05. [Maison des Da Silva] Let's hate each other !

Il terminait une dernière cigarette (habitude qui ne l'avait pas lâché depuis la fin collège), arpentant les rues de Lima son sac accroché à l'épaule. Là où il allait, il n'avait jamais aimé s'y rendre, enfin disons que la première fois ça ne l'avait pas tant dérangé que ça, mais à ce moment là il ne savait pas encore avec qui il se retrouverait nez à nez. Il faut dire qu'il aurait dû se méfier, en voyant cette note laissée sur le panneau d'affichage du lycée, il aurait mieux fait de l'ignorer. Pourtant tout ce qu'elle disait, c'était qu'on recherchait un professeur particulier capable d'expliquer les bases sommaires de biologie. L'annonce, écrite dans une écriture soignée, était signée de Kourtney Da Silva, prénom qui, jusqu'à ce qu'il passe les portes de la luxueuse maison de la jeune fille, ne lui disait trop rien.

En effet, s'il n'avait jamais trop entendu parlé de Kourtney Da Silva jusque là (je vous rappel que Samuel n'ait mit les pieds à McKinley que quelques jours auparavant), il avait en revanche eu l'occasion de la voir en action. C'était un matin, dans les couloirs, une rixe faisait rage pour savoir qui serait la reine du lycée, et la jeune brunette en uniforme rouge semblait en bonne place dans les sondages. Plusieurs insultes et hurlement stridents de jeunes collégiennes en furie lui avait fait tourner les talons, se jurant de ne jamais, Ô grand jamais, avoir à faire à ces filles là.

Pourtant, à peine quelques jours plus tard, il s'était retrouvé dans sa chambre. Et là je vous vois venir avec vos œillades suggestives donc je vais vous freiner de suite : non, il n'était là que pour les cours. L'heure qu'ils passèrent ensembles fut d'ailleurs une des plus éprouvantes qu'il eu à traverser dans sa vie. Le manque de motivation doublé du caractère insupportable de la jeune fille provoquait en lui un mélange d'exaspération et de résignation. Après deux cours seulement et plusieurs prises de bec, il avait songé à arrêté. Mais, alors qu'il faisait son sac en expliquant à madame Da Silva, la mère de notre peste en jupette rouge, pourquoi il ne pouvait pas continuer, elle l'avait dissuadé d'arrêter. Sa mère d'ailleurs, était une femme charmante, bien loin du tigre enragé qui lui tenait lieu de fille. Non, Kourtney Da Silva n'était pas velue, mais elle avait une nette tendance à dévorer ses victime sans concessions.

Une semaine plus tard, il était donc à nouveau en route pour le domicile de la jeune fille, se demandant encore par quel miracle la mère avait réussit à le motiver. Il l'avait saluée poliment en arrivant chez elle, elle lui dit alors que Kourtney n'était pas encore arrivée de son entrainement chez les Cheerios et qu'il pouvait l'attendre dans sa chambre. Il grimpa donc les quelques marches qui le séparait des appartements privés de notre princesse. Le cadre était typiquement comme il l'aurait pensé, quoi qu'il aurait presque imaginé la pièce peinte en rose avec des licornes et des trucs à paillettes. Bref, elle n'était pas là, il avait donc le temps de se préparer psychologiquement à la venue de la demoiselle.

Il se posa un peu plus loin vers son bureau pour attendre qu'elle arrive. Roulant sa future cigarette post cours particulier (histoire de décompresser après le carnage), les minutes passaient, et toujours rien. A 16h15, après 20 minutes à admirer le papier peint, il commençait à perdre patience. Cette fille se foutait vraiment de sa gueule et ça, il n'aimait pas vraiment. Heureusement, des pas se firent entendre dans l'escalier, et quelques instants plus tard la porte s'ouvrit. Se tournant vers elle, sa clope neuve accrochée aux lèvre, il se fendit d'un faux sourire agacé.

"Ah ! Enfin..."

La jeune fille semblait aussi réjouit que lui, probablement parce que ce qu'il allait suivre s'approcherait plus d'une boucherie que d'une cours de biologie. Si seulement l'étude de la dissection de cœur de Cheerios était prévu dans le programme ! Bref, il avait promis à la mère de notre jeune pom-pom girl d'essayer à nouveau, alors pourquoi pas. Avec un peu de chance elle aura su la motiver elle aussi. Quelle dommage que cette jeune fille soit aussi énervante, car il devait bien avouer que, dans sa tenue de Cheerleader, elle était vraiment pas mal.

"Allez on s'y colle, c'est juste pour une heure alors essaye d'y mettre du tiens cette fois..."

Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher d'être sceptique, et rien qu'à voir l'expression qu'arborait la jeune fille à l'idée de passer la prochaine heure à étudier biologie il devina instantanément qu'il avait pas tord.

"Vous en êtes où du programme ?"

Chemise ? Tunique ? Robe ? Le choix était impossible. Toutes ses tenues allaient parfaitement bien à Kourtney, et, malgré la présence et les conseils de ses trois acolytes, elle ne savait pas laquelle choisir. Question compliquée implique solution radicale, l’achat des trois, bien évidemment. Il faisait assez froid aujourd’hui, Kourt était vêtue de ses UGG caramel, un jean et une veste en cuir. Il faut souffrir pour être belle non ? Elle faisait les magasins, comme tout le temps me direz-vous, et avait jeté son dévolu sur une paire d’escarpin à plus de 2000$. Son budget « shopping » imposé par ses parents, qui s’élevait à environ 5000$ par mois, allait être vite atteint si elle les achetait. Elle ne savait pas quoi faire, les prendre et dépasser le budget ou se préserver pour quelque chose d’un peu moins cher ? Mais pourquoi un budget ? Qui a inventé ce mot ? Kourtney détestait ce nom commun plus que tout au monde. Comment pouvait-on avoir des limites lors d’achats ? C’était tout simplement impossible. Cherchant alors un moyen astucieux pour mentir à ses parents sur le fait que son budget allait être atteint la première semaine, elle reçut un appel de sa mère. Cette dernière voulait juste lui rappeler qu’elle avait son cours particulier avec Samuel et qu’elle ne devait absolument pas le rater si elle voulait avoir une bonne note à son examen et continuer à être une cheerios.

Pendant qu’elle parlait à sa mère, Kourtney repensa alors à la biologie. Cette matière débile, stupide, qui ne sert à rien. Elle avait juste envie de vomir rien qu’en repensant au jour ou, quand elle avait disséqué une souris, du sang avait coulé sur ses magnifiques chaussures. Le pire jour de sa vie se dit-elle. Elle regarda sa montre, il lui restait encore une bonne petite heure avant de rejoindre S….. Comment déjà ? Ah oui Sam. Samuel, ou Sam, était le jeune homme qui donnait des cours particuliers à notre jeune Brésilienne. Il ,n'était pas drôle, était ennuyant et aimait la biologie. Comme vous vous en doutez, Kourtney n’arrivait pas à l’apprécier. Elle adorait le rabaisser. Ce n'était pas difficile en plus. Cependant il y a bien une personne qui l’aimait chez les Da Silva.. Non ce n’est pas la père mais la mère. Rachel aimait bien Samuel, elle voyait en lui en quelque sorte le fils qu’elle n’a jamais eu. Bien sûr elle ne l’a jamais avouer, sinon Kourtney l’aurait tué sur place. Bref, les cours avec Sam étaient d’une horreur inimaginable. Kourtney continua à faire les boutiques, s’acheta quelques nouveaux jeans chez Levi’s (oui, même elle fréquentait des marques populaires). Elle pensait aller se poser dans un café quand son téléphone sonna. C’était un mail qu’elle venait de recevoir pour une vente privée qui disait :

« Hello jeune fashionista, le temps est compté, Chanel ouvre les portes de son stock et vend la collection 2010-2011 en avant première. Si tu veux être la plus branchée, dépêche-toi, il ne te reste plus qu’une heure avant l’ouverture des portes qui ne laisseront entrer que les 10 premières super fashionistas , tu sais ce qu’il te reste à faire.
Soit à l’heure, Xoxo. »

Oh mon dieu ! Chanel, chanel, chanel, chanel…. Kourtney allait faire une crise cardiaque. Elle appela tout de suite sa mère pour lui annoncer la nouvelle, quand celle-ci lui rappela son cours particulier. C’était une blague ? Avoir une bonne note en bio ou alors avoir le dernier sac Chanel ? Maman voyons redescend sur terre deux secondes ! Mais maman Da Sivla ne rigolait plus. Sa fille devait être à la maison toute de suite sinon elle serait punie de…. Shopping tiens ! Kourtney s’empressa de rentrer et à son arrivée à la maison, fit un compromis avec sa mère

« Je vais à la vente de Channel réservée à une super élite, tel que moi, et j’emmène Samuel avec moi. Il me fera réviser dans la voiture ainsi que dans la queue pour entrer et dans celle pour payer à la caisse aller maman steuplaiiiiiiiiit »

Trop généreuse sûrement, la mère de Kourtney accepta. Notre jeune Cheer courut le long des escaliers, folle de joie, et entra dans sa chambre. Samuel était la assit, il avait l’air de regarder le papier peint et tourna sa tête quand Kourtney passa le seuil de la porte. Il tenait entre ses lèvres une cigarette bad gamme que Kourtney n’osait même pas toucher. Le jeune homme montra son impatience, c’est bon quoi, 20 min de retard c’est rien. Kourtney lui fit un sourire, et pendant qu’il ouvrait ses livres pour reprendre les cours de la semaine, mademoiselle Da Silva jeta ses UGG au milieu de sa chambre et enleva sa veste en cuir ainsi que sa tunique blanche. Non pas qu’elle était naturiste mais elle était pressée. Samuel lui demandait d’y mettre du sien, il n’avait toujours pas vu qu’elle était en soutien gorge. Elle lui dit :

« Ferme les yeux s’il te plaît et ne t’avise pas à te retourner sinon je t’explose la tête contre le mur en pierre de McKinley »

Elle enfila un haut beige avec un grand décolleté et prit une veste bleu marine qui allait parfaitement avec son jean. Faut-il préciser que la veste était une Guess ? Evénement d’occasion oblige, Kourtney mit ses Louboutin beige (talon 10cm), qui eux s’accordaient avec son haut. Elle se fit une queue de cheval, voilà elle était prête. Samuel la regardait et n’avait pas l’air de comprendre ce qu’il se passait. Kourtney s’approcha, mit ses mains sur les accoudoirs de la chaise de Samuel et se penchant jusqu’à avoir sa tête contre la sienne.

« Chanel. Tu connais ? Je n’ai pas le temps de t’expliquer, mais si tu veux être payé pour ce cours, tu me suis, on va au centre ville, j’ai une vente privée qui m’attend. On révisera dans la voiture et dans la file d’attente, allez dépêche »

Elle le prit par la main et le tira hors de sa chambre sans attendre une quelconque réponse.

Ce qu'on pouvait dire de Kourtney et Sam, c'était qu'ils n'étaient pas compatibles, mais alors pas du tout. Kourtney était le genre de fille que Sam regardait de loin en levant les yeux au ciel, consterné par la stupidité des filles dans son genre. Déjà au lycée elle avait obtenu la palme du crétinisme et de la méchanceté, mais chez elle ça ne paraissait pas mieux ! Sa mère avait-elle la moindre idée de quelle peste était sa fille ? Peut-être, mais pourquoi laisser faire alors ? Rien qu'à observer sa chambre on pouvait voir quelle fille pourrit gâtée elle était : sa chambre était trois fois plus grande que celle d'une adolescente lambda, ses fringues sortaient presque toutes d'une boutique de luxe, si on oublie l'uniforme des Cheerios qui faisait clairement baisser la moyenne budgétaire de son dressing. Bref, elle devait avoir à peu près tout et n'importe quoi d'un claquement de doigts sans le mériter le moins du monde. Beaucoup d'autres auraient fait bien meilleur usage d'un héritage pareil. La chance n'était décidément pas réservée aux plus méritant, la fille Da Silva en était une preuve vivante !

Il avait attendu bien assez longtemps à son goût. Si elle était si peu motivée pourquoi insister, hein ? Après tout si elle préférait se dandiner en jupette pour les beaux yeux de sa psychopathe de Coach, libre à elle. Mais qu'elle ne vienne pas pleurer le jour où elle serait recalée pour passer en classe supérieure. Qu'elle chouine, à moins que ce ne soit trop mauvais pour son image de bloc de glace. Bref, impatient, il se réserva encore 5 minutes à attendre, beau geste uniquement destiné à la mère qui ne méritait pas une fille pareille.

"Quelle emmerdeuse..." Observant sa montre, il soupire. "Je parie qu'elle a troqué son cours pour une séance de shopping débile avec ses copines débiles dans une boutique déb..."

La voilà qui entrait comme une tornade, et alors qu'il était trop occupé à sortir son bouquin de biologie pour la regarder se déshabiller, elle lui dit de fermer les yeux.

"Mais... mais qu'est-ce que tu fout ça va pas oui ?"

Détournant vivement la tête à la vue de la demoiselle et sa plastique de rêve en soutif, il se tourna pour lui faire dos, ne cherchant même pas à comprendre le pourquoi du comment. Elle voulait quoi, le poursuivre pour harcèlement ? On nage en plein délire ! Si elle pensait lui faire peur en plus de ça... comme si du haut de son mètre 60 elle était impressionnante ! Roulant des yeux, il planta son regard dans le siens quand Kourtney lui annonça qu'ils allaient faire du shopping.

"Du déconnes ou quoi ! Même pas en rêve !"

Malheureusement, à peine cette phrase était sortit de sa bouche qu'ils étaient déjà dans la voiture. Une vente privée, non mais bonjour l'angoisse !

"Tu peux tout de suite oublier tes révisions... mon sac est resté là bas."

Dit-il alors qu'ils étaient en route. Tant pi pour elle après tout, entre son examen et sa garde robe elle avait choisit, le reste c'était pas son problème. Et puis être payé à accompagner madame essayer des fringues c'était toujours mieux que d'essayer de lui faire comprendre ce qu'était un chromosome. Au moins dans ce domaine là elle était douée ! Bref, ça pouvait être sympa, sauf que passer l'aprèm avec elle n'était jamais réjouissant.

Arrivés devant la boutique à peine plus tard, de nombreuses jeune filles étaient déjà là, certaines accompagnées par d'autre jeune homme aussi chanceux que lui (ironie inside), mais elles étaient majoritairement seules. Un vrai défilé de petites Bourges archi lookées.

"Et ça consiste en quoi ? Tu vas arracher la tête de toutes les autres pour pouvoir entrer ?"

Dit-il un sourire aux lèvres, persuadé que voir ce monde mettait les nerfs de la jeune Kourtney.

Si ça implique la mort des blondasses criardes là bas..." il désigne un peu plus loin un groupe de jeune filles maquillées comme des voitures volées poussant des cris hystériques stridents. "... je suis pour. On signe où ?"

Kourtney n’avait qu’une seule chose en tête, s’accaparer du dernier sac Chanel. Elle savait que ce sac était la proie de chaque jeune Fashionista. Pour être la plus belle il fallait l’avoir ! Vous n’imaginez même pas une seule et unique seconde que Kourtney pouvait inspirer du dioxygène en voyant ce sac à la main d’une autre fille ? La blague quoi. C’était une chose vitale, indispensable, magistrale. Elle en avait besoin c’est tout. Pendant qu’elle conduisait elle grilla plusieurs feux rouges et faillit écraser deux piétons, bon peut être trois. Elle regarda sa montre rose ornée de diamants qui valait environ ce qu’un américain gagnait par an, et vit qu’il ne lui restait que vingt minutes avant le début de la vente. Perdue dans ses pensées, elle réussie à entendre que Samuel avait oublié ses livres ainsi que son sac chez elle. Lui qui se disait intelligent était en quelques sortes…bête. Bah oui, il était payé pour donner des cours la moindre des choses ce serait d’avoir le matériel adéquat. Cette réflexion aurait été celle de chaque fille normale mais pas celle de Kourtney. Elle tourna la tête et regarda Samuel d’un air perplexe sans rien dire. Il comprendrait sûrement que Kourtney s’en fichait royalement de réviser ou pas, elle paierait quelqu’un pour aller à sa place aux examens. Kourtney ne s’était pas rendue compte, étant donné de la vitesse à laquelle elle conduisait, qu’elle était déjà arrivée. Elle sortit de la voiture et s’arrête une fraction de seconde pour savourer sa beauté inéluctable dans le reflet de la vitre. Elle était vraiment magnifique, vêtue seulement de grands couturiers, il était dors et déjà clair que le sac était pour elle, et elle seule.

Les deux jeunes lycéens s’avancèrent devant la boutique. Kourtney n’avait toujours pas prononcé un mot depuis leur départ, choses bien étrange pour elle qui adore parler. La raison était qu’elle réfléchissait au moyen auquel elle pourrait faire partir toute cette foule pour être la première sur la liste d’attente et entrer la première. Elle entendit alors Samuel parler, et en effet, ces jeunes cruches blondes mettaient la nausée à Kourt. Premièrement car elle ne pouvait pas faire partie de l’élite qui reçoit une invitation pour une vente privée, la moitié d’entre elles ne savaient pas harmoniser élégance et raffinement. C’était en un mot : pitoyable.

« Leur mort ou leur perte. Je suis toujours dans le premier rang, ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. »

La jeune Brésilienne exécuta son plan. Elle sortit de son sac une paire de chaussures, copie des derniers escarpins Dior, qu’elle placa à quelques centaines de mètres des jeune blondes. Kourtney tira Samuel par la main, et ressentit quelque chose de bizarre. Non ce n’était pas de la haine comme d’habitude, quelque chose de particulier. Prise de panique elle retira sa main d'un coup violent et s’écria:

« Mais qui t’a permis de me toucher ? »

Non en effet elle ne savait pas ce que c’était d’être gentille, compatissante ou avoir des sentiments. Kourtney, après s’être approché du magasin regarda sa montre. Il ne restait que deux minutes avant le début de la vente. C’était LE moment. Elle cria

« Oh mon dieu ! Les derniers escarpins Dior la bas ! Elles sont à moi ! »

Aussitôt eut-elle finie sa phrase que toute la foule des jeunes blonde courut pour s’arracher la paire de chaussure. Elles étaient une dizaine de filles prêtent à se frapper pour cette banale copie. Si elles étaient un chouilla Fashionista elles s’en rendrait compte vite, mais Kourtney serait déjà dans le magasin. Les deux minutes étaient passés, le magasin s’ouvrit et Kourtney poussa les deux filles qui elles n’avaient pas bougé de la porte d’ouverture pour passer devant elle.
Une fois dans le magasin, elle inspira longuement cet air pure d'haute couture. C’était si bon d’être dans son milieu naturel (bah oui, Kourtney était née à Chanel s’est bien connu). Samuel la suivait et quand elle aperçut son sac Chanel elle sauta dessus, le serra entre ses bras et regarda le prix. Pas plus de 4 chiffres ? Super ! A elle le sac. Il coutait en effet 5490 dollars, alors qu’à sa sortie officielle il coutait 12540 dollars. Un bon investissement non ? Elle était si heureuse, elle ne savait même pas quoi faire tellement elle débordait de joie. Alors sans savoir pourquoi, ni comment, elle sauta dans les bras de Samuel. Bien entendu, une fraction de seconde après elle recula d’un pas, remit ses cheveux en place et dit, confuse :

« Tu sens la cigarette bas de gamme, ça me donne la nausée. Bref le plus important est que j’ai mon sac ! Et pour ces cruches dehors, j'espère qu'elles ont comprit que les années "2008 robes bouffantes de Miley Cyrus" étaient dépassées. Il doit bien y avoir une banlieue ou elles trouveront leur place, mais c'est sûrement pas en venant à une vente privée ou je suis invitée.» Dit-elle en retournant le sac dans les sens pour l'apprécier encore plus.

« Tu viens, on va à la caisse. A moins que tu ne veuilles prendre quelque chose je crois qu’ils font homme aussi. »

Le visage qu'arborait Kourtney quand il lui annonça qu'il avait oublié ses livres de Bio et donc que sa leçon risquait d'être fortement compromise, manqua de lui arracher un rire. Elle n'en avait vraiment rien à faire, les fringues avaient définitivement plus d'importance pour elle que le reste, c'était assez déconcertant. D'un autre côté, avec une fortune pareille, elle n'aurait jamais à se battre pour entrer dans une école prestigieuse et très fermée, là où lui aurait à présenter un dossier scolaire impeccable. C'est dingue ce qu'un compte en banque bien fournit pouvait faire comme merveilles. Bref, n'accordant pas spécialement d'importance, ni aux gestes empressés de la jeune fille qui conduisait bien au dessus des limites pour arriver à temps, ni à ses accessoire blingbling qui valaient probablement le même prix que sa maison. Un style vestimentaire qui aurait probablement été too much sur quelqu'un d'autre, mais il allait étonnamment bien à Kourtney. Observant la ville au travers de sa vitre, il se demandait pourquoi elle ne l'avait tout simplement pas planté quelque part pour rejoindre le sac de ses rêves. Elle devait probablement être trop occupée à baver intérieurement et à imaginer son plan d'attaque pour arriver à bout des quelques personnes qui étaient déjà sur les lieux.

Kourtney avait tout prévu pour duper les quelques hystériques qui campaient devant les portes. Sortant un appât de son sac, une paire de chaussures qui semblait, aux yeux mal aiguisés de Samuel, être hors de prix, pour les poser un peu plus loin. Jusqu'à là, le plan machiavélique de la jeune fille échappait encore à Sam qui n'eu pas vraiment le temps d'y songer plus longtemps puisqu'elle le tira un peu plus loin par la MAIN ! Jetant un coup d'oeil interloqué à la demoiselle, elle s'empressa de le lâcher dans une complainte pleine de dégout.

"T'exagères je te signale que c'est toi qui…"

Elle n'écoutait déjà plus. D'un soupire exaspéré, il observa son petit manège qui, de tout évidence, sembla marcher à la perfection puisque des poignées de filles hurlaient à plein poumons en se précipitant dessus tel un troupeau de hyènes affamées. C'était assez drôle à voir, Samuel se serait damné pour avoir une caméra ou un appareil photo à cet instant précis, histoire d'immortaliser les furies en action. Comment pouvait-on devenir comme ça pour une vulgaire paire de chaussures ? Il ne pouvait pas vous dire.

Quelque minutes plus tard, ils étaient tous les deux dans le magasin. Elle, bien évidemment entrée en première, lui n'avait pas spécialement cherché à dégager les autres jeunes filles, c'est pas comme si il devait entrer en prime time. Traversant les rayons plein de fringues, il flânait un peu en observant les filles courir partout, cherchant des yeux Kourtney qu'il trouva un peu plus loin.Elle tenait un sac dans ses mains, l'observant attentivement telle une enfant ayant mis la main sur son jouet préféré. Un jouet à plus de 5000$… Un prix qui, même mirobolant, extasiait tellement la jeune fille qu'elle lui sauta au coup, à la plus grand stupéfaction de Samuel. C'est qu'elle deviendrait presque collante ! Il leva les yeux au ciel quand un éclair de lucidité rappela à Kourtney qu'ils ne se supportaient pas, et qu'elle s'empressa donc de lui lancer une remarque cinglante. Elle était bizarre, vraiment, pourquoi avait-elle des réactions spontanées en total contradiction avec ce qu'elle semblait être ? Un coup sur deux elle avait l'air sympa et amicale, mais redevenait l'instant d'après une pimbêche insupportable. C'était assez déconcertant…

"Arrête de me sauter dessus alors !" Un sourire en coin de lèvres, il la taquinait, sachant pertinemment que ça l'énerverait au plus haut point. "Non ça va merci, si je dois choisir entre une année de loyer et une veste, je t'avoue que mon instinct de lycéen lambda me fera plutôt opter pour l'essentiel…" Jetant un coup d'oeil dans sa direction, il se dit que Kourtney serait sans doute le genre de fille à préférer un sac Chanel à tout autre chose, aussi vitale soit-elle.

"Tu veux rentrer et commencer ton cour de bio ? ou bien on va boire quelque chose pour fêter… je sais pas trop quoi d'ailleurs."

Sortit du magasin, Sam devait avouer qu'il n'était pas très motivé pour parler chromosomes et autre bidules microscopiques. Il aurait pu rentrer chez lui et la laisser là, il n'habitait pas loin après tout, mais ses affaires étaient restées chez elle, ses clés d'appartement avec. Damn' !

Surtout que, à peine avait-il finit sa phrase, qu'un passant derrière eux les bouscula violemment. Profitant bien sur de la surprise générale pour arracher des mains de Kourtney le sac nouvellement acquis, avant de partir en courant. Sam n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui venait de se passer qu'un cri (devinez de qui) le sortit de sa torpeur. Sans attendre, il se lança à la poursuite du voleur. Il remerciait ses entrainements de foot et de basket de lui avoir donné assez d'endurance pour cavaler derrière l'homme qui courrait devant lui, dégringolant la rue comme si sa vie en dépendait. "Mais pourquoi je fais ça moi ?" souffla t-il entre deux foulées, cherchant du regard le voleur qui avait disparu dans la foule.

"Merde alors, il est où ce con…" Plissant les yeux, il s'arrêta pour le chercher du regard. On se serait cru dans un mauvais film d'action américain… Un homme, plus loin, semblait remonter à contre courant le flot des passants qui marchaient en cadence, observant régulièrement derrière lui. Le voilà ! Ni une ni deux il se lança derrière lui, tournant dans la petite rue qu'il avait eu le malheur de prendre : mauvaise idée.

Quelques instants plus tard, il faisait marche arrière, suivant le flot continu des gens pour remontrer jusqu'à son point de départ. Le sac à la main, il l'avait troqué contre une belle droite en pleine tronche qui avait permis au voleur de prendre la fuite. Peu importe, il avait le sac, c'était tout ce qui comptait. Pourquoi ? il n'en savait rien, après tout il n'était pas à lui, et ce n'était pas vraiment dans ses habitudes de jouer les super héros… Grimaçant alors que sa main eu la mauvaise idée de se promener près de son oeil, il se sentit un peu stupide. Surtout qu'il était incapable d'expliquer son geste, il n'avait pas vaillent réfléchit.

Kourtney était juste un peu plus loin. Quand elle l'aperçu, il lui montra le sac qu'il tenait dans sa main, marchant ensuite vers elle d'un air penaud.

"Tiens." dit il en lui tendant le sac, retenant un rire jaune. "Tu me dois 5000$ !"

Feignant un sourire, il reprenait un peu son souffle après sa cavale. Qu'elle ne s'imagine pas qu'il ait fait tout ça juste pour s'attirer ses bonnes grâces !

Choisir entre son loyer ou une veste ? Le choix était rapide. La veste ! (plus le jean ainsi que les chaussures bien sûr. Qu’est ce qui était mieux qu’un homme bien habillé ? Une Kourtney bien habillé certes, mais là on ne parle que de la gente masculine. On dit que l’habille ne fait pas le moine, Da Silva n’était pas d’accord en effet. La façon dont tu te vêtis reflète qui tu es, c’était prouvé. Et puis depuis quand Kourtney sautait sur les gens ? Elle sautait sur les sacs, sur les chaussures, sur les vestes, sur les jeans, enfin sur tout le textile possible et imaginable, mais pas sur les gens, ou alors dans le but de les étrangler. Elle ne répondit pas aux allusions de Sam, trop gênée sûrement.

Les deux jeunes lycéens se dirigèrent vers la caisse, Kourtney sortit sa carte de crédit rose (comme vous pouvez le constater presque tout est rose chez mademoiselle Da Silva). Sac acheté, remerciement de la vendeuse, et les deux jeunes sortirent de la vente privée. Kourtney jeta un œil autour d’elle. Toutes les cruches blondes avaient envient de la tuer, mais la voyant avec Samuel elle n’osait pas. Non pas que Samuel faisait peur, mais c’était un garçon, il avait le rôle du protecteur. Bon, pour pas vous mentir, c’était la raison pour laquelle Kourtney l’avait emmené avec elle à Chanel. Sa mère voulait également à cause des cours, mais Da Silva voyait un autre rôle pour ce jeune homme, ce qui fonctionnait. Contente alors de son stratagème qu’elle nommerait « super méga trop efficace » elle fut sortit de ses pensées par Sam. Qu’allaient-ils faire ? Célébrer, sortir, faire la fête ? (Bien qu’il ne soit que 17heures). Kourtney regarda Samuel, et dit :

« Tout d’abord on va aller….. »

La vie de Kourtney s’arrêta net sur ces mots. Un homme enragé répugnant qui ne s’était pas lavé depuis quelques mois sûrement venait de passer et d’arracher le sac de Kourt, qui se trouvait entre ses belles petites mains. Sans attendre Kourtney poussa un crie de stupeur, un crie qu’on aurait peut être même pu entendre à Rio. Vous vous rendez compte ? LE SAC A MAIN DE L’ANNEE n’était plus entre les mains de Da Silva. Elle était prête à sortir son portable, pour appeler les pompiers, ou alors une ambulance ? Non, la police serait plus appropriée sûrement. Elle ne respirait plus, ne pouvait plus bouger. Elle était tel une statue de marbre. Deux secondes s’étaient peut être écoulées entre le temps ou l’homme avait volé le sac que Sam se mit à sa poursuite. Kourtney ne pensait à rien d’autre qu’à son sac. Entre temps elle avait prit son portable et se tapota la lèvre avec.

« Je te jure si il n’y a ne serait-ce qu’une seule trace de doigts sur mon Chanel, je les tue tout les deux. »

Pourquoi tuer Samuel ? Kourtney ne savait même pas. Elle n’apercevait plus la silhouette de Sam, elle priait seulement pour qu’il réussisse à l’attraper mais elle se souvint alors qu’il n’était qu’un petit geek qui aimait aller sur l’ordi ainsi que passer ses soirées dessus. Il n’était pas sportif. Kourtney se fit alors une raison : elle ne reverrait plus jamais son sac. Elle pensa alors à la façon dont elle allait mettre fin à ses jours ? Pendue ? Sauter du balcon ? D’une falaise ? Toutes ses idées complètement absurdes (oui absurdes car Kourtney s’aime bien trop pour se faire du mal), trottinaient dans sa tête quand tout à coup elle aperçu Sam au loin. Elle ne voyait pas très bien et leva les yeux au ciel en disant « pitié qu’il ait mon sac, pitié ». Grâce du bon dieu ou simple chance ? C’est ce qui arriva. Samuel donna le sac à Kourtney. Elle s’avoua qu’elle l’avait sous-estimé. C’était vraiment incroyable ce que les gens pouvaient accomplir sans qu’on s’en doute. Elle examine le sac de tous côtés. Il était intact. Même après cet exploit qui méritait d’être récompensé, aucune expression n’apparaissait sur son visage. Elle était froide, et même après la réplique assez drôle de Sam, elle ne dit rien. Elle avait le regard toujours fixé sur le sac et dit :

« Ca va, il n’a rien, et heureusement pour toi. »

Quoi ? Non vous ne rêvez pas. Kourtney était plus froide qu’on ne peut l’être. La raison ? Elle sentait quelque chose de bizarre entre les deux jeunes gens. Ils s’appréciaient, mais se détestaient. Et à vrai dire, Kourtney avait l’impression de bien l’aimer. Etait-ce possible ? Kourtney était-elle capable d’aimer quelque chose d’autre que des sacs ou des chaussures ? Oui, à ce que je vois. Elle regarda alors Samuel qui était tout essoufflé après sa course et dit

« Attend moi deux minutes je reviens »

Elle retourna alors dans la boutique, laissant le pauvre lycéen dehors. Elle savait qu’il n’allait pas partir parce que ses affaires étaient chez Kourtney. Allait-elle s’acheter encore quelque chose ? Non bien sûr que non. Elle allait juste acheter un jean, une chemise ainsi qu’une veste, tous ce textile portant la marque Chanel, pour ? Pour Samuel. Ayant déjà repéré tout lors de l’achat de son sac, elle sortit en quelques minutes. Son choix était incontestable, c’était les plus belles fringues pour homme dans le magasin, alors pas de doutes, que ça lui plaise ou pas, il allait les porter. Elle sortit et en voyant Samuel, lui donna les 3 sacs avec les habilles.

« Tiens, c’est pour toi. Tu pourras être un plus présentable, je n’aurais pas honte de me promener avec toi comme ça. »

Toujours aussi méprisante, toujours aussi méchante. Elle l’aimait bien en plus alors pourquoi se cacher derrière cette carapace ? Kourtney baissa les yeux au sol, se mordilla la lèvre, l’archétype même de la jeune petite fille gênée.

« Et sinon.. heu .. merci pour ce que tu as fais, c’était très sympa. »

Pensant qu’elle allait se prendre une gifle, elle s’empressa de s’approche de lui et l’embrassa. Quoi ? Ou ? Comment ? Mon dieu, K repérée comme ayant un cœur ? Rajoutant encore un petit

« Merci encore Samuel. J'espère que les affaires te plairont.»

Jetant un regard vers elle, il se demanda si elle était sérieuse, mais à l'allure qu'elle arborait, il n'y avait pas de doute possible. "Heureusement pour toi ?" et puis quoi encore ? Il venait de se taper une course poursuite du feu de Dieu pour récupérer son sac dont il n'avait strictement rien à faire, et voilà qu'elle allait se plaindre ?

"Quoi ? Mais va te faire f..."

Répondit-il sèchement, un regard assassin planté sur elle. Il aurait pu crever qu'elle l'aurait engueulé de ne pas avoir ramener son sac plus vite ! Laissant s'échapper un soupire exaspéré quand elle le planta sur place, prétextant un "je reviens", il alla s'asseoir plus loin, toujours un peu sonné de la rencontre impromptue entre le poing du voleur et son œil. C'est ça, qu'elle s'en aille parce qu'il était à deux doigts de la tuer sur place ! Voilà qui lui donnait une bonne leçon : ne plus jamais être héroïque. Trop dommage, il était obligé d'attendre qu'elle revienne, à moins qu'il ne la plante sur place et laisse tomber l'idée de rentrer chez lui. Il pourrait aller squatter chez quelqu'un pour la soirée, non ? Mais pas sur qu'elle lui ramène son sac le lendemain... Non c'était même carrément in envisageable.

"Et puis merde, elle vraiment chiante comme fille, la prochaine fois qu'elle a un problème, qu'elle compte pas sur moi pour l'aider..."

Grogna-t-il, repoussant sa tête en arrière comme si ça allait faire passer le mal de crâne qui s'insinuait sournoisement dans sa tête. Avec tout ça il allait perdue sa cigarette en plus de ça ! Ah non, elle était dans sa poche de chemise... ouf ! Et voilà que sonnait le glas de la bénédiction. Quoi de plus frustrant que de passer une journée de merde en mauvaise compagnie, et tout ça sans cigarettes ! Vous avez dit drogué ? Peut-être bien, oui. Bref, avec empressement, il attrapa sa clope qu'il déposa au bord de ses lèvres, farfouillant ensuite dans ses poches en quête d'un briquet. Recrachant la fumée d'un geste nonchalant, il observait les gens qui passaient devant lui. Non vraiment en matière de femmes, Lima n'était pas toujours gâté, beaucoup moins que la Californie en tout cas; sauf exceptions bien entendu, et heureusement pour Samuel, c'était davantage ces jolies femmes qui peuplaient sa vie. Malheureusement, "jolie" devait rimer avec "chieuse", ici.

Et voilà que notre Fashionista revenait accompagnée de nombreux sac. C'était pas possible, elle était allé se ré-achter des trucs là bas ? On nage en plein délire ! Son regard plutôt du genre consterné, lorgna la jeune demoiselle qui revenait vers lui. Et là, ô surprise ! Elle lui tendit les sac. Quoi, elle voulait qu'il fasse son porteur en plus de ça ?

"Tu plaisantes ou quoi ? J'en veux pas ! T'auras qu'à les donner à tes copains footballer fashion victime. J'ai pas du tout envie de ressembler à ce que tu aimerais que je sois."

Il la considéra avec dédains, écrasant sa cigarette fraichement consumée pour la jeter plus loin. Elle allait trop loin cette fois. Elle pensait vraiment qu'elle arriverait à l'habiller comme un gosse de riche pour avoir moins honte de lui ? Dans ses rêves ! Il aurait adoré continuer à la rabaisser comme il s'apprêtait à le faire, mais voilà qu'elle coupa court à son discours. Comment ? Lisez-plus haut, bande de moules !

D'un regard consterné, il switcha pour un air perplexe. What ? Il avait manqué un épisode ou quoi ? Pourquoi était elle passé de reine des glace à petite gamine timide ? Si elle voulait le surprendre elle avait réussit. Surtout que sa colère était retombé d'un coup comme un soufflé raté.

"Je ne te comprends pas du tout..." lâcha t-il dans un soupire limite exaspéré. "T'es bipolaire c'est ça ? C'est laquelle la vraie Kourtney là dedans ?"

La pimbêche égocentrique ou celle qu'il avait en ce moment même devant les yeux ? Aucune idée. Il lui tendit les trois sac d'habits sans avoir jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil à ce qu'elle avait acheté. Tout ce qu'il pouvait dire c'est que ça avait dû lui couter un bras, et qu'il n'en voulait pas spécialement...

"Allez, va ramener tout ça et on va boire un coup... Sauf si t'as trop la honte pour ça ?"

Elle tendait les magnifiques fournitures qu’elle avait prit soin de choisir à Samuel et celui-ci n’avait pas l’air d’être prêt à les accepter. Il commença alors à faire la moral, du genre qu’il n’avait pas vraiment besoin de ces habilles, Kourtney se reteint de lui dire « Crois moi, t’en a vraiment mais alors vraiment besoin ! » Mais elle ne le fit pas, non elle préféra faire un bisou sur la joue du jeune homme et s’excuser. Ce n’est pas si facile d’être une Kourtney Da Silva, non en effet. C’est alors que le jeune lycéen montra son exaspération. Bipolaire ? Non. Elle était gentille, sous cette carapace de dur à cuir. Ils étaient en dehors du lycée, seuls, alors pourquoi Kourtney faisait-elle la grande méchante reine froide ? Pour se rassurer elle-même. Elle aimait faire la guerre, être la plus méchante, mais il lui manquait des gens dans sa vie, un copain par exemple. Un vrai copain, qui ne soit pas gay, ni qui parle avec Kourtney juste pour sa popularité. Elle savait que Samuel n’était pas du genre. Elle resta le regard fixé sur le sol et répondit :

« Non. Je suis comme ça. A prendre ou à laisser. »

Kourtney ne savait pas quoi réellement répondre, et son manque d’assurance pouvait se sentir dans sa voix, mais elle était tout de même assez convaincante. Samuel tendit les sacs à Kourtney et signe de non retour, cependant c’était une vente privée, on ne remboursait ni échangeait rien. Ayant tout juste prit les trois sacs, comme Kourtney l’avait comprit, Samuel lui demanda de rendre les sacs, et d’aller boire un coup, si elle n’avait pas honte de lui bien sûr. Honte ? Mais de quoi ? Ok, Samuel ne portait aucune marque de grand couturier, mais c’était un beau jeune homme. Un style un peu « mannequin », assez maigre et avec une coiffure atypique. Kourtney sourit en le regardant, et passa ses cheveux derrière ses oreilles.

« Je ne peux pas les rendre, c’est une vente privée ils n’acceptent pas les échanges et remboursement. Navrée qu’ils ne te plaisent pas, en tout cas garde-les, et si tu n’en veux vraiment pas, brûles les. Il fait froid ces derniers temps. »

Elle fit une pause et se rattacha les cheveux pour la dixième fois de la journée.

« Et puis non j’ai pas honte. Par contre c’est moi qui invite, allez viens. »

Elle le prit par la main et le tira vers la voiture. Qu’était-elle devenue ? Une gentille fille ? Elle-même ne savait pas. En ces temps de guerre, il ne fallait pas que quelqu’un la voie. Elle voulait être reine, et bien même qu’elle ressentait une certaine sympathie pour Samuel, elle ne laisserait pas ses sentiments l’emporter.

Quand les deux lycéens s’assirent dans la voiture, Kourtney prit son téléphone et envoya un message à sa mère pour lui annoncer qu’elle avait le sac. Elle le posa ensuite et alluma la voiture.

« C’est partit »

Kourtney était le genre de fille qui avait la particularité d'être un mystère tout entier. Prétentieuse, égocentrique et pimbêche, ou non ? Il ne pouvait pas dire, car il ne savait strictement rien d'elle, hormis son addiction pour les grand couturiers et son besoin inconditionnel d'être populaire. Surtout que la vision assez négative qu'il s'était fait d'elle jusque là s'était pas mal ébranlée après ces trois dernières minutes. D'où sortait ce manque d'assurance et cet air gêné ? D'où sortait cet air sympa ? en contraste total avec celle qu'elle était, ou tout du moins celle qu'elle prétendait être. Il n'avait pas envie de se laisser berner par cette nouvelle fille, du moins pas si vite. Après tout elle était probablement capable du pire. Néanmoins, il préférait de loin la compagnie de celle qu'il avait face à lui à celle qu'il avait eu jusque là.

Il aurait pu répondre : "ça me va", à la place il ne répondit rien, préférant garder le silence dans un sourire moqueur, probablement parce qu'il trouvait la situation assez bizarre. La détester ne lui posait pas de problème, seulement il avait maintenant la désagréable impression de la trouver pas si insupportable que ça. Récupérant les sacs qu'elle lui tendait, il rit légèrement quand elle parla de les bruler.

"J'ai peut-être pas de quoi m'offrir des cure dents Hermès, mais je suis pas pauvre à ce point quand même."

Ajouta t-il dans un rire contenu et sarcastique à souhait. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire de ces habits, et surtout : combien ça lui avait coûté au juste ? Si elle pensait pouvoir faire passer ça comme payement pour ses cours elle se plantait considérablement !

La jeune fille avait une manie qu'il trouvait bizarre, à savoir de toujours lui prendre la main quand elle voulait qu'il la suive. Non pas qu'il trouvait ce geste désagréable, mais il n'en était pas moins étrange. Observant une fraction de seconde autour d'eux, comme si il craignait qu'on les voit ainsi, il la suivit.

En route pour un quelconque café, songeant qu'il valait mieux en choisir un pas trop près du centre car beaucoup de jeunes du lycée y passaient leurs soirées, il lutta contre l'envie de s'allumer une énième cigarette. Était-elle sûre de ce qu'elle avançait ? Ne pas avoir honte sur l'instant était une chose, mais qu'en serait-il quand elle devrait expliquer à ses amis Cheerios pourquoi elle adressait la parole à ce garçon là bas qui n'était absolument pas dans le top 10 des mecs les plus populaires de McKinley ? Au lycée il n'était ni footballer (du moins pas encore), ni très regardé, et il avait la fâcheuse tendance à ne pas apprécier du tout la compagnie des élèves populaires. De quoi gravement entacher la réputation de notre miss future reine du lycée !

"Je suppose qu'au lycée on fera comme si de rien n'était ?"

Ce n'était ni une réponse, ni une question. C'était une constatation formulée sous forme de question rhétorique, prononcée sur un ton badin mais accompagnée d'un "sourire" qui donnait à son observation orale quelque chose qui ressemblait à du défi. Bien sur, il valait mieux que Kourtney garde le silence. Surtout qu'au fond il n'y avait rien de spécial à dire, mais il n'avait pas envie d'être un sujet de ragots, à peine arrivé à McKinley. Après tout, ces deux là n'étaient pas fait pour s'entendre, et il était persuadé que la jeune fille n'avait pas envie que tout le monde sache que sous son masque de reine des glaces se cachait une Kourtney pas si assurée que ça.

SUJET CLOS.