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 01. La Belle et la (très) Bête

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MessageSujet: 01. La Belle et la (très) Bête   01. La Belle et la (très) Bête EmptyMer 18 Aoû - 13:34

ON AIR /// Puppetmastaz - Mephistopheles


La fouine (Martes foina) : Espèce de mammifère carnivore d'Europe et d'Asie, au pelage gris-brun, courte sur patte, de mœurs nocturnes, qui s'attaque volontiers aux poules des poulaillers et surtout à leurs œufs. C'est une martre (ou marte) faisant partie de la famille des mustélidés, au même titre que la belette, le blaireau ou le putois, petits mammifères carnivores se caractérisant souvent par leur odeur forte.


Le Bescherelle, arme de destruction massive contre les analphabètes qui peuplent McKinley, dit vrai : ces bestioles sont parmi nous. Elle s’attaquent aux dindes de la basse-cour dans l’unique but de subtiliser leurs secrets les plus noirs (ou roses, sur la 6, tard le soir). Ces teignes indécrottables s'accrochent à vos basques et ne s'en détachent pas tant qu'elle n'ont pas votre peau. La prose de Bāndô, poète incomprise du XXIème siècle, aurait plutôt fait référence à des scatophiles pratiquant des fouilles intenses des fondements de leurs victimes en quête des fameuses boîtes de Pandore, mais tenons-nous en à la métaphore des gallinacés.

Bāndô referma le sacro-saint dictionnaire avec fracas, relevant les yeux en fronçant les sourcils. La bibliothécaire (qui se refusait toujours à consacrer une étagère aux revues pornographiques malgré les supplications de l’adolescente) la fusilla du regard, forçant sur ses pattes d’oies. L’ignorant, Urushima se tourna vers la fenêtre, observant au-dehors, visiblement déçue par la météo.


« Mince, manquait plus que la foudre, j’avais le gol-ri de méchant de film qui allait avec ! Fais chier. »

Sans plus attendre, elle quitta la bibliothèque, vers l’infini et au-delà, en espérant que Buzz meurt dans Toy Story 4. À peine le pied dehors, Bāndô remit son casque, le volume à fond sur du rap-electro-allemand avant de prendre un Candy’Up dans son sac, le sirotant en silence. Marchant au beau milieu des couloirs, paille en bouche, elle put observer le comportement des élèves qu’elle croisait ; regards craintifs de geeks, attitude hautaine des cheerios : les fouines avaient frappé. En effet, ne connaissant rien du personnage, le tout McKinley savait d'ores et déjà qu'elle venait de la Jane Addams Academy, et, plus alléchant pour les amateurs de ragots, qu'elle avait été mise à la porte pour une raison qui leur échappait encore. L'attitude nonchalante de la japonaise ne faisait que conforter les curieux dans l'idée qu'ils se faisaient de la petite frappe. Ce nouveau lycée l'avait déjà étiqueté : Bāndô Urushima n’était définitivement pas une personne fréquentable. Ce cliché lui assurait le respect (hypocrite) de ses camarades ; cette réputation l'arrangeait bien, on lui fichait la paix, mais elle regrettait l'étroitesse d'esprit de cette bande d'adolescents attardés. L'un d'entre eux avait fait appel à elle en se reposant sur cette image préfabriquée. Sa cible : Oxanna Prescott, la tête à faire tomber. La consigne avait été claire, il ne s'agissait pas de l'effrayer car d'autres s'y étaient cassés les dents : la fouine ne reculait devant rien et ce n'est pas des menaces qui allaient l'arrêter dans sa quête aux secrets. Cette-fois, il fallait lui faire comprendre qu'elle serait en danger tant qu'elle continuerait ses investigations. Cent dollars contre une agression physique. De quoi lui offrir deux jeux de Playstation 3, les deux versions du nouveau Pokémon, un Charleston ou un nouvel ampli. Bāndô n'allait pas cracher dans la soupe ! Mais il était hors de question de remettre les couverts, elle avait tiré un trait sur ses écarts de conduite. Sa violence intérieure ne devait pas exploser au grand jour... En continuant sa marche silencieuse, la musicienne reprit ses esprits, finissant sa boisson pour gosses en manque de calcium.


Avant de passer à l'acte, elle avait déjà cherché à en savoir plus sur Oxanna, en l'acceptant sur Twitter. Après,... elle avait eu un trou de mémoire. Jusqu'à aujourd'hui. Le regard insistant de son commanditaire lui avait rafraîchi la mémoire. C'est donc en ne sachant rien de plus sur sa cible, qu'elle partit à la chasse à la fouine. Et comme disait le Bescherelle, l'animal sentait mauvais. Elle comptait traquer sa proie à l’odeur (enfin, elle s’en persuada, car elle tomba par un heureux hasard sur la crinière blonde d'Oxanna). Bāndô s'arrêta net, en donnant son Candy'Up vide au premier venu. Aussitôt, elle se plaqua contre le mur, hors du champs de vision de l'enquêtrice qui fouinait dans le bureau du professeur de sport. Ouvrant la tirette de son Eastpack, ce n’est pas un canif, ni un bombe lacrymogène qu’elle sortit, mais bien une lampe torche. Ensuite, elle dégagea la forme rectangulaire qui déformait son sac à dos : son ghetto blaster en main, elle le coinça sur son épaule. Bāndô entra alors avec toute la discrétion d’un Queen Mary II avant de refermer la porte bruyamment et d'appuyer sur l'interrupteur: Oxanna se retrouva plongée dans le noir. Le boomer de l’appareil retentit alors : la musique de Psychose de tonton Alfred se fit entendre ; le faisceau lumineux sous son menton, Bāndô, alluma et éteignit la torche à plusieurs reprises, reproduisant l'arrivée de Mitsuko Sôma, fille n° 11 de Battle Royale, qui terrifie Megumi Eto avant de lui trancher la gorge à la faucille.

« TA-TA-TAM »

Bāndô braqua ensuite la source de lumière sur le visage de sa proie.


« C’est l’heure de mourir, vil mustélidé ! »

Le rond lumineux descendit doucement vers le léger décolleté de l'étudiante ; la japonaise se recentra sur la tête, celle qu'on vise quand on veut faire un FRAG à Unreal Tournament 3, le meilleur First Personnal Shooter de tous les temps.
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Oxanna Prescott
Oxanna Prescott
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Age : 24 ans
Occupation : Détective à la Police de Lima
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Statut : En couple avec Keegan
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MessageSujet: Re: 01. La Belle et la (très) Bête   01. La Belle et la (très) Bête EmptyDim 22 Aoû - 14:08

Plus que cinq minutes et Oxanna pourrait mettre son plan à exécution. En attendant, la demoiselle était tranquillement assise sur les gradins du terrain de foot et sirotait son granité au raisin. Son esprit ne décrochait pas de sa cible du jour : Luke Stevenson. Parce que celle que les élèves surnommaient la fouineuse - ou la fouine tout court - entre eux détestait ne pas satisfaire sa curiosité, elle avait passé deux heures la veille au soir à chercher des informations sur Mr Stevenson. Et ses découvertes l'avaient laissée bouche bée. Arrivait-il au Principal Figgins d'embaucher des gens normaux à McKinley ? Tanaka et son cerveau de la taille d'un pois chiche, Sylvester et son complexe de supériorité, Pillsbury et sa misophobie... Bon, pour le dernier exemple Oxanna y allait un peu fort. Emma ne pouvait pas commander sa peur panique des microbes et souffrait certainement beaucoup de sa situation. En outre, elle était une personne douce et gentille, totalement à l'écoute des élèves - même si les conseiller correctement relevait de l'impossible. Mais Figgins n'avait franchement pas eu de flair en laissant certains de ses professeurs rejoindre son équipe enseignante. Une nouvelle fois, Oxy constatait qu'il s'était complètement planté avec ce Luke Stevenson.

Des voix masculines se firent entendre en-dessous de la blondinette, et bientôt la porte des vestiaires s'ouvrit sur les joueurs de football. Les uns à la suite des autres, ils sortirent sur le terrain en trottinant, suivis de leur coach et de son éternel bandeau rouge. Oxanna fit un signe à Lucas lorsque ce dernier la repéra sur les gradins et se concentra sur la suite des opérations. Elle n'eut pas à attendre bien longtemps : les footballeurs ainsi que leur entraîneur se mirent en formation, et elle sut alors que plus personne ne pouvait l'apercevoir. Aussi rapide que l'éclair, Oxanna descendit les quelques marches qui la séparaient du sol et entra dans le sanctuaire des mâles. Heureusement qu'ils débutaient leur entraînement, ou l'endroit sentirait tellement la transpiration que ça en aurait été intenable. Repérant le sac de Luke, l'adolescente y plongea sa main et esquissa un sourire victorieux lorsqu'elle en sortit... les clefs de son bureau. Génial. A partir de maintenant, elle avait environ une heure pour fouiller la pièce en question et remettre ça en place. Ni vu ni connu.

Parce que les vestiaires donnaient aussi sur le terrain intérieur, Oxanna colla son oreille contre la porte et attendit. Ce serait louche qu'on la repère en train de sortir de là... mais juste à côté se trouvaient les vestiaires des filles. Si elle pouvait faire quelques pas sur la gauche sans qu'on ne la remarque, elle aurait tout gagné. Ne repérant qu'un bruit de ballon de basket, Oxanna poussa doucement le battant et osa jeter un oeil. Décidément, c'était son jour de chance ! Son amie d'enfance se trouvait là, à faire quelques paniers toute seule, pendant que deux brunettes discutaient sur les gradins en bois, sans prêter aucune attention à ce qui se passait autour d'elles. Sans plus attendre, Oxanna quitta sa cachette et échangea rapidement quelques mots avec Sarah avant de reprendre la direction des couloirs...

La plupart des profs étaient sensés se trouver en cours. Donc, elle n'avait presque aucune chance de se faire attraper par l'un d'eux. Si le risque avait été plus grand, Oxanna aurait attendu un peu. Elle était curieuse mais pas stupide, loin de là. Tournant la clef dans la serrure, elle prit soin de refermer derrière elle en priant pour que la chance décide de lui sourire encore un peu : en effet, il y avait une petite fenêtre découpée dans la porte. Floutée peut-être, mais on pouvait aisément distinguer sa chevelure blonde à travers. Tant pis, elle n'aurait qu'à s'accroupir pour être sûre.

Bon, par où je commence..., dit-elle en allumant la lumière - la pièce étant plongée dans l'obscurité par les stores.

Elle avait hésité à prendre une lampe torche, mais le faisceau de cette dernière risquait fort d'attirer l'attention. Alors que le plafonnier... Les passants croiraient Luke Stevenson dans son bureau, tout simplement. Des papiers divers traînaient sur son bureau, mais Oxanna avait envie de regarder les tiroirs avant. Quand on avait un truc à cacher, on le mettait au fond de l'un d'eux, et pas à la vue de tout le monde. Elle scruta attentivement le premier. Rien d'intéressant. Alors qu'elle allait s'attaquer au second, elle entendit la porte s'ouvrir. Aussitôt, elle releva les yeux mais avant qu'elle n'ait pu voir qui venait d'entrer, les lumières s'éteignirent et la porte se referma. Elle ne pouvait rien distinguer grâce à la petite fenêtre : les couloirs de l'administration étaient sombres au possible. Normal, les élèves n'étaient pas sensés venir ici et les profs... se trouvaient tous en cours en cet instant précis.

Soudain, de la musique semblant provenir d'ici-même se mit à hurler. Oxanna reconnut immédiatement celle du film Psychose et aurait pu éclater de rire si la situation n'avait pas été aussi étrange. Elle n'eut même pas le temps de réagir à quoi que ce soit qu'une lampe s'alluma et se braqua sur son visage. Instinctivement, elle porta un bras devant ses yeux, aveuglée tout autant qu'agacée. Une voix grave s'éleva par-dessus la musique et annonça qu'il était l'heure pour elle de mourir... Puis, le faisceau descendit un peu pour éclairer la poitrine d'Oxy, et de nouveau elle se prit la lumière en pleine tête. Mais qui était-ce, enfin ? Et que lui voulait-il ? Pourquoi une telle musique et une telle entrée ? Sans aucun doute, c'était quelqu'un qui la savait ici et qui avait attendu le bon moment pour intervenir. Et un élève, aussi. Aucun prof ne ferait ce genre de choses. L'avait-on suivie ? Et pourquoi ? Plus énervée qu'apeurée - franchement, ça frisait le ridicule ! - Oxanna se mit à rire. Un rire forcé, mais un rire quand même.

Gé-nial ! Hitchcock ! Je suis sa plus grande fan ! Ca ferait une excellente surprise pour ma fête d'anniversaire ! s'exclama-t-elle, faussement enjouée. Seulement... Je suis désolée de te décevoir, mais je crois que tu t'es planté de jour. Reviens dans quelques mois, hein ?

Tout en discutant, elle avait fouillé son sac qui pendait au bout de son bras. L'inconnu étant focalisé sur son visage, il ne repéra rien et n'entendit rien non plus à cause de sa musique. En deux temps trois mouvement, Oxanna sortit sa propre lampe torche, l'alluma et la braqua sur son étrange visiteur... qui se révéla être une étrange visiteuse.

Bāndô ? s'exclama-t-elle, ne s'attendant pas à ce que ce soit elle.

Toutes deux ne se connaissaient pas personnellement, et ne s'étaient jamais adressé la parole. Maix Oxanna avait voulu faire des recherches sur elle et avait trouvé quelques trucs assez intéressant. Toutefois, parce qu'elle détestait raconter la vie des autres et ne voulait pas s'attirer des problèmes, elle n'avait jamais rien dit à personne. L'adolescente ne pouvait donc pas savoir qu'Oxy avait fouillé dans sa vie. Alors pourquoi était-elle ici ?

Qu'est-ce que tu veux ? demanda la blondinette, sans animosité aucune, plutôt curieuse de connaître le fin mot de l'histoire. Elle se tut quelques secondes puis fronça les sourcils et reprit. Et éteins-moi ce truc, bordel ! Tu vas finir par attirer quelqu'un ! Si on se fait choper, tu seras dans la même galère que moi !

S'aidant de sa lampe, elle avança vers la porte, où se trouvait encore Bāndô et ralluma la lumière, espérant que sa camarade appuierait très vite sur le bouton Stop de son appareil de malheur.
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MessageSujet: Re: 01. La Belle et la (très) Bête   01. La Belle et la (très) Bête EmptyMer 1 Sep - 21:15

Ce n’est pas un prof, ni un élève, ni une femme de ménage, ni le fantôme de Lady Di, ni la mère d’Oxanna, mais bien Bāndô qui l’agressait. Seulement visuellement pour le moment. Au rire de sa victime, le mystérieux agresseur mystère qui n’était plus très mystérieux, haussa le ton.

« On golri pas en ma présence. Sinon je découperais tes zygomatiques en rondelles pour en faire des apéricubes goût Fouine. Compris p’tit cul ? »

L’insolence d’Oxanna face à la menace allait donner du piment à cet échange, voire de la boue, un bassin et des bikinis.

« T’es zéro fan d’Hitchcock. Une blondasse, ça matte Secret Story. D’ailleurs tu sais qui s’est cassé au dernier prime ? »

Bāndô secoua la tête, reprenant ses esprits, comme si elle contenait un potentiel de connerie qui ne devait pas prendre l'ascendant son jeu de psychopathe désaxée. C’est là que la pimbêche, première du nom, répliqua avec sa lampe torche, l'éblouissant. L'effet fut instantané, comme une crème dix ans d'âge sur les rides d'une vielle morue : Urushima eut une réaction épidermique ; elle disparu derrière le bureau, comme si la lumière l’avait supprimé. Oxanna pouvait bien jeter un coup d’œil par-dessus le meuble, elle y verrait la jeune japonaise, allongée par terre, faisant la morte, allant chercher l'Award du meilleur second rôle dans une comédie dramatique. Elle rebondit à la seconde suivante, pointant du doigt la fouine :

« Et non ! Je ne crains pas la lumière, SATURDAY NIGHT FEVER c'est du flan ! Je brille pas comme une boule à facette en mode pute de Touilite. T’es une fan, j’en suis sûre, avec ta tête de bisounours là. Crache le morceau, blasphématrice. Tu veux te taper Roberte, HEIN ? Nan mais t'as vu sa gueule ! On dirait qu'il s'est prit un bus dans la gueule, j'pourrais faire du ski sur son front quoi, sa mère ! »

Puis, elle se souvint qu'Oxanna lui avait demandé clairement ce qu’elle attendait d’elle. Un lap dance, dans l’immédiat. Mais pour le moment, sa tête suffira.

« Ben je te l’ai dis ! Te tuer. Si je ramène pas ton scalp, je pourrais pas me racheter un ampli. Et ça, c’est problématique, vois-tu. »

Après les questions, les ordres ; « Oh oui, maîtresse, frappes moi ». C'était un élément de réponse. Mais bon. Pour l’instant, on se contentera de couper le son du ghetto blaster pour contenter sa Seigneurie. Bāndô s’exécuta donc avant de poser l’engin sur le bureau, pensant que son teint blafard lui dispenserait de son rôle de servante noire dans Autant en emporte le vent. Puis elle reprit son interlocutrice sur son mot favori en six lettres, je voudrais un « b », un « o », un « r », un « d », un « e » et un « l ». Consonnes. Voyelles. C’est quoi encore la différence ?

« On dit pas "bordel", c’est très impoli. »

Oui, Oxanna pouvait nettoyer ses oreilles au Kärcher : la fille la plus vulgaire de tout McKinley lui faisait la leçon, ce n’était plus l’hôpital qui se foutait de la charité mais tout le staff de Grey’s Anatomy, Urgences et Mercy Hospital confondu qui s'y mettait. Bien qu’entre nous, Meredith est moche et conne. Bāndô rebondit sur la mot « galère », sorti de la bouche d’Oxanna : tout était prétexte à dire des conneries.

« La galère, j’suis habituée, ghettogirl t’entends ? Tsss tsss. Wesh cousin. Nan j’déconne, c’est d’la merde le gangsta rap »

À la seconde où son intervention inutile s’acheva, une légère secousse se fit sentir, comme si Bāndô avait invoqué le malheur. Les deux adolescentes jetèrent un œil au-dessus de la porte vitrée ; Luke Stevenson s’approchait dangereusement du bureau. Ce branleur n’était-il pas censé être en cours ? Si on allait par là, Bāndô était censée être en cours. Entre planqués du système, elle reconnaissait son congénère. Il « surveillait » probablement un devoir, à sa manière. Le duo n’eut pas le temps de se concerter ; Luke essaya d’entrer, sans succès, Bāndô avait fermé la porte derrière elle en entrant : elle n’était pas totalement stupide, voilà une nouvelle rassurante ! Mais (mal)heureusement, l'écolière nippone possédait l’instinct de survie d’un bull terrier que l’on s’apprête à toiletter : ni une, ni deux, Bāndô déblaya ses cheveux sur la longueur, cachant une partie de sa crinière dans son t-shirt, ce qui ne laissait apparaître que les mèches courtes de son dégradé. Après cela, elle se releva net. Luke ne pouvait voir qu’une ombre ; la surprise fut rapidement remplacée par la colère.

« Non mais qu’est ce que ça signifie ? Qui êtes vous, ouvrez ! »

Bāndô porta alors sa menotte à sa gorge, pressant ses cordes vocales.

« Ahem… Euh… OUAIS. Oui je veux dire ! Décampez sur le champs, Stevenson, votre odeur de fennec agresse mes ovaires ! »

Son talent d’imitatrice, qui lui avait servi à ridiculiser tous les professeurs qui avaient eu le malheur de la connaître, trompa Luke, qui reconnu la voix sèche de Sue Sylvester, et la variété de son vocabulaire, par la même… Il tenta de répondre, interloqué dans un premier temps, mais Bāndô ne le laissa pas en placer une :

« Pas un mot ! Je suis occupée à décaper le dos de cette dinde engrossée de Quinn à la ponceuse, revenez plus tard ! »

Craintif de nature, il ne lui en fallait pas plus pour décamper ; qui n’avait pas peur de Sue dans cette école ? Bāndô attendit de ne plus entendre les pas du professeur pour soupirer un bon coup, relâchant ses épaules. Elle libéra ses cheveux pour retrouver sa longueur, avant de revenir vers Oxanna, se justifiant par rapport au portrait peu flatteur qu'elle venait de donner à Quinn. Elle ne connaissait pas cette dernière et n'avait donc rien contre elle, seulement, personne n'échappait aux bruits de couloirs : dur dur de vivre dans une basse cour, Jordy n'irait pas dire le contraire.

« Quoi ? Oh nan mais ça va, j’aime pas les ragots moi, mais tout le monde en parle, alors forcément. Pas d’ma faute si tout l’monde étale sa vie sur la place du marché, j’ai pas volé l’orange, me mate pas comme ça. »

Maintenant que Stevenson s'était évanoui dans la nature, Bāndô se laissa tomber le cul sur le siège, le faisant tourner deux fois avant de s’arrêter en face de sa victime, balançant par la même occasion sa lampe torche par-dessus l’épaule.

« Bref. Comment tu connais mon prénom. AH. Non. Ne répond pas, j’avais zappé que c’était CancanLand ce lycée d’merde. J’sais pas c’qu’on doit raconter sur ma poire, mais je m’en bats le steack. Et toi tu cherches grave la merde. Espèce de cochon truffier va. À fourrer son groin là où ça sent la girolle. »

Tout comme Oxanna le présageait, Bāndô était à milles lieux de s’imaginer que la fouine se roulait dans son linge sale. Si elle pouvait le faire nue, ça ne serait que mieux. Bref, il ne fallait pas oublier l’objectif ultime : faire taire l'animal, une bonne fois pour toute. Mais en acceptant ce deal, l’ex-délinquante ne comptait bien évidemment pas récidiver. Elle pourrait tout aussi bien ramener des mèches blondes d’une cheerios au commanditaire de cet attentat et justifier le fait qu'Oxanna n'avait pas cessé ses activité par le tempérament de cette dernière : une vraie Jeanne d'Arc, elle ne lâcherait rien, même avec le feu au cul. Urushima pouvait largement s’en sortir ainsi. Mais ce contexte lui offrait l’occasion de renouer avec sa violence intérieure... Si sa victime la provoquait, la riposte serait sévère. Mais pour le moment, la petite frappe n’avait pas l’air décidée à passer à l’attaque.

« Pour ton b-day, t’étais sérieuse ? Je suis DJ à mes heures perdues, me faut des thunes pour le prochain crossover Tekken X Street Fighter, tu vois le deal ? T’as quel âge ? T’as des sœurs ? T’es pas moche. »
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Oxanna Prescott
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MessageSujet: Re: 01. La Belle et la (très) Bête   01. La Belle et la (très) Bête EmptyDim 5 Sep - 19:19

Non. Oxanna n'avait décidément pas apprécié la menace. Faire de ce dont elle se servait le mieux de la bouffe pour apéro ? Et puis quoi encore !? Remontée contre cet intrus qui osait la déranger en pleines recherches secrètes - et sans aucune discrétion qui plus est, la lycéenne se mit à fouiller dans son sac afin d'en sortir sa propre lampe torche. Elle avait une furieuse envie de démasquer cet emmerdeur ; l'obscurité lui donnait un certain avantage certes, mais Oxy doutait qu'il soit toujours aussi sûr de lui une fois son identité révélée.
Son petit discours sur Hitchcock lui valut de nouvelles remarques fort désagréables, auxquelles elle répondit pourtant par un sourire amusé. Au moins maintenant, elle était certaine d'une chose : il s'agissait d'une fille.

Je sais que je devrais me sentir insultée, mais rassure-toi je ne le suis pas le moins du monde. Je préfère qu'on me pense aussi stupide que les blondes décrites dans les blagues nulles que les vieux célibataires se racontent au bar, après trois ou quatre whiskys. Ca me donne l'avantage sur tout le monde. Parce que figure-toi que si tu étais au moins aussi intelligente que moi, tu aurais remarqué que depuis deux minutes, j'essayais de trouver... ça ! lâcha-t-elle enfin en brandissant sa lampe, appuyant sur le bouton au passage. Surprise, son interlocutrice se jeta derrière le bureau avant même qu'Oxanna n'ait pu voir à qui elle avait affaire. Malgré tout victorieuse, la bondinette émit un rire sarcastique. Et pourtant, tu es brune, d'après ce que j'ai pu apercevoir avant que tu n'ailles te planquer - comme si ça servait à quelque chose d'ailleurs.

Une seconde de silence. Elle allait lui dire de se relever quand l'inconnue jaillit de derrière le meuble. Oxy écarquilla les yeux en la reconnaissant et eut tout juste le temps de prononcer son nom : Bāndô Urushima se lança dans un monologue sur le dernier film de vampires à la mode avant de cracher son venin sur Robert Pattinson. La lycéenne dut bien admettre qu'elle n'avait pas tort dans le fond, et sa réaction ne se fit pas attendre : elle éclata - encore une fois - de rire, à un tel point que le faisceau de sa lampe semblait pris de convulsions.

C'est gentil, mais... Roberte et sa manie de briller au soleil, très peu pour moi. Je suis plus du genre Anne Rice, si tu vois ce que je veux dire, avoua-t-elle finalement. Bon, et maintenant, qu'est-ce que tu veux ? Son regard se tourna ensuite vers le cracheur de musique que cette charmante demoiselle avait gentiment apporté. Imaginant qu'elles pourraient se faire prendre à cause de ça, le visage d'Oxanna se fit plus dur losqu'elle ordonna : Et éteins-moi ce truc, bordel ! Tu vas finir par attirer quelqu'un ! Si on se fait choper, tu seras dans la même galère que moi !

Bāndô entreprit de ne pas s'exécuter immédiatement, ce que la détective en herbe n'apprécia pas du tout. Croisant les bras sur sa poitrine, un sourcil inquisiteur levé, elle attendait une réponse à sa question. Alors comme ça, Bāndô était ici pour la tuer ? Son explication n'aurait pas tenu la route si Oxanna n'était pas totalement consciente que sa tête était mise à prix chaque jour, dans ce fichu lycée. Ou presque. Bien sûr, ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait peur, ou qu'un élève était « engagé » pour le faire. L'année dernière, elle avait surpris le timide et sympathique Ralph McGrath donner un coup de couteau dans ses pneus. Il ne lui avait fallu que cinq minutes pour lui tirer des aveux : Devon Kane n'avait pas été ravi de constater qu'on avait fouillé dans sa vie... alors il avait promis à Ralph de ne plus le jeter dans la poubelle pendant deux semaines entières s'il se servait d'un couteau - fourni avec les instructions, cela va de soi, Ralph ne possédait pas ce genre de trucs - pour déteriorer la voiture d'Oxanna Prescott. De la Fouine.

Effectivement, lâcha la blondinette entre ses dents, remontée à l'idée qu'on ait chargé son interlocutrice de la punir pour ses recherches.

Au même moment, cette dernière éteignit enfin sa musique de malheur, et débita un flot de conneries sur le gangsta rap. Nan mais franchement, elle se dopait à quoi cette fille ? L'expression d'Oxy vira de l'étonnement à l'incompréhension totale. Mais elle n'eut pas l'occasion de lui poser THE question car des bruits de pas se firent bientôt entendre. Oxanna jeta un oeil vers la porte vitrée du bureau et comprit aussitôt que quelqu'un approchait, risquant de les découvrir. Et merde !, jura-t-elle. Je le savais qu'avec sa foutue BO de Psychose elle allait attirer l'attention. Si je me fais attraper, elle me le paiera. Tout en râlant intérieurement, Oxanna remarqua que Luke Stevenson ne pouvait plus entrer dans son bureau : Bāndô avait du fermer la porte à clefs en entrant. La blondinette jeta un regard à cette dernière et secoua la tête, énervée. Elle s'était complètement planquée, ayant remonté son t-shirt autant que possible sur son visage. Si ça ne lui semblait pas aussi stupide et inutile, Oxanna aurait pu se prendre un bon fou rire.

Seulement la nippone était plus intelligente qu'elle n'en avait eu l'air jusque-là. Avec talent - il fallait bien le reconnaître - elle imita la voix de Sue Sylvester et força Luke à rebrousser chemin. Justifiant sa présence ici en expliquant qu'elle avait un entretien avec Quinn Fabray. Les mots que Bāndô utilisa déplurent immédiatement à Oxy, meilleure amie de l'ancienne cheerleader aujourd'hui risée de l'école, parce qu'elle était tombée enceinte et avait perdu sa place de cheerio. Bien qu'elle soit épatée des prouesses de son futur assassin, elle lui fit comprendre d'un regard qu'elle aurait pu sortir une autre excuse que celle-ci. Bāndô se justifia tant bien que mal, et Oxy haussa les épaules.

Bon, le principal c'est que t'aies réussi à le faire décamper, je suppose. Alors que Bāndô faisait mumuse sur le siège du nouveau coach sportif, Oxanna décida de ne pas perdre de temps et fouilla dans son armoire. Elle écoutait distraitement son interlocutrice, qui lui demanda comment elle connaissait son prénom avant de lui reprocher de fouiller dans la vie des autres. Oxy se tourna dans sa direction, un sourire malicieux gravé sur son visage. Pour ton information, je fourre mon groin où ça me chante, répliqua-t-elle. Et contrairement à ce que tu crois, toi et moi on n'est pas si différentes. Moi, je déterre le secrets de mes petits camarades pour engrosser le compte en banque qui paiera mes études. Et toi, tu acceptes de les emmerder et/ou de les terroriser - voire de les assassiner, après tout je sais pas franchement ce que tu vas finir par faire - pour te payer un nouvel ampli. Alors, tu te crois meilleure que moi, peut-être ?

Parfaitement sarcastique. Et pas du tout effrayée, au passage. Oxanna se doutait bien qu'elle ressortirait de ce bureau vivante. Dans le pire des cas, on avait payé Bāndô pour qu'elle lui mette un ou deux coups ; seulement la blondinette ne sortait jamais sans son taser et ce dernier se trouvait dans son sac à dos, à portée de main. Si son interlocutrice devenait franchement menaçante ou s'approchait un peu trop d'elle, il lui serait toujours possible de se défendre. Et elle le ferait. Penser le contraire serait mal la connaître.
Mais pour le moment, rien ne se profilait à l'horizon. Oxy continua ses recherches et Bāndô... continua son blablatage parfaitement inutile, suivi de questions et enfin de ce qui semblait être un compliment sorti de nulle part.

J'étais sérieuse et je vois le deal mais merci, non merci ; je vais déjà te permettre de racheter un ampli. Tu comprends, je voudrais pas que les gens croient que je suis vraiment généreuse, dit-elle en riant, avant de reprendre illico son sérieux. J'ai dix-huit ans. J'ai pas de soeur - ni de frère d'ailleurs. Et merci, toi aussi, enfin... quand tu prends pas cet air menaçant qui ne me fait strictement aucun effet, soit dit en passant.

Oxanna sentit que cette dernière remarque n'allait pas plaire à Bāndô ; elle ne semblait pas de celles que l'on impressonnait facilement. Elle le savait, pour avoir fouillé son dossier et appris qu'elle avait été virée de son ancien lycée. Mieux valait ne pas lui chercher des noises, et du moment qu'elle décidait de ne pas s'en prendre à elle, Oxy n'avait aucune raison d'entamer les hostilités. Elle soupira et secoua la tête, avant de rejoindre le bureau. Puis, elle posa ses mains sur ce dernier, et se pencha vers son interlocutrice. Sa voix se fit plus sympathique et surtout, blasée, lorsqu'elle s'adressa de nouveau à elle.

Ecoute, dis-moi qui t'a demandé de t'en prendre à moi et on sera quittes. Je veux pas d'embrouilles, mais je me dois de te prévenir que si tu fais ce qu'il veux, vous le paierez cher. Tous les deux. Tu me fais peur, tu me colles une ou deux beignes, et quoi ? Dans trois jours je suis de nouveau en pleine forme et j'aurais concocté un plan du tonnerre pour vous faire passer l'envie de recommencer. Le dernier à qui j'ai fait ce discours ne m'a pas cru, prévint-elle. Et aujourd'hui, il se trouve dans un établissement catholique ultra strict au fin fond du Vermont. Couvre-feu à neuf heures tapantes et sorties uniquement le samedi - pas plus de cinq heures. Et le dimanche, c'est évidemment prière du matin au soir. Inutile de te dire qu'il est très malheureux et je pense que s'il devait revenir en arrière, il me ficherait la paix. Elle fit une petite pause, afin que cette triste histoire se grave bien dans la mémoire de Bāndô. Tu vois le tableau ? Je me répète, je te menace pas directement. Mais à ma place, je suis certaine que tu ferais ton maximum pour te venger toi aussi. Si tu me dis tout et qu'on en reste là, ton... associé sera le seul à quitter Lima pour aller traire les vaches du Texas. Alors, qui et combien t'a-t-il promis ?
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MessageSujet: Re: 01. La Belle et la (très) Bête   01. La Belle et la (très) Bête EmptyVen 8 Oct - 16:03

La racaille des bacs à sable allait tomber la tête (creuse) la première, dans un bourbier dont elle n’avait pas idée… Mais pour le moment, elle ne se laissait pas impressionner par Oxanna l’intrépide, Oxanna la valeureuse, Oxanna la blonde platine. D’ailleurs, Bāndô se surprit de ses allégations ! Comment ça, elle faisait la promotion des blagues anti-blondes ? Et c’était quoi, cette histoire de célibataire et de bar ? Trop d’image pour le cerveau embrumé de la japonaise, qui le prit pour son grade, croisant les bras avec un air faussement offusqué.

« J’suis pas une vieille célibataire et je bois très occasionnellement. J’supporte pas l’alcool, j’ai l’estomac fragile et le palais sensible, figure toi. Alors j’te laisse imaginer le drame à la Saint Patrick... »

Elle avait menti sur un point ; proprement incapable de travestir la réalité, elle se rattrapa en se penchant légèrement vers Oxanna pour lui confier un murmure.

« Bon, ok, j’suis seule et aigrie avec mon chat. Mais j’supporte pas la compagnie, ça me casse les couilles tu vois. Un jour, y’a un gars qui m’a fait des tartines grillées avec la cuisson comme je les aime, juste blonde et même pas grillées en fait. Ben là tu vois, j’ai flippé ma race. J’ai su que j’étais prise au piège. Que la prochaine étape, ça allait être les biscottes au lit, pis le restau’ italien, pis la bague dans le verre de champagne, pis le test de grossesse, pis la maison et le fameux labrador. Alors j’ai paniqué, j’lui ai foutu mon poing dans la gueule et j’me suis taillée. »

Elle mimait ses paroles tout en racontant ses derniers périples avec un ex bien encombrant. Bāndô n’avait pas non plus apprécié la comparaison entre son QI et celui de la petite blondinette à forte poitrine.

« Et fais gaffe à mon intelligence supérieure, elle pourrait te sauter à la gueule au coin du feu sur une peau d’bête »

Aussi, l’angoissée paranoïde qu’elle était, prit l’hilarité d’Oxanna provoquée par son allusion à Touilite, comme une agression. Ayant autant d’estime pour elle que pour une palourde orpheline, Bāndô n’admettait pas qu’elle pouvait amuser la galerie. Elle recula alors au moment même où son interlocutrice laissa échapper un rire, se braquant immédiatement. Un peu plus et elle grognait. Sur la défensive, l’adolescente se montra alors plus agressive. Et ce n’est pas en l’accablant pour le boxon qu’elle foutait, qu’Oxanna allait obtenir la paix. Pourtant, Bāndô obéit, éteignant son ghetto blaster.

« M’en fous ! J’ai un bouclier anti-galère. J’m’en sors toujours. J’ai bien réussi à échapper à un épisode de Plus Belle la Vie. »

Puis, quand elle croisa les bras, arquant ce sourcil fin, Bāndô ressentit un léger malaise. Alors qu’Oxanna se demandait si la « fille au léger grain » était totalement sobre et lavée de toutes drogues, l’intéressée vacilla un tantinet, avant de reprendre son équilibre. Que lui arrivait-il ? Elle sentait ses forces l’abandonner subitement pendant que la fouine imaginait la japonaise sous speed. Son hyperactivité et son débit de parole avait au moins un avantage : celui d’être aussi à l’aise dans le rap que dans son univers de prédilection, le ROCK’N’ROLL, motherfucker. Comme pour reprendre pied face à ce coup d’mou, Bāndô pointa Oxanna du doigt, la fustigeant.

« T’arrêtes de râler oui ? T’es moche quand tu fronces les sourcils »

Ce qui ne s’arrangea pas quand la chercheuse de truffes empoisonnées émit une hypothèse sur son devenir, dans une pièce étroite avec une sociopathe pour seule compagnie. Bāndô se défendit d’être de ceux qui franchissaient le cap du meurtre. Non, elle, elle titillait, cognait, bastonnait, brûlait à l’indienne, rasait les crânes, coupait les couettes, mais elle ne passait jamais à l’acte.

« MOI ? Tuer. Non, c’est écrit dans la Bible, faut chouchouter son prochain. Moi je lui castagne la gueule de temps en temps parce que Jésus s’est pas payé les voisins que j’me tape, moi. Il me gave ce donneur de leçon. Si il s’était mangé un verre de slushy dans la tronche, il ferait moins le malin, le chef des Bisounours, là… »

Sans le savoir, Oxanna enchaînait les bourdes. Il y eut d’abord cette réflexion : « Tu comprends, je voudrais pas que les gens croient que je suis vraiment généreuse ». Bāndô se garda bien de répondre, mais ce genre de répliques lui valait en général, un gracieux « Et t’es aussi généreuse avec ton cul ? » Mais la japonaise était vraiment quelqu’un de très « distinguée ». Puis le compliment retourné, sur son physique, vint s’ajouter à la pièce montée que la fouine venait de s’offrir, et qui allait lui retomber en pleine poire. Toute marque d’affection, mots doux ou geste altruiste, était vu comme autant d’agressions par la nippone, grande handicapée du sentiment. Troisième provocation ; sa posture. Oui madame. Ainsi penchée sur le bureau, Oxanna offrait une vue tridimensionnelle sur les prémices de sa poitrine, communément appelée « balcon », pour le plus grand bonheur de la voyeuse, qui ne lui fit pas remarquer, profitant du panorama sans aucune discrétion. Mais elle ne put s’empêcher d’ouvrir sa grande bouche au bout d'une minute de spectacle.

« C’est plus un balcon là, c’est la fête à tous les étages, sabrez le champomy quoi ! DONNEZ-NOUS LA FOUINE, ON VOUS REND LE CHIEN ! »

Mais c’est à ce moment-là qu’Oxanna aggrava son cas ; menacer une aliénée violente et paranoïaque ? Rodriguez ! Elle croyait peut-être que son histoire d’école de catho’ coincés effraierait Bāndô ? Et quoi ? La Don Juan s’y rendrait volontiers pour dévergonder toutes ces nonnes qui n’avaient pas encore eu la chance de la connaître. Encore secouée par le léger malaise qui avait traversé son échine il y a deux minutes de cela, la petite frappe fut, cette fois-ci, victime d’un pic de colère. Oxanna ravalerait sans doute ses menaces. Se levant violemment, Bāndô s’avança dangereusement vers la fouine. En un quart de seconde, elle avait changé d’attitude, et cela, contre son gré... Une haine palpable gorgeait son être : c'était officiel, elle faisait froid dans le dos. Comme ci la blonde venait d’appuyer sur le bouton rouge du Terminator censé exécuter Oxanna Connor. Au fur et à mesure qu’elle s’approchait d’elle, la nippone forçait sa victime à reculer, jusqu’à la plaquer contre la porte, s’emparant par la même de son poignet baladeur à qui elle empêchait toute manœuvre susceptible de la sortir de la mouise.
Bāndô l’assassinait du regard, armée d'une violence intérieure sans pareille : elle était prête à démolir la lycéenne. Voilà un beau spécimen bipolaire en liberté. Dommage pour elle, Oxanna était à cour de pokéball et n’avait pas le niveau suffisant de dresseur pour attraper une cogneuse niveau 65.


« Maintenant, c’est toi qui va m’écouter, pétasse. Tes menaces, tu peux te les carrer au cul et remballer ton vieil air de pute sadomaso. Qu’est c’que tu crois ? Que je vais me laisser dresser par ton autorité à trois balles ? Alors laisse moi t’expliquer ce qui PEUT se passer. Ouais, je te colle une ou deux beignes, enfin, à ce stade, c’est dix que tu t’en prends dans la gueule avec ton sale claque merde ouvert à toutes heures. Et nan, tu reviendras pas me les briser parce que j’attendrais sagement que tu sois dehors pour passer aux choses sérieuses. Vous, les sales bourges de McKinley, vous pensez qu’un verre de slushy et une rumeur à la con peuvent pourrir la vie d’un type dont la gueule vous revient pas ? On a pas été élevé à la même école, toi et moi. Et je te le ferais comprendre si tu t’avises encore de dégueuler des menaces sur ma poire. Je laisserais personne me les briser. Et crois-moi, j’aurais des moyens plus dissuasifs que ton aller simple pour un bled de catho. Quand ton vieux bouffera les pissenlits par la racine, en service, parce qu’il aura malencontreusement rencontré un jap’ à la gâchette facile, on verra si t’as toujours envie de garder ton sourire de conasse. »

Exit la stupidité exagérée de Bāndô, elle n’était décidément pas stupide et avait plus d’un tour dans son sac. Elle avait déjà fait plier Summer et ses laquais qui s’en était pris à elle ; ils avaient rapidement compris que la menace japonaise s’étendrait à leur vie, et non pas à l’enceinte du lycée. Ils ne seraient plus protégés, le danger serait partout. Et alors qu’elle parlait à Oxanna, Bāndô ne s’était pas rendue compte de la force avec laquelle elle serrait le poignet –désormais foulé- de sa victime.

« Et au fait, ton taser, tu l’aurais pas fait tomber dans l’caniveau en arrivant au bahut ? »

Oxanna avait fait l’erreur de la prendre pour la dernière des abruties. Ce qu’elle était, syons honnêtes ! Mais Bāndô était une abrutie dangereuse.

Et alors qu’elle la regardait droit dans les yeux, prête à lui refaire le portrait, un accident inattendu se produit. Le léger flottement qu’elle avait ressenti auparavant, s’amplifia soudainement, puis, ce fut le drame. Une légère secousse traversa son cerveau malade, électrisant son corps… Qu’est ce qui lui arrivait ? Après la mort clinique de son hémisphère droit, comme s’il venait d’être frappé par la foudre, une musique retentit dans sa tête…


ON AIR /// Katy Perry feat. Timbaland - If We Ever Meet Again


« Qu'est-ce que fait quelqu'un comme toi dans un endroit comme ça ? Dis t'es venue seule ou t'as amené tous tes amis ? Dis c'est quoi ton nom ? Qu'est-ce que tu bois ? »

Hein ? Portant ses mains à sa bouche, pour arrêter ce flot de paroles incompréhensible, Bāndô relâcha Oxanna, s’écartant d’elle comme si elle venait de voir une apparition de Christine Boutin au HELLFEST. C’était quoi, ces paroles sans queue ni tête ? Sans le savoir, elle venait de prendre la suite d’un certain Timbaland. Bāndô ne contrôlait plus rien. Prise de panique, elle sortit du bureau en hâte, claquant la porte derrière elle.

Le coude sur son moulin à paroles ostentatoires, la japonaise arriva sur le parking vide. Les élèves étaient en cours, il n’y avait pas âme qui vive. Elle arrêta alors sa course effrénée, et, tout doucement, enleva ses mains de son visage.


« What's somebody like you doing in a place like this ? »

Et merde... C’était quoi, ça ? À l’arrière d’une camionnette garée non loin de là, un orchestre concrétisa la musique qui envahissait son esprit dérangé pour battre la mesure de « If We Ever Meet Again ». L’un d’eux lui envoya une guitare électrique qu’elle rattrapa de justesse. Bāndô enchaîna immédiatement les accords pour travestir le côté « club » de ce hit, en des sonorités plus rock. Et alors qu’elle se sentait obligée de se donner en spectacle, la japonaise sentit cet organe mort, revivre soudainement au rythme de la musique. C’était quoi ça, déjà, à gauche ? Enfin non, à droite. Enfin à sa gauche. Enfin bref ! Elle eut tout juste le temps de se remémorer les images de ces livres d’anatomie pour gosse qu’elle comprit que son cœur battait la chamade. Ces paroles délivrées semblaient relever de la… déclaration ?

« Say Did you come alone, or did you bring all your friends ?
Say what's your name , What are you drinking
I think I know what you're thinking
Baby whats your sign tell me yours, I’ll tell you mine
Say What's somebody like you doing in a place like this »

En chantant, elle prit conscience qu’elle semblait s’adresser à une chose envahissante qui faisait écran sur son cerveau. Comme si un poison venait d’atteindre les rares neurones qui se baladaient là-haut. Un poison jaune. Mais qu’est c’que c’était que ce bordel ? Un poussin mort qu’elle aurait ingurgité entre deux sushis ? Non, c’était plus humain que « ça ». Pour que « ça » soit aussi collant, ça ne pouvait être que de la UHU, elle reconnaîtrait le packaging entre milles. Qui avait osé englué son cerveau ? Avant de crier à l’attentat, Bāndô comprit ce qui était en train de lui arriver quand tous ses canaux de réflexions se virent bouchés, pour ne s’ouvrir qu'à une unique image : une sale fouine. Cette saloperie lui collait à la peau. Comment était-ce possible ? Qu’est ce qu’elle lui avait donc fait ? Elle était shaman ? Vaudou ? Joueuse de cartes Magic ? Saleté de blonde effrontée, elle n’avait rien à faire là ! Mais Bāndô n’avait plus le contrôle, elle ressentait selon ce besoin irrémédiable de cracher cette chanson à cet instant précis.

« I’ll never be the same… If we ever meet again ! »

Trois jours plus tard, alors qu’Oxanna fouinait en boîte, questionnant des élèves entre deux verres, le DJ -dont le visage était caché par la foule et le bonnet qu’il portait-, changea de disque.

« Won't let you get away
Say if we ever meet again
This free fall's , I got me so,
I kiss me all night , don't ever let me go
I’ll never be the same
If we ever meet again
Say if we ever meet again ! »

Planquée derrière ses platines, Bāndô chantait ces sentiments encore incertains, observant les moindres déplacements de sa nouvelle muse. Sa simple vision l’emplissait d’une joie indescriptible. Fait parfaitement incohérent. Ce n’était pas la même adolescente à qui elle avait voulu offrir gratuitement un ravalement de façade ? Les voies du seigneur sont impénétrables.
Le lendemain, dans un restaurant jazzy où la belle déjeunait avec Fouine Senior, son paternel estimé, elle ne reconnut pas la pianiste toute de noire vêtue, qui lui tournait le dos, quelques tablées plus loin. Sur la scène, Bāndô était prête à commencer son solo, mais elle dérapa.


« Oxanna… c’est pas écrit dans les livres ! »

Oups… trompée de disque. Elle se reprit, manquant de se faire griller.

« Do you come here much ?
I swear I've seen your face before
Hope you don’t see me flash
But I cant help but want you more, more
Baby tell me what's your story
I ain't shy, don’t you worry
I flirting with my eyes
Wanna leave with you tonight
So do you come here much?
I gotta see your face some more
Some more cause baby i ! »

Le surlendemain, Oxanna mangeait sur le pouce, au fast food de Ronald. Un mini-concert avait été organisé à l’étage, à l’occasion de l’anniversaire du petit-fils du maire. Guitare en main, Bāndô continuait sa louange sans se faire remarquer par la fouine qui devait tout de même se douter qu’elle était suivie depuis une semaine. La japonaise se débarrassa d’un marmot qui s’était agrippé à sa jambe, avant de reprendre.

« I’ll never be the same
If we ever meet again
Won't let you get away
If we ever meet again
This free fall's, I got me so, I kiss me all night
don't ever let me go
I’ll never be the same
If we ever meet again

If we ever meet again
I'll have so much more to say
If we ever meet again
If we ever meet again
I won't let you go away
Said If we ever meet again

If we ever meet again
I'll have so much more to say
Say if we ever meet again
If we ever meet again
I won't let you go away »

Dimanche, jour du seigneur, Oxanna se couchait à la nuit tombée, blottie dans ses draps sous le toit de son père. Bāndô attendit qu’elle rejoigne les bras de Morphée (à qui il faudrait qu’elle casse les chicots, par jalousie), pour achever la chanson, suivie de son orchestre, qui jouait la mesure en piano pour ne pas réveiller sa chère et tendre.

« I’ll never be the same
If we ever meet again
Won't let you get away
Say if we ever meet again
This free fall's , I got me so,
I kiss me all night , don't ever let me go
I’ll never be the same
If we ever meet again

I'll never be the same
If we ever meet again
Won't let you get awaaay
Say if we ever meet again
This free fall's , I got me so,
I kiss me all night , don't ever let me go
I’ll never be the same
If we ever meet again »

Un dernier riff referma cette semaine placée sous le signe de l’Am… l’am… ah ! Le truc qu'on attrape comme de l'herpès et qui crétinise les brutes de son genre.

« Bon, les gars, on remballe »

Bāndô se retira et ne revint pas à McKinley avant deux semaines, le temps de se retirer au Canada pour méditer sur sa nouvelle condition d’amoureuse transie, au beau milieu du parc Yellowstone entre deux ours.
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