Sujet: 05. We Used to be Friends. Sam 2 Avr - 0:51
WE USED TO BE FRIENDS
« Et est-ce que vous voyez à quel point le visage est magnifiquement taillé? Admirez un peu la précision de l’ouvrage, c’est absolument fantastique. Les vieilles légendes de la Renaissance disent que Michel-Ange n’aurait mis que trois mois à terminer cet œuvre, ce qui était extrêmement rapide pour l’époque ! C’est d’ailleurs pour ça qu’il était si connu et si demandé dans les cours d’Italie, parce que, contrairement à ses contemporains comme De Vinci ou Raphaël, Michel-Ange était très— »
La cloche sonna alors, l’interrompant dans son discours passionné sur une célèbre sculpture Renaissance qu'il connaissait par cœur mais qui laissait pourtant ses élèves de marbre – et c’était bien le cas de le dire, aussi mauvais soit le jeu de mots. Lewis soupira bruyamment, excédé par le peu de respect que lui octroyait pompom-girls, sportifs et autres adolescents boutonneux et ingrats ; après tout, inutile de se voiler la face, il était probablement un des seuls dans ce lycée à être fasciné par l’Art dans son intégralité. Ses jeunes du glee club se disaient artistes… Certes, mais leur répertoire culturel était strictement musical, Marshall aurait parié que, comme les trois quarts de la population américaine, la seule œuvre qu’ils pouvaient se vanter de connaître n’était que La Joconde. A défaut d’avoir un aussi grand talent qu’eux, Lewis espérait au moins être un peu plus instruit… On compense comme on peut.
Reprenant ses esprits, le professeur haussa la voix afin qu’elle puisse fendre le crissement aiguë et insupportables des chaises trainées mollement sur le vieux lino de la salle de classe. « Je veux que vous me fassiez une recherche sur Titien pour — Bordel mais soulevez vos chaises ! — donc, une recherche sur la vie et le travail de Titien pour le cours prochain. Je vérifierais, donc faites votre boulot. Les fumistes passeront une heure de colle en ma compagnie ou en la compagnie du glee club. Vous êtes prévenus ! »
Encore et toujours la menace de la chorale. Les jeunes qui en faisaient parti avaient beau être immensément doués pour certains, ils restaient tout de même des losers aux yeux des autres élèves, et ça, Lewis ne pouvait rien y faire. Autant en tirer parti. Marshall s’affala sur sa chaise et étendit ses longues jambes sur son bureau, attendant patiemment que les jeunes finissent de vider la salle.
Il ne haïssait pas les membres de la chorale, au contraire, il les admirait beaucoup ; ils étaient talentueux, personne n’avait son mot à dire à ce niveau-là. Seulement… Il ne pouvait tout simplement pas encadrer Schuester. Pourquoi ? Même lui ne le savait pas. Sa façon de parler, de se tenir, de débarquer en furie chez Figgins une bonne vingtaine de fois par jour… C’est vrai, ce n’était pas fondé, mais Marshall n’en démordrait pas pour autant : il voyait Will comme son pire ennemi, comme le mec à abattre, alors qu’il ne lui avait parlé que deux ou trois fois en quatre ans. C’était physique, il n’y pouvait rien. A la limite, il préférait presque Sue, aussi impitoyable était-elle.
Se décontractant un peu plus, Lewis s’allongea presque sur sa chaise et tourna lentement le visage vers la fenêtre : de la pluie, encore et toujours de la pluie. Étrangement, ça lui rappelait son Nevada natal – alors qu’il n’y pleuvait jamais – et toutes les conneries qu’il avait pu y faire quand il avait encore l’âge de ses élèves. Certes, il n’était même pas trentenaire, mais dans un sens, sa naïveté et son je-m’en-foutisme post-majorité lui manquait terriblement. Il pourrait encore coucher avec n’importe qui sans en craindre les conséquences - quoique, il se foutait toujours un peu des conséquences à vrai dire, il devait simplement être plus discret - faire semblant d’être malade pour ne pas aller travailler, traîner jours et nuits avec ses potes… Le bon vieux temps. Mais il était adulte maintenant.
Comme à son habitude blasé sans raison, Marshall soupira une nouvelle fois et tira son paquet de cigarettes de son sac : puisqu’il ne pouvait pas sortir fumer à cause de l’averse persistante, il fumerait ici, rien de plus simple. Personne ne s’amusait à venir le voir pendant les intercours de toute façon, il ne craignait absolument rien.
Avec un flegme magistral, Lewis se leva et ouvrit assez brusquement la fenêtre pour venir s’y accouder, se délectant de l’air frais et humide sur son visage, savourant le frisson qui lui parcourait alors l’échine – et remerciant silencieusement l’architecte de ce bâtiment qui avait eu l’excellente idée d’encastrer suffisamment les fenêtres pour qu’elles puissent être à l'abri des déboires du temps. L’atmosphère était à la fois vivifiante et apaisante. Marshall alluma non sans mal sa cigarette qu’il coinça entre ses lèvres, fermant les yeux et tirant doucement sur sa dose de nicotine comme si on lui eut offert le meilleur des mets du monde.
Comme un enfant, il contemplait avec de grands yeux candides les volutes que formaient gracieusement son souffle ; et il avait beau fumé comme un pompier depuis des années, il trouvait encore ces arabesques de tabac brulé magnifiques, elles l’inspiraient toujours autant, comme de vieilles amies qui le conseillaient continuellement. Peut-être la clope et les autres addictions passées l’avaient-elles tout simplement rendu fou ; il en doutait fort. Lewis eut soudain envie de chanter. Vacillant d’un pied à l’autre en gardant sa cigarette entre ses doigts, il entama a cappella un morceau* qui lui vint à l’esprit sans prévenir.
I don't know if it's me or you But I can see the skies are changing No longer shades of blue I don't know which way it's gonna go
If it's going to be a rainy day There's nothing we can do to make it change We can pray for sunny weather But that won't stop the rain
You're feeling like you've got no place to run I can be your shelter 'til it's done We can make this last forever So please don't stop the rain
Let it fall, let it fall, let it fall Please don't stop the rain Let it fall, let it fall, let it fall Please don't stop the rain...
Un grincement le sortit brusquement de sa mélodie improvisée. Quelqu’un venait d’entrer dans la salle. Plus apeuré par le fait qu’on ait pu l’entendre chanter que par celui qu’on puisse le prendre avec une cigarette dans un lycée, Marshall se tourna lentement vers la porte et l’intrus qui venait de la pousser, les sourcils terriblement froncés. « Y’a un problème? Le cours est terminé, j'aimerais qu'on arrête de m'emmerder. »
*James Morrison - Please don't stop the rain
Dernière édition par Lewis N. Marshall le Mer 20 Avr - 1:11, édité 14 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Mer 6 Avr - 17:25
Le jeu auquel tous deux s’adonnaient (si on peut appeler cela un jeu) durait depuis quelques semaines déjà. Avant cela ? Oh, je doute qu’ils se soient jamais adressé la parole, vous savez, car si Lewis n’était pas d’un naturel très sociable, Célia elle n’était pas réputée pour sa franche camaraderie. Je suis certaine, lecteur, que vous êtes impatient de savoir comment la jolie Célia, pas plus persuasive qu’une simple autre fille, pas plus impressionnante qu’une enfant, avait pu rendre le grand-méchant-loup-prof-d'arts-plastiques : Lewis Marshall, aussi docile qu’un agneau. Mais avant cela il faudrait que vous sachiez pourquoi, justement, l'avait-elle choisit. Elle pourrait vous répondre, un petit sourire ingénue aux lèvres, que c’était justement parce qu’il était le moins enclin à obéir à qui que ce soit ! Malgré cela, elle le menait à la baguette, ce qui était bien plus intéressant que si elle avait essayé l’expérience sur un petite de seconde timide et lunetteux.
C’était un piège tout ce qu’il y a de plus simple et sans préméditation aucune. Oh non, Célia n’était pas fourbe au point de préméditer ses actes ! De tels agissements manqueraient cruellement de bon goût, et tout le monde sait qu'elle préfère la finesse. Enfin, vous êtes proches de la clé de l’énigme, de cet évènement qui, quelques semaines auparavant, avaient permis à la demoiselle de mettre des menottes aux poignets du professeur le plus sexy de McKinley (bien que l’érotisme des menottes n’ait absolument pas sa place dans leur relation, si j’ose dire.). Mais pour le moment revenons au présent : Célia n’était pas de très bonne humeur. Allez savoir si c’était parce que son réveil détraqué avait sonné trop tôt alors qu’elle s'était faite sermonner la veille au boulot concernant un client habitué qu'elle "ne devrait pas rejeter de la sorte si elle veut garder son travail" (c'était à se demander si c'était bien dans un café qu'elle bossait, plutôt que dans une maison de passe...), si c'était les cris stridents de Sylvester qui l'avait stressée, ou si parce que la crème qu’elle mangea ensuite, assise seule à sa table, était curieusement salée. Peut-être était-ce tout simplement parce que Célia Stenford n’était pas souvent de bon poil.
"Et bien… En voilà des manières !"
Un sourire hautain passa sur les lèvres, trahissant le subtil mélange de pitié et d’amusement qu’elle éprouvait à ce moment là pour le pauvre Marshall. Elle croisa les bras, ne manquant pas de fixer avec insistance le jeune homme de ses yeux habituellement bleus, qui, alors que la nuit tombait commençaient à prendre des teintes noires ébène. Il arrêta bien vite de lui tourner le dos, arborant encore et toujours la même mine renfermée et très en colère qu’il avait à chaque fois que leurs regards se croisaient. Il était sans doute très énervé et vexé de se voir ainsi torturé par une demoiselle, et blonde qui plus est ! Cela n'étonna pas beaucoup notre jeune Célia. De toute manière, rien ne semblait jamais l'étonner, ou presque rien. En fait, elle était presque satisfaite. Il ne fallait pas que les choses soient trop faciles…
"C'était une bien jolie mélodie, vous comptez intégrer un glee club ?"
Constatant qu’elle aimait toujours autant ennuyer le jeune homme, elle le rejoignit d'un pas souple, pour se poser à ses côtés contre la fenêtre. Tiens ! et si elle lui piquait un taff de sa cigarette ? Aussitôt pensé aussitôt fait, elle eu même l'audace de la garder pour elle. Célia une fumeuse ? certainement pas ça donne les dents jaunes, mais tous les moyens étaient bons pour enquiquiner le jeune professeurs. Disons qu'elle la gardait comme salaire pour l'excellente idée qu'elle venait de lui fournir : intégrer un glee club, ça lui permettrait de mettre la main sur encore plus de jeunettes en jupettes ! Car oui, sachez-le et retenez bien ces quelques mots : monsieur Lewis Marshall avait un problème avec les lycéennes. Le soucis étant qu'il avait la fâcheuse tendance à vouloir jouer au docteur avec… un comble pour un professeur ! Malheureusement pour lui, un jour, Célia eu la bonne idée de passer non loin de là avec une caméra, dommage pour vous monsieur Lewis, car, les images de votre méfait mises en sécurité, elle comptait bien profiter un peu de votre bonté naturelle…. en échange de son silence bien entendu !
"Je m’ennuyais toute seule… J’ai tout de suite pensé à vous !"
Sur ces mots, elle recracha la fumée de la cigarette en prenant bien soin d'éviter de le faire sur le joli minois de notre professeur. Elle ne savait pas ce qui dérangeait le plus le jeune homme, le fait qu’il ait perdu, battu à plate couture par une fille, ou bien que cette histoire dure presque depuis plusieurs semaines sans qu’il n’y ait trouvé de solution. Aaaaah la douce fierté de l’homme qui ne voulait pas perdre de sa dignité. Car pour se libérer, n’aurait-il pas fallu qu’il ait le courage de l’affronter, quitte à perdre un peu de sa superbe aux yeux des autres élèves de l’école ? Bon d'accord, il aurait probablement été renvoyé… Et Célia se serait retrouvée bien embêtée de ne plus l'avoir dans les couloirs ! En réalité, il se torturait tout seul, elle, aurait préféré empêcher immédiatement toute possibilité de chantage… En la jouant plus malin, sans doute. Mais la malignité ne semblait pas figurer dans les nombreux adjectifs qui qualifiaient Lewis. Parmi eux ? Oh et bien, il y avait tout d’abord "colérique", "impatient", "têtu" sans nul doute mais aussi "arrogant" et "taciturne", et mauvais perdant, de surcroit ! Elle aurait volontiers ajouté "mignon" à la liste, mais elle se garda bien de le faire car Célia (excusez-là !) avait beaucoup de mal à avouer que certaines choses, quelques détails, la touchaient profondément. Comme le fait qu’il la suive dans ses jeux inconvenants, par exemple.
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Ven 8 Avr - 21:46
Dire que Lewis avait légèrement cillé en la voyant entrer joyeusement dans sa salle aurait été un euphémisme : ses sourcils n’avaient jamais été aussi froncés en vingt-sept ans de carrière, histoire de témoigner à l’intruse la joie manifeste de son tendre professeur d’art à sa vue. C’était à se demander si le sort ne s’acharnait pas sur lui. Pour le coup, sa journée avait été purement merdique : le matin-même, il s’était littéralement viandé dans les escaliers de son immeuble, se ramenant au lycée avec des hématomes et autres contusions plein les bras. Le pas de l’établissement à peine passé, il s’était – comme d’habitude – pris la tête avec Schuester, puis avait été, quelques heures plus tard, convoqué une énième fois chez Figgins suites aux plaintes – tout à fait justifiées – de nombreux élèves l’accusant d’insultes et « harcèlements moraux »… Ouais, d’accord, c’est vrai, faire des croches-pattes à certains lycéens et les humilier au beau milieu des couloirs en les "slushant" pour bien leur faire comprendre qu’il fallait suivre en cours d’art était peut-être un peu exagéré. Tout comme le fait de leur laisser des lettres "anonymes" de menace dans leurs casiers ou à leurs domiciles. Monsieur Marshall terrorisait même les footballeurs les plus baraqués. Mais c’était pour la bonne cause. Ces sales adolescents en pleine mue vocale se devaient de considérer l’Art à sa juste valeur.
En bref, c’était vraiment pas le moment. Si Célia n’avait pas été aussi jolie, Lewis lui aurait à coup sur écrasé sa cigarette sur le visage, histoire de lui laisser sa marque à vie ; mais il n’était pas aussi cruel. Il y avait une limite à tout, et il y était malheureusement contraint. Il se para alors de son plus beau sourire hypocrite.
« Et bien… En voilà des manières! » « Qu’est-ce que tu m’avais manqué Célia, c'est fou… »
A vrai dire, Marshall était plus gêné qu’autre chose. Derrière son air fièrement hautain – et accessoirement terriblement tête-à-claque, le fait que cette adorable cheerlader l’ait entendu chanter à gorge déployée le mettait dans tous ses états. Elle avait l’art de débarquer à chaque moment opportun, comme si collecter des informations compromettantes sur son bien aimé professeur était sa destinée, sa raison de vivre. Bientôt, elle pourrait écrire un roman entier, empli uniquement de ragots en tout genre à son sujet. Lewis était on ne peut plus mal à l’aise. Par chance, ses joues ne rougissaient jamais. Enfin, il l’espérait.
« C'était une bien jolie mélodie, vous comptez intégrer un glee club? » Ce fut en quelque sorte la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Si elle avait été un garçon, nerd, gleek ou même footballeur, il l’aurait probablement déjà étranglé, empoisonné et égorgé. Trop violent ? Non, juste excédé. Excédé d’être mené à la baguette par une fille, de dix ans sa cadette de surcroit. Qui plus est cheerlader, blonde – même s’il reconnaissait que Célia était très loin d’être bête – et bien roulé. Autant se l’avouer, si elle n’avait pas été son maître-chanteur en chef, elle aurait été le genre de lycéennes à qui Lewis aurait fait de l’œil. Mais ce n’était plus le cas. Plus depuis qu’elle le menaçait de montrer à Figgins les nombreuses photos et vidéos de ses ébats tout à fait personnels avec ses élèves. Certes, ces actes étaient peut-être illégaux et immoraux, mais du moment que ses jeunes partenaires étaient d’accord, il n’y voyait aucun problème. Et puis, de quoi Célia se mêlait-elle ? Il ne lui avait en aucun cas porté préjudice, ce n’était simplement pas ses affaires.
La jolie blonde profita d’un instant d’inattention de son camarade de jeu pour lui dérober sa clope, action à laquelle Lewis répondit par un grognement suggestif. Le plus insupportable dans l’histoire, c’était sûrement le fait qu’il soit obligé d’acquiescer à chacune de ses requêtes, même les plus extravagantes. Mais il n’avait pas le choix, il était pieds et poings liés, littéralement. Ce petit jeu durait depuis plusieurs semaines pourtant mais il n’y avait trouvé aucune solution : à croire qu’il resterait l’esclave attitré de Célia jusqu’à ce que mort s’en suive. Marshall avait déjà réfléchi à quelques solutions, comme celle de brûler la maison de la famille Stenford en espérant détruire les preuves de ses crimes par la même occasion ; mais il était tellement peu discret qu’il aurait été capable d’abandonner une touffe de cheveux entière sur les lieux, histoire d’indiquer clairement aux policiers que, oui, c’était bien lui qui avait aspergé la villa d’essence.
« Dis-moi ma belle, t’as rien d’autre à faire que de venir traîner dans mes pattes? » « Je m’ennuyais toute seule… J’ai tout de suite pensé à vous! » « Comme c’est gentil de ta part… De quoi t’as besoin ? Inutile de tourner autour du pot, je suppose que tu n’es pas venue pour me faire la conversation… »
Clair, net, précis. Un peu trop froid peut-être. S’asseyant nonchalamment sur une table face à elle histoire de soutenir avec plus de profondeur son regard étrangement sombre, Marshall s’attendait au pire. Il aurait parié son salaire qu’elle allait lui demander quelque chose ; il priait intérieurement pour qu’il ne s’agisse pas d’un énième accessoire tendance pour la it-girl qu’elle était ; son compte en banque, aussi blindé était-il, se remettait difficilement du sac Louis Vuitton du mois dernier – à vrai dire, c’était plutôt Lewis lui-même qui avait encore du mal à le digérer. Tout comme chacune des choses qu'elle le poussait à faire. Il n'aurait jamais pensé être un jour aussi docile.
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Dim 10 Avr - 15:41
"C'est vrai ? J'ignorais que vous aimiez à ce point ma compagnie !"
Susurra-t-elle, espiègle comme toujours, sachant pertinemment que Lewis était sarcastique. Elle referma la porte derrière elle, afin que personne ne vienne les interrompre. Que cherchait-elle, à travers ce jeu ? Ennuyer le grand Lewis Marshall, pour se prouver que l’esprit triomphait une fois de plus sur la force brute ? Ou bien cherchait-elle à pimenter un peu sa vie qui se faisait de plus en plus morne au lycée ? Car si la première année avait été hautes en couleurs, ici, à McKinley, elle éprouvait à présent une certaine monotonie. Elle n’était pas née dans ce pays ci, et ne pouvait s’empêcher de se sentir quelque peu à l’écart. Heureusement Lewis était là pour la distraire ! Elle se sentait, à la vue du jeune homme, comme une enfant commettant une bêtise. Mais Célia aimait avec quelle impertinence elle arrivait à le mener à la baguette ! Après tout , monsieur Lewis était loin d'être un enfant de cœur ! Disons qu'elle lui rendait la monnaie de sa pièce pour tous les élèves qu'il martyrisait ! Célia, défenseur des opprimés ? Et pourquoi pas !
Mais le jeune homme n’avait pas l’air de partager son enthousiasme, et ce, depuis le commencement. Pourtant elle lui demandait des choses qui n’étaient pas si terrible ! Passer quelques temps avec elle dans une salle de cours désaffectée… Oh ! Pour parler, lecteurs ! N’allez pas vous imaginez des scénarios rocambolesques tous plus fous les uns que les autres ! Parfois elle lui demandait de faire quelques petites choses pour elle, comme finir un devoir, ou bien rendre la monnaie de sa pièce à cette fille là bas, qui lui avait parlé de manière vulgaire l’autre jour. Mais quelque soit sa demande, il s’exécutait avec la disgrâce d’un condamné à mort.
Aujourd’hui, elle était triste par égoïsme : elle savait très bien qu’il vaudrait mieux pour le jeune homme qu’elle le laisse tranquille, mais se refusait à le faire. Paradoxal, me direz-vous. Elle aimait bien cette étrange relation qui s’était instaurée entre eux deux, et qui ne se couvrait pas des affres de l’hypocrisie si souvent courantes dans les amitiés adolescentes. Elle préférait de loin qu’il passe son temps à faire sa mauvaise tête, plutôt qu’il se force à être faussement agréable, c’est qu’elle était étrange, la demoiselle. Lewis, lui, n'aimait pas. Sans doute aurait-il préféré qu'elle soit comme toutes les autres lycéennes stupides de McKinley à lui baver dessus en silence, opinant du chef à la moindre de ses paroles ! Mais Célia n'était pas de ce genre, ça non !
Peut-être qu’à la longue il finirait par ne plus avoir peur d’elle. Que dis-je, il ne devait pas, même maintenant, être impressionné le moins du monde. Suivant le jeune homme de son regard toujours allumé d'une lueur fantaisiste elle fit la moue (une fois de plus) à ses paroles. Il exagérait, après tout elle ne lui demandait pas des choses si terribles ! Ou bien c'était uniquement pour le punir d'une remarque déplacée ou d'un regard voulant clairement dire "toi je te préfèrerais morte". Le reste du temps elle était assez gentille ! Elle se hissa sur le rebord de la fenêtre, presque sure que si elle s'approchait de lui un peu plus il finirait par lui tordre le cou. Il avait l’air maussade, triste, peut-être même un soupçon désabusé. Elle ne pu s’empêcher de sa demander pourquoi, plongeant des yeux presque courroucés dans ceux du garçon. S’il n’avait à ce point pas envie de rester, il lui aurait suffit de partir, de dire qu'il avait quelque chose à faire, un rendez-vous, peu importe ! Ce jeune homme était au moins tout autant paradoxal qu’elle !
"En réalité, je n'étais pas venue ici pour vous demander quoi que ce soit. Mais soit ! Puisque tu vous tenez..."
Qu'allait-elle lui demander cette fois ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle allait encore devoir improviser comme la fois où elle lui avait demandé un sac hors de prix... qui avait finit dans une vente de charité pour l'hôpital du coin. Célia ne s’embarrassait pas de bien matériels, ni grigri, ni collier de famille, ni porte bonheur. Elle n'en avait rien à faire des accessoires de mode à 5 chiffres de grands couturiers. N'importe qui la connaissant un peu aurait pu vous le dire... Oh mais que dis-je, personne ne connaissait Célia, du moins pas véritablement.
"Après tout... satisfaire mes caprices, c’est bien la seule chose que je vous demande, n’est-ce pas ? Donc..." >laissant sa phrase en suspend, elle lève les yeux au ciel comme si une idée farfelue allait en tomber. Puis, un sourire étirant ses lèvres, elle quitte son piédestal pour le rejoindre d'un pas feutré. S'approchant de lui, elle glisse alors ses bras autour de son cou et susurrer à son oreille.< "j'aimerais que vous rendiez la monnaie de sa pièce à cette peste de Joyce Allen... carte blanche !"
Elle recula légèrement, histoire que personne ne les prenne en flagrant délit dans cette position suggestive. Elle n'avait pas envie d'être prise à son propre piège bien entendu ! Son sourire bien qu’ingénu, montrait qu’elle ne plaisantait pas, probablement parce que Joyce était en tête de liste des suspects concernant sa mésaventure à une soirée, quelques jours auparavant. Verser du GHB dans son verre (elle était presque sur que cette idée idiote était la sienne...) était le sale coup de trop, cette fois elle n'allait pas s'en remette, la peau de vache à culotte de cheval ! Un mélange de sadisme et de défit illuminait ses prunelles. Elle croisa les bras, plantant un regard narquois dans celui de son chevalier servant, pour le questionner des yeux.
"Vous en êtes à la hauteur ?"
Dernière édition par Célia Stenford le Jeu 14 Avr - 10:14, édité 1 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Mar 12 Avr - 0:35
Même si son égo le lui interdisait, Lewis ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain engouement quant au jeu que Célia lui imposait. Oh, bien sûr, il ne l’avouerait probablement jamais, question de fierté masculine mal placée, et puis, Monsieur Marshall n’était pas réputé pour être un homme sage et encore moins soumis ; il avait tout de même une réputation à tenir. Le fait qu’elle puisse faire ce qu’elle voulait de lui l’émoustillait autant que ça pouvait très franchement l’emmerder. Le grand Lewis avait toujours régné, et évidemment, ce changement l’avait très largement ébranlé. Ses réactions vis-à-vis de la jolie cheerlader pouvait aller du bon – à sa manière, aussi particulière soit-elle – jusqu’au très mauvais. Lunatique ? A peine... Et le pire dans l’histoire, c’était qu’il ne faisait rien pour contourner cette situation. Bien entendu, il tentait tant bien que mal de se convaincre qu’il n’y avait aucune échappatoire, qu’il était à la totale merci de la jeune femme ; pourtant, toute personne censée savait très bien qu’il y avait une solution à tout, lui y compris.
Et puis, prétexter qu’il lui obéissait uniquement parce qu’elle le menaçait de dévoiler certaines vidéos était d’un ridicule… Un Marshall avait plus d’un atout dans sa manche. Au pire des cas, si Figgins en arrivait à voir les enregistrements, il le virerait sans préavis et lui collerai un procès. Lewis exigerait alors une des meilleures avocates du pays ; à savoir une de ses sœurs ; et demanderait à sa mère ; elle-même procureur ; de faire parti des jurés. Sa famille ne lui refusait absolument rien. L’instance terminée, il n’aurait plus qu’à chercher un autre poste de professeur d’art dans un autre lycée, roulant toujours autant sur l’or. C’était aussi simple que ça, il n’aurait donc au final strictement rien à perdre s’il décidait de s’insurger contre Célia. Pourtant, et ce depuis des semaines, il était toujours là.
« C'est vrai ? J'ignorais que vous aimiez à ce point ma compagnie ! »
Et elle lui sourit, ce à quoi il ne put s’abstenir de répondre du coin des lèvres, le plus candidement du monde. Car s’il savait pertinemment bien qu’il avait tord, Lewis se plaisait à penser que, derrière les sourires infiniment sarcastiques qu’elle lui adressait, il y avait aussi quelques bribes de ferveur à son égard. Parce que, malgré tout ce qu’il pouvait dire ou montrer, il avait fini par un tant soit peu l'apprécié.
« T’as même pas idée… » murmura-t-il, d’une voix à peine audible. Et dans un sens, ce n’était pas si faux. Son existence était présentement si morne et monotone qu’il avait bien besoin de Célia pour l’enrichir un tant soit peu, que sa manière de le faire soit à son goût ou pas. D’ailleurs, elle était vraisemblablement dans le même cas de figure, sinon pourquoi lui accorderait-elle autant de son temps ? Lewis laissa échapper un ricanement, ironisant leurs sorts en se rendant compte qu’ils étaient tout aussi blasés l’un que l’autre. Marshall avait beau paraître intouchable et confortablement installé sur son piédestal, sa vie n’en demeurait pas moins ennuyeuse. Elle suivait constamment le même schéma : la semaine, il fréquentait principalement sa salle de classe, les vestiaires des cheerlader et l’immense placard à balais de l’aile nord du lycée ; l’une pour modestement assurer ses cours, les deux autres pour s’envoyer en l’air avec une bonne brassée d’élèves. Oh, il avait conscience que ce n’était pas correct, mais s’en fichait plus d’autre chose. Puis le week-end, il sortait, parvenait à être invité à nombre de soirées étudiantes, et procréait. Un bien joli mot pour en fait dire que Lewis était carrément lubrique, totalement nymphomane s’il avait été une femme. Si c’était un défaut autant qu’un terrible handicap ? Assurément. Un handicap si peu commun qu’il lui arracha une nouvelle risée. Il leva les yeux vers Célia, les plongea délicatement dans les siens, un sourire totalement hors propos toujours imprimé sur ses lèvres. A vrai dire, il était même allé jusqu’à en oublier ce qu’il avait pu lui dire quelques secondes plus tôt. Les méandres de son esprit avaient tendance à être parfois trop profonds.
« En réalité, je n'étais pas venue ici pour vous demander quoi que ce soit. Mais soit ! Puisque vous y tenez... »
Oh. Lewis se refroidit aussitôt, ne sachant pas vraiment ce à quoi il devait s’attendre. Après tout, ses gages n’étaient jamais vraiment épiques à s’en damner, mais il se devait de les contester et de les exécuter avec tout le poids du monde sur les épaules, en traînant bien sûr du pied. Par principe, ni plus ni moins. « Après tout... satisfaire mes caprices, c’est bien la seule chose que je vous demande, n’est-ce pas ? Donc... ». Il arqua un sourcil, étonné du ton de voix subtilement voluptueux qu’elle avait pris et qui – il fallait l’avouer – lui allait divinement bien. Puis, sans même qu’il n’ait le temps de s’en rendre compte, elle s’agrippa à son cou et expira non loin de son oreille. Oh, mauvaise pioche. Comme beaucoup d’hommes, Marshall avait tendance à devenir complètement fou dès lors que l’on s’approchait un peu trop près de son cou… Il dut littéralement faire des pieds et des mains pour retenir un pauvre soupir. « J’aimerais que vous rendiez la monnaie de sa pièce à cette peste de Joyce Allen... Vous avez carte blanche ! » Interloqué par ses dires, il recula brusquement sa tête, plantant son regard dans les yeux azur de Célia à quelques centimètres seulement des siens.
Un des nombreux points positifs qu’il y avait dans le fait de coucher avec des élèves de McKinley, c’était que, grâce à des conquêtes parfois très bavardes, Lewis était mis au courant d’un nombre incalculable de rumeurs, toutes les plus farfelues les unes que les autres. Et il lui semblait clairement s’en souvenir d’une mêlant Célia, une certaine cheerlader, une fête quelconque et quelques grammes de GHB. Il n’y avait pas vraiment cru et n’avait jamais eu le fin mot de l’histoire.
Marshall fronça alors violemment les sourcils, la bouche légèrement entrouverte, soutenant toujours le regard de sa camarade qui se décolla lentement de lui et croisa nonchalamment les bras. Il espérait très sincèrement avoir tord et que cette rumeur soit totalement fausse. Lui aussi avait fait des conneries plus jeune, et savait très bien ce que le GHB pouvait engendrer… Il tressaillit. Qu’on s’en prenne de près ou de loin à ses proches avait le don de le mettre hors de lui ; et bien malgré lui, il l’aimait bien, la petite Célia.
« Vous vous sentez à la hauteur ? » « Attend, c'est vrai cette histoire de GHB que Joyce aurait mis dans ton verre à je n’sais plus trop quelle soirée ou c’n’est qu’une rumeur ?! »
Dernière édition par Lewis N. Marshall le Mer 20 Avr - 11:07, édité 5 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Jeu 14 Avr - 16:54
Elle s'était figée l'espace d'une seconde, avait dévié son regard troublé vers un point imaginaire, et ce probablement suffisamment longtemps pour qu'il remarque son malaise. Avec une telle réaction, il pouvait être sur qu'il avait fait mouche, car oui, il semblait tout autant au courant de l'histoire qu'elle, sinon plus. Elle n'en avait pourtant jamais parlé, ni à ses "amis" (si on pouvait les appeler ainsi) ni à l'infirmière du lycée quelle était allé voir quelques jours après l'incident. Depuis, elle dormait mal, souffrait régulièrement de maux de tête atroce, et d'une constante envie de dégobiller pour tout ou rien (bien que pour ce point ça ne change pas spécialement de d'habitude.). Officiellement, elle mettait ces symptômes sur le compte du stress des examens et du numéro des pom-pom girls qui approchaient à grands pas… et personne ne connaissait la version officieuse, hormis elle, le ou la responsable de cette blague douteuse, et Lewis. D'autres étaient-ils au courant ? Ou pire, le lycée tout entier savait-il ce qui s'était passé ? Les ragots allaient tellement vite de nos jours qu'elle eu la soudaine impression que tous savaient le fin mot de l'histoire, sauf elle. Elle avait bien vite reprit ses airs intouchables, forts et fiers. Il n'était pas question de passer pour une fille fragile une fois encore, et surtout pas devant Lewis.
"… Comment vous savez ça ?"
S’éloignant de lui, elle préféra opter pour un ton naturellement amusé et presque agréable, plutôt que de céder à la profonde amertume qui s’était soudainement éprise d’elle. Elle alla s’asseoir plus loin, sur le rebord de la fenêtre qu'elle avait quittée juste avant. Mettre de la distance entre elle et le jeune homme était une nécessité, car elle était presque sur de finir par l'étrangler. Pourquoi ? Oh et bien elle était assez agacée, énervée, vexée, et à deux doigts de dynamiter l'ensemble du lycée, élèves compris. Le jeune homme avait juste la malchance d'être face à elle en cet instant, mais au fond elle savait pertinemment que toute cette histoire n'était pas sa faute.
Le fait que le simple nom de Joyce lui évoque cette histoire incriminait cette dernière immédiatement. serrant les dents, elle observait le sol d'un air haineux, si bien qu'il aurait sans doute décampé sur le champ si il en avait eu les moyen. Elle le savait ! il n'y avait qu'elle pour oser faire un coup aussi tordu sans penser aux conséquences désastreuses que cela aurait pu engendrer. Si Célia n'avait pas eu la veine (et honnêtement ça lui faisait mal de penser qu'elle avait eu de la chance) de croiser le chemin d'un garçon qui l'avait aidée, qui sait ce qui aurait pu se passer. Elle frissonna à cette idée, que serait-elle devenue si elle était tombée entre les mains d'un mec louche ?
Lewis avait dû récolter cette information auprès de ses nombreuses coucheries… Si ça se trouve c'était Joyce elle même qui lui avait raconté. Ne daignant pas lui adresser le moindre regard, elle préférait fixer ses gambettes qui… oh mon dieu n’avait-elle pas encore maigrit ? Mince alors, il faudrait qu’elle arrange ce problème là, sinon elle finirait vraiment par passer pour une fille malade.
"C'est elle qui vous l'a dit ?" Dit-elle d'un ton bien trop détaché pour ne pas être feint. Le regard qu'elle planta sur lui à cet instant était subtilement teinté de colère et d'écœurement. "A moins qu'elle aussi ne fasse partie de vos nombreuses coucheries… une confession sur l'oreiller peut-être ? C'est répugnant."
Le rictus qui passa sur ses lèvres était le parfait témoin de son dégout. Elle n'avait pas envie de parler de cette histoire qui la mettait salement mal à l'aise; cette histoire la mettait en colère, et Lewis n'avait probablement pas envie de la voir énervée. "Mais vous n'avez pas répondu à ma question… en êtes-vous à la hauteur monsieur Lewis ? A moins qu'il ne vous vienne l'idée saugrenue de refuser ?"
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Dim 17 Avr - 0:30
"… Comment vous savez ça ?"
Le malaise dans sa voix était tellement perceptible que même un aveugle aurait pu voir le trouble assombrir son visage. Avant de balbutier ses quelques mots, Célia avait eu une sorte d’absence, le regard contemplant le vide, comme fixant un point à des centaines de kilomètres de là. Elle semblait si choqué par les mots que Lewis lui avait adressé que, sur le coup, elle n’y réagit même pas. Son professeur, perturbé par le fait qu’elle ait presque oublié sa présence, avait défroncé les sourcils et appelé doucement son prénom, sans qu’elle ne daigne néanmoins lui répondre. Puis elle était finalement revenue à elle, comme si elle s’était en définitive rendue compte, après de longues secondes de réflexion, qu’effectivement, l’homme qu’elle faisait elle-même chanter détenait une information plus que déshonorante à son sujet.
Alors, lorsqu’elle s’était finalement adressée à lui d’un ton désespérément détaché et tremblotant, Marshall n’avait pu s’empêcher d’éprouver une once de pitié à son égard, sentiment qu’il réprima immédiatement : il détestait qu’on ait pitié de lui, pourquoi aurait-il pitié des autres ? Surement parce que cette situation-là l’incommodait autant qu’elle pouvait embarrasser Célia. Il ne préférait même pas imaginer dans quel état de rage et de honte elle pouvait être. Après tout, il venait tout de même de lui apprendre d’une manière peu douce que le secret qu’elle semblait vouloir plus que tout cacher n’était en réalité pas si secret que cela.
"Ecoute Célia, je…"
Il s'assit alors sur une table et haussa mollement les épaules, laissant sa phrase en suspend, à court de beaux mensonges et de discours hasardeux. A vrai dire, Lewis détestait mentir, mais ne tenait pas à non plus avouer à la jolie blonde comment il en était venu à être au courant de cette rumeur : alors il avait préférer se taire, bien malgré lui. Non pas parce qu’il avait honte de la manière dont il l’avait appris – bien au contraire, il était plutôt fier de ses coucheries, dans le sens où elles servaient en partie à lui prouver que, malgré son âge, il parvenait toujours à séduire un bon nombre de jeunes femmes – il préférait seulement la garder pour lui.
Avouer à Célia qu’un jour, une cheerio avec laquelle il couchait régulièrement lui avait confessé sa mésaventure et soupçonnait Joyce d’avoir fait le coup lui semblait peu judicieux, dans la mesure où il ne se désirait pas le moins du monde mettre la jolie blonde encore plus en rogne. Certes, il avait la force et les arguments pour riposter, mais trouvait stupide de la provoquer et de l’abattre un peu plus en lui exposant la vérité de but en blanc. Et puis, cette vérité le dégoutait tout autant. Et s’il lui était arrivé quelque chose après cette prise de GHB ? Il préférait ne même pas y penser. Alors il n’avait rien dit.
"C'est elle qui vous l'a dit ?" Et voilà qu’elle abordait elle-même le sujet, des yeux terriblement froids plantés dans ceux de son vis-à-vis, qui, de son côté, ne savait plus quoi lui répondre. "A moins qu'elle aussi ne fasse partie de vos nombreuses coucheries… une confession sur l'oreiller peut-être ? C'est répugnant.". Elle venait de toucher à un sujet à risque, avec beaucoup de brio d’ailleurs. Il n’en fallut pas plus à Lewis pour prendre la mouche, retrouver ses fidèles sourcils froncés au possible et ses dents serrées. Son calme et sa compassion n’avait été au final que de courte durée. "Mais pour qui est-ce que tu te prends à me juger d’la sorte ? Premièrement, sache que je n’ai jamais couché avec elle et ne le ferait jamais ; et puis, de toute manière, mes histoires n’te regardent strictement en rien !"
Tentant de calmer son agacement croissant, le professeur tourna alors le dos à Célia, resserrant nerveusement sa cravate et se passant une main sur le visage. Furieux, il tira une cigarette de son paquet et l’alluma, la fumant comme si sa vie en dépendait. La nicotine le tranquillisa un tant soit peu. Il fit alors de nouveau face à la jeune femme et lui lança des regards à la fois vindicatifs et conciliants, comme s’il était incapable de dire s’il devait lui tendre la main ou au contraire l’insulter copieusement. Il s’avança une nouvelle fois vers la cheerlader, mais celle-ci le coupa dans son élan. "Mais vous n'avez pas répondu à ma question… en êtes-vous à la hauteur monsieur Lewis ? A moins qu'il ne vous vienne l'idée saugrenue de refuser ?". Il répliqua immédiatement, comme subitement adouci. "Tu sais, j’avais presque de la peine pour toi, et même si ça m’arrache la gueule de le dire, j’étais prêt à t’obéir très volontiers. Le fait que tu me juges m’a beaucoup refroidi. Je vais le faire, mais ne t’avise pas de me manquer de respect une seconde fois. Mais juste.. je voulais juste que tu saches que si tu as envie de me parler de cette histoire, je t'écouterais." Cette dernière phrase le gêna peut-être autant qu'elle lui brûla les joues. Il espérait seulement que Célia y serait receptive.
Un sourire à peine narquois sur les lèvres, Lewis retrouva rapidement son arrogance et ses pommettes reprirent une couleur naturelle. Il ne pouvait décemment pas se permettre d'être aussi faible, surtout en la présence de Célia. Il s’approcha lentement d'elle, et s’appliqua à replacer une mèche de sa longue chevelure platine derrière son oreille, caressant du bout des doigts son cou et prenant alors une voix subtilement suave. "En contrepartie, j’aurais moi aussi quelque chose à te demander…". Monsieur Marshall était de retour.
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Mer 20 Avr - 22:53
"Pas la peine de chercher un discours réconfortant à deux balles... je vais très bien." elle esquissa un sourire quasi malsain, elle était même plus déterminée que jamais. Inutile de se morfondre sur elle même, le ou la responsable de cette blague allait bientôt subir un vrai calvaire ! "D'ailleurs la seule chose qui me tracasse c'est que je n'arrive pas à me décider de quelle manière je vais me venger. Mais ça promet !"
Peu importe s'il la suivait sur ce coup là, de toute façon il semblait subitement énervé. Il avait suffit qu'elle parle de ses coucheries pour qu'il prenne la mouche. Et quoi, il n'assumait pas ses écarts maintenant ? Levant les yeux au ciel quand il vint lui faire la morale, un sourire en coin la traversa alors qu'elle posa sur lui un regard un brin narquois, lueur qui se volatilisa en un instant. De la peine... Non mais quelle horreur ! Un rictus passa sur ses lèvres, et puis quoi encore ! Elle n'avait pas besoin de ses sentiments à la mord moi le nœud. Si elle avait eu envie "d'en parler", elle n'aurait pas fait appel à lui ! Il n'aurait pas pu avoir pire discours, d'ailleurs elle hésita un bref instant à s'en aller tout simplement. Observant la porte du coin de l'œil, elle l'aurait volontiers planté là sur place, pour repasser plus tard quand il aurait remis ses sentiment de fillette au placard ! Oui mais voilà, il accepta malgré tout sa demande. Bien sur qu'il acceptait, depuis quand avait-il le droit de contester ses dires ?
Alors qu’un sourire sensiblement identique à tous ceux qu’elle avait arborés jusque là s’attardait sur ses lèvres, elle sentit la main du jeune homme se glisser près de son oreille, remontant sur sa nuque dans une caresse qu’elle ne savait pas dangereuse ou à l’inverse, tendre. Mais cette hésitation lui arracha un léger frisson qu’elle ne pu (malheureusement) cacher au jeune homme, se détachant bien vite de cette position qu’elle trouva dérangeante. Oh bien sur, Célia n’était pas du genre peureuse, mais elle avait trop souvent tendance à oublier que Lewis, son tendre chevalier, était une brute à la base. Le fait est que, d’un coup d’un seul si l’envie lui prenait, il pouvait lui briser les os. Surtout que d’un point de vu purement morphologique, Célia n’était pas ce qu’on peut nommer "une fille robuste". Il avait l’air sur de lui, plus que jamais, elle ne pu s’empêcher de chercher dans son regard une once de tromperie, mais n’y voyait que l’improbable éclat d’un défit accepté. Il était sans doute moins peureux qu’elle ne l'eut cru, encore un point qui étonnait la jeune fille, décidément !
"En contrepartie...?"
Accomplir la moindre de ses demande, sans discuter... C’était la première règle de leur jeu, et il venait de la violer ! Le jeune homme était-il devenu subitement sauvage ? Elle n’aimait pas trop, cette nouvelle liberté qu’il s’était lui-même accordée ! Elle, et elle seule donnait les ordres, et voilà qu’il se mettait à poser des conditions ! Ce nouvel élan n’était pas pour déplaire à la demoiselle qui trouvait que le jeu avait prit un nouveau virage… Plein de piquant ma foi ! Elle sourit d’un coin de lèvre, croisant les bras, posant un regard digne d’une femme d’affaire droit dans les yeux du jeune homme. S’il était décidé à marchander, elle était d’accord. A condition qu’il ne lui réclame pas des choses grotesque, comme… Sa liberté par exemple !
Elle s’attendait à toutes les demandes les plus idiotes possibles, venant de Lewis ça ne l’aurait pas étonnée. Elle devait avouer que pour une fois, elle abordait la chose avec une vive attention; bien plus intéressée que d’ordinaire ou elle se contentait de regarder les gens, les choses, avec cet air las qui ne la quittait que rarement. Qu’il l’ait compris ou pas, il l’avait piquée au vif, et ça, c’était peut-être une bonne nouvelle, pour le jeune homme. Car les gens qui parvenaient à provoquer sa curiosité n’étaient pas nombreux, et pas n’importe qui, qui plus est ! Elle était en train, au fond d’elle, de peser le pour et le contre de cette décision qu’elle n’avait pas pu calculer à l’avance. Montrait-elle quelques signes de faiblesse vis-à-vis de Lewis ? En lui accordant cet unique souhait (car oui il était bel et bien unique pour elle), ne laissait-elle pas croire qu’il avait plus de liberté qu’avant ? Oh, il ne fallait pas qu’une telle chose lui passe à l’esprit, car la moindre once de doute pouvait réduire à néant le plus solide des royaumes. Et Alice n’avait que trop peu envie que son règne s’arrête là. Il fallait qu’elle reste vigilante avant tout, et qu’elle lui montre que malgré son geste, la situation était exceptionnelle !
"Hm....", elle fit mine d'hésiter, bien que sa décision ait été déjà prise. Le jeune homme méritait de mariner un peu, ne serait-ce que pour avoir eu pitié d'elle ! "D'accord, ça peut-être amusant… Et que veut mon beau chevalier en échange de ses loyaux services ?"
Dernière édition par Célia Stenford le Lun 25 Avr - 13:49, édité 1 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Sam 23 Avr - 0:29
"Pas la peine de chercher un discours réconfortant à deux balles... je vais très bien." Ah, parce qu’elle la jouait désormais à ce jeu-là ? Toute personne normalement constituée pouvait aisément remarquer que non, elle n’allait pas bien. Tout du moins, c’était son point de vue à lui. Alors inutile de faire comme si elle se portait comme un charme, elle ne bernerait guère de monde, surtout pas son cher et tendre professeur qui, derrière ses airs de mec distant et je-m’en-foutiste, était en réalité on ne peut plus attentif au moindre détail. Certes, il n’était pas un proche de Célia à proprement dire, mais la voyait assez souvent pour se rendre compte de son affaiblissement certain. Pas bien épaisse de nature, elle maigrissait pourtant à vue d’œil. Son teint ordinairement pâle paraissait plus blanc encore, et ses sourires, qu’ils soient sincères ou hypocrites, se raréfiaient terriblement. C’était ce qu’elle appelait aller bien ? Sans même la regarder, Lewis griffonna quelques chiffres sur un papier froissé fraichement sorti de sa poche, pour finalement le lui tendre d’un regard des plus neutres et inanimés. "Le jour où tu admettras la vérité, appelle-moi." Oh bien sûr il ne s’attendait pas à une réaction positive, loin de là, mais à une réaction tout de même.
Le pire dans l’histoire, c’était probablement le fait qu’il demeure impuissant et ne puisse rien y changer. Certes il allait faire payer très cher son geste à cette peste de Joyce Allen, mais ne pourrait jamais réparer le mal fait. Si Célia lui avait fait ne serait-ce qu’un peu confiance, il aurait pu l’aider, à son petit niveau, mais au moins lui servir d’épaule sur laquelle elle aurait pu s’appuyer, et ce malgré leur relation on ne peut plus tumultueuse. Cependant, elle était bien trop renfermée sur elle-même, et ça, même lui et son bon parler plus que scabreux ne pouvaient rien y changer. C’est fou comme son degré d’estime envers Célia pouvait être changeant : il pouvait tantôt l’apprécier, tantôt la détester du plus profond de son être, et ce en un temps record. Même s’il savait pertinemment qu’elle était loin, très loin de le porter dans son cœur.
Prenant du recul, il la toisa longuement, comme observant ses faits et gestes afin d’en déceler le fond de sa pensée : nul doute que sa précédente remarque avait fait mouche. Pourtant, il n’avait eu aucunement envie de la provoquer. Au contraire, il était presque fier de sa réplique. Qu’est-ce qu’il pouvait encore l’incommoder ? Le fait qu’il ait dit qu’elle lui faisait de la peine ? Ça ne partait pas d’un mauvais sentiment. Elle lorgnait la porte sans discrétion, comme prête à le planter là dans la seconde. Vexé et s’offusquant à son tour, Lewis soupira bruyamment puis maugréa dans sa barbe, histoire de contenir son niveau de nervosité grandissant et de bien montrer à la jolie blonde à quel point il pouvait être excédé. Pourquoi ? Seul lui le savait. "Si t’as pas envie d’être ici, va-t-en, rien n’te retient. J’comprends pas pourquoi t’es si froide avec moi. D’accord, tu m’aimes pas, j’conçois, mais fais un effort, ou alors n’viens plus m’voir." A l’écouter, on aurait presque cru entendre parler un adolescent pré-pubère qui faisait des pieds et des mains pour que leur relation garde un semblant de normalité. Pourtant, il avait bel et bien dix années de plus que sa camarade et la capacité à se remettre en question d’un gamin de trois ans. Il avait décidément le don pour s’enfoncer encore plus et creuser son propre trou.
Néanmoins, l’aspect à la fois solennel et électrique que prenait la situation ne lui plaisait guère, et pire : il avait fini par se sentir coupable. Bien sûr, il n’admettrait jamais qu'il avait lui-même établi ce grand froid entre eux deux. Difficile pour lui d’envisager le fait qu’il avait tord dans la mesure où il partait du principe qu’il avait toujours raison et que les autres étaient constamment dans l’erreur. Et oui, la vie d’un grand égocentrique pouvait se révéler plus compliquée qu’on ne l’imaginait.
"Soit." En somme, un commentaire sans intérêt mais servant de transition. Lewis, ou l’art de passer du coq à l’âne sans préavis. Et sur ce, il retrouva son air ostensiblement narquois.
Il fut on ne peut plus surpris de la réaction de la jeune femme lorsqu’il entreprit un rapprochement; physique tout du moins. Elle n’aimait pas qu’on lui touche les cheveux ? Lui, il trouvait ça diablement romantique ; même si le souvenir d’une ancienne conquête le giflant du plat de la main alors qu’il lui avait malencontreusement tiré quelques mèches le hantait toujours. Peu importe, son but n’était pas de faire du rentre-dedans à la belle Célia. Si ? Il se sourit à lui-même.
"En contrepartie...?" Peut-être dépassait-il les bornes ? Après tout, c’était elle qui dictait les règles de leur jeu, et il n’avait pas franchement envie qu’elle y mette un terme : ça l’amusait beaucoup trop, même s’il laissait volontairement paraître le contraire. Contradictoire? Juste à peine. Il fit la moue, espérant par là l’amadouer. Absolument ridicule. C’était à se demander où avait bien pu disparaitre le Monsieur Marshall sans peur et sans reproche.
"Hm…" Elle était peut-être aussi peu crédible que lui… Il savait très bien qu’elle ne lui dirait pas non. Personne ne lui disait jamais non. Ah, les joies du nombrilisme..! "D'accord, ça peut-être amusant… Et que veut mon beau chevalier en échange de ses loyaux services ?". Il ne put s’empêcher un très large sourire, satisfait d’avoir pour une fois le dessus dans leur relation. Si on pouvait appeler ça avoir le dessus. Parce que, mine de rien, il voyait sa soudaine servitude à l'égard de Célia comme un terrible échec ; un échec étrangement plaisant. En vingt-sept ans d’existence, il n’avait jamais connu la soumission : une grande première pour lui.
"Est-ce que…", il s’arrêta à peine sa phrase commencée et fit à son tour mine de réfléchir, à peu de choses près, puisqu’il était réellement en pleine réflexion. Chose bien rare chez lui, il avait plutôt tendance à balancer des discours tout ce qu’il y a de plus bruts. Tout compte fait, lui demander de but en blanc d’être sa cavalière au bal ; même s’il savait pertinemment qu’il n’avait pas le droit d’y aller ; lui paraissait peu adapté à la situation. Il lui poserait la question, mais un autre jour peut-être : il ne tenait pas vraiment à se faire remballer, pas à ce moment-là en tout cas.
Pourquoi lui proposer de l'accompagner alors qu'officiellement, elle était censée être sa pire ennemie? Simplement parce qu'il en avait terriblement envie. Y aller au bras d'une autre cheerio ne l'enchantait pas plus que ça, et ses rares amies étaient probablement déjà affublées d'un cavalier. N'allez pas croire qu'il considérait Célia comme une solution de rechange, très loin de lui cette idée. Et puis, il désirait plus que tout voir comment elle le traiterait en public, au bal de promo qui plus est, qui était, il fallait l'avouer, l’événement le plus important de la courte vie d'un adolescent, mais aussi le plus cliché et surfait. Jeunes filles en robes de princesses, jeunes hommes en nœud papillon avec la rose à la boutonnière... Sans oublier le stress de l'élection du roi et de la reine qui s'étendait sur de très longues semaines... Oh bien sûr Lewis ne se moquait pas, lui aussi était passé par là, une décennie plus tôt. Il avait d'ailleurs déjà été roi. Deux fois. Alors qui mieux que lui pouvait accompagner la jolie française? Parce que même s'il ne fréquentait plus les bancs du lycée en tant qu'élève, il les côtoyait désormais en tant que professeur, mais avait gardé son immense popularité. Sans modestie aucune.
Alors, comme soudain touché par la grâce divine et en possession de l’idée du siècle, il sourit, posa une de ses mains dans le dos de Célia et, en profitant pour se rapprocher, lui souffla quelques mots d’une voix doucereuse. "Est-ce que tu m’accorderais un rend-… une entrevue disons.. ? Si l’emploi du temps de mademoiselle le permet bien sûr... Je me suis rendu compte que je ne te connaissais pas si bien que ça. Pas du tout même. Et un chevalier servant se doit de bien connaître sa dame !"
Invité
Invité
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends. Lun 25 Avr - 2:06
Elle avait regardé quelques secondes le morceau de papier qu'il lui tendait, où il avait probablement griffonné son numéro. Voulait-il jouer au super héros à la rescousse de la demoiselle en détresse, où était-il vraiment préoccupé par son cas ? Elle n'en savait fichtrement rien, mais la simple idée que n'importe quel idiot puisse voir qu'elle allait mal l'énervait. Elle se sentit bête de réagir aussi mal pour un truc qui finalement n'était rien : était-elle une chouineuse ? NON !! "Admettre la réalité", comme il l'avait si bien dit, lui semblait totalement impossible; probablement parce qu'elle n'avait aucune idée de quoi était faite la réalité. Du bout des doigts, elle attrapa le papier, histoire de lui faire plaisir. "D'accord, j'y songerais.". Mieux valait lui faire croire qu'il l'avait convaincue, sinon il pourrait lui venir l'idée d'insister. Célia ne jugeait pas qu'elle avait besoin d'aide, elle allait bien, non ?
"Pourquoi, qu'est-ce que ça change que je vous apprécie ou non ?", elle haussa un sourcil, osant porter un regard intéressé sur Lewis. Pourtant, sa voix était resté neutre; elle s'était d'ailleurs efforcée à ne rien laisser paraitre dans cette phrase. Tiens tiens ? Notre très cher Lewis qui, il y a quelques minutes à peine, semblait avoir autant envie de la voir que sa belle mère éprouvait maintenant le besoin qu'elle le porte dans son estime ? Étrange, elle ne comprenait pas bien ce que cela changeait pour lui, vu que tout ce qu'elle lui demandait était d'exécuter ses ordres farfelus ! Elle n'avait aucune envie qu'ils s'entendent bien; d'ailleurs Célia n'avait envie de s'entendre avec personne. C'était la meilleure façon d'être déçu et de finir las. Elle, elle n'attendait rien des gens, elle ne voulait ni de leur sympathie, ni de leur haine. Pour Lewis, c'était pareil."En plus... je n'ai jamais dis une telle chose." car c'était totalement faux. Pourquoi se serait-elle obligée à passer du temps en la compagnie d'une personne qu'elle déteste ? Elle n'était pas de ce genre là, et elle aurait pourtant juré qu'il le savait. Le fait qu'elle ne lui fasse pas les yeux doux ou qu'elle ne mâche pas ses mots face à lui voulait-il dire qu'elle le méprisait ? Pour elle, non. Elle ne faisait simplement pas partie des (nombreuses) élèves ou filles en général à baver sur son passage. Pourtant elle devait avouer qu'elle les comprenait presque ! Disons que si Célia avait été normale, il en aurait probablement été de même pour elle.
Elle avait accepté son souhait, ignorant encore quelle mouche l'avait piquée puisque ce geste pouvait se révéler très dangereux. Elle avait d'ailleurs très envie de faire ravaler ce subit sourire qui étirait les lèvres du jeune homme. Si elle se mettait à lui donner des libertés elle pouvait de suite rompre leur pacte ! Il pensait avoir gagné ? Elle ne pu s'empêcher de penser que c'était probablement le début de la fin. Tant pi !
Elle dévia légèrement la tête quand il s'approcha d'elle d'un peu trop près, comme si cette soudaine promiscuité entre eux, qu'elle ne maitrisait pas, la dérangeait. "Vous êtes en train de me draguer...?" susurra-t-elle d'une voix neutre. "mauvaise idée.". Il avait formulé une demande des plus étranges, voir même légèrement grotesque. A quoi jouait-il ? Essayait-il de la provoquer ? Célia n'aimait pas la provocation car elle avait toujours la fâcheuse tendance à y répondre de la manière la plus stupide qui soit : en jouant le jeu. Elle ne pu retenir le rire franc qui s’échappa de ses lèvres à l’idée qu’il passe une soirée entre eux. Une "entrevue", quelle drôle de manière de nommer la chose ! Elle aurait pourtant juré qu'il n'avait pas envie de la voir plus qu'habituellement. "Oh… Vous êtes mignon petit Lewis, mais visiblement présomptueux ! Qui vous dis que moi, je veux passer toute une soirée en votre compagnie ?". La "connaitre" ? C'était bien l'excuse la plus nulle qu'on lui avait jamais donné ! Quelle drôle d'idée, pourquoi en aurait-il eu envie ? Célia redoutait cette idée; la connaitre impliquait nécessairement qu'il puisse être déçu de ce qu'il découvrirait. "C'est ce que vous auriez aimé que je vous réponde, n'est-ce pas ? Mais comme je n'aime pas être prévisible..."
Elle s'était écartée de lui, comme pour préserver cette distance qu'elle affectionnait tant. "C'est d'accord". Really ? Célia venait-elle de dire oui ? Cette idée lui parrut assez bizarre, elle se voyait mal passer une soirée en la compagnie du jeune professeur ! "En revanche je n'ai absolument pas envie d'être une énième lycéenne à ajouter à votre liste perverse." Elle avait dit cette dernière phrase, un air de défit illuminant ses yeux, alors qu’elle avait soudainement réduit de manière considérable l’écart qu’il y avait entre Lewis et elle, osant même jusqu’à poser un léger baisé sur sa joue. Oh non, rien de bien méchant, juste assez de provocation pour que l’instant garde tout son intérêt !
"Je fixerai l'heure et le jour. J'ai déjà votre numéro. A bientôt Lewis et n'oubliez pas notre accort." ~ Tournant les talons, le laissant derrière elle sans en dire plus; elle fila, refermant la porte derrière elle, en prenant soin de s'éclipser sans bruit.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: 05. We Used to be Friends.
05. We Used to be Friends.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum