I need a Time Warp feat Ellen L. Brook & Aiden Michaels

Être en retard. Quelle sensation désagréable. La sensation de ne pas avoir le temps de faire quoique ce soit. La sensation de la routine quotidienne, à l’ordinaire si ennuyeuse, qui devient une course contre la montre. Et surtout, la sensation d’avoir pris une douche pour rien, parce qu’on a manqué l’autobus et qu’il a fallu courir un marathon pour se rendre à l’école.

Et pourtant, Aiden c’était réveillé tout tranquillement ce matin-là. Son réveil matin affichait quinze minutes de plutôt qu’à l’habitude. Comment pouvait-il se douter que c’était cette sensation affreuse d’être en retard qui allait le miner dans les minutes qui allaient suivre ? C’était inévitable . Lorsqu’il se rendit dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner, il prit conscience de l’évidence : son réveille-matin était décaler, et il était en retard, d’au cinq bonnes minutes.

C’était fait, cette sensation détestable s’empara de lui, et il n’eut d’autres choix que de se « grouiller les fesses » pour tout faire en moins de deux. Vêtements mal assortis, cahiers d’école jetés à la volée dans son sac, rôti avalé tout rond et chaussures détachées : il avait bien mauvaise allure dans la rue à courir jusqu’à son arrêt. Et encore moins bonne allure lorsqu’il s’effondra au sol (c’est ce qui arrive lorsque nos lacets sont détachés), constatant le désastre : il avait manqué son ticket pour l’école.

C’est là que le marathon commença pour Aiden. Il prit ses jambes à son cou, comme on dit, et partie en direction de McKinley. En prenant bien sûr soin de nouer ses lacets, cette fois. Nul besoin de préciser que s’il avait besoin du transport en commun pour s’y rendre à l’habitude, c’est parce qu’il ne restait pas à deux pas de l’école.

Le trajet fut long et douloureux, mais finalement, il vit le fil d’arrivée. Évidemment, la foule affluait vers les classes – ou plutôt terminait d’affluer. Il ne lui restait plus que quelques secondes, et c’était bien évident qu’il n’y arriverait pas. Malgré tout, il redoubla d’efforts pour accélérer le rythme.

Mais une autre sensation allait elle aussi le prendre d’assaut : celle du déjà-vu. À la vitesse qu’il allait, il ne put le voir à l’avance : un pied mal placé le bloqua et il s’effondra une sol pour une deuxième fois en un matin. La chance.

Furieux, l’orgueil piétiné et surtout le genoux éraflés, il se retourna vers la coupable, le propriétaire de ce pied. Ou plutôt la propriétaire, qui osait afficher un sourire de ce qui ressemblait à de la satisfaction. Ou de la moquerie. Se relevant péniblement, il toisa la demoiselle.

« Je prends en note de ne rien te confier à toi, tu arrives à peine à surveiller ton pied, lança-t-il frustré. »

C'était clair qu'il n'avait désormais aucune chance d'être à l'heure.

	I need a Time Warp feat Ellen L. Brook & Aiden Michaels

Non seulement l’avait-elle fait trébucher – ses chances d’arriver à l’heure s’envolant par le fait même – mais elle osait s’en satisfaire avec ce petit sourire moqueur. Et user d’ironie, pour « pousser le bouton plus long ». La chute avait certes été plus dur que prévu, mais c’était surtout son orgueil qui s’en voyait atteint, lui qui pourtant n’était pas du genre très vaniteux.

Aiden essuya ses genoux pleins de poussière et constata les dégâts : un trou avait fait son apparition sur ses jeans foncés déjà très usés. Il vérifia alors s’il n’y avait pas davantage de dommages et remarqua que même son menton était éraflé, en plus des paumes de ses mains et ses coudes.

Il toisa alors la coupable lorsqu’elle se présenta, précisant qu’on pouvait la surnommer Hell. « Hell yea » qu’il allait le faire – et désolé pour le mauvais jeu de mot. Toujours à terre, il rétorqua sur un ton se voulant pas trop méchant, pour éviter de laisser transparaître la rancœur qui était tranquillement apparut. Bien qu’il ne pourrait la retenir bien longtemps.

« Heureux de te connaître, Hell. Moi c’est « Aiden-moi-à-me-relever », dit-il en invitant la demoiselle à l’aider à se relever -encore désolé pour le mauvais jeu de mot. »

C’est alors qu’Aiden se rendit compte que ce qui était pourtant évident : si lui était désormais officiellement en retard, cela signifiait qu’elle aussi l’était. Sauf que dans son cas, elle ne semblait pas s’en soucier grandement. En fait, c’était probablement le dernier de ces soucis. Malgré l’animosité qui s’était installé, il l’enviait tout de même un peu d’être capable de s’indifférencier de telles choses. Aiden était en échec dans quasi tous les cours et s’ennuyait à mourir – pourtant il ne pouvait s’empêcher d’être concerné par sa situation.

Mettant la jalousie de côté, il se recentra sur le problème qui prenait la forme d’une adolescente, probablement de son âge, se tenant devant lui.

« Ça t’arrive souvent des spasmes du genre ? Ça doit pas être plaisant de ne pas pouvoir contrôler son corps, du mois une partie, dit-il en embarquant dans le jeu. »

C’est alors qu’Aiden remarqua que sa calotte n’était plus sur sa tête, mais plutôt au sol. Il reprit celle-ci et s’en coiffa, prenant bien soin de la placer soigneusement. Bleu marine avec le logo des Yankees de New York brodé en blanc au devant, elle s’agençait parfaitement avec le reste de son accoutrement : un t-shirt marine et des jeans foncés.

Il replaça une dernière fois ses cheveux et reporta son attention sur la fille. Hell, quel surnom !

[C'est un peu court, je m'en excuse =/]