Musique d’ambiance

Un son résonnait dans les oreilles de Night, un doux son de piano qu’il aimait plutôt bien même s’il n’aimait pas autant que ça le piano. Il était calme, collé contre son citronnier qui poussait dans le jardin. Il fermait les yeux, dormait à moitié, les cours l’épuisaient, le lycée le fatiguait, et ces imbéciles qui ne comprenait pas son amour pour les arbres fruitiers n’étaient que des idiots. Il restait là, planté contre son arbre chéri. Il ne bougeait pas d’un pouce, un peu comme une statue. Son père n’était pas là, il travaillait encore, il travaillait trop, il se tuait au travail. Night n’aurait jamais pensé aimer son père, qui avait abandonné sa mère en riant d’elle. Et puis qu’est ce que ça faisait qu’elle veuille se marier avec lui juste parce qu’il s’appelait Euphrasia ?

Mais maintenant, c’était passé. Sa mère était morte. Son père l’avait pris avec lui et il l’aimait plus que tout, parce que Night était comme un citron. Acide. On aime ou on aime pas. Le citron à cette particularité d’être un fruit qui peut s’assaisonner avec quasiment tout, qui va un peu partout. Comme Night. Oui exactement comme lui. Il s’adaptait, il faisait tout et n’importe quoi, il s’intéressait à tout, et pourtant il restait froid, assez associal et il n’aimait que les arbres parce que les végétaux étaient les seuls à le comprendre, à vraiment réaliser à quel point le jeune asiatique était gentil et bon. Enfin en même temps, ils étaient les seuls à qui Night donnait de l’affection.

Il savait qu’il devait retourner en cours, mais il n’avait pas envie, il s’ennuyait, il voulait rester contre son arbre à écouter de la musique, à dormir doucement. Soudain, quelqu’un le ramena à la raison. Il y avait quelque chose qu’il devait faire, sinon il se sentirait très mal. Night parti donc, chemise blanche complètement mal mise, pantalon noir simple et mains dans les poches, avec une veste plutôt longue que son père lui avait offerte à son anniversaire. Il s’en fichait de ses habits, en fait vraiment tout ce qui l’intéressait c’était les citrons, et peut-être aussi cette musique qui résonnait en ce moment dans les oreilles, il ne savait plus comment il l’avait découvert, un peu par hasard, et même il n’avait pas aimé tant que ça la version originale. Arrivé à l’école, il se dépêcha d’aller vers les casiers et ouvrit le sien, oui, il devait voir quelque chose….Ah, son citronnier miniature allait bien… Il le cultivait dans son casier, parce qu’il attendait de trouver un endroit un peu meilleur pour le faire pousser, il l’arrosa et fini par aller en cours.

Mais c’était ennuyeux et tout ce qu’il avait envie de faire c’était d’écouter de la musique. Aujourd’hui était un jour musical, il ne savait même pas pourquoi lui-même, mais c’était comme ça. Il y a des jours où il voulait aller faire des câlins aux arbres. Des autres jours où il voulait chanter sous la pluie. Ou encore, il y a eut une journée où il voulait offrir des fleurs à toute les femmes qu’il croisait. Night était extrêmement lunatique. Comme très embêtant, franc et fou. Bref, le voilà qui à la fin des cours se dirige vers un endroit où il n’a jamais mis les pieds, mais qu’il sait ce que sais. Oui, ce bar karaoké qui à l’air plutôt pas mal. Peut-être qu’à tout hasard quelqu’un chantera une chanson qu’il aime bien, et peut-être que lui-même chantera – mais dans ce cas, par pitié, bouchez-vous les oreilles à moins que ce soit Lemon Tree -.

Vihm, son père, savait que son fils trainait souvent dehors avant de rentrer à la maison, alors ça ne lui ferait rien. Bref, voilà que Night pousse la porte du bar karaoké, avec un grand espoir : Celui d’entendre quelqu’un chanter la musique qui tournicote dans sa tête même s’il n’aime pas tant que ça la version originale. Il va s’asseoir au comptoir. Il ne sait que commander, il ne sait pas s’ils ont ça, alors il tente quand même :

- Du sirop de citron vert.

Et le s’il vous plait ? Non, tu ne connais pas Night. J’allais oublier. Une chose est sûr : Il n’était pas là pour chanter, mais pour écouter. Et si on lui demandait ce qu’il voulait chanter, il dirait non. Pas pour l’instant, pas encore, parce qu’il chantait faux et qu’il l’assumait. Qu’il aimait bien chanter faux d’ailleurs, ça l’amusait.
Et puis, comme il voulait donc bel et bien s’amuser, il regarda une personne, un homme pour être plus exact, attrapa sa manche – un peu comme ça parce qu’il en avait envie – et lui annonça tout d’un bloc :

- Come sail away with me.

Qui était les paroles de la chanson qu’il avait en tête depuis la matinée. C’était idiot, ça ne voulait rien dire à part de larguez les amarres et en plus il avait agressé au hasard une personne juste pour voir sa réaction, avant d’écouter les gens chanter. Ce type était vraiment fou et imprévisible et la musique était déconseillée pour lui.

[Si quelque chose ne te plais pas, tu me dis hein ^____^]