rejoindre le point de rendez-vous et ouvrit rapidement la porte de la bibliothèque. Qui émit un grincement lugubre qui se répercuta sur les murs. Elle remarqua aussitôt la silhouette de Duncan, assise sur une chaise, la posture respirant considérablement l'ennui. Honteuse, Saphira senti son visage se déformer en une mine reflétant exactement comment elle se sentait à cet instant ; gênée. Elle s'approcha et le vit se redresser et avant qu'il ne dise quoi que ce soit, prit la parole Je suis vraiment désolée, j'ai complètement oubliée que c'était ce soir que je devais t'aider ... dit-elle en se débarrassant de sa veste pour la poser sur le dossier de sa chaise..

Comment Saphira avait-elle pu oublier le rendez-vous fixé à la bibliothèque ? Plus sérieusement, comment avait-elle pu jusqu'à sortir du lycée, l'air de rien sans même se rendre compte tout de suite qu'elle avait zappé quelque chose. Le moins que l'on puisse dire c'est que son heure de tutorat avec Duncan Baxter lui était complètement passé sous le nez et si elle n'avait pas remarqué la luxueuse voiture garée sur le parking, peut-être même qu'elle s'en serait aperçu que le lendemain matin. Pourtant, le coach de l'équipe de foot le lui avait rappelé à l'heure du déjeuner, alors qu'elle était bien trop occupée à prendre son repas au self-service pour prêter une réelle attention à ce qu'on lui disait. En plus, entourée de Lucy et quelques autres cheerios, il aurait été étonnant qu'elle retienne un traître mot de ce qu'il aurait pu lui raconter, vus le niveau des conversations qui pouvaient s'élever très facilement à la table où elle était assise. Il n'empêche que ce n'était pas une excuse et elle s'infligea littéralement une claque sur le front lorsque cela lui revint à l'esprit. Regardant sa montre, elle constata qu'elle avait tout juste vingt minutes de retard et se mordilla la lèvre en pivotant rapidement sur ses talons. Elle aurait pu passer par son casier pour déposer ses affaires ; c'est-à-dire son sac de sport qui contenait sa tenue de pom-pom girl, son manteau et quelques livres de cours, le tout la rendant plutôt chargée, cependant elle ne prit pas le risque d'arriver plus en retard qu'elle ne l'était déjà. S'hâtant dans les couloirs vides du lycée, seuls les bruits de ses pas résonnant contre les murs recouverts de casier, elle se dit que la prochaine fois, elle brancherait son portable suffisamment fort pour que celui-ci lui rappelle qu'elle était une tête-en-l'air et qu'elle avait un cours à donner et surtout à ne pas manquer.

À peine arrivée devant la porte de la bibliothèque que la demoiselle poussa le panneau de celle-ci, ne s'attardant pas sur le seuil. Elle constata que la salle était inoccupée si ce n'était part la présence de celui qui l'attendait et qui semblait mourir d'ennuis, ayant pour seule occupation de griffonner sur la couverture de son cahier. La première chose qu'elle se dit c'est qu'il aurait peut-être pu commencer un minimum sans elle, genre ouvrir son livre à la bonne page, mais non il l'attendait, un point c'est tout. Saphira n'en fit pas le commentaire, n'étant pas vraiment bien placée là tout de suite, pour émettre une critique et s'approcha de la table où il était installé, commençant par s'excuser pour son retard. Elle posa ses sacs sur le sol et se débarrassa de sa veste qu'elle déposa sur le dossier de sa chaise. Ce à quoi elle ne s'attendait pas, c'était la réaction peu positive de son élève. Garde ta salive je me fiche du pourquoi du comment. Maintenant il te reste moins de 40 minutes pour me faire comprendre le chapitre un. Après je me casse et la prochaine séance aura lieu chez moi. Ça m'éviteras de perdre mon temps dans cet endroit pour les ploucs. Saphira resta un instant de marbre. Un long instant même et elle le regarda ouvrir son livre. À sa place, une autre fille aurait sûrement explosé d'une réplique cinglante. Une autre aurait bredouillé une nouvelle excuse ... Saphira elle, se contenta d'un haussement d'épaule et s'assit sur sa chaise, replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Disons que pour perdre son calme, il en fallait plus qu'un abrutis congénital impoli. Elle sortie sa trousse lorsqu'il reprit la parole, avec ce même ton définitif qui semblait le caractériser. Bon je dois faire les exercices 8 et 14. Quelles sont les réponses et la démonstration. Cette fois-ci, Saphira bloqua net. Il n'espérait tout de même pas la prendre pour son larbin de service tout de même ? Il est clair qu'une majorité des cheerios ne servait qu'à ça, se traîner aux pieds des sportifs et accomplir comme tout le monde, le moindre de leur désir. Cependant ... il n'avait tout de même pas imaginé, qu'en le faisant venir ici, Saphira allait simplement faire ses exercices et le laisser partir, avec la satisfaction du travail bien fait par quelqu'un d'autre ? Tss. C'est ça et pendant ce temps, tu te tournes les pouces en regardant le plafond ? ironisa-t-elle, la mine qui voulait dire " tss tss t'a trop cru toi ". Elle n'était pas là pour se faire utiliser de la sorte. Si tu crois être là pour ça, me regarder faire et repartir le sourire aux lèvres, tu peux partir tout de suite car ce n'est pas mon rôle. Après, il nous reste quarante minutes où je peux t'aider à comprendre le chapitre un et voir comment tu appliques le cours à tes exercices. Si ça ne te convient pas comme technique et bien je ne peux rien pour toi. finit-elle sur un ton très calme, mais tout aussi définitif que celui qu'il avait employé pour exiger d'elle ce que de toute manière, elle n'exécuterait pas. Elle le regarda un instant, les bras croisés sur la table. Elle ne savait pas encore comment il allait réagir, elle espérait simplement qu'il ne se lève pas de la table pour quitter la pièce... quoi qu'après tout, ça ne serait pas son problème. S'il ne décidait pas de travailler, ce ne serait pas elle la pénalisée, mais lui. À voir s'il avait assez de jugeote pour s'en apercevoir.

Ah ben c’est vrai que ça m’arrangerait de me tourner les pouces. Mais j’ai déjà eu 20 minutes pour le faire en attendant que Mlle Harper daigne venir ici. Hmm... touché. La jeune demoiselle ne répondit pas à ce coup bas, se contentant de lui rappeler qu'elle n'était pas là pour lui servir de larbin de service, qu'elle n'était pas là pour ça et que si cela ne lui plaisait pas, il était toujours libre de partir. Après tout ça ne serait pas son problème à elle. Elle se débrouillait très bien dans les diverses matières et n'avait pas à s'inquiéter pour son avenir, contrairement au jeune homme - du moins d'après le peu que le coach lui avait précisé, c'est à dire, pas grand chose. Saphira posa son regard chocolat sur le jeune homme, attendant patiemment de recevoir sa réaction. Contre toute attente, le jeune homme se leva en s'emparant de son sac et en rangeant d'un simple mouvement, ses affaires avant de se diriger vers la porte, sans dire un mot. Honnêtement, ce qui survint chez Saphira fut la déception. Pas un soulagement d'avoir son mardi soir et les autres soirs de la semaine qu'elle devait lui réserver, ni l'énervement de ne pas avoir été prise au sérieux.... non juste de la déception. À croire qu'il ne se pensait pas capable de rester assis, devant un livre de math. Ou encore, comme s'il pensait perdre son temps - ce qui devait être le cas sinon il n'aurait pas quitté sa chaise. La jeune femme s'adossa au dossier de sa chaise en soupirant, alors qu'elle avait entendu la porte de la bibliothèque s'ouvrir, puis se refermer. Elle se croyait seule. C'est sûrement pour cela qu'elle lâcha entre ses dents tout bas, mais sûrement assez audible pour être entendu. Et merde ... Elle se pencha pour reprendre sa veste, lorsqu'elle vit le jeune homme un peu plus loin, hésité devant la poignée de la porte de sortie. Elle le vit prendre une grande inspiration et revenir vers elle, le visage fermé.

Autant dire qu'elle fut étonnée lorsqu'elle le vit s'asseoir à la place qu'il venait de quitter. Immobile, elle le regarda sortir une nouvelle fois ses affaires et les poser devant lui, plaçant aussi une paire de lunette sur son nez ce qui lui donnait un air très ... différent. Plus sérieux sans doute. Là tout de suite, si Saphira avait été une autre elle aurait sûrement lancé ' j'préfère ça ' ou encore ' c'est bien ce que je pensais ' cependant, elle se tût tous simplement, ne se croyant nullement supérieure à lui pour le simple fait qu'elle réussissait un exercice de math là où il échouait. Après tout, si les choses marchaient comme ça, se serait à lui de lui apprendre à jouer au foot, vu comment elle était douée là-dedans ... enfin bref. Saphira rajusta ensuite sa position sur sa chaise en s'accoudant à la table lorsqu'il leva les yeux vers elle, interrogateur. En fait j’ai pas trop compris comment résoudre une équation carrée à deux inconnus. J’ai compris le truc avec les identités remarquables et je sais l’appliqué. Mais dans l’exercice 8, ils disent en appliquant l’identité remarquable positive au premier degré, résoudre ce système de 4 équations à 2 inconnues. Donc faut en résoudre deux mais elles servent à quoi les deux autres ? Saphira ne pu s'empêcher de sourire, au moins il était avisé dans ses questions et il savait ce qu'il ne comprenait pas - ça l'avançait déjà pas mal. Combien d'élèves avait-elle pris sous son aile alors qu'ils ne savaient pas ce qui clochait ? Au moins Duncan en avait déjà une idée. Elle rapprocha sa chaise de la sienne de telle sorte qu'elle soit face à son livre et prenant un crayon entre ses doigts - plus pour l'avoir dans les mains que pour s'en servir - elle commença Alors c'est simple ... commença-t-elle avant d'entamer son explication avec des mots moins compliqué que ceux utilisé en classe. Des mots qui expliquaient sans détour le pourquoi du comment. Elle passa dix petites minutes à lui en faire un tableau, lui expliquant le rôle que jouait les deux autres inconnues. Enfaîte c'était simple, surtout lorsque Saphira l'expliquait. Elle essayait d'être clair dans ce qu'elle disait et espérait l'être car elle vit le jeune homme froncer des sourcils plusieurs fois derrière ses lunettes. Finalement, elle s'arrêta de parler sur une conclusion et demanda doucement Est-ce que tu as des questions sur ce que je viens d'expliquer où c'est bon ?

Elle posa sur lui un regard attentionné, attendant une réponse de sa part.