07. I have a problem

MATTHEW & SAM
« I have a problem »

« Dis-nous Sam, pourquoi le gouvernement souhaite-t-il augmenter la TVA ? »

Le mardi. Une journée que Sam n'aimait pas particulièrement. Il fallait dire que les matières qu'il avait ce jour-là étaient loin d'être ses favorites. Il y avait seulement les mathématiques qui sauvaient la mise, si on pouvait le dire comme ça. Le cours d'anglais dès huit heures donnait le ton pour la journée mais ça n'était rien comparé au suivant, l'espagnol. Il adorait son professeur, ça n'avait rien à voir mais il avait déjà du mal à lire et comprendre sa langue maternelle alors une autre...

Il était dyslexique depuis toujours et il se rappelait très bien du jour où ses parents l'avaient apprit après un rendez-vous avec sa maîtresse d'école qui les avait alarmés en remarquant qu'il ne progressait pas dans l'apprentissage de la lecture. Sa mère s'était mise à pleurer en disant que sa vie était gâchée d'avance et qu'il n'arriverait pas à s'en sortir alors que son père lui, était resté silencieux jusqu'à ce qu'ils rentrent. Il était petit, sept ans à peine mais cela l'avait marqué. Et depuis ce jour, il avait du redoubler d'efforts pour s'en sortir. Aujourd'hui il arrivait à lire mais cela lui prenait plus de temps car il fallait qu'il lise chaque phrase deux fois pour en comprendre correctement le sens et donc il lui arrivait de sortir du cours sans avoir apprit quelque chose.

Si Mr. Schuester était compréhensif et évitait de l'interroger, c'était tout simplement parce qu'il était au courant depuis le début. Sam l'avait dit à très peu de monde mais il s'était senti coincé en entrant au Glee Club. Il avait peur que les autres le trouvent encore plus bizarre et avait demandé au professeur qu'il ne le dise à personne, et ce dernier avait accepté avec certaines conditions. Il fallait qu'il aille régulièrement voir la conseillère Mrs Pillsbury afin d'aborder le sujet avec elle et de ne pas se renfermer dans sa situation, voilà comment le professeur lui avait présenté la chose. Sam avait bien évidemment accepté car il avait toujours voulu s'en sortir mais un autre facteur était entré en jeu, sa petite-amie. Oui le blondinet de service avait une petite-amie et ça n'était pas n'importe qui, c'était Quinn Fabray. Elle n'était pas au courant de ce handicap qu'il avait et à vrai dire il ne voulait pas vraiment lui dire. Il allait être honnête avec elle, il n'y avait pas de doutes là-dessus mais là, c'était beaucoup trop dénigrant et il ne voulait pas qu'elle soit déçue ou qu'elle se sente mal de sortir avec lui. Alors c'était pour elle, qu'il voulait dire au revoir à cette chose qui lui avait jusque là pas mal pourri la vie.

« Sam ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? »

Le blond secoua la tête, il s'était perdu dans ses pensées, surprit d'être interrogé et pour être franc il n'avait aucune idée de la réponse à donner.

« Heu... » , commenca-t-il, laissant ses yeux vagabonder de part et d'autre du texte qu'ils venaient sans doute d'étudier. « Pour se faire plus d'argent sur le dos des honnêtes gens ? » fut tout ce qu'il trouva à dire, ce qui valu quelques ricanements dans son dos. Le professeur n'allait certainement pas apprécier sa réponse mais c'était sa seule chance d'esquiver la question.

Ce mardi matin, Matthew était d'une particulièrement mauvaise humeur. Il détestait les mardis. C'était le jour où son emploi du temps était le pire, c'était le jour où il avait à supporter les âneries de ses élèves le plus longtemps. Il avait patiemment enduré la fille de dernière année qui collait régulièrement (avec une ponctualité de 12 minutes pile entre deux chewing-gums!) et le jeune homme de première année d'économie qui ronflait sur sa table. Il avait subi les chuchotements entre élèves ainsi que les gloussements mal masqués des filles dans le fond.

À présent, c'était sa dernière heure de cours; l'heure finale; l'heure fatale. Il perdait sa patience beaucoup plus facilement après six heures de cours, et malheureusement pour un certain Sam Evans, il était relativement de mauvaise humeur ce jour là: non seulement sa femme et lui s'étaient (encore) disputés, cette-fois ci, elle avait décidé d'attraper plusieurs vêtements de la penderie avant de ramasser violemment son sac à main contenant son porte-feuille et ses clefs (qui était posé sur le canapé) pour finalement claquer la porte de la villa, rentrer dans sa voiture et aller s'échapper dans un hôtel luxueux "qui lui était inconnu". En vérité, le professeur connaissait complètement sa femme depuis le temps qu'il était ensemble, alors ce n'avait pas été bien difficile pour lui de découvrir où elle partait se cacher lorsque l'envie lui prenait.

Après avoir étudié un texte particulièrement difficile, Matthew scruta de ses deux yeux les élèves qu'il avait assis devant lui. Ils étaient six tout au plus, et sur les six, seules Roxy Austen & Summer Davis semblaient être interessées par ce qu'il pouvait avoir à leur dire. Consultant sa liste d'élèves, il soupira en se rendant compte que deux de ses élèves étaient absents. C'était toujours les mêmes en plus. Il soupira avant de poser son doigt au hasard sur sa liste et d'intérroger l'élève sur qui il était tombé. Ce coup-ci, il s'agissait de Sam Evans.

Il fronça légèrement des sourcils: il savait que Sam était dyslexique... En tant que professeur, il devait tout savoir sur ses élèves, et donc, s'était renseigné auprès de ses collègues. Aussi mal que ça lui faisait de faire ça, Matthew se refusait de différencier ne serait-ce que l'un de ses élèves des autres ou de leur donner un traitement de faveur. S'asseyant sur son bureau, le professeur Daniels feigna l'indifférence avant de dire:

« Dis-nous Sam, pourquoi le gouvernement souhaite-t-il augmenter la TVA ? »

Voyant l'air légèrement pensif et rêveur de Sam, Matthew fronça légèrement les sourcils avant de rajouter:

« Sam ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? »

Il regarda avec un air interrogateur son élève, attendant une quelconque réaction de sa part. Lorsque finalement Matthew entendit la réponse de son élève, il ouvrit les yeux grands écarquillés: il aurait préfèré un « Je ne sais pas » ou un « Vous pouvez répéter la question? » plutôt que la réponse qu'il venait d'entendre: au moins, il aurait pu diriger la question vers quelqu'un d'autre. Mais non, son élève lui avait donné une réponse complètement ... il ne trouvait même pas les mots pour décrire sa réponse! Son premier instant était de lui dire que ce n'était pas grave, qu'il pouvait le lui réexpliquer, mais il s'était promis de ne pas exercer de traitements de faveur et il se tiendrait à cette promesse. Le coeur lourd de culpabilité, Matthew afficha un air d'indifférence frolant la colère tout en lui disant:

« Tu te fiches de moi là? Bon, je n'ai pas le temps à perdre avec tes idioties. Tu viendras me voir à la fin du cours, sans fautes. »

Il y était peut être allé un peu dur, mais ça avait été nécessaire. La fin du cours venu, ne sâchant pas quoi dire à son élève une fois tous les élèves sortis, il préféra le laisser parler en premier...

S'il y avait quelque chose Sam n'avait pas pour habitude de faire, c'était d'être insolent et il venait de le faire du moins, cela paraissait tout comme. En répondant ainsi, il n'avait pas voulu manquer de respect à son professeur, juste que l'attention se reporte ailleurs mais encore une fois, il s'était trompé. Amuser la galerie il n'était spécialement pour non plus mais c'était sans compter la bêtise de certains élèves qui avaient trouvé bon de rire de sa réponse, et c'était sûrement ça qui avait le plus énervé son prof. « Tu te fiches de moi là? Bon, je n'ai pas le temps à perdre avec tes idioties. Tu viendras me voir à la fin du cours, sans fautes. ». Le blond se renfrogna et soupira. Il avait mal prit la remarque de son professeur et même si elle était sûrement méritée, il ne voyait pas en quoi cela avait été des idioties. Il pensait ce qu'il avait dit, c'était facile d'augmenter les taxes et compagnie, les plus pauvres allaient se retrouver lésés alors que les riches eux, se frotteraient les mains, ou pleurnicheraient parce qu'ils aurait 10€ de moins sur leur compte à la fin du mois... Il n'avait pas voulu dire qu'il ne savait pas la réponse pour ne pas passer pour un imbécile mais il n'y avait rien gagné, si ce n'était de devoir rester après le cours ce qui ne l'arrangeait franchement pas.

Cette fin de cours arriva bien rapidement d'ailleurs et il laissa les quelques élèves présents sortir devant lui avant de s'approcher lentement de son professeur, sûrement le rouge aux joues. « Je ne voulais pas vous manquer de respect » murmura-t-il avant de s'asseoir sur la table qui se trouvait au premier rang, laissant ses pieds se balancer alors qu'il attendait sa sanction. Il espérait qu'elle arrive rapidement d'ailleurs car Quinn devait sûrement l'attendre devant le lycée, ou son père d'ailleurs, pour le ramener chez lui, et il allait devoir trouver une excuse pour son retard. Enfin, il pouvait dire la vérité à son père, il allait juste se faire remonter les bretelles pour son insolence mais Quinn, c'était une autre histoire. Il n'était tout simplement pas prêt à lui dire, à lui en parler pour le moment. Leur couple était encore un embryon et il ne voulait pas risquer de tout gâcher juste pour ça. « même si je pensais ce que j'ai dis »

Spoiler:

Matthew attendait que Sam parle, tout en l'observant. Il vit le jeune homme se lever avant de s'approcher de lui pour murmurrer qu'il regrettait ses actes en quelque sorte, qu'il ne voulait pas lui manquer de respect. Puis, Matthew vit Sam tourner les talons avant de se rasseoir sur l'une des tables du premier rang, sans doute en attendant une sorte de punition. Matthew réfléchissait avec nervosité à ce qu'il allait à présent faire: il n'allait pas dire à Sam qu'il savait qu'il était dysléxique, ça pourrait ne pas causer l'effet voulu. Au final, il se résolut à faire en sorte que Sam lui avoue avoir un problème, et avoir besoin d'aide. Matthew n'était pas un monstre. Sévère? Oui. Cynique? Oui. Cruel? Non. Il ne souhaitait qu'une chose, c'était la réussite de ses élèves, et il les aiderait le plus possible pour qu'ils réussissent leurs examens.

Il était prêt à écouter avec une oreille sympathique, sans sermonner son élève, ni même lui dire que ce genre de comportement était à éviter à l'avenir. Malheureusement, Sam n'arrangeait pas son cas en avouant penser ce qu'il avait dit: ça faisait partie des choses qui ne se disaient pas, mais malheureusement, Sam ne s'en était pas rendu compte. Matthew soupira en passant une main dans ses cheveux, gêné par ce que Sam venait de lui avouer, avant de finalement lui dire sur un ton sérieux, presque solonel (il ne voulait pas non plus paraître doux et généreux, ça abimerait sa réputation de "dur"):

- Tu sais, Sam, je ne te comprends pas. Je sais que tu n'es pas bête, alors tu veux bien m'expliquer ce qui t'arrives? Ce cours ne t'intéresse plus? Tu as des soucis en ce moment? Tu cherches à faire tes preuves à te camarades en te rebellant face à tes professeurs? Explique-moi s'il te plait, parce que là, je ne comprends plus rien...

Il avait été "honnête", du moins... Il avait dit ce qu'il aurait dit, s'il n'avait pas sû que Sam était dysléxique. Néanmoins, il ne souhaitait pas non plus s'attirer la haine ou la crainte de son élève, et essaya donc de paraître plus sympathique et plus ouvert, s'asseyant à côté de lui:

- Tu peux tout me dire, Sam, tu le sais? Si il y a bien une raison pour laquelle je suis là, c'est pour vous aider, toi et tes camarades. Alors dis-moi... Qu'est-ce qui ne va pas?

Spoiler: