Noah Puckerman. L’archétype de l’enflure de base. Un menteur, doublé d’un beau parleur. Un saligaud de la pire espèce, qui préfère raisonner avec ce qui pend entre ses jambes. Un bourreau des cœurs, dépourvu de moralité, et qui saute sur tout ce qui bouge. Un être indigne de confiance. Pour résumer : un Lima Loser dans toute sa splendeur !
Voilà ce que Quinn Fabray pensait, à propos de son ex petit-ami. Depuis qu’elle avait surpris ce dernier dans le lit de Summer Davis, elle lui avait définitivement ôté la parole. En plus de l’avoir humiliée publiquement, il l’avait détruite au plus profond d’elle-même. La jeune fille avait eu le malheur de croire que Puck était suffisamment amoureux pour lui rester fidèle. Erreur fatale ! Le mépris qu’elle nourrissait à son égard n’avait d’égal que l’ampleur de sa trahison.

Depuis qu’ils n’étaient plus ensemble, Quinn faisait tout pour l’éviter. Dans la salle de répétitions, elle s’arrangeait toujours pour laisser le plus de distance possible entre eux. Dans les couloirs du lycée, elle se contentait de l’ignorer dès qu’ils se croisaient. Sur le terrain de sport, elle faisait tout simplement comme s’il n’existait pas. La jeune fille avait décidé de le rayer de sa vie, mais c’était sans compter sur le fait qu’elle avait eu un enfant avec Puckerman. A chaque fois que ses pensées dérivaient sur Beth, le souvenir de son histoire gâchée avec Noah refaisait surface. Contrairement à ce que beaucoup de monde pensait, Quinn n’avait pas tourné la page ; d’ailleurs, il était probable qu’elle ne parvienne jamais à la tourner réellement. Elle aimait toujours le jeune homme, mais elle le haïssait tout autant. Ce qu’il lui avait fait subir était impardonnable.

Et ce qu’il faisait subir à Sam l’était plus encore. Depuis que ce dernier était devenu le petit-ami de Quinn, Noah faisait de sa vie un enfer. Leur rivalité était exacerbée, et se traduisait par des humiliations et des moqueries toujours plus virulentes. La jeune fille assistait à ce lynchage, impuissante, mais elle avait de plus en plus de mal à supporter cette violence gratuite. En outre, elle redoutait que Sam ne finisse par se décourager, s’il se rendait compte que sa relation avec Quinn lui attirait beaucoup plus d’ennuis que prévu. C’était sûrement cela que recherchait Puckerman, avec l’aide de sa clique : le pousser à bout et à la rupture.

C’était la fin de la journée. Progressivement, le lycée était en train de se vider de tous ses occupants, pressés de rentrer chez eux. La head-cheerleader se dirigea vers son casier d’une démarche nonchalante, pensive... Un peu plus tôt dans l’après-midi, alors qu’elle s’entraînait avec les Cheerios sur le terrain de sport, elle avait assisté à une nouvelle confrontation entre Puck et Sam. Le premier avait plaqué le second au sol avec une brutalité inouïe. Tant que la violence restait verbale, ce n’était pas trop grave. Du moment qu’elle devenait physique elle pouvait avoir des conséquences désastreuses. Sam avait finit par se relever indemne, mais Quinn avait vraiment eu peur ; elle qui s’était jurée de ne plus jamais adresser la parole à Puckerman, avait décidé d’intervenir, face à l’ampleur qu’était en train de prendre toute cette histoire dont elle s’estimait responsable.

Elle avait envoyé un sms à Noah, lui demandant de l’attendre sur le parking, à la sortie des cours. Elle ne savait pas s’il l’avait reçu, ni même s’il serait là quand elle sortirait du bâtiment. Mais au plus l’échéance se rapprochait, au plus elle sentait l’angoisse monter en elle. Quinn qui s’efforçait de tirer un trait sur la personne qui lui avait brisé le cœur allait devoir se confronter à lui. Elle rangea ses affaires, claquant la porte de son casier avec un peu plus de force que d’ordinaire ; ce geste trahissait son stress mais, fort heureusement pour elle, personne ne sembla le remarquer dans l’effervescence. Elle attendit que le couloir se vide complètement, puis s’approcha des grandes baies vitrées du hall, qui donnaient sur le parking. Le jeune homme à la crête était là, appuyé contre la voiture de Quinn.

Cette vision lui provoqua une pointe au cœur ; aussi, elle se mit à déglutir avec difficultés, puis prit une profonde inspiration pour retrouver contenance, avant d’aller à sa rencontre.
Au plus elle avançait dans sa direction, au plus elle se disait que cette entrevue était une mauvaise idée. En effet, à chaque fois que ses pieds foulaient le goudron, elle avait la sensation que le sol se dérobait sous son poids. Les cicatrices de l’amour qu’elle portait encore à Noah était en train de se déchirer, laissant derrière elles de larges plaies béantes. L’image de Puck dans le lit de Summer s’imposait à elle, tout comme celle de Russel avec sa maîtresse. Elle tentait de lutter contre ses émotions, ne voulant pas dévoiler ses faiblesses à une personne qui ne se ferait pas prier pour les utiliser à ses fins.

« Il faut qu’on parle » furent les premiers mots qu’elle lui adressa, mettant ainsi un terme à plusieurs semaines de silence total.

Il paraît que grandir, mûrir, c'est savoir faire des sacrifices. Savoir prendre des décisions qui ne nous plaisent pas pour le bonheur des autres. Il paraît que c'est ça, grandir. Alors Puck, qui n'avait fait de sa vie qu'une jungle de tentations et d'impulsions, devait être en train de grandir. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Il avait laissé partir Quinn, la fille qu'il avait aimée -et qu'il aimait encore- pour qu'elle trouve un bonheur qu'elle n'atteindrait jamais si elle restait dans ses bras. Il avait ouvert la cage, pour que l'oiseau s'envole. Mais comment aurait-il pu savoir, lui, que l'oisillon ne s’envolerait pas avant qu'on l'y force et qu'il ferait une chute dans la poussière ? Car c'était ce qui s'était passé. Quinn n'avait pas voulu quitter Puckerman, il avait dû l'y contraindre. Comment ? En couchant avec son ex. Quinn, blessée comme l'oisillon à l'aile atrophiée, elle était tombée dans la poussière. Autrement dit, elle avait fait une rapide déprime et s'était consolée... dans les bras d'un autre. Sam Evans. Samantha, de son surnom. Un garçon insignifiant aux allures de minet. Un grain de poussière, oui, c'était ça... Un grain de poussière que Puck s'était efforcé de nettoyer au Swiffer mais qui ne cessait de se reposer sur les plumes de l'oisillon. Noah l'insultait, le harcelait, simplement pour évacuer son agressivité. Et peut-être aussi pour étouffer sa jalousie. Oui, Puck avait beau faire des progrès, il avait encore du chemin à faire avant d'être un adulte responsable. Et pas des moindres.

C'était tous ces événements qui se bousculèrent dans sa tête lorsqu'il reçut un SMS de la part de Quinn. Le premier depuis plusieurs mois, maintenant, car Puck avait mis un point d'honneur à toujours éviter la présence de la blonde. Et comme ils tombaient au moins d'accord là-dessus, ils ne s'étaient pas reparlés depuis des mois. Et voilà qu'elle lui envoyait un SMS. Le portable immobile dans sa main droite, Puck le fixait sans cligner des yeux, comme si le message allait s'effacer dès qu'il les fermerait. Pourquoi lui écrivait-elle maintenant ? Pourquoi lui écrivait-elle, tout court ? « Puck et la découverte de la technologie... Bon, tu ramènes tes fesses de babouin ? » C'était la bande de Puck -celle qu'il avait retrouvée à sa rupture avec Quinn- qui l'appelait ; après tout, il leur avait promis d'aller boire un coup au Starbucks du coin. « Je... Je dois aller aux chiottes. » se défila-t-il, et il se mit à marcher d'un pas énergique en direction des toilettes. Là au moins, il aurait la paix pour lire le message de Quinn. Car si ses potes savait que « Miss Refaite » -surnom qui avait succédé à Miss Parfaite à cause d'une rumeur selon laquelle Quinn se serait fait refaire le nez- contactait à nouveau Puck, celui-ci en entendrait encore jusqu'à la Noël. Il était de notoriété publique que les footballers n'appréciaient pas la fille qui avait transformé leur pote en matou ronronnant et cajoleur. Alors qu'il tournait à l'angle du couloir, il entendit ses amis pouffer dans son dos : « Tu parles ! C'est simplement qu'il va aller se branler devant un Sexto de Santana ! » Bande de bouffons !

Il claqua la porte des toilettes avec agacement et s'enferma dans une cabine. Il sortit le portable de sa poche mais hésitait à lire le contenu du message. Que voulait-elle ? Puis, ne résistant pas à la curiosité, il afficha le message : Meet me at the parking lot after school. Quinn. Sec, laconique. Puck avait un mauvais pressentiment, mais n'en connaissait pas vraiment la raison. Soit elle n'allait pas bien, soit... eh bien... il allait passer un sale quart d'heure. Dans les deux cas, il ne pouvait pas se permettre de manquer au rendez-vous.

C'est pourquoi, à dix-sept heures tapantes, il était nonchalamment adossé à la voiture de Quinn, dans le parking du lycée. Il jouait à Angry Birds sur son portable et tirait la langue, tant il était concentré sur son jeu. Aussi ne vit-il pas Quinn arriver, et ne se rendit compte de sa présence que lorsqu'elle s'adressa à lui : « Il faut qu’on parle » Le jeune footballeur sursauta et faillit laisser tomber son I-phone. Il rangea en vitesse son effet comme si le directeur venait de le prendre en flagrant délit d'envoyer des SMS en cours, puis leva les yeux vers la jeune femme. Elle avait l'air tourmentée. A la fois énervée et mal-à-l'aise. Je ne dois faire meilleure figure, pensa-t-il. « Si tu le dis... » répondit-il d'une voix mal assurée. Quinn et lui ne s'étaient pas reparlés depuis des mois, et voilà qu'elle brisait la glace si soudainement. Pourquoi ce revirement de situation ? Et surtout dans quel but ? Puck se dandina d'un pied sur l'autre, pas sûr qu'il veuille en connaître les raisons, finalement.