BIOGRAPHIE DE VOTRE PERSONNAGE SOUS FORME DE RP
La lumière, bien que tamisée, de ma chambre m’indiquait que quelqu’un s’y était introduit. Mon cœur cognait à une telle allure dans ma poitrine que j’en craignais presque qu’il trahisse ma présence. L’image de ma mère installée confortablement sur mon lit, fulminant de rage, me hantait systématiquement. C’était toujours ainsi dans cette maison. D’ordinaire on se sentirait à l’abri chez soi, loin de la réalité du monde, dans ce cocon presque magique que l’on appelle communément « la famille ». Chez moi, c’était tout l’inverse. Il n’y avait rien de plus réel que la main menaçante de ma mère, que les cris perpétuels qu’elle poussait à l’encontre de mon père et de sa léthargie et que l’atmosphère de peur qui y régnait sans arrêt. Sur la pointe des pieds, mes chaussures à talons à la main, je m’avançai dangereusement vers cette mortelle réalité. Avec pudeur et angoisse, je poussai la porte de la chambre, dévoilant simplement la présence parasite de ma sœur qui, comme à son habitude, fouinait dans mes affaires.
« Si maman découvre cet uniforme elle va te tuer. » disait-elle en sautillant sur mon lit.
« Comment tu veux qu’elle le trouve ? Elle ne le trouvera jamais. Rends-moi ça ! »
Je lui arrachai des mains ces deux ridicules morceaux de tissu qui faisaient tant ma fierté au lycée. Ici, c’était plutôt un signe de honte et de disgrâce.
« Si je l’ai trouvé, pourquoi pas elle ? Et en plus de ça, si elle découvre que tu fricotes avec tous les garçons du lycée, elle te tuera encore plus… ou pire, tu pourras dire adieu à ta collection de DVD débile. »
« Comment veux-tu tuer quelqu’un encore plus, c’est idiot ? Puis je ne fricote avec personne. »
Les garçons ont toujours aimé exagérer. En fait, c’était tout le contraire. C’était eux qui fricotaient avec moi. Au lycée, on disait paradoxalement que j’avais tous les garçons que je voulais, mais qu’aucun ne m’avait vraiment. Je n’ai jamais compris cette logique, mais je ne crachais jamais sur la notoriété, quelle qu’en soit sa nature.

Oui, j’aimais que l’on parle de moi, de mes prouesses à moi, aussi dramatisées soient-elles. Pour une fois je n’étais pas « la fille de Louise Sparks », la folle de service. Sérieusement, ma mère m’a toujours fait peur. Comme on disait, c’était elle qui portait la culotte à la maison. Papa se contentait d’acquiescer de temps à autre ou de l’apostropher entre deux coupures de publicité pour qu’elle lui remplisse son verre. Bien évidemment elle l’envoyait balader, et il grognait dans sa barbe des propos incompréhensibles dont nul ne doutait du caractère peu élogieux.
Et tout ceci n’était qu’une version édulcorée de la vie familiale dans la demeure – petite hyperbole - Sparks. Parfois, j’avais l’impression que la famille Simpson, celle où les bonshommes sont jaunes, n’était qu’une parodie de la nôtre. Malheureusement notre vie n’était pas si intéressante, bien que toute aussi mouvementée.

« Et pousse toi de mon lit ! » je lui ordonnai.
« Je te signale que c’est aussi ma chambre. »
Ah oui, joyeux petit et insignifiant détail : j’avais 3 sœurs. Celle qui partageait ma chambre – la plus ennuyante très certainement – avait 15 ans. Pour mon plus grand bonheur elle était entrée cette année au lycée, et je me sentais sans cesse épiée par son regard de fouine et menacée par sa grande bouche reptilienne. Cette fille, c’était une future reine de la mafia. Elle m’escroquait sans arrêt pour que j’achète son silence. Ma deuxième sœur, âgée de 20 ans, avait quitté la maison l’an passé pour ses études. Ainsi ma sœur ainée, celle qui ne faisait strictement rien de sa vie – parce qu’il y en avait forcément un ou une dans chaque famille – avait hérité d’une chambre rien que pour elle. Je la maudissais chaque jour et priais un Dieu qui existait que lorsque ça m’arrangeait pour qu’elle se fasse chasser à coups de pelle par ma mère.
Moi, j’étais évidement l’incomprise de la famille. Je faisais partie des Cheerios en cachette, j’allumais les garçons juste pour mieux me délecter de leur mine dégoûtée quand je leur avouais ne pas être intéressée, et je bravais tous les interdits que ma mère avait apposés sur le réfrigérateur, simplement pour goûter à ce dont elle nous privait toutes. Et comme si nous interdire des choses n’était pas assez, elle nous en imposait d’autres, notamment des cours de piano et de violon – enfin, ça c’était à l’époque où nous avions de l’argent à revendre-. Sérieusement, vous aviez déjà entendu le son d’un violon ? On dirait un chat à l’agonie qui vous supplie de l’euthanasier. Et le piano, je détestais aimer ça simplement parce que cela faisait plaisir à ma mère. Je n’avais rien contre son sourire de réjouissance, j’étais même heureuse de voir qu’elle avait une autre expression dans son répertoire que celle de la maman autoritaire, mais je n’aimais pas qu’elle projette de réussir à travers ses enfants. Ce n’était pas ma faute si elle avait raté sa vie. Mais malgré tout je souriais par devant, parce que j’avais peur de me prendre une claque dans la figure. J’en avais déjà fait l’expérience, et mon fond de teint en avait pas mal souffert lui aussi.

« Bon assieds toi. » dis-je en clouant ma sœur sur le lit. « Tu veux regarder un film ? »
« Quoi ? Encore une des tes comédies sentimentales débiles ?... ok ! »
Je la gratifiai d’un tirage de langue particulièrement puérile avant de me diriger vers ma collection. Cette dernière trônait fièrement dans un placard que je prenais soin de fermer à clé pour éviter que ma mère, sur un coup de tête, ne balance tout au feu, même si au fond je savais qu’elle le détruirait avec une hache si son but était vraiment de me nuire.
Oui, j’aimais les comédies romantiques et autres films niais. Je les trouvais particulièrement inspirants, surtout ces films stéréotypés où le gars trop magnifique largue la pétasse blonde pour se mettre avec celle qui anciennement était moche mais se révèle être une bombe atomique. Compliqué hein ? Moi, je m’inspirais de la pétasse blonde et de ses mimiques parce que, aussi difficile était-ce à imaginer, c’était exactement comme ça au lycée William McKinley de Lima dans l’Ohio. Pourquoi vivait-on dans cette ville déjà ? Ah oui, parce que ma mère s’était faite virer de son boulot minable et que mon père avait trouvé un boulot tout aussi minable ici duquel il s’était fait virer aussi, au final. Alors en attendant qu’il se bouge le derrière, je devais travailler après les cours, tandis que ma sœur ainée en profitait bien sagement. VDM.

Après avoir pris soin de baisser le son au maximum, je m’affalai sur mon lit, aux côtés de ma sœur. Il ne fallait pas prendre le risque de réveiller Maman ours. Quant à Papa ours, il n’y avait aucun risque, il dormait toujours comme si on lui avait administré un sédatif, sans jeu de mot, carrément bestial. Et de toute façon, je savais très bien que dans une dizaine de minutes, nous dormirions toutes les deux, accolées, comme si nous étions les deux sœurs les plus épanouies de la Terre.